Réalité topographique des plans généraux de Paris de l’époque moderne : quels apports pour les historiens ? (2015).
1. Quels apports
pour les historiens ?
Les plans généraux de Paris
Quels matériaux pour les médiévistes
Aurélia Rostaing
Réalité topographique des plans généraux de Paris
de l’époque moderne
2. Les plans de Paris,
une source nécessaire
pour
l’histoire des jardins
du XVIIe siècle
4. Pour appréhender de manière aussi complète que possible les
aspects formels d’un jardin disparu ou modifié dans le temps, il faut,
idéalement, un plan du jardin, des vues (au sol ou depuis un
bâtiment) et une description, si possible proches dans le temps
(quelques années), ainsi qu’un ordre de grandeur (dimensions).
Il faut évaluer la fiabilité des modes de représentation disponibles et
leur degré de précision, surtout pour les détails.
Certains plans de Paris (Mérian, Gomboust) correspondent assez
bien à des descriptions non illustrées (marchés d’entretien ou de
plantation de jardin, procès-verbal de visite d’expert de la Chambre
des bâtiments). D’autres plans sont assez largement schématiques.
5. Restent hors du champ d’un plan en deux dimensions :
le rapport à l’espace, les rapports de volumes, les niveaux de
terrain, les végétaux, la taille et la disposition des arbres, les
motifs des broderies des buis, les parfums, les bruits, les couleurs,
les effets visuels et sonores des jeux d’eau, le réseau hydraulique
souterrain.
Bref, tous les détails intéressants, où la prospection géophysique
et l’archéologie peuvent prendre en partie le relai, avec les
archives et d’autres sources iconographiques que les plans.
6. Charles Estienne,
Jean Liébaut,
La Maison Rustique,
1583
(parterres françois)
Tout ce que
vous ne
verrez jamais
sur un plan
ancien de
Paris
(avant
Mérian)
11. Le Grand Jardin (nos Tuileries actuelles)
1599 un millier de charmes, ormes, tilleuls
1601 plantation de la grande allée de mûriers
1605 galerie de charpente (600 m)
1609 aménagement de nouveaux parterres
12.
13. Le jardin des Cyprès (Jardin neuf, vers la place du Carrousel)
1600 six parterres sur dix restent à faire
palissades de troènes et de cyprès
1601 mur de soutènement avec belvédères
1605 terrassement de quatre carrés
1608 gel des cyprès
1609 aménagement de huit parterres de broderie de buis et de
rue avec des palissades de genévriers
fontaine
20. Carré : ca. 132 m. de côté
Rond d’eau : ca. 18 m. de
diamètre
Petit parterre :
ca. 62 m. par 40
21. Le jardin du Palais cardinal (actuel Palais royal)
1629 plantation d’un parterre de fleurs et d’un parterre de buis
en broderie suivant un dessin de Boyceau de La Barauderie (Jean
Le Nôtre, Simon Bouchard, Pierre Desgots)
1633 fourniture de 2 500 pieds d’ormes ypréaux (Martin Boquet,
Claude Mollet)
1634 plantation d’un parterre de buis en broderie (quatre carrés
et une demi-lune sur un dessin de Jean Le Nôtre), par celui-ci
1634 devis pour le rond d’eau (57 m.) et le bassin de la fontaine
(12 m. de diamètre)
1635 aplanissement d’allées et plantation de charmes (Pierre I
Desgots)
23. Hôtel de Guénégaud, rue des
Francs-Bourgeois (musée de la
Chasse et de la Nature)
1636 plantation d’un parterre
de buis en broderie
24. Le jardin de l’hôtel de Vendôme
1630 marché de livraison de charmes et de charmilles par
Michel I Le Bouteux, et marché de terrassement (pièce de terre
de 89 m. « par le bout d’embas », 68 m. « d’un costé en montant
vers la porte des Filles de la Passion » (couvent limitrophe des
Capucines, fondé en 1606 par la duchesse de Mercœur, à
l’ouest), et 117 m. « en descendant vers le jeu de longue
paulme »).
28. 1630 Renard reçoit 1,5 ha entre le mur des Tuileries
à l’est, le bastion de la porte de la Conférence à
l’ouest, le mur du chemin y menant au sud, et le mur
des bâtiments de la ménagerie au nord.
1631 Renard fait enclore la garenne du côté du
fossé, à l’ouest.
1631-1632 Le Bouteux fait aplanir le boulevard du
bastion sur 80 m, transporter des terres sur l’allée de
la terrasse, pour la rendre de même niveau qu’une
vieille terrasse, et engazonner les terrasses.
29. 1635 Le Bouteux veut ôter ses plantes : arbres et
arbrisseaux à fruits et à fleurs, jasmins et myrtes en
palissade, bulbeuses et tubéreuses, grenadiers,
figuiers nains, des jasmins et des orangers.
Renard est propriétaire des lauriers-cerises, d’un
laurier-tin, d’un jasmin d’Espagne jaune, des rosiers
muscats doubles à cent feuilles, des narcisses et
tulipes de Perse, des hépatiques doubles, de 150
jacinthes bleues, de quelques jacinthes blanches,
des orangers en terre, dans l’orangerie).
30. 1643 (Rucellai) : « au bout de la grande allée des
Tuileries, un guichet ouvre sur un autre jardin qui est
aussi au roi […] se tenant sur un boulevard de la
ville, proche la porte neuve, [Renard] s’est servi de la
hauteur du terre-plein pour faire une belle
promenade, ou allée bordée d’ormes, et au fond, en
montant par un bel escalier à l’angle du terre-plein,
on a la vue du jardin peuplé de quantités de jasmins
d’Espagne et autres fleurs rares ».
31. 1658 toisé pour l’indemnisation de la destruction du jardin
132 m de long,
3 m de haut160 m de long,
3 m de haut
32.
33. 1644 Jean Varin achète quatre terrains se succédant
perpendiculairement à la Grande Galerie sur le fossé
de l’enceinte de Charles V (ca. 146 m sur le rempart
jusqu’à la rue Saint-Nicaise).
Son jardin est dans la moitié sud du fossé, en
contrebas du mur de soutènement construit en
1601. Il est détruit en 1665 en prévision des travaux
du Louvre.
43. 1716 « Ledit jardin est disposé en son entrée d’un grand quarré de
parterre planté de six quarrés de buys en broderie et plate bande avec
arbrisseaux traversé de plusieurs allées dont le principal au millieu de
ladite entree est garny d’un bassin de pierre circulaire avec jet d’eaue et
un petit parterre particulier a costé planté de platte bande de buys et
compartimens de gazon ou est un bassin a jet d’eaue »
44. Hôtel de Condé, rue Neuve-Saint-Lambert (de Condé)
Les marchés de 1673 et 1693 décrivent les végétaux, pas la disposition des lieux
45.
46.
47. Une histoire des jardins façon timbre-poste
Intérêt et limites des plans de Paris
pour l’étude des jardins du XVIIe siècle
L’échelle d’un plan de Paris n’est pas celle des plantations sur le
terrain (échelle archéologique 1:1).
Les plans de Paris constituent une source où les jardins représentés
sont, sauf exception (Mérian, Gomboust), stéréotypés ou plus ou
moins schématiques (d’après quelles sources ? observation in situ,
documents domaniaux, plans gravés des parterres ?).
48. Les plans de Paris permettent de visualiser des relations de
voisinage, des emprises foncières, la réalité topographique de
l’espace urbain (cf. le bastion des Tuileries), des rapports d’échelle
entre les jardins urbains, et entre les jardins, les friches et l’espace
bâti ; de repérer de manière sommaire les points
d’approvisionnement en eau, à défaut de livrer des informations
fines sur le réseau hydraulique ou les niveaux de terrain.
Cette source est moins détaillée que des relevés d’architectes ou des
plans d’arpentage ; mieux vaut l’utiliser en appui d’autres sources.
Etant donné la fréquence probable de replantation des jardins,
mieux vaut éviter d’utiliser des plans postérieurs de vingt à trente
ans à la période considérée.