"Quelle place pour les algorithmes dans la régulation des inscriptions scolaires ?" présentation de Leïla Frouillou à l'occasion de la journée d'études sur Admission Post-bac co-organisé par Etalab et la Fing le 28/06/2017
Journée #OpenAPB - intervention de Leïla Frouillou (Université Paris 8)
1. « APB vu par ses utilisateurs »
MSH Paris Nord
journée d’études « Admission Post-bac, cas d’école des algorithmes publics »
Leïla Frouillou
Post-doctorante CIRCEFT – ESCOL
Chercheuse associée Géographie-cités – CRIA
leila.frouillou@gmail.com
28 juin 2017
2. • Thèse soutenue en 2015
• Problématique de recherche : les mécanismes ségrégatifs
entre les seize universités publiques
• Cadre théorique : les ségrégations scolaires au niveau
collège (carte scolaire, évitement, options, etc.)
• Approche centrée sur la dimension spatiale (mobilités
étudiantes, lieux de résidence, maillages administratifs)
Préambule : une thèse sur les mécanismes d’une
ségrégation universitaire en IDF
3. • Bases de données SISE-MESR, 2005-2011
Inscriptions individuelles des étudiants dans les universités
Origine sociale, type de baccalauréat, âge au baccalauréat, commune
de résidence
• Autres bases de données (RAVEL, APB, IAU)
• Entretiens (2011-2015)
3 filières et 2 universités : Droit, AES et Géographie à Paris 1 Panthéon-
Sorbonne et Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
78 étudiants enquêtés, 150 entretiens (entretiens répétés)
Directions d’UFR et présidences des universités
3 rectorats franciliens : Paris, Créteil, Versailles
Préambule : une thèse sur les mécanismes d’une
ségrégation universitaire en IDF
4. Bref retour historique : APB ou la fin de la sectorisation
• Spécificité du cas francilien : création de RAVEL entre
1990 et 2008 pour l’affectation en première année de
Licence « non sélective » : augmentation des effectifs,
nouvelles universités
• Sectorisation des inscriptions pour les filières « en
tension »
6. Bref retour historique : APB ou la fin de la sectorisation
• Spécificité du cas francilien : création de RAVEL entre
1990 et 2008 pour l’affectation en première année de
Licence « non sélective » : augmentation des effectifs,
nouvelles universités
• Sectorisation des inscriptions pour les filières « en
tension »
> En 2009, Admission Post-bac : une philosophie du libre
choix scolaire pensée à l’échelle académique
7. • Mise en place d’APB en 2008 (2009 pour IDF) :
- Ensemble des filières
- Echelle nationale
- Promotion du « libre choix » dans la perspective de la
réforme de 2007 assouplissant la carte scolaire au
niveau secondaire
- Principe d’appariement entre liste de vœux hiérarchisés
et classement des candidatures par les établissements
> Problème : les filières « non sélectives » aux capacités
d’accueil saturées
Ce que change APB
8. • Une plateforme qui évolue depuis 2009 :
- Nombres de vœux (CPGE, MANAA)
- Renforcement des incitations à ajuster son orientation
en fonction de son parcours antérieur, du taux d’accès
dans la filière et du marché de l’emploi
- Vœux groupés (2016) : la filière prime (une année
seulement) sur l’établissement
- Filets de sécurité : classer plusieurs sous-vœux,
Licence « libre », à « pastille verte », prolongation de la
PC, etc.
Ce que change APB
9. • Les conséquences de ce système :
- Une apparente ouverture des possibles
- Mais une barrière académique
Des inégalités d’accès ?
11. • Les conséquences de ce système :
- Une apparente ouverture des possibles
- Mais une barrière académique
- Qui crée des incompréhensions (touchant au sentiment
de discrimination territoriale) et des frustrations
Des inégalités d’accès ?
12. « Alors que je vais te donner un exemple, j’avais un ami qui avait un
profil ES et qui a fait le même classement de vœux que moi, et il n’a
pas été accepté. Alors que, ce n’est pas qu’il n’avait pas les mêmes
compétences, c’est juste que bon… Je ne vais pas dire qu’ils font
un certain nombre de quotas, mais je ne vois pas pourquoi est-ce
que j’ai été pris alors que lui non »
Hamid, L1 AES Paris 1 en 2012, mère au foyer et père chef d’équipe
électricien, habitant Bobigny (93), bachelier S
Des inégalités d’accès ?
13. « Déjà quand j’arrivais pour leur parler [aux portes ouvertes de Paris 1],
on me demandait directement si j’étais de Paris. Déjà si je disais
non, on me disait : ah, eh bien ça va être dur d’être prise. Alors que
ce n’est pas vrai ! […] ils ne voient pas le dossier. En plus à la fac il
n’y a pas de dossier déjà. Donc ils nous prennent peu importe
l’arrondissement. Et donc on nous faisait croire ça pour nous
décourager. Ils nous disaient que ça allait être impossible parce
qu’on n’était pas de l’académie. » Maelys, L1 Droit Paris 8, 2012,
mère assistante sociale et père cadre, habitant Deuil-la-Barre (95),
bachelière ES
Des inégalités d’accès ?
14. « Je n’ai pas choisi mon université. J’avais pris… Sur APB il faut faire
une liste de choix bien ordonnés, en fonction de nos possibilités.
J’avais mis au début Assas et ensuite la Sorbonne. Et après Paris 8
en troisième position. Et vu que je n’ai pas eu ni Assas ni la
Sorbonne et bien je suis venue à Paris 8. […] Moi, on m’avait dit
beaucoup de mal sur Paris 8. Ce qui n’était pas vrai, en fait. C’est
bien ici. Au début, je ne voulais pas venir ici. Vraiment pas. J’étais
déçue en fait »
Victoire, L1 Droit Paris 8 2012, mère ouvrière qualifiée et père taxi,
habitant Aulnay-Sous-Bois (93), bachelière L
Des inégalités d’accès ?
15. • Des stratégies d’évitement en partie semblables à RAVEL
- Double Licence, options « rares » et sélectives (capital
scolaire)
- Dérogations, lettres (capital scolaire et capital social)
• Des stratégies plus complexes sous APB
- Procédure en trois phases, qui implique de se projeter, de
hiérarchiser beaucoup d’informations
- Barrière académique moins visible que la sectorisation
- Compréhension stratégique du fonctionnement de
l’algorithme (classement des vœux, phases de la procédure)
Des inégalités d’accès ?
16. • Importance du lycée dans l’orientation post-bac
- Inégalités d’accès
- Démarches collectives d’orientation et groupes de pairs
- Informations et encadrement différents selon les
établissements (A. van Zanten, 2015)
- Partenariats spécifiques avec écoles et universités
• Le problème central des capacités d’accueil
• Adéquationnisme gestionnaire qui suppose une orientation
individuelle et stratège : droit à l’erreur, dynamiques
collectives, trajectoires exceptionnelles
Enjeux et perspectives ?
17. • Ces méthodes permettent d’objectiver les différences de
publics étudiants, qui varient selon la discipline et l’année
d’étude Part d’étudiants défavorisés en
Droit
Part d’étudiants défavorisés en
AES
Paris 1 Sorbonne 25 31
Paris 2 Assas 22 33
Paris 5 Descartes 28 -
Paris 8 Saint-Denis 59 61
Paris 10 Nanterre 25 33
Paris 11 Orsay 21 -
Paris 12 Créteil 28 43
Paris 13
Villetaneuse
49 53
Evry 32 36
Cergy 33 -
UVSQ 19 27
Compléments
18. Premiers entrants en L1 Droit
d’origine sociale très favorisée
Premiers entrants en L1 AES
d’origine sociale très favorisée
Paris 1 Sorbonne 49 31
Paris 2 Assas 62 24
Paris 5 Descartes 41 -
Paris 8 Saint-Denis 15 10
Paris 10 Nanterre 52 28
Paris 11 Orsay 52 -
Paris 12 Créteil 37 19
Paris 13
Villetaneuse
15 14
Evry 29 16
Cergy 39 -
UVSQ 49 38 SISE-MESR, 20
• Ces méthodes permettent d’objectiver les différences de
publics étudiants, qui varient selon la discipline et l’année
d’étude
Compléments
Remerciements
Aujourd’hui en post doctorat à ESCOL
Publication 2017 + prix OVE
Fonctionnement entrée en L1 : tension entre offre et demande et mise en place des 4 nouvelles universités 1991 > RAVEL
Pour chaque lycée de passage du bac, et 14 filières, choisir entre 1 à 3 universités. Dessin de sectorisation pas anodin (Paris 1 : RER).
Depuis 2009 : Admission post-bac, priorité académique
Circuits de scolarisation : parten
D’ailleurs aires d’attraction (dans quelle université s’inscrivent en majorité les étudiants de chaque commune) : P8 ne dégage pas d’aire d’attraction spécifique (effet de taille / parisiennes comme P1 et dispersion de l’air de recrutement).
DONC nuancer le rôle « mécaniste » de la distance (pensée substantialiste des lieux)