L’orientation des politiques vers un développement durable et respectueux de l’environnement est une façon de créer des emplois à long terme et ainsi de stimuler l’économie. Les emplois qui sont en rapport avec l’environnement sont souvent appelés «emplois verts», mais il n’existe pas de définition claire et unanime de ce concept. L’objectif de la présente étude est de proposer une définition opérationnelle des emplois verts et ensuite d’en estimer le nombre dans l’économie du Québec. Les résultats montrent notamment que le Québec possède déjà une base appréciable d’emplois verts, et ce, en plus grande proportion que dans la majorité des autres provinces canadiennes.
1. Les cahiers du
CETECH Centre d’étude sur l’emploi
et la technologie
L’ÉCONOMIE VERTE,
UNE INDUSTRIE EN DÉVELOPPEMENT
par Louis Campeau, économiste-stagiaire
Automne 2010
Série
Documents techniques
www.cetech.gouv.qc.ca
2. CETECH
Centre d’étude sur l’emploi
L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
L’ÉCONOMIE VERTE,
UNE INDUSTRIE EN DÉVELOPPEMENT
par Louis Campeau, économiste-stagiaire
Automne 2010
( N.B. : Les opinions exprimées dans ce texte sont propres à l’auteur et n’engagent pas Emploi-Québec)
Cette publication est réalisée par le Centre d’étude sur l’emploi et la technologie (CETECH)
Direction de l’analyse et de l’information marché du travail - Emploi-Québec
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Rédaction : Louis Campeau, étudiant en économie à HEC Montréal, en stage au CETECH à l’été 2010
Supervision : Guylaine Baril
Support technique et mise en pages : Stéphane Leroux
Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010
Dépôt légal : Bibliothèque nationale et Archives Canada, 2010
ISBN 978-2-550-60595-9 (en ligne)
ISBN 978-2-550-60594-2 (imprimé)
Cette publication est aussi publiée en ligne sur le site du CETECH: www.cetech.gouv.qc.ca
Documents techniques
3. CETECH
Centre d’étude sur l’emploi
L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
RÉSUMÉ
L’orientation des politiques vers un développement durable et respectueux de l’environnement
est une façon de créer des emplois à long terme et ainsi de stimuler l’économie. Les emplois
qui sont en rapport avec l’environnement sont souvent appelés «emplois verts», mais il
n’existe pas de définition claire et unanime de ce concept. L’objectif de la présente étude
est de proposer une définition opérationnelle des emplois verts et ensuite d’en estimer le
nombre dans l’économie du Québec. Les résultats montrent notamment que le Québec
possède déjà une base appréciable d’emplois verts, et ce, en plus grande proportion que
dans la majorité des autres provinces canadiennes.
2
4. CETECH
Centre d’étude sur l’emploi
L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
L’ÉCONOMIE VERTE : UNE INDUSTRIE EN DÉVELOPPEMENT
L’environnement est au cœur des préoccupations d’un nombre croissant d’individus, et les
citoyens demandent de plus en plus aux différents paliers de gouvernements de s’impliquer
dans ce domaine. Pour plusieurs organisations internationales, dont l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation internationale
du travail (OIT), l’orientation des politiques vers un développement durable respectueux
de l’environnement est une façon de créer des emplois à long terme et ainsi de stimuler
l’économie. Les emplois qui sont en rapport avec l’environnement sont souvent appelés
«emplois verts», mais il n’existe pas de définition claire et unanime de ce concept.
L’objectif de la présente étude est de proposer une définition opérationnelle des emplois
verts et ensuite d’en estimer le nombre dans l’économie du Québec. L’utilisation de données
tirées d’enquêtes de Statistique Canada permettra la reproduction et la mise à jour de
cette étude dans le futur. Nous énonçons une définition qui considère qu’un emploi est
vert quand celui-ci a pour objectif principal l’un des trois suivants : la gestion efficace des
ressources (énergétiques ou autres), la gestion des externalités générées par l’activité
humaine et l’utilisation de ressources renouvelables afin d’assurer la pérennité de notre
mode de vie.
Pour estimer le nombre de ces emplois au Québec, nous examinons les industries
répertoriées dans le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord
(SCIAN), et nous déterminons lesquelles de ces industries conviennent à notre définition,
pour ensuite analyser les tendances de l’emploi vert au Québec.
Nos résultats montrent que le Québec possède déjà une base appréciable d’emplois verts
et que la croissance de l’emploi dans la majorité des industries vertes surpasse celle de
l’ensemble de l’emploi au Québec. Le Québec a aussi une plus grande proportion d’emplois
verts que la majorité des provinces, principalement en raison de la grande importance du
secteur de l’hydroélectricité.
QU’EST-CE QU’UN EMPLOI VERT?
Les principes d’économie verte et de développement durable sont directement associés au
concept d’«emploi vert». Mais qu’est-ce qu’un emploi vert exactement? Il n’existe pas de
définition unique et définitive de ce concept; chaque étude sur le sujet établit d’abord une
définition plus ou moins précise en rapport avec ses besoins. Les institutions internationales
comme l’Organisation internationale du travail (OIT), et le Programme des Nations Unies
pour l’environnement (PNUE) utilisent généralement des définitions plus larges et englobant
aussi les emplois qui seront créés indirectement à mesure que l’économie deviendra plus
verte. Le PNUE introduit aussi le concept de «shades of green», signifiant que tous les
emplois ne sont pas aussi verts et qu’il existe différents niveaux d’emplois verts.1
Trouver une définition qui nous permette de quantifier les emplois verts de façon rigoureuse
est plus difficile qu’il n’y paraît, car il faut déterminer ce qu’est un emploi vert tout en
prenant en compte les limites présentes dans les données. Il faut aussi déterminer la
pertinence d’inclure les emplois indirects de l’économie verte.
1
PNUE, Green Jobs : Towards decent work in a sustainable, low-carbon world, septembre 2008.
3
5. CETECH
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L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
Une approche qui semble prometteuse est de trouver une définition restrictive afin de
pouvoir identifier à l’aide des données sur le marché du travail la borne inférieure du nombre
d’emplois verts. Ainsi, conserver uniquement les professions qui sont spécifiquement
orientées vers la préservation de l’environnement nous donne le nombre minimal de
travailleurs verts dans l’économie. Cette approche ne considère que les emplois directs de
l’économie verte et n’inclut pas les emplois indirects, comme par exemple les manufacturiers
de moteurs hybrides, même si ces pièces peuvent servir à créer des voitures ayant une
empreinte moins importante sur l’environnement. Cette approche ne prend pas non plus
en compte les individus qui pratiquent un métier traditionnel, mais qui aident à protéger
l’environnement dans leurs actions quotidiennes au travail, comme un constructeur
immobilier qui se spécialiserait dans les habitations respectant la norme LEED (Leadership
in Energy and Environmental Design).
Une approche différente pourrait être de considérer dans la définition les individus travaillant
dans un secteur d’activité considéré comme vert, et ainsi d’inclure un plus grand nombre
de travailleurs. Toutefois, tous les travailleurs de ces industries sont inclus, ce qui fait que
nous incluons tous les employés des entreprises oeuvrant dans un domaine vert comme
les comptables et secrétaires d’une entreprise qui produit des panneaux solaires. Cette
approche ne prend toujours pas en compte les membres d’industries traditionnelles qui
font des efforts pour l’environnement.
L’approche qui traduirait le plus fidèlement le nombre d’emplois verts serait de collecter
directement les données auprès des entreprises ou des travailleurs à l’aide d’un sondage.
Ainsi, nous obtiendrions un portrait plus fidèle de la situation des emplois verts, car avec
un échantillon représentatif, nous pourrions trouver une certaine proportion d’emplois verts
dans les industries ou les professions et ainsi avoir une mesure plus près de la réalité.
Toutefois, un sondage peut comporter des biais, surtout lorsqu’il porte sur un sujet comme
l’environnement. En effet, le développement durable et la protection de l’environnement sont
des sujets qui interpellent les gens et qui sont bien vus, ce qui peut pousser les individus
à s’«auto valoriser» lors de leurs réponses. Ainsi, certains individus veulent être associés
à l’économie verte, ce qui pousse à la hausse le nombre de répondants affirmant avoir un
emploi vert. Il en va de même pour les entreprises qui veulent améliorer leur image et
profiter des subventions importantes offertes par le gouvernement2. Il est donc important
d’avoir une définition claire et contraignante des emplois verts.
La définition que nous utilisons en est une qui vise à déterminer le nombre d’emplois
directs et qui est associée aux trois grands objectifs de l’économie verte, soit la gestion
efficace des ressources (énergétiques ou autres), la gestion des externalités générées
par l’activité humaine et l’utilisation de ressources renouvelables dans le but de répondre
aux besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures à répondre
aux leurs. La définition trouvée est inspirée de celle définie dans le rapport du Workforce
Information Council des États-Unis,3 car elle est dérivée de plusieurs études et elle est
relativement concise et précise. Nous l’avons adaptée car les données que nous utilisons
principalement sont des données classées selon le SCIAN. Nous avons donc une définition
de ce qu’est une industrie verte, et nous définissons comme emplois verts, les emplois dans
ces industries. Il est important de noter que nous tentons de déterminer une définition
opérationnelle : nous cherchons à déterminer le nombre d’emplois verts avec les données
dont nous disposons.
2
Clegg, Brian, Eco-logic: Cutting Through the Greenwash: Truth, Lies and Saving the Planet. London: Eden Project,
2009
3
Measurement and Analysis of Employment in the Green Economy, 1er octobre 2009.
4
6. CETECH
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L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
Une industrie verte est une industrie dans laquelle les entreprises produisent des biens ou
des services qui améliorent l’efficacité en ressources, qui diminuent les effets de l’activité
humaine sur l’environnement et qui favorisent l’utilisation de ressources renouvelables.
Les catégories d’activités vertes associées à ces emplois sont :
• L’énergie renouvelable et les carburants alternatifs.
• L’efficacité énergétique.
• L’efficacité dans l’utilisation des matériaux.
• La réduction de la pollution et des déchets.
• La conservation des ressources naturelles.
• La dépollution et la réduction des effets de la pollution.
• L’éducation du public et la promotion des pratiques vertes pour tous.
Encadré 1. Les trois objectifs majeurs de l’économie verte
«Améliorer l’efficacité énergétique» consiste à diminuer la consommation d’énergie, et
surtout celle d’électricité et de combustibles. Le transport est l’une des activités produisant
le plus de gaz à effets de serre et de gaspillage d’énergie. Il est donc important de trouver
des moyens plus efficaces comme le transport en commun et les véhicules à faible
consommation. Le secteur du bâtiment aussi a une grande part à jouer dans l’économie
verte avec la construction de structures mieux isolées et l’isolation des plus anciens
immeubles. Il est aussi important de diminuer le gaspillage des ressources et d’instaurer
des incitatifs à l’efficacité des procédés. Ce type d’activités créera des emplois, mais
entraînera principalement une modification des tâches des travailleurs dans des domaines
comme la construction et le transport, en modifiant les façons de faire des travailleurs de
ces industries qui incorporeront des processus verts dans leurs tâches journalières.
«Gérer les externalités négatives» renvoie à la diminution des déchets et de la pollution,
ainsi qu’à la revalorisation des produits une fois leur cycle de vie terminé, mais implique
aussi des actions de nettoyage des sites contaminés et la gestion des résidus de production.
Cet objectif est lié à des activités qui tentent de diminuer les impacts de l’activité humaine
plutôt que de les prévenir. Les activités de recyclage sont un bon exemple de gestion des
externalités négatives; les ressources recyclées ne se retrouvent pas dans un dépotoir, car
les déchets produits par notre consommation sont revalorisés. Les opérations de nettoyage
et de dépollution ont aussi un rôle important à jouer, car elles ont des effets directs sur
les écosystèmes affectés par l’homme lors des ses activités quotidiennes ou des accidents
comme les déversements de pétrole.
«Utiliser des ressources renouvelables» concerne majoritairement le remplacement
des combustibles fossiles dans la production d’énergie. Le développement de nouvelles
sources d’énergies est un vecteur important de croissance verte, et peut, à moyen terme,
générer des emplois car ces sources d’énergie sont actuellement plus intensives en capital
humain que l’exploitation des centrales à combustible fossile.4 L’utilisation de matériaux
recyclables est aussi un secteur qui permet de générer moins de déchets et augmente la
qualité de l’environnement.
4
Statistique Canada, Production, transport et distribution d’électricité, 2007.
5
7. CETECH
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L’économie verte,
une industrie en développement
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Les emplois verts se retrouvent dans des industries variées
Le mandat de cette étude est d’estimer le nombre d’emplois verts dans l’économie du
Québec à l’aide des données statistiques disponibles présentement, c’est-à-dire de trouver
une méthode reproductible qui n’utilise pas de sondages ou qui ne nécessite pas la création
d’un modèle. L’avantage de cette approche est qu’il sera plus facile, une fois la méthode
d’estimation établie, de reproduire cette étude dans les années futures et de faire un suivi
de l’évolution du nombre d’emplois verts au Québec. Il y a toutefois des limites à cette
façon de faire, par exemple nous ne pouvons pas savoir exactement le nombre d’emplois
qui correspondent aux critères cités dans notre définition, car les données disponibles des
différentes enquêtes ne sont pas toujours suffisamment détaillées.
Nous identifions les différentes industries vertes à l’aide des définitions contenues dans
le système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN). Une courte
justification ainsi que des précisions sur la méthode d’estimation des données sont ensuite
fournies. Cette méthode nous permet de trouver le nombre de travailleurs employés dans
les industries essentiellement vertes. Cette quantification représente une borne inférieure
des emplois verts, car, comme mentionné plus tôt, cette estimation ne prend pas en compte
bon nombre d’emplois verts.
2211- Production, transport et distribution d’électricité :
La production d’électricité à l’aide de technologies à faible émission de carbone et qui utilise
des sources renouvelables est une composante importante de l’économie verte. Idéalement,
nous aurions le nombre d’emplois dans cette industrie qui produisent de l’énergie propre,
mais nous devons nous contenter d’une approximation. Comme le Québec jouit d’une
situation particulière en ce qui a trait à la production d’électricité, cette industrie prend une
place particulièrement importante. En effet, selon le ministère des ressources naturelles
et de la faune, plus de 95 % de la production électrique québécoise est réalisée à l’aide
de ressources renouvelables, principalement grâce à des barrages hydroélectriques5.
2213- Réseaux d’aqueduc et d’égouts et autres :
Ce secteur comporte entre autres l’industrie du traitement des eaux usées. L’assainissement
des eaux est une partie importante des procédés de diminution de la pollution et est donc
une industrie verte. Toutefois, tous les travailleurs oeuvrant dans cette industrie n’ont
pas un emploi vert. Les emplois relatifs aux aqueducs ne sont pas verts, mais si nous
voulons intégrer le traitement des eaux à notre étude nous devons inclure cette industrie.
Pour pallier au manque de précision des données, nous ne comptabilisons que la moitié
des emplois dans cette industrie; cette hypothèse suppose que la moitié des emplois est
associée à la distribution de l’eau potable, et que l’autre est associée au traitement des eaux
usées. Cette estimation n’est certes pas parfaite, car elle surestimera ou sous-estimera
le nombre d’emplois verts, mais elle est tout de même plus près de la réalité que de
prendre la totalité des emplois de cette industrie : il est impossible d’estimer précisément
le nombre d’employés affectés à l’assainissement, car, dans plusieurs petites municipalités
du Québec, quelques employés sont affectés tant aux installations d’aqueducs que de
traitement des eaux usées.6
5
Statistique Canada, Production, transport et distribution d’électricité, 2007.
6
Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs du Québec.
6
8. CETECH
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L’économie verte,
une industrie en développement
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4181- Grossistes-distributeurs de matières recyclables :
Les travailleurs de cette industrie contribuent à la réduction des déchets ainsi qu’à
l’augmentation de l’efficacité énergétique et des ressources. Le recyclage est une façon
efficace de diminuer la quantité et l’impact des déchets sur l’environnement puisqu’il permet
de réutiliser les matériaux plutôt que de les enfouir dans un dépotoir.
482- Transport ferroviaire :
L’industrie du transport ferroviaire est plus verte que le transport par camion car les trains
permettent de transporter plus de marchandises par trajet que les transporteurs routiers et
consomment donc moins de carburant que les camions par tonne de marchandise déplacée
(la mesure standard utilisée dans le milieu du transport est la tonne-km, soit le transport
d’une tonne de marchandise sur un kilomètre). En effet, le transport ferroviaire permet de
déplacer 167 tonnes-km par litre de carburant consommé7 alors que le camionnage a un
rendement moyen de 75,2 tonnes-km par litre8. De plus, il existe des sources alternatives
de carburant aux combustibles fossiles déjà développées, comme l’électricité, qui peuvent
être plus écologiques et qui produisent moins de gaz à effets de serre. Les travailleurs
de cette industrie participent donc à l’augmentation de l’efficacité des ressources et à la
réduction de l’impact de l’homme sur l’environnement.
485- Transport en commun et transport terrestre de voyageurs :
Le transport en commun permet de limiter l’utilisation de l’automobile personnelle et réduit
ainsi les émissions de gaz à effet de serre. De plus, ce moyen de transport entraîne une
utilisation plus efficace des ressources énergétiques : le nombre de personnes transportées
par litre d’essence augmente sensiblement par rapport au transport privé. Nous excluons
de cette catégorie les Services de taxi et de limousine, car ces moyens de transport n’ont
pas pour objectif d’augmenter l’efficacité des déplacements. En effet, les taxis se déplacent
pour aller chercher leurs clients et augmentent ainsi la distance parcourue et les émissions,
tandis que les limousines sont généralement un transport d’agrément.
5417- Services de recherche et de développement scientifiques :
Cette catégorie comporte deux principaux sous-secteurs : la recherche et développement
en sciences physiques, en génie et en sciences de la vie, ainsi que la recherche et
développement en sciences humaines et en sciences sociales. Une certaine partie de cette
recherche et développement est orientée vers l’environnement, tant l’amélioration de
l’efficacité des ressources que l’élaboration de nouveaux processus de dépollution. Nous
estimons le nombre d’emplois verts dans cette industrie à l’aide de données sur la recherche
universitaire recueillies par le ministère du développement économique, de l’innovation et
de l’exportation (MDEIE)9. Le financement universitaire des projets sur l’environnement
au Québec est de 126,2 millions de dollars, ce qui représente 3,1 % des 4,1 milliards
alloués à la recherche entre 2000 et 2004, selon les données du système d’information
de la recherche universitaire (SIRU) recueillies dans le cadre d’une étude pour le MDEIE.
Nous posons l’hypothèse que le nombre d’emplois en recherche sur l’environnement est
proportionnel aux montants alloués aux recherches universitaires dans ce domaine; nous
utilisons donc ce 3,1 % comme facteur de pondération pour trouver le nombre d’emplois
verts dans cette industrie.
7
Association des chemins de fer du Canada, Tendances ferroviaires 2009, 2009.
8
Industrie Canada, Profil du transport routier au Canada, http://www.ic.gc.ca/eic/site/ts-sdc.nsf/fra/fd00264.html.
9
MDEIE, Portrait statistique de la recherche en environnement au Québec selon quelques indicateurs, mars 2009.
7
9. CETECH
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une industrie en développement
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5622- Traitement et élimination des déchets :
Le traitement et l’élimination des déchets sont des activités essentielles pour la préservation
de l’environnement. Cette industrie inclut aussi l’élimination des déchets dangereux qui,
s’ils se retrouvaient dans la nature, pourraient causer du tort à celle-ci. Cette industrie
est essentielle, car elle permet de limiter les dégâts à l’environnement. Le recyclage et le
compostage sont des activités préférables qui permettraient de diminuer l’impact humain
sur l’environnement, elles sont toutefois plus difficiles à instaurer, car elles requièrent un
changement dans les mœurs et des moyens plus grands.
5629- Services d’assainissement et autres services de gestion des déchets :
Cette industrie comporte, entre autres, la décontamination des sites et l’exploitation
d’installations de recyclage. Ces activités sont une partie importante de l’économie verte
et contribuent à diminuer les effets néfastes de l’activité humaine sur l’environnement.
7121- Établissements du patrimoine :
Ce groupe comprend les établissements dont la tâche principale est la préservation et
l’exposition d’objets et de lieux d’intérêt. La préservation de la nature et des parcs est
naturellement un secteur d’activité vert car cette activité touche directement la préservation
de l’environnement. Il est aussi possible d’affirmer que les jardins zoologiques et botaniques
qui permettent de préserver la biodiversité sont des entreprises qui ont une composante
verte. Les musées de science sont, quant à eux, des outils d’information du public et de
sensibilisation, qui peuvent avoir des effets sur le comportement de la population. Des
données sont disponibles sur les dépenses en salaire des établissements du patrimoine au
Canada par type d’établissement10. Il est donc possible de soustraire à cette industrie les
galeries d’arts qui n’ont pas de vocation verte, et dont la masse salariale représente 21 %
de l’industrie au Canada. Cette mesure sera utilisée pour estimer le nombre d’emplois dans
le secteur, l’hypothèse sous-jacente est donc l’uniformité de la distribution des revenus. Un
facteur de pondération de 79 % sera donc appliqué aux données d’emploi de cette industrie.
10
Statistique Canada, Bulletin de service : les établissements du patrimoine, 2008.
8
10. CETECH
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Deux sources principales de données
Les données des recensements de 2001 et de 2006 de Statistique Canada sont les plus
détaillées dont nous disposons pour identifier les industries vertes. Toutefois, celles-ci
ne sont pas assez nombreuses pour constituer un historique permettant de trouver des
tendances dans les industries vertes, car les recensements précédents ne sont pas aussi
détaillés au niveau du SCIAN. Les données de recensement servent principalement à
déterminer les pondérations à appliquer aux données moins détaillées, alors que nous
utilisons les données de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail
(EERH), aussi publiées par Statistique Canada, pour trouver des tendances et tracer
l’évolution du nombre d’emplois verts. Cette deuxième série de données est moins détaillée
que la première, mais elle s’étire sur une période beaucoup plus longue et nous permet
donc des traitements statistiques plus pertinents.
L’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail a pour population cible tous
les employeurs du Canada n’oeuvrant pas dans le secteur de l’agriculture, des services
domestiques aux ménages privés, des organismes religieux et exclut le personnel militaire
des services de la défense. Il s’agit d’une enquête à participation obligatoire pour les
entreprises faisant partie de l’échantillon. Cette enquête présente donc des résultats
crédibles et fiables.
Encadré 2. Détails des ajustements aux données statistiques
Comme les données de l’EERH sur les industries Production, transport et distribution
d’électricité (2211) et Réseaux d’aqueduc, d’égout et autres (2213) au Québec ne sont pas
assez détaillées, nous examinons les données du recensement et nous calculons l’importance
de ces sous-secteurs dans le secteur des Services publics (22) afin de déterminer leurs
poids relatifs respectifs pour les recensements de 2001 et de 2006. Ensuite, puisqu’il n’y
a pas trop de variations du poids de ces données, nous faisons une moyenne du poids de
ces deux années et nous les appliquons aux industries en question. Nous appliquons la
méthodologie susmentionnée, et nous trouvons que les industries Production, transport et
distribution d’électricité et Réseaux d’aqueduc, d’égout et autres ont des poids respectifs de
88,5 % et 7,8 % du secteur des Services publics. Après avoir appliqué le même traitement
aux données du secteur Réseaux d’aqueduc, d’égout et autres de l’Ontario, nous obtenons
un poids relatif de 12,5 % pour cette industrie.
Pour les données du Canada, les données de l’EERH sont aussi utilisées, mais elles ont le
même niveau de détail que celles du recensement alors nous évitons la manipulation des
données susmentionnée.
9
11. CETECH
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QUELQUES RÉSULTATS
Les emplois verts sont plus diversifiés qu’en 1991
Il y avait 78 140 emplois verts au Québec en 2009. Ce nombre est inférieur de 1 290
(1,7 %) à celui de 1991. C’est principalement entre les années 1993 et 1997 que le nombre
d’emplois verts au Québec a connu une baisse importante. Ces pertes d’emplois sont
principalement dues à des reculs de l’emploi dans les industries de l’électricité et des
transports en commun, deux secteurs où le gouvernement est très présent, et où il a
dû réduire son financement pour arriver à l’équilibre budgétaire dans la décennie 1990.
Le ralentissement de l’économie en 2000-2001 est aussi responsable d’un autre recul en
2001. Il semble y avoir une stabilisation dans le nombre d’emplois verts depuis quelques
années, mais le ralentissement de 2008-2009 a aussi affecté à la baisse les emplois verts.
Graphique 1. Poids des emplois verts au Québec relativement à l’emploi total (en %)
3,2
3,0
2,8
2,6
2,4
2,2
2,0
1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009
Source : Statistique Canada, Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH).
De 1991 à 2009, l’importance relative des différentes industries vertes au Québec a
beaucoup changé. En effet, en 1991, trois industries se partageaient plus de 90 % des
emplois verts du Québec : le Transport en commun et transport terrestre de voyageurs
(36,6 %), la Production, transport et distribution d’électricité (34,0 %) et le Transport
ferroviaire (19,7 %). Aujourd’hui, l’importance relative de ces deux dernières a diminué
de façon significative, passant d’un poids combiné de 53,7 % à 39,2 % alors que la part
du transport en commun a augmenté de près de 5 %. L’ensemble des autres industries
vertes a connu une croissance importante de son nombre d’emplois et a vu son importance
relative passer de moins de 10 % à près de 20 %. Il y a donc une diversification des
emplois verts. Cette situation est prometteuse pour le futur, car les opportunités d’emplois
dans les secteurs verts pourraient se multiplier et encourageraient le développement de
nouvelles compétences.
10
12. CETECH
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L’économie verte,
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Graphique 2. Distribution des emplois verts au Québec par industrie, 1991 et 2009
1991 2009
1,3%
1,1% 2,6% 3,8%
1,6% 2,7% 2,2% 4,8% 6,7%
0,3% 1,5%
8,5%
19,7% 0,7%
Transport
ferroviaire
Transport
ferroviaire
Transport en
commun et
Transport en
36,6% transport terrestre Production,
commun et
de voyageurs transport et
transport terrestre
Production, de voyageurs distribution
transport et d'électricité 30,7%
distribution
d'électricité 41,2%
34,0%
Établissements du patrimoine
Services de recherche et de développement scientifiques
Réseaux d'aqueduc, d'égout et autres
Traitement et élimination des déchets
Services d'assainissement et autres services de gestion des déchets
Grossistes-distributeurs de matières recyclables
Source : Statistique Canada, Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH).
Le Québec est une province plus verte que sa voisine l’Ontario
L’Ontario est la province canadienne dont la structure économique se rapproche le plus
de celle du Québec. De plus, ces deux provinces sont celles dont les tailles économiques
et démographiques sont les plus importantes au Canada. Il semble donc pertinent de
comparer leur situation sur le plan des emplois verts. Ainsi, l’Ontario compte un plus
grand nombre d’emplois, mais l’importance relative des emplois verts au Québec est plus
élevée (2,3 % au Québec contre 1,6% en Ontario, en 2009). Au début des années 1990,
le Québec comptait plus d’emplois verts que son voisin, mais une baisse assez importante
s’est produite durant la période 1994-1997. Cela s’explique entre autres par des variations
importantes de l’emploi dans l’industrie de l’électricité au Québec, ainsi que par une
diminution du nombre d’emplois dans les transports en commun. L’Ontario voit son nombre
d’emplois rester en croissance modérée pour pratiquement toute la période.
11
13. CETECH
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Graphique 3. Évolution de la proportion des emplois verts au Québec, en Ontario et au Canada,
entre 1991 et 2009, en %
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
QUÉBEC ONTARIO CANADA
0,5
0,0
1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009
Source : Statistique Canada, Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH).
Le Québec et l’Ontario représentaient chacun environ un tiers du nombre d’emplois verts
au Canada en 1995, ce qui en faisaient évidemment les deux provinces les plus importantes
du pays au regard des emplois verts. La part du Québec a progressivement diminué depuis
1991 et représente actuellement 29,4 % des emplois verts du Canada, alors que la part
de l’Ontario a augmenté graduellement, passant de 31,9 % en 1991 à 34,5 % en 2009.
Il est toutefois important de mentionner qu’environ 40 % de l’ensemble des emplois du
Canada en 2009 se trouvent en Ontario, alors que 25 % de ces emplois se retrouvent au
Québec. Il existe donc une différence importante entre ces deux provinces : le Québec a
une part plus importante des emplois verts que son poids dans l’emploi canadien, ce qui
en fait une province «verte». L’Ontario a une proportion inférieure dans les emplois verts
que dans l’emploi total au Canada, cette province est donc moins verte que le Québec.
Une des raisons pouvant expliquer ces différences est l’intrant principal dans la production
d’électricité : alors que le Québec produit près de 95 % de son électricité à l’aide de
ressources renouvelables, l’Ontario utilise plus de 75 % de combustibles fossiles pour la
produire11. La production d’électricité est donc beaucoup moins verte en Ontario, ce qui
implique moins d’emplois verts. Au Canada, c’est 59,5 % de l’électricité qui est produite
à partir de sources renouvelables12. De plus, après l’examen du graphique ci-dessus, on
remarque que l’écart entre le Québec et l’Ontario dans le poids des emplois verts reste
sensiblement le même pour toute la période. Il en va de même entre le Québec et le Canada.
L’importance de ces emplois dans l’économie est toutefois en diminution par rapport aux
années 1990; l’emploi total croît plus rapidement que les emplois verts au Canada.
Tableau 1. Évolution du nombre d’emplois verts et répartition au Canada
1995 2000 2005 2009
Emplois Répartition Emplois Répartition Emplois Répartition Emplois Répartition
verts verts verts verts
Québec 73 960 32,8% 75 510 32,3% 81 555 31,7% 78 144 29,4%
Ontario 72 129 31,9% 77 076 32,9% 86 459 33,6% 92 144 34,6%
Autres
provinces 79 676 35,3% 81 539 34,8% 89 080 34,6% 95 858 36,0%
Canada 225 765 100,0% 234 125 100,0% 257 094 100,0% 266 146 100,0%
Source : Statistique Canada, Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH).
11
Statistique Canada, Production, transport et distribution d’électricité, 2007.
12
Ibid.
12
14. CETECH
Centre d’étude sur l’emploi
L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
Après une stagnation, l’emploi dans l’industrie du transport en commun
remonte
Le secteur Transport en commun et transport terrestre de voyageurs est l’industrie verte
la plus importante, avec 41 % des emplois verts au Québec. Le nombre d’emplois de ce
secteur ainsi que son importance relative ont augmenté depuis 1991, ce qui est un signe
que le transport en commun est en croissance. Toutefois, il y a eu une longue période de
stagnation pendant la décennie 1990, principalement parce que les deux sous-secteurs
les plus importants, soit les Services urbains de transport en commun et Transport
scolaire et transport d’employés par autobus ont connu une variation annuelle moyenne
de -0,4 % chacun. Ces deux secteurs dépendent largement des subventions octroyées
par les gouvernements. De plus, en 1992, le gouvernement du Québec transférait les
dépenses de ce type aux municipalités, qui n’avaient pas les capacités financières de
supporter une croissance du réseau13. On a même assisté à une réduction des services
dans certaines régions. Or, depuis 2001, il y a une reprise dans le nombre d’emplois de
ce secteur alors que les gouvernements recommencent à investir dans les transports en
commun et reconnaissent le potentiel vert de cette industrie. La taille des réseaux ainsi
que les services offerts ont recommencé à augmenter et il s’est donc créé plus d’emplois
dans ce secteur.
Le transport ferroviaire perd de son importance au Québec
L’industrie du transport ferroviaire est celle qui a perdu le plus d’emplois pour la période
1991-2009. En effet, 15 620 travailleurs étaient employés dans ce secteur en 1991, et ils ne
sont plus que 6 630 en 2009, soit une diminution de près de 58 %. C’est surtout au profit
du transport par route que le transport ferroviaire perd de son importance. Les fusions
entre les différentes entreprises ferroviaires effectuées au cours de la décennie 1990 ont
entraîné un déclin important de la main-d’oeuvre. Cette réduction a touché les principaux
métiers et professions14 de cette industrie. En effet, une déréglementation permettant
l’abandon de certaines lignes et donc la diminution du nombre de locomotives en opération
ont causé une diminution de la demande de main-d’œuvre15. Un facteur technologique a
aussi entraîné une hausse de la productivité, car malgré la diminution des locomotives et
wagons, il y a une augmentation de la quantité de marchandise transportée, ainsi qu’une
diminution de la quantité de carburant nécessaire16. De meilleures locomotives peuvent
tracter plus de wagons par voyage et effectuer plus de voyages en allant plus rapidement.
La production d’électricité est un secteur vert important, mais il dépend
grandement du nombre d’emplois chez Hydro-Québec
Le secteur de la Production, transport et distribution d’électricité est une des deux industries
vertes principales au Québec avec le Transport en commun et transport terrestre de
voyageurs. En effet, environ 31 % des emplois verts faisaient partie de ce secteur en 2009.
Son importance relative s’est toutefois légèrement amoindrie durant la période 1991-2009;
en 1991, cette industrie représentait 34 % du total des emplois verts.
13
Association du transport urbain du Québec, http://www.atuq.com/enjeux/cadrefinancier.asp.
14
Industrie du transport et des services ferroviaires, contexte économique, http://www.hrsdc.gc.ca/fra/pip/prh/
ps/profils_industriels/transport_ferroviaire.shtml.
15
Association des chemins de fer du Canada, Tendances ferroviaires 2009, 2009.
16
The Economist, American railways: High-speed railroading, juillet 2010.
13
15. CETECH
Centre d’étude sur l’emploi
L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
Graphique 4. Évolution de l’emploi dans le secteur Production, transport, et distribution
d’électricité, Québec, 1991-2009
29 000
27 000
25 000
23 000
21 000
19 000
17 000
15 000
1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009
Source : Statistique Canada, Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH).
Cette industrie est très importante en raison de la très grande part que prend l’énergie
renouvelable dans la production d’électricité au Québec, jumelée à la consommation
d’électricité importante des Québécois : ils étaient les deuxièmes consommateurs mondiaux
par habitant après l’Islande en 200617. En effet, les ménages québécois utilisent en moyenne
33 % plus d’électricité que la moyenne des Canadiens18. Le chauffage à l’électricité n’est
pas étranger à cette situation, car étant donné le prix très faible de l’électricité par rapport
aux autres sources d’énergie, ce type de chauffage était utilisé dans 68 % des résidences
du Québec en 2006 alors qu’il était la principale source de chauffage dans moins de 35 %
des résidences canadiennes19. Comme déjà mentionné, la différence majeure avec le reste
du Canada est qu’environ 95 % de l’électricité consommée au Québec est produite à partir
de sources renouvelables, principalement grâce à des centrales hydroélectriques.
Les fluctuations du nombre d’emplois dans ce secteur sont principalement causées par
des variations dans le nombre d’employés chez Hydro-Québec, la société d’État ayant
un quasi-monopole sur la production et la distribution d’électricité dans la province. Au
tournant des années 2000, dans le cadre de la lutte au déficit du budget provincial, le
gouvernement du Québec avait négocié une diminution du nombre d’employés de la société.
Cette entente explique en grande partie la diminution des employés dans le secteur de
la Production, transport et distribution d’électricité entre 1994 et l’an 200020. Depuis, le
nombre d’employés chez Hydro-Québec a recommencé à augmenter21. La hausse des
besoins en électricité des Québécois et la présence de marchés comme l’Ontario et la
Nouvelle-Angleterre, qui ont une forte demande et sont à proximité du Québec, encouragent
Hydro-Québec à moderniser son réseau et à entreprendre des projets pour augmenter
sa capacité de production d’électricité22. Ultimement, cette croissance des activités de la
17
Ressources naturelles et faune Québec, Gros plan sur l’énergie, http://www.mrnf.gouv.qc.ca/energie/statistiques/
statistiques-consommation-electricite.jsp.
18
Ibid.
19
Bradley Snider, Le chauffage domiciliaire et l’environnement, dans Tendances sociales canadiennes, printemps
2006.
20
Bérubé, Gérard, Hydro-Québec doit encore réduire ses effectifs de 20% en trois ans, Le Devoir, 10 janvier 1997.
21
Paquet, Stéphane, L’embauche est repartie chez Hydro-Québec, La Presse, 8 mars 2008.
22
Hydro-Québec, Projets de construction, http://www.hydroquebec.com/projets/index.html.
14
16. CETECH
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L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
société d’État pourrait se traduire par une augmentation du nombre de travailleurs dans
l’industrie des services publics, car ces investissements, par exemple la construction de
barrages, nécessitent souvent l’embauche de nouveaux employés.
La chute de la valeur des matières premières affecte l’industrie du recyclage
L’emploi dans l’industrie des grossistes-distributeurs de matières recyclables a aussi
fortement augmenté, profitant d’une croissance annuelle moyenne du nombre de travailleurs
de 3,3 %. Toutefois, l’emploi dans ce secteur connaît un ralentissement depuis la récession
de 2008. En effet, cette industrie est sensible aux prix des matières premières : à l’exception
du verre vert, les prix de tous les matériaux recyclables répertoriés par Recyc-Québec ont
connu une baisse importante23. La valeur des métaux sur le marché mondial a fortement
diminué en 200824 en raison de la baisse de la croissance mondiale et donc de la demande
en matières premières. Le graphique 5 présente l’évolution de l’indice des métaux de base
des cinq dernières années fondé sur le prix de six métaux de base (aluminium, zinc, cuivre,
étain, nickel et plomb). Le sommet est atteint en mars 2008, et commence à diminuer
jusqu’à atteindre son creux à l’hiver 2009. Cette baisse du prix des matières premières
peut avoir influencé négativement la rentabilité de certaines entreprises de recyclage
et causé une baisse de l’emploi. De même, les emplois dans l’industrie des grossistes-
distributeurs de matières recyclables ont diminué d’environ 17,5 % entre 2007 et 2009,
passant de 4 570 à 3 770 emplois.
Graphique 5. Évolution de l’Indice du prix des Graphique 6. Évolution de l’emploi
métaux de base dans le secteur des métaux de base des
grossistes-distributeurs en matières
recyclables 2005-2009
5 000
4 500
4 000
3 500
3 000
2 500
2005 2006 2007 2008 2009
Source : Kitco ® Source : Statistique Canada, Enquête sur l’emploi,
la rémunération et les heures de travail (EERH).
23
Recyc-Québec, http://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/client/fr/industrie/prix_sommaire.asp.
24
Kitco Métal, http://www.kitcometals.com/charts.
15
17. CETECH
Centre d’étude sur l’emploi
L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
La croissance de l’emploi dans plusieurs industries vertes est plus forte que
celle de l’ensemble du marché du travail
À l’exception des industries Production, transport et distribution d’électricité (2211) et
Réseaux d’aqueduc, d’égout et autres (2213), toutes les industries vertes connaissent une
croissance annuelle de l’emploi importante depuis 1991. Comme le montre le graphique
suivant, les emplois verts dans les industries Traitement et élimination des déchets, Services
d’assainissement et autres services de gestion des déchets, Établissements du patrimoine
ainsi que Services de recherche et de développement scientifiques ont pratiquement
doublé entre 1991 et 2009. En effet, les emplois verts dans ces secteurs ont connu des
taux de croissance annuels moyens de 3,7 %, 6,0 %, 5,0 % et 5,8 % respectivement. Ces
performances sont remarquables, surtout si on compare avec l’emploi total au Québec qui
a crû à un rythme annuel moyen de 1,0 % par année pour la même période.
Graphique 7. Évolution de l’emploi dans certaines industries vertes au Québec, 1991 à 2009
6 000
Services de recherche et de développement scientifiques
Traitement et élimination des déchets
5 000 Services d'assainissement et autres services de gestion des déchets
Établissements du patrimoine
4 000
3 000
2 000
1 000
0
1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009
Source : Statistique Canada, Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH).
Notons que la hausse importante de l’emploi dans le secteur des établissements du
patrimoine pour l’année 2009 est due en partie à une reclassification de certains travailleurs
vers cette industrie.25
25
Statistique Canada, 2010.
16
18. CETECH
Centre d’étude sur l’emploi
L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
Les travailleurs hautement qualifiés sont moins présents dans les secteurs
verts
Il peut être intéressant de se pencher sur les différentes professions qu’occupent les
travailleurs des industries vertes. La classification du Centre d’étude sur l’emploi et la
technologie (CETECH) est employée : les travailleurs seront divisés en deux catégories,
soit les travailleurs hautement qualifiés et les travailleurs moins qualifiés. Ainsi, les
travailleurs hautement qualifiés regroupent les personnes occupant un emploi qui nécessite
habituellement une formation universitaire ou une formation collégiale technique, alors
que les travailleurs moins qualifiés regroupent la totalité des autres travailleurs.
Tableau 3. Poids relatif des travailleurs hautement qualifiés dans les industries vertes, 2001
et 2006
2001 2006
Hautement Moins Hautement Moins
qualifiés qualifiés qualifiés qualifiés
Production, transport et distribution d'électricité 42,0% 58,0% 40,9% 59,0%
Réseaux d'aqueduc, d'égout et autres 22,4% 77,6% 25,1% 74,7%
Grossistes-distributeurs de matières recyclables 21,4% 78,7% 20,1% 79,8%
Transport ferroviaire 29,0% 71,1% 29,2% 70,8%
Transport en commun et transport terrestre de voyageurs 6,1% 93,9% 6,4% 93,6%
Services de recherche et de développement scientifiques 83,2% 16,8% 82,3% 17,7%
Traitement et élimination des déchets 18,5% 81,2% 19,4% 80,4%
Services d'assainissement et autres services de gestion des
16,6% 83,2% 21,6% 78,2%
déchets
Établissements du patrimoine 54,7% 45,3% 55,5% 44,5%
Emplois verts 36,9% 63,1% 36,3% 63,7%
Source : Statistique Canada, Recensements de 2001 et de 2006.
L’examen du tableau précédent permet de constater qu’il n’y a pas eu de changements
majeurs dans la composition des emplois de ces industries entre 2001 et 2006. Il y a tout de
même eu une augmentation des emplois hautement qualifiés dans le secteur des Services
d’assainissements et autres services de gestion des déchets, principalement en raison de
l’augmentation du nombre de travailleurs ayant des postes qui requièrent habituellement
des compétences universitaires. Il faut aussi préciser que les données de l’industrie des
Services de recherche et de développement scientifiques ne comptent pas uniquement
des emplois de recherche en environnement puisque nous utilisons une pondération de la
recherche totale. Il est toutefois possible de supposer que les emplois verts de ce secteur
sont principalement constitués de travailleurs hautement qualifiés.
Seulement quelques-unes des industries vertes regroupent une plus grande part de
travailleurs hautement qualifiés que l’ensemble des industries du Québec. En effet,
seuls les secteurs de la Production, transport et distribution d’électricité (40,9 %), des
Établissements du patrimoine (55,5 %) et des Services de recherche et de développement
scientifiques (82,3 %) ont une plus grande part de travailleurs hautement qualifiés que la
moyenne québécoise (38,5 %). Cette situation est due au fait que plusieurs industries vertes
requièrent beaucoup d’utilisation de machinerie, domaine qui nécessite généralement peu
de qualifications. En effet, il y a beaucoup d’opérateurs de machinerie et de conducteurs
de véhicules dans les domaines des grossistes en matières recyclables, des transports en
commun et ferroviaire et de la gestion des déchets.
17
19. CETECH
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L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
LE QUÉBEC EST EN AVANCE SUR LE RESTE DU CANADA, MAIS IL FAUT
CONTINUER À DÉVELOPPER LES INDUSTRIES VERTES
L’objectif de la présente étude était de déterminer une définition opérationnelle des emplois
verts et d’en estimer le nombre. Comme il n’existe pas de système de classification des
professions qui inclut des informations sur l’impact environnemental des emplois, et que
les travailleurs d’une profession donnée peuvent travailler dans une grande variété de
secteurs, il est difficile de se baser sur la composante verte des professions pour estimer le
nombre d’emplois verts. L’approche par industrie semble plus réaliste, car en déterminant
quels secteurs ont une vocation de protection de l’environnement, on pourra déterminer
le nombre d’emplois dans ces industries qui contribuent au développement durable.
La définition qui a été retenue est la suivante : une industrie verte regroupe les entreprises
produisant des biens ou des services qui améliorent l’efficacité en ressources, qui diminuent
les effets de l’activité humaine sur l’environnement ou qui favorisent l’utilisation de
ressources renouvelables.
Il y avait 78 140 emplois qui correspondaient à cette définition au Québec en 2009, ce qui
représente 2,3 % de l’emploi total. En Ontario et au Canada, ces proportions étaient plus
faibles et s’élevaient à 1,6 % et 1,8 % respectivement. On peut donc dire que le Québec
est une des provinces vertes du Canada.
On assiste à une diversification des industries vertes alors que le poids relatif des trois
plus importants secteurs d’activités verts, soit Transport en commun et transport terrestre
de voyageurs, Production, transport et distribution d’électricité et Transport ferroviaire,
est passé de plus de 90 % à moins de 80 % en raison d’une croissance forte de l’emploi
dans les autres industries, mais aussi du déclin de l’emploi dans le transport ferroviaire.
Les travailleurs hautement qualifiés sont moins présents dans les industries vertes (36,3 %)
que dans l’ensemble des industries du Québec (38,5 %), et cela est dû en grande partie
au fait que plusieurs de ces industries emploient de façon intensive des personnes dont
les postes sont liés à la conduite de machinerie ou de camion, des emplois qui nécessitent
habituellement peu de qualifications.
Le Québec est donc en avance sur les autres provinces en ce qui concerne la proportion
d’emplois verts dans l’emploi total de la province, et cet avantage est grandement lié à la
production d’hydroélectricité qui est une source d’énergie propre et renouvelable et qui est
très développée au Québec. Toutefois, l’importance des emplois verts dans l’économie du
Québec diminue depuis les années 1990. Il faut continuer à faire des efforts pour encourager
la création d’emplois dans les secteurs verts, ce qui représente une grande opportunité
de concilier la protection de l’environnement et le développement de compétences qui
pourraient représenter un avantage comparatif pour le Québec sur la scène internationale.
18
20. CETECH
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L’économie verte,
une industrie en développement
et la technologie
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22. Les cahiers du
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Centre d’étude sur l’emploi
et la technologie
Série
Documents techniques
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