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L’INFORMATION : VECU DES ENFANTS ET DES PARENTS
Dr. RACHID AOURAGH
L’information de l’enfant et de sa famille est une obligation inscrite dans les textes de loi,
dans le Code de déontologie et de santé publique, ainsi que dans de nombreuses chartes
internationales. Il s’agit aussi d’une nĂ©cessitĂ© humaine et d’un devoir Ă©thique qui n’est
pas le fruit de l’évolution de la technologie mais de celle de la mĂ©decine. L’information n’est
pas seulement une maniùre de mettre au courant le malade de sa maladie, mais il s’agit d’une
occasion de créer un lien fort et une alliance thérapeutique. En pédiatrie, cette alliance se bùtit
Ă  trois : enfant, parents, mĂ©decin. En effet, les textes de loi font certes obligation d’informer le
mineur, mais ils associent cette injonction formelle d’autres obligations faites aux adultes. Il y
a lieu Ă  prendre en compte l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l’enfant; le protĂ©ger ; l’informer en tenant
compte de son Ăąge, sa comprĂ©hension et son autonomie voire l’associer Ă  toutes les dĂ©cisions
le concernant dùs qu’il en est capable.
On distingue trois grandes catĂ©gories d’information :
L’information concernant le diagnostic et le pronostic de la maladie de l’enfant;
L’annonce des nouvelles au cours de la maladie et de son traitement ;
Les informations concernant la demande de participation ou de partage des décisions.
Les moments d’information sont des facteurs de stress pour l’enfant et sa famille malgrĂ© la
capacitĂ© de l’ĂȘtre humain Ă  faire face aux Ă©vĂ©nements de sa vie. Toutes les Ă©tudes confirment
que les moments de rĂ©vĂ©lation du diagnostic, d’annonce des mauvaises nouvelles restent des
pĂ©riodes marquantes ou traumatisantes pour l’enfant et sa famille. Il est trĂšs souvent reprochĂ©
aux mĂ©decins d’ĂȘtre de mauvais communicants et mĂȘme d’ĂȘtre les responsables des troubles
émotionnels en raison de leur maladresse et de la violence de leurs propos. Une bonne qualité
de la communication ramÚne une confiance partagée, un sentiment de satisfaction pour le
mĂ©decin, l’enfant et sa famille, et mĂȘme une plus grande efficacitĂ© thĂ©rapeutique. Les Ă©tudes
concernant l’analyse du vĂ©cu de l’information peuvent se rĂ©aliser Ă  partir de plusieurs points
de vue et méthodes (psychologiques, sociologiques, anthropologiques
).
L’absence d’informations mĂ©dicales est une source d’insatisfaction, d’anxiĂ©tĂ© et de peur chez
les patients. Les soignants sont obligés à donner des nouvelles et donc à penser leur maniÚre
d’informer et de communiquer.
L’information permet de mettre de l’ordre dans le chaos d’idĂ©es que vivent les parents au
moment de l’annonce d’une mauvaise nouvelle. Il s’agit d’un moyen de contrîler
l’inquiĂ©tude, l’émotion, la crainte et de favoriser la mise en place de rĂ©actions d’adaptation
appropriĂ©es. Les rĂ©actions Ă©motionnelles sont variĂ©es et vont des inhibitions jusqu’à une
agressivité incontrÎlable. Les données recueillies ou arrachées par les parents leur donnent le
sentiment de se rĂ©approprier une parentalitĂ© qu’ils pensent que la mĂ©decine leur enlĂšve.
L’insatisfaction, lors de l’annonce de mauvaises nouvelles, n’est pas inĂ©vitable c’est
pourquoi, il est intĂ©ressant de dĂ©tecter les besoins des parents en matiĂšre d’information.
Les soignants n’ont pas à avoir peur des nouvelles technologies de l’information puisque la
source d’information prioritaire reste le mĂ©decin dans toutes les Ă©tudes. C’est vers lui que l’on
se tourne et c’est de lui que l’on attend les informations. L’accùs possible à l’ensemble des
donnĂ©es mĂ©dicales, via Internet, n’a pas modifiĂ© l’attente des parents. En revanche, cela doit
modifier les attitudes des médecins et des soignants, en général, car les parents peuvent en
savoir autant qu’eux, et il n’y a aucune raison pour penser qu’ils ne sont pas capables
d’intĂ©grer ces connaissances.

1
L’information doit ĂȘtre annoncĂ©e aux parents dans un langage clair et directement accessible.
Les soignants doivent ĂȘtre empathiques et en mesure de rĂ©pondre aux questions rĂ©pĂ©titives des
parents tout en acceptant l’expression de leurs Ă©motions. En outre, le mĂ©decin doit faire
attention aussi bien à ce que ces parents ont compris qu’à leur conception de la maladie.
La recherche de l’information d’autres sources est motivĂ©e soit par une dĂ©marche de
méfiance vis-à-vis des dires du médecin ou par le désir de mieux comprendre certains détails.
La mise Ă  disposition d’information n’est pas toujours suivie d’une amĂ©lioration du vĂ©cu des
parents, aggravant mĂȘme parfois leur anxiĂ©tĂ©.
L’information de l’enfant pose un problĂšme d’une grande complexitĂ© puisque son Ăąge et son
niveau de développement conditionnent énormément la communication. Ce sont les parents
qui sollicitent les professionnels afin de savoir que dire Ă  leur enfant, comment le dire et
jusqu’oĂč, quand le faire et qui est habilitĂ© Ă  cela.
De nombreuses raisons justifient qu’on accompagne l’enfant dans son besoin de savoir et de
comprendre les réactions de son environnement. Il a besoin de savoir dans toutes les situations
oĂč il doit participer Ă  son traitement donc en Ă©tant lui aussi un acteur de soins.
Les parents souhaitent souvent garder un contrĂŽle sur ce qui est dit Ă  celui-ci. Les Ă©tudes ont
montrĂ© que le fait de ne pas rĂ©vĂ©ler la maladie Ă  l’enfant n’est pas protecteur sur le plan
psychoaffectif, Il faut donc les avertir le plus tĂŽt possible et aider les parents Ă  le faire pour
une meilleure réussite du traitement. Dans cette optique, les soignants et les parents sont tenu
d’adopter les techniques d’information de l’enfant tenant compte du niveau de la
comprĂ©hension et Ă©vitant de susciter les rĂ©actions Ă©motionnelles. Quel que soit l’ñge de
l’enfant, le besoin d’ĂȘtre informĂ© est inĂ©vitable puisque c’est Ă  partir d’un savoir que
l’individu peut dĂ©velopper des capacitĂ©s d’adaptation et des mĂ©canismes de dĂ©fense.
Les situations mĂ©dicales sont extrĂȘmement variables reprĂ©sentant des moments de rĂ©vĂ©lations
– prise de conscience dĂ©licats pouvant ĂȘtre Ă  l’origine de rĂ©actions variĂ©es et imprĂ©visibles.
Toute annonce provoque un processus psychologique de deuils répétés dont on doit tenir lieu.
Les mĂ©decins sont censĂ©s ĂȘtre dĂ©tenteurs d’un savoir aux yeux des autres et donc plus
responsables Ă  informer bien qu’en rĂ©alitĂ©, ils ne sont pas les seuls disposant de ce savoir. Par
ailleurs, l’internet constitue actuellement un concurrent de taille. Il s’agit d’un outil devenu
incontournable, livrant de façon souvent brut des connaissances, des savoirs, des avis, mais
aussi des possibilitĂ©s d’échange et de communication avec d’autres malades. Comme tout
instrument, il prĂ©sente des limites, des failles et des dangers. Il fait partie de l’environnement
du jeune et de sa famille, et les soignants doivent le prendre en considération.
Il faut tout d’abord ĂȘtre suffisamment certain de la justesse de l’information puisque les
jeunes supportent trÚs mal le mensonge ou le leurre pouvant couper définitivement la
confiance en l’autre. L’informateur doit avoir la lĂ©gitimitĂ© lĂ©gale, morale et institutionnelle et
ĂȘtre en position pour assumer sa rĂ©vĂ©lation.
Aprùs avoir pris connaissance de sa maladie, il est toujours utile pour l’enfant d’en parler
ouvertement avec ceux qui l’entourent Ă  partir du moment oĂč la parole commence Ă  se libĂ©rer.
Il peut ĂȘtre utile de se faire aider ou accompagner par un tiers (psychologue, psychiatre,
mĂ©decin de famille, personne de l’entourage en qui l’adolescent a confiance). S’il n’y a pas de
traitement curatif et qu’il s’agit d’une affection grave, il faut le dire mais sans tuer l’espoir.
Une bonne communication n’engendre pas une guĂ©rison mais elle contribue Ă  l’amĂ©lioration
de la prise en charge et de la qualité de vie, tant pour le malade que pour les soignants.
In fine, L’information est un phĂ©nomĂšne transactionnel interactif qui met en jeu l’autonomie
de l’enfant et de sa famille. Respecter ces derniers, c’est leur permettre de savoir ce dont ils
ont besoin. Ils doivent savoir qu’il n’y a pas de raison morale ou psychologique pour ne pas
tout leur dire.

2
Il est tout à fait judicieux d’informer les parents et leur enfant sur la maladie que celui-ci
prĂ©sente. Cependant, certains aspects concernant l’impact gĂ©nĂ©rĂ© par le traumatisme
psychologique d’une telle information chez lui doivent ĂȘtre Ă©tudiĂ©s profondĂ©ment surtout Ă 
distance de la guérison. Un suivi psychologique à long terme est recommandé pour détecter
des rĂ©percussions sur le dĂ©veloppement psychoaffectif de l’enfant en rapport avec la brutalitĂ©
de l’information et/oĂč l’agressivitĂ© des explications.
Dans notre contexte, l’information des parents et de l’enfant doit ĂȘtre approchĂ©e avec
attention et précaution. En fait si cette question a été largement débattue et a été finalement
approuvĂ©e et rĂ©glementĂ©e dans certains pays, elle n’a pas Ă©tĂ© traitĂ©e suffisamment dans notre
contexte. Des Ă©tudes doivent ĂȘtre menĂ©es en profondeur pour cerner les diffĂ©rents aspects de
cette question chez les parents, les malades et aussi les prestataires de soins. Est-ce que tous
les parents de nos enfants sont motivés à demander des informations à propos de la maladie
de leurs enfants ? Sont-ils prĂȘts Ă  recevoir des informations choquantes? Quelle technique de
communication Ă  adopter pou eux et pour l’enfant ? Dans quels sens vont-ils apprĂ©hender les
explications fournies? Quelle sera l’attitude des soignants si les parents considùrent la maladie
comme une fatalitĂ© et dĂ©cident d’arrĂȘter le traitement de leur enfant? Et finalement, est ce que
tous nos professionnels de santĂ© sont prĂȘts Ă  annoncer explicitement des informations ? Tant
de questions méritent plusieurs études de recherche pour définir à quels niveaux doit-on
aborder l’autonomie des parents et de l’enfant en matiùre de l’information, dans notre
contexte.

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  • 1. L’INFORMATION : VECU DES ENFANTS ET DES PARENTS Dr. RACHID AOURAGH L’information de l’enfant et de sa famille est une obligation inscrite dans les textes de loi, dans le Code de dĂ©ontologie et de santĂ© publique, ainsi que dans de nombreuses chartes internationales. Il s’agit aussi d’une nĂ©cessitĂ© humaine et d’un devoir Ă©thique qui n’est pas le fruit de l’évolution de la technologie mais de celle de la mĂ©decine. L’information n’est pas seulement une maniĂšre de mettre au courant le malade de sa maladie, mais il s’agit d’une occasion de crĂ©er un lien fort et une alliance thĂ©rapeutique. En pĂ©diatrie, cette alliance se bĂątit Ă  trois : enfant, parents, mĂ©decin. En effet, les textes de loi font certes obligation d’informer le mineur, mais ils associent cette injonction formelle d’autres obligations faites aux adultes. Il y a lieu Ă  prendre en compte l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l’enfant; le protĂ©ger ; l’informer en tenant compte de son Ăąge, sa comprĂ©hension et son autonomie voire l’associer Ă  toutes les dĂ©cisions le concernant dĂšs qu’il en est capable. On distingue trois grandes catĂ©gories d’information : L’information concernant le diagnostic et le pronostic de la maladie de l’enfant; L’annonce des nouvelles au cours de la maladie et de son traitement ; Les informations concernant la demande de participation ou de partage des dĂ©cisions. Les moments d’information sont des facteurs de stress pour l’enfant et sa famille malgrĂ© la capacitĂ© de l’ĂȘtre humain Ă  faire face aux Ă©vĂ©nements de sa vie. Toutes les Ă©tudes confirment que les moments de rĂ©vĂ©lation du diagnostic, d’annonce des mauvaises nouvelles restent des pĂ©riodes marquantes ou traumatisantes pour l’enfant et sa famille. Il est trĂšs souvent reprochĂ© aux mĂ©decins d’ĂȘtre de mauvais communicants et mĂȘme d’ĂȘtre les responsables des troubles Ă©motionnels en raison de leur maladresse et de la violence de leurs propos. Une bonne qualitĂ© de la communication ramĂšne une confiance partagĂ©e, un sentiment de satisfaction pour le mĂ©decin, l’enfant et sa famille, et mĂȘme une plus grande efficacitĂ© thĂ©rapeutique. Les Ă©tudes concernant l’analyse du vĂ©cu de l’information peuvent se rĂ©aliser Ă  partir de plusieurs points de vue et mĂ©thodes (psychologiques, sociologiques, anthropologiques
). L’absence d’informations mĂ©dicales est une source d’insatisfaction, d’anxiĂ©tĂ© et de peur chez les patients. Les soignants sont obligĂ©s Ă  donner des nouvelles et donc Ă  penser leur maniĂšre d’informer et de communiquer. L’information permet de mettre de l’ordre dans le chaos d’idĂ©es que vivent les parents au moment de l’annonce d’une mauvaise nouvelle. Il s’agit d’un moyen de contrĂŽler l’inquiĂ©tude, l’émotion, la crainte et de favoriser la mise en place de rĂ©actions d’adaptation appropriĂ©es. Les rĂ©actions Ă©motionnelles sont variĂ©es et vont des inhibitions jusqu’à une agressivitĂ© incontrĂŽlable. Les donnĂ©es recueillies ou arrachĂ©es par les parents leur donnent le sentiment de se rĂ©approprier une parentalitĂ© qu’ils pensent que la mĂ©decine leur enlĂšve. L’insatisfaction, lors de l’annonce de mauvaises nouvelles, n’est pas inĂ©vitable c’est pourquoi, il est intĂ©ressant de dĂ©tecter les besoins des parents en matiĂšre d’information. Les soignants n’ont pas Ă  avoir peur des nouvelles technologies de l’information puisque la source d’information prioritaire reste le mĂ©decin dans toutes les Ă©tudes. C’est vers lui que l’on se tourne et c’est de lui que l’on attend les informations. L’accĂšs possible Ă  l’ensemble des donnĂ©es mĂ©dicales, via Internet, n’a pas modifiĂ© l’attente des parents. En revanche, cela doit modifier les attitudes des mĂ©decins et des soignants, en gĂ©nĂ©ral, car les parents peuvent en savoir autant qu’eux, et il n’y a aucune raison pour penser qu’ils ne sont pas capables d’intĂ©grer ces connaissances. 1
  • 2. L’information doit ĂȘtre annoncĂ©e aux parents dans un langage clair et directement accessible. Les soignants doivent ĂȘtre empathiques et en mesure de rĂ©pondre aux questions rĂ©pĂ©titives des parents tout en acceptant l’expression de leurs Ă©motions. En outre, le mĂ©decin doit faire attention aussi bien Ă  ce que ces parents ont compris qu’à leur conception de la maladie. La recherche de l’information d’autres sources est motivĂ©e soit par une dĂ©marche de mĂ©fiance vis-Ă -vis des dires du mĂ©decin ou par le dĂ©sir de mieux comprendre certains dĂ©tails. La mise Ă  disposition d’information n’est pas toujours suivie d’une amĂ©lioration du vĂ©cu des parents, aggravant mĂȘme parfois leur anxiĂ©tĂ©. L’information de l’enfant pose un problĂšme d’une grande complexitĂ© puisque son Ăąge et son niveau de dĂ©veloppement conditionnent Ă©normĂ©ment la communication. Ce sont les parents qui sollicitent les professionnels afin de savoir que dire Ă  leur enfant, comment le dire et jusqu’oĂč, quand le faire et qui est habilitĂ© Ă  cela. De nombreuses raisons justifient qu’on accompagne l’enfant dans son besoin de savoir et de comprendre les rĂ©actions de son environnement. Il a besoin de savoir dans toutes les situations oĂč il doit participer Ă  son traitement donc en Ă©tant lui aussi un acteur de soins. Les parents souhaitent souvent garder un contrĂŽle sur ce qui est dit Ă  celui-ci. Les Ă©tudes ont montrĂ© que le fait de ne pas rĂ©vĂ©ler la maladie Ă  l’enfant n’est pas protecteur sur le plan psychoaffectif, Il faut donc les avertir le plus tĂŽt possible et aider les parents Ă  le faire pour une meilleure rĂ©ussite du traitement. Dans cette optique, les soignants et les parents sont tenu d’adopter les techniques d’information de l’enfant tenant compte du niveau de la comprĂ©hension et Ă©vitant de susciter les rĂ©actions Ă©motionnelles. Quel que soit l’ñge de l’enfant, le besoin d’ĂȘtre informĂ© est inĂ©vitable puisque c’est Ă  partir d’un savoir que l’individu peut dĂ©velopper des capacitĂ©s d’adaptation et des mĂ©canismes de dĂ©fense. Les situations mĂ©dicales sont extrĂȘmement variables reprĂ©sentant des moments de rĂ©vĂ©lations – prise de conscience dĂ©licats pouvant ĂȘtre Ă  l’origine de rĂ©actions variĂ©es et imprĂ©visibles. Toute annonce provoque un processus psychologique de deuils rĂ©pĂ©tĂ©s dont on doit tenir lieu. Les mĂ©decins sont censĂ©s ĂȘtre dĂ©tenteurs d’un savoir aux yeux des autres et donc plus responsables Ă  informer bien qu’en rĂ©alitĂ©, ils ne sont pas les seuls disposant de ce savoir. Par ailleurs, l’internet constitue actuellement un concurrent de taille. Il s’agit d’un outil devenu incontournable, livrant de façon souvent brut des connaissances, des savoirs, des avis, mais aussi des possibilitĂ©s d’échange et de communication avec d’autres malades. Comme tout instrument, il prĂ©sente des limites, des failles et des dangers. Il fait partie de l’environnement du jeune et de sa famille, et les soignants doivent le prendre en considĂ©ration. Il faut tout d’abord ĂȘtre suffisamment certain de la justesse de l’information puisque les jeunes supportent trĂšs mal le mensonge ou le leurre pouvant couper dĂ©finitivement la confiance en l’autre. L’informateur doit avoir la lĂ©gitimitĂ© lĂ©gale, morale et institutionnelle et ĂȘtre en position pour assumer sa rĂ©vĂ©lation. AprĂšs avoir pris connaissance de sa maladie, il est toujours utile pour l’enfant d’en parler ouvertement avec ceux qui l’entourent Ă  partir du moment oĂč la parole commence Ă  se libĂ©rer. Il peut ĂȘtre utile de se faire aider ou accompagner par un tiers (psychologue, psychiatre, mĂ©decin de famille, personne de l’entourage en qui l’adolescent a confiance). S’il n’y a pas de traitement curatif et qu’il s’agit d’une affection grave, il faut le dire mais sans tuer l’espoir. Une bonne communication n’engendre pas une guĂ©rison mais elle contribue Ă  l’amĂ©lioration de la prise en charge et de la qualitĂ© de vie, tant pour le malade que pour les soignants. In fine, L’information est un phĂ©nomĂšne transactionnel interactif qui met en jeu l’autonomie de l’enfant et de sa famille. Respecter ces derniers, c’est leur permettre de savoir ce dont ils ont besoin. Ils doivent savoir qu’il n’y a pas de raison morale ou psychologique pour ne pas tout leur dire. 2
  • 3. Il est tout Ă  fait judicieux d’informer les parents et leur enfant sur la maladie que celui-ci prĂ©sente. Cependant, certains aspects concernant l’impact gĂ©nĂ©rĂ© par le traumatisme psychologique d’une telle information chez lui doivent ĂȘtre Ă©tudiĂ©s profondĂ©ment surtout Ă  distance de la guĂ©rison. Un suivi psychologique Ă  long terme est recommandĂ© pour dĂ©tecter des rĂ©percussions sur le dĂ©veloppement psychoaffectif de l’enfant en rapport avec la brutalitĂ© de l’information et/oĂč l’agressivitĂ© des explications. Dans notre contexte, l’information des parents et de l’enfant doit ĂȘtre approchĂ©e avec attention et prĂ©caution. En fait si cette question a Ă©tĂ© largement dĂ©battue et a Ă©tĂ© finalement approuvĂ©e et rĂ©glementĂ©e dans certains pays, elle n’a pas Ă©tĂ© traitĂ©e suffisamment dans notre contexte. Des Ă©tudes doivent ĂȘtre menĂ©es en profondeur pour cerner les diffĂ©rents aspects de cette question chez les parents, les malades et aussi les prestataires de soins. Est-ce que tous les parents de nos enfants sont motivĂ©s Ă  demander des informations Ă  propos de la maladie de leurs enfants ? Sont-ils prĂȘts Ă  recevoir des informations choquantes? Quelle technique de communication Ă  adopter pou eux et pour l’enfant ? Dans quels sens vont-ils apprĂ©hender les explications fournies? Quelle sera l’attitude des soignants si les parents considĂšrent la maladie comme une fatalitĂ© et dĂ©cident d’arrĂȘter le traitement de leur enfant? Et finalement, est ce que tous nos professionnels de santĂ© sont prĂȘts Ă  annoncer explicitement des informations ? Tant de questions mĂ©ritent plusieurs Ă©tudes de recherche pour dĂ©finir Ă  quels niveaux doit-on aborder l’autonomie des parents et de l’enfant en matiĂšre de l’information, dans notre contexte. 3