Contexte du projet
Parmi les projets d’actions artistiques menés ces dernières années et l’année qui vient, la dimension intergénérationnelle et sophrologique prend une place de plus en plus importante, le théâtre s’avérant être un espace de rencontres et de relations où chaque génération se révèle à l’autre, dépassant les préjugés de chacun et nourrissant de passionnantes réalisations collectives.
La saison passée, s’est monté au Collège Pablo Picasso de Gisors, un passionnant projet intergénérationnel réunissant des élèves en situation de décrochage, de 4e et de 3e, une association de personnes retraitées, Passés Composés, dirigée par Marie-Claude Cussac, spécialisée dans un travail d’atelier d’écriture sur le thème de la mémoire, et une association spécialisée en sophrologie, Campagne et Sophrologie, dont les interventions sont animées par Christine Roy-Jouvhomme. Le projet actuel s’appuie sur cette expérience et sur un partenariat entre la Divine Comédie et ces deux associations.
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Projetl'etang au collège pablo picasso site
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Compagnie « Divine Comédie »,
Collectif « Passés Composés »
&
Association « Campagne et Sophrologie
L’Etang
Sur un texte de Robert Walser
Un projet intergénérationnel
au Collège Pablo Picasso
www.compagniedivinecomedie.com
www.campagneetsophrologi.free.fr
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Contexte du projet
Parmi les projets d’actions artistiques menés ces dernières années et l’année qui vient,
la dimension intergénérationnelle et sophrologique prend une place de plus en plus
importante, le théâtre s’avérant être un espace de rencontres et de relations où chaque
génération se révèle à l’autre, dépassant les préjugés de chacun et nourrissant de
passionnantes réalisations collectives.
La saison passée, s’est monté au Collège Pablo Picasso de Gisors, un passionnant
projet intergénérationnel réunissant des élèves en situation de décrochage, de 4e
et de
3e
, une association de personnes retraitées, Passés Composés, dirigée par Marie-
Claude Cussac, spécialisée dans un travail d’atelier d’écriture sur le thème de la
mémoire, et une association spécialisée en sophrologie, Campagne et Sophrologie,
dont les interventions sont animées par Christine Roy-Jouvhomme. Le projet actuel
s’appuie sur cette expérience et sur un partenariat entre la Divine Comédie et ces deux
associations.
Les partenaires du projet
La compagnie Divine Comédie et Jean-Christophe Blondel
Après des études d’ingénieur, Jean-Christophe Blondel (né en 1970) entre à l’ESAD,
et fonde la Divine Comédie, sur un projet en trois points :
- l’exploration de textes écrits entre l’invention de la mise en scène (fin XIXe) et
aujourd’hui : Maeterlinck, Ibsen, Claudel, Walser, Bernhard, Fosse, Pommerat.
- La réunion d’artistes de disciplines et générations éloignées, acteurs (Jean
Davy, Laurence Mayor, Michel Baudinat, Fred Ulysse, Philippe Hottier pour
citer des aînés), musiciens (Edward Perraud, Benjamin Duboc, Jean-Luc
Cappozzo), danseurs (S H I F T S, Sylvain Groud), plasticiens (Tormod
Lindgren, Marguerite Rousseau), marionnettistes (Yseult Welschinger). Le
spectacle ne doit pas développer une voix ou un « pitch » préétabli mais être
polysémique : le témoignage, de la façon dont ces artistes différents auront
traversé l’œuvre ensemble.
- Le travail sur ces œuvres avec des amateurs éloignés du théâtre, par
engagement (faire que la réception de ces œuvres souvent réputées difficiles ne
soit plus un signe d’appartenance à une classe favorisée) et par inspiration (le
travail avec des non-voyants, des personnes âgées, des très jeunes se donnent
au jeu, comme un antidote aux pièges de la virtuosité et aux codes culturels
homogènes de notre profession).
Passés composés et Marie-Claude Cussac
Passés Composés était né du projet de faire revivre la mémoire de ses membres par
l’atelier d’écriture. L’idée fut de travailler ensemble, jeunes et aînés, sur l’écriture de
sa mémoire. Les élèves découvraient ainsi que l’Histoire avait une dimension vivante
et passionnante, ils pouvaient se plonger dans le témoignage et dans la vie de leurs
contemporains, ils se retrouvaient à partager avec eux leurs propres souvenirs
d’enfance : ils étaient alors reliés à la société, véritablement membres d’une
communauté intergénérationnelle.
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Campagne et Sophrologie et Christine Roy-Jouvhomme
Christine Roy-Jouvhomme, professionnelle de sophrologie qui travaillait à créer chez
les participants, jeunes et aînés, la construction d’une capacité de calme et d’écoute
propice à l’ouverture à ses souvenirs et à l’autre. Christine Roy-jouvhomme a
également co-animé des ateliers de "sophro-théâtre" basés sur les apports de la
sophrologie : Prise de conscience puis libération des tensions émotionnelles,
stimulation de la confiance et de l'estime de soi, apprentissage à prendre sa place,
accompagnés d'un retour sur soi pour que chacun puisse intégrer ce qui s'est "joué"
pour lui et puisse renouer avec sa créativité. Le jeu amenant à la profondeur.
Projet intergénérationnel
L’Etang de Robert Walser
L’histoire, d’abord : Fritz, un enfant de 10 à 13 ans, ne se sent pas aimé. Un père
présent-absent, une petite sœur chipie et pénible, un grand frère qu’il pense être le
chouchou de sa mère, une mère désemparée, qui ne sait plus que crier et frapper. Tout
est raconté de l’intérieur : Fritz ne voit pas ce que nous sentons en suivant ses
aventures, la façon dont la vie difficile des parents se répercute sur la fratrie. Fritz croit
juste que sa mère ne l’aime pas.
Robert Walser écrit ainsi à dix sept ans, dans un style d’une délicatesse inouïe, une
courte allégorie de sa famille et de son enfance. Fritz fait ce que Robert aurait rêvé de
faire : il simule sa noyade en jetant son chapeau dans l’Etang, et se cache pour voir la
douleur et le regret de sa famille. Se produit alors une fin rêvée : rentrant dans sa
maison où tout le monde pleure sa mort, il reçoit, non pas une rouste de plus, mais une
immense déclaration de sa mère, comme s’il était déjà un grand jeune homme.
La pièce est une ode à l’enfance qui s’en va, à l’adolescence, à l’amour maternel mêlé
d’éveil érotique. Le projet de monter cette pièce est né lorsqu’on a proposé à la Divine
Comédie de travailler avec des pensionnaires d’une maison de retraite. Jean-
Christophe s’est demandé comment ces gens si âgés se laisseraient traverser par ce
texte qui éveille si fort des émois de l’enfance. Le résultat était très beau, rempli d’une
vie passée qui affleurait malgré les difficultés de l’âge. Et dans les scènes naïves de
disputes ou de solitudes enfantines, on voyait les enfants qu’ils avaient été.
Après la déclaration d’amour de sa mère, le petit Fritz rejoint son frère et sa sœur pour
le dîner. Il renverse de l’encre sur la table, il dit : cette tache, c’est l’étang, moi je suis
la fourchette, toi ma sœur tu es la cuillère… Et il se met à raconter l’histoire qu’il vient
de vivre : c’est comme si on assistait à la naissance d’un auteur ! La beauté de cette fin
nous a encouragé à faire un autre travail avec les pensionnaires : chacun a fait sa tache
d’encre, et en la décrivant, a dit en quelques mots ce qu’était son enfance. Ces images
et ces mots projetés sur la scène ont clôturé le spectacle. Les jeunes générations qui
voyaient le spectacle pouvaient se plonger dans une enfance beaucoup plus lointaine.
Cette expérience, qui a été menée en 2009, ne pouvait pas en rester là, il fallait la
reprendre en mêlant sur scène le jeu et les souvenirs d’acteurs âgés à ceux d’acteurs
adolescents. D’où l’idée de collaborer avec des « aînés » désireux d’aller à vers les
jeunes générations, et d’associer la Divine Comédie, Passés Composés et Campagne et
Sophrologie.
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Objectifs pédagogiques
Les élèves en situation de décrochage pourront y trouver un grand nombre d’atouts
pour cette période cruciale de construction de leur vie d’adulte :
- A travers la pratique de la scène, apprendre à s’exprimer et à se nourrir du succès de la
confrontation à la scène et d’une image de soi valorisée
- à travers une collaboration sensible avec leurs aînés, fondée sur le partage de leurs
souvenirs et sur le défi commun de la scène, retrouver confiance dans le lien social et
intergénérationnel
- à travers cette expérience sensible, développer une approche enthousiaste et
personnelle de la littérature
- Il est possible aussi de faire de ce travail le point de départ d’une action citoyenne. Un
tel spectacle, fait sans grand moyen technique, pourrait être joué partout, dans les
hôpitaux, les maisons de retraites, partout où il y a des enfants et des personnes âgées.
Nous sommes certains qu’il pourrait être le point de départ d’échanges spontanés de
paroles, de souvenirs, de réflexions sur la vie, l’amour, la famille, l’enfance… Qu’il
pourrait rapprocher les générations, frotter les plus âgés à l’énergie de la jeunesse, et
donner aux plus jeunes ce sentiment qu’une longue vie pleine d’inconnu les attend.
L’organisation du spectacle sous forme de lecture mêlée à des scènes jouées
permettrait de le programmer dans différents lieux en s’adaptant souplement aux
disponibilités et indisponibilités des acteurs.
Organisation
Un atelier pour les élèves en situation de décrochage
Un groupe d’une dizaine d’élèves volontaires, de toutes les classes de quatrième et de
troisième, sera sorti de son emploi du temps au cours de 8 séances de deux heures
dans l’année 2015, pour mener un travail de mise en voix/mise en jeu de l’Etang.
La notion de mise en voix/mise en jeu vise à rendre possible une représentation texte
en main tout en donnant l’envie, sans mettre de pression, d’apprendre par cœur
certaines séquences du texte pour lâcher la brochure et se « jeter à l’eau ».
L’atelier proposé se construit dans la continuité de l’expérience d’atelier d’écriture et
de rencontre animé précédemment par les deux associations Collectif Passés
Composés et Campagne et Sophrologie. Les séances seront initiées par un travail de
sophrologie pour mettre en condition les élèves pour être à l’écoute de soi et des autres
et développer un bon état de jeu. Souvent utilisée dans la formation et par les acteurs
professionnels, la sophrologie permet de marquer une entrée dans le travail par une
approche radicalement différente de l’environnement scolaire et convient
remarquablement à ce public d’élèves en décrochage.
Une des séances sera consacrée à un atelier d’écriture pour construire des bribes de
mémoire des jeunes et des aînés sur le thème de leur enfance, en s’inspirant de cette
notion de l’Etang, servant à la partie autobiographique du spectacle (texte et vidéo)
Les huit séances seront suivies de quatre journées hors temps scolaire pour entrer dans
la dynamique de préparation d’un spectacle, elles aussi préparées par un travail de
sophrologie.
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Un projet d’établissement
La volonté de la direction est de faire de ce projet un projet d’établissement dans
lequel d’autres classes, d’autres élèves, d’autres professeurs pourraient s’inscrire
- des élèves musiciens, à titre individuel, mais aussi la chorale
- un atelier de création de décors et de costumes, avec une réflexion sur la scénographie,
co-animé par l’intervenant théâtre et un professeur d’art plastique
Spectacle
Le spectacle réunira l’ensemble des projets et pourra être joué à la Salle des Fêtes de
Gisors. Il sera monté un week-end, au terme d’une journée de répétitions. La
représentation peut être rejouée une deuxième fois, dans un autre contexte – par
exemple en collaboration avec la maison de retraite de Gisors.
Un tel évènement développera l’image positive de l’établissement, ce qui touchera en
premier chef ses élèves et leur fierté d’être auteurs d’un projet collectif. Il permettra de
lutter contre les phénomènes de stigmatisation qui peuvent exister, par exemple entre
les âges (6e
-3e
). A apprendre l’échange intergénérationnel avec des retraités, on
apprend aussi à considérer autrement ceux qui sont un peu plus ou moins jeunes que
soi.
La compagnie Divine Comédie