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IMPACT DES VIOLENCES SEXUELLES
DE L’ENFANCE À L’ÂGE ADULTE
LES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE - MARS 2015
LAURE SALMONA - CHARGÉE DE MISSION
L’ENQUÊTE
GENÈSE
• L’importance de recueillir des données sur le parcours des
victimes de violences sexuelles
“ ce type de violence est resté longtemps sous estimé malgré son ampleur.
Le déni a fonctionné de manière efficace jusqu’à ces toutes dernières années.
Les violences faites aux femmes constituent pourtant une véritable pandémie
qui concerne toutes les sociétés, toutes les cultures, toutes les couches
sociales. Elles se reproduisent d’une génération à l’autre et constituent une
part importante de la violence sociale. Elles ne doivent pas seulement être
abordées sous un aspect social, légal, voire anthropologique, mais doivent
également être considérées comme un fléau de santé publique ”
Jacques Lebas - 2005
L’ENQUÊTE
MÉTHODOLOGIE
• Une enquête conduite auprès des victimes : une grande première
• 1214 répondant-e-s
• 184 questions, dont 122 fermées et 62 ouvertes
• Auto-administration par ordinateur
• Précautions de traitement et d’analyse
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
QUI SONT LES RÉPONDANT-E-S
• 95% de femmes (1153), 5% d’hommes
(61)
• Âgé-e-s de 15 à 72 ans, les tranches d’âge
les plus représentées sont les 25-44 ans
• 49% en activité et 25% en situation de
précarité (chômage, RSA, arrêt maladie,
invalidité)
• La proportion d’hommes en situation de
précarité est de 31%
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
LES VIOLENCES SEXUELLES SUBIES
• Parmi les victimes d’inceste 58%
ont été victimes de viol.
• Les victimes de violences sexuelles
à la fois en tant que mineur-e-s et
en tant qu’adultes sont 81% à
avoir subi au moins un viol.
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
LES ENFANTS SONT LES PRINCIPALES VICTIMES
• 80% des femmes et 90% des
hommes interrogé-e-s rapportent
avoir subi les premières violences
sexuelles avant 18 ans
• 81% des répondant-e-s avant
18 ans, 51% avant 11 ans et
21% avant 6 ans
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
LES ENFANTS SONT LES PRINCIPALES VICTIMES
• En 2006 l’enquête CSF (Contexte de la sexualité en France) rapportait
que : 59% de femmes et 67% d’hommes victimes de violences
sexuelles ont subi les premiers « rapports forcés ou tentatives de
rapports forcés » avant l’âge de 18 ans .
• L’enquête CSF indique par ailleurs que les « attouchements » se
produisent dans la majorité des cas pendant l’enfance et l’adolescence
et que : « 50% des femmes concernées ont subi ces attouchements
avant l’âge de 10 ans et 50% des hommes avant l’âge de 11 ans. »
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
LES AGRESSEURS - VICTIMES MINEURES
• Les agresseurs sont très rarement des
inconnu-e-s
• 70% des agresseurs étaient des
membres de la famille quand les
violences ont eu lieu avant l’âge de 6 ans
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
LES AGRESSEURS - VICTIMES MINEURES
• 24% des agresseurs de mineur-e-s étaient eux-
mêmes mineur-e-s au moment des faits.
• Leur victime avait moins de 10 ans dans 62% des cas.
• Selon un article de Becker et Hunter ces agresseurs
mineurs seraient eux-mêmes victimes de violences
sexuelles dans 40 à 80% des cas *
* BECKER, Judith V., HUNTER, John A., « Understanding and treating child and adolescent
sexual offenders » in Advances in Clinical Child Psychology, 1997, Vol. 19, p. 177-197.
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
LES AGRESSEURS - VICTIME MAJEURES
• 98% des agresseurs sont des hommes
• 77% des agresseurs sont des proches
de la victime
• Seuls 18% des viols sont le fait
d’inconnus.
LES VICTIMES ET
LES VIOLENCES SUBIES
LES AGRESSEURS
Quel que soit l’âge des victimes, les
résultats de l’enquête indiquent que les
sphères familiale et amicale constituent le
contexte le plus favorable aux violences
et le plus grand réservoir d’agresseurs.
LES CONSÉQUENCES
TENTATIVES DE SUICIDE
• 42% des répondant-e-s ont
tenté de se suicider, contre 5,5%
dans la population générale *
• 1 victime de viol en situation
d’inceste sur 2 a fait une
tentative de suicide
• 45% des victimes de violences
sexuelles dans l’enfance ont fait
au moins une tentative de
suicide
* BECK, François, GUIGNARD, Romain, DU ROSCOÄT, Enguerrand, SAÏAS, Thomas, « Tentatives de suicide et pensées
suicidaires en France en 2010 » in Bulletin épidémiologique hebdomadaire, numéro thématique : Suicide et tentatives de
suicide : état des lieux en France, InVS, 13 décembre 2011, n°47-48, p. 488-492, p. 489.
LES CONSÉQUENCES
IMPACT SUR LA VIE
• Un impact important sur la qualité de
vie :
‣ pour 65% des victimes
‣ pour 80% des victimes de violences
sexuelles conjugales
‣ pour 83% des victimes de viol en
situation d’inceste
• Un impact très important sur la vie
affective pour 1 victime sur 2
• 52% des répondant-e-s déclarent un
impact très important sur leur vie
familiale.
LES CONSÉQUENCES
PRÉCARITÉ DES VICTIMES
• des périodes de chômage
sont rapportées par 37%
des répondant-e-s
• Les victimes de violences
sexuelles ont un risque de
se retrouver en situation
de précarité multiplié par
3 par rapport à la
population générale *
* En France, 18,4% de la population est confrontée à la pauvreté et à l’exclusion
Source : Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, Crise économique, marché
du travail et pauvreté, Rapport 2011-2012, ONPES, 2012, p.29.
PROTECTION ET JUSTICE
MESURES DE PROTECTION
• 83% des victimes déclarent n’avoir jamais été protégées
• Parmi les personnes interrogées qui ont porté plainte, 67% n’ont
jamais bénéficié de mesures de protection, et près de 70%
lorsqu’elles étaient mineures au moment des faits
• seules 4% des victimes agressées dans l’enfance rapportent avoir été
prises en charge par l'Aide sociale à l’enfance.
• « [J’aurais eu besoin] d’une prise en charge complète et effective de mon cousin,
qui lui aurait évité de recommencer. [J’aurais eu besoin de] l’acceptation d'une
plainte, plutôt que d'enregistrer seulement "une déposition", car même si nous
étions tous les deux mineurs de moins de 13 ans, il a été en capacité de me violer
à plusieurs reprises. »
PROTECTION ET JUSTICE
MESURES DE PROTECTION
• Les répondant-e-s insistent sur le fait qu’il faudrait
que les professionnel-le-s soient formé-e-s à faire
le lien entre un mal-être persistant et
d’éventuelles violences subies, afin de mieux
dépister les situations de violences sexuelles.
• « [J’aurais eu besoin] que pendant mon enfance, mon
adolescence, les enseignants, par exemple, soient
plus à l'écoute, plus formés et fassent le lien entre
mon mal-être et un danger à la maison... »
PROTECTION ET JUSTICE
LE DÉPÔT DE PLAINTE
• 380 répondant-e-s ont porté plainte, soit 31%
• « J'ai tenté de porter plainte pour le deuxième viol subi à
18 ans par l'homme inconnu, trois jours après les faits,
mais les policiers ont refusé d'enregistrer ma plainte,
mettant en doute ma version des faits, exerçant des
pressions pour que je renonce. »
• Les répondant-e-s portent majoritairement plainte pour
être reconnues comme victimes et empêcher l’agresseur
de faire de nouvelles victimes
PROTECTION ET JUSTICE
LE DÉPÔT DE PLAINTE
• 82% des victimes ont mal vécu leur dépôt de
plainte
• « Enfermer une enfant de 14 ans devant un
représentant de la loi qui la traite de menteuse et
qui lui dit que si elle continue à raconter ce genre
de connerie elle finira en prison est inadmissible…
J'ai pensé au suicide. »
PROTECTION ET JUSTICE
L’ENQUÊTE
• Parmi les 380 répondant-e-s ayant porté plainte, 77% rapportent avoir
mal vécu l’enquête policière, les auditions et la procédure judiciaire.
• « Quant à l'enquête toujours en cours, il faut savoir qu'à ce jour elle n'a
uniquement pour objet que de passer ma vie et ma vie sexuelle au crible.
L'auteur n'a toujours pas été inquiété. »
• « Auditions en gendarmerie traumatisantes. Maltraitance psychologique et
verbale de leur part. Cinq heures d'audition sans pause en essayant de me
faire me contredire ou me dédire, me disant que j'allais briser son couple, sa
vie… Lui n'a été entendu que 40 minutes ! »
• « Pendant la confrontation en gendarmerie ils m'ont laissée seule avec lui
[l’agresseur] dans le bureau pendant dix minutes sans aucune
surveillance… »
PROTECTION ET JUSTICE
LE PROCÈS
• Parmi les victimes qui sont allées jusqu’au procès, 89%
d’entre elles déclarent l’avoir mal vécu
• « La procédure est longue et c'est douloureux de toujours
devoir se répéter sur les faits et donc psychologiquement j'ai
revécu ce viol à chaque fois. Je me suis sentie humiliée à
chaque moment de cette procédure. »
• « Les avocats qui minimisent les faits en disant que c'est sa
parole contre la mienne et que le doute profite à l’accusé. Ça
me révolte. On a l'impression que c'est le violeur la victime. »
PROTECTION ET JUSTICE
UN SENTIMENT D’INJUSTICE
• Les répondant-e-s n’ont pas l’impression que la gravité
des violences sexuelles subies soit reconnue et ont
parfois le sentiment que la justice privilégie les
agresseurs au détriment des victimes.
• « Procédure longue et coûteuse. 3500 euros de frais
d'avocat : seulement 400 euros de remboursés. J'ai payé
plus pour la procédure que ce que j'ai été symboliquement
indemnisée […]. Je ne me sens pas réparée, ni reconnue
victime dans la mesure où cette procédure m’a coûté en
temps, en énergie, etc. »
PROTECTION ET JUSTICE
UN SENTIMENT D’INJUSTICE
• Prescription et correctionnalisation des viols
• 81% des répondant-e-s pensent que la justice n’a
pas joué son rôle
• « Le manque de compétences et la culpabilisation de
la victime sont pour mon expérience systématiques, je
n'ai aucune confiance dans le système. »
• 82% des répondant-e-s estiment ne pas avoir été
protégé-e-s par la justice ou de façon très insuffisante
PROTECTION ET JUSTICE
UN SENTIMENT D’INJUSTICE
• les répondant-e-s qui ont
affirmé qu’ils ou elles ne
s’étaient pas senti-e-s
reconnu-e-s comme victimes
par la police et la justice ont
eu plus tendance à tenter de
se suicider que les autres.
• Le parcours judiciaire est vu
comme une « seconde peine »
PROTECTION ET JUSTICE
LE DÉSIR DE RECONNAISSANCE
• Malgré le tableau effrayant qu’elles dressent de la
prise en charge judiciaire des violences sexuelles,
62% des victimes seraient prêtes à porter
plainte à nouveau si c’était à refaire.
• Ce chiffre peut s'expliquer par les motivations
invoquées pour la plainte : l'espoir d'être reconnu-
e comme victime et la préoccupation pour le sort
des autres victimes.
PROTECTION ET JUSTICE
LE DÉSIR DE RECONNAISSANCE
Il ne s’agit donc pas de déconseiller aux
victimes de violences sexuelles d’avoir
recours à la justice mais bien d’améliorer
leur prise en charge et de respecter leurs
droits.
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE
• Plus les violences ont eu lieu
tôt dans la vie et plus les
conséquences sont déclarées
importantes, encore plus
dans le cas d’un inceste
• Cet impact est plus souvent
évalué comme très important
par les hommes que par les
femmes, 64% d’entre eux
contre 54% d’entre elles.
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE
• Les répondant-e-s sont 58% à évaluer
leur souffrance mentale actuelle due
aux violences comme importante
• Et 64% à l’avoir estimée comme
maximale au moment où elle a été la
plus importante.
• Les symptômes associés aux violences
sont multiples
ANXIÉTÉSTRESS FLASH-BACKS
IDÉES SUICIDAIRES DÉPRESSION
PERTE D’ESTIME DE SOI
TROUBLES DU SOMMEILAMNÉSIES
PERTE D’ESPOIR PHOBIES HYPERVIGILANCE
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE
• 10% des victimes rapportent avoir
souffert de « bouffées délirantes » et
16% d’hallucinations (auditives,
olfactives, visuelles, sensitives). Ces
symptômes, qui sont fortement liés à la
réactivation de la mémoire traumatique
peuvent malheureusement conduire les
victimes à une hospitalisation en psychiatrie
et/ou à être diagnostiquées comme
souffrant de troubles psychotiques
• 16% des répondant-e-s rapportent avoir
été hospitalisé-e-s en psychiatrie après les
violences sexuelles subies, plus d’un tiers à
plusieurs reprises et plus d’un tiers sous
contrainte.
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE
• Une anesthésie émotionnelle
est rapportée par plus de
deux tiers (68%) des victimes
• « Complètement. Pour
supporter l'insupportable, il le
fallait bien. Je n'étais plus là.
Je me regardais. C'était moi
que je voyais mais moi j'étais à
l’extérieur. »
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE
• Les victimes de violences sexuelles
présentent fréquemment des troubles
alimentaires et addictifs dans le cadre de
conduites dissociantes.
• Plus d’un tiers (36%) des répondant-e-s
déclarent avoir souffert de troubles
alimentaires anorexiques et 29% de troubles
alimentaires boulimiques.
• 48% des répondant-e-s rapportent
également des conduites addictives (alcool,
tabac, drogues, jeux…) et plus d’un tiers
mentionnent des compulsions sexuelles et
des conduites sexuelles à risques (35%) ainsi
que des conduites auto-agressives (34%).
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE
• L’une des conséquences immédiates
des viols sur la santé des victimes de
sexe féminin est la grossesse.
• 8,5% des victimes sont tombées
enceintes suite à un viol.
• Parmi elles, 40% ont fait une IVG
(interruption volontaire de grossesse),
25% ont mené la grossesse à son
terme, 14% ont fait une fausse couche
spontanée, 5% ont fait une IMG
(interruption médicale de grossesse)
et 3% ont pris une contraception
d’urgence.
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE
DOULEURS CHRONIQUES
FATIGUE CHRONIQUE
FIBROMYALGIE
TROUBLES GASTRO-INTESTINAUX
MIGRAINES
PATHOLOGIES DE L’APPAREIL URO-GÉNITAL
TROUBLES ALIMENTAIRES
CANCERS
MALADIES AUTO-IMMUNES
AFFECTIONS DERMATOLOGIQUES
PAPILLOMAVIRUS
DYSFONCTIONNEMENTS THYROÏDIENS
• les violences sexuelles peuvent
occasionner de nombreuses pathologies,
principalement causées par des perturbations
endocriniennes dues aux niveaux élevés de
stress des victimes, par des phénomènes de
somatisation, par des conduites dissociantes
et à risques adoptées par les victimes pour
s’anesthésier émotionnellement, et
également par des atteintes neurologiques
consécutives au psychotraumatisme.
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE
• Une anesthésie physique est rapportée
par de nombreux-ses répondant-e-s. Plus
d’un tiers des répondant-e-s évoquent un
seuil de résistance accru à la douleur, les
conduisant parfois à laisser évoluer
certaines pathologies pendant un long laps
de temps avant de consulter un médecin.
• « Je ne ressens pas les douleurs physiques
ce qui m'empêche d'entendre les alertes de
santé (péritonite etc.) et a pour
conséquence que les médecins banalisent
toujours mes symptômes. »
• « J’ai pu marcher avec une fracture du
fémur pendant 3 semaines. »
CONSÉQUENCES
SUR LA SANTÉ
UN IMPACT TRÈS LOURD
Les conséquences psychotraumatiques des
violences sexuelles ont un impact très lourd sur la
santé des victimes, elles peuvent perdurer des
années, si ce n’est toute la vie en l’absence de
dépistage et de prise en charge.
Il est absolument indispensable que les victimes de
violences bénéficient de soins adaptés.
PRISE EN CHARGE PAR LES
PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ
LA PRISE EN CHARGE EN URGENCE
• Elle est loin d’avoir été systématique, plus de trois
quarts des répondant-e-s déplorent n’avoir reçu aucune
prise en charge médicale rapide après les violences.
• Des soins souvent insatisfaisants : 31% des personnes
estiment les soins insuffisants voire maltraitants. Mauvais
accueil, nudité, longue attente sont dénoncés dans les
réponses
• « Je suis restée nue, juste vêtue d'une culotte, toute seule
pendant un très long temps […] dans ce box. J'étais gelée
et terrorisée. »
• « Les soins d'urgence sont nécessaires et capitaux, mais
aussi "humiliants" : observation du corps nu, prélèvements,
photos, mesure des blessures... »
• « Je n'ai vu aucun psychologue, on ne m'a ni soutenue ni
orientée vers quelqu'un d'autre ou vers une association. On
m'a juste renvoyée chez moi. »
PRISE EN CHARGE PAR LES
PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ
LA PRISE EN CHARGE EN URGENCE
• Les examens et les soins
proposés en urgence
sont incomplets
OUI
EXAMEN PHYSIQUE 18 %
PRÉVENTION VIH
(parmi les victimes de viol)
19 %
PRÉVENTION MST
(parmi les victimes de viol)
16 %
CONTRACEPTION D’URGENCE
(parmi les victimes de viol) 16 %
RÉDACTION D’UN
CERTIFICAT MÉDICAL 11 %
EXPLICATIONS SUR LES DROITS ET LES
DÉMARCHES JUDICIAIRES 7 %
RECHERCHE D’IDÉES SUICIDAIRES 5 %
QUESTIONS SUR LE DANGER ENCOURU 3 %
PRISE EN CHARGE PAR LES
PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ
LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE
• Les professionnel-le-s de santé sont des interlocuteurs
privilégiés pour les victimes : les répondant-e-s ont parlé pour
la première fois des violences sexuelles subies à un-e
professionnel-le de santé dans 18% des cas.
• La majorité des réponses soulignent une attitude
bienveillante.
• « La psychanalyste qui m’a écouté a accueilli ma parole dans sa
dimension dramatique avec un courage exemplaire. Elle m’a
soutenu dans mes doutes ».
• 18% des victimes rapportent en revanche des réactions
inappropriées :
• « Dès que j'ai parlé à ma thérapeute, il n'a plus été question que de
la météo pendant les séances suivantes. J'ai arrêté avec elle. »
• « J'en ai parlé à un généraliste qui m'a dit que c'était normal qu'un
garçon de 16 ans joue au docteur avec une fillette de 8 ans. »
PRISE EN CHARGE PAR LES
PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ
LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE
• Plus de la moitié des répondant-e-s ont bénéficié d’un suivi médical et/ou
psychologique.
• Demander des soins et accéder aux soins est difficile pour 62% d’entre
eux/elles.
• 98% des répondant-e-s ont suivi une/des psychothérapie(s), débutant en
moyenne 11 ans après les violences, avec 4 psychothérapeutes différents.
• Les professionnels de santé sont décrits comme insuffisamment formé-e-s :
pour plus d’un tiers des répondant-e-s, il était impossible de trouver des
professionnel-le-s formé-e-s à la prise en charge des violences sexuelles.
• « Si on m’avait expliqué que ces souffrances pouvaient être dues à un
traumatisme, et qu’on m’avait posé des questions avec bienveillance sur
d’éventuels abus sexuels, je pense que j’aurais parlé. »
PRISE EN CHARGE PAR LES
PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ
LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE
• Les professionnel-le-s de santé posent rarement la question des violences :
dans 79% des cas, c’est la victime qui évoque spontanément l’existence de
violences sexuelles.
• Les victimes sont une majorité à s’être confiées à des femmes pour parler des
violences.
• Un quart des répondant-e-s rapportent que les violences subies n’ont jamais été
prises en compte dans le suivi.
• « Il faut savoir relativiser »
• « Cela n’a rien à voir avec votre situation aujourd’hui. »
• « Pour le viol […], le psychiatre a dit qu’il s’agissait plutôt d’un symptôme de mes
troubles bipolaires, en d’autres termes j’en étais responsable et qu’il ne s’agissait
pas d’un viol, mais d’un comportement dangereux de ma part »
PRISE EN CHARGE PAR LES
PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ
LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE
• Cadre des psychothérapies : 90% des personnes ont
consulté dans le secteur privé, avec un-e psychologue
dans 49% des cas, ce qui pose la question du
remboursement et du coût des soins.
• « Ça coûte très cher de trouver des réponses… »
• Les médicaments sont considérés comme anesthésiants
et trop pourvoyeurs d’effets secondaires. Seules 13%
des personnes estiment que les médicaments ont été
efficaces dans leur suivi.
• 16% des répondant-e-s ont été hospitalisées  : un
ressenti majoritairement négatif
• « Je l’ai vécu comme une injustice, je suis enfermée et
eux [les agresseurs] sont dehors. »
COMMENT AMÉLIORER LA
PRISE EN CHARGE DES VICTIMES
SOUHAITS ET PROPOSITIONS DES RÉPONDANT-E-S
• Faciliter les démarches des victimes
• « Que lorsqu'une victime est reçue chez un médecin, aux urgences, à la
gendarmerie, si celle-ci ne reçoit aucun soin/aide, elle soit protégée
automatiquement, et dirigée vers les personnes compétentes dans son
département. »
• Former les professionnel-le-s de santé
• « Être d'emblée dans une neutralité bienveillante. Ne pas croire que la
victime invente, est mythomane, veut se venger. Croire les victimes. »
• Rompre le silence, informer
• « Mais aussi expliquer à quel point, n'importe quel genre de violences est
grave et est impardonnable car [les violences] rongent tout entier que l'on
soit homme ou femme. »
Les bienfaits d’une prise en charge adaptée sont incontestables,
les répondant-e-s qui sont parvenu-e-s à en bénéficier soulignent
que cela a changé leur vie et les a sauvé-e-s.
Une meilleure information des victimes, ainsi qu’une formation
des professionnel-le-s de santé qui les prennent en charge, sont
absolument nécessaires.
Il est essentiel que les victimes de violences sexuelles
puissent être informées que les troubles psychotraumatiques
dont elles souffrent sont des conséquences normales de
violences traumatisantes et qu’ils peuvent être traités.
COMMENT AMÉLIORER LA
PRISE EN CHARGE DES VICTIMES
UNE PRISE EN CHARGE ADAPTÉE EST ESSENTIELLE
MERCI

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Impact des violences sexuelles de l'enfance à l'âge adulte (2015) - Mémoire Traumatique et Victimologie/Laure Salmona

  • 1.
  • 2. IMPACT DES VIOLENCES SEXUELLES DE L’ENFANCE À L’ÂGE ADULTE LES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE - MARS 2015 LAURE SALMONA - CHARGÉE DE MISSION
  • 3. L’ENQUÊTE GENÈSE • L’importance de recueillir des données sur le parcours des victimes de violences sexuelles “ ce type de violence est resté longtemps sous estimé malgré son ampleur. Le déni a fonctionné de manière efficace jusqu’à ces toutes dernières années. Les violences faites aux femmes constituent pourtant une véritable pandémie qui concerne toutes les sociétés, toutes les cultures, toutes les couches sociales. Elles se reproduisent d’une génération à l’autre et constituent une part importante de la violence sociale. Elles ne doivent pas seulement être abordées sous un aspect social, légal, voire anthropologique, mais doivent également être considérées comme un fléau de santé publique ” Jacques Lebas - 2005
  • 4. L’ENQUÊTE MÉTHODOLOGIE • Une enquête conduite auprès des victimes : une grande première • 1214 répondant-e-s • 184 questions, dont 122 fermées et 62 ouvertes • Auto-administration par ordinateur • Précautions de traitement et d’analyse
  • 5. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES QUI SONT LES RÉPONDANT-E-S • 95% de femmes (1153), 5% d’hommes (61) • Âgé-e-s de 15 à 72 ans, les tranches d’âge les plus représentées sont les 25-44 ans • 49% en activité et 25% en situation de précarité (chômage, RSA, arrêt maladie, invalidité) • La proportion d’hommes en situation de précarité est de 31%
  • 6. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES LES VIOLENCES SEXUELLES SUBIES • Parmi les victimes d’inceste 58% ont été victimes de viol. • Les victimes de violences sexuelles à la fois en tant que mineur-e-s et en tant qu’adultes sont 81% à avoir subi au moins un viol.
  • 7. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES LES ENFANTS SONT LES PRINCIPALES VICTIMES • 80% des femmes et 90% des hommes interrogé-e-s rapportent avoir subi les premières violences sexuelles avant 18 ans • 81% des répondant-e-s avant 18 ans, 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans
  • 8. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES LES ENFANTS SONT LES PRINCIPALES VICTIMES • En 2006 l’enquête CSF (Contexte de la sexualité en France) rapportait que : 59% de femmes et 67% d’hommes victimes de violences sexuelles ont subi les premiers « rapports forcés ou tentatives de rapports forcés » avant l’âge de 18 ans . • L’enquête CSF indique par ailleurs que les « attouchements » se produisent dans la majorité des cas pendant l’enfance et l’adolescence et que : « 50% des femmes concernées ont subi ces attouchements avant l’âge de 10 ans et 50% des hommes avant l’âge de 11 ans. »
  • 9. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES LES AGRESSEURS - VICTIMES MINEURES • Les agresseurs sont très rarement des inconnu-e-s • 70% des agresseurs étaient des membres de la famille quand les violences ont eu lieu avant l’âge de 6 ans
  • 10. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES LES AGRESSEURS - VICTIMES MINEURES • 24% des agresseurs de mineur-e-s étaient eux- mêmes mineur-e-s au moment des faits. • Leur victime avait moins de 10 ans dans 62% des cas. • Selon un article de Becker et Hunter ces agresseurs mineurs seraient eux-mêmes victimes de violences sexuelles dans 40 à 80% des cas * * BECKER, Judith V., HUNTER, John A., « Understanding and treating child and adolescent sexual offenders » in Advances in Clinical Child Psychology, 1997, Vol. 19, p. 177-197.
  • 11. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES LES AGRESSEURS - VICTIME MAJEURES • 98% des agresseurs sont des hommes • 77% des agresseurs sont des proches de la victime • Seuls 18% des viols sont le fait d’inconnus.
  • 12. LES VICTIMES ET LES VIOLENCES SUBIES LES AGRESSEURS Quel que soit l’âge des victimes, les résultats de l’enquête indiquent que les sphères familiale et amicale constituent le contexte le plus favorable aux violences et le plus grand réservoir d’agresseurs.
  • 13. LES CONSÉQUENCES TENTATIVES DE SUICIDE • 42% des répondant-e-s ont tenté de se suicider, contre 5,5% dans la population générale * • 1 victime de viol en situation d’inceste sur 2 a fait une tentative de suicide • 45% des victimes de violences sexuelles dans l’enfance ont fait au moins une tentative de suicide * BECK, François, GUIGNARD, Romain, DU ROSCOÄT, Enguerrand, SAÏAS, Thomas, « Tentatives de suicide et pensées suicidaires en France en 2010 » in Bulletin épidémiologique hebdomadaire, numéro thématique : Suicide et tentatives de suicide : état des lieux en France, InVS, 13 décembre 2011, n°47-48, p. 488-492, p. 489.
  • 14. LES CONSÉQUENCES IMPACT SUR LA VIE • Un impact important sur la qualité de vie : ‣ pour 65% des victimes ‣ pour 80% des victimes de violences sexuelles conjugales ‣ pour 83% des victimes de viol en situation d’inceste • Un impact très important sur la vie affective pour 1 victime sur 2 • 52% des répondant-e-s déclarent un impact très important sur leur vie familiale.
  • 15. LES CONSÉQUENCES PRÉCARITÉ DES VICTIMES • des périodes de chômage sont rapportées par 37% des répondant-e-s • Les victimes de violences sexuelles ont un risque de se retrouver en situation de précarité multiplié par 3 par rapport à la population générale * * En France, 18,4% de la population est confrontée à la pauvreté et à l’exclusion Source : Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, Crise économique, marché du travail et pauvreté, Rapport 2011-2012, ONPES, 2012, p.29.
  • 16. PROTECTION ET JUSTICE MESURES DE PROTECTION • 83% des victimes déclarent n’avoir jamais été protégées • Parmi les personnes interrogées qui ont porté plainte, 67% n’ont jamais bénéficié de mesures de protection, et près de 70% lorsqu’elles étaient mineures au moment des faits • seules 4% des victimes agressées dans l’enfance rapportent avoir été prises en charge par l'Aide sociale à l’enfance. • « [J’aurais eu besoin] d’une prise en charge complète et effective de mon cousin, qui lui aurait évité de recommencer. [J’aurais eu besoin de] l’acceptation d'une plainte, plutôt que d'enregistrer seulement "une déposition", car même si nous étions tous les deux mineurs de moins de 13 ans, il a été en capacité de me violer à plusieurs reprises. »
  • 17. PROTECTION ET JUSTICE MESURES DE PROTECTION • Les répondant-e-s insistent sur le fait qu’il faudrait que les professionnel-le-s soient formé-e-s à faire le lien entre un mal-être persistant et d’éventuelles violences subies, afin de mieux dépister les situations de violences sexuelles. • « [J’aurais eu besoin] que pendant mon enfance, mon adolescence, les enseignants, par exemple, soient plus à l'écoute, plus formés et fassent le lien entre mon mal-être et un danger à la maison... »
  • 18. PROTECTION ET JUSTICE LE DÉPÔT DE PLAINTE • 380 répondant-e-s ont porté plainte, soit 31% • « J'ai tenté de porter plainte pour le deuxième viol subi à 18 ans par l'homme inconnu, trois jours après les faits, mais les policiers ont refusé d'enregistrer ma plainte, mettant en doute ma version des faits, exerçant des pressions pour que je renonce. » • Les répondant-e-s portent majoritairement plainte pour être reconnues comme victimes et empêcher l’agresseur de faire de nouvelles victimes
  • 19. PROTECTION ET JUSTICE LE DÉPÔT DE PLAINTE • 82% des victimes ont mal vécu leur dépôt de plainte • « Enfermer une enfant de 14 ans devant un représentant de la loi qui la traite de menteuse et qui lui dit que si elle continue à raconter ce genre de connerie elle finira en prison est inadmissible… J'ai pensé au suicide. »
  • 20. PROTECTION ET JUSTICE L’ENQUÊTE • Parmi les 380 répondant-e-s ayant porté plainte, 77% rapportent avoir mal vécu l’enquête policière, les auditions et la procédure judiciaire. • « Quant à l'enquête toujours en cours, il faut savoir qu'à ce jour elle n'a uniquement pour objet que de passer ma vie et ma vie sexuelle au crible. L'auteur n'a toujours pas été inquiété. » • « Auditions en gendarmerie traumatisantes. Maltraitance psychologique et verbale de leur part. Cinq heures d'audition sans pause en essayant de me faire me contredire ou me dédire, me disant que j'allais briser son couple, sa vie… Lui n'a été entendu que 40 minutes ! » • « Pendant la confrontation en gendarmerie ils m'ont laissée seule avec lui [l’agresseur] dans le bureau pendant dix minutes sans aucune surveillance… »
  • 21. PROTECTION ET JUSTICE LE PROCÈS • Parmi les victimes qui sont allées jusqu’au procès, 89% d’entre elles déclarent l’avoir mal vécu • « La procédure est longue et c'est douloureux de toujours devoir se répéter sur les faits et donc psychologiquement j'ai revécu ce viol à chaque fois. Je me suis sentie humiliée à chaque moment de cette procédure. » • « Les avocats qui minimisent les faits en disant que c'est sa parole contre la mienne et que le doute profite à l’accusé. Ça me révolte. On a l'impression que c'est le violeur la victime. »
  • 22. PROTECTION ET JUSTICE UN SENTIMENT D’INJUSTICE • Les répondant-e-s n’ont pas l’impression que la gravité des violences sexuelles subies soit reconnue et ont parfois le sentiment que la justice privilégie les agresseurs au détriment des victimes. • « Procédure longue et coûteuse. 3500 euros de frais d'avocat : seulement 400 euros de remboursés. J'ai payé plus pour la procédure que ce que j'ai été symboliquement indemnisée […]. Je ne me sens pas réparée, ni reconnue victime dans la mesure où cette procédure m’a coûté en temps, en énergie, etc. »
  • 23. PROTECTION ET JUSTICE UN SENTIMENT D’INJUSTICE • Prescription et correctionnalisation des viols • 81% des répondant-e-s pensent que la justice n’a pas joué son rôle • « Le manque de compétences et la culpabilisation de la victime sont pour mon expérience systématiques, je n'ai aucune confiance dans le système. » • 82% des répondant-e-s estiment ne pas avoir été protégé-e-s par la justice ou de façon très insuffisante
  • 24. PROTECTION ET JUSTICE UN SENTIMENT D’INJUSTICE • les répondant-e-s qui ont affirmé qu’ils ou elles ne s’étaient pas senti-e-s reconnu-e-s comme victimes par la police et la justice ont eu plus tendance à tenter de se suicider que les autres. • Le parcours judiciaire est vu comme une « seconde peine »
  • 25. PROTECTION ET JUSTICE LE DÉSIR DE RECONNAISSANCE • Malgré le tableau effrayant qu’elles dressent de la prise en charge judiciaire des violences sexuelles, 62% des victimes seraient prêtes à porter plainte à nouveau si c’était à refaire. • Ce chiffre peut s'expliquer par les motivations invoquées pour la plainte : l'espoir d'être reconnu- e comme victime et la préoccupation pour le sort des autres victimes.
  • 26. PROTECTION ET JUSTICE LE DÉSIR DE RECONNAISSANCE Il ne s’agit donc pas de déconseiller aux victimes de violences sexuelles d’avoir recours à la justice mais bien d’améliorer leur prise en charge et de respecter leurs droits.
  • 28. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE • Plus les violences ont eu lieu tôt dans la vie et plus les conséquences sont déclarées importantes, encore plus dans le cas d’un inceste • Cet impact est plus souvent évalué comme très important par les hommes que par les femmes, 64% d’entre eux contre 54% d’entre elles.
  • 29. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE • Les répondant-e-s sont 58% à évaluer leur souffrance mentale actuelle due aux violences comme importante • Et 64% à l’avoir estimée comme maximale au moment où elle a été la plus importante. • Les symptômes associés aux violences sont multiples ANXIÉTÉSTRESS FLASH-BACKS IDÉES SUICIDAIRES DÉPRESSION PERTE D’ESTIME DE SOI TROUBLES DU SOMMEILAMNÉSIES PERTE D’ESPOIR PHOBIES HYPERVIGILANCE
  • 30. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE • 10% des victimes rapportent avoir souffert de « bouffées délirantes » et 16% d’hallucinations (auditives, olfactives, visuelles, sensitives). Ces symptômes, qui sont fortement liés à la réactivation de la mémoire traumatique peuvent malheureusement conduire les victimes à une hospitalisation en psychiatrie et/ou à être diagnostiquées comme souffrant de troubles psychotiques • 16% des répondant-e-s rapportent avoir été hospitalisé-e-s en psychiatrie après les violences sexuelles subies, plus d’un tiers à plusieurs reprises et plus d’un tiers sous contrainte.
  • 31. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ MENTALE • Une anesthésie émotionnelle est rapportée par plus de deux tiers (68%) des victimes • « Complètement. Pour supporter l'insupportable, il le fallait bien. Je n'étais plus là. Je me regardais. C'était moi que je voyais mais moi j'étais à l’extérieur. »
  • 33. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE • Les victimes de violences sexuelles présentent fréquemment des troubles alimentaires et addictifs dans le cadre de conduites dissociantes. • Plus d’un tiers (36%) des répondant-e-s déclarent avoir souffert de troubles alimentaires anorexiques et 29% de troubles alimentaires boulimiques. • 48% des répondant-e-s rapportent également des conduites addictives (alcool, tabac, drogues, jeux…) et plus d’un tiers mentionnent des compulsions sexuelles et des conduites sexuelles à risques (35%) ainsi que des conduites auto-agressives (34%).
  • 34. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE • L’une des conséquences immédiates des viols sur la santé des victimes de sexe féminin est la grossesse. • 8,5% des victimes sont tombées enceintes suite à un viol. • Parmi elles, 40% ont fait une IVG (interruption volontaire de grossesse), 25% ont mené la grossesse à son terme, 14% ont fait une fausse couche spontanée, 5% ont fait une IMG (interruption médicale de grossesse) et 3% ont pris une contraception d’urgence.
  • 35. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE DOULEURS CHRONIQUES FATIGUE CHRONIQUE FIBROMYALGIE TROUBLES GASTRO-INTESTINAUX MIGRAINES PATHOLOGIES DE L’APPAREIL URO-GÉNITAL TROUBLES ALIMENTAIRES CANCERS MALADIES AUTO-IMMUNES AFFECTIONS DERMATOLOGIQUES PAPILLOMAVIRUS DYSFONCTIONNEMENTS THYROÏDIENS • les violences sexuelles peuvent occasionner de nombreuses pathologies, principalement causées par des perturbations endocriniennes dues aux niveaux élevés de stress des victimes, par des phénomènes de somatisation, par des conduites dissociantes et à risques adoptées par les victimes pour s’anesthésier émotionnellement, et également par des atteintes neurologiques consécutives au psychotraumatisme.
  • 36. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ PHYSIQUE • Une anesthésie physique est rapportée par de nombreux-ses répondant-e-s. Plus d’un tiers des répondant-e-s évoquent un seuil de résistance accru à la douleur, les conduisant parfois à laisser évoluer certaines pathologies pendant un long laps de temps avant de consulter un médecin. • « Je ne ressens pas les douleurs physiques ce qui m'empêche d'entendre les alertes de santé (péritonite etc.) et a pour conséquence que les médecins banalisent toujours mes symptômes. » • « J’ai pu marcher avec une fracture du fémur pendant 3 semaines. »
  • 37. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ UN IMPACT TRÈS LOURD Les conséquences psychotraumatiques des violences sexuelles ont un impact très lourd sur la santé des victimes, elles peuvent perdurer des années, si ce n’est toute la vie en l’absence de dépistage et de prise en charge. Il est absolument indispensable que les victimes de violences bénéficient de soins adaptés.
  • 38. PRISE EN CHARGE PAR LES PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ LA PRISE EN CHARGE EN URGENCE • Elle est loin d’avoir été systématique, plus de trois quarts des répondant-e-s déplorent n’avoir reçu aucune prise en charge médicale rapide après les violences. • Des soins souvent insatisfaisants : 31% des personnes estiment les soins insuffisants voire maltraitants. Mauvais accueil, nudité, longue attente sont dénoncés dans les réponses • « Je suis restée nue, juste vêtue d'une culotte, toute seule pendant un très long temps […] dans ce box. J'étais gelée et terrorisée. » • « Les soins d'urgence sont nécessaires et capitaux, mais aussi "humiliants" : observation du corps nu, prélèvements, photos, mesure des blessures... » • « Je n'ai vu aucun psychologue, on ne m'a ni soutenue ni orientée vers quelqu'un d'autre ou vers une association. On m'a juste renvoyée chez moi. »
  • 39. PRISE EN CHARGE PAR LES PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ LA PRISE EN CHARGE EN URGENCE • Les examens et les soins proposés en urgence sont incomplets OUI EXAMEN PHYSIQUE 18 % PRÉVENTION VIH (parmi les victimes de viol) 19 % PRÉVENTION MST (parmi les victimes de viol) 16 % CONTRACEPTION D’URGENCE (parmi les victimes de viol) 16 % RÉDACTION D’UN CERTIFICAT MÉDICAL 11 % EXPLICATIONS SUR LES DROITS ET LES DÉMARCHES JUDICIAIRES 7 % RECHERCHE D’IDÉES SUICIDAIRES 5 % QUESTIONS SUR LE DANGER ENCOURU 3 %
  • 40. PRISE EN CHARGE PAR LES PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE • Les professionnel-le-s de santé sont des interlocuteurs privilégiés pour les victimes : les répondant-e-s ont parlé pour la première fois des violences sexuelles subies à un-e professionnel-le de santé dans 18% des cas. • La majorité des réponses soulignent une attitude bienveillante. • « La psychanalyste qui m’a écouté a accueilli ma parole dans sa dimension dramatique avec un courage exemplaire. Elle m’a soutenu dans mes doutes ». • 18% des victimes rapportent en revanche des réactions inappropriées : • « Dès que j'ai parlé à ma thérapeute, il n'a plus été question que de la météo pendant les séances suivantes. J'ai arrêté avec elle. » • « J'en ai parlé à un généraliste qui m'a dit que c'était normal qu'un garçon de 16 ans joue au docteur avec une fillette de 8 ans. »
  • 41. PRISE EN CHARGE PAR LES PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE • Plus de la moitié des répondant-e-s ont bénéficié d’un suivi médical et/ou psychologique. • Demander des soins et accéder aux soins est difficile pour 62% d’entre eux/elles. • 98% des répondant-e-s ont suivi une/des psychothérapie(s), débutant en moyenne 11 ans après les violences, avec 4 psychothérapeutes différents. • Les professionnels de santé sont décrits comme insuffisamment formé-e-s : pour plus d’un tiers des répondant-e-s, il était impossible de trouver des professionnel-le-s formé-e-s à la prise en charge des violences sexuelles. • « Si on m’avait expliqué que ces souffrances pouvaient être dues à un traumatisme, et qu’on m’avait posé des questions avec bienveillance sur d’éventuels abus sexuels, je pense que j’aurais parlé. »
  • 42. PRISE EN CHARGE PAR LES PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE • Les professionnel-le-s de santé posent rarement la question des violences : dans 79% des cas, c’est la victime qui évoque spontanément l’existence de violences sexuelles. • Les victimes sont une majorité à s’être confiées à des femmes pour parler des violences. • Un quart des répondant-e-s rapportent que les violences subies n’ont jamais été prises en compte dans le suivi. • « Il faut savoir relativiser » • « Cela n’a rien à voir avec votre situation aujourd’hui. » • « Pour le viol […], le psychiatre a dit qu’il s’agissait plutôt d’un symptôme de mes troubles bipolaires, en d’autres termes j’en étais responsable et qu’il ne s’agissait pas d’un viol, mais d’un comportement dangereux de ma part »
  • 43. PRISE EN CHARGE PAR LES PROFESSIONNEL-LE-S DE SANTÉ LE SUIVI MÉDICAL ET PSYCHOLOGIQUE • Cadre des psychothérapies : 90% des personnes ont consulté dans le secteur privé, avec un-e psychologue dans 49% des cas, ce qui pose la question du remboursement et du coût des soins. • « Ça coûte très cher de trouver des réponses… » • Les médicaments sont considérés comme anesthésiants et trop pourvoyeurs d’effets secondaires. Seules 13% des personnes estiment que les médicaments ont été efficaces dans leur suivi. • 16% des répondant-e-s ont été hospitalisées  : un ressenti majoritairement négatif • « Je l’ai vécu comme une injustice, je suis enfermée et eux [les agresseurs] sont dehors. »
  • 44. COMMENT AMÉLIORER LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES SOUHAITS ET PROPOSITIONS DES RÉPONDANT-E-S • Faciliter les démarches des victimes • « Que lorsqu'une victime est reçue chez un médecin, aux urgences, à la gendarmerie, si celle-ci ne reçoit aucun soin/aide, elle soit protégée automatiquement, et dirigée vers les personnes compétentes dans son département. » • Former les professionnel-le-s de santé • « Être d'emblée dans une neutralité bienveillante. Ne pas croire que la victime invente, est mythomane, veut se venger. Croire les victimes. » • Rompre le silence, informer • « Mais aussi expliquer à quel point, n'importe quel genre de violences est grave et est impardonnable car [les violences] rongent tout entier que l'on soit homme ou femme. »
  • 45. Les bienfaits d’une prise en charge adaptée sont incontestables, les répondant-e-s qui sont parvenu-e-s à en bénéficier soulignent que cela a changé leur vie et les a sauvé-e-s. Une meilleure information des victimes, ainsi qu’une formation des professionnel-le-s de santé qui les prennent en charge, sont absolument nécessaires. Il est essentiel que les victimes de violences sexuelles puissent être informées que les troubles psychotraumatiques dont elles souffrent sont des conséquences normales de violences traumatisantes et qu’ils peuvent être traités. COMMENT AMÉLIORER LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES UNE PRISE EN CHARGE ADAPTÉE EST ESSENTIELLE
  • 46. MERCI