Mobilité électrique : mieux comprendre son usage grâce à ses propres données de déplacement pour choisir le meilleur véhicule et améliorer sa conduite. A partir d’une étude de cas concernant trois motos électriques les plus emblématique, pourtant censées avoir les mêmes performances techniques sur le papier, Julien montrera que chacune d’elle répond mieux à certains usages que d’autres. L’analyse des données de déplacement d’un véhicule, permet au motard de choisir le véhicule qui conviendra le mieux à ses habitudes de déplacement et d’améliorer aussi sa propre consommation. La possibilité de récupérer ses propres données d’usage et la capacité de les analyser, en mode « quantified self » / automesure, comme on le ferait avec une application de course à pied type Strava, est à la portée de plus en plus de monde et redonne plus de pouvoir à l’utilisateur.

1. EN QUOI LA COMPRÉHENSION DE
MON USAGE GRÂCE À MES DONNÉES
DE DÉPLACEMENTS ME PERMETTRA
DE CHOISIR LA MEILLEURE MOTO
ÉLECTRIQUE ?
Julien Vaïssette
construire-sa-moto-electrique.org 1

2. CAS D’ÉTUDE:
MON CV MOTARD
• KAWASAKI ER-5 1998
• 9 TRAJETS SUR 10 : URBAINS
• 93 % DU TEMPS : < 90 KM/H
2

3. MA RECHERCHE
• UNE MOTO ÉLECTRIQUE PUISSANTE
• JE N’AI AUCUNE LIMITE DANS MON BUDGET
• JE N’AI PAS DE CRITÈRES ESTHÉTIQUES
• JE N’AI PAS DE CRITÈRES ENVIRONNEMENTAUX
• JE N’AI PAS DE CRITÈRES D’AUTONOMIE
possibilités
CAS D’ÉTUDE:
3

4. ENERGICA
EVA RIBELLE
ZERO MOTORCYCLES
ZERO SR/F
HARLEY-DAVIDSON
LIVEWIRE
LAQUELLE CHOISIR ?
4

5. SECONDES
0-100 km/h
ELLES SEMBLENT ÉGALES :
5

6. 0
30
60
90
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Puissance
en
kW
Vitesse de la moto en km/h
EVA Ribelle Livewire SR/F
PUISSANCE ROUE
RIBELLE VS SR/F VS LIVEWIRE
6

7. 0-85 km/h 85-150 km/h +150 km/h
ENERGICA
EVA RIBELLE
ZERO
MOTORCYCLES
ZERO SR/F
HARLEY-
DAVIDSON
LIVEWIRE
7

8. EN CONCLUSION :
UNE CONNAISSAINCE FINE DE
MON USAGE
(FRÉQUENCE, VITESSE, LIEUX)
CE QU’ON NE TROUVE JAMAIS : UNE
CONNAISSANCE FINE DES
PERFORMANCES RÉELLES DE LA MOTO
(PUISSANCE DANS LA ROUE,
CONSOMMATION, RENDEMENT, ETC)
IL FAUT UN ÉQUILIBRE
8

9. En
quoi
la
compréhension
de
mon
usage
grâce
à
mes
données
de
déplacements
me
permettra
de
choisir
la
meilleure
moto
électrique
?
Julien
Vaïssette,
doctorant
à
l’INSA
de
Toulouse
et
créateur
du
site
https://construire-sa-moto-
electrique.org/
L’objectif
de
cette
présentation
est
simple
:
je
veux
savoir
quelle
sera
ma
prochaine
moto
électrique
?
Cas
d’étude
Grâce
aux
applications
«
Yamaha
My
Ride
»
et
«
Speedometer
GPS
»,
voilà
ce
que
j’ai
tiré
de
l’analyse
de
mes
données
d’usage
sur
ma
moto
actuelle
:
•
9
trajets
sur
10
sont
urbains,
•
J’utilise
ma
moto
au
moins
3
fois
par
semaine,
•
Je
passe
93%
de
mon
temps
en
dessous
de
90
km/h.
C’est
tout
ce
dont
j’ai
besoin,
pour
choisir
de
manière
éclairée
ma
prochaine
moto
électrique.
Mes
critères
de
recherche
dans
cet
exercice
sont
très
simples,
puisqu’il
n’y
en
a
qu’un
:
•
Je
veux
une
moto
électrique
puissante
pour
m’amuser
les
7%
du
temps,
quand
je
roule
à
plus
de
90
km/h.
•
Je
n’ai
donc
aucune
limite
de
budget,
aucun
critère
esthétique,
aucun
critère
environnemental
et
aucun
critère
d’autonomie.
Dans
la
réalité,
j’ai
évidemment
d’autres
critères.
Mais
nous
verrons
que
c’est
déjà
bien
assez
touffu
comme
ça.
Les
possibilités
qui
s’offrent
à
moi
Il
y
a
3
modèles
qui
semblent
sortir
du
lot,
d’autant
qu’ils
font
partie
des
5
motos
électriques
les
plus
connues
du
marché
:
•
La
Zero
SR/F
de
Zero
Motorcycles,
•
La
EVA
Ribelle
d’Energica,
•
La
Livewire
d’Harley-Davidson.

10. Comme
je
n’ai
aucun
autre
critère
que
la
puissance,
la
logique
veut
que
je
choisisse
la
moto
électrique
la
plus
puissante
parmi
les
3.
Je
devrais
donc
choisir
la
EVA
Ribelle
qui
est
équipée
d’un
moteur
de
107
kW
pendant
que
la
Zero
SR/F
et
la
Livewire
ne
développent
respectivement
«
que
»
82
et
78
kW.
Mais
ce
n’est
pas
aussi
simple.
Car
en
matière
de
performances,
ce
qui
importe
le
plus
est
le
temps
de
passage
de
0
à
100
km/h.
Et
sur
ce
point,
elles
sont
toutes
égales
:
elles
le
franchissent
en
3
secondes.
Egalité
totale.
Si
bien
que
quelle
que
soit
la
qualité
de
l’analyse
de
mes
données
usage,
je
suis
dans
l’incapacité
de
prendre
une
décision
éclairée
sur
la
moto
électrique
que
je
dois
acheter.
Les
données
disponibles
à
propos
de
ces
3
motos
sont
trop
incomplètes.
La
puissance
dans
la
roue
est
celle
qui
importe
le
plus
Ici,
j’ai
donc
le
choix
:
soit
j’abandonne,
car
je
ne
trouve
pas
plus
d’informations
pour
faire
mon
choix.
Soit
je
creuse
dans
les
fiches
produits
des
3
motos
électriques
pour
voir
s’il
n’y
a
pas
des
trésors
cachés.
J’ai
évidemment
choisi
la
deuxième
solution,
et
voilà
ce
que
j’ai
trouvé
:
les
3
constructeurs
ont
chacun
opté
pour
un
dimensionnement
différent
du
système
moteur
+
transmission.
1.
La
Livewire
de
Harley-Davidson
est
dotée
d’un
rapport
de
transmission
entre
la
roue
et
le
moteur
de
9,70.
C’est-à-dire
que
le
moteur
tourne
9,70
fois
moins
vite
que
la
roue
arrière.
2.
La
Zero
SR/F
de
Zero
Motorcycles
a
quant
à
elle
un
rapport
de
transmission
de
4,5.
Son
moteur
tourne
donc
4,5
fois
moins
vite
que
sa
roue
arrière.
3.
Enfin,
la
EVA
Ribelle
de
Energica
affiche
un
rapport
de
transmission
de
2,75,
avec
un
moteur
largement
surdimensionné.
Si
bien
qu’à
la
fin,
on
comprend
bien
que
les
3
motos
ne
peuvent
pas
être
égales,
puisque
leur
roue
arrière
est
propulsée
avec
des
caractéristiques
diamétralement
différentes.
Et
on
sait
que
dans
une
moto,
ce
n’est
pas
le
moteur
qui
importe,
mais
le
couple
et
la
puissance
qu’on
envoie
dans
la
roue
arrière.
Et
ça,
les
constructeurs
s’avisent
rarement
de
le
préciser.
Les
médias
spécialisés
s’embêtent
encore
moins.
Si
on
ajoute
à
cette
prise
de
conscience
que
le
rendement
des
moteurs
varie
largement
selon
sa
vitesse
de
rotation,
on
s’attend
à
ce
que
la
puissance
injectée
dans
la
roue
arrière
de
ces
3
motos
n’ait
pas
un
comportement
égal
selon
la
plage
d’utilisation.

11. La
preuve
avec
la
courbe
suivante,
qui
montre
l’évolution
du
rendement
du
moteur
de
la
Zero
SR/F.
Passé
un
régime
optimal,
le
rendement
chute,
ce
qui
fait
nécessairement
drastiquement
chuter
la
puissance
envoyée
dans
la
roue
arrière.
Et
c’est
le
même
constat
pour
les
2
autres
motos.
Je
peux
donc
m’attendre
à
ce
que
malgré
l’apparente
égalité
de
ces
3
motos
entre
0
et
100
km/h,
leur
comportement
ne
soit
pas
strictement
égal.
Et
c’est
le
cas.
Car
si
je
trace
la
puissance
dans
la
roue
arrière
pour
ces
3
motos
entre
0
et
200
km/h,
voilà
ce
que
j’obtiens
:
Les
3
motos
ne
se
valent
absolument
pas.
La
Livewire
est
excellente
entre
0
et
85
km/h,
puis
devient
totalement
molle.
La
Zero
SR/F
est
très
bonne
jusqu’à
85
km/h,
puis
excellente
jusqu’à
150
km/h.
Enfin,
la
EVA
Ribelle
se
révèle
aux
très
hautes
vitesses.
70%
75%
80%
85%
90%
95%
100%
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
Rendement
en
%
Vitesse
de
rotation
du
moteur
en
tr/min
Rendement
Zero
SR/F

12. Je
peux
donc
faire
mon
choix
Fort
de
l’analyse
de
mes
données
d’usage,
je
sais
que
je
peux
d’ores
et
déjà
éliminer
la
EVA
Ribelle.
Car
elle
est
la
meilleure
alternative
seulement
aux
très
hautes
vitesses,
vitesses
que
j’atteins
très
rarement.
Je
tiens
à
la
vie.
Il
reste
à
trancher
entre
la
Livewire
et
la
Zero
SR/F.
Pour
rappel,
je
passe
93%
de
mon
temps
en
dessous
de
90
km/h.
Le
premier
réflexe
est
donc
de
me
tourner
vers
la
Livewire
qui
est
la
meilleure
sur
cette
plage
de
vitesses.
Mais
je
passe
aussi
7%
de
mon
temps
au-delà
de
ces
vitesses.
Et
si
je
veux
une
moto
puissante,
ce
n’est
pas
pour
avoir
une
moto
indolente
à
partir
de
100
km/h.
Ainsi,
la
lecture
de
mes
données
d’usage
couplée
à
la
lecture
des
performances
réelles
de
ces
motos
me
laisse
penser
que
la
meilleure
candidate
est
la
Zero
SR/F.
Du
moins
dans
le
périmètre
d’étude
de
cet
exercice.
C’est
une
question
d’équilibre
Ici,
on
réalise
que
posséder
une
mine
infinie
d’informations
sur
l’usage
de
ma
moto
est
très
utile
pour
connaître
mes
critères
de
décision.
Mais
si
on
ne
couple
pas
ces
données
avec
une
connaissance
fine
des
caractéristiques
réelles
des
motos,
cette
clairvoyance
ne
sert
à
rien.
Et
inversement.
Car
si
on
connaît
parfaitement
la
moto
mais
qu’on
n’a
aucune
idée
de
notre
usage,
notre
choix
ne
pourra
jamais
être
éclairé.
On
doit
donc
chercher
une
symétrie
entre
la
connaissance
de
nos
données
d’usage,
et
la
connaissance
des
données
des
motos
disponibles
sur
le
marché.
Manque
de
chance,
cette
symétrie
est
inexistante
aujourd’hui.
Car
s’il
est
simple
de
télécharger
une
application
pour
mesurer
notre
usage,
il
est
beaucoup
moins
simple
d’accéder
aux
données
réelles
des
véhicules
disponibles
sur
le
marché.
On
n’a
accès
qu’à
des
données
inutiles
en
l’état,
telles
que
la
puissance
du
moteur
ou
le
couple
moteur.
Les
constructeurs
ne
donnent
jamais
l’évolution
de
la
puissance
et
du
couple
dans
la
roue,
ce
qui
est
regrettable
car
c’est
exactement
ce
dont
on
a
besoin
pour
se
décider.
Si
bien
que
les
courbes
que
j’ai
tracées
ci-dessus
ne
sont
pas
contractuelles,
et
seulement
spéculatives.
J’ai
dû
bricoler
avec
les
quelques
informations
disponibles,
qui
sont
beaucoup
trop
peu
nombreuses.
Dans
le
monde
en
tension
énergétique
que
nous
allons
connaître,
ce
genre
d’opacité
est
de
plus
en
plus
inacceptable,
car
ça
empêche
au
consommateur
de
choisir
le
véhicule
qui
répondra
exactement
à
ses
besoins.
Et
malgré
toute
la
bonne
volonté
de
cet
usager,
on
ne
peut
rien
sans
un
coup
de
pouce
des
constructeurs.