3. Le dimanche 7 novembre 1434, le duc de
Savoie Amédée VIII prend officiellement
possession de cet original bâtiment (en
cours de construction) de 104 m de longueur
flanqué de 7 tours circulaires – mais
distinctes l’une de l’autre – disposant
chacune d‘une sorte d’appartement.
Il est destiné à la retraite de 7
« chevaliers-ermites » - respectant les
statuts d’un ordre dénommé « Ordre des
chevaliers de Saint-Maurice » - dont le
doyen fondateur est le duc lui-même qui,
s’il a nommé son fils Louis lieutenant
général de ses Etats, a conservé néanmoins
son titre de duc et certaines de ses
prérogatives !
Il sera obligé de quitter et Ripaille et son
titre en 1439 lorsqu’il sera élu pape sous le
nom de Félix V par le concile de Bâle (en
réalité antipape car Eugène IV règne à Rome…).
4. La « bizarrerie » d’Amédée connaît beaucoup de vicissitudes après son départ
A la fin du XVIe siècle, devenue place-forte, elle est en partie détruite par les Genevois
L’ensemble des bâtiments de Ripaille est occupé par l’Ordre des chartreux (1623-1793)
A partir de 1892 elle est restaurée par un riche industriel alsacien, F. Engel-Gros.
5.
6.
7. A l’est du château un prieuré avec son église a été fondé par Amédée VIII en 1410. Voué à St
Maurice, la règle des chanoines sera celle en usage à l’abbaye de St-Maurice d’Agaune
8. C’est à l’initiative du Comte Vert, Amédée VI (1334-1383) et de son épouse Bonne de Bourbon (1341-1403) que
le site de Ripaille est devenu un lieu privilégié de résidence des princes de Savoie…
9. …ce sont les grands-parents du fameux mais déconcertant Amédée VIII,
comte (1391) puis duc (1416) puis pape (1439) puis évêque (1449) et « légat et nonce
perpétuel en certaines provinces de l’Italie, France et Allemagne » !
11. A propos du dicton « Faire ripaille »…
Le mot « ripaille » apparaît dans un vers de l’Histoire de Guillaume le Maréchal écrit au début
du XIIIe qui retrace l’épopée du « meilleur chevalier du monde » :
…Beaucoup y trouvèrent rispaille, quantité de vin et de victuailles…
L’interprétation actuelle est due – en grande partie - à la « mauvaise langue » de Voltaire
dans son épître sur le lac de Genève :
Au bord de cette mer où s’égarent mes yeux,
Ripaille, je te vois, O bizarre Amédée !
De quels caprices ambitieux ton âme fut-elle obsédée ?
Duc, ermite et voluptueux,
Ah ! Pourquoi t’échapper de ta douce carrière ?
Comment as-tu quitté ces bords délicieux,
Ta cellule et ton vin, ta maîtresse et tes jeux
Pour aller disputer la barque de Saint Pierre ?
Que valent les propos d’un philosophe lorsqu’il sort de son domaine de compétence ?
Comment peut-il comprendre, lui un athée désabusé, la foi d’un personnage aussi vertueux ?
A mon avis il y a eu, au fil du temps, confusion entre les chanoines du prieuré St Maurice et
les chevaliers de l’Ordre de St Maurice.
Les premiers ont eu la réputation d’aimer la bonne chère (…des mets d’une délicatesse exquise
étaient servis à leur table…) par contre la table des seconds …semble avoir été d’un luxe modéré… à
l’image d’ailleurs, de celle des princes de Savoie à la fin du XIVe et au début du XVe.
Ainsi durant le court séjour d’Amédée dans son ermitage de Ripaille il n’y a pas eu de
« bombances » qui pourraient donner raison aux partisans du fameux dicton.
13. Par sa position stratégique le village est fortifié dès le XIIe siècle
Aujourd’hui, interdit à la circulation, c’est un des plus beaux villages de France
24. … et l’atelier de sculpture de Marguerite Peltzer (1898-1991)
25. Bâtie au XIIe mais restaurée au XVIIe l’église Saint-Hippolyte est de style baroque
26.
27. L’église Saint-Hippolyte a la particularité d’être accolée à un autre édifice religieux :
La basilique Saint-François-de-Salles de style néo-classique bâtie au XXe …qui était fermée
28. Le château médiéval chargé de l’histoire des « illustres Amédée » a été démoli au XVIe
Celui-ci, au bord du lac, est une ancienne maison forte construite au XIVe
29.
30. … Le lac a été parcouru en tout sens autrefois, quand il y avait les comtes de Savoie. Vous nous
envoyiez votre bois, nous, notre fromage et notre vin. Il n’y avait pas encore, à mi-chemin entre ses
rives, une frontière, ni les empêchements de toutes sortes qu’elle suppose, qui sont allés en se
compliquant… D’ailleurs, qu’est-ce qu’une frontière au milieu d’un lac ? L’eau bouge, c’est ridicule…
Une grande circulation de barques marchandes, et puis des embarcations de plaisance, du temps
que la comtesse partait au large du château de Chillon. Il y avait encore des galères…
Je regarde tout le temps le Rhône.
Ici à présent est son berceau : je regarde bouger le berceau, avec ses rives en bordure.
La savoyarde, la vaudoise.
Je regarde bouger le berceau entre les deux rives rejointes du bout qui donnent au berceau sa
forme, et inégalement elles sont mises en vis-à-vis.
L’ouvrage n’est pas tellement régulier qu’il ennuie, le bon ouvrier n’ennuie pas, le bon ouvrier ne fait
pas trop égal, le bon ouvrier s’amuse à des différences.
La savoyarde, la vaudoise…
Textes du poète-romancier vaudois Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947)
33. Abbaye fondée en 1140, à la place d’un ancien prieuré, par des chanoines augustins.
Ils sont remplacés par des moines feuillants (cisterciens) en 1606. Fermée en 1761.
34. Construite à partir de 1275 l’église Notre-Dame de l’Assomption est de style gothique à
l’origine. Suite à des incendies (1440,1633,1728) elle a été profondément remaniée.
Les peintures et statues en trompe-l’œil sont du XIXe
35. Le cloître gothique (vers 1350) est célèbre par ses peintures murales du
milieu du XVe représentant des scènes de la vie de la Vierge Marie…
dans un décor savoyard !
42. L’abbaye d’Aulps a été fondée vers 1100, affiliée à Clairvaux en 1135
Les vestiges de son abbatiale sont impressionnants (moins que Jumièges cependant)
En 1825, les habitants du village ont eu « l’excellente idée » de la démolir
pour reconstruire leur église paroissiale… Ah, les braves gens !