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Au travail!
Des PME racontent leurs expériences
avec des travailleurs étrangers
Au travail!
Des PME racontent leurs
expériences avec des
travailleurs étrangers
Le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET)
a été mis sur pied dans l’objectif d’aider les entreprises
canadiennes à trouver des employés pour les postes qu’ils
sont incapables de combler. Il est essentiel, pour une
économie florissante, de pallier la pénurie de main-d’œuvre.
En effet, les entreprises en mesure de pourvoir rapidement
leurs postes vacants peuvent croître et créer plus d’emplois,
dont la majorité est occupée par des Canadiens.
L’objectif de ce programme n’est pas d’enlever des emplois
aux Canadiens pour les donner à des travailleurs étrangers.
Ceux qui s’en servent dans ce but abusent purement et
simplement du système.
Nous avons réuni ces histoires d’entrepreneurs afin de faire
connaître la réalité des PME canadiennes et des travailleurs
étrangers.
Vous pourrez ainsi lire les témoignages de Canadiens
ordinaires qui ont remué ciel et terre pour trouver des
travailleurs locaux, mais qui n’y sont pas parvenus. Ils nous
racontent comment ils ont raté des occasions d’affaires parce
que la procédure liée au PTET n’est pas assez rapide. Ils nous
expliquent aussi comment des travailleurs étrangers, à qui
le travail ne fait pas peur, sont venus occuper des emplois
dont personne ne voulait. Leur arrivée a ainsi été bénéfique
tant pour ces travailleurs étrangers que pour leurs collègues
canadiens.
Mais surtout, ce sont des histoires qui démontrent que
le Programme des travailleurs étrangers temporaires,
malgré ses imperfections, est vital pour tous les Canadiens,
particulièrement pour les PME du pays. Nous espérons donc
qu’en lisant ces témoignages d’entrepreneurs, vous verrez cet
enjeu sous un jour nouveau.
Remarque : Certains noms d’entreprises, d’entrepreneurs et de travailleurs cités
dans ces témoignages ont été changés pour ne pas nuire à leurs demandes en
cours devant les autorités de l’immigration.
Dans une petite ville de l’Alberta, les
travailleurs étrangers, loin de voler des
emplois, contribuent à en créer
Parfois, à Vancouver, trouver la perle rare ne
suffit pas
Il aura fallu 5 ans à une PME d’une banlieue
québécoise pour trouver l’employé idéal
À Fernie, en C.-B., les ressources naturelles
abondent et la main-d’œuvre se fait rare
Winnie l’Ourson et les travailleurs étrangers
temporaires dans le nord de l’Ontario
Des travailleurs de l’industrie du vêtement de
la N.-É. bénéficient du PTET
Dans une petite ville de l’Alberta,
les travailleurs étrangers, loin de voler
des emplois, contribuent à en créer
Eco-Flex
MD
Recycled Rubber Solutions est une petite entreprise canadienne
classique qui a misé sur l’environnement pour assurer son succès. Fondée en
1992 à Legal, en Alberta, celle-ci s’est donnée comme mission de redonner
une nouvelle vie à environ 3 millions de pneus usagés par année. Elle
transforme ainsi des pneus de camions et de voitures en une multitude de
produits, des pavés pour allées piétonnières aux bosses de ralentissement, en
passant par les revêtements de sol résidentiels, industriels et agricoles.
Alan Champagne, fondateur et propriétaire de l’entreprise, avoue cependant que rien de tout
cela ne serait possible sans le travail inlassable des travailleurs étrangers temporaires.
« À l’heure actuelle, nous avons un peu plus de trente employés, explique M. Champagne, et
huit d’entre eux sont des travailleurs étrangers que nous avons recrutés aux Philippines. La
petite ville de Legal se trouve à environ une demi-heure d’Edmonton et il est pratiquement
impossible de garder de bons employés ici étant donné le besoin très marqué pour des
travailleurs en Alberta en ce moment. »
Ce n’est toutefois pas les emplois exigeant des qualifications qui lui posent problème, mais
bien ceux qui n’en requièrent aucune.
« Au fil des ans, nous avons embauché des dizaines de Canadiens – très souvent de bons
travailleurs – pour ce type de poste. Mais, en général, après que nous ayons investi dans leur
...il est pratiquement
impossible de garder de
bons employés ici étant
donné tous les emplois
vacants qu’il y a en
Alberta en ce moment.
formation et qu’ils maîtrisent bien leurs
tâches, ils préfèrent apprendre un métier et
aller travailler dans les champs de pétrole
où les salaires sont meilleurs, ajoute
M. Champagne. Nous avons essayé d’offrir
un salaire plus élevé pour les emplois sans
qualification et même des primes associées
aux années de service, mais rien n’a
fonctionné. »
Il y a environ six ans, M. Champagne a donc
décidé de se rabattre sur le Programme des
travailleurs étrangers temporaires pour
trouver des employés. Il a alors entrepris le
long et coûteux processus de demande. Il a
aussi payé des recruteurs pour trouver les
bons candidats à l’étranger, payé les billets
d’avion pour faire venir les travailleurs en
Alberta et trouvé un endroit où les loger. Il
n’a toutefois pas regretté sa décision quand
il les a vus à l’œuvre dans son usine.
« Ils travaillent dur, apprécient l’opportunité
qu’ils ont et, surtout, ils restent », continue
M. Champagne. Selon ce dernier, ses
travailleurs étrangers se sont bien intégrés
Portrait d’un travailleur étranger : Rey
Rey Gonjales a dû partir travailler à l’étranger pour améliorer ses conditions de vie. Marié et père
de deux jeunes garçons, Rey devait constamment se battre pour survivre dans son pays natal, les
Philippines, où il n’avait pas beaucoup d’espoirs.
« J’ai été soudeur pendant six ans dans mon pays et ma femme travaillait pour la municipalité, mais
on n’arrivait pas à joindre les deux bouts. Nous n’avions jamais assez d’argent pour nourrir et habiller
nos enfants. C’est dur de voir ses enfants avoir faim », avoue Rey.
Mais tout cela doit lui paraître bien loin maintenant. En effet, cela fait cinq ans que Rey travaille
chez Eco-Flex
MD
Recycled Rubber Solutions à Legal, en Alberta. Il a commencé dans cette entreprise
comme manœuvre grâce au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) et est à présent
superviseur de la production.
Rey est retourné deux fois voir sa famille, mais il a hâte qu’elle vienne le rejoindre au Canada. Il
espère que la demande d’immigration qu’il a faite grâce au Programme des candidats des provinces
sera acceptée bientôt.
Rey a aussi travaillé dans une usine à Taïwan, mais il trouve qu’au Canada, la sécurité au travail est
beaucoup mieux et que le niveau de vie des travailleurs est plus intéressant. « La vie est meilleure au
Canada. J’adore travailler et vivre ici », affirme-t-il.
dans leur nouvel environnement. Ils ont
rapidement appris la langue, se sont
inscrits à des clubs et, en peu de temps,
sont devenus des citoyens à part entière
de Legal. Ses employés canadiens sont
tout aussi enchantés de la présence de
leurs confrères d’outre-mer. Comme la
productivité a augmenté de 20 % depuis
leur arrivée, M. Champagne a pu offrir des
augmentations de salaire à tout le monde
et a même embauché plus de travailleurs
canadiens.
« Bien utilisé, le Programme des travailleurs
étrangers temporaires n’enlève pas
d’emplois aux Canadiens. Dans les
faits, il permet plutôt d’en créer », dit
M. Champagne.
Le problème maintenant, c’est qu’il aurait
bien besoin de sept ou huit travailleurs
étrangers supplémentaires. Il estime
qu’il perd environ 150 000 $ en revenus
par semaine en raison de la pénurie de
main-d’œuvre. Depuis janvier, il s’affaire
à remplir toutes les formalités requises,
mais avec les récents changements qui
restreignent l’utilisation du Programme,
personne ne peut prédire quand il pourra
accueillir ces nouveaux travailleurs dont il
a tant besoin.
« Je ne sais pas comment les choses
se passent ailleurs au pays, mais en ce
moment, ici à Legal, je devrai peut-être
fermer mon entreprise si je ne peux plus
embaucher de travailleurs étrangers.
Quelles que soient leurs raisons, les
Canadiens ne veulent pas ces emplois ou
alors ils ne restent pas. Je dépends donc
des travailleurs étrangers temporaires et
je ne vois pas d’autres solutions à court
terme », conclut M. Champagne.
...après que nous ayons
investi dans la formation des
travailleurs Canadiens et qu’ils
maîtrisent bien leurs tâches,
ils préfèrent apprendre un
métier et aller travailler dans
les champs de pétrole où les
salaires sont meilleurs...
Parfois, à Vancouver, trouver la perle
rare ne suffit pas
Si on s’accorde pour dire qu’une micro-entreprise compte moins de
dix personnes, Silvie Ferguson, de Vancouver, est alors propriétaire
de la plus micro des micro-entreprises. Son travail consiste à
donner des cours d’art dramatique à des acteurs de la télévision et
du cinéma. Elle a besoin de quelqu’un pour l’aider à gérer le bureau,
s’occuper du système informatique et donner quelques cours.
Comme c’est très souvent le cas avec les très petites entreprises, leurs besoins
ne correspondent pas toujours à une catégorie d’emploi bien définie. Silvie, elle,
avait besoin de quelqu’un qui puisse être à la fois commis de bureau, préposé au
soutien technique et professeur d’art dramatique. Pendant plusieurs années, elle a
embauché des employés à temps partiel, confié une partie du travail à d’onéreux
consultants et fait le reste elle-même. Puis un jour, elle a embauché un homme à
tout faire, un Canadien qui semblait répondre à la plupart de ses besoins, jusqu’à
ce qu’il parte sans préavis en dépouillant son entreprise de milliers de dollars.
Alors, quand Roger, un Australien, a postulé, Silvie espérait avoir trouvé la
personne idéale. Selon son CV, il avait toutes les compétences qu’elle recherchait.
Roger était au Canada avec un visa vacances-travail, avait
déjà travaillé dans un bureau et avait une expérience
d’acteur. Après seulement quelques mois, Silvie était
certaine d’avoir déniché la perle rare. Roger, de son côté,
ne voulait pas retourner en Australie après l’expiration de
son visa.
« Roger est censé être exactement le genre de personne
que le Canada recherche : il est jeune, talentueux, parle
anglais et est très instruit, dit Mme
Ferguson. En plus, il
correspond parfaitement aux besoins de mon entreprise.
Mais, rien de tout cela n’a semblé compter pour le
gouvernement. »
Silvie a demandé un avis relatif au marché du travail
(AMT) et aidé Roger avec sa demande de visa de travail.
Elle croyait alors qu’il ne s’agissait que d’une simple
formalité puisque Roger travaillait déjà pour elle.
(L’employeur doit obtenir un avis
relatif au marché du travail favorable
avant que le travailleur fasse une
demande de permis de travail.) Elle a
cependant appris qu’elle devait tout
d’abord afficher le poste à l’échelle du
Canada et étudier les candidatures de
Canadiens. Elle a donc respecté toutes
les exigences, reçu des CV, fait des
entrevues pour découvrir ce qu’elle
savait déjà en fait : la personne qu’elle
recherchait était vraiment difficile à
trouver.
Son avis relatif au marché du travail
a été rejeté trois fois. À la fin, juste
avant d’approuver sa demande, les
fonctionnaires ont exigé qu’elle
augmente le salaire de Roger afin qu’il
concorde avec ce qu’ils considéraient
comme le « taux en vigueur ».
« Je crois que pour calculer ce taux, Service Canada a tout simplement
additionné le salaire d’un professeur d’art dramatique et celui d’un
gestionnaire de bureau, ajoute Mme
Ferguson. Cela représentait une
somme beaucoup plus élevée que celle que je payais auparavant. En fait,
c’était plus que ce que je gagnais moi-même. »
Elle a tout de même accepté de hausser le salaire de Roger. Après un an,
Silvie était toujours convaincue d’avoir trouvé la personne idéale. Mais
voilà, la perspective de devoir recommencer le processus d’embauche
d’un travailleur étranger se dressait de nouveau devant elle. Elle s’en
sentait tout simplement incapable. Elle voulait garder Roger, mais toutes
les démarches avaient déjà pesé lourd sur son entreprise et sa santé. Ce
fut donc la fin de ce partenariat plus que parfait.
Pendant son séjour à Vancouver, Roger s’est créé un réseau de contacts.
Il a ainsi pu trouver un emploi au sein d’une entreprise beaucoup plus
grande. Celle-ci, fait à noter, a eu peu d’obstacles à surmonter pour
obtenir un AMT et faire approuver le permis de travail. Silvie, quant à elle,
se débrouille comme elle peut avec des employés à temps partiel et des
consultants. Elle sait toutefois que les choses pourraient aller beaucoup
mieux et ne peut que déplorer cette bureaucratie qui met trop souvent
des bâtons dans les roues des petites entreprises.
Roger est censé être
exactement le genre de
personne que le Canada
recherche : il est jeune,
talentueux, parle anglais et est
très instruit.
Il aura fallu 5 ans à une PME d’une
banlieue québécoise pour trouver
l’employé idéal
Pour qu’un système économique soit efficace, il doit permettre de
répondre rapidement aux besoins en facilitant l’adéquation entre
l’offre et la demande, notamment entre les vendeurs et les acheteurs
et entre les employeurs et les travailleurs. Dans le secteur de la haute
technologie, il est plus compliqué et plus complexe d’établir de telles
correspondances. Les besoins sont effectivement plus spécifiques,
et les gens qui possèdent les compétences ainsi que l’expérience qui
conviennent sont plus durs à trouver.
Patrick Millard a passé de nombreuses années à essayer de réunir les bonnes personnes
pour son équipe de développement de produits de Groupe Millobit, une petite
entreprise de quinze employés située à Laval, au Québec. Groupe Millobit est un chef
de file dans la conception de logiciels pour l’industrie du camionnage.
« Quand vous êtes propriétaire d’une entreprise qui développe des produits novateurs,
il est important d’avoir plusieurs points de vue différents, affirme Patrick Millard. Les
programmeurs canadiens que nous employons sont excellents, mais ils ont une façon
de faire bien de chez nous. Il est parfois utile d’avoir une nouvelle vision des choses. »
Mais, évidemment, ce n’est jamais facile
pour les petites entreprises. Millobit a
mis une annonce dans la région pour
rechercher un développeur ayant des
qualifications particulières. L’entreprise
souhaitait également que cette personne
soit capable d’assurer des rendez-vous en
anglais et en français avec les clients, et de
rédiger des manuels et de la documentation
sur les produits.
« Dans les grandes entreprises, il y a une
personne chargée de rencontrer les clients,
une autre qui s’occupe d’écrire le code et
une troisième qui rédige le manuel, fait
remarquer M. Millard. Chez nous, c’est une
seule et même personne qui fait tout ça, et
il s’avère que c’est un Français. »
Patrick Millard et son associé ont cherché
pendant des années à combler ce poste,
mais peu de candidats les ont contactés, et
encore moins des gens compétents. Ils ont
donc décidé de faire appel au Programme
des travailleurs étrangers temporaires.
« Très franchement, ça fait un peu peur au
début parce qu’on doit se fier uniquement
à un CV. Mais cela fait maintenant un
an que Luc travaille avec nous, et il est
parfait. Il a donné un nouveau souffle à
toute l’équipe et nous a permis de faire des
choses impossibles avant. »
Toutefois, le Programme des travailleurs
étrangers temporaires n’a pas été sans
difficulté pour Millobit Group. Outre le
risque que le fait de recruter un étranger
a représenté, l’entreprise doit payer très
cher, notamment à cause d’une décision du
gouvernement obligeant Millobit à verser
à Luc un salaire supérieur à un Canadien
ayant la même expérience. « Les normes
salariales sont en fonction de ce que les
grandes entreprises paient. Nous n’avons
jamais pu offrir des salaires équivalant à
ce qu’elles offrent. Nous n’en avons pas
les moyens. Les gens qui travaillent chez
nous pourraient probablement gagner plus
au gouvernement ou dans des grandes
entreprises, mais ce que la plupart d’entre
eux aiment ici, c’est le défi, le milieu de
travail et les gens avec qui ils sont amenés
à travailler. »
Les délais sont également un problème. De
nos jours, vu les changements rapides qui
caractérisent le secteur de l’informatique,
on ne peut pas se permettre d’attendre
quatre, six ou dix mois pour trouver
la personne idéale. Patrick Millard dit
qu’un système de travailleurs étrangers
temporaires est vital pour une entreprise
comme la sienne parce qu’elle doit être
en mesure de s’adapter rapidement à
l’évolution du marché. « Si vous vendez
du jus d’orange et que ça vous prend cinq
mois pour trouver des oranges, vous n’allez
pas survivre. Personnellement, j’ai besoin
des bonnes personnes au bon moment. Si
ces travailleurs sont canadiens, tant mieux,
mais si ce n’est pas le cas, mon entreprise
doit être suffisamment souple pour trouver
des employés non canadiens. »
Malgré toutes ces difficultés, Luc est
heureux chez Millobit où il fait vraiment
partie de l’équipe. Il a permis à Millobit
Group d’entreprendre des projets qui
n’étaient pas à sa portée avant. Ces
projets donnent une sécurité d’emploi aux
développeurs canadiens qui travaillent là
et créeront peut-être même de nouveaux
débouchés pour d’autres Canadiens quand
l’entreprise prendra de l’ampleur.
Personnellement, j’ai besoin
des bonnes personnes au bon
moment. Si ces travailleurs sont
canadiens, tant mieux, mais si ce
n’est pas le cas, mon entreprise
doit être suffisamment souple
pour trouver des employés non
canadiens.
À Fernie, en C.-B., les ressources naturelles
abondent et la main-d’œuvre se fait rare
Fernie, en Colombie-Britannique, est une petite ville de ski nichée
au sein des majestueuses montagnes Rocheuses, entre Cranbrook et
Lethbridge, à environ 50 km de la frontière avec l’Alberta. Elle est, pour
ses 5 500 habitants, un endroit merveilleux où vivre et travailler. On
y trouve une profusion d’emplois dans le secteur minier et celui du
tourisme.
La mine de charbon, près de Sparwood, est l’employeur de prédilection de la région.
Elle compte quelque 4 000 travailleurs et offre, pour des postes au bas de l’échelle,
25 $ l’heure, parfois plus. Ceux que le travail de la mine n’attire pas trouvent leur
compte dans le secteur de l’hébergement où de nombreux hôtels et restaurants sont
toujours à la recherche de personnel.
Ken Daimler, propriétaire de deux restaurants à service rapide dont l’un se trouve à
Fernie, est ainsi coincé entre le marteau et l’enclume lorsqu’il essaie de recruter et
retenir des travailleurs fiables dans cette ville.
« Je connais les deux côtés de la médaille, explique-t-il. Cranbrook, où est situé mon
autre restaurant, est une ville plus populeuse où le secteur des ressources est peu
présent. Je n’ai donc pas vraiment de problème de recrutement. »
M. Daimler, comme tant d’autres propriétaires d’entreprise qui ont dû se rabattre sur
les travailleurs étrangers pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, dit que plusieurs
facteurs expliquent la difficulté à trouver de bons employés. « Être situé près d’où
habitent les travailleurs est certainement un facteur. La présence des secteurs des
mines et du tourisme joue aussi un rôle crucial. Le fait est que les mines embauchent
continuellement et, dans les restaurants, les travailleurs ont la possibilité de gonfler
leurs revenus avec les pourboires. C’est difficile d’offrir mieux. »
M. Daimler exploite son restaurant de Cranbrook depuis 24 ans et n’a jamais eu
besoin de l’aide de travailleurs étrangers. Il y a dix ans, lorsqu’il a ouvert un deuxième
restaurant à Fernie, les employés ne manquaient pas. Cependant, avec la mine qui a pris
de l’ampleur, une pénurie de main-d’œuvre s’est installée. « J’ai besoin de 40 personnes
pour faire tourner mon restaurant à plein régime, affirme-t-il et, en ce moment, je n’ai
que 25 employés. En plus, le roulement du personnel, comme c’est souvent le cas dans la
restauration, est très élevé. »
« Nous sommes constamment en mode embauche. Nous avons fait
des pieds et des mains, surtout à Fernie, pour être certains d’avoir
fait appel à tous les travailleurs compétents du coin. Nos postes sont
affichés en tout temps sur Guichet emplois, Kijiji, WorkBC, etc. Nous
avons organisé des foires de l’emploi, parrainé des activités à l’école
secondaire, offert des primes à nos employés pour nous recommander
des amis et même augmenté les salaires de départ. Nous avons tout
essayé, mais ce n’est pas suffisant », dit M. Daimler.
Il y a six ans, il a alors pris la décision d’avoir recours à quelques
travailleurs étrangers. Après avoir répondu aux innombrables
exigences administratives du Programme des travailleurs étrangers
temporaires, il a finalement accueilli quatre Mexicains. L’expérience a
tout simplement été extrêmement positive. Depuis, trois d’entre eux
ont obtenu leur statut de résidents permanents grâce au programme
de candidats provincial et travaillent toujours pour
M. Daimler. Un de ces travailleurs a même été promu gérant.
« Je n’ai jamais eu de problème avec mes travailleurs étrangers
temporaires. Ils sont durs à la tâche, ils s’entendent bien avec tous
leurs collègues et restent plus longtemps que mes autres employés »,
ajoute M. Daimler.
Depuis, trois autres travailleurs étrangers
des Philippines ont rejoint les rangs de son
personnel et le processus est enclenché
pour en faire venir sept de plus du Belize.
Il devra cependant attendre au moins sept
mois pour les voir franchir la porte de son
restaurant.
« C’est frustrant, dit-il. Dans les médias,
on nous montre des grandes entreprises
qui, apparemment, ont utilisé le Programme
des travailleurs étrangers temporaires pour
remplacer des travailleurs canadiens, mais
nous savons bien que cette situation est
très loin de la réalité des PME. Ici, aucun
Canadien ne réclame mes emplois. Ce qu’ils
veulent plutôt, les Canadiens, c’est que
j’allonge mes heures d’ouverture. Mais je ne
peux pas faire ça en ce moment parce que
je n’ai tout simplement pas le personnel
nécessaire. »
Nous avons fait des pieds et des mains pour
être certains d’avoir fait appel à tous les
travailleurs compétents du coin. Nous avons
tout essayé, mais ce n’est pas suffisant.
Winnie l’Ourson et les travailleurs étrangers
temporaires dans le nord de l’Ontario
Si jamais vous passez à White River, en Ontario, vous pourrez visiter le parc
Winnie-the-Pooh. Tous les ans, pendant une semaine au mois d’août, on y
commémore les origines de ce personnage très connu de la littérature enfantine.
En fait, cet ourson doit son nom à un vrai ours noir acheté à White River pendant
la Première Guerre mondiale par un soldat en route pour l’Angleterre. Cet ours,
qui portait le nom de la ville natale de ce soldat, Winnipeg (« Winnie » comme
diminutif), est devenu par la suite l’une des coqueluches des visiteurs du zoo de
Londres, dont le jeune fils de l’écrivain A.A. Milne.
Juste en face du parc se trouve le White River Motel, moins connu que Winnie, mais tout aussi vital
pour la ville. Ce motel, ouvert toute l’année, compte 29 chambres propres et confortables et sept
petits chalets avec services pour les gens qui viennent à White River dans le but de pêcher, faire
de la motoneige, de la randonnée ou peut-être plonger dans l’histoire de ce célèbre ourson. Jeanne
Morgan, propriétaire et gérante du motel, mène ses activités malgré la pénurie de main-d’œuvre qui
l’afflige depuis ces sept dernières années.
« Winnie l’Ourson et moi, on est très proche, vu qu’il se trouve devant chez
moi. Vous pouvez m’appeler “Jeanne, la Grande Ourse mal léchée”, dit-elle
en ne plaisantant qu’à moitié. En effet, je gère en ce moment un motel de
29 chambres avec environ un tiers du personnel qu’il me faudrait pour bien
fonctionner. »
Mme
Morgan explique que le problème est tout autant géographique
qu’économique. « Le principal employeur de White River a été pendant
longtemps la scierie, mais elle a fermé ses portes en 2007, fait-elle remarquer.
Après, la population est passée de 1 200 habitants environ à 500, et il s’agit
pour la plupart de personnes âgées. Il n’y a pas vraiment grand monde dans le
coin que nous puissions embaucher parce que la ville la plus proche est à une
heure de route. »
C’est alors que le White River Motel s’est tourné vers le Programme des
travailleurs étrangers temporaires. « En 2007, nous avons employé des
travailleurs étrangers temporaires du Mexique, précise Mme
Morgan. Mais en
2008, notre demande a été rejetée vu qu’il y avait apparemment trop de gens
de White River sur le chômage. Mais comme aucun de ces chômeurs n’a postulé
chez nous, nous avons dû travailler avec un minimum d’employés originaires
du coin entre 2008 et 2010. Nous avons survécu, car les affaires tournaient
au ralenti à cause de la récession. Cependant, quand l’économie a repris de
la vigueur en 2011, nous avons vraiment eu besoin de main-d’œuvre, mais en
trouver sur place a été un véritable parcours du combattant. »
En 2011 et en 2012, le gouvernement a approuvé ses demandes de permis de
travail en moins de cinq semaines. Mais cette année, la procédure a pris plus de
douze semaines. La situation a été pénible parce que Mme
Morgan a dû s’occuper
du ménage du printemps avec un minimum de personnel alors que son motel
était plein.
Ils travaillent fort, sont heureux d’avoir un emploi
et ont toujours le sourire aux lèvres. En ce moment,
le personnel local que j’ai est épuisé et surmené. Je
ferais tout pour avoir l’aide dont j’ai besoin parce
que notre situation est très précaire.
« C’est injuste pour moi, mais surtout, pour mes employés, car je ne
peux pas me permettre de leur laisser prendre une journée de congé
quand ils en ont vraiment besoin. La gestionnaire du bureau a dû
faire les lits et le ménage dans les chambres et moi, j’ai été obligée
de faire la lessive bien souvent. Cela veut dire qu’on doit délaisser le
travail administratif. J’ai une infection rénale depuis quelque temps,
et je ne peux pas prendre une seule journée de congé. C’est vraiment
n’importe quoi », déplore Mme
Morgan.
Mme
Morgan est ravie des travailleurs étrangers temporaires qu’elle
a pu embaucher au fil du temps. « J’ai eu l’occasion de recruter des
Mexicains et des Jamaïcains. Ils travaillent fort, sont heureux d’avoir
un emploi et ont toujours le sourire aux lèvres. En ce moment, le
personnel local que j’ai est épuisé et surmené. Je ferais tout pour avoir
l’aide dont j’ai besoin parce que notre situation est très précaire »,
déclare-t-elle.
Quand on lui demande si elle pense que les travailleurs étrangers
temporaires prennent le travail des Canadiens, elle rigole : « Ce n’est
certainement pas le cas à White River. Amenez-moi un Canadien
qui est prêt à travailler ici et je l’embauche sur-le-champ! Vous
croyez que payer tous les coûts nécessaires pour embaucher des
étrangers m’enchante? Je dois payer leurs billets d’avion, mais aussi
le déplacement entre Thunder Bay et ici (il y a 400 kilomètres),
l’assurance-maladie et l’hébergement. Si des Canadiens souhaitaient
travailler pour moi, on n’aurait même pas besoin d’avoir cette
conversation. »
Mme
Morgan a soumis trois nouvelles demandes d’avis relatifs au
marché du travail (AMT) et une demande de prolongation d’un AMT.
Mais comme la procédure du PTET nouvellement revue risque d’être
plus compliquée et plus coûteuse pour les PME, Mme
Morgans’inquiète
pour son entreprise : « Je me demande si le gouvernement n’est pas
en train de me mettre des bâtons dans les roues. J’ai effectivement
de plus en plus de mal à maintenir les emplois de mes travailleurs
canadiens. Pourtant, le gouvernement est censé protéger ces emplois
et non pas pousser les petites entreprises à mettre la clé sous la
porte… »
Comme le dit Winnie l’Ourson : « Oh la barbe! »
Amenez-moi un Canadien qui est prêt à travailler ici et
je l’embauche sur-le-champ! Vous croyez que payer tous
les coûts nécessaires pour embaucher des étrangers
m’enchante? Je dois payer leurs billets d’avion, mais
aussi le déplacement entre Thunder Bay et ici (il y a
400 kilomètres), l’assurance-maladie et l’hébergement.
Si des Canadiens souhaitaient travailler pour moi, on
n’aurait même pas besoin d’avoir cette conversation.
Pour certaines personnes,
les emplois que nous
offrons ne sont qu’une
solution temporaire. En plus,
dernièrement, de nombreux
travailleurs de la province
s’exilent en Alberta et en
Saskatchewan où les emplois
dans le secteur des ressources
naturelles sont plus payants.
Des travailleurs de l’industrie du
vêtement de la N.-É. bénéficient du PTET
À Stellarton, petite ville du nord de la Nouvelle-Écosse de 4 700 habitants,
WearWell Garment et sa centaine d’employés fabriquent des vêtements de
travail et des vêtements spécialisés. L’entreprise vend sa production à des
entreprises partout au Canada.
Stirling MacLean, propriétaire et président de l’entreprise, fait remarquer qu’à une
époque, on trouvait assez facilement des travailleurs ayant de l’expérience dans la
fabrication de vêtements. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
« Lorsque nous embauchons un nouvel employé, nous savons qu’il faudra le former
entièrement, continue-t-il. Un travailleur peut prendre de six mois à un an avant de
connaître toutes les ficelles du métier et d’être suffisamment rodé pour assurer sa propre
réussite et celle de l’entreprise. »
Chez WearWell Garment, les opérateurs de machine débutent avec un salaire à l’heure.
Mais ils sont ensuite payés à la pièce, ce qui est beaucoup plus avantageux pour le
travailleur, selon M. MacLean. « Lorsque ces employés maîtrisent bien leurs tâches, ils ne
veulent pas revenir en arrière, ajoute-t-il. Ils gagnent beaucoup plus quand ils sont payés
à la pièce. »
Depuis ces dernières années, le roulement
des employés déjà formés est très élevé
et c’est un problème pour WearWell
Garments. « Pour certaines personnes, les
emplois que nous offrons ne sont qu’une
solution temporaire. En plus, depuis
quelque temps, de nombreux travailleurs
de la province s’exilent en Alberta et en
Saskatchewan où les emplois dans le
secteur des ressources naturelles sont plus
payants », ajoute
M. MacLean.
Mais voilà : former un employé prend
beaucoup de temps et M. MacLean ne peut
tout simplement pas se permettre d’en
former continuellement de nouveaux qui
partiront à leur tour au bout d’un an.
En 2011, l’entreprise a embauché trois
travailleurs étrangers des Philippines
comme opérateurs de machine. Depuis,
huit autres travailleurs ont suivi le même
chemin. Ces onze personnes travaillent
toujours pour l’entreprise et ont fait une
demande de résidence permanente en vertu
du programme de candidats de la province.
Pour M. MacLean, ce sont de véritables
« cadeaux tombés du ciel ».
« Nous nous préoccupons de nos employés,
c’est pourquoi nous n’avons pas fait les
choses à la légère, soutient M. MacLean.
Nous avons même soumis notre idée de
recruter des travailleurs étrangers à nos
employés canadiens qui l’ont appuyée dès
le début. Ils ont aussi aidé les travailleurs
étrangers à s’installer et ont très bien réagi
à leur arrivée. »
WearWell Garments est même allée plus
loin en établissant trois résidences près de
l’usine pour ses travailleurs étrangers et en
les aidant avec le processus d’immigration.
Les travailleurs étrangers, de leur côté,
sont des employés modèles également bien
intégrés dans la communauté, certains
faisant même du bénévolat à l’église
paroissiale.
Le Programme des travailleurs étrangers
temporaires est un franc succès. Tout le
monde gagne plus maintenant qu’en 2010.
« Cette année-là, notre taux d’absentéisme
était de 10,8 %; aujourd’hui, il a chuté à
4,9 %. Nos travailleurs étrangers ont une
formidable éthique du travail qui est
contagieuse. Mais il ne s’agit pas seulement
d’eux. Tout le monde met la main à la pâte
et les affaires vont bien. »
Alors, est-ce que Stirling MacLean songe à
embaucher d’autres travailleurs étrangers
temporaires?
« Probablement pas, conclut-il. Nous avons
un avis relatif au marché du travail (AMT)
qui a été approuvé pour un travailleur de
plus, mais je crois que nous en resterons
là ensuite. En ce moment, les choses sont
plutôt équilibrées, et en plus, ce n’est
pas une mince affaire de faire venir des
travailleurs ici. Nous embauchons toujours
des gens du coin s’ils postulent, et c’est
ce que nous préférons d’ailleurs. Mais
si j’avais besoin de plus de travailleurs
étrangers, je ferais appel à eux sans aucun
doute. Je ne sais pas ce que nous aurions
fait sans ce programme. »
Nos travailleurs étrangers ont une formidable
éthique du travail qui est contagieuse. Mais il ne
s’agit pas seulement d’eux. Tout le monde met la
main à la pâte et les affaires vont bien.
Portrait d’une travailleuse étrangère :
Julieta
Il y a deux ans, Julieta est arrivée au Canada avec le statut de travailleuse étrangère
temporaire dans l’espoir de pouvoir offrir une vie meilleure à sa fille Ella. Mère célibataire,
Julieta n’avait pas beaucoup d’espoirs pour sa fille dans son pays d’origine, les Philippines.
« Il est très difficile de trouver du travail dans mon pays, déclare Julieta. Et même quand on
travaille, c’est dur de vivre avec le salaire qu’on gagne. »
Julieta a sauté sur l’occasion quand elle a vu que la société WearWell Garments, située en
Nouvelle-Écosse, recherchait du personnel. « Tout le monde est gentil avec moi dans cette
entreprise et c’est très agréable d’y travailler. En plus, ici, on peut réussir si on travaille
fort », déclare-t-elle.
Julieta a déjà travaillé dans l’industrie du vêtement au Japon, mais elle dit préférer de loin
le Canada : « Chaque fois que je vais à l’église, je remercie Dieu de m’avoir permis de
venir ici. »
Julieta compte demander la résidence permanente parce qu’elle aimerait rester au Canada
et y faire venir sa fille par la suite. Pour l’instant, Julieta envoie de l’argent à Ella pour
qu’elle puisse aller dans une bonne école dans son pays. « Même si ma fille n’est pas ici
avec moi, l’argent que je gagne chez WearWell Garments fait une grande différence dans
sa vie, et j’en suis très reconnaissante », conclut-elle.
La FCEI est le plus grand groupement de petites et moyennes entreprises du Canada, comptant
109 000 membres dans tous les secteurs et toutes les régions.
Les histoires présentées dans ce recueil sont celles de membres
de la FCEI propriétaires de PME. Je remercie sincèrement les
chefs de petites entreprises et leurs employés qui travaillent fort
d’avoir pris le temps de nous faire part de leurs histoires. Votre
contribution fait une différence.
Dan Kelly
Président et chef de la direction
FCEI

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Version en Français. Las PYMES de Canadá se manifiestan a favor de la entrada de inmigrantes mostrando historias de casos reales. Des PME racontent leurs expériences avec des travailleurs étrangers.

  • 1. Au travail! Des PME racontent leurs expériences avec des travailleurs étrangers
  • 2. Au travail! Des PME racontent leurs expériences avec des travailleurs étrangers Le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) a été mis sur pied dans l’objectif d’aider les entreprises canadiennes à trouver des employés pour les postes qu’ils sont incapables de combler. Il est essentiel, pour une économie florissante, de pallier la pénurie de main-d’œuvre. En effet, les entreprises en mesure de pourvoir rapidement leurs postes vacants peuvent croître et créer plus d’emplois, dont la majorité est occupée par des Canadiens. L’objectif de ce programme n’est pas d’enlever des emplois aux Canadiens pour les donner à des travailleurs étrangers. Ceux qui s’en servent dans ce but abusent purement et simplement du système. Nous avons réuni ces histoires d’entrepreneurs afin de faire connaître la réalité des PME canadiennes et des travailleurs étrangers. Vous pourrez ainsi lire les témoignages de Canadiens ordinaires qui ont remué ciel et terre pour trouver des travailleurs locaux, mais qui n’y sont pas parvenus. Ils nous racontent comment ils ont raté des occasions d’affaires parce que la procédure liée au PTET n’est pas assez rapide. Ils nous expliquent aussi comment des travailleurs étrangers, à qui le travail ne fait pas peur, sont venus occuper des emplois dont personne ne voulait. Leur arrivée a ainsi été bénéfique tant pour ces travailleurs étrangers que pour leurs collègues canadiens. Mais surtout, ce sont des histoires qui démontrent que le Programme des travailleurs étrangers temporaires, malgré ses imperfections, est vital pour tous les Canadiens, particulièrement pour les PME du pays. Nous espérons donc qu’en lisant ces témoignages d’entrepreneurs, vous verrez cet enjeu sous un jour nouveau. Remarque : Certains noms d’entreprises, d’entrepreneurs et de travailleurs cités dans ces témoignages ont été changés pour ne pas nuire à leurs demandes en cours devant les autorités de l’immigration. Dans une petite ville de l’Alberta, les travailleurs étrangers, loin de voler des emplois, contribuent à en créer Parfois, à Vancouver, trouver la perle rare ne suffit pas Il aura fallu 5 ans à une PME d’une banlieue québécoise pour trouver l’employé idéal À Fernie, en C.-B., les ressources naturelles abondent et la main-d’œuvre se fait rare Winnie l’Ourson et les travailleurs étrangers temporaires dans le nord de l’Ontario Des travailleurs de l’industrie du vêtement de la N.-É. bénéficient du PTET
  • 3. Dans une petite ville de l’Alberta, les travailleurs étrangers, loin de voler des emplois, contribuent à en créer Eco-Flex MD Recycled Rubber Solutions est une petite entreprise canadienne classique qui a misé sur l’environnement pour assurer son succès. Fondée en 1992 à Legal, en Alberta, celle-ci s’est donnée comme mission de redonner une nouvelle vie à environ 3 millions de pneus usagés par année. Elle transforme ainsi des pneus de camions et de voitures en une multitude de produits, des pavés pour allées piétonnières aux bosses de ralentissement, en passant par les revêtements de sol résidentiels, industriels et agricoles. Alan Champagne, fondateur et propriétaire de l’entreprise, avoue cependant que rien de tout cela ne serait possible sans le travail inlassable des travailleurs étrangers temporaires. « À l’heure actuelle, nous avons un peu plus de trente employés, explique M. Champagne, et huit d’entre eux sont des travailleurs étrangers que nous avons recrutés aux Philippines. La petite ville de Legal se trouve à environ une demi-heure d’Edmonton et il est pratiquement impossible de garder de bons employés ici étant donné le besoin très marqué pour des travailleurs en Alberta en ce moment. » Ce n’est toutefois pas les emplois exigeant des qualifications qui lui posent problème, mais bien ceux qui n’en requièrent aucune. « Au fil des ans, nous avons embauché des dizaines de Canadiens – très souvent de bons travailleurs – pour ce type de poste. Mais, en général, après que nous ayons investi dans leur ...il est pratiquement impossible de garder de bons employés ici étant donné tous les emplois vacants qu’il y a en Alberta en ce moment.
  • 4. formation et qu’ils maîtrisent bien leurs tâches, ils préfèrent apprendre un métier et aller travailler dans les champs de pétrole où les salaires sont meilleurs, ajoute M. Champagne. Nous avons essayé d’offrir un salaire plus élevé pour les emplois sans qualification et même des primes associées aux années de service, mais rien n’a fonctionné. » Il y a environ six ans, M. Champagne a donc décidé de se rabattre sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires pour trouver des employés. Il a alors entrepris le long et coûteux processus de demande. Il a aussi payé des recruteurs pour trouver les bons candidats à l’étranger, payé les billets d’avion pour faire venir les travailleurs en Alberta et trouvé un endroit où les loger. Il n’a toutefois pas regretté sa décision quand il les a vus à l’œuvre dans son usine. « Ils travaillent dur, apprécient l’opportunité qu’ils ont et, surtout, ils restent », continue M. Champagne. Selon ce dernier, ses travailleurs étrangers se sont bien intégrés Portrait d’un travailleur étranger : Rey Rey Gonjales a dû partir travailler à l’étranger pour améliorer ses conditions de vie. Marié et père de deux jeunes garçons, Rey devait constamment se battre pour survivre dans son pays natal, les Philippines, où il n’avait pas beaucoup d’espoirs. « J’ai été soudeur pendant six ans dans mon pays et ma femme travaillait pour la municipalité, mais on n’arrivait pas à joindre les deux bouts. Nous n’avions jamais assez d’argent pour nourrir et habiller nos enfants. C’est dur de voir ses enfants avoir faim », avoue Rey. Mais tout cela doit lui paraître bien loin maintenant. En effet, cela fait cinq ans que Rey travaille chez Eco-Flex MD Recycled Rubber Solutions à Legal, en Alberta. Il a commencé dans cette entreprise comme manœuvre grâce au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) et est à présent superviseur de la production. Rey est retourné deux fois voir sa famille, mais il a hâte qu’elle vienne le rejoindre au Canada. Il espère que la demande d’immigration qu’il a faite grâce au Programme des candidats des provinces sera acceptée bientôt. Rey a aussi travaillé dans une usine à Taïwan, mais il trouve qu’au Canada, la sécurité au travail est beaucoup mieux et que le niveau de vie des travailleurs est plus intéressant. « La vie est meilleure au Canada. J’adore travailler et vivre ici », affirme-t-il.
  • 5. dans leur nouvel environnement. Ils ont rapidement appris la langue, se sont inscrits à des clubs et, en peu de temps, sont devenus des citoyens à part entière de Legal. Ses employés canadiens sont tout aussi enchantés de la présence de leurs confrères d’outre-mer. Comme la productivité a augmenté de 20 % depuis leur arrivée, M. Champagne a pu offrir des augmentations de salaire à tout le monde et a même embauché plus de travailleurs canadiens. « Bien utilisé, le Programme des travailleurs étrangers temporaires n’enlève pas d’emplois aux Canadiens. Dans les faits, il permet plutôt d’en créer », dit M. Champagne. Le problème maintenant, c’est qu’il aurait bien besoin de sept ou huit travailleurs étrangers supplémentaires. Il estime qu’il perd environ 150 000 $ en revenus par semaine en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Depuis janvier, il s’affaire à remplir toutes les formalités requises, mais avec les récents changements qui restreignent l’utilisation du Programme, personne ne peut prédire quand il pourra accueillir ces nouveaux travailleurs dont il a tant besoin. « Je ne sais pas comment les choses se passent ailleurs au pays, mais en ce moment, ici à Legal, je devrai peut-être fermer mon entreprise si je ne peux plus embaucher de travailleurs étrangers. Quelles que soient leurs raisons, les Canadiens ne veulent pas ces emplois ou alors ils ne restent pas. Je dépends donc des travailleurs étrangers temporaires et je ne vois pas d’autres solutions à court terme », conclut M. Champagne. ...après que nous ayons investi dans la formation des travailleurs Canadiens et qu’ils maîtrisent bien leurs tâches, ils préfèrent apprendre un métier et aller travailler dans les champs de pétrole où les salaires sont meilleurs...
  • 6. Parfois, à Vancouver, trouver la perle rare ne suffit pas Si on s’accorde pour dire qu’une micro-entreprise compte moins de dix personnes, Silvie Ferguson, de Vancouver, est alors propriétaire de la plus micro des micro-entreprises. Son travail consiste à donner des cours d’art dramatique à des acteurs de la télévision et du cinéma. Elle a besoin de quelqu’un pour l’aider à gérer le bureau, s’occuper du système informatique et donner quelques cours. Comme c’est très souvent le cas avec les très petites entreprises, leurs besoins ne correspondent pas toujours à une catégorie d’emploi bien définie. Silvie, elle, avait besoin de quelqu’un qui puisse être à la fois commis de bureau, préposé au soutien technique et professeur d’art dramatique. Pendant plusieurs années, elle a embauché des employés à temps partiel, confié une partie du travail à d’onéreux consultants et fait le reste elle-même. Puis un jour, elle a embauché un homme à tout faire, un Canadien qui semblait répondre à la plupart de ses besoins, jusqu’à ce qu’il parte sans préavis en dépouillant son entreprise de milliers de dollars. Alors, quand Roger, un Australien, a postulé, Silvie espérait avoir trouvé la personne idéale. Selon son CV, il avait toutes les compétences qu’elle recherchait. Roger était au Canada avec un visa vacances-travail, avait déjà travaillé dans un bureau et avait une expérience d’acteur. Après seulement quelques mois, Silvie était certaine d’avoir déniché la perle rare. Roger, de son côté, ne voulait pas retourner en Australie après l’expiration de son visa. « Roger est censé être exactement le genre de personne que le Canada recherche : il est jeune, talentueux, parle anglais et est très instruit, dit Mme Ferguson. En plus, il correspond parfaitement aux besoins de mon entreprise. Mais, rien de tout cela n’a semblé compter pour le gouvernement. » Silvie a demandé un avis relatif au marché du travail (AMT) et aidé Roger avec sa demande de visa de travail. Elle croyait alors qu’il ne s’agissait que d’une simple formalité puisque Roger travaillait déjà pour elle.
  • 7. (L’employeur doit obtenir un avis relatif au marché du travail favorable avant que le travailleur fasse une demande de permis de travail.) Elle a cependant appris qu’elle devait tout d’abord afficher le poste à l’échelle du Canada et étudier les candidatures de Canadiens. Elle a donc respecté toutes les exigences, reçu des CV, fait des entrevues pour découvrir ce qu’elle savait déjà en fait : la personne qu’elle recherchait était vraiment difficile à trouver. Son avis relatif au marché du travail a été rejeté trois fois. À la fin, juste avant d’approuver sa demande, les fonctionnaires ont exigé qu’elle augmente le salaire de Roger afin qu’il concorde avec ce qu’ils considéraient comme le « taux en vigueur ». « Je crois que pour calculer ce taux, Service Canada a tout simplement additionné le salaire d’un professeur d’art dramatique et celui d’un gestionnaire de bureau, ajoute Mme Ferguson. Cela représentait une somme beaucoup plus élevée que celle que je payais auparavant. En fait, c’était plus que ce que je gagnais moi-même. » Elle a tout de même accepté de hausser le salaire de Roger. Après un an, Silvie était toujours convaincue d’avoir trouvé la personne idéale. Mais voilà, la perspective de devoir recommencer le processus d’embauche d’un travailleur étranger se dressait de nouveau devant elle. Elle s’en sentait tout simplement incapable. Elle voulait garder Roger, mais toutes les démarches avaient déjà pesé lourd sur son entreprise et sa santé. Ce fut donc la fin de ce partenariat plus que parfait. Pendant son séjour à Vancouver, Roger s’est créé un réseau de contacts. Il a ainsi pu trouver un emploi au sein d’une entreprise beaucoup plus grande. Celle-ci, fait à noter, a eu peu d’obstacles à surmonter pour obtenir un AMT et faire approuver le permis de travail. Silvie, quant à elle, se débrouille comme elle peut avec des employés à temps partiel et des consultants. Elle sait toutefois que les choses pourraient aller beaucoup mieux et ne peut que déplorer cette bureaucratie qui met trop souvent des bâtons dans les roues des petites entreprises. Roger est censé être exactement le genre de personne que le Canada recherche : il est jeune, talentueux, parle anglais et est très instruit.
  • 8. Il aura fallu 5 ans à une PME d’une banlieue québécoise pour trouver l’employé idéal Pour qu’un système économique soit efficace, il doit permettre de répondre rapidement aux besoins en facilitant l’adéquation entre l’offre et la demande, notamment entre les vendeurs et les acheteurs et entre les employeurs et les travailleurs. Dans le secteur de la haute technologie, il est plus compliqué et plus complexe d’établir de telles correspondances. Les besoins sont effectivement plus spécifiques, et les gens qui possèdent les compétences ainsi que l’expérience qui conviennent sont plus durs à trouver. Patrick Millard a passé de nombreuses années à essayer de réunir les bonnes personnes pour son équipe de développement de produits de Groupe Millobit, une petite entreprise de quinze employés située à Laval, au Québec. Groupe Millobit est un chef de file dans la conception de logiciels pour l’industrie du camionnage. « Quand vous êtes propriétaire d’une entreprise qui développe des produits novateurs, il est important d’avoir plusieurs points de vue différents, affirme Patrick Millard. Les programmeurs canadiens que nous employons sont excellents, mais ils ont une façon de faire bien de chez nous. Il est parfois utile d’avoir une nouvelle vision des choses. »
  • 9. Mais, évidemment, ce n’est jamais facile pour les petites entreprises. Millobit a mis une annonce dans la région pour rechercher un développeur ayant des qualifications particulières. L’entreprise souhaitait également que cette personne soit capable d’assurer des rendez-vous en anglais et en français avec les clients, et de rédiger des manuels et de la documentation sur les produits. « Dans les grandes entreprises, il y a une personne chargée de rencontrer les clients, une autre qui s’occupe d’écrire le code et une troisième qui rédige le manuel, fait remarquer M. Millard. Chez nous, c’est une seule et même personne qui fait tout ça, et il s’avère que c’est un Français. » Patrick Millard et son associé ont cherché pendant des années à combler ce poste, mais peu de candidats les ont contactés, et encore moins des gens compétents. Ils ont donc décidé de faire appel au Programme des travailleurs étrangers temporaires. « Très franchement, ça fait un peu peur au début parce qu’on doit se fier uniquement à un CV. Mais cela fait maintenant un an que Luc travaille avec nous, et il est parfait. Il a donné un nouveau souffle à toute l’équipe et nous a permis de faire des choses impossibles avant. » Toutefois, le Programme des travailleurs étrangers temporaires n’a pas été sans difficulté pour Millobit Group. Outre le risque que le fait de recruter un étranger a représenté, l’entreprise doit payer très cher, notamment à cause d’une décision du gouvernement obligeant Millobit à verser à Luc un salaire supérieur à un Canadien ayant la même expérience. « Les normes salariales sont en fonction de ce que les grandes entreprises paient. Nous n’avons jamais pu offrir des salaires équivalant à ce qu’elles offrent. Nous n’en avons pas les moyens. Les gens qui travaillent chez nous pourraient probablement gagner plus au gouvernement ou dans des grandes entreprises, mais ce que la plupart d’entre eux aiment ici, c’est le défi, le milieu de travail et les gens avec qui ils sont amenés à travailler. » Les délais sont également un problème. De nos jours, vu les changements rapides qui caractérisent le secteur de l’informatique, on ne peut pas se permettre d’attendre quatre, six ou dix mois pour trouver la personne idéale. Patrick Millard dit qu’un système de travailleurs étrangers temporaires est vital pour une entreprise comme la sienne parce qu’elle doit être en mesure de s’adapter rapidement à l’évolution du marché. « Si vous vendez du jus d’orange et que ça vous prend cinq mois pour trouver des oranges, vous n’allez pas survivre. Personnellement, j’ai besoin des bonnes personnes au bon moment. Si ces travailleurs sont canadiens, tant mieux, mais si ce n’est pas le cas, mon entreprise doit être suffisamment souple pour trouver des employés non canadiens. » Malgré toutes ces difficultés, Luc est heureux chez Millobit où il fait vraiment partie de l’équipe. Il a permis à Millobit Group d’entreprendre des projets qui n’étaient pas à sa portée avant. Ces projets donnent une sécurité d’emploi aux développeurs canadiens qui travaillent là et créeront peut-être même de nouveaux débouchés pour d’autres Canadiens quand l’entreprise prendra de l’ampleur. Personnellement, j’ai besoin des bonnes personnes au bon moment. Si ces travailleurs sont canadiens, tant mieux, mais si ce n’est pas le cas, mon entreprise doit être suffisamment souple pour trouver des employés non canadiens.
  • 10. À Fernie, en C.-B., les ressources naturelles abondent et la main-d’œuvre se fait rare Fernie, en Colombie-Britannique, est une petite ville de ski nichée au sein des majestueuses montagnes Rocheuses, entre Cranbrook et Lethbridge, à environ 50 km de la frontière avec l’Alberta. Elle est, pour ses 5 500 habitants, un endroit merveilleux où vivre et travailler. On y trouve une profusion d’emplois dans le secteur minier et celui du tourisme. La mine de charbon, près de Sparwood, est l’employeur de prédilection de la région. Elle compte quelque 4 000 travailleurs et offre, pour des postes au bas de l’échelle, 25 $ l’heure, parfois plus. Ceux que le travail de la mine n’attire pas trouvent leur compte dans le secteur de l’hébergement où de nombreux hôtels et restaurants sont toujours à la recherche de personnel. Ken Daimler, propriétaire de deux restaurants à service rapide dont l’un se trouve à Fernie, est ainsi coincé entre le marteau et l’enclume lorsqu’il essaie de recruter et retenir des travailleurs fiables dans cette ville. « Je connais les deux côtés de la médaille, explique-t-il. Cranbrook, où est situé mon autre restaurant, est une ville plus populeuse où le secteur des ressources est peu présent. Je n’ai donc pas vraiment de problème de recrutement. » M. Daimler, comme tant d’autres propriétaires d’entreprise qui ont dû se rabattre sur les travailleurs étrangers pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, dit que plusieurs facteurs expliquent la difficulté à trouver de bons employés. « Être situé près d’où habitent les travailleurs est certainement un facteur. La présence des secteurs des mines et du tourisme joue aussi un rôle crucial. Le fait est que les mines embauchent continuellement et, dans les restaurants, les travailleurs ont la possibilité de gonfler leurs revenus avec les pourboires. C’est difficile d’offrir mieux. » M. Daimler exploite son restaurant de Cranbrook depuis 24 ans et n’a jamais eu besoin de l’aide de travailleurs étrangers. Il y a dix ans, lorsqu’il a ouvert un deuxième restaurant à Fernie, les employés ne manquaient pas. Cependant, avec la mine qui a pris de l’ampleur, une pénurie de main-d’œuvre s’est installée. « J’ai besoin de 40 personnes pour faire tourner mon restaurant à plein régime, affirme-t-il et, en ce moment, je n’ai que 25 employés. En plus, le roulement du personnel, comme c’est souvent le cas dans la restauration, est très élevé. »
  • 11. « Nous sommes constamment en mode embauche. Nous avons fait des pieds et des mains, surtout à Fernie, pour être certains d’avoir fait appel à tous les travailleurs compétents du coin. Nos postes sont affichés en tout temps sur Guichet emplois, Kijiji, WorkBC, etc. Nous avons organisé des foires de l’emploi, parrainé des activités à l’école secondaire, offert des primes à nos employés pour nous recommander des amis et même augmenté les salaires de départ. Nous avons tout essayé, mais ce n’est pas suffisant », dit M. Daimler. Il y a six ans, il a alors pris la décision d’avoir recours à quelques travailleurs étrangers. Après avoir répondu aux innombrables exigences administratives du Programme des travailleurs étrangers temporaires, il a finalement accueilli quatre Mexicains. L’expérience a tout simplement été extrêmement positive. Depuis, trois d’entre eux ont obtenu leur statut de résidents permanents grâce au programme de candidats provincial et travaillent toujours pour M. Daimler. Un de ces travailleurs a même été promu gérant. « Je n’ai jamais eu de problème avec mes travailleurs étrangers temporaires. Ils sont durs à la tâche, ils s’entendent bien avec tous leurs collègues et restent plus longtemps que mes autres employés », ajoute M. Daimler. Depuis, trois autres travailleurs étrangers des Philippines ont rejoint les rangs de son personnel et le processus est enclenché pour en faire venir sept de plus du Belize. Il devra cependant attendre au moins sept mois pour les voir franchir la porte de son restaurant. « C’est frustrant, dit-il. Dans les médias, on nous montre des grandes entreprises qui, apparemment, ont utilisé le Programme des travailleurs étrangers temporaires pour remplacer des travailleurs canadiens, mais nous savons bien que cette situation est très loin de la réalité des PME. Ici, aucun Canadien ne réclame mes emplois. Ce qu’ils veulent plutôt, les Canadiens, c’est que j’allonge mes heures d’ouverture. Mais je ne peux pas faire ça en ce moment parce que je n’ai tout simplement pas le personnel nécessaire. » Nous avons fait des pieds et des mains pour être certains d’avoir fait appel à tous les travailleurs compétents du coin. Nous avons tout essayé, mais ce n’est pas suffisant.
  • 12. Winnie l’Ourson et les travailleurs étrangers temporaires dans le nord de l’Ontario Si jamais vous passez à White River, en Ontario, vous pourrez visiter le parc Winnie-the-Pooh. Tous les ans, pendant une semaine au mois d’août, on y commémore les origines de ce personnage très connu de la littérature enfantine. En fait, cet ourson doit son nom à un vrai ours noir acheté à White River pendant la Première Guerre mondiale par un soldat en route pour l’Angleterre. Cet ours, qui portait le nom de la ville natale de ce soldat, Winnipeg (« Winnie » comme diminutif), est devenu par la suite l’une des coqueluches des visiteurs du zoo de Londres, dont le jeune fils de l’écrivain A.A. Milne. Juste en face du parc se trouve le White River Motel, moins connu que Winnie, mais tout aussi vital pour la ville. Ce motel, ouvert toute l’année, compte 29 chambres propres et confortables et sept petits chalets avec services pour les gens qui viennent à White River dans le but de pêcher, faire de la motoneige, de la randonnée ou peut-être plonger dans l’histoire de ce célèbre ourson. Jeanne Morgan, propriétaire et gérante du motel, mène ses activités malgré la pénurie de main-d’œuvre qui l’afflige depuis ces sept dernières années.
  • 13. « Winnie l’Ourson et moi, on est très proche, vu qu’il se trouve devant chez moi. Vous pouvez m’appeler “Jeanne, la Grande Ourse mal léchée”, dit-elle en ne plaisantant qu’à moitié. En effet, je gère en ce moment un motel de 29 chambres avec environ un tiers du personnel qu’il me faudrait pour bien fonctionner. » Mme Morgan explique que le problème est tout autant géographique qu’économique. « Le principal employeur de White River a été pendant longtemps la scierie, mais elle a fermé ses portes en 2007, fait-elle remarquer. Après, la population est passée de 1 200 habitants environ à 500, et il s’agit pour la plupart de personnes âgées. Il n’y a pas vraiment grand monde dans le coin que nous puissions embaucher parce que la ville la plus proche est à une heure de route. » C’est alors que le White River Motel s’est tourné vers le Programme des travailleurs étrangers temporaires. « En 2007, nous avons employé des travailleurs étrangers temporaires du Mexique, précise Mme Morgan. Mais en 2008, notre demande a été rejetée vu qu’il y avait apparemment trop de gens de White River sur le chômage. Mais comme aucun de ces chômeurs n’a postulé chez nous, nous avons dû travailler avec un minimum d’employés originaires du coin entre 2008 et 2010. Nous avons survécu, car les affaires tournaient au ralenti à cause de la récession. Cependant, quand l’économie a repris de la vigueur en 2011, nous avons vraiment eu besoin de main-d’œuvre, mais en trouver sur place a été un véritable parcours du combattant. » En 2011 et en 2012, le gouvernement a approuvé ses demandes de permis de travail en moins de cinq semaines. Mais cette année, la procédure a pris plus de douze semaines. La situation a été pénible parce que Mme Morgan a dû s’occuper du ménage du printemps avec un minimum de personnel alors que son motel était plein. Ils travaillent fort, sont heureux d’avoir un emploi et ont toujours le sourire aux lèvres. En ce moment, le personnel local que j’ai est épuisé et surmené. Je ferais tout pour avoir l’aide dont j’ai besoin parce que notre situation est très précaire.
  • 14. « C’est injuste pour moi, mais surtout, pour mes employés, car je ne peux pas me permettre de leur laisser prendre une journée de congé quand ils en ont vraiment besoin. La gestionnaire du bureau a dû faire les lits et le ménage dans les chambres et moi, j’ai été obligée de faire la lessive bien souvent. Cela veut dire qu’on doit délaisser le travail administratif. J’ai une infection rénale depuis quelque temps, et je ne peux pas prendre une seule journée de congé. C’est vraiment n’importe quoi », déplore Mme Morgan. Mme Morgan est ravie des travailleurs étrangers temporaires qu’elle a pu embaucher au fil du temps. « J’ai eu l’occasion de recruter des Mexicains et des Jamaïcains. Ils travaillent fort, sont heureux d’avoir un emploi et ont toujours le sourire aux lèvres. En ce moment, le personnel local que j’ai est épuisé et surmené. Je ferais tout pour avoir l’aide dont j’ai besoin parce que notre situation est très précaire », déclare-t-elle. Quand on lui demande si elle pense que les travailleurs étrangers temporaires prennent le travail des Canadiens, elle rigole : « Ce n’est certainement pas le cas à White River. Amenez-moi un Canadien qui est prêt à travailler ici et je l’embauche sur-le-champ! Vous croyez que payer tous les coûts nécessaires pour embaucher des étrangers m’enchante? Je dois payer leurs billets d’avion, mais aussi le déplacement entre Thunder Bay et ici (il y a 400 kilomètres), l’assurance-maladie et l’hébergement. Si des Canadiens souhaitaient travailler pour moi, on n’aurait même pas besoin d’avoir cette conversation. » Mme Morgan a soumis trois nouvelles demandes d’avis relatifs au marché du travail (AMT) et une demande de prolongation d’un AMT. Mais comme la procédure du PTET nouvellement revue risque d’être plus compliquée et plus coûteuse pour les PME, Mme Morgans’inquiète pour son entreprise : « Je me demande si le gouvernement n’est pas en train de me mettre des bâtons dans les roues. J’ai effectivement de plus en plus de mal à maintenir les emplois de mes travailleurs canadiens. Pourtant, le gouvernement est censé protéger ces emplois et non pas pousser les petites entreprises à mettre la clé sous la porte… » Comme le dit Winnie l’Ourson : « Oh la barbe! » Amenez-moi un Canadien qui est prêt à travailler ici et je l’embauche sur-le-champ! Vous croyez que payer tous les coûts nécessaires pour embaucher des étrangers m’enchante? Je dois payer leurs billets d’avion, mais aussi le déplacement entre Thunder Bay et ici (il y a 400 kilomètres), l’assurance-maladie et l’hébergement. Si des Canadiens souhaitaient travailler pour moi, on n’aurait même pas besoin d’avoir cette conversation.
  • 15. Pour certaines personnes, les emplois que nous offrons ne sont qu’une solution temporaire. En plus, dernièrement, de nombreux travailleurs de la province s’exilent en Alberta et en Saskatchewan où les emplois dans le secteur des ressources naturelles sont plus payants. Des travailleurs de l’industrie du vêtement de la N.-É. bénéficient du PTET À Stellarton, petite ville du nord de la Nouvelle-Écosse de 4 700 habitants, WearWell Garment et sa centaine d’employés fabriquent des vêtements de travail et des vêtements spécialisés. L’entreprise vend sa production à des entreprises partout au Canada. Stirling MacLean, propriétaire et président de l’entreprise, fait remarquer qu’à une époque, on trouvait assez facilement des travailleurs ayant de l’expérience dans la fabrication de vêtements. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. « Lorsque nous embauchons un nouvel employé, nous savons qu’il faudra le former entièrement, continue-t-il. Un travailleur peut prendre de six mois à un an avant de connaître toutes les ficelles du métier et d’être suffisamment rodé pour assurer sa propre réussite et celle de l’entreprise. » Chez WearWell Garment, les opérateurs de machine débutent avec un salaire à l’heure. Mais ils sont ensuite payés à la pièce, ce qui est beaucoup plus avantageux pour le travailleur, selon M. MacLean. « Lorsque ces employés maîtrisent bien leurs tâches, ils ne veulent pas revenir en arrière, ajoute-t-il. Ils gagnent beaucoup plus quand ils sont payés à la pièce. »
  • 16. Depuis ces dernières années, le roulement des employés déjà formés est très élevé et c’est un problème pour WearWell Garments. « Pour certaines personnes, les emplois que nous offrons ne sont qu’une solution temporaire. En plus, depuis quelque temps, de nombreux travailleurs de la province s’exilent en Alberta et en Saskatchewan où les emplois dans le secteur des ressources naturelles sont plus payants », ajoute M. MacLean. Mais voilà : former un employé prend beaucoup de temps et M. MacLean ne peut tout simplement pas se permettre d’en former continuellement de nouveaux qui partiront à leur tour au bout d’un an. En 2011, l’entreprise a embauché trois travailleurs étrangers des Philippines comme opérateurs de machine. Depuis, huit autres travailleurs ont suivi le même chemin. Ces onze personnes travaillent toujours pour l’entreprise et ont fait une demande de résidence permanente en vertu du programme de candidats de la province. Pour M. MacLean, ce sont de véritables « cadeaux tombés du ciel ». « Nous nous préoccupons de nos employés, c’est pourquoi nous n’avons pas fait les choses à la légère, soutient M. MacLean. Nous avons même soumis notre idée de recruter des travailleurs étrangers à nos employés canadiens qui l’ont appuyée dès le début. Ils ont aussi aidé les travailleurs étrangers à s’installer et ont très bien réagi à leur arrivée. » WearWell Garments est même allée plus loin en établissant trois résidences près de l’usine pour ses travailleurs étrangers et en les aidant avec le processus d’immigration. Les travailleurs étrangers, de leur côté, sont des employés modèles également bien intégrés dans la communauté, certains faisant même du bénévolat à l’église paroissiale. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires est un franc succès. Tout le monde gagne plus maintenant qu’en 2010. « Cette année-là, notre taux d’absentéisme était de 10,8 %; aujourd’hui, il a chuté à 4,9 %. Nos travailleurs étrangers ont une formidable éthique du travail qui est contagieuse. Mais il ne s’agit pas seulement d’eux. Tout le monde met la main à la pâte et les affaires vont bien. » Alors, est-ce que Stirling MacLean songe à embaucher d’autres travailleurs étrangers temporaires? « Probablement pas, conclut-il. Nous avons un avis relatif au marché du travail (AMT) qui a été approuvé pour un travailleur de plus, mais je crois que nous en resterons là ensuite. En ce moment, les choses sont plutôt équilibrées, et en plus, ce n’est pas une mince affaire de faire venir des travailleurs ici. Nous embauchons toujours des gens du coin s’ils postulent, et c’est ce que nous préférons d’ailleurs. Mais si j’avais besoin de plus de travailleurs étrangers, je ferais appel à eux sans aucun doute. Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans ce programme. »
  • 17. Nos travailleurs étrangers ont une formidable éthique du travail qui est contagieuse. Mais il ne s’agit pas seulement d’eux. Tout le monde met la main à la pâte et les affaires vont bien. Portrait d’une travailleuse étrangère : Julieta Il y a deux ans, Julieta est arrivée au Canada avec le statut de travailleuse étrangère temporaire dans l’espoir de pouvoir offrir une vie meilleure à sa fille Ella. Mère célibataire, Julieta n’avait pas beaucoup d’espoirs pour sa fille dans son pays d’origine, les Philippines. « Il est très difficile de trouver du travail dans mon pays, déclare Julieta. Et même quand on travaille, c’est dur de vivre avec le salaire qu’on gagne. » Julieta a sauté sur l’occasion quand elle a vu que la société WearWell Garments, située en Nouvelle-Écosse, recherchait du personnel. « Tout le monde est gentil avec moi dans cette entreprise et c’est très agréable d’y travailler. En plus, ici, on peut réussir si on travaille fort », déclare-t-elle. Julieta a déjà travaillé dans l’industrie du vêtement au Japon, mais elle dit préférer de loin le Canada : « Chaque fois que je vais à l’église, je remercie Dieu de m’avoir permis de venir ici. » Julieta compte demander la résidence permanente parce qu’elle aimerait rester au Canada et y faire venir sa fille par la suite. Pour l’instant, Julieta envoie de l’argent à Ella pour qu’elle puisse aller dans une bonne école dans son pays. « Même si ma fille n’est pas ici avec moi, l’argent que je gagne chez WearWell Garments fait une grande différence dans sa vie, et j’en suis très reconnaissante », conclut-elle.
  • 18. La FCEI est le plus grand groupement de petites et moyennes entreprises du Canada, comptant 109 000 membres dans tous les secteurs et toutes les régions. Les histoires présentées dans ce recueil sont celles de membres de la FCEI propriétaires de PME. Je remercie sincèrement les chefs de petites entreprises et leurs employés qui travaillent fort d’avoir pris le temps de nous faire part de leurs histoires. Votre contribution fait une différence. Dan Kelly Président et chef de la direction FCEI