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Professionnalisation de la filière
des pavés au Burundi
Points-clés
› Appuyer le regroupement en association. Le Projet Pavage propose un soutien
aux tailleurs de pavés pour la création et l’organisation en association. Ils ne tra-
vaillent plus de manière isolée, améliorent leur reconnaissance et leur efficacité.
› Renforcer les capacités en gestion administrative et financière. Un renforce-
ment de capacité en gestion administrative et financière est proposé aux tailleurs
de pavés pour permettre une professionnalisation de la filière. La régularité des
paiements et des livraisons permet aux associations de tailleurs de pavés de
développer de nouveaux partenariats.
› Vers la taille de pavés de qualité. Les tailleurs de pavés sont encouragés à
fournir un produit de qualité. Une compensation financière est attribuée selon
la qualité des pavés fournis. Ces mesures de « contrôle qualité » ont amené les
associations à fournir des produits de meilleur qualité améliorant du même coup
les routes construites.
› Améliorer la gestion environnementale des sites. Les tailleurs de pavés ex-
ploitent les carrières tout en améliorant les conditions d’hygiène, de sécurité et
de travail en général. L’aménagement des carrières permet de limiter les risques
d’accident et favorise une gestion durable des sites. Il a aussi permis de déve-
lopper l’activité de valorisation des déchets de taille pour en extraire du gravier
concassé.
› La reconnaissance légale des associations. Les associations doivent avoir
préalablement des autorisations du Ministère de l’Energie et des Mines et du
Ministère de l’Environnement avant l’exploitation en fonction des considérations
légales sur les mines, les carrières et l’environnement. Reconnues par les com-
munes, les associations payent des taxes locales et sont mieux acceptées par
les riverains.
© CTB
Le Projet Pavage
en bref
Le projet « Développement écono-
mique et social via les chantiers de
pavage » ou Projet Pavage (2009-
2015) est géré par l'Agence belge de
développement (CTB) et le gouverne-
ment burundais. Ce projet consiste
en la construction de 36 kilomètres
de routes pavées dans le cadre de
chantiers-écoles situés dans les com-
munes de Kinama, Kamenge et Cibi-
toke, au nord de la ville de Bujumbura.
Ces chantiers appliquent la méthode
à haute intensité de main d’œuvre
(HIMO). A terme, le Projet Pavage per-
mettra de fournir des emplois à envi-
ron 4 500 personnes résidant dans
ces communes, pour une période de
maximum neuf mois. Environ 13 % des
ménages habitant dans la zone d’inter-
vention seront touchés par le projet.
Au-delà de la rénovation des infras-
tructures, le Projet Pavage a pour
but de contribuer au développement
et à la redynamisation économique
et sociale de ces communes, qui ont
été gravement atteintes par la guerre
de 1993-2004. Durant le cycle d’ap-
prentissage, les apprenants suivent
un apprentissage du pavage sur les
chantiers-écoles (pose de pavé, ma-
çonnerie, bétonnage…) et bénéficient
d’autres formations humaines, profes-
sionnelles et entrepreneuriales.
Ils finalisent leur cycle d’apprentissage
par une formation en éveil entrepre-
neurial et reçoivent une bourse d’ins-
tallation. Cette bourse leur permet de
lancer leur propre activité génératrice
de revenus. Pour ceux qui le désirent,
un accompagnement personnalisé est
proposé au lancement des activités
génératrices de revenus.
En parallèle à ces chantiers-écoles de
pavage, les tailleurs de pavés qui tra-
vaillent dans les carrières avoisinant la
ville de Bujumbura, bénéficient d’un
soutien technique et organisationnel.
Constituant un point d’attention du
Projet Pavage, un appui à la bonne
gestion environnementale des car-
rières est aussi fourni aux tailleurs de
pavés.
2
Je suis tailleur de pavés depuis l’an 2000. Je vendais moi-même les pavés taillés à une
entreprise privée qui nous traitait de façon individualisée, nous étions éparpillés dans
des carrières en trous sur les collines. L’exploitation en profondeur rendait difficile
la poursuite de la roche. Nous étions presque des nomades à la recherche des roches
plus superficielles. Les pavés étaient mal ou pas payés. Avec le Projet Pavage, nous
avons commencé à nous organiser en associations et à être mieux et régulièrement
payés, ce qui nous permet de demander des prêts et faire nos projets.
Les formations que j’ai suivies sont très intéressantes, notamment la technique
d’exploitation des carrières et l’organisation administrative et financière. Ceci a
augmenté la production journalière de pavés. J’ai pu diversifier les activités car
j’ai investi aussi dans l’agriculture. Mes conditions de vie se sont ainsi améliorées.
Sur carrière, nous avons des toilettes pour assurer l’hygiène et des médicaments
pour blessés, chose jamais vue. Autour de notre carrière, des activités commerciales
prospèrent, il y a des boutiques et des restaurants. Le jour de paye des pavés,
de petits marchés spontanés se créent.
Elias
42 ans, marié et père de trois enfants, membre de l’association depuis 2010
Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi
Une filière à organiser
Les provinces de Bujumbura rural et Bubanza où se situent
les carrières, ont été marquées par les années de crise. Ayant
vécu les affrontements, les habitants de cette région étaient
méfiants des ex-combattants, des démobilisés et des dépla-
cés internes qui ont regagnés la zone. Le climat social et éco-
nomique était difficile.
Au début, les entreprises en charge du pavage de la ville de
Bujumbura ne s’attendaient pas à ce que les tailleurs de pa-
vés s’organisent en associations. Selon les témoignages des
tailleurs de pavés eux-mêmes, ils travaillaient de manière iso-
lée, ce qui empêchait toute forme de suivi de la production, de
l’activité environnementale, des livraisons, des paiements et
de la légalisation sur les exploitations. Cette situation déclen-
chait régulièrement des conflits entre tailleurs de pavés.
De plus, les accidents étaient fréquents. Les tailleurs de pavés
pouvaient perdre la vue à cause des éclats de roche ou se
retrouver emporté par des éboulements dans des carrières
mal exploitées. Aucune attention n’était apportée à la gestion
environnementale des carrières puisque chaque tailleur de
pavés travaillait de manière autonome.
La filière des pavés faisait face à trois défis principaux :
Améliorer la gestion technique et environnementale des car-
rières de pavés ; Renforcer les capacités de gestion organisa-
tionnelle et financière des associations de tailleurs de pavés ;
Faciliter la diffusion et appuyer l’application de la légalisation
sur les carrières de pavés1
.
Face à ces enjeux, il s’agissait d’élaborer une stratégie d’inter-
vention pour professionnaliser la filière des pavés. Ce projet
avait pour but de produire des pavés de qualité, mais il visait
aussi à fournir aux tailleurs de pavés un environnement stable et
respectueux des textes législatifs et réglementaires relatifs aux
exploitations minières et aux carrières en vigueur au Burundi2
.
Qui exploitent les carrières ?
Les carrières de pavés se situent dans les communes d’Isale, de
Mubimbi, Kabezi et Rugazi, dans un rayon de 20 kilomètres autour
de la ville de Bujumbura. A ce jour, prêt de 500 tailleurs (2014)
“
”
1 | Soit des exploitations gérées en conformité avec la loi en vigueur
sur les mines et carrières au Burundi.
2 | Ordonnance ministérielle N°760/540/770/1757 du 26 décembre 2013,
fixant la contribution annuelle pour la réhabilitation des sites d’exploitations
artisanales des substances minérales. Graphique 1 : Niveau d'éducation des tailleurs de pavés.
Cycle primaire : 71 %
Cycle secondaire : 3 %
Sachant lire hors système
scolaire : 13 %
Illetrés : 13 %
Graphique 2 : La composition des associations.
3
de pavés sont appuyé par le Projet Pavage et plus d'une centaine
de femmes sont chargées de transporter les pavés des carrières
vers les lieux de chargement. Elles s’occupent aussi des aména-
gements liés à la sécurité et à l’accessibilité dans les carrières.
Les personnes qui travaillent dans ces carrières ont un niveau
faible d’éducation. Certains sont d’anciens combattants. Pour
beaucoup, la taille de pavés est complétée par une autre activité
comme l’agriculture, l’élevage ou le commerce.
Renforcement des capacités des associations
de tailleurs de pavés
Afin de les sensibiliser à l’intérêt de s’organiser en associa-
tions, des réunions avec les tailleurs de pavés éparpillés dans
différentes régions ont donc été lancées. Puis des statuts
agréés au niveau des autorités compétentes du pays ont été
préparés pour donner naissance aux associations de tailleurs
de pavés. Quinze associations ont noué un partenariat avec
le projet, avec pour conditions préalables d’avoir été recon-
nues par les autorités compétentes et de faire preuve d’un
bon fonctionnement.
Constatant le manque de savoir-faire des tailleurs de pavés
dans l’exploitation des carrières et la mauvaise gestion admi-
nistrative et financière des associations, le Projet Pavage a
apporté un appui dans ces domaines, au moyen de forma-
tions et d’un encadrement sur le terrain. De plus, malgré les
vérifications administratives préconisées pour l’exploitation
des carrières et la constitution en association, des carrières
étaient encore exploitées illégalement. Pour inciter les tailleurs
de pavés à se constituer en association, le Projet Pavage tra-
vaille avec aucun tailleur de pavés individuel mais uniquement
avec des associations regroupant ces trailleurs.
La composition des associations
Pour garantir la professionnalisation des exploitations, les
associations doivent absolument se doter d’un responsable
permanent, spécialisé en techniques d’exploitation des car-
rières. Un chargé du suivi administratif et financier surveille la
production, le respect des statuts, la gestion des salaires et
des comptes, etc. Cela empêche les vols et prévient certains
conflits. A chaque carrière correspond une association.
Je suis content d’avoir été formé et intégré par mes voisins dans la taille des pavés
dès mon retour dans la communauté. Grâce au travail de taille des pavés, je suis
à l’aise car je parviens à prendre en charge ma famille. […] Mes conditions de vie
sont de loin meilleures que celles de mes anciens amis de lutte qui ont abandonné
la taille des pavés et qui sont en train de déambuler dans les rues de la capitale. […]
Je nourris facilement ma famille, je paie le matériel, les soins de santé et les frais
scolaires des enfants. Je suis maintenant un acteur de développement au même
titre que les autres et j’ai prouvé qu’un démobilisé n’est pas un danger pour
la communauté.
Thérence
35 ans, un démobilisé de l’ancien mouvement rebelle du Front National de Libération
“
”
Président
Encadreur permanent de carrières
Tailleur de pavé Tailleur de pavéTailleur de pavé Tailleur de pavé
porteur porteur porteur porteurporteur porteur porteur porteurporteur porteur porteur porteur
Représente la structure à l’extérieur
(recherche de marchés, convoi, lien avec
le Projet pavage, …)
Chargé du suivi administratif
(salaires, commandes…)
4
Cadre légal
Grâce à la mobilisation du Projet Pavage et à l’intervention des
autorités, les tailleurs travaillent maintenant dans la légalité.
Cela veut dire qu’ils demandent et obtiennent chaque année
des autorisations d’exploitation annuelle de la part du Ministère
de l’Environnement et du Ministère de l’Energie et des Mines.
Pour accéder aux partenariats avec le Projet Pavage, les
associations doivent disposer d’une reconnaissance admi-
nistrative. Pour cela, elles doivent présenter un agrément du
Ministère de l’Intérieur, ou doivent au moins être reconnues
au niveau de l’administration communale. Elles doivent égale-
ment disposer de statuts et d’un procès-verbal d’assemblée
générale constituante, authentifiés par un notaire.
Les associations doivent réaliser un rapport d’étude d’impact
environnemental de carrière et ce avant le début de l’exploita-
tion, et soumettre leur demande d’autorisation d’exploitation
au Ministère de l’Environnement et au Ministère de l’Énergie et
des Mines. Le premier effectue une visite de la carrière avant
d’accorder une attestation de conformité environnementale,
qui sert de base au second pour attribuer son accord de prin-
cipe et pour effectuer une visite de délimitation et de localisa-
tion géographique de la carrière.
Chaque année, l’association paie à la commune la somme de
515 000 Francs Burundais (FBU), soit 500 000 FBU de frais de
réhabilitation des carrières post-exploitation et 15 000 FBU de
frais de dossier, pour obtenir son autorisation d’exploitation.
Tableau 1 : Procédure légale pour l'exploitation d'une carrière.
Reconnaissance administrative de l'association
Agrément du Ministère
de l'intérieur
Attestation de l'aministration
communale
Autorisation d'exploitation de la carrière
1. Présentation d'une étude d'impact environnemental de
carrière qui dégage tout un ensemble d'activités à mener pour
préserver l'environnement dans et aux environs de la carrières.
2. Demande d'exploitation
- Ministère de l'Environnement: attestation de conformité
environnementale après visite.
- Ministère de l'Energie et des Mines: accord de délimitation
et de localisation géographique de la carrière.
Redevance de l'exploitation de la carrière
Paiement annuel
de 515 000 FBU
- 500 000 FBU / Ha :
réhabilitation de la carrière
post-exploitation
- 15 000 FBU : frais de dossier
© CTB
Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi
5
Vers une meilleure exploitation des carrières
Avant toute exploitation, l’association doit préparer la piste
d’accès pour faciliter l’évacuation des pavés et des autres
produits dérivés de la taille des pavés, tels que le gravier
concassé et les moellons. L’élargissement de la plateforme
d’évacuation des pavés et son entretien ont pour but d’évi-
ter des encombrements et de limiter les accidents du travail.
Dans la même optique de prévention des accidents, la hau-
teur des fronts d’abattage a été limitée à un maximum de 4
mètres (auparavant, les tailleurs travaillaient dans des trous de
plus de 6 mètres de profondeur provoquant fréquemment des
éboulements et des pertes en vies humaines).
Afin de prolonger la durée de vie de la carrière et d’en préparer
la réhabilitation post exploitation prévue par la loi l’aménage-
ment se fait en même temps que l’exploitation par des tech-
niques simples et relativement peu coûteuses. Les déchets de
taille (moellons et éclats) qui ne sont pas vendus servent à la
construction de murets pour éviter qu’ils ne soient dispersés.
Quant à la terre végétale, elle est mise de côté pour servir à
remblayer et reboiser la carrière une fois celle-ci épuisée.
La valorisation des déchets est une des conditions techniques
sine qua non pour un partenariat avec le projet. Les activi-
tés de concassage et de tamisage du gravier permettent de
générer des revenus pour l’association et pour les travailleurs
qui ne s’occupent pas de la taille. Pour cela, les associations
de tailleurs de pavés doivent disposer de matériaux d’une
quantité et d’une qualité suffisante. La vente des moellons et
du gravier concassé sert elle aussi à optimiser l’exploitation
des ressources, à élargir les opportunités d’emploi et permet
d’augmenter la valeur économique des carrières.
Les formations en techniques d’exploitation
des carrières
La formation en techniques d’exploitation des carrières a per-
mis aux tailleurs de pavés de s’initier à des techniques plus du-
rables d’exploitation, qui sont conformes aux règles d’hygiène
et de sécurité et aux prescriptions environnementales. Ils ont
été formés sur les principales phases d’exploitation, à savoir :
le repérage de la carrière (avec des études géologiques et géo-
morphologiques), l’exploration approfondie de la carrière pour
en évaluer les réserves, l’étude préliminaire de marché et enfin
le planning. Le planning correspond aux activités de protection
de la carrière et aux activités de renforcement des conditions
d’hygiène et de sécurité des tailleurs de pavés. Deux études
sont nécessaires dans le cadre du planning : l’étude d’impact
environnemental des activités d’exploitation et l’étude de fai-
sabilité et d’optimisation de la carrière.
Chaque association a été sensibilisée aux risques liés à l’activi-
té de taille (maladies respiratoires causées par les poussières,
cécité causée par les éclats de roches…). Les tailleurs de
pavés ont donc compris la nécessité de porter des masques
anti-poussière, des gants et des lunettes de protection. Les
associations se sont en outre dotées d’une trousse médicale
de secours. En matière d’hygiène, le projet encourage les as-
sociations à aménager des latrines dans les carrières.
Sans la bonne gestion des carrières, les associations ne
peuvent pas obtenir, par les Ministères concernés, le renou-
vellement de leurs permis d’exploitation. Les services tech-
niques de ces Ministères se rendent dans les carrières afin
d’évaluer l’application des techniques d’exploitation. Depuis
le lancement du projet, les services techniques ont constaté
que des efforts importants avaient été réalisés par les asso-
ciations dans le domaine de la protection de l’environnement,
de l’hygiène et de la sécurité dans les carrières
C’était une exploitation anarchique, sous forme de trous éparpillés sur les collines
et présentant des risques d’accidents pour les tailleurs. Il y avait une production de
beaucoup de déchets non valorisés, et leur épandage le long des versants des collines
polluait parfois les cours d’eau en aval des exploitations. […]» 3
.
“
”
3 | « Étude d’impact environnemental et social de l’exploitation de 15 carrières de pavés dans les communes d’Isale, Mubimbi, Kabezi et Rugazi »,
page ix, par CTB/Projet pavage Bujumbura, octobre 2010.
Personnellement j’ai été surprise
de voir dans les carrières des murs
en pierres sèches et la manière dont
les déchets de taille sont très bien
maîtrisés. J’avoue qu’il n’y a pas
beaucoup de cas d’accidents dans les
carrières, ni d’insécurité liée au vol.
Matrone Havyarimana
administratrice de la commune de Mubimbi
(province de Bujumbura)
“
”
© CTB
6
Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi
Formation en gestion administrative
et financière
L’objectif de la formation en gestion administrative et finan-
cière était de renforcer le fonctionnement interne des asso-
ciations, et en particulier d’en améliorer le leadership. Comme
les associations disposaient déjà des textes réglementaires
(statuts et règlement d’ordre intérieur), la formation visait à ex-
pliquer le bien-fondé de leur application et les responsabilités
correspondantes. Le comité exécutif de chaque association a
aussi reçu une formation en encodage des opérations, en pro-
cédures de concertation et en rédaction de procès-verbaux,
ainsi qu’en notions élémentaires de comptabilité et d’outils de
gestion interne (journal, carnets de reçus, registres de stocks,
fiches de présence et de production journalière, listes de sa-
laires, facturiers, etc.).
Auparavant, les présidents d’associations avaient tendance à
emporter tous les documents et décidaient de tout. Mainte-
nant, les associations ont ouvert des bureaux à proximité des
sites d’exploitation. Il y a donc un endroit où tout est coor-
donné et archivé par un agent permanent, qui est payé sur
le revenu de l’association (10 FBU par pavé vendu). Grâce à
ces nouveaux bureaux, les informations circulent désormais
mieux entre le Projet Pavage, les tailleurs de pavés et leur pré-
sident, qui est souvent en déplacement (réunions au bureau
du Projet Pavage, convoi des pavés, recherche des fonds et
divers marchés).
Des évaluations en gestion administrative et financière et
en techniques d’exploitation des carrières menées par le
Projet Pavage assisté de consultants professionnels dans
le domaine ont montré que les associations ont considéra-
blement amélioré leur système de gestion. En conséquence,
d’autres acteurs du développement ont effectué des dé-
marches pour entrer en partenariat avec certaines de ces
associations.
Points forts et points faibles des associations
des tailleurs de pavés
Grâce à ce savoir-faire, les associations ont pu tripler leur produc-
tion. Elles produisent et livrent désormais plus de 130 000 pavés
par mois. Quant aux accidents, il n’y en a pratiquement plus.
Les associations sont maintenant capables de rédiger des
rapports et des comptes rendus. Ceci a permis aux tailleurs
de pavés de disposer d’archives et d’informations à jour.
D’autres partenariats sont désormais envisagés. D’un point
de vue financier, les associations sont devenues des clients
incontournables des institutions bancaires de Bujumbura.
C’est la régularité des livraisons et des paiements et la bonne
gestion qui ont créé ce rapport de confiance.
Cela dit, les associations ont encore des points faibles. Il faut
par exemple noter leur manque de confiance en elles. Les
membres des comités ont encore souvent tendance à consul-
ter le personnel du Projet Pavage quand il s’agit de prendre
des décisions internes. De plus, les nouveaux adhérents qui
n’ont pas encore reçu de formation ignorent parfois les orien-
tations données par le président ou le personnel du Projet
Pavage, ce qui cause souvent la baisse des performances et
peut amener des conflits.
La formation administrative et financière
a été utile pour bien préciser sur chaque
ligne qui a produit combien et la
somme qui lui est due. Cela a amélioré
le leadership au sein de l’association
et a réduit les conflits d’intérêts.
Déo, 28 ans, tailleur de pavés et encadreur de
carrière à Kabezi (Province de Bujumbura)
“
”
4 | Les chiffres présentés dans le tableau proviennent du diagnostic de la structure des tailleurs de pavés réalisés en début de projet et des moyennes
calculées en fonction des rapports présentés par les associations.
Tableau 2 : Comparaison entre tailleurs privés et tailleurs organisés.
Tailleurs de pavés reliés
à un commissionnaire / acheteur
Tailleurs de pavés constitués
en association
Quantité moyenne
de pavés produit
(par mois, 22 jours
ouvrables) 4
Par carrière 40 000 pavés par commissionnaire 130 000 par associations
Par tailleur de pavés
440 pavés par tailleur soit 20 pavés par jours
en moyenne (avant l'arrivée du Projet)
990 pavés par tailleur soit 45 pavés par jour
en moyenne (2014)
Points positifs + Gestion autonome
+ Régularité des livraisons
+ Paiement réguliers des tailleurs de pavés
et de la main-d’œuvre
+ Nouveaux partenariats
+ Bonne gestion des carrières
(respect de l’environnement et réduction
des accidents)
+ Diminution des risques d’insécurité
liés aux vols
Points négatifs
- Problème de contrôle
- Problème de suivi environnemental
- Manque de régularité dans l’entrée
de revenus
- Difficultés à résoudre les problèmes
internes
- Baisses de la performance en cas
de problèmes internes
7
Encouragement de la qualité
Le Projet Pavage tient à la qualité des routes pavées et des
pavés. Les dimensions standards des pavés ont été définies
par le Projet Pavage et soumises aux associations de tailleurs
de pavés.
La qualité du chargement de chaque camion livré est contrô-
lée via un échantillon de pavés. Plus la qualité est élevée, plus
le prix par pavé augmente. Cela permet d’informer chaque
association sur ses performances en technique de taille. Il y a
aussi un élément d’émulation et d’encouragement de la qua-
lité. En effet, si un tailleur se voit refuser ses pavés ou qu’ils se
vendent à un prix faible, cela le poussera à améliorer la qualité
de ses pavés.
Cette innovation a été au départ mal accueillie par les associa-
tions de tailleurs de pavés, qui la percevaient comme une me-
sure contraignante pour réduire leur production. Mais comme
cette mesure a été compensée par un prix incitatif progres-
sif en fonction de la qualité des pavés, les associations sont
désormais motivées à produire et à fournir des pavés qui cor-
respondent aux spécifications requises. En démontrant leurs
capacités à produire des pavés de qualité, les associations
sont de plus en plus sollicitées par d’autres partenaires et le
pavé de pierre est utilisé pour d’autres fins que la route pavée.
La filière de la taille des pavés aujourd’hui
Grâce à cette restructuration en profondeur de la filière de
pavés, il n’y a plus d’exploitants individuels mal organisés et
éparpillés dans les collines. Les carrières mal exploitées ont
été fermées ou remises en état.
Les tailleurs ont pu accéder à une certaine autonomie et la
filière s’est professionnalisée. Le renforcement des capacités
au travers des formations pratiques et de l’appui à l’achat de
matériel a permis d’améliorer les conditions de travail et la
productivité. La professionnalisation de l’activité est mainte-
nant effective passant en 2009, d’une activité temporaire sans
qualité et peu rémunératrice à une ressource permanente
pour nombres de familles des tailleurs de pavés. Les revenus
des tailleurs de pavés ont été directement impactés, amélio-
rant ainsi leur condition et motivant les tailleurs à s’investir
dans leur travail.
En outre, l’encadrement administratif et financier a apporté
des solutions aux dysfonctionnements du leadership et de
la gestion interne. Les conflits ont ainsi été en grande partie
réduits. Chaque tailleur de pavés est désormais conscient de
son domaine de responsabilité et de ses intérêts. La garantie
de la rémunération du travail, le suivi de la qualité, la gestion
transparente et la mise en place d’un circuit d’information font
que la filière de pavés est devenue un tremplin pour le déve-
loppement de la zone.
La cohabitation dans les villages proches des carrières s’est
nettement améliorée. Les perceptions négatives des ex-com-
battants se sont estompées. La professionnalisation de la
filière permet à toute une zone de bénéficier directement (tail-
leurs de pavés et leurs familles, chargés du transport et de
l’entretien des carrières, gestionnaires administratifs des as-
sociations) ou indirectement (développement de commerce et
d’activités économiques) de l’activité. Ce renforcement du tis-
su économique et social permet d’estomper la stigmatisation
de certains groupes (ex-combattants, groupes ethniques…)
et permet d’améliorer les conditions de vies de la population
vivant à proximité des carrières. Les activités économiques
prospèrent aux environs des carrières et les conditions socio-
économiques s’améliorent de plus en plus.
La population de ma commune a eu
bien sûr du travail, les gens ont un
revenu régulier et ils ont la capacité
de se procurer ce dont ils ont besoin.
[…] S’agissant de la contribution de la
filière de pavés à l’assiette fiscale de
notre commune, le conseil communal
avait déjà incorporé dans leur
prévision la filière de pavés comme
une ligne faisant des rentrées
conséquentes de recettes.
Matrone Havyarimana
administratrice de la commune de Mubimbi
(province de Bujumbura)
“
”
© CTB
Perspectives d’avenir
Les ministères sectoriels en charge de l’environnement et des
carrières ont légiféré pour interdire l’exploitation peu écolo-
gique du gravier de rivières. L’utilisation des dérivés de la taille
des pavés à la place de ce gravier peut être valorisée et pour-
rait encourager la transformation des déchets de pavés par
les associations. Cette nouvelle activité peut être une nouvelle
source d’emplois en milieu rural, tout en améliorant la gestion
environnementale des carrières.
L’expérience du Projet Pavage montre que la professionna-
lisation de la filière des pavés est une nécessité qui permet
de diminuer les risques environnementaux et sociaux. La pré-
servation de l’environnement doit s’accompagner d’un cadre
légal et des moyens pour imposer ces mesures. Des études
préalables à l’exploitation sont nécessaires pour analyser et
définir les réserves à exploiter sur le long terme. L’analyse doit
porter sur les possibilités d’amortir et de réduire l’impact des
exploitations grâce à des techniques adaptées. La réduction
de l’impact écologique permettra de faciliter la réhabilitation
après la fermeture des carrières.
Du point de vue financier, l’activité de production de pavés a
pu gagner en crédibilité. En effet, la régularité des livraisons
des pavés par les associations et la régularité des paiements
des livraisons par le Projet Pavage ont montré la stabilité de
l’activité et le professionnalisme de la filière. Malgré la réti-
cence des institutions de microfinance au début du projet, ces
associations sont des clients privilégiés, qui méritent de béné-
ficier d’avances sur recettes.
Enfin, la filière des pavés est devenue pour les communautés
rurales une profession reconnue. C’est une source de revenus
et de fierté, un outil de développement et de renforcement de la
paix. Les populations du monde rural ont des talents qu’il faut
valoriser et renforcer. À voir la technicité de leur maîtrise des
déchets de taille et leur disponibilité à collaborer, il est clair que
les associations des tailleurs de pavés manquaient en 2009
d’un partenaire à même de les accompagner à moyen terme.
Le Projet Pavage vient concrétiser cela en introduisant des
techniques adaptées et en octroyant aux associations un
cadre légal et organisationnel à la production des pavés tout
en se souciant de la protection de l’écosystème immédiat des
carrières. Les perspectives de trouver de nouveaux parte-
naires sont importantes grâce à la professionnalisation de la
filière. Le développement d’un plan d’aménagement de rues
pavées à Bujumbura est une opportunité pour écouler leurs
stocks. Les associations de tailleurs de pavés sont capables
de répondre à ses nouveaux enjeux.
La CTB, l’agence belge de
développement, appuie et encadre
des programmes de développement
pour le compte de l’État belge
et d’autres donneurs d'ordre.
Ont participé et contribué
à cette publication
Chanoine Olivier,
Dubois Pierre-Yves,
Habonimana Yvonne,
Hocq Stéphanie,
Mateso Faustin,
Nibashikire Cariton,
Niyonizigiye Bonaventure,
Nkurunziza Fabrice.
Ont apporté un appui technique
et de relecture
Baltissen Gérard (KIT),
Rerolle Antoine.
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Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi

  • 1. Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi Points-clés › Appuyer le regroupement en association. Le Projet Pavage propose un soutien aux tailleurs de pavés pour la création et l’organisation en association. Ils ne tra- vaillent plus de manière isolée, améliorent leur reconnaissance et leur efficacité. › Renforcer les capacités en gestion administrative et financière. Un renforce- ment de capacité en gestion administrative et financière est proposé aux tailleurs de pavés pour permettre une professionnalisation de la filière. La régularité des paiements et des livraisons permet aux associations de tailleurs de pavés de développer de nouveaux partenariats. › Vers la taille de pavés de qualité. Les tailleurs de pavés sont encouragés à fournir un produit de qualité. Une compensation financière est attribuée selon la qualité des pavés fournis. Ces mesures de « contrôle qualité » ont amené les associations à fournir des produits de meilleur qualité améliorant du même coup les routes construites. › Améliorer la gestion environnementale des sites. Les tailleurs de pavés ex- ploitent les carrières tout en améliorant les conditions d’hygiène, de sécurité et de travail en général. L’aménagement des carrières permet de limiter les risques d’accident et favorise une gestion durable des sites. Il a aussi permis de déve- lopper l’activité de valorisation des déchets de taille pour en extraire du gravier concassé. › La reconnaissance légale des associations. Les associations doivent avoir préalablement des autorisations du Ministère de l’Energie et des Mines et du Ministère de l’Environnement avant l’exploitation en fonction des considérations légales sur les mines, les carrières et l’environnement. Reconnues par les com- munes, les associations payent des taxes locales et sont mieux acceptées par les riverains. © CTB Le Projet Pavage en bref Le projet « Développement écono- mique et social via les chantiers de pavage » ou Projet Pavage (2009- 2015) est géré par l'Agence belge de développement (CTB) et le gouverne- ment burundais. Ce projet consiste en la construction de 36 kilomètres de routes pavées dans le cadre de chantiers-écoles situés dans les com- munes de Kinama, Kamenge et Cibi- toke, au nord de la ville de Bujumbura. Ces chantiers appliquent la méthode à haute intensité de main d’œuvre (HIMO). A terme, le Projet Pavage per- mettra de fournir des emplois à envi- ron 4 500 personnes résidant dans ces communes, pour une période de maximum neuf mois. Environ 13 % des ménages habitant dans la zone d’inter- vention seront touchés par le projet. Au-delà de la rénovation des infras- tructures, le Projet Pavage a pour but de contribuer au développement et à la redynamisation économique et sociale de ces communes, qui ont été gravement atteintes par la guerre de 1993-2004. Durant le cycle d’ap- prentissage, les apprenants suivent un apprentissage du pavage sur les chantiers-écoles (pose de pavé, ma- çonnerie, bétonnage…) et bénéficient d’autres formations humaines, profes- sionnelles et entrepreneuriales. Ils finalisent leur cycle d’apprentissage par une formation en éveil entrepre- neurial et reçoivent une bourse d’ins- tallation. Cette bourse leur permet de lancer leur propre activité génératrice de revenus. Pour ceux qui le désirent, un accompagnement personnalisé est proposé au lancement des activités génératrices de revenus. En parallèle à ces chantiers-écoles de pavage, les tailleurs de pavés qui tra- vaillent dans les carrières avoisinant la ville de Bujumbura, bénéficient d’un soutien technique et organisationnel. Constituant un point d’attention du Projet Pavage, un appui à la bonne gestion environnementale des car- rières est aussi fourni aux tailleurs de pavés.
  • 2. 2 Je suis tailleur de pavés depuis l’an 2000. Je vendais moi-même les pavés taillés à une entreprise privée qui nous traitait de façon individualisée, nous étions éparpillés dans des carrières en trous sur les collines. L’exploitation en profondeur rendait difficile la poursuite de la roche. Nous étions presque des nomades à la recherche des roches plus superficielles. Les pavés étaient mal ou pas payés. Avec le Projet Pavage, nous avons commencé à nous organiser en associations et à être mieux et régulièrement payés, ce qui nous permet de demander des prêts et faire nos projets. Les formations que j’ai suivies sont très intéressantes, notamment la technique d’exploitation des carrières et l’organisation administrative et financière. Ceci a augmenté la production journalière de pavés. J’ai pu diversifier les activités car j’ai investi aussi dans l’agriculture. Mes conditions de vie se sont ainsi améliorées. Sur carrière, nous avons des toilettes pour assurer l’hygiène et des médicaments pour blessés, chose jamais vue. Autour de notre carrière, des activités commerciales prospèrent, il y a des boutiques et des restaurants. Le jour de paye des pavés, de petits marchés spontanés se créent. Elias 42 ans, marié et père de trois enfants, membre de l’association depuis 2010 Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi Une filière à organiser Les provinces de Bujumbura rural et Bubanza où se situent les carrières, ont été marquées par les années de crise. Ayant vécu les affrontements, les habitants de cette région étaient méfiants des ex-combattants, des démobilisés et des dépla- cés internes qui ont regagnés la zone. Le climat social et éco- nomique était difficile. Au début, les entreprises en charge du pavage de la ville de Bujumbura ne s’attendaient pas à ce que les tailleurs de pa- vés s’organisent en associations. Selon les témoignages des tailleurs de pavés eux-mêmes, ils travaillaient de manière iso- lée, ce qui empêchait toute forme de suivi de la production, de l’activité environnementale, des livraisons, des paiements et de la légalisation sur les exploitations. Cette situation déclen- chait régulièrement des conflits entre tailleurs de pavés. De plus, les accidents étaient fréquents. Les tailleurs de pavés pouvaient perdre la vue à cause des éclats de roche ou se retrouver emporté par des éboulements dans des carrières mal exploitées. Aucune attention n’était apportée à la gestion environnementale des carrières puisque chaque tailleur de pavés travaillait de manière autonome. La filière des pavés faisait face à trois défis principaux : Améliorer la gestion technique et environnementale des car- rières de pavés ; Renforcer les capacités de gestion organisa- tionnelle et financière des associations de tailleurs de pavés ; Faciliter la diffusion et appuyer l’application de la légalisation sur les carrières de pavés1 . Face à ces enjeux, il s’agissait d’élaborer une stratégie d’inter- vention pour professionnaliser la filière des pavés. Ce projet avait pour but de produire des pavés de qualité, mais il visait aussi à fournir aux tailleurs de pavés un environnement stable et respectueux des textes législatifs et réglementaires relatifs aux exploitations minières et aux carrières en vigueur au Burundi2 . Qui exploitent les carrières ? Les carrières de pavés se situent dans les communes d’Isale, de Mubimbi, Kabezi et Rugazi, dans un rayon de 20 kilomètres autour de la ville de Bujumbura. A ce jour, prêt de 500 tailleurs (2014) “ ” 1 | Soit des exploitations gérées en conformité avec la loi en vigueur sur les mines et carrières au Burundi. 2 | Ordonnance ministérielle N°760/540/770/1757 du 26 décembre 2013, fixant la contribution annuelle pour la réhabilitation des sites d’exploitations artisanales des substances minérales. Graphique 1 : Niveau d'éducation des tailleurs de pavés. Cycle primaire : 71 % Cycle secondaire : 3 % Sachant lire hors système scolaire : 13 % Illetrés : 13 %
  • 3. Graphique 2 : La composition des associations. 3 de pavés sont appuyé par le Projet Pavage et plus d'une centaine de femmes sont chargées de transporter les pavés des carrières vers les lieux de chargement. Elles s’occupent aussi des aména- gements liés à la sécurité et à l’accessibilité dans les carrières. Les personnes qui travaillent dans ces carrières ont un niveau faible d’éducation. Certains sont d’anciens combattants. Pour beaucoup, la taille de pavés est complétée par une autre activité comme l’agriculture, l’élevage ou le commerce. Renforcement des capacités des associations de tailleurs de pavés Afin de les sensibiliser à l’intérêt de s’organiser en associa- tions, des réunions avec les tailleurs de pavés éparpillés dans différentes régions ont donc été lancées. Puis des statuts agréés au niveau des autorités compétentes du pays ont été préparés pour donner naissance aux associations de tailleurs de pavés. Quinze associations ont noué un partenariat avec le projet, avec pour conditions préalables d’avoir été recon- nues par les autorités compétentes et de faire preuve d’un bon fonctionnement. Constatant le manque de savoir-faire des tailleurs de pavés dans l’exploitation des carrières et la mauvaise gestion admi- nistrative et financière des associations, le Projet Pavage a apporté un appui dans ces domaines, au moyen de forma- tions et d’un encadrement sur le terrain. De plus, malgré les vérifications administratives préconisées pour l’exploitation des carrières et la constitution en association, des carrières étaient encore exploitées illégalement. Pour inciter les tailleurs de pavés à se constituer en association, le Projet Pavage tra- vaille avec aucun tailleur de pavés individuel mais uniquement avec des associations regroupant ces trailleurs. La composition des associations Pour garantir la professionnalisation des exploitations, les associations doivent absolument se doter d’un responsable permanent, spécialisé en techniques d’exploitation des car- rières. Un chargé du suivi administratif et financier surveille la production, le respect des statuts, la gestion des salaires et des comptes, etc. Cela empêche les vols et prévient certains conflits. A chaque carrière correspond une association. Je suis content d’avoir été formé et intégré par mes voisins dans la taille des pavés dès mon retour dans la communauté. Grâce au travail de taille des pavés, je suis à l’aise car je parviens à prendre en charge ma famille. […] Mes conditions de vie sont de loin meilleures que celles de mes anciens amis de lutte qui ont abandonné la taille des pavés et qui sont en train de déambuler dans les rues de la capitale. […] Je nourris facilement ma famille, je paie le matériel, les soins de santé et les frais scolaires des enfants. Je suis maintenant un acteur de développement au même titre que les autres et j’ai prouvé qu’un démobilisé n’est pas un danger pour la communauté. Thérence 35 ans, un démobilisé de l’ancien mouvement rebelle du Front National de Libération “ ” Président Encadreur permanent de carrières Tailleur de pavé Tailleur de pavéTailleur de pavé Tailleur de pavé porteur porteur porteur porteurporteur porteur porteur porteurporteur porteur porteur porteur Représente la structure à l’extérieur (recherche de marchés, convoi, lien avec le Projet pavage, …) Chargé du suivi administratif (salaires, commandes…)
  • 4. 4 Cadre légal Grâce à la mobilisation du Projet Pavage et à l’intervention des autorités, les tailleurs travaillent maintenant dans la légalité. Cela veut dire qu’ils demandent et obtiennent chaque année des autorisations d’exploitation annuelle de la part du Ministère de l’Environnement et du Ministère de l’Energie et des Mines. Pour accéder aux partenariats avec le Projet Pavage, les associations doivent disposer d’une reconnaissance admi- nistrative. Pour cela, elles doivent présenter un agrément du Ministère de l’Intérieur, ou doivent au moins être reconnues au niveau de l’administration communale. Elles doivent égale- ment disposer de statuts et d’un procès-verbal d’assemblée générale constituante, authentifiés par un notaire. Les associations doivent réaliser un rapport d’étude d’impact environnemental de carrière et ce avant le début de l’exploita- tion, et soumettre leur demande d’autorisation d’exploitation au Ministère de l’Environnement et au Ministère de l’Énergie et des Mines. Le premier effectue une visite de la carrière avant d’accorder une attestation de conformité environnementale, qui sert de base au second pour attribuer son accord de prin- cipe et pour effectuer une visite de délimitation et de localisa- tion géographique de la carrière. Chaque année, l’association paie à la commune la somme de 515 000 Francs Burundais (FBU), soit 500 000 FBU de frais de réhabilitation des carrières post-exploitation et 15 000 FBU de frais de dossier, pour obtenir son autorisation d’exploitation. Tableau 1 : Procédure légale pour l'exploitation d'une carrière. Reconnaissance administrative de l'association Agrément du Ministère de l'intérieur Attestation de l'aministration communale Autorisation d'exploitation de la carrière 1. Présentation d'une étude d'impact environnemental de carrière qui dégage tout un ensemble d'activités à mener pour préserver l'environnement dans et aux environs de la carrières. 2. Demande d'exploitation - Ministère de l'Environnement: attestation de conformité environnementale après visite. - Ministère de l'Energie et des Mines: accord de délimitation et de localisation géographique de la carrière. Redevance de l'exploitation de la carrière Paiement annuel de 515 000 FBU - 500 000 FBU / Ha : réhabilitation de la carrière post-exploitation - 15 000 FBU : frais de dossier © CTB Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi
  • 5. 5 Vers une meilleure exploitation des carrières Avant toute exploitation, l’association doit préparer la piste d’accès pour faciliter l’évacuation des pavés et des autres produits dérivés de la taille des pavés, tels que le gravier concassé et les moellons. L’élargissement de la plateforme d’évacuation des pavés et son entretien ont pour but d’évi- ter des encombrements et de limiter les accidents du travail. Dans la même optique de prévention des accidents, la hau- teur des fronts d’abattage a été limitée à un maximum de 4 mètres (auparavant, les tailleurs travaillaient dans des trous de plus de 6 mètres de profondeur provoquant fréquemment des éboulements et des pertes en vies humaines). Afin de prolonger la durée de vie de la carrière et d’en préparer la réhabilitation post exploitation prévue par la loi l’aménage- ment se fait en même temps que l’exploitation par des tech- niques simples et relativement peu coûteuses. Les déchets de taille (moellons et éclats) qui ne sont pas vendus servent à la construction de murets pour éviter qu’ils ne soient dispersés. Quant à la terre végétale, elle est mise de côté pour servir à remblayer et reboiser la carrière une fois celle-ci épuisée. La valorisation des déchets est une des conditions techniques sine qua non pour un partenariat avec le projet. Les activi- tés de concassage et de tamisage du gravier permettent de générer des revenus pour l’association et pour les travailleurs qui ne s’occupent pas de la taille. Pour cela, les associations de tailleurs de pavés doivent disposer de matériaux d’une quantité et d’une qualité suffisante. La vente des moellons et du gravier concassé sert elle aussi à optimiser l’exploitation des ressources, à élargir les opportunités d’emploi et permet d’augmenter la valeur économique des carrières. Les formations en techniques d’exploitation des carrières La formation en techniques d’exploitation des carrières a per- mis aux tailleurs de pavés de s’initier à des techniques plus du- rables d’exploitation, qui sont conformes aux règles d’hygiène et de sécurité et aux prescriptions environnementales. Ils ont été formés sur les principales phases d’exploitation, à savoir : le repérage de la carrière (avec des études géologiques et géo- morphologiques), l’exploration approfondie de la carrière pour en évaluer les réserves, l’étude préliminaire de marché et enfin le planning. Le planning correspond aux activités de protection de la carrière et aux activités de renforcement des conditions d’hygiène et de sécurité des tailleurs de pavés. Deux études sont nécessaires dans le cadre du planning : l’étude d’impact environnemental des activités d’exploitation et l’étude de fai- sabilité et d’optimisation de la carrière. Chaque association a été sensibilisée aux risques liés à l’activi- té de taille (maladies respiratoires causées par les poussières, cécité causée par les éclats de roches…). Les tailleurs de pavés ont donc compris la nécessité de porter des masques anti-poussière, des gants et des lunettes de protection. Les associations se sont en outre dotées d’une trousse médicale de secours. En matière d’hygiène, le projet encourage les as- sociations à aménager des latrines dans les carrières. Sans la bonne gestion des carrières, les associations ne peuvent pas obtenir, par les Ministères concernés, le renou- vellement de leurs permis d’exploitation. Les services tech- niques de ces Ministères se rendent dans les carrières afin d’évaluer l’application des techniques d’exploitation. Depuis le lancement du projet, les services techniques ont constaté que des efforts importants avaient été réalisés par les asso- ciations dans le domaine de la protection de l’environnement, de l’hygiène et de la sécurité dans les carrières C’était une exploitation anarchique, sous forme de trous éparpillés sur les collines et présentant des risques d’accidents pour les tailleurs. Il y avait une production de beaucoup de déchets non valorisés, et leur épandage le long des versants des collines polluait parfois les cours d’eau en aval des exploitations. […]» 3 . “ ” 3 | « Étude d’impact environnemental et social de l’exploitation de 15 carrières de pavés dans les communes d’Isale, Mubimbi, Kabezi et Rugazi », page ix, par CTB/Projet pavage Bujumbura, octobre 2010. Personnellement j’ai été surprise de voir dans les carrières des murs en pierres sèches et la manière dont les déchets de taille sont très bien maîtrisés. J’avoue qu’il n’y a pas beaucoup de cas d’accidents dans les carrières, ni d’insécurité liée au vol. Matrone Havyarimana administratrice de la commune de Mubimbi (province de Bujumbura) “ ” © CTB
  • 6. 6 Professionnalisation de la filière des pavés au Burundi Formation en gestion administrative et financière L’objectif de la formation en gestion administrative et finan- cière était de renforcer le fonctionnement interne des asso- ciations, et en particulier d’en améliorer le leadership. Comme les associations disposaient déjà des textes réglementaires (statuts et règlement d’ordre intérieur), la formation visait à ex- pliquer le bien-fondé de leur application et les responsabilités correspondantes. Le comité exécutif de chaque association a aussi reçu une formation en encodage des opérations, en pro- cédures de concertation et en rédaction de procès-verbaux, ainsi qu’en notions élémentaires de comptabilité et d’outils de gestion interne (journal, carnets de reçus, registres de stocks, fiches de présence et de production journalière, listes de sa- laires, facturiers, etc.). Auparavant, les présidents d’associations avaient tendance à emporter tous les documents et décidaient de tout. Mainte- nant, les associations ont ouvert des bureaux à proximité des sites d’exploitation. Il y a donc un endroit où tout est coor- donné et archivé par un agent permanent, qui est payé sur le revenu de l’association (10 FBU par pavé vendu). Grâce à ces nouveaux bureaux, les informations circulent désormais mieux entre le Projet Pavage, les tailleurs de pavés et leur pré- sident, qui est souvent en déplacement (réunions au bureau du Projet Pavage, convoi des pavés, recherche des fonds et divers marchés). Des évaluations en gestion administrative et financière et en techniques d’exploitation des carrières menées par le Projet Pavage assisté de consultants professionnels dans le domaine ont montré que les associations ont considéra- blement amélioré leur système de gestion. En conséquence, d’autres acteurs du développement ont effectué des dé- marches pour entrer en partenariat avec certaines de ces associations. Points forts et points faibles des associations des tailleurs de pavés Grâce à ce savoir-faire, les associations ont pu tripler leur produc- tion. Elles produisent et livrent désormais plus de 130 000 pavés par mois. Quant aux accidents, il n’y en a pratiquement plus. Les associations sont maintenant capables de rédiger des rapports et des comptes rendus. Ceci a permis aux tailleurs de pavés de disposer d’archives et d’informations à jour. D’autres partenariats sont désormais envisagés. D’un point de vue financier, les associations sont devenues des clients incontournables des institutions bancaires de Bujumbura. C’est la régularité des livraisons et des paiements et la bonne gestion qui ont créé ce rapport de confiance. Cela dit, les associations ont encore des points faibles. Il faut par exemple noter leur manque de confiance en elles. Les membres des comités ont encore souvent tendance à consul- ter le personnel du Projet Pavage quand il s’agit de prendre des décisions internes. De plus, les nouveaux adhérents qui n’ont pas encore reçu de formation ignorent parfois les orien- tations données par le président ou le personnel du Projet Pavage, ce qui cause souvent la baisse des performances et peut amener des conflits. La formation administrative et financière a été utile pour bien préciser sur chaque ligne qui a produit combien et la somme qui lui est due. Cela a amélioré le leadership au sein de l’association et a réduit les conflits d’intérêts. Déo, 28 ans, tailleur de pavés et encadreur de carrière à Kabezi (Province de Bujumbura) “ ” 4 | Les chiffres présentés dans le tableau proviennent du diagnostic de la structure des tailleurs de pavés réalisés en début de projet et des moyennes calculées en fonction des rapports présentés par les associations. Tableau 2 : Comparaison entre tailleurs privés et tailleurs organisés. Tailleurs de pavés reliés à un commissionnaire / acheteur Tailleurs de pavés constitués en association Quantité moyenne de pavés produit (par mois, 22 jours ouvrables) 4 Par carrière 40 000 pavés par commissionnaire 130 000 par associations Par tailleur de pavés 440 pavés par tailleur soit 20 pavés par jours en moyenne (avant l'arrivée du Projet) 990 pavés par tailleur soit 45 pavés par jour en moyenne (2014) Points positifs + Gestion autonome + Régularité des livraisons + Paiement réguliers des tailleurs de pavés et de la main-d’œuvre + Nouveaux partenariats + Bonne gestion des carrières (respect de l’environnement et réduction des accidents) + Diminution des risques d’insécurité liés aux vols Points négatifs - Problème de contrôle - Problème de suivi environnemental - Manque de régularité dans l’entrée de revenus - Difficultés à résoudre les problèmes internes - Baisses de la performance en cas de problèmes internes
  • 7. 7 Encouragement de la qualité Le Projet Pavage tient à la qualité des routes pavées et des pavés. Les dimensions standards des pavés ont été définies par le Projet Pavage et soumises aux associations de tailleurs de pavés. La qualité du chargement de chaque camion livré est contrô- lée via un échantillon de pavés. Plus la qualité est élevée, plus le prix par pavé augmente. Cela permet d’informer chaque association sur ses performances en technique de taille. Il y a aussi un élément d’émulation et d’encouragement de la qua- lité. En effet, si un tailleur se voit refuser ses pavés ou qu’ils se vendent à un prix faible, cela le poussera à améliorer la qualité de ses pavés. Cette innovation a été au départ mal accueillie par les associa- tions de tailleurs de pavés, qui la percevaient comme une me- sure contraignante pour réduire leur production. Mais comme cette mesure a été compensée par un prix incitatif progres- sif en fonction de la qualité des pavés, les associations sont désormais motivées à produire et à fournir des pavés qui cor- respondent aux spécifications requises. En démontrant leurs capacités à produire des pavés de qualité, les associations sont de plus en plus sollicitées par d’autres partenaires et le pavé de pierre est utilisé pour d’autres fins que la route pavée. La filière de la taille des pavés aujourd’hui Grâce à cette restructuration en profondeur de la filière de pavés, il n’y a plus d’exploitants individuels mal organisés et éparpillés dans les collines. Les carrières mal exploitées ont été fermées ou remises en état. Les tailleurs ont pu accéder à une certaine autonomie et la filière s’est professionnalisée. Le renforcement des capacités au travers des formations pratiques et de l’appui à l’achat de matériel a permis d’améliorer les conditions de travail et la productivité. La professionnalisation de l’activité est mainte- nant effective passant en 2009, d’une activité temporaire sans qualité et peu rémunératrice à une ressource permanente pour nombres de familles des tailleurs de pavés. Les revenus des tailleurs de pavés ont été directement impactés, amélio- rant ainsi leur condition et motivant les tailleurs à s’investir dans leur travail. En outre, l’encadrement administratif et financier a apporté des solutions aux dysfonctionnements du leadership et de la gestion interne. Les conflits ont ainsi été en grande partie réduits. Chaque tailleur de pavés est désormais conscient de son domaine de responsabilité et de ses intérêts. La garantie de la rémunération du travail, le suivi de la qualité, la gestion transparente et la mise en place d’un circuit d’information font que la filière de pavés est devenue un tremplin pour le déve- loppement de la zone. La cohabitation dans les villages proches des carrières s’est nettement améliorée. Les perceptions négatives des ex-com- battants se sont estompées. La professionnalisation de la filière permet à toute une zone de bénéficier directement (tail- leurs de pavés et leurs familles, chargés du transport et de l’entretien des carrières, gestionnaires administratifs des as- sociations) ou indirectement (développement de commerce et d’activités économiques) de l’activité. Ce renforcement du tis- su économique et social permet d’estomper la stigmatisation de certains groupes (ex-combattants, groupes ethniques…) et permet d’améliorer les conditions de vies de la population vivant à proximité des carrières. Les activités économiques prospèrent aux environs des carrières et les conditions socio- économiques s’améliorent de plus en plus. La population de ma commune a eu bien sûr du travail, les gens ont un revenu régulier et ils ont la capacité de se procurer ce dont ils ont besoin. […] S’agissant de la contribution de la filière de pavés à l’assiette fiscale de notre commune, le conseil communal avait déjà incorporé dans leur prévision la filière de pavés comme une ligne faisant des rentrées conséquentes de recettes. Matrone Havyarimana administratrice de la commune de Mubimbi (province de Bujumbura) “ ” © CTB
  • 8. Perspectives d’avenir Les ministères sectoriels en charge de l’environnement et des carrières ont légiféré pour interdire l’exploitation peu écolo- gique du gravier de rivières. L’utilisation des dérivés de la taille des pavés à la place de ce gravier peut être valorisée et pour- rait encourager la transformation des déchets de pavés par les associations. Cette nouvelle activité peut être une nouvelle source d’emplois en milieu rural, tout en améliorant la gestion environnementale des carrières. L’expérience du Projet Pavage montre que la professionna- lisation de la filière des pavés est une nécessité qui permet de diminuer les risques environnementaux et sociaux. La pré- servation de l’environnement doit s’accompagner d’un cadre légal et des moyens pour imposer ces mesures. Des études préalables à l’exploitation sont nécessaires pour analyser et définir les réserves à exploiter sur le long terme. L’analyse doit porter sur les possibilités d’amortir et de réduire l’impact des exploitations grâce à des techniques adaptées. La réduction de l’impact écologique permettra de faciliter la réhabilitation après la fermeture des carrières. Du point de vue financier, l’activité de production de pavés a pu gagner en crédibilité. En effet, la régularité des livraisons des pavés par les associations et la régularité des paiements des livraisons par le Projet Pavage ont montré la stabilité de l’activité et le professionnalisme de la filière. Malgré la réti- cence des institutions de microfinance au début du projet, ces associations sont des clients privilégiés, qui méritent de béné- ficier d’avances sur recettes. Enfin, la filière des pavés est devenue pour les communautés rurales une profession reconnue. C’est une source de revenus et de fierté, un outil de développement et de renforcement de la paix. Les populations du monde rural ont des talents qu’il faut valoriser et renforcer. À voir la technicité de leur maîtrise des déchets de taille et leur disponibilité à collaborer, il est clair que les associations des tailleurs de pavés manquaient en 2009 d’un partenaire à même de les accompagner à moyen terme. Le Projet Pavage vient concrétiser cela en introduisant des techniques adaptées et en octroyant aux associations un cadre légal et organisationnel à la production des pavés tout en se souciant de la protection de l’écosystème immédiat des carrières. Les perspectives de trouver de nouveaux parte- naires sont importantes grâce à la professionnalisation de la filière. Le développement d’un plan d’aménagement de rues pavées à Bujumbura est une opportunité pour écouler leurs stocks. Les associations de tailleurs de pavés sont capables de répondre à ses nouveaux enjeux. La CTB, l’agence belge de développement, appuie et encadre des programmes de développement pour le compte de l’État belge et d’autres donneurs d'ordre. Ont participé et contribué à cette publication Chanoine Olivier, Dubois Pierre-Yves, Habonimana Yvonne, Hocq Stéphanie, Mateso Faustin, Nibashikire Cariton, Niyonizigiye Bonaventure, Nkurunziza Fabrice. Ont apporté un appui technique et de relecture Baltissen Gérard (KIT), Rerolle Antoine. Cette note est publiée sous Licence Creative Commons « by/nc/nd »