2. Le numérique a transformé la vie
des territoires. Chaque partenaire
de “Paroles d’élus”, les associations
et Orange, en rend ici compte,
développant les incontournables
utilisations que les collectivités
se sont appropriées.
3. Le déploiement de la fibre vient également d’être engagé à Montluçon et à Nevers.
30 Paroles d’élus tome 10
Bruno Janet, directeur des Relations avec
les collectivités locales Groupe Orange
“le numérique
a bouleversé
Les territoires
en permettant
l’expression
des politiques
publiques.”
Avec ce nouveau tome, nos Paroles d’élus fêtent leur dixième anni-versaire.
En dix ans, ce sont des centaines d’exemples de projets
numériques illustrant, au plus près, le dynamisme de collectivités
territoriales qui ont mis au coeur de leur développement le numé-rique
et ses usages. Paroles d’élus en est le témoin et souhaite
mettre à l’honneur les collectivités qui agissent partout en France
– villes et intercommunalités de toutes tailles, métropoles, territoires
ruraux ou de montagne, acteurs du développement économique,
départements – pour innover dans leurs politiques publiques avec
le numérique.
Ce tome 10 célèbre aussi dix ans de l’aventure partenariale des
11 acteurs du dispositif “Paroles d’élus”. Nous l’avons voulu différent
des éditions précédentes. Nous avons souhaité à la fois retracer ces
dix années de révolution numérique, saluer aujourd’hui les utilisations
incontournables, et nous projeter vers les tendances amorcées qui
vont transformer dans les dix prochaines années encore davantage
la vie des territoires et des citoyens français.
[DIX ANS] Le numérique en action
La carte de déploiement de la fibre
Cet opus, le dixième du dispositif “Paroles
d’élus”, témoigne de dix ans de partenariat
d’Orange avec dix associations d’élus.
Il retrace dix années de révolution numérique
et se projette vers les enjeux et les tendances
qui transformeront encore davantage
demain la vie des territoires et des citoyens.
4. parolesdelus.com 31
Ces pages soulignent à quel point le numérique
a profondément bouleversé la vie des territoires
en permettant une nouvelle expression des
politiques publiques au bénéfice de tous les
citoyens : de la jeunesse, avec l’e-éducation, à
la vieillesse, avec la dépendance des personnes
âgées, en passant par développement écono-mique,
le tourisme, la sécurité, l’accessibilité aux
services publiques, les transports, etc. Ainsi, la
géolocalisation favorise une mobilité intelligente
et contribue à la lutte contre la pollution et le
réchauffement climatique. Il importe de repen-ser
nos modes de transports. Avec les smart-phones,
les capteurs, la NFC et les réseaux
sociaux, la mobilité passe nécessairement par
un usage du numérique. Il concourt également
à relever des défis cruciaux, comme le renfor-cement
de l’attractivité de tous les territoires,
favorisant le développement de nouvelles formes
de tourisme et de valorisation de leur patrimoine
culturel ou géographique.
Le numérique joue aussi un rôle déterminant
en matière d’innovation sociale. Il est l’occasion
d’expérimenter des organisations innovantes :
services nomades, plateformes collaboratives,
télécentres et télétravail, qui, comme la visiocon-férence,
devraient encore plus se développer
et participer d’une gestion plus intelligente de
l’énergie et du déplacement. Dans le domaine
de l’acquisition des savoirs, le numérique est un
support désormais indispensable. Paroles d’élus
revient sur quelques réalisations particulièrement
stimulantes et passionnantes. On y constate que
le numérique joue dorénavant un rôle majeur
au service de la réussite de tous les élèves. Ils
permettent à chacun, indépendamment de sa
localisation sur le territoire, d’accéder à la culture
et à la connaissance. Comme dans les volumes
précédents, la lecture de ce tome 10 nous invite
à mesurer à quel point les questions liées à la
santé ont pris dans nos sociétés une place
considérable, réalisant une révolution profonde
des relations entre soignants et patients.
Une nouvelle fois, les exemples mis en lumière
attestent que l’innovation numérique est en
capacité de répondre très concrètement aux
questions qui se posent dans nos territoires.
Le déploiement de ces nouveaux services
s’appuie sur une stratégie qui nous permettra,
à terme, de déployer, comme nous l’avions
fait
pour le haut débit, le très haut débit pour l’en-semble
de nos concitoyens.
Au-delà des investissements réalisés en propre
par le Groupe pour couvrir en FttH 60 % de la
population, Orange investit aux côtés des collec-tivités
qui souhaitent apporter le très haut débit
à tous, dans un souci de complémentarité entre
technologies et investissements publics et privés.
C’est ainsi, et ensemble, que nous arriverons à
relever le défi de faire de tous nos territoires des
territoires numériques, et du digital une opportu-nité
pour la France.
une
décennie
du
numérique
2004 Charte des départements
innovants pour le déploiement
du haut débit. Plan très haut
débit (THD) pour 2 000 ZAE.
2005 Plan 3 x 10, un bouquet
de services innovants pour les
collectivités.
2006 Couverture ADSL
des zones d’activité.
2007 Le point visio-public
(PVP) Auvergne couronné
par le Broadband Awards
à Bruxelles.
2007-2008 Lancement
du programme NRA-ZO.
2009 Lancement du site
Internet parolesdelus.com.
2010-2011 Déploiement
du très haut débit par la fibre
Investissement avec 2 milliards
d’euros.
2012 Lancement de la 4G
dans 10 villes. 21 millions
de foyers abonnés à l’ADSL.
2013 10 millions de foyers
raccordés à la fibre.
2014 Plus de 30 villes équipées
en NFC. 70 % de la population
couverte en 4G.
5. [DIX ANS] Le numérique en action
La France numérique
32 Paroles d’élus tome 10
x 2
en un an
+ 30 % en un an (pour le THD)
Plus de 2,3 millions d’abonnés
au très haut débit (THD)
en un an
ÉQUIPEMENT
AMÉNAGEMENT NUMÉRIQUE
DU TERRITOIRE
Tablette
Internet
Télérèglement
Fibre
NFC
4G
un Français sur 3
Plus de 30 villes équipées
de solutions de paiement sur mobile
N° 1
des réseaux mobiles
pour la quatrième année
des entreprises de plus de 20 salariés
8 millions
de foyers
équipés
25,4 millions
d’abonnés
Une intercommunalité sur 10 était
équipée de télérèglement en 2013,
au lieu d’une sur 100 en 2008
80%
70 %
de couverture
avec Orange
+ 69 %
Si le développement des usages numériques en 2014
France se poursuit à un rythme dynamique, 2014 est
aussi marquée par les transformations structurelles du
secteur des télécoms, particulièrement dans le mobile,
avec l’arrivée d’un quatrième opérateur, la fusion
de deux d’entre eux et une guerre des prix intense.
Avec, à la clé, la chute simultanée de la facture
mensuelle du client, du chiffre d’affaires des opérateurs
et du nombre d’emplois du secteur (- 4 200).
Ailleurs dans le monde, le marché a plutôt enregistré
un léger rebond de croissance.
6. DU CÔTÉ DES USAGES L’ÉCONOMIE DU SECTEUR
75 70
parolesdelus.com 33
Données consommées
(fixe et mobile)
62
320
en un an
13 000 To
2009
155 000 To
2013
95 000 To
2012
Mobinautes
Outils connectés
Facebook
Seulement 10,7 % de députés
y sont présents (sur 577)
Twitter
Plus de 50 % des députés
ont un compte
Le mobile le moins cher
(moyenne du prix abonnement en euros, par mois)
Mobile Triple play
33 37
Chiffre d’affaires des opérateurs
(en 2012)
60 % des salariés effectuent
les ¾ de leur travail
avec des outils connectés
14,5 %
En investissements Chiffre d’affaires
Une heure ou plus
sur smartphone ou tablette
pour 80% d’entre e ux
45 40
20 32
49 46
39 37
+ 63 %
par jour
%
année
Sources : zdnet, journaldunet, Challenges, Arcep, Azetone, baromètre AdCF, Sénat, Orange, ArthurDLittle – Réalisation : Studio V2
- 13 %
7. maires de France
“Cybercité rurale”, Bras-sur-Meuse n’a
rien à envier aux plus grandes collectivités.
Comme elles, cette petite commune
de Lorraine de 800 habitants joue à fond
les nouvelles technologies. Entretien
avec son maire et éclairages en miroir
sur trois collectivités qui exploitent les
mêmes outils qu’elle : la formation
numérique à Pont-Audemer, la webTV
à Lille et l’e-concertation à Amiens.
34 Paroles d’élus tome 10
Julien Didry, maire de Bras-sur-Meuse (Meuse)
“Sans Internet,
je ne pourrais
pas être maire !”
Paroles d’élus Considérez-vous votre commune comme un
territoire pilote en matière d’initiatives numériques ?
Julien Didry Comme d’autres communes en France, je peux dire
effectivement que Bras-sur-Meuse est un territoire pilote en termes
d’initiative numérique. L’objectif est de démontrer qu’il est possible
d’envisager socialement et économiquement un développement
des territoires ruraux grâce au numérique.
De multiples actions ont été entreprises par la mairie pour
associer les citoyens aux décisions municipales : peut-on
parler d’une e-démocratie à Bras-sur-Meuse ? Peut-elle, à
terme, renouveler la politique et raviver l’intérêt des jeunes ?
Le conseil municipal en direct, par exemple, est-il une infor-mation
citoyenne et/ou un procédé de gestion communale ?
Avec l’évolution des comportements, du mode de vie… les gens
ne prennent plus ou n’ont plus le temps de se rendre aux conseils
municipaux. Il y a deux façons de voir les choses. Soit nous
n’acceptons
pas ces changements en pensant que les habitants
n’ont qu’à se déplacer, soit nous mettons en place de nouveaux
moyens adaptés pour que la démocratie vive. Le fait de proposer
aux habitants de participer au conseil municipal “virtuel” contribue à
ce qu’ils s’intéressent à leur commune. Mais la solution sera globale.
Il faut se diriger vers encore davantage de transparence avec de
l’open data simple, et endiguer cette défiance envers la politique.
[DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
8. sur
le terrain
1
2
3
parolesdelus.com 35
Au sujet du Numéripôle, pensez-vous que les enjeux de la
formation numérique soient plus importants dans les ter-ritoires
ruraux ? Est-ce parce qu’une telle formation par-ticipe
à la lutte contre les inégalités face au numérique ?
Par ailleurs, d’après vous, le modèle du Numéripôle, qui
regroupe formations, services de télétravail et jeux, est-il
exportable ?
Encore une fois, le numérique est un enjeu de développement éco-nomique
et social pour les territoires ruraux. Mais nous ne sommes
pas en zone dense, donc le haut débit et le très haut débit (THD)
pris en charge à 100 % par les opérateurs, ce n’est malheureu-sement
pas pour nous… Ces technologies arrivent moins vite et
ce décalage technologique a engendré un décalage d’usages. La
formation – aux outils et usages – est donc essentielle dans nos
territoires. Les perspectives sont dans le développement du rayon-nement
du Numéripôle sur l’ensemble du bassin de vie de l’ag-glomération.
Concernant le télétravail, notre espace de coworking
(télécentre) a connu un succès rapide et l’objectif est de déployer
la démarche sur l’ensemble du département. Parallèlement, nous
voulons aussi développer le Numérifab (laboratoire de fabrication
numérique), dernier né du Numéripôle. Les laboratoires de pro-totypage
de cet ordre ont toute leur place chez les ruraux aussi.
Pensez-vous augmenter la visibilité, à terme, du projet de
webTV LNTV.fr de Bras-sur-Meuse, qui donne un moyen
d’expression aux jeunes ? Est-ce un outil d’information
citoyenne ? Une manière d’alimenter la vie de la commune ?
L’un des objectifs de LNTV est bien d’atteindre les jeunes. Leur
comportement évolue aussi et ils ne consomment plus l’information
de la même manière. Avec des émissions thématiques, produites
par des jeunes pour les jeunes, nous essayons de les intéresser
aux sujets de société. Et une webTV va chercher ses auditeurs là
où ils sont, c’est-à-dire sur les réseaux sociaux, etc.
Comment envisagez-vous les perspectives du numérique
dans le cadre d’un nouveau mandat ?
Les perspectives vont au-delà des frontières de Bras-sur-Meuse.
L’enjeu est de mener le combat d’égalité des territoires avec un
plan THD pour la ruralité. L’avenir de nos territoires passera par
leur capacité à être attractifs. C’est un enjeu d’aménagement du
territoire en France car, urbains et ruraux, nos destins sont liés.
u bras-sur-meuse.fr
u Lire sur parolesdelus.com : la table du conseil dans les nuages
Pont-Audemer
Lille
Amiens Métropole
9. du côté des
maires de France
Pont-Audemer (Eure)
Former et
accéder
au numérique
1
La Ville de Pont-Audemer se soucie des accès de l’ensemble
de la population aux réseaux numériques mais aussi
de sa formation dans un souci d’égalité devant le numérique.
Depuis la fin 2000, la Ville de Pont-Audemer
n’a cessé de développer les lieux d’accès
gratuits à Internet, aux multimédias et aux
nouvelles technologies, entre autres grâce
à son service Net-Cité, qui met à disposition
huit postes pour des consultations avec
présence d’une animatrice.
Elle a également proposé de nombreuses
formations, individuelles ou en groupe,
dispensées sous forme d’ateliers thématiques,
en accord avec la charte NetPublic, pour
encourager la découverte de l’informatique,
d’Internet, des courriels, des logiciels
de bureautique et outils numériques, etc.
Les usagers ainsi que les associations
et les agents de la collectivité les utilisent,
en particulier via les ateliers spécifiques
bureautique, quel que soit le support
numérique ou le système d’exploitation.
36 Paroles d’élus tome 10
À Pont-Audemer, la lutte contre la fracture
numérique et l’inégalité des usages
numériques est donc bien avancée, par
exemple pour accompagner les demandeurs
d’emploi, les seniors, ou monter des projets
destinés aux jeunes avec la CAF, l’enjeu étant
de doter gratuitement toute la population
d’un niveau minimal. La collectivité permet
ainsi une égalité d’accès aux technologies
numériques pour les habitants de son
territoire et une meilleure utilisation des
outils informatiques pour son personnel.
La plupart des formations sont organisées
en petit groupe de cinq mais peuvent parfois
être programmées en séances individuelles,
avec une présence en continu d’animateurs.
Régulièrement, les membres d’un groupe se
consultent mutuellement afin de se retrouver
lors de futures séances. C’est donc aussi
un moyen de développer le lien social et
intergénérationnel sur le territoire. Le public
et les associations qui ont bénéficié de ces
formations en sont d’ailleurs très satisfaits.
La principale difficulté est souvent de
rassurer les apprenants, surtout les seniors,
en démystifiant les outils numériques et
informatiques.
Quant à l’avenir, un atelier sur la sécurité
des données personnelles, les droits et les
usages sur Internet est en cours d’élaboration
au sein de Net-Cité.
u ville-pont-audemer.fr
10. 2 3 Amiens Métropole (Somme)
parolesdelus.com 37
Cela fait déjà longtemps que
la Communauté d’agglomération
d’Amiens Métropole a pris
le tournant de l’ère numérique.
Après l’e-concertation pour
adapter le réseau de bus aux
attentes des citoyens, en 2011
(lire tome 8, page 111), la
Communauté a mis en place,
en 2012, une concertation
par un jeu pour évaluer les
besoins à l’occasion d’un
projet de construction de piscine.
L’enjeu de cette consultation
numérique était de taille : il
s’agissait de récolter l’avis
des futurs utilisateurs de cette
piscine, à commencer par
ceux qui participent rarement
aux réunions publiques.
Et, notamment, les jeunes,
Comme LNTV à Bras-sur-Meuse,
la webTV LM-TV a pour objectif
de faire connaître Lille Métropole
à travers des films, en informant
sur ses compétences : culture,
déchets, écologie, économie, eau,
transports, nature, sport, habitat,
voirie, etc. Chaque semaine,
sont diffusés des reportages,
des débats, des clips, etc. LM-TV
informe sur toutes les actions
menées par Lille Métropole,
de la nouvelle politique des
encombrants à l’actualité des
parcs naturels.
Grâce à l’intervention de plusieurs
agences de la métropole lilloise
en charge de la production des
contenus, cette webTV est un
réel outil multimédia au service
des citoyens. Lancé en 2013,
ce portail a plusieurs objectifs :
faire connaître l’activité de Lille
Métropole et communiquer
sur toutes ses actions, inciter
les internautes à participer
en envoyant leurs propres
vidéos, permettre une complète
autonomie des personnels de
Lille Métropole pour mettre à jour
la webTV, etc.
Mais ce projet va bien au-delà
d’une chaîne d’information
classique. C’est un accès simple
à l’information locale, avec des
conseils de la Communauté et
des informations en direct sur
les événements de la Métropole.
Après avoir créé leur compte,
les internautes peuvent ajouter
des vidéos à leur playlist pour
les consulter ultérieurement.
Ils peuvent aussi participer à
la webTV en soumettant leurs
propres vidéos au comité
de rédaction de LM-TV. Les
internautes découvrent les vidéos
réalisées près de chez eux
en sélectionnant leur commune
ou leur territoire. De plus, LM-TV,
connectée aux réseaux sociaux,
permet aux internautes de
partager les vidéos sur Facebook
et Twitter, mais aussi sur leur blog
en intégrant le lecteur dédié.
u lm-tv.fr
qui adhèrent plus facilement
aux consultations en ligne.
La première phase de cette
concertation a débuté sur
Internet sous forme de jeu.
L’initiative de la Métropole avait
pour but de recueillir et de
prendre en compte les attentes
et les suggestions des citoyens
sur cet aménagement de piscine.
La démarche, très plébiscitée,
a favorisé le lancement d’une
deuxième phase de concertation.
En répondant à une série
de questions concernant leurs
habitudes, les internautes
obtenaient un modèle 3D de leur
piscine idéale.
Si le budget de développement
(15 000 euros) représente un réel
investissement pour la mairie,
il constitue un moyen efficace
et relativement économique de
consulter les citoyens face au
coût de réalisation de la piscine,
estimé entre 15 et 20 millions
d’euros.
Avec près de 2 500 participants,
cette consultation fut un véritable
succès. Par le nombre, mais
aussi parce qu’elle a révélé les
pratiques des futurs usagers.
Par ailleurs, les nombreuses
suggestions de citoyens ne
résidant pas dans la Métropole,
ont permis de démontrer toute
l’attractivité de la capitale
régionale.
u amiens.fr/piscine
Un jeu en ligne
pour construire
sa piscine idéale
Lille (Nord)
À l’heure de l’information
numérique
11. Les intercommunalités se soucient
de mieux maîtriser l’outil numérique
et de le diffuser, parce que, dynamique,
il optimise la gestion des territoires,
stimule leur aménagement, démultiplie
les politiques d’économies, valorise le
travail des élus – avec davantage de
transparence – et renforce les pouvoirs
du citoyen.
38 Paroles d’élus tome 10
Daniel Delaveau
“Le numérique
irrigue le
quotidien des
populations.”
Ancien maire de Rennes, président de Rennes Métropole
de 2008 à 2014, Daniel Delaveau a présidé l’Assemblée
des communautés de France, qui a contribué, dès 2004,
au dispositif Paroles d’élus. Entretien sur les enjeux du
numérique dans les territoires.
Paroles d’élus Vous étiez encore récemment maire de Rennes,
commune-phare en matière de ville numérique. Quelles avan-cées
les plus prometteuses retenez-vous ?
Daniel Delaveau Authentique révolution industrielle, l’essor du
numérique touche de plein fouet, au-delà des domaines économique
Daniel Nouaille
“Le bon élu
est un élu
informé.”
Daniel Nouaille, maire d’Aixe-sur-
Vienne jusqu’en mars 2014, ancien
président de la Communauté de communes Val-de-
Vienne et ancien vice-président de l’AdCF, a beaucoup
oeuvré en faveur de l’essor du numérique dans les
collectivités territoriales.
intercommunalités
Les
communautés
dans la
révolution
numérique
Paroles d’élus Quelles sont depuis dix ans, selon vous, les
avancées les plus caractéristiques en matière de moderni-sation
des services publics ?
Daniel Nouaille En premier lieu, l’accès des habitants à l’infor-mation
et aux services proposés par les collectivités, avec la mise
[DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
12. sur
le terrain
1
2
3
4
parolesdelus.com 39
en ligne du paiement de certains services, l’ins-cription
sur les listes électorales, la consultation
du PLU, etc. Ensuite, du point de vue de l’orga-nisation
interne, la simplification administrative
fait gagner un temps précieux. La télétransmis-sion
de documents, dont le circuit a été réduit,
notamment celui des contrôles de légalité dans
les préfectures, permet d’éviter désormais de
nombreux déplacements. En somme, l’impres-sion
d’avoir quitté le Moyen-Âge pour vivre dans
une ère moderne. Aujourd’hui, le bon élu est un
élu informé.
Les collectivités, en particulier les intercom-munalités,
ont-elles suffisamment investi le
champ et les outils du numérique ?
Tout reste à faire, d’autant que le champ explose
et que le monde entier communique : le nombre
d’informations que les collectivités diffusent et
reçoivent double chaque année. Ni compétents
ni ouverts, certains élus ont freiné localement le
développement du numérique. Certaines col-lectivités
aussi, de crainte de perdre du pouvoir.
D’autres ont manqué de moyens… Il faut aider,
accompagner les hommes et les femmes, les
convaincre et recenser les bonnes pratiques :
c’est là que se trouvent des gisements d’éco-nomies
et de temps pour rendre les élus plus
productifs et plus responsabilisés. L’innovation
n’est pas toujours à Paris ou à Lyon, mais éga-lement
en Ariège ou dans l’Aveyron.
Quels sont les secteurs concernés par de
telles progressions ?
Nous signons encore des dizaines de kilos de
papier. En matière de marchés publics, par
exemple, pour des chantiers de métro ou de
tramway. Dans les services, les relations entre
usagers et prestataires peuvent être encore amé-liorées.
Mais au-delà, nous devons continuer,
sans cesse, de nous interroger sur ces outils
numériques pour les faire évoluer.
et social, le champ démocratique, les outils numé-riques
constituant de formidables atouts pour les
collectivités territoriales, en particulier pour les ser-vices
aux citoyens. De la plus petite communauté
de communes à la métropole, l’innovation joue son
rôle, avec la mise en place de nouveaux services,
dans la gestion de l’état civil, l’accès aux cantines,
à la crèche, à la médiathèque, etc. Le numérique
offre des capacités d’innovation considérables, et
les collectivités y contribuent largement en soute-nant
les start-up, en incitant localement à la créa-tion
et à l’innovation, comme dans le cas des can-tines
numériques ou des fablabs. Tous les champs
de la vie collective et publique sont concernés, de
la crèche au cimetière !
Une illustration se dégage-t-elle de ce four-millement
d’usages ?
L’élément majeur est qu’aucun champ de la vie
sociale et collective n’échappe aux atouts du
numérique, lequel facilite le quotidien de toutes
les populations.
Quels sont les principaux obstacles et que
préconisez-vous pour les contourner ?
L’accessibilité pour tous est l’objectif principal
auquel nous devons nous consacrer, à travers
l’éducation et la formation. La fracture entre les
territoires existe aussi sur le plan social pour les
gens démunis face à ces technologies. Je voudrais
citer deux exemples émergents. D’abord, la ques-tion
du vieillissement et l’ensemble de services que
nous devons apporter pour faciliter le maintien à
domicile et mieux vivre le grand âge. De l’adapta-tion
du logement au lien entre la personne âgée
isolée et les autres, nous attendons beaucoup
du numérique. L’enjeu et le défi de société sont
considérables : développer de nouveaux services
et outils, créant ainsi des emplois. Autre exemple :
l’apport du numérique dans la gestion globale de
la cité, offrant un meilleur niveau de service à la
population, tout en étant source d’économies pour
les collectivités. C’est tout l’enjeu des smart cities
et des smart grids : mieux faire vivre la ville.
Grand Cahors
Lamballe Communauté
Grand Autunois Morvan
Communauté
d’agglomération dracénoise
13. Depuis le printemps 2013,
les habitants du Grand
Cahors peuvent accéder
aux équipements
et aux services
intercommunaux
grâce à une carte
appelée le Grand
Pass. Difficile de
faire plus simple !
La création de la
carte Grand Pass
repose sur une
démarche participative
des citoyens et interne
à la collectivité, via un
processus de mutualisation
important entre la Ville de
Cahors et la Communauté
d’agglomération.
Il en résulte un accès simplifié
aux services publics. Les usagers
fournissent leurs coordonnées
pour obtenir leur Grand Pass. Ils
sont ensuite facilement identifiés
et accèdent sans inscription
supplémentaire à la plupart
des services intercommunaux.
Dispensés de remplir de
nombreux formulaires, les
habitants bénéficient en outre
de réductions tarifaires dans
40 Paroles d’élus tome 10
1 Lamballe Communauté
(Côtes-d’Armor)
2 Révolution numérique :
tous en profiter
Pour réduire la fracture numérique,
la communauté de communes
bretonne de Lamballe s’est dotée
d’un réseau de cyberbases où des
animateurs qualifiés accompagnent
les usagers. Car simplifier le service
public implique d’en garantir l’accès
au plus grand nombre.
Ce réseau, outil d’aménagement
et de développement du territoire
déployé depuis 2004, est devenu
un service intercommunal en 2014.
Composé de six cyberbases
réparties sur l’ensemble du
territoire intercommunal ainsi que
d’un Point étude et de l’espace
multimédia de la bibliothèque, il
offre gratuitement l’accès Internet
les équipements, par exemple aux habitants. Il compte aussi
les piscines et le réseau de
transports en commun. Pour
l’accès au nouveau complexe
aqualudique, la carte peut même
être créditée. La carte Grand
Pass simplifie les démarches
des 43 400 Grands-Cadurciens,
offre des avantages tarifaires
auprès des services et favorise
le sentiment d’appartenance
l’intercommunalité autour de
l’identité territoriale.
u grandcahors.fr
les services communautaires
du Point info jeunesse et info
emploi, et le Point d’accès à
la téléformation pour développer
la formation à distance.
Chaque cyberbase est équipée
de matériel performant, de cinq
à huit postes informatiques
munis des logiciels de bureautique,
de matériel photo et vidéo.
L’accès au numérique est en
outre favorisé par la présence
d’un réseau d’animateurs
sur toute la communauté
de communes. Ils proposent
aux usagers des ateliers
pour débutants ou utilisateurs
confirmés.
u lamballe-communaute.com
Grand Cahors (Lot)
Halte aux formulaires…
carte Grand Pass !
“Le Grand Pass est une carte d’identité du territoire
qui transforme l’usager en citoyen. Il constitue
un véritable sésame pour tous les habitants de
l’agglomération.”
Jean-Marc Vayssouze-Faure, maire de Cahors,
président du Grand Cahors
“Conscients que nous devons favoriser l’accès au
numérique à tous nos concitoyens, nous recherchons
constamment des partenariats, ouvrons nos cyberbases,
et multiplions les événements autour du numérique.”
Jean-Pierre Briens, maire de Morieux, vice-président
de Lamballe Communauté
du côté des
intercommunalités
14. 3 4 Communauté d’agglomération
parolesdelus.com 41
dracénoise (Var)
Plateforme en ligne
des marchés publics
du territoire
La plateforme e-Marchés Dracénie
réunit une vingtaine de structures
publiques du territoire dracénois.
Elle offre une meilleure visibilité
des procédures de consultation
et favorise l’accès de l’ensemble
des acteurs économiques locaux
à la commande publique.
Depuis la fin mars 2013,
la plateforme en ligne voulue par
la Communauté d’agglomération
dracénoise centralise les
offres de marchés publics
des collectivités et des
administrations de la
Dracénie. Le dispositif
améliore la visibilité
des marchés publics,
d’autant plus qu’une
dizaine de collectivités
ne disposaient pas
de site web pour leurs
marchés.
L’objectif affiché est de
faciliter l’accès du tissu
économique à l’offre
de marchés publics et
de faire de la commande
publique un levier de
développement territorial
solidaire. Pour simplifier
En Bourgogne, le Grand
Autunois Morvan a misé sur la
dématérialisation pour simplifier
les relations entre les multiples
acteurs de son territoire. Il y avait
là, pour lui, nécessité d’un
fonctionnement intercommunal,
mais aussi le souci d’envisager
un travail collaboratif avec un
objectif d’efficacité à la clé.
C’est ainsi en 2008 que cette
intercommunalité crée son
réseau de communication
intranet/extranet pour faciliter la
communication et le travail avec
les mairies éloignées, puis avec
les élus communautaires.
Aujourd’hui, l’outil est commun
à tous les agents de la collectivité,
qui continue de s’élargir
géographiquement et étoffe ses
compétences.
Munis d’un accès sécurisé, tous
les intranautes peuvent consulter
depuis un mobile les actualités,
le carnet d’adresses mutualisé,
leur agenda, et accéder
au stockage et au partage
de données en ligne.
Le dispositif a généré des
économies liées au zéro papier,
tout en offrant rapidité et
réactivité pour répondre aux
usagers. Le Grand Autunois
Morvan dispose ainsi d’un
réseau intranet performant
qui favorise le travail collaboratif
entre les services et avec les
élus. Ici, la dématérialisation
a fait ses preuves au bénéfice
des agents, des élus et
de l’efficacité pour l’usager.
u grandautunoismorvan.fr
la démarche dématérialisée
et attirer les TPE/PME, le portail
propose des fiches pratiques
et un guide d’accompagnement.
La solution technique garantit
également une sécurité optimale
pour le dépôt des réponses
électroniques.
u emarche.dracenie.com
Grand Autunois Morvan
(Saône-et-Loire)
Le travail collaboratif
pour toujours
plus d’efficacité
“L’intranet et la stratégie de dématérialisation de notre
Communauté rendent le travail entre les élus, personnels
et contacts externes d’une incroyable efficacité/simplicité,
générant confort et gains de productivité.”
Jean-Baptiste Pierre, maire de Sommant, vice-président
de la Communauté de communes du Grand Autunois Morvan
“Dans un contexte de crise économique qui touche autant
le secteur marchand que les collectivités, notre agglomération
souhaite inscrire les dépenses publiques dans un
cercle vertueux au service des acteurs de son territoire.”
Olivier Audibert-Troin, président de la Communauté
d’agglomération dracénoise, député du Var
15. [DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
À l’heure de la réforme territoriale,
le président de l’ADF témoigne du rôle
pionnier des Départements dans le
numérique qui “innerve leurs politiques
publiques”. Il cite leur investissement
dans le haut débit hier, dans le très haut
débit aujourd’hui et demain, mais aussi
dans l’e-administration, l’e-éducation,
l’e-santé ou les SIG, qui en font des
plateformes indispensables pour
la modernisation de l’action publique.
42 Paroles d’élus tome 10
Claudy Lebreton, président de l’Assemblée
des Départements de France (ADF)
“Aux avants
postes de la
lutte contre
les fractures
numériques…”
“Rendre compte de dix ans d’investissement
des conseils généraux dans
le numérique est ardu, parce qu’ils y ont
été pionniers, aux avants postes de la
lutte contre les fractures numériques
territoriales, sociales et culturelles.
Aujourd’hui, les politiques publiques
des conseils généraux sont innervées
par l’usage du numérique. Ce n’est
pas d’un ou de dix usages numériques
dont il faudrait parler ici, mais de 100,
de 1 000…
Le très haut débit, après le haut
débit
Pour rappel, les Départements ont été
pour l’essentiel à l’origine de la moi-tié
des 3 milliards d’investissements
permettant d’apporter l’Internet haut
débit dans les petites villes, les bourgs,
les campagnes. En dix ans, plus de
2 500 zones d’activités et 13 000 éta-blissements
publics, administratifs,
intercommunaux, d’enseignement, de
santé, d’action sociale et culturelle, ont
été ainsi connectés au haut débit. En
prévoyant d’investir 3,3 milliards d’eu-ros
sur fonds propres au cours des
dix prochaines années, ils vont faire
de même pour le très haut débit. Par
ailleurs, les conseils généraux ont été
parmi les principaux investisseurs dans
les quelque 5 000 espaces publics
numériques (EPN).
Des partenaires incontournables
Ce que l’on sait moins, c’est qu’avec
un budget informatique annuel de
790 millions d’euros, 22 000 ser-veurs,
60 000 techniciens,
620 spé-cialistes
des systèmes d’information
géographiques et une cinquantaine
d’organismes intercollectivités de
coopération informatique et numérique
dont ils sont à l’initiative, les conseils
généraux se sont positionnés comme
des architectes et des partenaires
incontournables de la modernisation
de l’action publique. À maints égards,
en partenariat avec les autres niveaux
de collectivités, ils en sont devenus les
laboratoires de proximité.
départements
16. parolesdelus.com 43
Au coeur des politiques
publiques innovantes
Dans tous les domaines – des soli-darités
sociales jusqu’au soutien
à l’innovation et aux start-up du
numérique, en passant par l’action
éducative et culturelle ou l’aide aux
communes – s’y invente la façon
dont se conçoivent désormais
grâce au numérique des politiques
publiques innovantes centrées
sur les attentes et les besoins des
citoyens, des associations et des
entreprises.
Il est significatif que dans le domaine
de l’éducation nous estimons à plus
de 250 millions d’euros par an,
depuis 2009, l’investissement des
Départements dans la connexion,
l’équipement informatique et les
systèmes d’information et de
pédagogie numérique des collèges
(espaces numériques de travail,
tableaux interactifs, ordinateurs
portables, tablettes…). Il n’est pas
anodin non plus que, depuis trois
ans, 12 Départements se soient
déjà portés aux avant-postes de
l’open data ; 30 autres ont l’intention
de s’y lancer.
Ce qui se lit au travers de ce
dynamisme numérique, c’est que
la dimension départementale et
sa gouvernance par les conseils
généraux ont fait preuve d’une
capacité d’adaptation d’autant
plus remarquable qu’elle est deve-nue
collaborative et partenariale.
Les Conseils généraux sont désor-mais
les artisans les plus créatifs
des nouveaux territoires de projets
dont notre pays a besoin. Sans
doute serait-ce une grave erreur
que de penser pouvoir s’en priver.”
u departements.fr
sur
le 1
terrain 2
Aube
Isère
34
Puy-de-Dôme
5
Calvados
Drôme
Aube
Xdemat, l’Aube
1 de la mutualisation…
L’Aube a choisi de faire de la
dématérialisation de la chaîne
comptable, des marchés publics
et du contrôle de légalité les leviers
essentiels de la modernisation
de sa relation aux usagers et de
sa transformation administrative.
Mais, dans un contexte où
les marges de manoeuvre des
collectivités se restreignent,
le Département a senti un besoin
pressant de regroupement
de l’ingénierie : l’avènement
du cloud computing et les
nombreux projets de services
en ligne poussent à promouvoir
les logiques de mutualisation.
Proposée par l’Aube, cette
logique a convaincu les Conseils
généraux des Ardennes et de
la Marne. Ainsi a été créée la
société publique locale Xdemat,
conçue à l’origine pour répondre
à l’enjeu majeur de l’archivage
électronique : si la conservation
ne remplit pas les conditions
exigées pour la reconnaissance
d’un écrit électronique
(authenticité et intégrité), elle
perd sa valeur juridique.
Rejointe rapidement par les
Conseils généraux de l’Aisne,
de la Haute-Marne et de la Meuse,
et par la Région Champagne-
Ardennes, la SPL X-Demat étend
aujourd’hui ses services pour
ses actionnaires à l’ensemble de
la chaîne de la dématérialisation.
Elle aide les petites collectivités
(à ce jour, 721) de chacun
des départements et met à leur
disposition “des outils simples
d’utilisation, car développés
en interne par des collectivités
pour d’autres collectivités”.
u spl-xdemat.fr
u cg-aube.fr/273-dematerialisation-et-
e-services.htm
“À l’initiative de l’Aube, La SPL-Xdemat prouve que six
Départements peuvent mutualiser leurs ressources pour
mettre à disposition de toutes les collectivités des outils
de dématérialisation simples d’utilisation, car développés
en interne par des collectivités pour d’autres collectivités.”
Philippe Adnot, président du Conseil général de l’Aube, sénateur
17. 44 Paroles d’élus tome 10
3 Agrilocal est une plateforme
virtuelle de mise en relation
de proximité entre exploitants
agricoles et acheteurs de la
restauration collective. Intuitive
et rapide, cette plateforme,
lancée à la fin 2012 par le Puy-de-
Dôme et la Drôme – rejoints
par neuf puis 15 Conseils
généraux – offre un gain de
temps précieux pour l’achat
de denrées alimentaires en
circuits courts.
Grâce à un module original
de géolocalisation automatique
de la filière, le site agrilocal.fr
crée une liaison directe entre
acheteurs publics (collèges,
lycées, maisons de retraites,
communes, communautés…)
et producteurs.
Le dispositif Agrilocal assure
le respect du Code des marchés
publics et permet aux exploitants
agricoles d’accéder à de nouveaux
débouchés en leur assurant un
revenu complémentaire. Grâce
à son effet de désintermédiation
de la chaîne économique, le
système permet aux producteurs
de récupérer l’essentiel de
la valeur ajoutée obtenue de
Le projet Autonom@dom®,
lancé en Isère, a pour objectif
de regrouper téléassistance,
télésanté et télémédecine
dans un seul bouquet
de services adapté aux
besoins des personnes
en risque ou en perte
d’autonomie, atteintes
d’une pathologie
chronique invalidante
ou en convalescence,
et de favoriser leur vie
à domicile.
Il s’appuie sur les technologies
numériques comme supports à
des parcours de santé et de soins
sans rupture, de décloisonnement
du sanitaire et du médico-social,
tout en répondant à plusieurs
questions structurantes : quelle
organisation optimale et quels
types d’offres pour éviter des
hospitalisations inutiles et garantir
le retour rapide de l’hôpital ou
le maintien à domicile ? Comment
répartir les charges fixes d’une
telle infrastructure ? Comment
financer le volet télémédecine/
téléassistance par la réallocation
des ressources du système de
santé ? Quelles évolutions dans
Puy-de-Dôme
Le numérique aide
les circuits courts
alimentaires
Isère
Bien vieillir en réseaux
et à domicile
l’allocation des ressources de
santé pour créer un modèle
économique public/privé pérenne ?
Associant des groupes industriels
et PME, des entreprises de
l’économie sociale et solidaire,
des collectivités locales, des
organismes publics et des usagers,
l’expérimentation a commencé
pour une durée de deux ans et
demi avec près de 600 personnes.
u isere.fr/social/personnes-ageesautonomadom
leur production, mais aussi,
comme c’est le cas dans le
Puy-de-Dôme, de stimuler la
demande locale et de structurer
l’offre en produits biologiques.
530 producteurs agricoles et
la quasi-totalité des restaurateurs
collectifs puydomois recourent
déjà régulièrement à Agrilocal.
u agrilocal.fr
u agrilocal63.fr
“Autonom@dom® a pour ambition, en Isère, de regrouper
téléassistance, télésanté et télémédecine dans un seul
bouquet de services adapté aux besoins et aux moyens
des personnes en perte d’autonomie, et de répondre à
leur demande de présence et de liens.”
Alain Cottalorda, président du Conseil général de l’Isère
“Grâce au développement d’Agrilocal, le Conseil général
du Puy-de-Dôme se donne les moyens de favoriser
des achats de proximité de qualité et de développer
les productions agricoles locales.”
Jean-Yves Gouttebel, président du Conseil général
du Puy-de-Dôme, vice-président de l’ADF
du côté des
départements
2
18. 4 5 OASIS (Openly Accessible
parolesdelus.com 45
Services & Interacting Society)
est une plateforme de services
interactifs, grâce au partage
de données, à destination des
citoyens, des associations, des
collectivités et des entreprises.
Pour les collectivités et les
institutions, c’est une nouvelle
manière de rendre les services
publics plus accessibles
et de favoriser la participation
citoyenne.
La vocation du projet est d’être
le trait d’union entre les citoyens,
les collectivités et les entreprises
pour le développement local
et la création d’un bien commun
numérique. Basée sur une
plateforme entièrement “open
source”, Oasis peut accueillir
tout type de logiciel dans le
but de créer de l’interopérabilité
grâce à des référentiels de
données coconstruits avec
les éditeurs et utilisateurs
des services.
L’objectif est de fournir aux
administrations publiques
un environnement de services
mutualisés (applications
métiers, télétransmission,
L’Educ de Normandie est un
établissement numérique de
travail (ENT), fruit d’un partenariat
entre Départements, Région
et autorités académiques, qui
ont choisi une solution technique
pour offrir un même outil à
l’ensemble des collèges et
lycées publics de leur territoire.
Les collectivités financent la
solution et veillent à sa mise en
oeuvre, tandis que les autorités
académiques organisent la
formation et l’accompagnement
des personnels.
L’objectif est avant tout de
favoriser l’élévation du niveau
de formation de tous les jeunes
Drôme
La création d’un bien
commun numérique
au service
de la transversalité
Calvados
L’école numérique,
une ambition commune
au bénéfice des jeunes
et de faciliter leur insertion
sociale et professionnelle. L’Educ
de Normandie vise à mettre
à disposition des établissements
du Calvados le même ENT
que dans les autres départements
de Basse-Normandie, sous forme
d’un portail d’accès à des services
éducatifs et à des ressources
pédagogiques qui répondent aux
enjeux spécifiques du territoire.
Le déploiement de cet ENT
a débuté en 2013-2014 et se
poursuivra sur une période
de cinq ans, selon un calendrier
défini par les partenaires du
projet.
u l-educdenormandie.fr
e-administration, archivage…)
pour faciliter le déploiement
de services interactifs ainsi
que la création, la diffusion,
et la réutilisation des données
produites dans ces services
par tout type d’utilisateur.
Oasis permet une approche
transversale du territoire, car
elle procure les conditions pour
accueillir au fil du temps des
services variés : touristiques,
médico-sociaux, de transport,
de gestion énergétique, etc.
u pole-numerique.fr/index.php/le-projet-europeen-
oasis
“Toute la communauté éducative normande est mobilisée
pour offrir à chaque enfant les meilleures chances d’accéder
au savoir et d’apprendre dans une relation de confiance
solidaire, et non plus de manière solitaire.”
Jean-Léonce Dupont, président du Conseil général
du Calvados, sénateur
“Dans le domaine de l’économie numérique, OASIS
est le parfait exemple d’une coopération européenne
au service de l’innovation publique et citoyenne,
du bien commun local et des solidarités de proximité.”
Didier Guillaume, président du Conseil général
de la Drôme, sénateur
19. ruralités
Vanik Berberian, président de l’Association
des maires ruraux de France (AMRF)
– près de 10 000 adhérents –, présente
ici sa vision du numérique. L’AMRF
s’engage au quotidien aux niveaux local
et national pour défendre et promouvoir
les enjeux spécifiques de la ruralité. Avec
l’appui, notamment, du numérique.
46 Paroles d’élus tome 10
Vanik Berberian, président de l’AMRF
“Nous serons
satisfaits
quand chaque
habitant des
communes
rurales aura
accès au THD.”
Paroles d’élus Vous estimez-vous satisfait d’avoir obtenu
la généralisation du très haut débit à l’ensemble du pays,
alors que la feuille de route du Gouvernement prévoit un
calendrier décalé du déploiement dans les villes et dans
les campagnes ?
Vanik Berberian Nous ne serons satisfaits que lorsque chaque
habitant de chaque commune rurale aura effectivement accès au
très haut débit et que la fracture numérique sera enfin résorbée.
Le calendrier du Gouvernement était en retrait par rapport aux
demandes urgentes des maires ruraux. L’AMRF avait fait du très
haut débit la première de ses dix priorités pour le nouveau man-dat
présidentiel. Nous n’en démordons pas. La feuille de route
prévoit un calendrier en deux temps : d’ici 2017, déploiement
du très haut débit dans les zones denses. Puis couverture de
l’ensemble des foyers d’ici 2022. Rien ne garantit aujourd’hui
le respect du calendrier pour ces deux phases : nous restons
en alerte. Le développement très rapide de la dématérialisation
dans de nombreux domaines risque d’exclure encore plus les
territoires qui ne disposent pas d’un bon accès à Internet.
[DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
20. sur
le terrain
1
2
3
parolesdelus.com 47
À votre avis est-il nécessaire de passer par des phases
d’expérimentation ? Et si oui, quelles leçons les maires
ruraux peuvent-ils en tirer ?
L’expérimentation de techniques ou d’usages demande des
moyens que les communes rurales n’ont pas la plupart du temps.
Ce que je reproche à l’expérimentation, c’est qu’elle s’arrête
sou-vent
à l’expérience ponctuelle. Or, ce qui est important, c’est la
généralisation à tout le pays. Sinon, cela crée de nouvelles frac-tures.
Comme ce fut le cas avec l’opération Connect’Écoles, pré-décesseur
du programme Écoles connectées du Gouvernement
qui vise à généraliser le “vrai haut débit” aux écoles rurales.
Y a-t-il une spécificité rurale des usages du numérique ?
C’est une question très intéressante dont les chercheurs devraient
s’emparer. Comme je ne suis pas un chercheur, mais un praticien, je
vais répondre par d’autres questions : tout d’abord, en quoi le numé-rique
est-il différent des autres objets technologiques ? Existe-t-il une
spécificité des usages de l’électricité ou de la télévision dans les cam-pagnes
? Existe-t-il une culture rurale d’Internet, cette technologie qui
fait passer de l’échelle mondiale à l’échelle locale à la vitesse d’un zoom
dans Google Earth ? Il faudrait corréler les résultats avec la catégorie
socioprofessionnelle, le niveau d’études… et l’âge du capitaine. À ce
stade du développement du numérique dans notre société, je crois que
ces facteurs prennent le pas sur beaucoup d’autres.
Considérez-vous que les maires ruraux ont intégré le virage
du numérique ?
Impossible d’envisager les maires ruraux comme un ensemble homo-gène
: plus de 30 000 individus, accompagnés de conseillers munici-paux
et de secrétaires de mairie ! Le “virage du numérique” est une jolie
expression, mais quel en est le “rayon” ? En tout cas, il n’y a pas de
sortie de route des chemins ruraux sur les autoroutes de l’information.
Pour prendre deux extrêmes, l’usage du courrier électronique est
généralisé – au point de devenir une charge pour les élus ! À l’in-verse,
l’usage de l’e-administration reste peu répandu. Comment
s’en étonner lorsque la télétransmission des délibérations à la
préfecture pour contrôle de légalité représente une charge pour
la commune, notamment en coût d’équipement (abonnement
à un tiers de télétransmission, achat d’un certificat électronique
d’identification…). Je n’ai pas l’impression que l’administration
d’État a complètement intégré le virage. Elle commence cepen-dant
à prendre en compte nos mairies rurales. Quant à la page
Facebook du village, certains élus se demandent si elle est bien
indispensable dans une commune où le maire peut discuter avec
ses administrés dans la rue ou au bistro… et pourtant…
u amrf.fr
Campagnol
Connect’Écoles
Les tiers lieux
21. du côté des
ruralités
48 Paroles d’élus tome 10
1 2
L’opération Connect’Écoles
a été déployée par quatre
partenaires – AMRF, NordNet,
Eutelsat et Orange –, pour
mieux faire connaître le haut
débit par satellite aux écoles
rurales : une trentaine de sites
ont été gratuitement équipés
et reliés en France métropolitaine
au satellite KA-SAT d’Eutelsat.
Le projet Connect’Écoles,
mené sur les années scolaires
2012-2014, a été l’occasion
pour des enseignants d’une
trentaine d’écoles rurales, dont
plus de la moitié ne connaissait
pas le satellite ou n’en avait pas
une bonne image, de découvrir
les apports de cette solution
technologique qui ne nécessite
que peu de matériel (une parabole
et un décodeur pour un débit
jusqu’à 20 Mbp/s en réception).
Après l’opération, les municipalités
ont décidé, pour les trois
quarts, d’équiper et d’abonner
les établissements. En effet, la
connexion a été autant appréciée
comme un service pour la gestion
administrative de l’école que
pour les usages pédagogiques,
Le site Internet communal est
souvent la première manifestation
de l’intérêt du maire pour les
usages du numérique et la
première action engagée dans
ce domaine par les communes.
Pourtant, personne n’est à
même aujourd’hui de fournir
précisément le nombre de
communes disposant d’un site
web. Les estimations varient
entre un tiers, la moitié, voire
deux tiers… Quoi qu’il en soit,
encore beaucoup de chemin
à parcourir.
Trois mots pour caractériser
campagnol.fr, service lancé en
2010 par l’AMRF : simplicité,
simplicité et simplicité. Pour
généraliser l’utilisation de cet
outil, il fallait surmonter les
Connect’Écoles
L’école rurale
enfin à haut débit
Campagnol
Un site web pour
toutes les communes
obstacles propres aux petites
communes. La simplicité se
manifeste d’abord par un outil
de création et de gestion de
site ne demandant pas d’autres
compétences que l’utilisation
d’un logiciel de bureautique. Elle
se retrouve également dans une
formule imaginée par des maires :
répondant aux besoins usuels
d’une commune et suffisamment
souple pour se conformer à son
identité et aux choix des élus.
Troisième dimension : la simplicité
d’un pack complet regroupant
en un même abonnement l’outil
de gestion du site en ligne, l’espace
d’hébergement, le nom de domaine
et l’assistance téléphonique, pour
un coût modique.
Avec ce service issu de la volonté
de mutualisation d’une association
d’élus, complété par les offres
commerciales du marché, la
généralisation du site Internet
pour les communes de France est
désormais une perspective réaliste.
Qui est prêt prendre le pari
avec l’AMRF qu’elle sera atteinte
lors de ce nouveau mandat ?
u campagnol.fr
de la petite section au CM2.
Les enseignants l’ont souvent
perçue comme un gain de temps,
procédant depuis leur domicile
à des formalités courantes
(relation avec l’Académie…).
Ils ont aussi découvert un accès
à des ressources en ligne
qui leur ont ouvert l’horizon
des usages possibles avec
le matériel informatique de la
classe. Cette diversité des usages
pédagogiques développés
au cours de cette expérimentation
témoigne également d’une
appropriation de l’outil par les
enseignants avec leurs élèves.
Ils ont exprimé leur satisfaction
pour un service qui a bien répondu
à leurs besoins en termes de
rapidité, de fluidité, de continuité
et de volume de téléchargement.
u amrf.fr
“Il ne suffit pas d’installer des tableaux numériques dans
toutes les classes. Sans un débit suffisant pour y apporter
de l’image et de l’interactivité, ça ne sert à rien. À l’outil,
il faut associer le débit nécessaire.”
John Billard, maire du Favril, vice-président de l’AMRF,
membre du Conseil national du numérique
22. parolesdelus.com 49
3
Les tiers lieux
Le maillage
des “possibles”
L’AMRF s’intéresse à de nouvelles structures, sortes de
maisons de service public connectées, dont la création
peut être suscitée par le numérique et ses usages. On les
appelle des tiers lieux, espaces spécifiques ouverts aux
usages numériques dans les territoires, en particulier ruraux.
Et demain, quelle innovation numérique serait
susceptible de se généraliser à la campagne ?
Celle-ci pourrait être sociale plutôt que
technique. Entre Espaces publics numériques
(EPN) et centres de “coworking” : des lieux
dont les activités s’organisent en fonction des
besoins.
Plusieurs générations se sont déjà succédé.
À l’origine se sont tout d’abord développés
les Papis (Points d’accès à Internet), puis
sont apparus les EPN, plus orientés vers
la formation aux usages. Certains évoluent
vers les centres de projets et de ressources,
en intégrant éventuellement des “fablabs”
(laboratoires de fabrication) qui mutualisent le
matériel, tout particulièrement les imprimantes
3D. Enfin, le travail à distance reste l’objectif
des cybercentres et cyberbases – dont
un modèle uniforme n’est pas encore défini,
tant ils dépendent des profils de travailleurs
et d’entreprises présents sur le territoire.
Ces espaces sont connus sous l’appellation
“tiers lieux”, fourre-tout sympathique dans
lequel pourraient également entrer les Maisons
de services publics (MSP) dopées au
numérique où l’on pourrait, par exemple,
entrer en contact avec des administrations
par visioconférence. À condition que ces
MSP se généralisent dans une version
décentralisée et disséminée qui ne serait pas
limitée à la ville-centre de l’intercommunalité.
Pour cela, l’utilisation du maillage communal
qui permet le contact pour tous est
l’unique voie en faveur de la généralisation
autour de cette richesse bien française
des 36 000 communes !
Le maire d’une commune rurale de Seine-et-
Marne avait adopté pour son projet
une appellation poétique et opérationnelle :
le “relais des possibles”. Un bon résumé
de l’ouverture sur l’avenir inhérente à ces
réalisations.
Papis, EPN, fablabs, cybercentres, cyberbases,
MSP, etc. Dans leur prolongement les tiers
lieux sont appelés à se développer dans les
territoires.
23. montagne
Symbole stratégique et économique
de l’attractivité des territoires, le très
haut débit est, tout particulièrement
en montagne, la garantie pour les élus
d’une juste cohérence territoriale
et d’une répartition équitable des services
numériques. L’objectif : la disparition
des zones blanches… hormis la neige.
50 Paroles d’élus tome 10
Laurent Wauquiez, député de la Haute-Loire,
président de l’Anem, ancien ministre
“ne restons
pas passifs,
mais tentons
de résorber
au plus vite
les inégalités.”
L’accès au très haut débit (THD) est un enjeu stratégique
pour les territoires de montagne. Aujourd’hui plus que jamais,
ils ont besoin d’une politique ambitieuse d’aménagement numé-rique
de tous les territoires. Sans solution adaptée, le risque est
grand d’assister à l’apparition d’une véritable fracture numérique.
Les difficultés de déploiement du THD, liées à la topographie et à
l’éloignement des centres urbains denses, ne doivent pas induire
d’inégalité de traitement pour les citoyens. Il est indispensable
de favoriser le déploiement rapide du très haut débit dans ces
zones pour éviter la triple peine : enclavement routier, ferroviaire,
et absence de couverture numérique.
Le très haut débit constitue un facteur essentiel de développement
et de compétitivité pour les entreprises implantées en montagne,
en termes d’innovation, de productivité et d’accès à de nouveaux
marchés. Il leur permet en effet de renforcer l’efficacité de leur
fonctionnement et d’éliminer les barrières liées à la distance,
notamment grâce à la visioconférence et au transfert instantané
de données.
[DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
24. sur
le terrain
1
2
3
parolesdelus.com 51
La généralisation de l’accès au très haut débit pour les citoyens
constitue par ailleurs un levier d’innovation en permettant d’accé-der
à des usages nouveaux (réalisations 3D, jeux en ligne, visio-conférence,
open data…). Si la couverture intégrale du territoire en
fibre optique est annoncée pour 2022, la priorité dans la période
transitoire n’est pas de rester passif, mais bien de tenter de résor-ber
au plus vite les inégalités.
Au sein de l’Anem, nous oeuvrons pour la réduction rapide des dis-parités
d’accès à Internet en conduisant des expérimentations de
montée en débit dans les zones blanches, liées au développement
du tourisme ou de l’éducation. J’insisterai particulièrement sur la
problématique du financement, car nous n’avons pas d’autres
choix que de réfléchir à des solutions de déploiement sous l’angle
de la péréquation.
La prise en considération de la ruralité au travers d’un coeffi-cient
intégrant la faible densité de population et l’habitat dispersé
démontre la nécessité de répartir les aides publiques en fonction
du coût du déploiement. À ce titre, le financement du réseau élec-trique
rural, dont l’État a subventionné 50 % des travaux engagés
par les collectivités avec un taux majoré pour la desserte des
zones les plus reculées, constitue un précédent à méditer. L’État
doit donc organiser le déploiement du réseau selon le modèle
économique et les options technologiques les plus appropriés
aux spécificités locales. Nous avons trouvé une grande écoute
de la part de la mission France Très Haut Débit. Mais au moment
où s’intensifie le déploiement d’un réseau de communications
à très haut débit, les moyens humains consacrés, aux niveaux
national et local, à ce chantier gigantesque apparaissent encore
insuffisants. Il est donc plus que jamais nécessaire de conforter
la mission France Très Haut Débit en lui donnant les moyens de
ses ambitions.
La question de la cohérence territoriale du déploiement fera l’ob-jet
de toute la vigilance des élus de la montagne, qui prônent la
neutralité technologique : peu importe le support, dès lors que le
même service est apporté en tout point du territoire. Les élus de la
montagne ne resteront pas les spectateurs passifs du déploiement
de la fibre optique dans les zones denses.
u anem.fr
Pays de Murat
Saint-Girons
Olmi-Cappella
25. du côté de la
montagne
1
Pays de Murat (Cantal)
Télécentre, télétravail
et développement
économique
Implanté dans la Maison des services
de Murat, le premier télécentre lancé par
le Conseil général du Cantal en 2006
propose dix bureaux privatifs dotés d’outils
informatiques, d’une connexion Internet haut
débit, deux salles de réunion et un système
de visioconférence. La salle multimédia
permet d’animer des formations sur place.
Ces formations, uniques en France,
s’adressent à trois publics spécifiques :
les télétravailleurs en activité ou en projet
d’installation, qui s’y retrouvent en immersion
totale pour apprendre, échanger, construire
et progresser rapidement dans leur projet ;
les responsables et salariés en entreprise
ou en collectivité, qui y appréhendent les
techniques à adopter, au côté d’un formateur
spécialisé dans l’organisation du travail
dans le secteur privé ou public ; les chargés
de développement économique ou les élus,
qui découvrent ainsi une méthode éprouvée
52 Paroles d’élus tome 10
pour développer le télétravail dans leur
territoire. Une formation gratuite au télétravail
est proposée par la collectivité.
La collaboration entre le Conseil général, le
réseau national des télécentres (telecentres.fr),
l’État et le Fonds social européen permet
aujourd’hui d’accueillir une dizaine de Net-entrepreneurs.
En 14 sessions, l’espace
formation au télétravail indépendant a réuni
plus de 200 candidats, issus de toute la
France et aux profils variés (demandeurs
d’emploi, secrétaires, comptables,
traducteurs ou dessinateurs).
Le télétravail contribue à la préservation
de l’environnement, à la qualité de vie
des salariés, et donc à la productivité
de l’entreprise. Mais aussi à augmenter
l’attractivité du territoire.
u telecentres.cantal.fr
u paysdemurat.fr
u cybercantal.fr
“Face à la question
prépondérante du
télétravail, les territoires
ruraux disposent d’un
cadre de vie idéal.
L’originalité du projet
du Conseil général du
Cantal est de proposer
un véritable réseau de
télécentres avec chacun
ses spécificités.”
Vincent Descoeur,
président du Conseil
général du Cantal, ancien
président de l’Anem
Depuis plus de quinze ans, le Département du Cantal utilise
le déploiement du très haut débit comme l’un des leviers
de son développement économique. Les sept télécentres
mis en place dans le cadre du plan CyberCantal, lancé
dès 1998, favorisent le désenclavement et l’aménagement
des territoires ruraux de moyenne montagne. Ils contribuent
à l’attractivité des entreprises, au maintien de la population
et au développement économique.
26. 2 3 À Olmi Cappella, en Haute-
parolesdelus.com 53
Corse, les élèves de la classe
unique ont été équipés, dès
janvier 2010, d’ordinateurs,
d’un tableau blanc interactif
et d’une connexion Internet haut
débit avec WiFi, venus supplanter
les craies et le tableau noir.
Le projet donne à l’enseignement
une autre dimension, s’adaptant
au monde auquel il faut préparer
les enfants et contribuant à
rompre l’isolement géographique.
Répondant à l’appel à projet
lancé dans le cadre du plan initié
par le ministère de l’Éducation
nationale, l’installation de la solution
proposée par Orange, d’un
coût total de 12 000 euros, a été
financée à 80 % par l’État
et à 20 % par les fonds propres
de la commune.
Grâce à l’équipement de cette
classe unique au sein du
dispositif ENR, les dix élèves ont
l’opportunité de maîtriser très
tôt les outils numériques, atout
indispensable pour leur avenir.
Mais au-delà de l’apprentissage
technique de leur usage, le
dispositif leur donne accès à un
contenu pédagogique de haut
niveau ainsi qu’à une multitude
Dans ces territoires, pour la
plupart montagneux, l’important
est de garantir un accès aux
soins urgents et de premiers
secours en moins de trente
minutes pour les habitants.
Le Pays Couserans, initiateur
et pilote de l’opération, a associé
au projet le Pays de Figeac,
en Midi-Pyrénées, mais aussi des
territoires espagnols (dans les
régions d’Aragon, de Castille-et-
León et des Asturies) et portugais
(dans la région de l’Algarve).
Cela s’est traduit notamment en
Couserans, au travers du réseau
Ville-Hôpital, par l’ouverture
d’une maison médicale, la création
de l’HAD – hospitalisation
à domicile –, la mise en place
Olmi-Cappella (Corse)
“As-tu fait
tes devoirs
numériques ?”
Saint-Girons (Ariège)
Resater, au service
de la santé et
de la télémédecine
du dossier médical dématérialisé,
une meilleure répartition et
un meilleur suivi des dossiers
de santé. Parmi les moyens
mis en oeuvre, neuf stations
de télémédecine (visioconférence)
dans sept Ehpad et dans deux
centres hospitaliers, ainsi que
l’installation de liaisons haut
débit sécurisées. Résultats
tangibles obtenus : la lutte contre
la désertification médicale
dans les zones de montagne,
la diminution du temps d’accès
aux prestations, l’augmentation
du nombre de réseaux locaux
de santé et une meilleure
appropriation du numérique
par la population.
u pays-couserans.fr
de sources d’information
et de documentation pour
compléter les cours, comme
si bibliothèques et centres
de ressources se trouvaient
au coin de la rue.
Après quelques mois de
fonctionnement, les élèves
d’Olmi-Cappella étaient déjà
familiarisés à la création d’un
site Internet très documenté
sur la vie à l’école. Cette
activité pédagogique démontre
leur maîtrise des outils de
communication, à un niveau
similaire des élèves des écoles
publiques citadines. La réduction
de la fracture numérique passe
aussi par les chemins de l’école.
u Paroles d’élus, tome 6, page 175
“Cette offre de soins adaptée, innovante et évolutive dans
ces bassins de santé en difficulté, conforte leur attractivité
et favorise notamment l’installation des jeunes médecins.
Un moyen de lutter contre la désertification des territoires.”
Olivier Rey, directeur du Syndicat mixte du Pays de Couserans
“L’école numérique rurale – ENR –, pour une commune
située en zone de montagne, souvent isolée, permet
de réduire la fracture numérique et offre ainsi aux élèves
de la classe unique les mêmes chances de réussite.”
Frédéric Mariani, maire d’Olmi-Cappella
27. petites villes
Le numérique
au service du
développement
durable
Intégrer le numérique dans les services
en réseaux des petites villes est une
solution pertinente qui optimise la dépense
publique, tout en contribuant à atteindre
les objectifs environnementaux. La preuve
par l’exemple, à travers quatre de ces
bonnes pratiques.
Conscientes des intérêts que peut apporter l’intégration du
numérique dans les services urbains, de nombreuses petites villes
se sont lancées dans l’installation de nouvelles technologies reliées
aux services en réseaux. Suivi à distance des consommations muni-cipales
d’eau, de gaz et d’électricité, mais aussi tarification adaptée
en fonction de la quantité de déchets produits ou mise en place
d’outils pour lutter contre la pollution visuelle sont autant d’innova-tions
qui contribuent à réduire la dépense publique, à lutter contre le
gaspillage énergétique, à protéger les paysages et à mieux répondre
aux attentes des citoyens et des entreprises. Le concept de smart
city, généralement employé pour les grandes villes, n’est donc pas
l’apanage des agglomérations et se décline parfaitement dans ces
petites communes qui, elles aussi, comptent sur la généralisation
des technologies du numérique pour un développement durable
de leur territoire.
u apvf.asso.fr
54 Paroles d’élus tome 10
sur
le terrain
1
2
Villard-Bonnot
3
Lanton
4
Saint-Amand-Montrond
Joigny
[DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
28. parolesdelus.com 55
Villard-Bonnot (Isère)
Une appli pour
gérer la publicité
extérieure
En matière de publicité extérieure, la protection
des paysages et la mise en valeur du patrimoine
de la commune, en tenant compte des
réalités économiques, ne peuvent s’effectuer
sans une vision globale et précise de l’existant.
L’application “ypy”, utilisée à Villard-Bonnot,
facilite considérablement l’application de la
politique municipale et du règlement local de
publicité : elle fait partager leurs informations
aux services d’urbanisme, aux services des
finances et à la police municipale.
Le référencement des surfaces publicitaires
(enseignes de commerçants et panneaux),
la mise en place et la gestion de la taxe locale
sur la publicité extérieure (TLPE), ainsi que
la négociation de contrats de mobilier urbain
représentent des enjeux importants pour
l’ensemble des collectivités. Soucieuse de
bien maîtriser la publicité extérieure sur son
territoire, Villard-Bonnot s’est récemment
équipée d’une application facilitant le
1
référencement et l’audit de l’ensemble
des surfaces publicitaires de la commune.
Dotée de la plateforme “ypy”, la Ville
a croisé les informations issues des
référencements sur le terrain (collectées
grâce à une application sur smartphone)
et les données administratives détenues
en mairie. Une carte précise de la publicité
extérieure sur le territoire a ainsi été
élaborée, ce qui a permis au service
Urbanisme de repérer rapidement les
emplacements illégaux et d’engager
des procédures de mise en conformité
des différents dispositifs publicitaires.
La gestion quotidienne des demandes
d’implantations d’enseignes et des
déclarations préalables de pose de panneaux
publicitaires est dorénavant grandement
facilitée, et la taxe locale sur la publicité
extérieure a pu être instaurée sans difficulté.
u villard-bonnot.fr
u ypy.fr
“L’application ypy
favorise une véritable
maîtrise de la publicité
extérieure sur notre
territoire.”
Frédéric Ceva,
adjoint au maire
de Villard-Bonnot, en
charge de l’urbanisme
Élément indissociable de la vie économique, la publicité
extérieure est présente dans toutes les communes de
France : enseignes, pré-enseignes et panneaux publicitaires
impactent le cadre de vie des habitants. À Villard-Bonnot,
une application en optimise la gestion.
29. 56 Paroles d’élus tome 10
2 Saint-Amand-Montrond (Cher)
Capteurs
3 environnementaux :
optimiser et protéger
La mairie de Saint-Amand-
Montrond a mis en oeuvre,
avec la Communauté de
communes Coeur de France
et le Sivu, un suivi à distance
des consommations municipales
grâce à différents capteurs
environnementaux intelligents
installés sur des bâtiments
communaux.
Capteurs de consommation
d’eau, de niveau d’hygrométrie,
Le déploiement de la télérelève
des consommations des
compteurs d’eau des foyers
de Lanton a été voulu par la
municipalité comme un outil
d’aide au suivi de consommation
des citoyens, mais aussi comme
une contribution à la protection
de la ressource en eau. Grâce à
ce dispositif, Lanton sera, à la fin
2015, la première ville de ce type
entièrement connectée.
L’implantation de huit antennes,
qui s’achèvera d’ici la fin 2015,
permettra de communiquer
automatiquement les relevés de
consommation des compteurs
d’eau privés équipés d’un
émetteur (4 210 au total). Ces
émetteurs enverront deux fois
par jour un signal de quelques
millisecondes afin de moderniser
le service public local de l’eau
(suppression de la gêne liée à la
relève pour l’usager, facturation
plus fréquente, tarification
innovante…), de proposer
de nouveaux services aux
usagers (alerte par SMS en cas
de fuite, suivi en ligne de
la consommation quotidienne
d’eau…), et/ou d’améliorer
l’efficacité de l’exploitation
du réseau de distribution d’eau
potable. Les données des
consommations seront collectées
automatiquement via un réseau
radio basse fréquence ayant pour
particularité d’être ouvert et
interopérable :
il pourra ainsi
être utilisé pour
la collecte de
données d’autres
services urbains.
u mairie-lanton.fr
de bruit, de consommation
électrique et de gaz, de qualité
de l’air : l’Internet des objets se
met au service du développement
durable de la ville. Fuites d’eau
ou robinets mal fermés dans
les vestiaires communaux sont
de petits dysfonctionnements
quotidiens qui finissent par
coûter cher à la collectivité
et qui sont préjudiciables
à la protection de la planète.
Pour mesurer et optimiser
la consommation d’eau
et d’énergie, la municipalité
s’est donc engagée en 2013
dans un projet de télégestion
multifluides vers une diminution
de la facture de 10 à 15 %.
Toute anomalie est dorénavant
signalée par SMS aux Services
techniques, tandis que le
capteur d’hygrométrie détermine
la nécessité ou non d’arroser.
Grâce à ces systèmes innovants,
la Ville de Saint-Amand-Montrond
fait preuve d’exemplarité en
oeuvrant pour la maîtrise de son
empreinte écologique.
u ville-saint-amand-montrond.fr
u Paroles d’élus, tome 9, page 69
Lanton (Gironde)
Télérelève pour
une gestion
intelligente de l’eau
“Il s’agit d’anticiper les nouveaux modes de consommation
et de préparer concrètement les collectivités aux défis de
la nature. Notre volonté est aussi d’optimiser les ressources
financières et fiscales, car nos citoyens exigent de notre
part de la rigueur et la garantie d’une qualité de vie maximale.”
Thierry Vinçon, maire de Saint-Amand-Montrond
du côté des
petites villes
30. parolesdelus.com 57
Joigny (Yonne)
Des puces sur
les poubelles
4
Réduire la production même des déchets,
et en particulier des déchets ultimes, dans
une logique de maîtrise des coûts et de
construction d’un modèle plus durable pour
l’environnement : tel est le double enjeu
d’une ville en matière de détritus. Pour réduire
la quantité de déchets et faire baisser la
taxe d’enlèvement des ordures ménagères,
certaines villes, comme Joigny, innovent
sur tous les fronts : collecte des déchets,
ambassadeur du tri, redevance incitative,
équipements intelligents, programme
de prévention, mise en place de nouvelles
filières, etc.
Pour encourager le compostage et éviter
que les déchets fermentescibles ne viennent
alourdir la collecte en finissant mélangés
avec les ordures ménagères dans le centre
d’enfouissement, la commune s’apprête à
mettre en place, au sein de la Communauté
de communes du Jovinien, un dispositif
permettant de faire payer l’enlèvement de
ses ordures ménagères proportionnellement
à la quantité produite par chacun.
Des puces sur les poubelles et des badges
personnels pour ouvrir des conteneurs
d’ordures ménagères vont être installés
en vue de la mise en place d’une redevance
incitative : chaque foyer paiera selon la
fréquence de ramassage de ses déchets.
Les élus de la Communauté de communes
comptent ainsi faire baisser de 15 % la
quantité d’ordures ménagères, bien au-delà
des objectifs du programme de prévention
signé avec l’Ademe, qui engageait à une
réduction de 7 %.
u ccjovinien.fr
u ville-joigny.fr
“Nous mettons tout
en oeuvre, en multipliant
les initiatives, pour
réduire la production de
déchets des ménages
et des entreprises et,
le cas échéant, pour
diminuer les coûts de
collecte et de traitement.”
Nicolas Soret,
premier maire adjoint
de Joigny, président
de la Communauté de
communes du Jovinien
La redevance incitative sera bientôt une réalité à Joigny,
où tous les foyers seront équipés d’un système qui prend
en compte la collecte annuelle de leurs déchets.
La commune, avec le concours de sa Communauté, met tout
en oeuvre pour maîtriser les coûts de traitement des déchets
et diminuer leur quantité, en appliquant un programme
de prévention ou en favorisant la réutilisation ou le recyclage,
dans une logique de développement durable.
31. développement économique
Les principales marges de progrès
économique se situent encore et toujours
au niveau du développement des usages
et de l’appropriation des outils numériques
par les acteurs économiques.
Interview de Pascal Allizard, président
du Cner (Fédération des agences
de développement et des comités
d’expansion économique).
58 Paroles d’élus tome 10
Pascal Allizard, président du Cner
“Se connecter
au jeu
économique
mondial grâce
au numérique.”
Paroles d’élus En quoi le numérique est-il devenu un fac-teur
indispensable au développement économique des ter-ritoires
?
Pascal Allizard Ces dernières années, le numérique a totalement
bouleversé la donne en matière de développement économique
pour les territoires. Les réseaux à haut débit sont aujourd’hui aussi
nécessaires que les autoroutes, et ils sont la condition sine qua non
du maintien et du développement de l’attractivité des territoires,
pour les nouveaux investisseurs tout autant que pour les entre-prises
déjà implantées. Pour les territoires ruraux en particulier,
il s’agit d’un atout majeur afin d’attirer notamment de nouvelles
populations, qualifiées et actives, à la recherche d’une meilleure
qualité de vie. De même, c’est par le numérique que ces territoires
ruraux et leurs entreprises peuvent se connecter aux marchés du
monde entier et être insérés dans le jeu économique mondial au
même titre qu’une métropole.
Au-delà des infrastructures, quel a été l’impact du numé-rique
sur les usages des professionnels du développement
économique ?
Le métier de développeur économique a profondément évolué, en
particulier la promotion de l’attractivité du territoire via des actions
de marketing ciblées. Aujourd’hui, le webmarketing permet aux
territoires de diffuser des messages très finement adaptés à des
[DIX ANS] Le numérique en action
du côté du
32. sur
le terrain
1
2
OnlyLyon
3 “Le numérique a
totalement bouleversé
la donne en matière
de développement
économique pour les
territoires.”
Pascal Allizard,
sénateur-maire de
Condé-sur-Noireau,
président du Cner,
président de l’agence
de développement
économique Calvados
Stratégie
Lozère Développement
parolesdelus.com 59
catégories de prospects très spécifiques. Au sens large, le marke-ting
territorial (lire l’expérience d’OnlyLyon en page 63) s’appuie sur
une vaste palette d’outils numériques qui vont de l’animation de
communautés sur les réseaux sociaux à l’organisation de conven-tions
d’affaires virtuelles, en passant par la détection en ligne de
projets d’investissements.
Pour prendre un autre exemple, le numérique permet de mettre
en place des systèmes de veille très efficaces pour rassembler les
offres de marchés publics européennes et internationales.
Peut-on dire que le numérique a modifié le tissu économique
des territoires ?
Le numérique est structurant pour les entreprises, qu’il s’agisse
d’outils de travail ou d’organisation, avec les possibilités de travail
à distance, par exemple.
Au-delà de son impact sur les entreprises et leurs salariés, le numé-rique
a contribué à faire émerger de nouvelles filières économiques.
Je prendrai l’exemple de la silver économie : l’accompagnement
des personnes âgées en perte d’autonomie, dont les enjeux sont
majeurs pour les collectivités, a été transformé par le numérique,
avec le développement d’objets connectés, l’arrivée de la maison
intelligente (lire l’expérience d’Ariège Expansion en page 62), etc.
Les agences de développement économique accompagnent ces
changements en détectant les porteurs de projets innovants et en
les soutenant dans leur développement.
Plus largement, le numérique met en contact potentiel n’importe
quelle entreprise avec le marché mondial, lui offrant ainsi l’opportu-nité
d’un développement internationalisé, quelle que soit sa localisa-tion
(lire l’expérience de Lozère Développement en page 63). C’est
pourquoi des agences de développement économique ont bâti pour
les entreprises de leur territoire des places de marché virtuelles afin
de rendre visibles leurs produits locaux partout sur le globe.
Et demain ?
La révolution numérique n’est pas près de s’achever ! L’impres-sion
3D et le développement de la robotique, pour ne citer que
deux exemples, vont continuer à modifier les économies de nos
territoires. Les agences de développement économique, grâce à
leur expertise et à leur connaissance intime des entreprises de
leur territoire, l’ont bien compris : elles ont ainsi déjà adapté leur
accompagnement à ces changements majeurs par un fort investis-sement
dans des services numériques aux entreprises de nouvelle
génération, comme le crowdfunding, notamment.
u cner-france.com
Ariège Expansion
33. du côté du
OnlyLyon (Rhône)
Marketing territorial
1 Créée en 2007, fédérant 19 partenaires institutionnels et
SUR le web et
économiques de Lyon la démarche OnlyLyon utilise tous
les atouts du numérique pour mener à bien ses missions :
les réseaux sociaux
promouvoir l’image et la notoriété du territoire lyonnais
et renforcer son attractivité. La création et l’animation du réseau
des ambassadeurs de Lyon, qui compte
aujourd’hui plus de 15 500 membres,
se sont appuyées dès le départ sur des
outils digitaux. Ces ambassadeurs agissent
comme une caisse de résonance pour
la démarche de marketing territorial menée
par OnlyLyon et contribuent à faire
connaître, faire aimer, et faire venir à Lyon.
Facebook, Twitter, LinkedIn, Youtube… mais
aussi Weibo et WeChat : OnlyLyon s’investit
fortement sur les réseaux sociaux. Et cet
engagement s’avère payant : 560 000 fans
sur les pages Facebook Lyon et OnlyLyon,
17 000 followers sur Twitter… Et 12 millions
de vues lors de la dernière campagne
Emirates sur la nouvelle liaison aérienne
Lyon-Dubaï.
60 Paroles d’élus tome 10
Le digital est également un outil de
comarketing pour OnlyLyon : le OnlyLyon
buzz, opération menée en partenariat
avec cinq écoles de communication,
a abouti à la création de plusieurs dizaines
de vidéos de grande qualité par les
étudiants.
Enfin, les outils digitaux renforcent
l’attractivité de la métropole lyonnaise
auprès de ses cibles prioritaires via
des campagnes internationales ciblées
et géolocalisées. Sont ainsi en cours
une campagne mondiale sur TripAdvisor
afin d’attirer les touristes, une campagne
sur LinkedIn pour les investisseurs,
et une campagne sur les écrans digitaux
des aéroports de Paris.
u onlylyon.org
développement économique
34. 2 3 Avec un tiers de sa population
parolesdelus.com 61
âgée de plus de 60 ans, l’Ariège est
un territoire où la silver économie
représente un enjeu majeur.
Depuis trois ans, Ariège Expansion
s’engage pour structurer la filière
et faire émerger des solutions. Elle
détecte et soutient les porteurs de
projets proposant des technologies
numériques ou des services pour le
maintien à domicile ou l’autonomie
des personnes âgées.
Par exemple, le projet Sacha
(Search and Computerize Human
Acts) vise à réaliser un patch
souple pour les personnes âgées
atteintes d’Alzheimer afin de
prévenir les fugues et de détecter
les chutes. Dans le cadre du projet
Madam (Maintien à domicile
pour l’autonomie), une plateforme
d’assistance 24 heures sur 24
a été mise en place : des capteurs
domotiques et une caméra non
intrusive couplée à une box et
à une plateforme cloud en ligne
transmettent une alerte en cas
de chute, de gaz non éteint ou
de fugue. Ces projets ont été
réalisés grâce à la mise en réseau
des divers acteurs de la silver
économie : hôpitaux, Ehpad,
gérontopole de Toulouse, sociétés
Les agences de développement
sont des “laboratoires de projets”.
La mise en réseau des entreprises
et des acteurs économiques du
territoire fait partie des missions
des agences de développement.
Lozère développement s’est
ainsi dotée d’une solution originale
et efficace : une plateforme
de veille collaborative pour aider
les acteurs économiques à
mieux se connaître, à échanger
des idées et à interagir avec leur
environnement : ambassadeurs-lozerenouvellevie.
com
Entrée en service en juin 2014,
la plateforme ambassadeurs-
Ariège Expansion (Ariège)
Silver économie :
l’Ariège, territoire
d’expérimentation
Lozère Développement (Lozère)
Plateforme collaborative :
une nouvelle vie pour les
entreprises
lozerenouvellevie.com a été
entièrement réalisée en interne
par l’agence à partir du logiciel
libre Wordpress. Elle permet
de partager aisément avec ses
partenaires les informations
économiques que l’agence
recueille, aussi bien que la veille
économique qu’elle réalise.
Autre avantage de cette solution :
des échanges facilités sur
des thématiques spécialisées
de développement économique
(écomatériaux, sous-traitance
industrielle, agro-industrie…)
via des groupes de discussion
et des groupes de travail.
Enfin, la plateforme permet
de soutenir le Club des
ambassadeurs économiques
de la Lozère.
Une prestation de moins de
3 000 euros a été nécessaire
pour finaliser les développements
et installer la plateforme
sur un serveur de production.
Pour le reste, elle a demandé
une vingtaine de journées
de développement au webmaster
de l’agence.
u ambassadeurs-lozerenouvellevie.com
u lozerenouvellevie.com
de services à la personne,
laboratoires de recherche, etc.
L’Ehpad Bellissen accueille
ainsi une pépinière d’entreprises,
au plus près des personnels de
santé et des patients.
Aujourd’hui, l’agence va plus loin
avec e-Apy (e-autonomie en Ariège
Pyrénées), pour faire de l’Ariège
un territoire d’expérimentation et
de démonstration avant la diffusion
des solutions sur le plan régional,
national ou international. Deux axes
de travail ont été déterminés : se
lancer dans des projets collaboratifs
avec recherche de financements,
en s’affranchissant, si possible,
des procédures classiques
d’appels d’offres ;
développer de
nouvelles solutions
technologiques
ou des services
innovants
répondant aux
attentes par
la mobilisation
des partenaires
ou des
compétences
en Ariège
et au-delà.
u e-apy.fr
“La démarche d’attractivité de la Lozère passe par
l’affirmation d’atouts, de compétences, de ressources
propres à notre territoire. Je souhaite que la Lozère soit
identifiée et rayonne dans ses secteurs d’excellence.”
Jean-Paul Pourquier, président de Lozère Développement,
président du Conseil général de la Lozère
“Avec e-Apy, notre objectif est de faire de nos contraintes
– vieillissement de la population, coût des dépenses sociales
ou de santé – une action de développement économique
contribuant à mieux utiliser les fonds publics aux besoins
de soins et de prise en charge de la dépendance.”
Alain Grenier, président d’Ariège Expansion
35. entreprises
publiques locales
Plus de 1 200 entreprises publiques
locales étaient en activité début 2014,
représentant plus de 74 000 emplois
et un chiffre d’affaires actualisé de plus
de 12 milliards d’euros. Ces entreprises
publiques locales tiennent un rôle
essentiel en matière de déploiement
du numérique dans les territoires,
comme le démontrent les quatre
initiatives suivantes.
62 Paroles d’élus tome 10
sur
le terrain
1
2
N’PY SEM Pyrénées
3
Week Me Up
SEM Pau Pyrénées
Oppidea Blagnac
4
STGA Grand Angoulême
[DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
36. parolesdelus.com 63
N’PY (Hautes-Pyrénées)
N’PY fait le buzz
sur les réseaux
sociaux
La société d’économie mixte des Pyrénées
N’PY gère l’offre touristique de huit stations
pyrénéennes (Peyragudes, Piau Engaly, Grand
Tourmalet, Luz Ardiden, Cauterets, Gourette,
La Pierre-Saint-Martin et le Pic du Midi).
Présente sur Facebook, Twitter, Instagram
et Google +, la marque N’PY se place
dans le trio de tête des stations de ski
françaises sur les réseaux sociaux. Depuis
2013, un site de réservation en ligne donne
accès à plus d’une centaine de prestataires,
de l’hébergement à la location de skis, en
plus du forfait en ligne. Dernière application,
N’PY Connection, sur Facebook, crée
une communauté de skieurs pyrénéens
pour favoriser le covoiturage et le partage
d’hébergement. Simple et convivial !
u n-py.com
“Classé dans le top 5
des domaines skiables
français, N’PY compte
plus de 60 000 fans et
abonnés sur les réseaux
sociaux (Facebook,
Twitter, Instagram…).
Prochain challenge,
devenir le premier
opérateur de séjours
dans les Pyrénées avec
la marketplace.”
Michel Pélieu, président
de N’PY, président
du Conseil général
des Hautes-Pyrénées
1
Pionnière en matière de marketing et de commerce
numérique, N’PY, la SEM des Pyrénées, utilise les
réseaux sociaux pour fidéliser les skieurs sur son domaine
skiable et créer des réseaux d’ambassadeurs sur la Toile.
37. du côté des entreprises
publiques locales
2 3 À Blagnac, la Sem Oppidea,
64 Paroles d’élus tome 10
chargée de l’aménagement
de l’écoquartier Andromède
pour le compte de Toulouse
Métropole, réalise des logements
évolutifs qui s’adaptent aux
personnes âgées ou en situation
de handicap. L’opération s’inscrit
dans la démarche Autonomie de
Toulouse Métropole et sera mise
en oeuvre lors de la construction
d’un immeuble prévue en 2015.
À partir des expériences en
domotique menées par la Maison
intelligente de l’IUT de Blagnac,
La SEM Pau Pyrénées,
gestionnaire d’un
pôle d’activités de
40 entreprises et
1 200 salariés, met
à leur disposition
une plateforme
numérique.
Appelée
Week Me Up,
la plateforme
propose depuis
2012 un service
de conciergerie
(du pressing à la
cordonnerie), un
module de petites
annonces, une boutique
en ligne de produits
locaux et livrés sur zone.
Les solutions offertes facilitent le
quotidien des usagers et étoffent
les missions d’intérêt général
de la SEM, tout en développant
de nouveaux usages porteurs
d’emplois de proximité.
Le dispositif crée, en outre, une
communauté entre les membres,
des liens entre les entreprises
et de la solidarité. Convaincue
de ces bienfaits, la SEM Pau
Pyrénées propose des ateliers
Oppidea (Haute-Garonne)
Logements adaptables
au vieillissement
SEM Pau Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques)
Saisir le potentiel des
plateformes numériques
“des proximités augmentées”,
destinés à d’autres entreprises
publiques locales afin de tirer le
meilleur parti du numérique dans
les zones d’activité économique,
mais aussi en matière de tourisme,
de logement social et de loisirs.
u sempp.fr
le projet met aussi en place des
innovations en matière d’e-santé.
L’enjeu est de favoriser le maintien
à domicile des personnes
âgées, qui ressentent la perte
d’autonomie plus rapidement
dans des logements inadaptés
ou isolés. Outre la création
d’une centaine de logements
évolutifs, la Sem Oppidea
intègre à l’environnement des
commerces et services de
proximité. Des solutions pour
mieux vieillir à Blagnac !
u oppidea.fr
“Notre premier objectif est d’exploiter le numérique comme
une ressource locale ! Accessible notamment depuis l’appli
Week Me Up, la plateforme de services vise à favoriser
l’économie locale via une e-boutique réservée aux achats
de proximité.”
François Bayrou, maire de Pau, ancien ministre
“Oppidea est engagé au côté de Toulouse Métropole pour
développer des logements évolutifs et adaptables, en lien
avec les innovations d’e-santé.”
Gilles Broquere, président d’Oppidea, président
de la commission Développement économique et Emploi
de Toulouse Métropole, maire de Fenouillet
38. parolesdelus.com 65
sur les smartphones en 2010 grâce à des
QR codes installés dans les abribus. Pour
un service encore plus efficace et solidaire,
l’application VocaBus utilise ces avancées
technologiques et transmet les données
vocalement.
Gratuite, l’application pour iPhone et Android
géolocalise automatiquement l’utilisateur
et détecte l’arrêt le plus proche, ainsi que
le délai d’attente des deux prochains bus.
Pour actualiser l’information, il suffit ensuite
de secouer son téléphone. Très simple
d’utilisation, cette innovation, développée en
interne avec une association de malvoyants,
fait l’objet d’une licence gratuite à disposition
de toutes les agglomérations. Une innovation
qui profite à tous.
u stga.fr
La Société de transports du Grand
Angoulême (STGA) a lancé en 2013 son
application mobile VocaBus, dernier
développement d’une série d’innovations
numériques. Ainsi dès les années 1980,
la SEM met en place un système de suivi
des bus en temps réel. Il devient accessible
“Le développement
du numérique est une
priorité pour la STGA,
tant vers l’information
voyageurs que dans le
fonctionnement interne
du réseau. Pour les
voyageurs malvoyants,
la STGA a développé
VocaBus, application
qui annonce le temps
d’attente des prochains
bus à l’arrêt et guide
le voyageur en utilisant
les fonctions Voice
Over des smartphones.”
Michel Germaneau,
vice-président du Grand
Angoulême, chargé de
l’aménagement durable
du territoire et des politiques
de mobilités, maire de Linars
STGA (Charente)
VocaBus, appli
4 vocale pour
malvoyants
39. [DIX ANS] Le numérique en action
du côté des
Les grandes métropoles doivent faire
face à d’immenses défis, imbriqués,
liés à la raréfaction de l’espace,
à la concentration des populations,
à l’engorgement des moyens de
communication et à l’impérieuse
nécessité de réduire leur empreinte
environnementale. La “smart city”
implique de passer d’une vision
par “silo” à une approche intégrée,
systémique des politiques publiques,
où le numérique s’impose comme
un moyen de fédérer et d’optimiser
les infrastructures urbaines.
66 Paroles d’élus tome 10
Moins énergivore, plus efficiente
et agréable
La smart city repose sur des infrastructures très haut débit performantes et, au-delà
de la connexion des habitations et des entreprises, sur un maillage toujours
plus fin de la couverture sans fil. Jardins et places publiques, parkings souterrains,
métro, partout la connectivité est l’une des conditions premières de la ville intelligente.
Ces réseaux servent à collecter d’énormes quantités de données qui constituent
le véritable “carburant” de la ville intelligente. Issues de capteurs (présence, tem-pérature,
pollution…), des objets connectés (valideurs de transports, compteurs,
poubelles, véhicules…), ou fournies par les utilisateurs (réseaux sociaux, données de
connexion…), les données sont compilées, corrélées et interprétées en temps réel,
offrant aux collectivités la possibilité de mieux piloter la ville et d’informer le citoyen
pour prendre les bonnes décisions.
Mots croisés
Antoine Picon, ingénieur et architecte, auteur de Smart Cities : théorie
et critique d’un idéal auto-réalisateur, et David Lisnard, maire de
Cannes et vice-président du Conseil général des Alpes-Maritimes,
échangent leur point de vue autour du concept de smart city.
Paroles d’élus Quelle est votre définition de la smart city ?
Antoine Picon La smart city est une ville actionnée par des
capteurs, “monitorée” par des écrans qui suivent tout ce qui
s’y passe en temps réel. On a souvent tendance à opposer
deux visions de la smart city : l’approche “néo-cyberticienne”
d’une ville pilotée depuis un centre de contrôle, défendue par
des entreprises comme IBM ou Cisco ; à l’opposé, la smart city
version Wikipédia, gérée par et pour les citoyens. En réalité,
tous les problèmes ne se règlent pas par des puces et des capteurs et on ne
peut pas non plus gérer le métro sur le modèle de Wikipédia.
Quels sont les domaines d’application de la smart city ?
Les transports et la mobilité sont sans doute les domaines où les projets sont les
plus aboutis. L’accès au trafic et aux délais d’attente en temps réel, la possibilité
de combiner l’offre de transports pour ses déplacements, le parking intelligent…
en sont quelques exemples. Viennent ensuite les réseaux : eau, assainissement,
et surtout l’énergie, avec les “smart grids”. Puis, tous les projets destinés à
simplifier les relations entre les citoyens et l’administration.
territoires urbains
Les
promesses
de la smart
city