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Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
40 ans de lecture publique
Un regard subjectif
par Dominique Lahary – dom.lahary@orange.fr
Bibliothécaire depuis 1977
http://www.lahary.fr/pro | http://lahary.wordpress.com
Diaporama enrichi de textes
pour la version publiée en ligne
Texte sur fond vert ou bandeau vert = ce que
je n’ai pas eu le temps de montrer ou de dire
Dessins : D. Lahary CC BY sauf mention contraire
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Un regard subjectif
Un parti pris évolutionniste.
Un hommage aux sciences
contre le charlatanisme
T-shirt vendu à la boutique de la Cité des sciences durant l’exposition
Darwin, l’original (15/12/2015-31/07/2016). Site de la Cité des sciences
Avec mes partis pris
et probablement
mes angles morts
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
1977 : sortie du 1er
épisode de la
Guerre des étoiles, qui deviendra le
4e
, et lancement de la sonde
Voyager.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
En 1977 aucun restaurant ne proposait de café gourmand et aucun
commerçant n’ajoutait « bonne journée « après avoir dit « au revoir ».
Photo D. Lahary CCO
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La
profession
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
En 1977 je suis rentré dans
« La profession ». Celle qui se
désigne comme la seule sur la
page d’accueil de deux
institutions emblématique des
« professionnels de la
profession ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
A l’époque, dans le monde communal, l’entrée dans « la profession » se
faisait par la préparation et l’obtention du Certificat d’aptitude aux fonctions de
bibliothécaires (1951-1994 : 43 ans de vie !).
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
J’ai eu la chance de préparer le CAFB option Bibliothèques publiques à
Massy en 1975-1976 avec des cours dispensés par Jacqueline Gascuel,
Annie Bethery, Martine Blanc-Montmayeur, Pascal Sanz, Claire Stra, André
Thill, Josette Granjon, Marie-Françoise Bisbrouck, Alice Garrigou.
Les reproduction manuscrites ou typographiées du diaporama datent de ma préparation de ce CAFB;
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Faisant mon service militaire en Allemagne en 1976-1977 j’ai préparé et
présenté en candidat libre le CAFB option Bibliothèques pour la jeunesse.
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Le CAFB fut une formation constitutive de « la profession ». Après l’avoir
préparé, on disposait de la boîte à outils nécessaire pour se débrouiller après
un recrutement qui ne présentait aucune difficulté : il était facile de trouver du
travail !
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La structure du personnel communal de bibliothèque était fort différente de
celle de la fonction publique d’Etat.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mais dans la pratique la division du travail surtout en structure petite et
moyenne était moins hiérarchisée que les textes n’auraient pu l’indiquer.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Entre 1988 et 1992 ce fut l’accou-
chement difficile de deux architec-
tures parallèles : la filière culturelle
territoriale et la filière Bibliothèques
de l’État.
Sur cette photo de la
manifestation
intersyndicale qui eut lieu
aux Invalides le 17
novembre 1990, publiée
dans Bibliothèques n°28,
2006, on reconnaît à
gauche Jean-Pierre
Zanetti qui joua un grand
rôle dans l’appropriation
par l’ABF des questions
statutaires.
Article paru dans Bibliothèque(s) n°28, 2006
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
L’ABF participa à l’information des « professionnels de la profession » sur
cette nouvelle architecture qui, fait étonnant, fut appliquée à la territoriale
(septembre 1991) avant l’Etat (septembre 1992).
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Désormais l’entrée dans « la
profession » se ferait (ou pas)
par le concours, cette épreuve
qui fut inventée dans l’Empire du
Milieu au 7e
siècle.
Depuis, nous vivons dans un
système où reçus-collés, qui ne
trouvent pas de travail avec leur
concours, contrebalancent les
recrutés-collés, qui sont contrac-
tuels et ratent les concours ; où
les qualifications réelles, le con-
tenu du travail et des responsa-
bilités ne correspondent jamais
aux grades et rémunérations ; un
système qui est parfaitement
incompatible avec le principe « à
travail égal salaire égal » mais
qui passe pour une garantie face
à un arbitraire possible dans les
recrutements.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Un système où il est vain de rechercher dans un
texte statutaire le contenu réel du travail de
chacun : comme le rire selon Bergson, le statut
est « du mécanique plaqué sur du vivant ».
Et dans une petite structure, on
peut être responsable d’équipe-
ment et de catégorie C.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Suivront des aléas de la forma-
tion post-recrutement, enflée ou
réduite à néant, et, comme dans
d’autres secteurs, la précarité.
Alors que tout au long de ces 40 ans
se répétera l’incontournable rengaine
« nouveaux métiers, nouvelles
compétences »…
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Alors que tout au long de ces 40 ans
se répétera l’incontournable rengaine
« nouveaux métiers, nouvelles
compétences », en bibliothèque
comme ailleurs, s’affirme comme une
constante un cœur de métier
revendiqué comme une permanence.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Ce cœur de métier, en géné-
ral, exprime la centralité des
collections et le rôle des
bibliothécaires dans leur
constitution par leur sélection
et leur catalogage.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Image Wikipedia CC0
Au congrès de l’ABF organisé en 1994 à Vichy on
m’avait demandé une intervention sur le métier de
bibliothécaire.
Pour le préparer, je me suis documenté sur cette
notion de métier et j’en ai identifié trois figures. Cela
ne m’a plus quitté.
Dans la littérature économique, on parle du métier de
l’entreprise. En ce sens, la bibliothèque a un métier,
des missions, des fonctions dans la société. C’est une
notion collective. Nous inspirant de la seconde
topologie de Freud, appelons-la le surmoi.
Les DRH ont eu besoin de réinventer, au-delà de la
fiche de poste, la notion de métier qui représente
l’ensemble des situations professionnelles entre
lesquelles un même individu peut passer sans avoir à
subir une formation lourde. Ce serait le moi.
Il existe enfin le métier tel qu’il est vécu par chacun,
ce qui donne sens et permet d’avoir envie de
travailler. Cela relève de la psycho-sociologie. Disons
que c’est le ça.
Or souvent, quand on parle métier, c’est le ça qui
s’exprime, exclusivement. Il est sain de toujours
remonter au surmoi.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
En 2005 Anne-Marie Bertrand me
commanda un article sur les
générations de bibliothécaires. J’ai
fait circuler chez des bibliothécaires
de diverses générations un
questionnaire sur leurs valeurs et la
vision qu’ils avaient des autres
générations. J’ai été sidéré par la
dureté des regards entre
générations.
J’en ai tiré ce tableau synthétique.
Cette étude serait à refaire. En
particulier, le mot « militantisme »
leitmotiv des bibliothécaires nés
avant 1956 et qui faisait plutôt
repoussoir sur les générations
suivantes ressurgit aujourd’hui dans
un autre contexte.
J’ai conscience
d’appartenir à une
génération qui a eu
tendance à écraser les
suivantes, prétendant
avoir déjà tout inventé.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Divisée en générations, même si cette clé n’est pas absolue, « la
profession » l’est aussi entre femmes et hommes.
Très majoritairement féminine, manifeste-telle une réelle égalité des
chances ?
Archimag posait la question en juillet 2017. Une étude serait à faire.
J’ai souvent observé un déséquilibre dans les plateaux d’intervenants
de colloques et journées d’étude et suis désolé d’y contribuer aujour-
d’hui.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La profession s’est dotée, depuis la création de l’ABF en
1906, d’un riche paysage associatif, même si la majorité
de ses membres n’adhère à aucune.
Au XXIe
siècle, la plupart se sont, avec leurs cousins
archivistes et documentalistes, réunis au sein d’une
interassociation. Mais il faut signaler aussi un collectif informel
qui, fondé pour l’essentiel par des bibliothécaires, apporte une
contribution précieuse sur des questions citoyennes.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Associative ou non, il existe une presse
professionnelle qui perdure et a connu comme
l’ensemble de la presse une singulière
amélioration dans sa présentation graphique..
« La profession » voyage. Surtout en Europe du
Nord, qui apparaissait dès les années 1970 com-
me un eldorado des bibliothèques et demeure
aujourd’hui une constante source d’inspiration.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Les bibliothèques sont aussi des unités
de travail comme les autres. Elles sont à
ce titre hiérarchisées, séparées en
groupes et couches qui peuvent
s’opposer et s’affronter. Il est normal de
ne pas partir du même point de vue
quand on est à la tête d’un service ou
d’une équipe ou quand on est dans une
position subalterne.
Les importantes mutations en cours, remettant en cause des pans entiers d’iden-
tité professionnelle, mais aussi le contexte financier contraint dans la plupart des
collectivités constituent un terreau de plus en plus propice à des conflits sociaux
en bibliothèque.
Photo D. Lahary CCO
Le syndicalisme, qui
s’était surtout manifesté
lors de la construction
statutaire, est de plus en
plus le véhicule de pro-
testations contre des
réorganisations.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mutations, 1
L’informatique
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Les années 1970 ne connaissaient en France que le
prêt manuel et le catalogage tapé à la machine.
Même si le stencil permettait de dupliquer une même
fiche pour l’ensemble des catalogues où elle devait
être insérée.
L’intercalation des fiches dans un fichier était alors
une opération fastidieuse.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photocharging
Automatisation
Audiocharging
Prêt manuel ? Pas partout. On a automatisé avant
que d’informatiser.
Par la photo ou l’enregistrement vocal des lecteurs
et de leurs emprunts (quelle confidentialité !) le prêt
commençait çà et là à être mécanisé.
Puis vint l’informatisation du catalogue, avec les
« logiciels maisons » tout incompatibles entre eux,
au besoin couplés à des systèmes de prêt.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Au CAFB, je n’avais pas entendu parler du dollar,
pardon, des formats MARC pourtant nés aux Etats-
Unis à la fin des années 60.
J’ai assisté à la
présentation
d’un nouveau
logiciel. On
nous projeta
des notices
auxquelles je
ne compris rien
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dessin extrait de :
SIGB !
C’était Libra, un logiciel
national qui équipera les
BCP et un certain ombre
de BM. Il sut cataloguer…
mais pas prêter !
Libra eut le rôle historique
de diffuser le format
d’échange UNIMARC en
France.
Ce fut ensuite le règne
des SIGB, systèmes
intégrés de gestion de
bibliothèques, associant
catalogue, prêt et autres
fonctions et respectant les
formats d’échange.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
C’était l’époque des systèmes
centralisés, avec ordinateur
central et terminaux passifs
pour la saisie et la consulta-
tion..
L’OPAC apparut sur
place, avec écran mais
sans souris.
Quelques bibliothèques
mirent leur catalogue à
distance par minitel.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Finalement des bibliothèques
obtinrent de disposer d’un PC…
pour récupérer des notices
bibliographiques sur CD-ROM !
Ce n’est que peu à peu que se répandit la
bureautique tandis que les interfaces
graphiques permirent l’apparition de la
souris pour consulter les OPAC.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Alors que la normalisation apparaissait le fait de spécialistes lointains,
une concertation entre associations professionnelles et fournisseurs de
logiciels aboutirent en une journée, en 1995, à la mise au point d’une
recommandation permettant d’introduire dans les formats d’échange les
données d’exemplaires. D’abord utilisée dans les réseaux départemen-
taux, elle connut par la suite une application plus vaste.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mutations, 2
La médiathèque
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
En 1976 déjà on apprenait au CAFB qu’il n’y avait pas que le livre. Les
autres médias étaient qualifiés de « nouveaux ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dans un ouvrage de1982 qui a fait
date, Gérard Herzhaft prenait acte
de la non centralité du livre,
document parmi d’autres, et voyait
dans ce qu’on appelait alors
« l’audiovisuel » l’avenir des
bibliothèques..
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photos D. Lahary CCO prises sur le mêle bâtiment en 2017 !
Après deux précurseurs
(Metz et Cambrai), un
nombre croissant de
bibliothèques vont dans
les années 1980 être
appelées médiathèques,
signifiant par là qu’elles
proposaient divers
supports. Cet usage n‘a
cependant pas été
généralisé.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Recherche Google images 10/10/2017
Le test de la requête sur Google image est éclairant sur les représentations d’un
mot. Ici, requête « Bibliothèque ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Recherche Google images 10/10/2017
Et là, requête « Médiathèque ». Wahou ! Où l’on voit en quoi le terme
« médiathèque » a été une opération réussie de marketing : changer l’image.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Des élus de toutes tendances, au
lieu de s’enorgueillir comme au-
trefois d’une bibliothèque muni-
cipale traditionnelle et imposante,
se vantaient de faire montre de
modernité avec une médiathèque.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
En 1976, on faisait le constat d’une insuffisance criante en bâtiment de
bibliothèques en France.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dans les années 1980 et 1990, le « temps des médiathèques » allait aussi être
celui des recrutements et des constructions, de la plus petite à la plus grande.
Avec le recul, on observe qu’aux « organisations préméditées » étaient préfé-
rables des bâtiments aisément modulables et adaptables par la suite : prétendre
savoir aujourd’hui ce que seront les usages et besoins dans 30 ans est bien
présomptueux.
Photo D. Lahary CCO
Directeur de BDP,
j’usais quand
j’avais à
conseiller un
projet d’équi-
pement de cette
formule:
« n’insultons pas
l’avenir avec les
préjugés du
présent ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La médiathèque se devait d’être animée.
On passa de l’animation à l’action
culturelle qui se décolla peu à peu de la
justification absolue de « valoriser les
collections ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Multimédia ?
Restera de cette époque une grande ambigüité sur un mot :
« multimédia ».
Pour les bibliothécaires, le multimédia est le fait de proposer
au public plusieurs supports.
Mais pour le reste du monde, le multimédia c’est la combina-
ison du texte, de l’image et du son de façon simultanée, grâce
au numérique.
Voilà qui nous mène à la mutation suivante…
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mutations, 3
La révolution
numérique
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Robert Cailliau
Tim Berners Lee
… une très grande
bibliothèque d’un type
entièrement nouveau
En 1988, Un président de la République
candidat a sa réélection, inspiré par un
proche conseiller, lança l’idée d’une « biblio-
thèque d’un type entièrement nouveau ».
Trois ans plus tard, deux
hommes qui mériteraient
d’être aussi célèbres que
Gutenberg renversèrent la
table…
… en inventant le world wide web !
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Désormais tout le monde put faire de
la recherche documentaire sur une
gigantesque base de données.
Voici la trace du moteur préféré de la plupart… avant
qu’un autre, en 1999, ne s’impose en quelques mois..
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
De nouveaux géants
économiques apparurent
tandis que les anciens
acteurs se posèrent la
question de leur survie.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
En 1998, j’ai préparé avec
Alain Caraco des journées
d’étude délibérément
pédagogiques. Nous nous
penchions sur ce nouveau
monde qui naissait et où
nous sentions que les
bibliothèques avaient toute
leur part.
Ma BDP disposait déjà
d’un site web.
Journées qui se
déroulèrent au
Futuroscope de
Poitiers, dans un
bâtiment futuriste
aujourd’hui délais-
sé, en marge du
parc à thème
actuel.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Copies d’écran que j’ai
utilisées pour projeter sur
transparents dans une
conférence sur Internet
pour bibliothécaires
Les associations
investirent ce nouveau
monde, s’efforçant d’en
donner les clés à
« La profession ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Naturellement, la première
chose que les
bibliothécaires imaginèrent
de mettre en ligne fut…
leurs catalogues.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
J’eus ainsi l’honneur de faire à
François Bayrou, ministre de
l’Education nationale, une
démonstration de consultation de
catalogues à partir d’une page
web.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mais bientôt « la profession » considéra qu’il y avait sur le web des ressources
primaires.
Elle fit alors ce qu’elle avait l’habitude de faire : sélectionner !
Ce fut le temps des « sitothèques ».
Il y en eut même, je vous jure, qui ne donnaient accès qu’aux sites
sélectionnés par les bibliothécaires.
Le public ne montra aucune appétence pour ces morceaux de rareté alors que
l’abondance lui était offerte.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Vinyle
Livre de papier
Voilà que des objets familiers changèrent de nom : on vit apparaître le
« livre de papier » et les disques microsillons 33 ou 45 tours furent
renommés « vinyles ».
CD
MP3
La numérisation de la musique avait d’ailleurs commencé dès les années
1980, avant l’apparition du web, sous la forme bibliothéconomiquement
confortable d’objets appelés « CD ».
Ce fut tout autre chose avec le MP3 qui permettait la « dématérialisation ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
CD-ROM
Vidéodisque
VHS
DVD
Tandis que des supports comme le vidéodisque connaissaient une carrière
éphémère et que les cédéroms voyaient la leur aboutir dans un marché de
niche, l’image animée maintenait son succès bibliothéconomique sous for-
me d’objets en passant du VHS au DVD.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
E-book
Quant au livre, il connut bien sa métamorphose
numérique dématérialisante, avec des formes de
diffusion et de lecture diversifiées sans que la date
toujours annoncée et sans cesse repoussée de la
disparition du papier n’apparaisse clairement à
l’horizon.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Livre de papier
Vinyle
CD
VHS
DVD
MP3
CD-ROM
E-book
Multimédia ?
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Multimédia ?
Oui, décidément, le multimédia c’est le numérique et il
allait être progressivement très clair que ce n’était pas un
support de plus mais un nouveau paradigme,
De même qu’Internet n’ était pas un concurrent, mais le
contexte.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Exposition au château de Chillon, Suisse, été 2017
Cependant, les ruptures d’usage ont été
successives et différenciées. C’est par l’inven-
tion du walkman en 1979 que l’écoute musi-
cale est devenue répétitive et nomade, pas-
sant ensuite de la bande magnétique au MP3.
Le texte quant à lui, migrant
clairement sur le Net quand
il est court, continue lorsqu’il
est roman ou essai à pros-
pérer sur le papier avec une
utilisation minoritaire sur
liseuse ou tablette.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo Vinciane Verguethen
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Fournir aux usagers des ressources numériques payées par les
bibliothèques ne s’avéra pas simple.
Formules techniques, principes de tarification, couverture édito-
riale, tout était à explorer, discuter négocier.
La BPI rendit un grand service aux bibliothèques publiques en
prenant en charge à partir de 2002 Carel, le consortium pour
l’acquisition de ressources électroniques, qui devait se transformer
10 ans plus tard en association de collectivités, avec le sou-
tien de cette même BPI…
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo Vinciane Verguethen
Livres, musique, cinéma ? C’est par
bribes et non en raisonnant
« collection encyclopédique »
qu’une partie des bibliothèques
proposa à ses usagers certaines de
ces ressources (on ne disait plus
« document »).
Mais celles qui allait avoir le succès
le plus incontestable furent les
ressources d’autoformation, pour
laquelle la BPI avait joué un tôle
pionnier.
Tandis qu’un autre type de contenu numérique interactif, le jeu vidéo, allait
se répandre comme la poudre, porté par des bibliothécaires convaincus, et
que çà et là s’abolissait une frontière historique, en France du moins, entre
bibliothèques et ludothèques.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dépassant la notion d’acquisition, les
bibliothèques publiques ont appris à
promouvoir des contenus librement
accessible sur Internet, en particulier
des contenus libres de droit.
Et s’impose peu à peu la notion de
« communs » de la connaissance, qui
dépasse celle de bien public et se mani-
feste aussi dans d’autres domaines de
la société.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Mais on assista aussi à la diversification du prêt
matériel (instruments de musiques, outils…) et
au partage, de graines par exemple.
Des bibliothécaires se sont mis
à répondre sur internet aux
questions du public, service
municipal à Lyon ou coopératif
comme Eurekoi, que la BPI
avait lancé par téléphone dès
1977.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Cette bibliothèque physique et
numérique, on l’appela un temps
« hybride », reprenant un terme né
dans les bibliothèques universitaires
britanniques et qui semble déjà
dépassé.
Les « hybrides »formèrent de
2007 à 2017 un groupe
dynamique au sein de l’ABF qui
contribua à déniaiser les
collègues sur les technologies
numériques.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Médiation
En définitive s’imposa un mot totalement absent des cours du CAFB des
années 1970 : « médiation ».
On peut entendre par là que les bibliothécaires n’ont pas seulement à
proposer des ressources mais qu’ils ont à en faire la médiation.
Et que finalement leur rôle n’est pas seulement de faire la médiation de
ce qu’ils ont sélectionné, mais de tout ce qui est disponible ailleurs et sur
le Net.
Médiation des contenus, médiation des techniques.
Médiation, aussi, entre les groupes et entre les individus.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Une angoisse
surmontée ?
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photos D. Lahary CCO
Au tournant du
siècle, un doute
s’installa : comme
le dit un ministre à
la télévision,
« avec internet ce
n’est plus la peine
d’aller à la
bibliothèque ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Cela donna dans le BBF un
feuilleton qui s’étendit en 2003
sur quatre numéros, sous le
titre « La fréquentation des
bibliothèques municipales ».
C’est que la tendance était
baissière.
Mais qu’appelait-on alors
« fréquentation » ?
Les inscriptions !
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dans sa grande sagesse, le
ministre de la culture
commandita en 2005 une
grande enquête au Credoc.
Avec un résultat choc :
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Une enquête du Credoc en 2005
Résultats complets publiés en 2007
Son enseignement principal tenait dans ce graphique : si grâce à l’augmen-
tation des équipements les inscriptions avaient bien progressé depuis 1989,
ce qui avait crû encore bien plus était la fréquentation des lieux.
Eh oui : les gens ne viennent pas seulement pour emprunter, ils séjournent !
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Une nouvelle statistique
Compter les entrées !
Le ministère le demande depuis 2003
Il est donc compréhensible que seule encore une grosse minorité des bibliothèque
comptent les entrées : cela fait seulement 15 ans que ce chiffre est collecté au plan
national ;-)
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Ne m’appelez plus
17 %Ce fameux taux plus ou moins invariable de 17%, que mesure-t-il ? Le nombre de cartes
en plastique utilisées collectivement ou non par des gens habitant ici ou ailleurs, divisé
par le nombre d’habitants de la commune. Il n’est en rien un taux d’inscrit et n’a pour lui
que d’être un indicateur constant permettant des comparaisons diachroniques et
synchroniques.
Toutes les enquêtes par sondage révèlent un taux d’utilisation bien supérieur.
Quant au nombre d’entrées, comptabilisé par bien de nos collègues étrangers, il permet
de comparer avec la fréquentation d’autres équipements culturels, sportifs et de loisir.
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Et vint le
troisième lieu !
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Après le miracle du Crédoc, les esprits
étaient mûrs pour accepter que, grâce à un
mémoire de 2009 suivi d’un article en 2010,
Mathilde Servet fasse connaître en France
un concept sociologique dont nos collègues
américains s’étaient déjà emparés : le
« troisième lieu ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Au1er
lieu (le domicile) et au 2e
(le travail ou l’étude) le
sociologue américain Ray
Oldenburgh avait ajouté le
troisième, lieu de fréquentation
volontaire essentiel à la
sociabilité. Nos collègues
américains avaient décidé d’y
ranger les bibliothèques.
Etait-ce absolument un nouveau type de bibliothèque ?
J’ai pour ma part considéré que ce concept pouvait mettre l’accent sur le rôle des
bibliothèques (parmi d’autres) comme espaces publics. Rôle qu’elles jouaient, qu’on
le veuille ou non, pour peu que les locaux puissent laisser un peu de place aux gens.
Alors effectivement il valait mieux, pour concevoir de nouveaux équipements ou en
réaménager, avoir cela à l’esprit.
Avec d’autres j’avais auparavant réfléchi sur la bibliothèque comme outil du lien
social, ce qui revenait au même.
Bref ce concept venait à point nommé pour aider à penser et à agir… et éclairer en
particulier le phénomène de la fréquentation sans emprunt.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
On comprenait que les gens devaient venir à la bibliothèque
sans se dépouiller de ce qu’ils étaient, et se sentir « comme
à la maison »… voire mieux puisque la bibliothèque est aussi
un espace de liberté individuelle.
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Photo D. Lahary CCO
Fonction d’espace public, de 3e
lieu, que les bibliothèques partagent avec d’autres
équipements (cette photo est celle de l’escalier d’entrée du centre commercial
Beaugrenelle à Paris 15e
).
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photos D. Lahary CCO
On allait même pouvoir manger et boire à la
bibliothèque comme on le fait à la Gare Saint-
Lazare.
Et le thème de l’accueil, qui n’était pas nouveau,
allait connaître un impérieux regain.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Le thème du rôle social des bibliothèques, qui lui non plus n’était pas
nouveau, allait s’imposer en termes nouveaux.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La BPI y a contribué en organisant ces dernières années, avec des partenariats
locaux, une série de journées d’étude sur la bibliothèque dans la cité..
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Quel
impact ?
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Dans les années 1970, on faisait des statistiques.
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Photo D. Lahary CCO
On y a ajouté des questionnaires aux usagers qui souffraient d’un biais redoutable : toute
bibliothèque sélectionnant le public qui lui est adapté, le succès était assuré et ne disait
rien de la pénétration dans la population.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Un pas important a été franchi ces toutes dernières années avec la notion multiforme
d’impact. Ce dossier est loin d’être refermé !
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Le
public !
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Il était temps qu’intervienne dans notre récit cet acteur essentiel : le public !
En 1976 on cherchait déjà à le connaître et il avait un nom: « le lecteur ».
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Adhérents ?
Lecteurs ?
Abonnés ?
Comment les appelle-t-on ?
Photo D. Lahary (2017) CCO
Le lecteur demeure encore très présent
dans le vocabulaire de « la profession ». Il
exclut pourtant tout ce qui dans les
bibliothèques ne relève pas de la lecture.
L’adhérent comme l’abonné implique une
relation d’appartenance, comme si la
bibliothèque était un club, un journal ou un
théâtre qui cherche à remplir sa jauge avec
un stock de fidèles.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Adhérents ?
Lecteurs ?
Usagers ?
Population !
Abonnés ?
Comment les appelle-t-on ?
Le terme public, très employé est plus
large, pourvu qu’on le mette au pluriel.
Mais finalement c’est population qui est
l’expression réellement politique, conforme
à la notion de service public.
Publics ?
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mais voilà qu’avec la médiathèque, « la profession » est
confrontée au public de masse, à la foule. On entendit alors
dans une partie de ses rangs comme un regret de l’intru-
sion de cette foule au comportement dérangeant, exigeant,
ingrat. En devenant équipement de masse, la bibliothèque
perd le confort de l’entre-soi.
Cette réaction n’est pas sans rappeler celle de Jean
Baudrillard qui, il y a 40 ans, salua l’ouverture du Centre
Pompidou par une critique radicale fondé sur un mépris
des « masses » qu’on n’est pas obligé de partager.
Photo D. Lahary (2017) CCO
J’ai emprunté ce livre grâce à
RéVOdoc, le réseau documen-
taire du Val d’Oise qui permet
un prêt entre bibliothèque à
l’échelle départementale.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
J’avoue avoir assez
longtemps refusé de
séparer le public en
segments, terme de
marketing. J’ai même
écrit en 1993 un article
refusant cette notion
de segmentation, que
je renie totalement
aujourd’hui. C’était ne
s’en tenir qu’ à ce que
Claude Poissenot
appelle « l’usager
abstrait ».
Oui, il est légitime et
nécessaire d’analyser
les publics en les
segmentant et en
définissant dans la
politique de lecture
publique des publics
cibles.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mais n’oublions jamais
que le public fréquen-
tant les bibliothèques
proportionnellement le
plus massif dans sa
classe d’âge, ce sont
les enfants, que biblio-
thécaires et libraires
appellent la « jeunes-
se ».
C’était en 1976 une
idée encore neuve.
Public qui comme les autres
mute dans ses usages, posant
de nouvelles questions à « la
profession ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Quel rapport au public ?
La conquête ou l’apprivoisement réciproque ?
Quand on raisonne « population », on ne pense pas « conquête », mais services.
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Participer
Biblio-remix à la bibliothèque du Landry (Rennes)
Visuel de Doc@Brest
Construction en Lego du projet Agora,
Biblio Remix à l’EESAB en juin 2013,
CC-BY-SA Auregann
Alors qu’il y a 40 ans « la
profession » se positionnait
généralement contre les « comité
d’usagers » jugés non représen-
tatifs, on va chercher au 21e
siècle
à développer les formes de
participation.
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Participer
Le recueil factice
J’eu la chance en 2011 d’avoir un DGS
passionné de design thinking, qui peut
concerner toutes sortes de services publics..
Quelques années plus tard, ce thème est
grâce à Nicolas Beudon connu dans les
bibliothèques.
Concevoir des services publics en se
mettant à la place du public, ce n’est pas
une mode mais une nécessité.
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Les auteurs,
Une affaire
de droit ?
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Photo D. Lahary CCO
Les termes juridiques sont ainsi libellés
que le mot « auteur » est associé à un
droit qui le concerne, mais aussi sans
doute au premier chef les éditeurs.
Il y a 40 ans, « la profession » ne s’en
souciait généralement guère, j’en
témoigne pour mon cas. Dans nos
documents pour le public, nous
reproduisions allègrement textes et
images sans nous soucier de rien.
Le numérique, qui permet à la fois la
liberté absolue et la traçabilité totale,
allait imposer avec obsession les
questions de droit d’auteur.
C’est pourtant sur les documents
physiques que la première bataille va
se dérouler.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
En l’an 2000, « la profession » va être stupéfaite
de découvrir une offensive menée par un éditeur,
estimé s’il en est, Jérôme Lindon des éditions de
Minuit. Il emmena des auteurs non moins
estimés pour réclamer le « prêt payant » : une
tarification à chaque acte d’emprunt ! D’autres
auteurs contre-pétitionnèrent.
Un compromis fut trouvé dabs la loi du 18 juin
2003 sur droit de prêt transposant une directive
européenne de… 1992.
Extrait d’un article du
Monde, début 2000
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Puis ce fut la bataille de la loi DADVSI. Les associations réunies au sein de
l’IABD obtinrent en 2006 un succès partiel avec une exception de
consultation ou écoute sur place qui fut améliorée dans le cadre de la loi
Création et Internet du 12 juin 2009.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Le dossier qui n’est toujours pas réglé
est celui dit du « prêt numérique » pour
lequel EBLIDA, la fédération
européenne des associations de
bibliothèque et de documentation,
réclame une exception de nature à
unifier les conditions d’accès par les
bibliothèques aux livres numériques.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Fort heureusement, les relations entre
auteurs et bibliothèques ne se limitent
pas aux questions de droit.
Les partenariats et l’accueil d’auteurs, y
compris en résidence, se sont
développés.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Pluralisme
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La censure vient rarement sur la place publique . Voici deux notes que j’ai person-
nellement reçues du maire de la commune où j’exerçais dans les années 1980.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La demande de censure peut faire l’objet de cam-
pagnes publiques. Ainsi l’ouvrage Ecrits pour nuire
paru en 1985 s’élevait contre un certain nombre
d’ouvrages pour l’enfance et l’adolescence. Elle
suscita le comité Renvoyons la censure auquel
l’ABF participa..
Ce type de campagne revient de temps à
autre.
Ainsi en 2014 le blog Le salon beige
appela-t-il ouvertement à retirer certains
livres de bibliothèques nommément
désignées.
Mais c’est après les élections municipale
de 1995 qui vit le Front national conquérir
quelques villes du Sud que la question du
contrôle politique des collections fut
posée avec force.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
« La profession » s’élevait contre les ingé-
rences, fort bien. Mais comment, selon quels
principes constituait-elle ses collections ?
Je témoigne que nous ne parlions jamais de
cela entre nous. Cela se passait dans
l’intimité, le secret.
Cela ne pouvait durer. Alors se développa la
« poldoc », la politique documentaire, pour la
quelle le regretté Bertrand Calenge fit tant.
Le groupe Poldoc fut créé à son instigation en
1999 et existe toujours.
On y trouve quantité d‘outils et de chartes.
Et bien sûr, depuis le temps, toutes les
bibliothèques sont dotées d’une charte validée par
l’assemblée délibérante locale et accessible pour
le public… Hélas, pas encore.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Encyclopédisme ?Dessin de Gébé
« La profession » s’était fait une règle de
constituer des collections encyclopédiques,
ce qui revenait selon la taille de
l’établissement à avoir beaucoup de tout…
ou un tout petit peu de tout. Cela commence
à être remis en cause.
Cela vint de deux côtés. D’une part, dans
une optique territoriale, une bibliothèque de
proximité n’a pas besoin d’avoir de tout,
puisqu’on peut faire venir.
D’autre part, du point de vue des
gens, l’important n’est-il pas qu’ils
aient eux accès à tout, la
bibliothèque étant un recours
parmi d’autres ?
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, qui
devaient hélas être suivies par bien d’autres,
ont provoqué dans les bibliothèques françaises
un mouvement d’expression tantôt spontané,
tantôt prescrit par l’autorité politique elle-même,
et qui fut bien décrit par Raphaëlle Bats.
Charlie-Hebdo, 1er
juillet 2015
Sans unanimisme, puisque dans les
équipes on fut – ou non – Charlie et le
demeura ou non, se posèrent crûment
deux questions sur le rôle des
bibliothèques : comme facilitant le vivre
ensemble, et comme garantes d’une
laïcité républicaine.
Pourtant, et alors qu’à titre personnel des biblio-
thécaires se sont exprimés sur les réseaux so-
ciaux en des sens d’ailleurs opposés, la question
de la laïcité en bibliothèque demeure peu débat-
tue malgré un rapport bienvenu de l’IGB.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
2004 2017
La question de l’ouverture à des cultures diverses présentes au sein des populations,
demeure en France timidement abordée en bibliothèque, en des termes qui évoluent
comme dans le reste de la société, de la pluralité culturelle à l’interculturalité .
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Economie
politique
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La question des moyens n’est pas nouvelle, et avec elle la
revendication d’augmentation des crédits, qu’ils soient
nationaux ou locaux.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Les collectivités territoriales ont connu
leurs « trente glorieuses », parfaitement
décalées par rapport à celles de
l’économie générale qui prirent fin avec
la crise du pétrole de 1973. Les
bibliothèques publiques ont à l’évidence
profité de ce mouvement ascendant.
Ces « trente glorieuses » sont aujour-
d’hui derrière nous. Même si çà et là
des investissements nouveaux peuvent
être consentis, on ne peux plus raison-
ner comme si on pouvait disposer de
toujours plus de moyens, et comme si
toute amélioration était conditionnée par
une augmentation de ceux-ci.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La gratuité des inscriptions (puisque
celle du prêt a été heureusement
sauvegardée) demeure en bien des
endroits une idée neuve bien qu’elle
semble globalement progresser.
Et pourtant : avec le numérique, la
gratuité est devenu un véritable
modèle marchand.
Le raisonnement si souvent tenu selon
lequel « ce qui est gratuit ne vaut
rien »… ne vaut plus rien..
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Marché
Service public !
ConcurrenceLa notion de concurrence, parfaitement
inconnue en bibliothéconomie française
dans les années 1970, s’est invitée dans
les années 2000. Est-ce à dire qu’Internet
fait concurrence à la bibliothèque ?
J’ai plutôt considéré qu’elle évoluait effective-
ment dans un univers de concurrence mais du
point de vue des populations qui, c’est normal,
choisissent à tout moment ce qui est le plus
commode, le plus rapide, le moins cher et le
plus adéquat. Bref, elles sont dans un marché…
Cela n'empêche pas, que du point de vue de
l'offre, les bibliothèques publiques se situent
clairement dans le cadre de mission de
services public
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
La bibliothèque publique est-elle de droite ou de
gauche ? Si l’on considère la couleur politique des
maires ou présidents concernés, j’ai constaté dans
tous les camps de l’excellence comme de l’insi-
gnifiance, ce qui est finalement rassurant : l’excel-
lence peut advenir à peu près partout.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Ah, les élus ! Combien
de remarques hostiles
ai-je entendu depuis 40
ans ! Heureusement ce
n’est pas unanime
même si ça continue.
Bien sûr nous sommes
sur une autre tempora-
lité, nous ne sommes
pas soumis au suffrage
universel mais à une
hiérarchie.
Il m’a semblé que le très
curieux usage du mot
« tutelle » pour les …/….
…/… désigner, eux et les
directions générales, était
l’indice d’une malencontreuse
posture d’extériorité.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Je ne suis heureusement pas le seul de « la
profession » à dire qu’il nous faut trouver un
langage commun, et que se contenter de
références corporatives, fussent-elles
mondiales, ne suffit pas à créer le lien.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Ce terrain commun, c’est évidemment celui des politiques publiques, dont les
élus sont comptables par le suffrage universel qui les désigne.
Nous avons la responsabilité de mettre en œuvre leurs orientations, avec des
marges d’autonomie qui sont gage d’efficacité mais aussi de respect du
pluralisme. Nous avons aussi à contribuer à la définition de ces politiques en
apportant des éléments de connaissance et d’orientation.
Il faut pour cela savoir trouver la place des bibliothèque dans le cadre plus
général des politiques publiques et des enjeux du territoire.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
L’Etat,
ses bibliothèques,
sa politique
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DLL
DBLP
SLL
« La profession » a toujours été attachée au rôle de l’Etat.
En 1977, on était 2 ans après le drame : la
scission de la Direction des bibliothèques et
de la lecture publique, chargée de l’ensem-
ble des bibliothèques au sein du ministère
chargé de l’enseignement supérieur, entre
une direction « enseignement supérieur » et
une direction « culture ».
Les bibliothèques publiques, séparées de leurs cousines les BU, attendirent donc
tout de la direction du livre et de la lecture du ministère de la culture, se sentant
comme collectivement déclassées quand la direction fut ravalée au rang de service.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Sans reconstituer la défunte DBLP, le Conseil supérieur
des bibliothèques n’en fut pas moins entre 1989 et 2000
une instance consultative traitant de l’ensemble des
bibliothèques. Restent ses rapports annuels et la toujours
utile Charte des bibliothèques de 1991. Nous devons
beaucoup à son secrétaire général puis dernier président
qui dirigea naguère la BPI : Michel Melot.
CSB
IGB
Demeure comme instance interministérielle
l’Inspection générale des bibliothèques, dont
il faut aussi lire les rapports annuels et
thématiques, dont récemment ceux sur les
BDP, sur la couverture territoriale et sur la
laïcité.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
DLL
DBLP
CSB
DGD !
SLL
IGB
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Le concours particulier de la
DGD (dotation globale de
décentralisation) est comme la
colonne vertébrale financière
de la politique de l’Etat en
matière de bibliothèques
territoriales, même si d’autres
dispositifs (aujourd’hui les
contrats territoire lecture) ont
existé.
Institué en 1986 de façon
dérogatoire aux lois de
décentralisation, il facilite
depuis les décisions d’inves-
tissement des collectivités tout
en garantissant grâce à des
critères, notamment de surface,
une qualité de celles-ci.
A revisiter sans doute avec
l’essor de l’intercommunalité.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La BPI
La BnF
La politique de l’Etat ce fut aussi.;;
Après sa métamorphose de la fin des
années 1980, elle a mené une politique de
coopération notamment dans le cadre des
pôles associés. Mais elle est aussi une
source bibliographique, du cédérom des
années 1980 aux notices gratuites
d’aujourd’hui
D’abord vue comme un établissement pilote
expérimentateur, elle a progressivement
développé une politique de coopération non
seulement internationale mais nationale,
dont Carel est un des fleurons.
Mais elle a aussi mis son service Études et
recherches à la disposition de tous par ses
études et interventions .
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
De 1977 à 1986, l’Etat allait achever la
couverture du pays et donner aux BCP, avec
la circulaire de 1985 du grand directeur du
livre que fut Jean Gattegno, une feuille de
route visionnaire.
Les BMVR
Les BMC
La politique de l’Etat ce fut aussi.;;
Voilà un programme qui, sous une
appellation improbable, a permis a 12
grandes villes de sortir de leur sous-
développement dans les années 1990 et
2000. Et tant pis pour celles qui ont passé
leur tour. En contrepartie, le programme
national des Ruches, lancé en 2003,
concernait de petits équipements.
Héritage des années 30, ce statut a continué
à se manifester par la présence de
conservateurs d’Etat qui ont apporté une utile
contribution à l’évolution de la lecture
publique. Ils ont heureusement été rejoints
par des conservateurs et bibliothécaires
territoriaux, ce qui était demeuré impossible
jusqu’au début des années 1980. Au 21e
siècle, l’Etat a réduit les postes et
conventionné sur les missions.
Les BCP
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Territoires
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Les territoires, ce sont d’abord des gens
Photo D. Lahary CCO
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Tandis que les bibliothèques persistaient à être pensées, décidées, financées,
gérées à l’échelle administrative qui étaient la leur, très majoritairement la
commune,
les gens, eux, vivaient à portée de leurs mobilités quotidiennes ou du moins
régulières, au sein de ce qu’on va appeler des bassins de vie, même si leur
délimitation est propre à chacun, y compris au sein d’un même foyer.
Si la question territoriale va se poser en termes institutionnels, il est important de
se placer d’abord sur le terrain des populations, qui utilisent les bibliothèques au
rythme et à l’échelle de leur vie, entre proximité et attractivité.
Le maillage territorial des services de lecture publique s’analyse et s’évalue
d’abord à cette aune.
Les territoires, ce sont d’abord des gens
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
L’idée n’est pas neuve. Dans les années 60, un groupe de bibliothécaires chevron-
nés a ardemment défendu l’idée d’une organisation en réseau des bibliothèques,
sous l’appellation de « bibliothèque de secteur ». Cette position a fait polémique,
notamment au sein de l’ABF, et j’en ai connu les derniers feux. C’est qu’ils ne pou-
vaient alors imaginer d’autre cadre que national pour une telle organisation.
Aujourd’hui, l’intercommunalité permet de donner un cadre politique à l’organisation
en réseau des services directs à la population.
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De la coopérationentre bibliothèques
À la coopération intercommunale
Durant les années 1980 et 1990, le thème de la coopération entre bibliothèques a
souvent été développé dans les colloques, journées d’étude et articles. Il avait en
partie un aspect incantatoire : c’est bien de coopérer mais nous continuions à tra-
vailler chacun dans notre coin.
La DLL suscita, dans les années 1980, la création d’agences régionales de
coopération entre bibliothèques, réunies en une fédération nationale. Elles sont
devenues, par transformation ou fusion, des organismes interprofessionnels
s’adressant à l’ensemble des professions dites du livre, avec les auteurs, libraires,
éditeurs, voire se sont élargies à d’autres secteurs, et n’existent qu’avec le soutien
des régions.
La coopération entre bibliothèques demeurait dans l’entre-soi. On va passer à la
coopération intercommunale en matière de bibliothèques, d’abord dans le cadre des
villes nouvelles crées dans les années 1970, puis un peu partout après la loi
Chevènement de 1999 sur la coopération intercommunale.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La lecture publique s’est révélée une bonne cliente pour l’intercommunalité, tant
l’utilité d’une organisation délibérée du maillage territorial tombe sous le sens.
C’’est la possibilité de services augmentés, tendant vers l’égalité territoriale pour
chacun, en même temps qu’une amélioration de l’efficience indispensable après la
fin des « trente glorieuses » territoriales.
Mais contrairement à ce dont rêvaient les tenants de la « bibliothèque de secteur »,
ce n’est et ce ne sera « nulle part pareil » tant le cadre légal et institutionnel permet
une diversité des formules de coopération intercommunale, entre la gestion inter-
communale totalement intégrée et la coopération informelle entre plusieurs com-
munes, en passant par la mise en réseau d’équipements municipaux.
Une mutation, qui prendra du temps, est en cours qui est en train de bouleverser
bien des habitudes de travail, de modifier la façon de penser et mettre en œuvre
des services de bibliothèques à une échelle où ils peuvent être plus efficaces.
La réforme territoriale, qui va se
manifester par une série de lois
promulguées entre 2010 et
2015, va installer définitivement
l’intercommunalité comme ca-
dre majeur de l’action publique
locale tout en procédant à des
repérimétrages successifs.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Où est la lecture publique ?
Commune
Interco
Département
(Région)
État
La lecture publique s’est
installée à tous les étages du
millefeuille politico-administratif.
Il n’y a pas de doublon si
chaque échelon se consacre à
ce pour quoi il est le plus
efficace… et efficient !
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dans mes cours du CAFB de 1956-76,
il n’était encore question que de
réseaux communaux. Mais les formes
peuvent être les mêmes.
On pense de plus en plus « maillage
territorial » et il faut considérer qu’un
réseau de bibliothèques ce sont des
bâtiments… et un ou des véhicules !.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Table ronde de coordinatrices intercommunales
Journée départementale du Pas-de-Calais, 4 octobre 2015
Coordinateur.trice.s intercommunaux.ales
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Table ronde de coordinatrices intercommunales
Journée départementale du Pas-de-Calais, 4 octobre 2015
Coordinateur.trice.s intercommunaux.ales
La coopération intercommunale a vu
apparaître des formules d’organisation
du travail nouvelles, avec des notions
de services communs, de groupes de
travail transversaux, et fait surgir une
nouvelle fonction : la coordination
intercommunale, d’abord en milieu rural
(parfois le premier poste de salarié),
puis en milieu urbain
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Gravure d’Honoré Daumier parue en 1860 après l’annexion par la ville de
Paris des territoires communaux situés à l’intérieur des fortifications, avec des
villages comme Vaugirard, Grenelle ou Belleville.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Gravure d’Honoré Daumier parue en 1860 après l’annexion par la ville de
Paris des territoires communaux situés à l’intérieur des fortifications, avec des
villages comme Vaugirard, Grenelle ou Belleville.
Les périmètres intercommunaux mettent en communication des
bibliothèques urbaines employant exclusivement des salariés et des
bibliothèques rurales, parfois très petites, où peuvent exercer – y
compris exclusivement - des bénévoles. Rencontre de deux mondes
qui s’ignoraient, seules les BDP ayant auparavant affaire aux seconds.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Pour en savoir plus :
Le blog de l’ABF
http://www.bibenreseau.abf.asso.fr
Avec une boîte à outils
en cours de constitution
mais déjà bien fournie
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
De la BCP à la BDP
puis à la BD
L’invention de la bibliothèque centrale de prêt (BCP) en 1945 fut un acte
majeur d’aménagement du territoire. Mais il venait de l’Etat et consistait à
aider chaque point isolément.
L’Etat avait successivement encouragé le dépôt en mairie, la desserte des
écoles, le prêt direct à la population par bibliobus, l’encouragement à la
création de « bibliothèques relais », le conventionnement avec les
communes, la desserte des publics spécifiques et l’abandon de la desserte
scolaire. Les pratiques des différentes BCP portaient différentiellement,
selon leur date de création, la trace de ces différentes politiques, trace qui
perdurera longtemps dans le siècle voire au-delà. Il faudra du temps pour
qu’après le transfert de ces services de l’Etat aux départements au 1er
janvier 1986 l’apprivoisement se fasse, jusqu’à ce que la BDP soient perçue
comme un outil des politiques départementales.
Si l’abandon par une ordonnance de 2017 du « P » de « prêt » consacre une
diversification des missions qui s’était généralisée, la montée de l’intercom-
munalité conduit les BD à accompagner l’organisation des territoires tout en
assurant les services pour lesquels l’échelon départemental est le plus ap-
proprié. Elles sont « Indispensables autrement » (rapport de l’IGB, 2013)
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Espace-temps
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Cette phrase d’un article d’un bibliothécaire allemand publié en 2002 est
peut-être passé inaperçue. La question des horaires, longtemps demeurée
en dehors des polémiques et de l’attention de la « profession » comme des
médias, a surgi brusquement dans le débat public alors que deux rapports
de l’IGB en 2008 et 2012 avaient déjà alerté sur la question.,
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
9 janvier 2014
Ce ne sont pas des bibliothécaires
qui ont mis le sujet sur la place publi-
que, mais une ONG, Bibliothèques
sans frontières, par le biais d’une
pétition. Elle exprimait au passage le
BESOIN de bibliothèques. On n’en
est plus à leur remise en cause.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
13 janvier 2014
Cette contre-pétition venue d’une
partie de « la profession » revenait à
dire qu’on ne pouvait songer à éten-
dre les horaires que si tout le reste
était parfait : en sommes que c’est
une variable d’ajustement et non un
élément essentiel du service.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Les retombées médiatiques ont été
nombreuses : on parlait (enfin) des
bibliothèques à la radio, à la télé, dans
les journaux… pour dire qu’on en voulait
plus (plus de temps d’ouverture).
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Mais la question de
l’accessibilité (à tout
public) s’analyse en
espace temps : horaires
adaptées, localisations
adaptées. Le quart
d’heures ou les 20 mn
sont devenus un slogan.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Innovation
et Communication
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
L’innovation, qui n’a sans doute jamais cessé depuis 1977, est devenue peu à peu une
injonction ou, mieux, une invitation à inventer sans répéter des schémas connus.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
SI !
Cela suppose
qu’on accepte de
faire des erreurs
et qu’on en parle
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Télérama, janvier 2016
France-inter
Toutes ces innovation, ainsi que le thème du
troisième lieu, on constitué, comme du temps
de l’invention de la « médiathèque », un
véritable thème journalistique, qui, s’il joue
d’abord sur le contraste avec une vision cliché,
n’en contribue pas moins à conférer une
nouvelle image de marque aux bibliothèques.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Enfin dans les années 2010 s’impose peu à
peu, dans « la profession », le thème de
l’advocacy.
Nouvelle figure de la vieille question
« comment faire parler de nous ? » mais aussi
nécessité davantage affirmée de placer les
bibliothèques au cœur des politiques
publiques, ce qui ne va pas sans un travail
délibéré d’argumentation.
La « profession » se prépare peut-être à être
moins dans la plainte et d’avantage dans une
action tenant compte de ses interlocuteurs.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
J’aurais aussi pu
parler de…
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
… des bibliobus, phénomène urbain qui persiste çà et là ;
saga bécépiste-bédépiste qui semple appartenir au passé.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo de
Sophiebib
… des boites à
livres, qui ne
méritent sans
doute ni cet
excès d’honneur
ni cette indignité
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
… de la mission patrimoniale d’une partie des bibliothèques
publiques, qui est tout à fait nécessaire mais que dont je n’ai pas
rendu compte car traditionnellement on ne la rangeait pas dans la
lecture publique.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Ce qui n’est
toujours pas réglé
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Le catalogage !
Il continue encore au-delà du raisonnable dans de nombreuses
bibliothèques publiques. Fût-ce sous l’absurde forme de la correction de
notices récupérées.
Il existe peut-être quelques cas d’ajustement utiles, mais globalement,
décidément, ce n’est pas raisonnable.
Exercice de catalogage du CAFB, 1976
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La question de l’identité semble toujours
travailler la « profession ».
Et l’on entend encore le « cœur de métier »
brandi contre des évolutions craintes ou
regrettées.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Le désherbage ! Cause que défendit si bien la BPI avec son slogan
révolutionnaire « un document acheté, un document éliminé ».
Comme le catalogage, le défaut de désherbage subsiste encore trop.
L’extension des mises en réseau permettra peut-être d’aborder la question
à une meilleure échelle.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Car finalement, sauf si elles sont patrimoniales, les
collections des bibliothèques publiques ne sont jamais
constituées que d’objets de passages. Elles sont un flux
plutôt qu’un stock. On va finir par s’en rendre compte.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
La posture horizontale du bibliothécaire qui est là pour « tirer les gens vers
le haut » fait peu à peu place à l’horizontalité des relations d’intermédiation,
voir à une logique « du bas vers le haut ».
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Conclure ?
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Il est essentiel de connaître le passé car, d’une certaine façon, il est toujours présent,
dans les esprits, dans les équipes. Les couches se superposent sans s’abolir.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
?Pour « la profession », la lecture publique se confond avec les bibliothèques
publiques.
Il n’en est pas de même pour certains élus pour qui il s’agit de la politique globale
en faveur de la lecture (qu’on peut étendre à d’autres messages et supports).
En ce sens-là, les bibliothèques ne sont qu’un instrument parmi d’autres de la
lecture publique.
Ne l’oublions pas.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dans ce cours remarquable dispensé en 1976, la regrettée Alice Garrigoux (1917-
2016) prévoyait que le terne « lecture publique » allait tomber en désuétude. Nous
ne lui en voudrons pas de s’être trompée sur ce point de terminologie..
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Photo D. Lahary CCO
Dimanche dernier, le mouvement ATD Quart monde organisait un rassemblement
à Paris, place de la Bastille. Et mettait en valeur ses bibliothèques de rue, qui font
bien évidemment partie de la lecture publique, montrant par là que ses acteurs
peuvent être associatifs.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Dans son rapport sur l’adaptation des
horaires d’ouverture des bibliothèques
remis en février 2015, la sénatrice Sylvie
Robert rendait ce bel hommage à la
capacité d’évolution des bibliothèques.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Non à la ligne
claire !
Cette promenade dans 40 ans de
bibliothèques publiques nous a montré
que la frontière entre ce qui est
bibliothèque et ce qui ne l’est pas n’est
pas claire. D’un contexte à l’autre, d’une
politique locale à l’autre, telle mission,
telle action relèvent – ou non – des
bibliothèques.
C’est tant mieux !
C’est ce qui permet à la fois l’adaptation
et l’évolution.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
Souhaitons que les bibliothèques publiques soient de plus en plus
poreuses avec la société, ses acteurs, ses composantes, ses
enjeux. De plain pied avec les gens. Ce sera là mon dernier mot.
Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
On ne s’est pas ennuyés
pendant ces 40 ans.
Vous n’allez pas non
plus vous ennuyer
les 40 prochaines
années !

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40 ans de lecture publique : un regard subjectif

  • 1. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 40 ans de lecture publique Un regard subjectif par Dominique Lahary – dom.lahary@orange.fr Bibliothécaire depuis 1977 http://www.lahary.fr/pro | http://lahary.wordpress.com Diaporama enrichi de textes pour la version publiée en ligne Texte sur fond vert ou bandeau vert = ce que je n’ai pas eu le temps de montrer ou de dire Dessins : D. Lahary CC BY sauf mention contraire
  • 2. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Un regard subjectif Un parti pris évolutionniste. Un hommage aux sciences contre le charlatanisme T-shirt vendu à la boutique de la Cité des sciences durant l’exposition Darwin, l’original (15/12/2015-31/07/2016). Site de la Cité des sciences Avec mes partis pris et probablement mes angles morts
  • 3. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 1977 : sortie du 1er épisode de la Guerre des étoiles, qui deviendra le 4e , et lancement de la sonde Voyager.
  • 4. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 En 1977 aucun restaurant ne proposait de café gourmand et aucun commerçant n’ajoutait « bonne journée « après avoir dit « au revoir ». Photo D. Lahary CCO
  • 5. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La profession
  • 6. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 En 1977 je suis rentré dans « La profession ». Celle qui se désigne comme la seule sur la page d’accueil de deux institutions emblématique des « professionnels de la profession ».
  • 7. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 A l’époque, dans le monde communal, l’entrée dans « la profession » se faisait par la préparation et l’obtention du Certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaires (1951-1994 : 43 ans de vie !).
  • 8. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 J’ai eu la chance de préparer le CAFB option Bibliothèques publiques à Massy en 1975-1976 avec des cours dispensés par Jacqueline Gascuel, Annie Bethery, Martine Blanc-Montmayeur, Pascal Sanz, Claire Stra, André Thill, Josette Granjon, Marie-Françoise Bisbrouck, Alice Garrigou. Les reproduction manuscrites ou typographiées du diaporama datent de ma préparation de ce CAFB;
  • 9. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Faisant mon service militaire en Allemagne en 1976-1977 j’ai préparé et présenté en candidat libre le CAFB option Bibliothèques pour la jeunesse.
  • 10. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Le CAFB fut une formation constitutive de « la profession ». Après l’avoir préparé, on disposait de la boîte à outils nécessaire pour se débrouiller après un recrutement qui ne présentait aucune difficulté : il était facile de trouver du travail !
  • 11. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La structure du personnel communal de bibliothèque était fort différente de celle de la fonction publique d’Etat.
  • 12. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mais dans la pratique la division du travail surtout en structure petite et moyenne était moins hiérarchisée que les textes n’auraient pu l’indiquer.
  • 13. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Entre 1988 et 1992 ce fut l’accou- chement difficile de deux architec- tures parallèles : la filière culturelle territoriale et la filière Bibliothèques de l’État. Sur cette photo de la manifestation intersyndicale qui eut lieu aux Invalides le 17 novembre 1990, publiée dans Bibliothèques n°28, 2006, on reconnaît à gauche Jean-Pierre Zanetti qui joua un grand rôle dans l’appropriation par l’ABF des questions statutaires. Article paru dans Bibliothèque(s) n°28, 2006
  • 14. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 L’ABF participa à l’information des « professionnels de la profession » sur cette nouvelle architecture qui, fait étonnant, fut appliquée à la territoriale (septembre 1991) avant l’Etat (septembre 1992).
  • 15. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Désormais l’entrée dans « la profession » se ferait (ou pas) par le concours, cette épreuve qui fut inventée dans l’Empire du Milieu au 7e siècle. Depuis, nous vivons dans un système où reçus-collés, qui ne trouvent pas de travail avec leur concours, contrebalancent les recrutés-collés, qui sont contrac- tuels et ratent les concours ; où les qualifications réelles, le con- tenu du travail et des responsa- bilités ne correspondent jamais aux grades et rémunérations ; un système qui est parfaitement incompatible avec le principe « à travail égal salaire égal » mais qui passe pour une garantie face à un arbitraire possible dans les recrutements.
  • 16. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Un système où il est vain de rechercher dans un texte statutaire le contenu réel du travail de chacun : comme le rire selon Bergson, le statut est « du mécanique plaqué sur du vivant ». Et dans une petite structure, on peut être responsable d’équipe- ment et de catégorie C.
  • 17. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Suivront des aléas de la forma- tion post-recrutement, enflée ou réduite à néant, et, comme dans d’autres secteurs, la précarité.
  • 18. Alors que tout au long de ces 40 ans se répétera l’incontournable rengaine « nouveaux métiers, nouvelles compétences »…
  • 19. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Alors que tout au long de ces 40 ans se répétera l’incontournable rengaine « nouveaux métiers, nouvelles compétences », en bibliothèque comme ailleurs, s’affirme comme une constante un cœur de métier revendiqué comme une permanence.
  • 20. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO
  • 21. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Ce cœur de métier, en géné- ral, exprime la centralité des collections et le rôle des bibliothécaires dans leur constitution par leur sélection et leur catalogage.
  • 22. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Image Wikipedia CC0 Au congrès de l’ABF organisé en 1994 à Vichy on m’avait demandé une intervention sur le métier de bibliothécaire. Pour le préparer, je me suis documenté sur cette notion de métier et j’en ai identifié trois figures. Cela ne m’a plus quitté. Dans la littérature économique, on parle du métier de l’entreprise. En ce sens, la bibliothèque a un métier, des missions, des fonctions dans la société. C’est une notion collective. Nous inspirant de la seconde topologie de Freud, appelons-la le surmoi. Les DRH ont eu besoin de réinventer, au-delà de la fiche de poste, la notion de métier qui représente l’ensemble des situations professionnelles entre lesquelles un même individu peut passer sans avoir à subir une formation lourde. Ce serait le moi. Il existe enfin le métier tel qu’il est vécu par chacun, ce qui donne sens et permet d’avoir envie de travailler. Cela relève de la psycho-sociologie. Disons que c’est le ça. Or souvent, quand on parle métier, c’est le ça qui s’exprime, exclusivement. Il est sain de toujours remonter au surmoi.
  • 23. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 En 2005 Anne-Marie Bertrand me commanda un article sur les générations de bibliothécaires. J’ai fait circuler chez des bibliothécaires de diverses générations un questionnaire sur leurs valeurs et la vision qu’ils avaient des autres générations. J’ai été sidéré par la dureté des regards entre générations. J’en ai tiré ce tableau synthétique. Cette étude serait à refaire. En particulier, le mot « militantisme » leitmotiv des bibliothécaires nés avant 1956 et qui faisait plutôt repoussoir sur les générations suivantes ressurgit aujourd’hui dans un autre contexte. J’ai conscience d’appartenir à une génération qui a eu tendance à écraser les suivantes, prétendant avoir déjà tout inventé.
  • 24. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Divisée en générations, même si cette clé n’est pas absolue, « la profession » l’est aussi entre femmes et hommes. Très majoritairement féminine, manifeste-telle une réelle égalité des chances ? Archimag posait la question en juillet 2017. Une étude serait à faire. J’ai souvent observé un déséquilibre dans les plateaux d’intervenants de colloques et journées d’étude et suis désolé d’y contribuer aujour- d’hui.
  • 25. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La profession s’est dotée, depuis la création de l’ABF en 1906, d’un riche paysage associatif, même si la majorité de ses membres n’adhère à aucune. Au XXIe siècle, la plupart se sont, avec leurs cousins archivistes et documentalistes, réunis au sein d’une interassociation. Mais il faut signaler aussi un collectif informel qui, fondé pour l’essentiel par des bibliothécaires, apporte une contribution précieuse sur des questions citoyennes.
  • 26. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Associative ou non, il existe une presse professionnelle qui perdure et a connu comme l’ensemble de la presse une singulière amélioration dans sa présentation graphique.. « La profession » voyage. Surtout en Europe du Nord, qui apparaissait dès les années 1970 com- me un eldorado des bibliothèques et demeure aujourd’hui une constante source d’inspiration.
  • 27. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Les bibliothèques sont aussi des unités de travail comme les autres. Elles sont à ce titre hiérarchisées, séparées en groupes et couches qui peuvent s’opposer et s’affronter. Il est normal de ne pas partir du même point de vue quand on est à la tête d’un service ou d’une équipe ou quand on est dans une position subalterne. Les importantes mutations en cours, remettant en cause des pans entiers d’iden- tité professionnelle, mais aussi le contexte financier contraint dans la plupart des collectivités constituent un terreau de plus en plus propice à des conflits sociaux en bibliothèque. Photo D. Lahary CCO Le syndicalisme, qui s’était surtout manifesté lors de la construction statutaire, est de plus en plus le véhicule de pro- testations contre des réorganisations.
  • 28. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mutations, 1 L’informatique
  • 29. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Les années 1970 ne connaissaient en France que le prêt manuel et le catalogage tapé à la machine. Même si le stencil permettait de dupliquer une même fiche pour l’ensemble des catalogues où elle devait être insérée. L’intercalation des fiches dans un fichier était alors une opération fastidieuse.
  • 30. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photocharging Automatisation Audiocharging Prêt manuel ? Pas partout. On a automatisé avant que d’informatiser. Par la photo ou l’enregistrement vocal des lecteurs et de leurs emprunts (quelle confidentialité !) le prêt commençait çà et là à être mécanisé. Puis vint l’informatisation du catalogue, avec les « logiciels maisons » tout incompatibles entre eux, au besoin couplés à des systèmes de prêt.
  • 31. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Au CAFB, je n’avais pas entendu parler du dollar, pardon, des formats MARC pourtant nés aux Etats- Unis à la fin des années 60. J’ai assisté à la présentation d’un nouveau logiciel. On nous projeta des notices auxquelles je ne compris rien
  • 32. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dessin extrait de : SIGB ! C’était Libra, un logiciel national qui équipera les BCP et un certain ombre de BM. Il sut cataloguer… mais pas prêter ! Libra eut le rôle historique de diffuser le format d’échange UNIMARC en France. Ce fut ensuite le règne des SIGB, systèmes intégrés de gestion de bibliothèques, associant catalogue, prêt et autres fonctions et respectant les formats d’échange.
  • 33. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 C’était l’époque des systèmes centralisés, avec ordinateur central et terminaux passifs pour la saisie et la consulta- tion.. L’OPAC apparut sur place, avec écran mais sans souris. Quelques bibliothèques mirent leur catalogue à distance par minitel.
  • 34. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Finalement des bibliothèques obtinrent de disposer d’un PC… pour récupérer des notices bibliographiques sur CD-ROM ! Ce n’est que peu à peu que se répandit la bureautique tandis que les interfaces graphiques permirent l’apparition de la souris pour consulter les OPAC.
  • 35. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Alors que la normalisation apparaissait le fait de spécialistes lointains, une concertation entre associations professionnelles et fournisseurs de logiciels aboutirent en une journée, en 1995, à la mise au point d’une recommandation permettant d’introduire dans les formats d’échange les données d’exemplaires. D’abord utilisée dans les réseaux départemen- taux, elle connut par la suite une application plus vaste.
  • 36. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mutations, 2 La médiathèque
  • 37. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 En 1976 déjà on apprenait au CAFB qu’il n’y avait pas que le livre. Les autres médias étaient qualifiés de « nouveaux ».
  • 38. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dans un ouvrage de1982 qui a fait date, Gérard Herzhaft prenait acte de la non centralité du livre, document parmi d’autres, et voyait dans ce qu’on appelait alors « l’audiovisuel » l’avenir des bibliothèques..
  • 39. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photos D. Lahary CCO prises sur le mêle bâtiment en 2017 ! Après deux précurseurs (Metz et Cambrai), un nombre croissant de bibliothèques vont dans les années 1980 être appelées médiathèques, signifiant par là qu’elles proposaient divers supports. Cet usage n‘a cependant pas été généralisé.
  • 40. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Recherche Google images 10/10/2017 Le test de la requête sur Google image est éclairant sur les représentations d’un mot. Ici, requête « Bibliothèque ».
  • 41. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Recherche Google images 10/10/2017 Et là, requête « Médiathèque ». Wahou ! Où l’on voit en quoi le terme « médiathèque » a été une opération réussie de marketing : changer l’image.
  • 42. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Des élus de toutes tendances, au lieu de s’enorgueillir comme au- trefois d’une bibliothèque muni- cipale traditionnelle et imposante, se vantaient de faire montre de modernité avec une médiathèque.
  • 43. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 En 1976, on faisait le constat d’une insuffisance criante en bâtiment de bibliothèques en France.
  • 44. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dans les années 1980 et 1990, le « temps des médiathèques » allait aussi être celui des recrutements et des constructions, de la plus petite à la plus grande. Avec le recul, on observe qu’aux « organisations préméditées » étaient préfé- rables des bâtiments aisément modulables et adaptables par la suite : prétendre savoir aujourd’hui ce que seront les usages et besoins dans 30 ans est bien présomptueux. Photo D. Lahary CCO Directeur de BDP, j’usais quand j’avais à conseiller un projet d’équi- pement de cette formule: « n’insultons pas l’avenir avec les préjugés du présent ».
  • 45. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La médiathèque se devait d’être animée. On passa de l’animation à l’action culturelle qui se décolla peu à peu de la justification absolue de « valoriser les collections ».
  • 46. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Multimédia ? Restera de cette époque une grande ambigüité sur un mot : « multimédia ». Pour les bibliothécaires, le multimédia est le fait de proposer au public plusieurs supports. Mais pour le reste du monde, le multimédia c’est la combina- ison du texte, de l’image et du son de façon simultanée, grâce au numérique. Voilà qui nous mène à la mutation suivante…
  • 47. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mutations, 3 La révolution numérique
  • 48. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Robert Cailliau Tim Berners Lee … une très grande bibliothèque d’un type entièrement nouveau En 1988, Un président de la République candidat a sa réélection, inspiré par un proche conseiller, lança l’idée d’une « biblio- thèque d’un type entièrement nouveau ». Trois ans plus tard, deux hommes qui mériteraient d’être aussi célèbres que Gutenberg renversèrent la table… … en inventant le world wide web !
  • 49. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Désormais tout le monde put faire de la recherche documentaire sur une gigantesque base de données. Voici la trace du moteur préféré de la plupart… avant qu’un autre, en 1999, ne s’impose en quelques mois..
  • 50. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 De nouveaux géants économiques apparurent tandis que les anciens acteurs se posèrent la question de leur survie.
  • 51. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO En 1998, j’ai préparé avec Alain Caraco des journées d’étude délibérément pédagogiques. Nous nous penchions sur ce nouveau monde qui naissait et où nous sentions que les bibliothèques avaient toute leur part. Ma BDP disposait déjà d’un site web. Journées qui se déroulèrent au Futuroscope de Poitiers, dans un bâtiment futuriste aujourd’hui délais- sé, en marge du parc à thème actuel.
  • 52. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Copies d’écran que j’ai utilisées pour projeter sur transparents dans une conférence sur Internet pour bibliothécaires Les associations investirent ce nouveau monde, s’efforçant d’en donner les clés à « La profession ».
  • 53. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Naturellement, la première chose que les bibliothécaires imaginèrent de mettre en ligne fut… leurs catalogues.
  • 54. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 J’eus ainsi l’honneur de faire à François Bayrou, ministre de l’Education nationale, une démonstration de consultation de catalogues à partir d’une page web.
  • 55. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mais bientôt « la profession » considéra qu’il y avait sur le web des ressources primaires. Elle fit alors ce qu’elle avait l’habitude de faire : sélectionner ! Ce fut le temps des « sitothèques ». Il y en eut même, je vous jure, qui ne donnaient accès qu’aux sites sélectionnés par les bibliothécaires. Le public ne montra aucune appétence pour ces morceaux de rareté alors que l’abondance lui était offerte.
  • 56. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Vinyle Livre de papier Voilà que des objets familiers changèrent de nom : on vit apparaître le « livre de papier » et les disques microsillons 33 ou 45 tours furent renommés « vinyles ». CD MP3 La numérisation de la musique avait d’ailleurs commencé dès les années 1980, avant l’apparition du web, sous la forme bibliothéconomiquement confortable d’objets appelés « CD ». Ce fut tout autre chose avec le MP3 qui permettait la « dématérialisation ».
  • 57. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 CD-ROM Vidéodisque VHS DVD Tandis que des supports comme le vidéodisque connaissaient une carrière éphémère et que les cédéroms voyaient la leur aboutir dans un marché de niche, l’image animée maintenait son succès bibliothéconomique sous for- me d’objets en passant du VHS au DVD.
  • 58. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 E-book Quant au livre, il connut bien sa métamorphose numérique dématérialisante, avec des formes de diffusion et de lecture diversifiées sans que la date toujours annoncée et sans cesse repoussée de la disparition du papier n’apparaisse clairement à l’horizon.
  • 59. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Livre de papier Vinyle CD VHS DVD MP3 CD-ROM E-book Multimédia ?
  • 60. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Multimédia ? Oui, décidément, le multimédia c’est le numérique et il allait être progressivement très clair que ce n’était pas un support de plus mais un nouveau paradigme, De même qu’Internet n’ était pas un concurrent, mais le contexte.
  • 61. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Exposition au château de Chillon, Suisse, été 2017 Cependant, les ruptures d’usage ont été successives et différenciées. C’est par l’inven- tion du walkman en 1979 que l’écoute musi- cale est devenue répétitive et nomade, pas- sant ensuite de la bande magnétique au MP3. Le texte quant à lui, migrant clairement sur le Net quand il est court, continue lorsqu’il est roman ou essai à pros- pérer sur le papier avec une utilisation minoritaire sur liseuse ou tablette.
  • 62. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo Vinciane Verguethen
  • 63. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Fournir aux usagers des ressources numériques payées par les bibliothèques ne s’avéra pas simple. Formules techniques, principes de tarification, couverture édito- riale, tout était à explorer, discuter négocier. La BPI rendit un grand service aux bibliothèques publiques en prenant en charge à partir de 2002 Carel, le consortium pour l’acquisition de ressources électroniques, qui devait se transformer 10 ans plus tard en association de collectivités, avec le sou- tien de cette même BPI…
  • 64. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo Vinciane Verguethen Livres, musique, cinéma ? C’est par bribes et non en raisonnant « collection encyclopédique » qu’une partie des bibliothèques proposa à ses usagers certaines de ces ressources (on ne disait plus « document »). Mais celles qui allait avoir le succès le plus incontestable furent les ressources d’autoformation, pour laquelle la BPI avait joué un tôle pionnier. Tandis qu’un autre type de contenu numérique interactif, le jeu vidéo, allait se répandre comme la poudre, porté par des bibliothécaires convaincus, et que çà et là s’abolissait une frontière historique, en France du moins, entre bibliothèques et ludothèques.
  • 65. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dépassant la notion d’acquisition, les bibliothèques publiques ont appris à promouvoir des contenus librement accessible sur Internet, en particulier des contenus libres de droit. Et s’impose peu à peu la notion de « communs » de la connaissance, qui dépasse celle de bien public et se mani- feste aussi dans d’autres domaines de la société.
  • 66. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Mais on assista aussi à la diversification du prêt matériel (instruments de musiques, outils…) et au partage, de graines par exemple. Des bibliothécaires se sont mis à répondre sur internet aux questions du public, service municipal à Lyon ou coopératif comme Eurekoi, que la BPI avait lancé par téléphone dès 1977.
  • 67. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Cette bibliothèque physique et numérique, on l’appela un temps « hybride », reprenant un terme né dans les bibliothèques universitaires britanniques et qui semble déjà dépassé. Les « hybrides »formèrent de 2007 à 2017 un groupe dynamique au sein de l’ABF qui contribua à déniaiser les collègues sur les technologies numériques.
  • 68. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Médiation En définitive s’imposa un mot totalement absent des cours du CAFB des années 1970 : « médiation ». On peut entendre par là que les bibliothécaires n’ont pas seulement à proposer des ressources mais qu’ils ont à en faire la médiation. Et que finalement leur rôle n’est pas seulement de faire la médiation de ce qu’ils ont sélectionné, mais de tout ce qui est disponible ailleurs et sur le Net. Médiation des contenus, médiation des techniques. Médiation, aussi, entre les groupes et entre les individus.
  • 69. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Une angoisse surmontée ?
  • 70. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photos D. Lahary CCO Au tournant du siècle, un doute s’installa : comme le dit un ministre à la télévision, « avec internet ce n’est plus la peine d’aller à la bibliothèque ».
  • 71. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Cela donna dans le BBF un feuilleton qui s’étendit en 2003 sur quatre numéros, sous le titre « La fréquentation des bibliothèques municipales ». C’est que la tendance était baissière. Mais qu’appelait-on alors « fréquentation » ? Les inscriptions !
  • 72. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dans sa grande sagesse, le ministre de la culture commandita en 2005 une grande enquête au Credoc. Avec un résultat choc :
  • 73. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Une enquête du Credoc en 2005 Résultats complets publiés en 2007 Son enseignement principal tenait dans ce graphique : si grâce à l’augmen- tation des équipements les inscriptions avaient bien progressé depuis 1989, ce qui avait crû encore bien plus était la fréquentation des lieux. Eh oui : les gens ne viennent pas seulement pour emprunter, ils séjournent !
  • 74. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Une nouvelle statistique Compter les entrées ! Le ministère le demande depuis 2003 Il est donc compréhensible que seule encore une grosse minorité des bibliothèque comptent les entrées : cela fait seulement 15 ans que ce chiffre est collecté au plan national ;-)
  • 75. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Ne m’appelez plus 17 %Ce fameux taux plus ou moins invariable de 17%, que mesure-t-il ? Le nombre de cartes en plastique utilisées collectivement ou non par des gens habitant ici ou ailleurs, divisé par le nombre d’habitants de la commune. Il n’est en rien un taux d’inscrit et n’a pour lui que d’être un indicateur constant permettant des comparaisons diachroniques et synchroniques. Toutes les enquêtes par sondage révèlent un taux d’utilisation bien supérieur. Quant au nombre d’entrées, comptabilisé par bien de nos collègues étrangers, il permet de comparer avec la fréquentation d’autres équipements culturels, sportifs et de loisir.
  • 76. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Et vint le troisième lieu !
  • 77. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Après le miracle du Crédoc, les esprits étaient mûrs pour accepter que, grâce à un mémoire de 2009 suivi d’un article en 2010, Mathilde Servet fasse connaître en France un concept sociologique dont nos collègues américains s’étaient déjà emparés : le « troisième lieu ».
  • 78. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Au1er lieu (le domicile) et au 2e (le travail ou l’étude) le sociologue américain Ray Oldenburgh avait ajouté le troisième, lieu de fréquentation volontaire essentiel à la sociabilité. Nos collègues américains avaient décidé d’y ranger les bibliothèques. Etait-ce absolument un nouveau type de bibliothèque ? J’ai pour ma part considéré que ce concept pouvait mettre l’accent sur le rôle des bibliothèques (parmi d’autres) comme espaces publics. Rôle qu’elles jouaient, qu’on le veuille ou non, pour peu que les locaux puissent laisser un peu de place aux gens. Alors effectivement il valait mieux, pour concevoir de nouveaux équipements ou en réaménager, avoir cela à l’esprit. Avec d’autres j’avais auparavant réfléchi sur la bibliothèque comme outil du lien social, ce qui revenait au même. Bref ce concept venait à point nommé pour aider à penser et à agir… et éclairer en particulier le phénomène de la fréquentation sans emprunt.
  • 79. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 On comprenait que les gens devaient venir à la bibliothèque sans se dépouiller de ce qu’ils étaient, et se sentir « comme à la maison »… voire mieux puisque la bibliothèque est aussi un espace de liberté individuelle.
  • 80. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Fonction d’espace public, de 3e lieu, que les bibliothèques partagent avec d’autres équipements (cette photo est celle de l’escalier d’entrée du centre commercial Beaugrenelle à Paris 15e ).
  • 81. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photos D. Lahary CCO On allait même pouvoir manger et boire à la bibliothèque comme on le fait à la Gare Saint- Lazare. Et le thème de l’accueil, qui n’était pas nouveau, allait connaître un impérieux regain.
  • 82. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Le thème du rôle social des bibliothèques, qui lui non plus n’était pas nouveau, allait s’imposer en termes nouveaux.
  • 83. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La BPI y a contribué en organisant ces dernières années, avec des partenariats locaux, une série de journées d’étude sur la bibliothèque dans la cité..
  • 84. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Quel impact ?
  • 85. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dans les années 1970, on faisait des statistiques.
  • 86. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO On y a ajouté des questionnaires aux usagers qui souffraient d’un biais redoutable : toute bibliothèque sélectionnant le public qui lui est adapté, le succès était assuré et ne disait rien de la pénétration dans la population.
  • 87. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Un pas important a été franchi ces toutes dernières années avec la notion multiforme d’impact. Ce dossier est loin d’être refermé !
  • 88. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Le public !
  • 89. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Il était temps qu’intervienne dans notre récit cet acteur essentiel : le public ! En 1976 on cherchait déjà à le connaître et il avait un nom: « le lecteur ».
  • 90. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Adhérents ? Lecteurs ? Abonnés ? Comment les appelle-t-on ? Photo D. Lahary (2017) CCO Le lecteur demeure encore très présent dans le vocabulaire de « la profession ». Il exclut pourtant tout ce qui dans les bibliothèques ne relève pas de la lecture. L’adhérent comme l’abonné implique une relation d’appartenance, comme si la bibliothèque était un club, un journal ou un théâtre qui cherche à remplir sa jauge avec un stock de fidèles.
  • 91. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Adhérents ? Lecteurs ? Usagers ? Population ! Abonnés ? Comment les appelle-t-on ? Le terme public, très employé est plus large, pourvu qu’on le mette au pluriel. Mais finalement c’est population qui est l’expression réellement politique, conforme à la notion de service public. Publics ?
  • 92. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mais voilà qu’avec la médiathèque, « la profession » est confrontée au public de masse, à la foule. On entendit alors dans une partie de ses rangs comme un regret de l’intru- sion de cette foule au comportement dérangeant, exigeant, ingrat. En devenant équipement de masse, la bibliothèque perd le confort de l’entre-soi. Cette réaction n’est pas sans rappeler celle de Jean Baudrillard qui, il y a 40 ans, salua l’ouverture du Centre Pompidou par une critique radicale fondé sur un mépris des « masses » qu’on n’est pas obligé de partager. Photo D. Lahary (2017) CCO J’ai emprunté ce livre grâce à RéVOdoc, le réseau documen- taire du Val d’Oise qui permet un prêt entre bibliothèque à l’échelle départementale.
  • 93. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
  • 94. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO J’avoue avoir assez longtemps refusé de séparer le public en segments, terme de marketing. J’ai même écrit en 1993 un article refusant cette notion de segmentation, que je renie totalement aujourd’hui. C’était ne s’en tenir qu’ à ce que Claude Poissenot appelle « l’usager abstrait ». Oui, il est légitime et nécessaire d’analyser les publics en les segmentant et en définissant dans la politique de lecture publique des publics cibles.
  • 95. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
  • 96. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mais n’oublions jamais que le public fréquen- tant les bibliothèques proportionnellement le plus massif dans sa classe d’âge, ce sont les enfants, que biblio- thécaires et libraires appellent la « jeunes- se ». C’était en 1976 une idée encore neuve. Public qui comme les autres mute dans ses usages, posant de nouvelles questions à « la profession ».
  • 97. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Quel rapport au public ? La conquête ou l’apprivoisement réciproque ? Quand on raisonne « population », on ne pense pas « conquête », mais services.
  • 98. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Participer Biblio-remix à la bibliothèque du Landry (Rennes) Visuel de Doc@Brest Construction en Lego du projet Agora, Biblio Remix à l’EESAB en juin 2013, CC-BY-SA Auregann Alors qu’il y a 40 ans « la profession » se positionnait généralement contre les « comité d’usagers » jugés non représen- tatifs, on va chercher au 21e siècle à développer les formes de participation.
  • 99. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Participer Le recueil factice J’eu la chance en 2011 d’avoir un DGS passionné de design thinking, qui peut concerner toutes sortes de services publics.. Quelques années plus tard, ce thème est grâce à Nicolas Beudon connu dans les bibliothèques. Concevoir des services publics en se mettant à la place du public, ce n’est pas une mode mais une nécessité.
  • 100. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Les auteurs, Une affaire de droit ?
  • 101. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Les termes juridiques sont ainsi libellés que le mot « auteur » est associé à un droit qui le concerne, mais aussi sans doute au premier chef les éditeurs. Il y a 40 ans, « la profession » ne s’en souciait généralement guère, j’en témoigne pour mon cas. Dans nos documents pour le public, nous reproduisions allègrement textes et images sans nous soucier de rien. Le numérique, qui permet à la fois la liberté absolue et la traçabilité totale, allait imposer avec obsession les questions de droit d’auteur. C’est pourtant sur les documents physiques que la première bataille va se dérouler.
  • 102. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 En l’an 2000, « la profession » va être stupéfaite de découvrir une offensive menée par un éditeur, estimé s’il en est, Jérôme Lindon des éditions de Minuit. Il emmena des auteurs non moins estimés pour réclamer le « prêt payant » : une tarification à chaque acte d’emprunt ! D’autres auteurs contre-pétitionnèrent. Un compromis fut trouvé dabs la loi du 18 juin 2003 sur droit de prêt transposant une directive européenne de… 1992. Extrait d’un article du Monde, début 2000
  • 103. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Puis ce fut la bataille de la loi DADVSI. Les associations réunies au sein de l’IABD obtinrent en 2006 un succès partiel avec une exception de consultation ou écoute sur place qui fut améliorée dans le cadre de la loi Création et Internet du 12 juin 2009.
  • 104. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Le dossier qui n’est toujours pas réglé est celui dit du « prêt numérique » pour lequel EBLIDA, la fédération européenne des associations de bibliothèque et de documentation, réclame une exception de nature à unifier les conditions d’accès par les bibliothèques aux livres numériques.
  • 105. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Fort heureusement, les relations entre auteurs et bibliothèques ne se limitent pas aux questions de droit. Les partenariats et l’accueil d’auteurs, y compris en résidence, se sont développés.
  • 106. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Pluralisme
  • 107. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La censure vient rarement sur la place publique . Voici deux notes que j’ai person- nellement reçues du maire de la commune où j’exerçais dans les années 1980.
  • 108. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La demande de censure peut faire l’objet de cam- pagnes publiques. Ainsi l’ouvrage Ecrits pour nuire paru en 1985 s’élevait contre un certain nombre d’ouvrages pour l’enfance et l’adolescence. Elle suscita le comité Renvoyons la censure auquel l’ABF participa.. Ce type de campagne revient de temps à autre. Ainsi en 2014 le blog Le salon beige appela-t-il ouvertement à retirer certains livres de bibliothèques nommément désignées. Mais c’est après les élections municipale de 1995 qui vit le Front national conquérir quelques villes du Sud que la question du contrôle politique des collections fut posée avec force.
  • 109. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 « La profession » s’élevait contre les ingé- rences, fort bien. Mais comment, selon quels principes constituait-elle ses collections ? Je témoigne que nous ne parlions jamais de cela entre nous. Cela se passait dans l’intimité, le secret. Cela ne pouvait durer. Alors se développa la « poldoc », la politique documentaire, pour la quelle le regretté Bertrand Calenge fit tant. Le groupe Poldoc fut créé à son instigation en 1999 et existe toujours. On y trouve quantité d‘outils et de chartes. Et bien sûr, depuis le temps, toutes les bibliothèques sont dotées d’une charte validée par l’assemblée délibérante locale et accessible pour le public… Hélas, pas encore.
  • 110. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Encyclopédisme ?Dessin de Gébé « La profession » s’était fait une règle de constituer des collections encyclopédiques, ce qui revenait selon la taille de l’établissement à avoir beaucoup de tout… ou un tout petit peu de tout. Cela commence à être remis en cause. Cela vint de deux côtés. D’une part, dans une optique territoriale, une bibliothèque de proximité n’a pas besoin d’avoir de tout, puisqu’on peut faire venir. D’autre part, du point de vue des gens, l’important n’est-il pas qu’ils aient eux accès à tout, la bibliothèque étant un recours parmi d’autres ?
  • 111. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, qui devaient hélas être suivies par bien d’autres, ont provoqué dans les bibliothèques françaises un mouvement d’expression tantôt spontané, tantôt prescrit par l’autorité politique elle-même, et qui fut bien décrit par Raphaëlle Bats. Charlie-Hebdo, 1er juillet 2015 Sans unanimisme, puisque dans les équipes on fut – ou non – Charlie et le demeura ou non, se posèrent crûment deux questions sur le rôle des bibliothèques : comme facilitant le vivre ensemble, et comme garantes d’une laïcité républicaine. Pourtant, et alors qu’à titre personnel des biblio- thécaires se sont exprimés sur les réseaux so- ciaux en des sens d’ailleurs opposés, la question de la laïcité en bibliothèque demeure peu débat- tue malgré un rapport bienvenu de l’IGB.
  • 112. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 2004 2017 La question de l’ouverture à des cultures diverses présentes au sein des populations, demeure en France timidement abordée en bibliothèque, en des termes qui évoluent comme dans le reste de la société, de la pluralité culturelle à l’interculturalité .
  • 113. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Economie politique
  • 114. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La question des moyens n’est pas nouvelle, et avec elle la revendication d’augmentation des crédits, qu’ils soient nationaux ou locaux.
  • 115. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Les collectivités territoriales ont connu leurs « trente glorieuses », parfaitement décalées par rapport à celles de l’économie générale qui prirent fin avec la crise du pétrole de 1973. Les bibliothèques publiques ont à l’évidence profité de ce mouvement ascendant. Ces « trente glorieuses » sont aujour- d’hui derrière nous. Même si çà et là des investissements nouveaux peuvent être consentis, on ne peux plus raison- ner comme si on pouvait disposer de toujours plus de moyens, et comme si toute amélioration était conditionnée par une augmentation de ceux-ci.
  • 116. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La gratuité des inscriptions (puisque celle du prêt a été heureusement sauvegardée) demeure en bien des endroits une idée neuve bien qu’elle semble globalement progresser. Et pourtant : avec le numérique, la gratuité est devenu un véritable modèle marchand. Le raisonnement si souvent tenu selon lequel « ce qui est gratuit ne vaut rien »… ne vaut plus rien..
  • 117. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Marché Service public ! ConcurrenceLa notion de concurrence, parfaitement inconnue en bibliothéconomie française dans les années 1970, s’est invitée dans les années 2000. Est-ce à dire qu’Internet fait concurrence à la bibliothèque ? J’ai plutôt considéré qu’elle évoluait effective- ment dans un univers de concurrence mais du point de vue des populations qui, c’est normal, choisissent à tout moment ce qui est le plus commode, le plus rapide, le moins cher et le plus adéquat. Bref, elles sont dans un marché… Cela n'empêche pas, que du point de vue de l'offre, les bibliothèques publiques se situent clairement dans le cadre de mission de services public
  • 118. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO La bibliothèque publique est-elle de droite ou de gauche ? Si l’on considère la couleur politique des maires ou présidents concernés, j’ai constaté dans tous les camps de l’excellence comme de l’insi- gnifiance, ce qui est finalement rassurant : l’excel- lence peut advenir à peu près partout.
  • 119. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Ah, les élus ! Combien de remarques hostiles ai-je entendu depuis 40 ans ! Heureusement ce n’est pas unanime même si ça continue. Bien sûr nous sommes sur une autre tempora- lité, nous ne sommes pas soumis au suffrage universel mais à une hiérarchie. Il m’a semblé que le très curieux usage du mot « tutelle » pour les …/…. …/… désigner, eux et les directions générales, était l’indice d’une malencontreuse posture d’extériorité.
  • 120. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Je ne suis heureusement pas le seul de « la profession » à dire qu’il nous faut trouver un langage commun, et que se contenter de références corporatives, fussent-elles mondiales, ne suffit pas à créer le lien.
  • 121. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Ce terrain commun, c’est évidemment celui des politiques publiques, dont les élus sont comptables par le suffrage universel qui les désigne. Nous avons la responsabilité de mettre en œuvre leurs orientations, avec des marges d’autonomie qui sont gage d’efficacité mais aussi de respect du pluralisme. Nous avons aussi à contribuer à la définition de ces politiques en apportant des éléments de connaissance et d’orientation. Il faut pour cela savoir trouver la place des bibliothèque dans le cadre plus général des politiques publiques et des enjeux du territoire.
  • 122. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 L’Etat, ses bibliothèques, sa politique
  • 123. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 DLL DBLP SLL « La profession » a toujours été attachée au rôle de l’Etat. En 1977, on était 2 ans après le drame : la scission de la Direction des bibliothèques et de la lecture publique, chargée de l’ensem- ble des bibliothèques au sein du ministère chargé de l’enseignement supérieur, entre une direction « enseignement supérieur » et une direction « culture ». Les bibliothèques publiques, séparées de leurs cousines les BU, attendirent donc tout de la direction du livre et de la lecture du ministère de la culture, se sentant comme collectivement déclassées quand la direction fut ravalée au rang de service.
  • 124. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Sans reconstituer la défunte DBLP, le Conseil supérieur des bibliothèques n’en fut pas moins entre 1989 et 2000 une instance consultative traitant de l’ensemble des bibliothèques. Restent ses rapports annuels et la toujours utile Charte des bibliothèques de 1991. Nous devons beaucoup à son secrétaire général puis dernier président qui dirigea naguère la BPI : Michel Melot. CSB IGB Demeure comme instance interministérielle l’Inspection générale des bibliothèques, dont il faut aussi lire les rapports annuels et thématiques, dont récemment ceux sur les BDP, sur la couverture territoriale et sur la laïcité.
  • 125. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 DLL DBLP CSB DGD ! SLL IGB
  • 126. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Le concours particulier de la DGD (dotation globale de décentralisation) est comme la colonne vertébrale financière de la politique de l’Etat en matière de bibliothèques territoriales, même si d’autres dispositifs (aujourd’hui les contrats territoire lecture) ont existé. Institué en 1986 de façon dérogatoire aux lois de décentralisation, il facilite depuis les décisions d’inves- tissement des collectivités tout en garantissant grâce à des critères, notamment de surface, une qualité de celles-ci. A revisiter sans doute avec l’essor de l’intercommunalité.
  • 127. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La BPI La BnF La politique de l’Etat ce fut aussi.;; Après sa métamorphose de la fin des années 1980, elle a mené une politique de coopération notamment dans le cadre des pôles associés. Mais elle est aussi une source bibliographique, du cédérom des années 1980 aux notices gratuites d’aujourd’hui D’abord vue comme un établissement pilote expérimentateur, elle a progressivement développé une politique de coopération non seulement internationale mais nationale, dont Carel est un des fleurons. Mais elle a aussi mis son service Études et recherches à la disposition de tous par ses études et interventions .
  • 128. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 De 1977 à 1986, l’Etat allait achever la couverture du pays et donner aux BCP, avec la circulaire de 1985 du grand directeur du livre que fut Jean Gattegno, une feuille de route visionnaire. Les BMVR Les BMC La politique de l’Etat ce fut aussi.;; Voilà un programme qui, sous une appellation improbable, a permis a 12 grandes villes de sortir de leur sous- développement dans les années 1990 et 2000. Et tant pis pour celles qui ont passé leur tour. En contrepartie, le programme national des Ruches, lancé en 2003, concernait de petits équipements. Héritage des années 30, ce statut a continué à se manifester par la présence de conservateurs d’Etat qui ont apporté une utile contribution à l’évolution de la lecture publique. Ils ont heureusement été rejoints par des conservateurs et bibliothécaires territoriaux, ce qui était demeuré impossible jusqu’au début des années 1980. Au 21e siècle, l’Etat a réduit les postes et conventionné sur les missions. Les BCP
  • 129. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Territoires
  • 130. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Les territoires, ce sont d’abord des gens Photo D. Lahary CCO
  • 131. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Tandis que les bibliothèques persistaient à être pensées, décidées, financées, gérées à l’échelle administrative qui étaient la leur, très majoritairement la commune, les gens, eux, vivaient à portée de leurs mobilités quotidiennes ou du moins régulières, au sein de ce qu’on va appeler des bassins de vie, même si leur délimitation est propre à chacun, y compris au sein d’un même foyer. Si la question territoriale va se poser en termes institutionnels, il est important de se placer d’abord sur le terrain des populations, qui utilisent les bibliothèques au rythme et à l’échelle de leur vie, entre proximité et attractivité. Le maillage territorial des services de lecture publique s’analyse et s’évalue d’abord à cette aune. Les territoires, ce sont d’abord des gens
  • 132. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 L’idée n’est pas neuve. Dans les années 60, un groupe de bibliothécaires chevron- nés a ardemment défendu l’idée d’une organisation en réseau des bibliothèques, sous l’appellation de « bibliothèque de secteur ». Cette position a fait polémique, notamment au sein de l’ABF, et j’en ai connu les derniers feux. C’est qu’ils ne pou- vaient alors imaginer d’autre cadre que national pour une telle organisation. Aujourd’hui, l’intercommunalité permet de donner un cadre politique à l’organisation en réseau des services directs à la population.
  • 133. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 De la coopérationentre bibliothèques À la coopération intercommunale Durant les années 1980 et 1990, le thème de la coopération entre bibliothèques a souvent été développé dans les colloques, journées d’étude et articles. Il avait en partie un aspect incantatoire : c’est bien de coopérer mais nous continuions à tra- vailler chacun dans notre coin. La DLL suscita, dans les années 1980, la création d’agences régionales de coopération entre bibliothèques, réunies en une fédération nationale. Elles sont devenues, par transformation ou fusion, des organismes interprofessionnels s’adressant à l’ensemble des professions dites du livre, avec les auteurs, libraires, éditeurs, voire se sont élargies à d’autres secteurs, et n’existent qu’avec le soutien des régions. La coopération entre bibliothèques demeurait dans l’entre-soi. On va passer à la coopération intercommunale en matière de bibliothèques, d’abord dans le cadre des villes nouvelles crées dans les années 1970, puis un peu partout après la loi Chevènement de 1999 sur la coopération intercommunale.
  • 134. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La lecture publique s’est révélée une bonne cliente pour l’intercommunalité, tant l’utilité d’une organisation délibérée du maillage territorial tombe sous le sens. C’’est la possibilité de services augmentés, tendant vers l’égalité territoriale pour chacun, en même temps qu’une amélioration de l’efficience indispensable après la fin des « trente glorieuses » territoriales. Mais contrairement à ce dont rêvaient les tenants de la « bibliothèque de secteur », ce n’est et ce ne sera « nulle part pareil » tant le cadre légal et institutionnel permet une diversité des formules de coopération intercommunale, entre la gestion inter- communale totalement intégrée et la coopération informelle entre plusieurs com- munes, en passant par la mise en réseau d’équipements municipaux. Une mutation, qui prendra du temps, est en cours qui est en train de bouleverser bien des habitudes de travail, de modifier la façon de penser et mettre en œuvre des services de bibliothèques à une échelle où ils peuvent être plus efficaces. La réforme territoriale, qui va se manifester par une série de lois promulguées entre 2010 et 2015, va installer définitivement l’intercommunalité comme ca- dre majeur de l’action publique locale tout en procédant à des repérimétrages successifs.
  • 135. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Où est la lecture publique ? Commune Interco Département (Région) État La lecture publique s’est installée à tous les étages du millefeuille politico-administratif. Il n’y a pas de doublon si chaque échelon se consacre à ce pour quoi il est le plus efficace… et efficient !
  • 136. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dans mes cours du CAFB de 1956-76, il n’était encore question que de réseaux communaux. Mais les formes peuvent être les mêmes. On pense de plus en plus « maillage territorial » et il faut considérer qu’un réseau de bibliothèques ce sont des bâtiments… et un ou des véhicules !.
  • 137. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Table ronde de coordinatrices intercommunales Journée départementale du Pas-de-Calais, 4 octobre 2015 Coordinateur.trice.s intercommunaux.ales
  • 138. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Table ronde de coordinatrices intercommunales Journée départementale du Pas-de-Calais, 4 octobre 2015 Coordinateur.trice.s intercommunaux.ales La coopération intercommunale a vu apparaître des formules d’organisation du travail nouvelles, avec des notions de services communs, de groupes de travail transversaux, et fait surgir une nouvelle fonction : la coordination intercommunale, d’abord en milieu rural (parfois le premier poste de salarié), puis en milieu urbain
  • 139. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Gravure d’Honoré Daumier parue en 1860 après l’annexion par la ville de Paris des territoires communaux situés à l’intérieur des fortifications, avec des villages comme Vaugirard, Grenelle ou Belleville.
  • 140. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Gravure d’Honoré Daumier parue en 1860 après l’annexion par la ville de Paris des territoires communaux situés à l’intérieur des fortifications, avec des villages comme Vaugirard, Grenelle ou Belleville. Les périmètres intercommunaux mettent en communication des bibliothèques urbaines employant exclusivement des salariés et des bibliothèques rurales, parfois très petites, où peuvent exercer – y compris exclusivement - des bénévoles. Rencontre de deux mondes qui s’ignoraient, seules les BDP ayant auparavant affaire aux seconds.
  • 141. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Pour en savoir plus : Le blog de l’ABF http://www.bibenreseau.abf.asso.fr Avec une boîte à outils en cours de constitution mais déjà bien fournie
  • 142. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 De la BCP à la BDP puis à la BD L’invention de la bibliothèque centrale de prêt (BCP) en 1945 fut un acte majeur d’aménagement du territoire. Mais il venait de l’Etat et consistait à aider chaque point isolément. L’Etat avait successivement encouragé le dépôt en mairie, la desserte des écoles, le prêt direct à la population par bibliobus, l’encouragement à la création de « bibliothèques relais », le conventionnement avec les communes, la desserte des publics spécifiques et l’abandon de la desserte scolaire. Les pratiques des différentes BCP portaient différentiellement, selon leur date de création, la trace de ces différentes politiques, trace qui perdurera longtemps dans le siècle voire au-delà. Il faudra du temps pour qu’après le transfert de ces services de l’Etat aux départements au 1er janvier 1986 l’apprivoisement se fasse, jusqu’à ce que la BDP soient perçue comme un outil des politiques départementales. Si l’abandon par une ordonnance de 2017 du « P » de « prêt » consacre une diversification des missions qui s’était généralisée, la montée de l’intercom- munalité conduit les BD à accompagner l’organisation des territoires tout en assurant les services pour lesquels l’échelon départemental est le plus ap- proprié. Elles sont « Indispensables autrement » (rapport de l’IGB, 2013)
  • 143. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Espace-temps
  • 144. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Cette phrase d’un article d’un bibliothécaire allemand publié en 2002 est peut-être passé inaperçue. La question des horaires, longtemps demeurée en dehors des polémiques et de l’attention de la « profession » comme des médias, a surgi brusquement dans le débat public alors que deux rapports de l’IGB en 2008 et 2012 avaient déjà alerté sur la question.,
  • 145. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 9 janvier 2014 Ce ne sont pas des bibliothécaires qui ont mis le sujet sur la place publi- que, mais une ONG, Bibliothèques sans frontières, par le biais d’une pétition. Elle exprimait au passage le BESOIN de bibliothèques. On n’en est plus à leur remise en cause.
  • 146. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 13 janvier 2014 Cette contre-pétition venue d’une partie de « la profession » revenait à dire qu’on ne pouvait songer à éten- dre les horaires que si tout le reste était parfait : en sommes que c’est une variable d’ajustement et non un élément essentiel du service.
  • 147. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
  • 148. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Les retombées médiatiques ont été nombreuses : on parlait (enfin) des bibliothèques à la radio, à la télé, dans les journaux… pour dire qu’on en voulait plus (plus de temps d’ouverture).
  • 149. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Mais la question de l’accessibilité (à tout public) s’analyse en espace temps : horaires adaptées, localisations adaptées. Le quart d’heures ou les 20 mn sont devenus un slogan.
  • 150. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Innovation et Communication
  • 151. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO L’innovation, qui n’a sans doute jamais cessé depuis 1977, est devenue peu à peu une injonction ou, mieux, une invitation à inventer sans répéter des schémas connus.
  • 152. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017
  • 153. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 SI ! Cela suppose qu’on accepte de faire des erreurs et qu’on en parle
  • 154. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO
  • 155. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Télérama, janvier 2016 France-inter Toutes ces innovation, ainsi que le thème du troisième lieu, on constitué, comme du temps de l’invention de la « médiathèque », un véritable thème journalistique, qui, s’il joue d’abord sur le contraste avec une vision cliché, n’en contribue pas moins à conférer une nouvelle image de marque aux bibliothèques.
  • 156. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Enfin dans les années 2010 s’impose peu à peu, dans « la profession », le thème de l’advocacy. Nouvelle figure de la vieille question « comment faire parler de nous ? » mais aussi nécessité davantage affirmée de placer les bibliothèques au cœur des politiques publiques, ce qui ne va pas sans un travail délibéré d’argumentation. La « profession » se prépare peut-être à être moins dans la plainte et d’avantage dans une action tenant compte de ses interlocuteurs.
  • 157. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 J’aurais aussi pu parler de…
  • 158. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 … des bibliobus, phénomène urbain qui persiste çà et là ; saga bécépiste-bédépiste qui semple appartenir au passé.
  • 159. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo de Sophiebib … des boites à livres, qui ne méritent sans doute ni cet excès d’honneur ni cette indignité
  • 160. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 … de la mission patrimoniale d’une partie des bibliothèques publiques, qui est tout à fait nécessaire mais que dont je n’ai pas rendu compte car traditionnellement on ne la rangeait pas dans la lecture publique.
  • 161. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Ce qui n’est toujours pas réglé
  • 162. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Le catalogage ! Il continue encore au-delà du raisonnable dans de nombreuses bibliothèques publiques. Fût-ce sous l’absurde forme de la correction de notices récupérées. Il existe peut-être quelques cas d’ajustement utiles, mais globalement, décidément, ce n’est pas raisonnable. Exercice de catalogage du CAFB, 1976
  • 163. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La question de l’identité semble toujours travailler la « profession ». Et l’on entend encore le « cœur de métier » brandi contre des évolutions craintes ou regrettées.
  • 164. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Le désherbage ! Cause que défendit si bien la BPI avec son slogan révolutionnaire « un document acheté, un document éliminé ». Comme le catalogage, le défaut de désherbage subsiste encore trop. L’extension des mises en réseau permettra peut-être d’aborder la question à une meilleure échelle.
  • 165. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Car finalement, sauf si elles sont patrimoniales, les collections des bibliothèques publiques ne sont jamais constituées que d’objets de passages. Elles sont un flux plutôt qu’un stock. On va finir par s’en rendre compte.
  • 166. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 La posture horizontale du bibliothécaire qui est là pour « tirer les gens vers le haut » fait peu à peu place à l’horizontalité des relations d’intermédiation, voir à une logique « du bas vers le haut ».
  • 167. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Conclure ?
  • 168. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Il est essentiel de connaître le passé car, d’une certaine façon, il est toujours présent, dans les esprits, dans les équipes. Les couches se superposent sans s’abolir.
  • 169. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 ?Pour « la profession », la lecture publique se confond avec les bibliothèques publiques. Il n’en est pas de même pour certains élus pour qui il s’agit de la politique globale en faveur de la lecture (qu’on peut étendre à d’autres messages et supports). En ce sens-là, les bibliothèques ne sont qu’un instrument parmi d’autres de la lecture publique. Ne l’oublions pas.
  • 170. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dans ce cours remarquable dispensé en 1976, la regrettée Alice Garrigoux (1917- 2016) prévoyait que le terne « lecture publique » allait tomber en désuétude. Nous ne lui en voudrons pas de s’être trompée sur ce point de terminologie..
  • 171. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Photo D. Lahary CCO Dimanche dernier, le mouvement ATD Quart monde organisait un rassemblement à Paris, place de la Bastille. Et mettait en valeur ses bibliothèques de rue, qui font bien évidemment partie de la lecture publique, montrant par là que ses acteurs peuvent être associatifs.
  • 172. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Dans son rapport sur l’adaptation des horaires d’ouverture des bibliothèques remis en février 2015, la sénatrice Sylvie Robert rendait ce bel hommage à la capacité d’évolution des bibliothèques.
  • 173. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Non à la ligne claire ! Cette promenade dans 40 ans de bibliothèques publiques nous a montré que la frontière entre ce qui est bibliothèque et ce qui ne l’est pas n’est pas claire. D’un contexte à l’autre, d’une politique locale à l’autre, telle mission, telle action relèvent – ou non – des bibliothèques. C’est tant mieux ! C’est ce qui permet à la fois l’adaptation et l’évolution.
  • 174. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 Souhaitons que les bibliothèques publiques soient de plus en plus poreuses avec la société, ses acteurs, ses composantes, ses enjeux. De plain pied avec les gens. Ce sera là mon dernier mot.
  • 175. Dominique Lahary. 40 ans de lecture publique : un regard subjectif. BPI, 16 octobre 2017 On ne s’est pas ennuyés pendant ces 40 ans. Vous n’allez pas non plus vous ennuyer les 40 prochaines années !