Dans cette lettre Me. Leon Manus, President du Conseil Electoral Provisoire lors des élections du 21 Mai 2000 décrit pour l'OEA l'environnement politique et électorale d'Haiti. Il explique les menaces contre sa vie venant de l'ancien President Jean Bertrand Aristide et du President Rene Preval a cause de son refus de publier les résultats fabriques par ces derniers. Pour avoir la vie sauve Manus du laisser le pays pour l'exil aux Etats Unis.
LETTRE DE Me. LEON MANUS PRESIDENT DU CONSEIL ELECTORAL D'HAITI A L'ORGANISATION DES ETATS AMERICAINS
1. Lettre
de
Maître
Léon
Manus,
Président
en
exil
du
Conseil
Électoral
Provisoire
d’Haïti
(CEP),
à
l’Organisation
des
États
Américains
Nashua,
le
8
Mars
2001
Mémorandum
A:
Monsieur
César
Graviria,
Secrétaire
Général
de
l’Organisation
des
Etats
Américains
(OEA)
C.C:
Membres
du
Conseil
Permanent
de
l’Organisation
des
Etats
Américains
(OEA),
Monsieur
le
Secrétaire
Général,
Membres
du
Conseil
Permanent,
Je
salue
vos
efforts
constants
en
vue
de
promouvoir
le
dialogue
en
Haïti
comme
le
seul
moyen
susceptible
d’assurer
le
retour
de
la
démocratie
dans
mon
pays.
J’apprécie
le
fait
que
le14
mars
prochain
votre
organisation
fasse
le
point
sur
la
situation
politique
d’Haïti.
Président
du
Conseil
Électoral
Provisoire
non
démissionnaire
et
vivant
en
exil
sur
la
terre
américaine,
je
profite
de
l’occasion
qui
m’est
donnée
pour
apporter
ma
contribution
a
cette
réunion
très
importante.
Après
l’effroyable
massacre
de
paisibles
citoyens
qui
accomplissaient
leur
devoir
civique
lors
des
élections
du
26
novembre
1987,
la
Communauté
Internationale
apporta
rapidement
une
aide
massive
(assistance
politique,
technique,
financière
et
sécuritaire)
pour
la
réalisation
des
élections
de
décembre
1990.
Grâce
au
soutien
sans
équivoque
et
non
partisan
de
la
Communauté
Internationale,
les
élections
du
16
décembre
1990
furent
un
succès.
Depuis
lors
le
processus
électoral
haïtien
est
en
difficulté.
Les
partis
politiques
haïtiens,
la
société
civile
boycottent
le
processus
à
cause
de
lourdes
manipulations
et
fraudes.
En
conséquence,
la
participation
des
électeurs
est
alors
passé
de
70%
en
1990
a
moins
de
5%
en
1997.
Ces
manœuvres
illégales
organisées
par
le
parti
politique
Fanmi
Lavalas
ont
poussé
l’Organisation
des
Nations
Unies
a
suspendre
son
assistance
électorale
a
Haïti
en
1997.
En
1999,
Haïti
a
échappé
au
chaos
grâce
à
un
accord
politique
entre
l’opposition
et
le
parti
au
pouvoir
Fanmi
Lavalas.
Ce,
après
23
mois
de
crise
électorale
qui
a
provoqué
le
départ
du
Gouvernement
et
la
dissolution
du
Parlement
par
le
Président
René
Préval.
En
mars
1999,
je
fus
appelle
par
le
Président
René
Préval
pour
diriger
le
nouveau
Conseil
Électoral
Provisoire
(CEP).
Je
sortis
de
ma
retraite
pour
servir
mon
pays
:
Haïti.
La
tache
était
énorme
:
ramener
les
partis
politique,
la
société
civile,
dans
le
processus
électoral
tout
en
gérant
de
façon
transparente
le
Conseil
Électoral
2. Provisoire
(CEP)
dont
les
membres,
en
majorité,
étaient
associés
au
parti
Fanmi
Lavalas.
Au
prix
de
grandes
difficultés
et
surmontant
des
intimidations
de
toutes
sortes,
l’institution
électorale
a
enregistré
avant
le
21
mai
2000
les
résultats
suivants
:
4.2
millions
de
citoyens
et
de
citoyennes
avaient
pris
leur
carte
électorale,
tous
les
partis
politiques
de
l’opposition
étaient
revenus
dans
le
processus,
la
société
civile
avait
participé
à
toutes
les
étapes,
l’assistance
électorale
internationale
qui
avait
suspendu
son
aide
technique
l’avait
reprise,
et
le
jour
des
élections
la
participation
électorale
se
chiffrait
à
60%.
Malheureusement,
un
ensemble
d’actions,
la
nuit
des
élections
du
21
mai
2000
et
les
jours
suivants,
ont
pratiquement
détruit
tous
les
efforts
déployés
pour
la
réalisation
d’élections
transparentes,
honnêtes
et
légales.
Ces
actions
peuvent
se
résumer
ainsi:
-‐
Dans
la
nuit
du
21
mai
2000
et
les
jours
suivants,
après
le
départ
des
observateurs
internationaux,
les
militants
du
parti
Fanmi
Lavalas
aidés
de
la
police
ont
mené
à
travers
le
pays
une
campagne
systématique
de
manipulations
des
bulletins
et
des
procès
verbaux.
Les
résultats
des
élections
ont
été
tout
simplement
manipulés.
Des
observateurs
de
la
société
civile
et
des
mandataires
des
partis
politiques
ont
été
battus
et
maltraités.
-‐
Par
la
suite,
je
fus
convoqué
au
Palais
National,
où
le
Président
René
Préval
et
l’ancien
Président
Aristide
m’ont
menacé
de
mort
si
je
ne
publiais
pas
les
résultats
manipulés,
préparés
par
leurs
supporters
a
travers
le
pays.
J’ai
eu
la
vie
sauve
grâce
à
la
Communauté
Internationale
qui,
au
courant
de
ces
menaces
crédibles,
m’a
évacué
d’Haïti.
Sans
avoir
démissionne,
j’ai
donc
pris
le
chemin
de
l’exil
pour
les
États-‐Unis
d’où
je
continue
mon
engagement
pour
la
réalisation
d’élections
transparentes
en
Haïti.
-‐
Les
résultats
publiés
par
le
pouvoir
Lavalas
concernant
les
élections
du
21
mai
2000
sont
totalement
faux.
Seulement
5
Sénateurs
ont
été
élus
au
premier
tour
des
élections
2000.
Ceci
a
été
constaté
après
avoir
découvert
que
le
directeur
des
opérations
électorales
du
CEP
manipulait
également
les
résultats
en
faveur
du
parti
Fanmi
Lavalas.
Les
résultats
publiés
après
mon
départ
pour
les
élections
locales,
municipales,
législatives
ne
reflètent
nullement
le
vote
du
21
mai
2000
et
ces
élections
doivent
être
complètement
reprises.
Les
communications
directes
que
j’ai
eues
avec
des
officiels
des
Bureaux
Électoraux
Départementaux
(BED),
des
Bureaux
Électoraux
Communaux
(BEC)
et
des
Bureaux
de
Votes
(BV)
dans
les
semaines
venant
après
les
élections
et
aussi
les
informations
fournies
m’ont
permis
de
confirmer
et
de
déterminer
l’effort
national
de
manipulation
des
résultats.
Mes
démarches
pour
corriger
les
manipulations
et
irrégularités
au
niveau
national
ont
été
arrêtées
par
les
menaces
de
mort
et
mon
évacuation
du
pays
par
la
communauté
internationale.
3. Monsieur
Le
Secrétaire
Général,
Membres
du
Conseil
Permanent,
Haïti
doit
sortir
de
cette
crise
politique
qui
risque
de
s’empirer
dans
les
jours,
semaines
et
mois
à
venir.
C’est
le
peuple
qui
vit
déjà
dans
la
misère
qui
en
subit
les
conséquences.
Les
citoyens
haïtiens
n’en
peuvent
plus,
ils
ont
besoin
de
paix
et
de
travail.
L’initiative
de
la
société
civile
Haïtienne
pour
faciliter
le
dialogue
entre
Fanmi
Lavalas
et
la
Convergence
Démocratique
doit
être
appuyée
par
la
communauté
internationale
de
la
même
façon
qu’elle
avait
soutenu
sans
équivoque
le
processus
électoral
de
1990.
Elle
pourrait
permettre
de
trouver
une
solution
pacifique
à
la
crise.
Toute
autre
initiative
ou
toute
autre
Commission
Internationale
de
dialogue
avec
seulement
Lavalas,
feignant
d’ignorer
les
autres
secteurs
de
la
société
haïtienne
ne
peuvent
contribuer
qu’au
chaos.
Au
cours
de
cette
réunion
du
14
mars
je
vous
encourage
à
écouter
les
deux
parties
haïtiennes
que
votre
adjoint
a
rencontré
en
Haïti,
je
vous
encourage
à
mettre
la
pression
sur
les
deux
parties
a
travers
l’initiative
de
la
société
civile
haïtienne
pour
reprendre
le
dialogue
et
trouver
une
solution
a
la
crise.
En
ce
sens
je
salue
la
position
ferme
de
l’Union
Européenne,
observatrice
a
l’OEA,
qui
prend
invariablement
appui
sur
le
respect
des
droits
humains
et
des
principes
démocratiques.
Je
suis
également
satisfait
de
l’appel
du
Nonce
Apostolique
en
Haïti
Monseigneur
Luigi
Bonazzi
soutenant
le
7
mars
dernier
que
:
«
Les
protagonistes
doivent
reprendre
le
dialogue
pour
sortir
le
pays
de
l’impasse
politique
».
Monsieur
le
Secrétaire
Général,
Membres
du
Conseil
Permanent,
En
tant
que
Président
non
démissionnaire
du
Conseil
Électoral
Provisoire
d’Haïti,
je
reste
à
votre
disposition
pour
contribuer
aux
efforts
que
vous
entreprenez
en
vue
de
trouver
une
solution
a
la
crise
politique
et
électorale
d’Haïti.
Je
vous
prie
d’agréer,
Monsieur
le
Secrétaire
Général,
Honorables
Membres
du
Conseil
Permanent,
avec
mes
remerciements
l’assurance
de
mes
sentiments
patriotiques.
Me
Léon
Manus
Président
du
Conseil
Electoral
Provisoire
d’Haïti
(CEP)
En
Exil
4.
Nashua,
March
8,
2001
Memorandum
To:
Cesar
Graviria,
Secretary
General,
Organization
of
American
States
(OAS)
C.C:
Members
of
the
Permanent
Council
of
the
Organization
of
American
States
Dear
Secretary
General,
Members
of
the
Permanent
Council,
I
salute
your
sustained
efforts
to
promote
dialogue
in
Haiti
as
the
only
tool
to
ensure
the
return
of
democracy
in
my
country.
I
appreciate
that
on
March
14
your
organization
will
evaluate
the
status
of
the
current
political
affairs
in
Haiti.
As
the
President
of
the
Provisional
Electoral
Council
(CEP)
who
did
not
resign
and
who
is
living
in
exile
in
the
United
States,
I
am
taking
this
opportunity
to
contribute
to
this
important
meeting.
After
the
terrible
massacre
of
peaceful
Haitian
citizens
fulfilling
their
civic
duties
during
the
elections
of
November
26,
1987,
The
International
Community
massively
supported
(political,
technical,
financial
and
security
assistance)
the
organization
of
the
December
1990
elections.
Because
of
The
International
Community’s
un-‐
equivocal
and
non-‐partisan
support,
the
elections
of
December
16,
1990
were
a
success.
Since
then
the
Haitian
electoral
process
is
having
difficulties.
The
Haitian
opposition
parties
and
civil
society
are
boycotting
the
process
because
of
manipulation
and
fraud.
Consequently,
participation
of
the
electorate
moved
from
70
percent
in
1990
to
less
than
five
percent
in
1997.
These
illegal
manipulations
by
the
Fanmi
Lavalas
party
forced
the
United
Nations
to
suspend
electoral
assistance
to
Haiti
in
1997.
In
1999,
Haiti
escaped
chaos
because
of
a
political
agreement
between
the
opposition
and
the
ruling
party
Fanmi
Lavalas.
This
came
after
23
months
of
electoral
crisis
that
caused
the
departure
of
the
Government
and
the
dissolution
of
Parliament
by
President
Rene
Préval.
In
March
1999,
I
was
called
by
President
Rene
Préval
to
lead
the
new
Provisional
Electoral
Council
(CEP).
I
came
out
of
retirement
to
serve
my
country.
The
task
was
enormous:
to
bring
political
parties
and
civil
society
back
to
the
electoral
process
and
manage
the
Provisional
Electoral
Council
(CEP)
in
a
transparent
manner
while
the
majority
of
the
members
were
associates
of
the
Fanmi
Lavalas
party
.
Facing
urgent
difficulties
and
challenging
intimidations
of
all
kind,
the
electoral
institution
gathered
the
following
results
before
May
21,
2001:
4.2
millions
citizens
obtained
their
registration
cards;
all
political
parties
returned
to
the
process;
civil
society
participated
in
all
steps;
electoral
assistance
once
suspended
by
the
5. international
community
was
restarted;
and
on
election
day
the
turnout
was
60
percent.
Unfortunately,
a
series
of
actions
during
the
night
of
the
May
21
elections
and
the
days
and
weeks
that
followed
destroyed
all
efforts
made
to
organize
transparent,
honest
and
legal
elections.
These
actions
can
be
summarized
as
follows:
-‐
During
the
night
of
May
21,
2000
and
the
following
days,
after
the
departure
of
the
international
observers,
militants
of
the
Fanmi
Lavalas
party
supported
by
the
police
conducted
a
systematic
campaign
to
manipulate
ballots
and
tally
sheets
around
the
country.
The
results
of
the
elections
were
simply
manipulated.
Observers
of
civil
society
and
political
party
poll
watchers
were
beaten
and
mistreated.
-‐
Later
on,
I
was
summoned
to
the
National
Palace
where
President
Rene
Préval
and
Former
President
Aristide
threatened
to
kill
me
if
I
did
not
publish
the
manipulated
results
prepared
by
his
supporters
around
the
country.
My
life
was
saved
by
the
International
Community
which
was
aware
of
these
credible
threats
and
took
me
out
of
Haiti.
Without
resigning
I
went
into
exile
in
the
United
States
where
I
continue
my
engagement
for
the
organization
of
free
and
fair
elections
in
Haiti.
-‐
The
results
issued
by
the
Lavalas
party
concerning
the
May
21,
2000
elections
are
totally
false.
Only
five
Senators
were
elected
after
the
first
round
of
the
elections
of
2000.
This
was
found
after
we
discovered
that
the
director
of
operations
of
the
CEP
was
also
manipulating
the
results
in
favor
of
Fanmi
Lavalas.
The
results
published
after
my
departure
for
the
local,
municipal
and
legislative
elections
do
not
reflect
the
vote
of
May
21,
2000
at
all,
and
those
elections
must
be
rerun.
The
direct
communication
that
I
had
with
officials
of
the
Departmental
Electoral
Offices
(BEDs),
the
Municipal
Electoral
Offices
(BECs)
and
the
Voting
Offices
(BVs)
in
the
weeks
following
the
elections
and
the
information
provided
to
me
allowed
me
to
confirm
the
national
effort
to
manipulate
the
results.
My
efforts
to
address
manipulations
and
irregularities
at
the
national
level
were
stopped
by
the
death
threats
and
my
evacuation
out
of
the
country
with
the
help
of
the
International
Community.
Dear
Secretary
General,
Dear
Members
fo
the
Permanent
Council,
Haiti
must
get
out
of
the
current
political
crisis
that
can
worsen
in
the
coming
days,
weeks
and
months.
The
people
of
Haiti
are
living
in
misery
and
are
victims
of
the
consequences.
The
citizens
of
Haiti
cannot
tolerate
it
any
more,
they
need
peace
and
work.
The
initiative
of
Haitian
civil
society
to
facilitate
dialogue
between
Fanmi
Lavalas
and
the
Convergence
Democratique
must
be
supported
by
the
International
Community
the
same
way
they
supported
unequivocally
the
electoral
process
of
1990.
This
would
allow
the
finding
of
a
peaceful
solution
to
the
current
crisis.
Any
6. other
initiative
or
international
commission
for
dialogue
that
speaks
only
with
Lavalas
and
ignores
the
other
segments
of
Haitian
society
can
only
led
to
chaos.
During
this
March
14
meeting,
I
encourage
you
to
listen
to
the
two
Haitian
sides
that
your
deputy
already
met
in
Haiti.
I
encourage
you
to
put
pressure
on
both
sides
using
the
Haitian
civil
society
initiative
to
restart
dialogue
and
find
a
solution
to
the
crisis.
In
this
context,
I
salute
the
firm
position
of
the
European
Union
observer
at
the
OAS,
based
on
the
respect
for
human
rights
and
democratic
principles.
I
am
also
pleased
by
the
March
7,
2001
statement
of
the
Papal
Nuncio
Mgr
Luigi
Bonazzi:”The
actors
of
the
crisis
must
go
back
to
dialogue
to
get
Haiti
out
of
this
political
stalemate.”
Dear
secretary
General,
Dear
Permanent
Members,
As
I
have
not
resigned
as
President
of
the
Provisional
Electoral
Council
of
Haiti
,
I
am
at
your
entire
disposal
to
contribute
to
your
efforts
in
order
to
find
a
solution
to
the
current
political
and
electoral
crisis
in
Haiti.
Please
receive,
Dear
Secretary
General
and
Honorable
Members
of
the
Permanent
council,
my
gratitude
and
my
patriotic
salutations.
Leon
Manus
President
of
the
Provisional
Electoral
council
of
Haiti
(CEP)
In
Exile