Le séisme et le tsunami du 22 mai 1960 dans la région de Valdivia et l'archipel de Chiloé (sud du Chili) : conséquences sur les paysages côtiers et la prise en compte des risques.
Présentation de Loïc MENANTEAU lors des "Journées d’études interdisciplinaires du GIS d’Histoire & Sciences de la mer" organisées par le Département des recherches archéologiques subaquatiques & sous-marines du ministère de la Culture & le Centre Camille Jullian d’Aix-Marseille université,
Webséminaire, 27 mai 2021
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Le séisme et le tsunami du 22 mai 1960 dans la région de Valdivia et l'archipel de Chiloé (sud du Chili) : conséquences sur les paysages côtiers et la prise en compte des risques.
1. Le séisme et le tsunami du 22 mai 1960
dans la région de Valdivia et l'archipel de Chiloé
(sud du Chili) :
conséquences sur les paysages côtiers
et la prise en compte des risques
Loïc MÉNANTEAU
UMR LETG - Université de Nantes
loic.menanteau@gmail,com
Journées d’études interdisciplinaires
du GIS d’Histoire & Sciences de la mer
organisées par le Département des recherches archéologiques subaquatiques
& sous-marines du ministère de la Culture
& le Centre Camille Jullian d’Aix-Marseille université,
Webséminaire, 27 mai 2021
2. La zone chilienne affectée par le séisme de mai 1960 correspond à une zone de subduction de la
plaque tectonique océanique de Nazca avec la plaque continentale sud-américaine.
SOURCE : BIRD P., NGDC World Coast Line data.
3. La région chilienne où s’est produit le séisme de mai 1960
a été affectée par de nombreux séismes depuis 1900.
Plaque
de
Nazca
4. La région affectée par le séisme de mai 1960 fait partie de la ceinture de feu
qui entoure l’océan Pacifique, caractérisée par une forte activité volcanique.
La ceinture de feu du Pacifique (trame orange)
avec principaux volcans actifs.
Valdivia
Chiloe
La zone qui a été affectée par la fracture de
la faille et le glissement de la plaque de
Nazca sous celle sud-américaine compte,
pour la partie chilienne, 37 volcans dont
une partie ont été en activité au cours des
dernières décennies.
In : Chile: territorio volcánico. Servicio Nacional
de Geología y Minería.
5. Vue de la première éruption du volcan Calbuco, prise depuis la ville de Puerto Montt
(région de los Lagos), le 22 avril 2015. Photo Hernan Araya Ronda
6. colonne et panache de cendres
jusqu’à 18 km d’altitude
volcan Osorno
Le 22 avril 2015, vue de la première éruption du volcan Calbuco (2015 m), prise
depuis la ville de Puerto Montt (région de los Lagos), qui s’est produite sans aucun
signe précurseur .
Photo Hernan Araya Ronda
Éruption du
volcan Puyehue
(80 km à l’ouest
d’Osorno).
Photo prise
le 14 juin 2011
8. Dimanche 22 mai 1960 à 15 h 11 min 17 s :
le plus fort séisme connu de l’histoire de l’humanité
Magnitude estimée à 9,5 Mw (magnitude de moment)
Une ampleur géographique considérable :
rupture de faille sur plus de 1000 km du nord au sud,
l’une des plus longues connues jusqu’à ce jour
La récurrence de ce type d’événement tellurique serait au Chili d’environ 385 ans,
le dernier se serait produit à Valdivia le 16 décembre 1575.
Partie centrale : côtes sud du Chili : Valdivia - Chiloé
(régions de los Ríos et de los Lagos)
9. Une longue succession
de séismes
(précurseurs et répliques)
Le tremblement de terre du dimanche 22
mai 1960 a été précédé de deux secousses
sismiques : la première, qui s’est produite la
veille, le samedi 21 mai à 6 h 22 du matin,
atteint une magnitude de 8,1 Mw ; la
seconde, juste avant qu’il le grand séisme,
le dimanche 22 mai, une magnitude de 7,8
Mw..
Il convient de signaler qu’avant ces deux
dates on a enregistré sept séismes
précurseurs, d’une magnitude supérieure à
5,8 (dont l’un de 7,3), ressentis sur une
bande longue, du nord au sud, de 1300 km.
Dans les 12 mois qui suivirent ce méga
tremblement de terre, on a enregistré 56
répliques, d’une magnitude entre 5,6 et 7,5.
Épicentre du tremblement de terre du 22-05-1960
Selon les dernières recherches, il était localisé près de Traiguén
à mi-distance entre Concepción et Valdivia
latitude : 39,5° S
Longitude : 74° 5 W
Profondeur : 35 km (superficielle)
10. Intensité (magnitudes) et limite (trait en
tireté) de la zone avec des intensités
supérieures à VII degrés lors du
séisme du dimanche 22 mai 1960.
ASTROZA M., LAZO R., 2010. Estudio de los daños de los terremotos del 21 y 22 de mayo de 1960, in : 10o
Congreso chileno de Sismología ingeniería anti-sísmica, 1960-2010 50° Aniversario Terremoto del Sur de Chile,
Valdivia, 22 al 28 de Mayo de 2010, s.p. (12 p.).
Intensités sismiques (magnitudes)
lors du séisme du samedi 21 mai 1960.
Les intensités les plus
fortes (magnitudes
supérieures à VII)
enregistrées correspondent
aux zones côtières, les plus
proches de la rupture
méridienne de faille, le long
du contact des plaques de
Nazca et sud-américaine.
Chiloé
Concepción
Valdivia
11. Alors que la plaque de Nazca s'enfonce sous la plaque continentale sud-américaine
de 8-9 cm par an (en direction du nord-est), elle aurait glissé brutalement,
et de manière inégale, d’environ 15 m (au nord) à 40 m (au sud),
sous celle sud-américaine.
Modèle de glissement variable de la faille lors du séisme du 21
mai 1960 (calculé pour une zone géographique de 1200 km (N-
S) sur 400 km (E-W).
BARRIENTOS, S., WARD S., 1990. The 1960 Chile earthquake: inversion for slip distribution
from surface deformation. Geophys. J. Int. 103, p. 589-598.
ASTROZA M., LAZO R., 2010. Estudio de los daños de los terremotos del 21 y 22 de mayo
de 1960, in : 10o Congreso chileno de Sismología ingeniería anti-sísmica, 1960-2010 50°
Aniversario Terremoto del Sur de Chile, Valdivia, 22 al 28 de Mayo de 2010, s.p. (12 p.).
12. 58 622 maisons détruites
dans le sud du Chili
2000-2500 morts
3000 blessés
Paris-Match, n° 581, 3 juin 1960
15. Quelques vues des effets destructeurs du séisme du 22 mai 1960 à Puerto Montt
In : HELD WINKLER Emilio, 1960. Album de 253 photos montées sur 34 pages (format : 21 x 33 cm).
Archivo fotográfico. Biblioteca Nacional Digital du Chili
16. Quelques vues des effets destructeurs du séisme du 22 mai 1960 à Puerto Montt
Secteur portuaire
In : HELD WINKLER Emilio, 1960. Album de 253 photos montées sur 34 pages (format : 21 x 33 cm).
Archivo fotográfico. Biblioteca Nacional Digital du Chili
17. Quelques vues des effets destructeurs du séisme du 22 mai 1960 à Valdivia
Inondation et fissuration des chaussées
In : HELD WINKLER Emilio, 1960. Album de 253 photos montées sur 34 pages (format : 21 x 33 cm).
Archivo fotográfico. Biblioteca Nacional Digital du Chili
18. Quelques vues des effets destructeurs du séisme du 22 mai 1960 à Llanquihue
Voies ferrées rendues inutilisables et ponts détruits
In : HELD WINKLER Emilio, 1960. Album de 253 photos montées sur 34 pages (format : 21 x 33 cm).
Archivo fotográfico. Biblioteca Nacional Digital du Chili
19. Quelques vues des effets destructeurs du séisme du 22 mai 1960 à Lllanquihue
Fissuration et inondation de la voirie
In : HELD WINKLER Emilio, 1960. Album de 253 photos montées sur 34 pages (format : 21 x 33 cm).
Archivo fotográfico. Biblioteca Nacional Digital du Chili
20. In : HELD WINKLER Emilio, 1960. Album de 253 photos montées sur 34 pages (format : 21 x 33 cm).
Archivo fotográfico. Biblioteca Nacional Digital du Chili
Quelques vues des effets destructeurs du séisme du 22 mai 1960
Dislocation de la route de Puerto Varas à Puerto Montt
21. Effets du tremblement de
terre à Ancud, au nord-
ouest de la isla grande de
Chiloé (región de los
Lagos).
Montage de photos prises le 22
mai 1960. Biblioteca municipal
de Castro
22. Effets du tremblement
de terre du 22 mai
1960 à Ancud (nord-
ouest de la Isla Grande
de Chiloé).
Photo Studio Rubens, 23
mai 1960
24. 47 heures après le séisme, éruption (durée : 7 jours) du complexe volcanique Puyehue - Cordón Caulle
Le 24 mai 1960, vue de l’éruption du volcan Puyehue depuis le lac Nahuel Huapi en Argentine.
Photo Coll. Lagos - Archivo Visual Patagónico. Retouches et traitement Loïc Ménanteau
Situé à moins de 10 km au nord du Puyehue, le
volcan Cordón Caulle (1793 m) entre aussi en
éruption le 24 mai 1960. Sa dernière, le 4 juin
2011, a perturbé le trafic aérien, car son important
nuage de cendre en direction de l’est a fait le tour
de la terre.
Photo www.lmneuquen.com.ar
26. Le tsunami a parcouru l'océan Pacifique et a atteint 15
heures après, Hilo à Hawaii à plus de 10 000 km de
l'épicentre, où il a fait des dégâts considérables avec
des vagues de 10 à 12 m de hauteur et causé la mort
de 61 personnes. Il poursuivit son trajet destructeur à
travers tout l'océan Pacifique jusqu'aux côtes du
Japon y causant 138 décès, de la Nouvelle-Zélande,
des Samoa, des Philippines et des îles Marquises.
L'hypothèse d'un tsunami à plusieurs vagues ayant
fusionné en haute mer dans sa progression vers
l’ouest est émise et validée en 2011 par la NASA (à la
suite de l’analyse du tsunami du 5 décembre 2011 de
la côte Pacifique du Tōhoku), ce qui explique sa force
à des distances très éloignées de l’épicentre du
séisme.
Propagation en nombre d’heures à
travers l’océan Pacifique du tsunami
généré par le séisme du dimanche 22
mai 1960 dans le sud du Chili.
https://www.youtube.com/watch?v=RHYbprZAIWo
27. Observations
des hauteurs d’eau atteintes
par le tsunami du 22 mai 1960
dans sa propagation
du sud du Chili aux côtes nord-est,
nord-ouest et ouest de l’océan
Pacifique.
L’étoile blanche indique la localisation de l’épicentre du
tremblement de terre à l’origine du tsunami et les courbes, le
nombre d’heures qui l’ont suivi.
Le tsunami a fait sentir ses effets sur les échelles de marée,
non seulement dans l’océan Pacifique, mais aussi dans les
océans Indien (ex. île Maurice, côte ouest de l’Australie) et
Atlantique (ex. Angleterre, Bermudes, Afrique du Sud), ce qui
en fait le premier tsunami global connu à ce jour.
28. Au Japon, après un parcours
de plus de 22 heures à
travers l’océan Pacifique
depuis l’hémisphère sud, les
vagues du tsunami ont atteint
une hauteur de 6,3 m : elles
causèrent la mort de 185
personnes et la destruction de
1600 maisons dans les îles de
Honshu et Hokkaido.
Aux Philippines, 30 disparus.
23 mai, 6 h 54 min : une
première vague de 10 m de
hauteur touche les côtes
d’Hawaï faisant 61 victimes.
Inondation provoquée par le tsunami à
Hawaï 14-15 heures après le séisme
chilien du 22-05-1960.
29. Dans la Bahía Mansa (province de Osorno, région de los Lagos),
des vagues jusqu’à 27 m de hauteur
QUELQUES EXEMPLES : DE FORTES VARIATIONS LOCALES
Baie de Corral : première vague de 3-5 m de haut dans la baie de Corral, puis retrait de la
mer (baissée de 8 m laissant le fond de la baie en grande partie découvert), suivi d’une
deuxième vague d’une hauteur de 8,25 m (en certains endroits d’une dizaine de mètres), puis
d’une troisième vague de 8-11 m.
Isla Mocha : 3 ondes depuis le sud-ouest, la première étant la plus haute, d’environ 15 m de
hauteur.
Achao : 5 mn après le séisme, l’eau était comme en ébullition avec formation de courants
extrêmement rapides. Il se forma une vague suivie de deux autres (la troisième fut la plus
forte). Comme c’était la basse mer, il y a eu peu de dégâts et la hauteur des vagues ne
dépassa pas les 2,50 m.
Baie de Maullín : après un retrait de la mer, série de huit vagues, les 2ème et 4ème, les plus
hautes, atteignant jusqu’à 14 m, avec pénétration très en amont dans l’estuaire.
À consulter : SHOA, 2000. El maremoto del 22 de mayo de 1960 en las costas de Chile. Valparaíso : Servicio Hidrográfico y Oceanográfico de la Armada de Chile,
72 p. + Apéndice.
30. Depuis le haut de la falaise bordant la baie de Corral, près de l’embouchure du Río Valdivia,
seconde vague du tsunami, haute de 8 m, déferlant sur la côte. Photo L. Bernucci, NGDC.
31. Paysage côtier au nord du fort Ahui (ou Castillo San Miguel de Agüi), à l'est de la péninsule de Lacuy. Au fond, à
droite, la pointe Corona. Photo panoramique Loïc Ménanteau, 7 février 2013
La première vague du tsunami passa au-
dessus de l’isthme Yuste qui unit la
pointe Corona à la Peninsula de Lacuy.
In : SHOA, 2000. El maremoto del 22 de mayo de 1960 en las costas
de Chile. Valparaíso : Servicio Hidrográfico y Oceanográfico de la
Armada de Chile, 72 p. + Apéndice.
Punta Corona
Dirección de la ola del tsunami
32. 20 mn après le séisme, montée du niveau marin d’environ
un mètre, puis retrait important avec abaissement de plus
de 5 m laissant de vastes et nombreuses zones à sec.
Ensuite, une gigantesque vague formant une muraille
d’une quinzaine de mètres de hauteur déferla du nord au
sud sur le nord-est de la Peninsula de Lacuy, entre les
pointes Corona et Ahui. Elle continua vers Ancud et sa
baie (vers le sud) mais en diminuant de hauteur (de plus
de 5 m). Trois autres vagues, moins hautes et beaucoup
moins fortes suivirent la première jusqu’à 17 h.
In : SHOA, 2000. El maremoto del 22 de mayo de 1960 en las costas de
Chile. Valparaíso : Servicio Hidrográfico y Oceanográfico de la Armada de
Chile, 72 p. + Apéndice.
Punta Corona
Punta Ahui
Ancud,
au nord-ouest de la Isla Grande de Chiloé
34. Pénétration de la mer sur plusieurs kilomètres dans les zones basses
du littoral, comme à Maullín et Lago Budi
Localité Latitude Inondation
Constitución 35.33°S 2,4 m
Dichato 36.54°S 3,5-7 m
Tomé 36.62°S 2 m
Penco 36.73°S 2-2,5 m
Talcahuano 36.71 S 3 m
Coronel 37.03°S 2 m
Lota 37.10°S 2-3 m
Tirúa 38.34°S 4-5 m
Isla Mocha 38.57°S 20-25 m
Puerto Saavedra 38.78°S 8-9 m
Corral 39.89°S 8,8-10 m
Ancud 41.87°S 6-8 m
Hauteurs d’inondation dans le sud du Chili lors du séisme de mai 1960.
In : TAKAHASHi, 1961. A Summary Report on the Chilean Tsunami of May 1960. Report on the Chilean
Tsunami of May 24, 1960, as observed along the Coast of Japan. Committee for the Field Investigation of
the Chilean Tsunami of 1960.
ARÁNGUIZ R., 2014. Generación del tsunami de 1960 en el Sur de Chile, Sociedad Chilena de Ingeniería
Hidráulica, XXI Congreso Chileno de Hidraulica.
Valdivia, mai 1960. Museo de sitio Castillo de Niebla
35. .
L’affaissement du terrain de plus de deux mètres a rendu permanente
l’inondation de certains secteurs à Valdivia
In : HELD WINKLER Emilio, 1960. Album de 253 photos montées sur 34 pages (format : 21 x 33 cm).
Archivo fotográfico. Biblioteca Nacional Digital du Chili
36. Inondation d’une partie de la ville de Valdivia due à l’affaissement du terrain
de plus de 2 m et l’existence de fortes pluies.
Photo aérienne oblique, auteur indéterminé, mai 1960
37. En remontant la
rivière de Valdivia,
les trois énormes
vagues
successives du
tsunami
transportèrent vers
l’amont ou à terre
de nombreuses
embarcations.
38. Épave du vapeur Canelos,
de la compagnie Haverbeck &
Skalweit, transporté par les
vagues du tsunami du 22-05-
1960 à l’intérieur du Río de
Valdivia. Commandé par le
capitaine Ernesto Lavallero, il
transportait de la farine, du
bois et des provisions. Encore
émergé jusqu’aux années
1980, il a ensuite coulé.
Son épave a été déclarée
Monumento Histórico y
Patrimonio Subacuático en
2020 (décret 36.495 du
ministère chilien de
l’éducation).
Deux autres vapeurs, ont subi
le même sort :
- le Carlos Haverbeck qui a fait
naufrage sur le banc des Tres
Hermanas, devant la baie de
Corral, lors du retrait maximal
de la mer qui a précédé la
première vague du tsunami.
- le Santiago dont on ne
connaît pas ce qu’il lui est
ensuite arrivé.
Peinture à l’huile de Juan
Carlos Ruiz Godoy, photo de
2014
Carlos Haverbeck
40. Les effets du séisme et du tsunami
sur les paysages côtiers
41. Il existe un grand problème pour l’évaluation
des changements des paysages côtiers
causés par le séisme et tsunami de mai
1960 : le vol historique de référence de
photographies aériennes verticales,
couvrant l’ensemble du territoire chilien,
effectué par l’Instituto Geográfico Militar
IGM) du Chili a malheureusement été
réalisé en 1961, dans l’année qui suivit le
méga séisme.
Cela rend extrêmement difficile une
cartographie précise des impacts
paysagers. Il faut faire appel à d’autres
sources dispersées et ponctuelles.
Témoignages oraux, autres documents
iconographiques (photos au sol ou
aériennes obliques, etc.).
Canal de Dalcahue, au centre est de la Isla Grande de
Chiloé. Photographie aérienne verticale du vol de l’IGM
en 1961.
42. Exemple de ressources
ponctuelles pour l’analyse
des impacts paysagers du
séisme
et tsunami de mai 1960 :
photographies aériennes
obliques datant d’environ
six mois avant le séisme
de mai 1960 que nous
avons pu trouver et
scanner à la bibliothèque
municipale de Castro.
43.
44. Sources : Plafker et Savage (1970) ; Cifuentes (1989) ;
Barrientos & Ward (1990) ; Moreno et al. (2009).
Une frange du fond marin de 830 km de long (N-S) et 90 km de large
(E-W) fut brusquement soulevée, jusqu’à 8 m de hauteur tandis que
toute la zone côtière s’affaissa.
Le soulèvement a été estimé à 5,7 m pour l’île de Guamblin, à 180 km
au sud-ouest de la Isla Grande de Chiloe.
Quant à l’affaissement, il aurait été de 1,50 m pour la zone côtière, 2,2
m pour la ville de Valdivia et, dans certains secteurs, jusqu’à 2,70 m.
Il en résulta des modifications considérables des fonds marins, de la
morphologie côtière, de l’hydrologie continentale...
En quelques minutes, les cartes marines et topographiques du secteur
sont toutes devenues obsolètes.
Soulèvement des fonds marins
et affaissement de la zone côtière :
modifications de la topographie et de la bathymétrie
45. -
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In : CHAPRONA E., ARIZTEGUIC D., MULSOWD S., VILLAROSAE G., PINOD M., OUTESE V.,
JUVIGNIE E., CRIVELLI E., 2006. Impact of the 1960 major subduction earthquake in
Northern Patagonia (Chile, Argentina). Quaternary International, 58, p. 58-71.
46. Un énorme glissement de terrain bloqua la sortie vers l’ouest des eaux du lac
Riñihue dont la cote monta jusqu’à +26, 5 m. La dérivation des eaux du lac,
réalisée par les ingénieurs chiliens, a évité, de justesse, une autre catastrophe
majeure.
VALDIVIA
Paris-Match, 584, 18-06-1960
48. Isla Linlín, 2004.
Photo aérienne oblique Bartulín
Les platiers bordant le
pied des falaises et
les plages sont
devenus étroits et
parfois inexistants
à cause de
l’affaissement brutal
de la côte
49. Falaise érodée avec plage devenue étroite près de la pointe Puñihuil, au nord-ouest de la Isla Grande de Chiloé.
Photo panoramique Loïc Ménanteau, 6 février 2013
Conséquences géomorphologiques de l’affaissement de la côte dû au séisme de mai 1960 :
retrécissement des plages et platiers, accentuation de l’érosion des pieds de falaise
50. Estran devenu très étroit au pied des falaises lors d’une basse mer (marnage moyen de 4-6 m) près de la pointe Tenaún (Dalcahue).
Photo panoramique Loïc Ménanteau, 3 février 2013
51. Costa Brava, côte nord-ouest de la Isla Grande de Chiloé. Photo Loïc Ménanteau, 29 ocobre 2011
L’affaissement de la côte a provoqué la submersion totale ou partielle des platiers et des formes rocheuses
bordant le rivage. Il a renforcé considérablement l’érosion marine de zones qui auparavant étaient peu
soumises ou pas du tout à cette action érosive des agents marins.
52. Implications archéologiques
du tsunami du 22 mai 1960
L’affaissement de la côte lors du séisme du 22 mai 1960 a pu rendre
invisibles lors des basses mers, avec submersion permanente, les
plus anciens des centaines enclos de pêche (corrales de pesca)
aménagés sur les côtes de l’archipel de Chiloé et les côtes
adjacentes.
Enclos de pêche avec vestiges de murs en pierre sèches sur l’estran de l’île
Chala, dans la mer intérieure de Chiloé. Photo Felipe Montiel, 2005
Enclos de pêche avec mur simple de
galets à l’île Cahuach, dans la mer
intérieure de Chiloé. Photo Ricardo
Alvarez, 2008
In : ALFREDO R., MUNITA D., FREDES J.,
MERA R. , 2008. Corrales de Pesca en
Chiloé. Consejo Nacional de la Cultura
y las Artes, 181 p.
53. Corrales de pesca (enclos de pêche) à marée basse sur l’estran (marnage moyen de 4-6 m) de la pointe Tenaún (Dalcahue).
Photo panoramique Loïc Ménanteau, 6 octobre 2014
L’affaissement de l’archipel de Chiloé rend moins visibles à marée basse
les traces archéologiques de nombreux corrales de pesca
54. Secteur de Rahue au sud de Cucao, sur la côte occidentale de la Isla Grande de Chiloe. Image Google Earth. Traitement Loïc Ménanteau
Le tsunami provoqua l’érosion et la disparition d’îlots, de flèches sableuses, de barres et bancs estuariens…,
mais aussi des accumulations sédimentaires.
55. Secteur de Rahue au sud de Cucao, sur la côte occidentale de la Isla Grande de Chiloe. Image Google Earth. Traitement Loïc Ménanteau
En trame rouge, plage et
cordon de gros graviers
formés par le tsunami du
22 mai 1960.
56. Le tsunami du dimanche 22 mai 1960 a provoqué le remplacement de toute la plage de sable fin qui fermait l’embouchure du Río à Rahue (sud
de Cucao) par un cordon de gros graviers (4 cm) haut de 5 m.
Photo panoramique Loïc Ménanteau, vers le sud, 5 décembre 2014
Côte occidentale de la Isla Grande de Chiloé
57. Le tsunami du dimanche 22 mai 1960 a provoqué le remplacement de toute la plage de sable fin qui fermait l’embouchure du Río à Rahue (sud
de Cucao) par un cordon de gros graviers (4 cm) haut de 5 m.
Photo panoramique Loïc Ménanteau, vers le sud, 5 décembre 2014
Côte occidentale de la Isla Grande de Chiloé
58. Le tsunami du dimanche 22 mai 1960 a provoqué le remplacement de toute la plage de sable fin qui fermait l’embouchure du Río à Rahue (sud
de Cucao) par un cordon de gros graviers (4 cm) haut de 5 m.
Photo panoramique Loïc Ménanteau, vers le sud, 5 décembre 2014
Côte occidentale de la Isla Grande de Chiloé
59. Fermeture de l’embouchure du Río Rahue par un cordon de gros graviers formé lors du tsunami du dimanche 22 mai 1960 à Rahue au sud de
Cucao.
Photo panoramique Loïc Ménanteau, 5 décembre 2014
Côte occidentale de la Isla Grande de Chiloé
60. Paysage de l’embouchure du Río Rahue à Rahue au sud de Cucao (vue prise vers le nord), sur la côte occidentale de la Isla Grande de Chiloé. Elle
sera fermée par un cordon de galets lors du tsunami du 22 mai 1960. L’intrusion saline due à l’affaissement du terrain d’environ 2 m provoqua le
changement de la végétation, auparavant très arborée. Photo panoramique Loïc Ménanteau, 5 décembre 2014
61. Autres implications archéologiques du tsunami du 22 mai 1960 :
la fossilisation par les sables de sites archéologiques
et de conchales (amas coquilliers)
Amas coquillier
(conchal) à Rilán,
Isla Grande de
Chiloé.
Photo Loïc Ménanteau,
25 octobre 2014
62. Dans certains secteurs côtiers où d’anciennes falaises marines sont en retrait de la côte
actuelle avec des zones basses les séparant du rivage marin, les sables apportées par les
vagues du tsunami ont modifié la morphologie existante et recouvert des sites archéologiques,
en particulier des conchales (amas coquilliers), très fréquents sur les côtes de l’archipel de
Chiloé (les plus anciens datant d’environ 5 000 ans). Nous avons pu le constater sur la côte au
sud de Cucao, sur la Isla Grande de Chiloé (centre ouest).
Zone côtière au sud de Cucao où les sables apportés par le tsunami ont ensablé d’anciens amas coquilliers.
On voit en retrait l’ancienne côte à hautes falaises.
Photo Loïc Ménanteau, 6 février 2013
63. Le recouvrement de terrains proches de la côte par des sables lors de tsunamis sur les côtes pacifiques de l’Amérique du Sud s’est produit
à différentes reprises. À titre d’exemple, citons le cas de Callao au Pérou lors du tremblement de terre du 28 octobre 1746. Ce séisme
dévasta la ville de Lima, mais aussi « La Callao, ville fortifiée, & port de Lima. […] La mer s’éloigna du rivage à une grande distance, & elle
revint ensuite avec tant de furie, qu’elle submergea treize des vaisseaux qu’elle avoit laissés à sec & sur le côté dans le port, en porta
quatre fort en avant dans les terres, où elle s’étendit à une de nos lieues, rasant entièrement la ville de Callao, & engloutissant tous ses
Habitants au nombre de cinq mille, & plusieurs de ceux de Lima, qu’elle trouva sur le chemin. Les oscillations que fit la mer jusqu’à ce
qu’elle eût repris son assiette naturelle, couvrirent les ruines de cette malheureuse ville de tant de sable, qu’il resta à peine
quelque vestige de sa situation. […] »
In : SIGAUD DE LA FOND, 1790. Dictionnaire des merveilles de la nature. Paris, chez Desray, tome 2, article Tremblemens de terre, p. 410-
411 (bibliothèque Loïc Ménanteau)
Côte sud de Cucao, avec l’ancienne falaise marine séparée de la mer par une vaste surface sableuse. Photo Loïc Ménanteau, 6 février 2013
64. Embouchure du Río de Cucao. L’affaissement des terrains lors du tremblement de terre du 22 mai 1960 a modifié l’hydrologie en réduisant la pente
longitudinale de son thalweg et en faisant remonter les effets de la marée jusqu’au lac éponyme qui est devenu saumâtre dans sa partie
occidentale. Le tsunami a aussi profondément modifié la barre estuarienne et la bathymétrie du Río Cucao.
Photo panoramique Loïc Ménanteau, 5 décembre 2014
Modifications géomorphologiques et hydrologiques
65. Paysage du lac Huelde, à 3 km au nord de Cucao, sur la côte pacifique de l'ouest de l'île de Chiloé (région de Los Lagos, au sud du Chili).
Photo panoramique Loïc Ménanteau, 6 décembre 2013
Comme pour le lac de Cucao, celui de Huelde a subi la même évolution : l’affaissement de son fond a modifié la
nature de ses eaux : une intrusion saline s’est produite dans le lac par le Río Chanquín qui le fait communiquer
avec la mer.
66. Embouchure du Río Chanquín. L’affaissement des terrains lors du tremblement de terre du 22 mai 1960 a modifié l’hydrologie en réduisant la pente
longitudinale de son thalweg et en faisant remonter les effets de la marée jusqu’au lac Huelde qui est devenu saumâtre dans sa partie occidentale.
Photo panoramique Loïc Ménanteau, 5 décembre 2014
68. In : SAÉZ SEGUEL Cecilia, 2006. Efectos Geográficos de Eventos Catastróficos Caso Terremoto - Maremoto 22 de mayo 1960, Ancud,
Memoria para Optar al Título Profesional de Geógrafo, Universidad de Chile Facultad de Arquitectura y Urbanismo, Escuela de Geografía,
177 p.
Enquête sur le tsunami
menée en 2006 auprès
des habitants d’Ancud
(Isla Grande de Chiloe)
69. Menaces naturelles de la Région de los Lagos
Synthèse de risque sismique, volcanique et de tsunami
PROT Plan Regional de Ordenamiento Territorial
Amenazas naturales y exposición de sistemas estratégicos
72. Intégration du Chili au Sistema Internacional de Alarma de Tsunamis del Pacífico, dont le siège est à Honolulu (Hawaï, États-Unis). Cette
intégration s’est faite en 1959, soit peu de temps avant le séisme de mai 1960 ! C’était le Departamento de Navegación e Hidrografía (DNH),
devenu le SHOA, qui était en charge de la gestión.
Création en 1966 (Decreto Supremo N° 26 de janvier 1966) d’un système national d’alarme de tsunamis, le SNAM, dont l’organisation, la
direction et le contrôle sont confiés au SHOA (Servicio Hidrográfico y Oceanográfico de la Armada) qui fait partie de la Marine chilienne. Son
but principal est d’alerter la population des risques de tsunamis.
Prévention des risques de tsunamis au Chili
74. Signalisation d’une zone de
menace TSUNAMI à Dalcahue
(Isla Grande de Chiloé).
Photo Loïc Ménanteau, 09-07-2014
Signalisations au Chili pour
les risques de tsunamis.
75. Un instrument cartographique : les CITSU
Cartas de Inundación por Tsunami / Cartes d’Inondation par Tsunami
Carte d’inondation par
tsunami se référant à
celui de mai 1960.
Choix de 5 classes de
profondeur de l’inondation.
77. Sur la rive droite de la rivière côtière Gamboa (en contrebas du promontoire de Castro), on voit une partie des "palafitos" (maisons en bois sur
pilotis) qui donnent sur la rue Ernesto Riquelme. Photo panoramique Loïc Ménanteau, 5 octobre 2014
Menacées en cas de tsunamis importants, car en première ligne,
les maisons traditionnelles sur pilotis, les palafitos
78. Troisième éruption du volcan
Calbuco vu depuis la Costanera
de Puerto Montt. Photo Loïc
Ménanteau, samedi 30 avril 2015
à 13 h 32
Que se passerait-il aujourd’hui à
Puerto Montt s’il y avait un tsunami
de la même force que celui du 22
mai 1960 ?
Jusqu’en 2021, la difficile application des documents d’urbanisme,
qui, au Chili, sont encore consultatifs et non contraignants