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Protection des données personnelles :
Deux critiques opposées du RGPD
Par Calimaq
Une critique « libérale » versus une critique « sociale » du RGPD
I) Une critique « libérale » du RGPD :
la thèse de la patrimonialité des données personnelles
Un droit de propriété sur nos data
Pour mettre fin au pillage de nos données par les
entreprises du Net, GenerationLibre défend
l’introduction d’un droit de propriété sur les données
personnelles.
Inspiré par le raisonnement déployé par le chercheur
américain Jaron Lanier, l’objectif est de rendre
l’individu juridiquement propriétaire de ses données
personnelles. Chacun pourrait ainsi vendre ses
données aux plateformes, ou au contraire payer pour
le service rendu et conserver ses données privées.
https://www.generationlibre.eu/data-a-moi/ https://www.capital.fr/economie-politique/et-si-demain-vous-vendiez-vos-donnees-personnelles-a-facebook-1268001
La propriété sur les données personnelles :
une idée déjà ancienne
RichardA.Posner.Imageparchensiyuan.CC-BY-SA.Source:WikimediaCommons.
Plus généralement, la privacy conférerait un droit de propriété
inaliénable aux individus induisant une « restriction dans la collecte
ou l’utilisation d’informations sur une personne ou une entreprise. »
et réduirait « la quantité d’informations disponibles sur le marché, et
de la sorte l’efficience allocative de ce marché, quel qu’il soit : travail,
époux, amis ». Elle gênerait ainsi l’appariement optimal entre l’offre
et la demande et serait source de gaspillage de ressources. A
l’inverse, l’attribution de droits de propriété librement aliénables
permettrait de résoudre les problèmes engendrés par la vie privée.
Conformément aux résultats de la théorie des droits de propriété
privée, le libre transfert des droits sur les données personnelles
garantit qu’ils échoieraient à ceux qui les valoriseraient le plus et donc
maximiserait la richesse sociale.
Déjà dans les années 70, chez le juriste américain Richard A. Posner.
A lire : Commercial Privacy : l’homme transparent, la main invisible et l’œil omnisicent.
Un droit de propriété sur les données personnelles :
une idée qui revient périodiquement
Je préconise un système universel de micro-paiements. Tout
le monde toucherait une rémunération – fût-elle mimine -
pour l’information qui n’existerait pas s’ils n’existaient pas.
Cette idée circulait déjà dans les années 1960, avant même
que l’internet soit inventé. C’est juste un retour aux origines.
Si on arrivait à savoir combien les compagnies sont prêtes à
payer pour avoir des informations, cela serait utile.
Les gens pensent que le montant serait infime. Mais si on
regarde en détail, c’est faux. Les données concernant
l’homme de la rue ont beaucoup de valeur. Le potentiel est là
pour soutenir une nouvelle classe moyenne. Chaque donnée
individuelle aurait une valeur différente. Certaines seraient
plus cotées parce qu’elles sortent de l’ordinaire.
Jaron Lanier, 2013.
Un système déjà expérimenté aux Etats-Unis avec
les « courtiers » de données personnelles
https://www.frenchweb.fr/la-start-up-du-jour-yes-profile-propose-
aux-internautes-de-louer-leurs-donnees-personnelles/177521
A lire : Le miroir aux alouettes de la revente des données personnelles.
Des tentations aussi en France, malgré l’entrée
en vigueur du RGPD ?
Fourniture de données
contre un service « gratuit »
My Data Is Rich : revente de données
personnelles par un intermédiaire
avec le consentement des personnes
Même s’il ne reconnaît de droit de propriété sur les
données, le RGPD complique, mais n’interdit pas en
tant que telles ces formes de « monétisation » ou de
« marchandisation » des données personnelles.
A lire : Le RGPD interdit-il aux individus de revendre
leurs données personnelles ?
http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/donnees-personnelles-une-start-up-francaise-vous-
propose-de-les-vendre-18-05-2018-2219684_47.php
https://auto.bfmtv.com/auto-pratique/cette-start-up-promet-un-controle-
technique-gratuit-bon-plan-ou-arnaque-1102793.html
Nombreuses critiques contre l’idée d’une
propriété privées des données personnelles
http://www.casilli.fr/2018/01/13/pourquoi-la-vente-de-nos-donnees-personnelles-
contre-un-plat-de-lentilles-est-une-tres-mauvaise-idee/
Exclure l’hypothèse de la propriété : en principe, l’information
n’est pas propriétaire, mais les moyens pour sa production et
son enrichissement peuvent l’être. La reconnaissance d’un droit
de propriété sur les données personnelles aux individus est
souvent avancée comme moyen de rééquilibrer les pouvoirs
avec les entités collectrices.
Le Conseil invite à exclure cette option :
• Parce qu’elle renvoie à l’individu la responsabilité de gérer et
protéger ses données, renforce l’individualisme et nie le
rapport de force entre consommateurs et entreprises ;
• Parce qu’elle ne pourrait que générer des revenus
anecdotiques pour les usagers et susciter à l’inverse un
marché de la gestion protectrice des données numériques ;
• Parce qu’elle déboucherait à un renforcement des inégalités
entre citoyens en capacité de gérer, protéger et monétiser
leurs données et ceux qui, par manque de littératie, de
temps, d’argent ou autre, abandonneraient ces fonctions au
marché.
Conseil National du Numérique, 2014.
Si on exclue la propriété privée des données personnelles,
pourquoi pas une « propriété publique » ?
La valeur principale à laquelle il faut s’attaquer, c’est
la donnée. Si vous contrôler les données, vous pouvez
développer l’intelligence artificielle, ce qui ne veut
pas dire que les entreprises privées n’aient pas un
rôle à jouer là-dedans. On peut tout à fait imaginer
que les données soient dans le domaine public et
que les entreprises puissent s’en servir en payant une
licence. Il y a des pays où cela fonctionne comme
cela avec les terrains. La terre appartient à l’Etat :
vous ne pouvez pas en être propriétaire, mais vous
pouvez la louer pour la cultiver et en faire quelque
chose.
Evgeny Morozov
A data dividend would be a powerful way to rebalance the
American economy, which currently makes it possible for a very
small number of people to get rich while everyone else struggles
to make ends meet.
II) Une critique « sociale » du RGPD : la thèse de la
dimension collective des données personnelles
Digital Labor et « droits des travailleurs de la donnée »
« Pour corriger les distorsions et les abus provoqués par cette
situation, la solution consiste à élargir le domaine d’action des
autorités de régulation des données comme la CNIL. Il s’agit non
seulement de s’intéresser aux architectures techniques des plates-
formes qui permettent l’extraction et la circulation des données
personnelles, mais aussi de créer les conditions pour que le
travail de production et d’enrichissement des données (autant
de la part des services de microtravail que des usagers de
plates-formes généralistes comme Instagram ou Google)
reste respectueux des droits des personnes et du droit du
travail. Le défi qui attend la CNIL est de devenir non pas un
gardien de la propriété sur les données, mais un défenseur des droits
des travailleurs de la donnée. »
Paola Tubaro & Antonio Casilli
La donnée comme travail et inscription (forcée)
dans un rapport de production
De la même manière, une fois que l'on considère les
utilisateurs des plateformes comme des travailleurs de la
donnée, il ne peut plus être question de simplement
assurer la protection individuelle face à l'exploitation de
leurs données, mais d'imaginer une protection sociale
des données personnelles, qui serait à négocier
collectivement.
Ian Krewer.
[…] les données ne sont pas simplement des émanations
naturelles des individus ou le résultat d'une formalisation
exacte et fidèle de nos interactions. Elles sont davantage
le résultat d'une production, qui entraîne un effet de
déplacement.
[…] Les plateformes sont donc loin d'être des espaces
neutres dans lesquels nous laisserions simplement des
traces, mais bel et bien des dispositifs de production de
données.
Voir : Qu’est-ce que le Digital Labor ?
Nous avons besoin d’un « droit social des données »
« Le droit social des données, donc, devra
permettre de travailler la question de
l'intentionnalité des régimes de captation, de
collecte et de réutilisation desdites données.
Faute de quoi c'est une nouvelle expropriation qui
verra le jour, dans laquelle, comme un hoquet de
l'histoire, les travailleurs (de la donnée) se verront
une nouvelle fois spoliés du produit de leur travail
au seul bénéfice de régimes spéculatifs
capitalistiques. »
Olivier Ertzscheid
« Le droit civil et le droit du travail ont finalement
la même raison d’être, qui est de « civiliser »
les relations sociales, c’est-à-dire d’y
substituer des rapports de droit aux rapports
de force, et d’assurer à tous le statut de sujets
de droit libres et égaux. »
Alain Supiot
Le droit actuel protège bien les droits de la personne à
travers ses données, mais il est sur-déterminé par un
« paradigme individualiste » qui en masque la
dimension collective.
La protection des données « personnelles »
ne suffit plus. Un exemple :
Au regard du développement de l’intelligence
artificielle, on peut même se demander si la notion de
données à caractère personnel peut tout
simplement conserver un sens.
Chacun a le droit (sous certaines exceptions notables)
d’être informé sur le sort d’une donnée qui le concerne
dans des termes génériques (finalités, usages
ultérieurs,…), voire de s’y opposer. Mais nous n’avons
pas, ni en droit ni en fait, la possibilité de prescrire ou
de proscrire des usages précis de nos données –
excepté par l’acte de consommer ou non des services.
Un individu peut donc être protégé de manière
granulaire contre la collecte d’une information qui
l’identifie, mais cette protection ne couvre pas la
configuration réticulaire (en réseau) que toute
information revêt.
Rapport Villani sur l’intelligence artificielle.
Les informations collectées par les CAPTCHA visuels de Google
servent à entraîner des intelligences artificielles qui pourraient
servir à équiper des drones de guerre américains.
Mais nous n’avons aucun contrôle sur l’usage de ces données car
elles ne sont pas « personnelles », bien que nous les produisions.
« Il n’y a rien de plus collectif qu’une
donnée personnelle » A. Casilli
Les données personnelles sont en réalité toujours des
« données relationnelles » (Antoinette Rouvroy).
Elles constituent des coordonnées qui nous positionnent
dans le « graphe social ».
C’est ce « réseau de données liées » dont les plateformes
extraient de la valeur et pas des données individuelles.
Le graphe social, c’est le réseau de connexions et de
relations entre les gens sur Facebook, qui permet la
diffusion et le filtrage efficaces de l’information. C’est
l’ensemble des relations de toutes les personnes dans le
monde. Il y en a un seul et il comprend tout le monde.
Personne ne le possède. Ce que nous essayons de faire
c’est de le modeler, le modéliser, de représenter
exactement le monde réel en en dressant la carte.
Mark Zuckerberg, 2007.
Or cette dimension collective des données
personnelles n’a aucune reconnaissance juridique.
Certains ont proposé d’en faire un « bien commun ».
Ce que nous dit l’affaire Cambridge Analytica
87 millions de comptes Facebook compromis,
simplement en aspirant les contacts de quelques
centaines de milliers d’utilisateurs rémunérés
pour installer une application de questionnaire.
Mes données personnelles ne sont pas
seulement les miennes. Quand je les partage sur
Facebook, j'engage aussi ma famille, mes amis,
mes employés, etc. Cette affaire montre bien que
nos données personnelles ont un impact
collectif.
Jacques-François Marchandise, FiNG
Data privacy is not like a consumer good, where you
click “I accept” and all is well. Data privacy is more like
air quality or safe drinking water, a public good that
cannot be effectively regulated by trusting in the
wisdom of millions of individual choices. A more
collective response is needed. Zeynep Tufekci.
http://bgr.com/2018/03/20/ftc-facebook-investigation-cambridge-
analytica-user-privacy-breach-revelations/
Comment sortir de la soumission collective ?
Le mois suivant le début de l’affaire, Facebook a gagné
188 millions d’utilisateurs dans le monde… (source)
Le Privacy Paradox et le problème de
« l’individualisme méthodologique »
Il s’agit en fait d’un phénomène bien connu que l’on appelle
le paradoxe de la vie privée. il a été décrit pour la
première fois par Barry Brown, un employé de Hewlett
Packard, en 2001. Dans une étude préliminaire sur les
comportements d’achat en ligne des participants, M. Brown
a noté que, même si les gens se préoccupaient de la
protection de leur vie privée, ils étaient tout de même
heureux d’utiliser des cartes de fidélité qui permettaient de
suivre leur comportement d’achat. Plus récemment, un
sondage réalisé par le Pew Research Centre a révélé que
51 % des répondants estimaient qu’il n’était pas acceptable
que les plateformes de médias sociaux utilisent des
renseignements personnels pour cibler leurs publicités en
échange d’un accès gratuit.
David Glance, The Conversation, avril 2018
D’où le problème de faire reposer la protection des
données personnelles sur le consentement individuel…
https://www.la-croix.com/France/Securite/INFOGRAPHIE-Protection-donnees-Internet-jeunes-inquiets-aines-2017-09-20-1200878413
Modifications à attendre dans
la « fabrique du consentement »
https://presse.ina.fr/le-web-affectif-une-economie-numerique-des-
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Smiley, emoji, likes… Comment
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ressorts d’un « capitalisme
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au cœur des stratégies des
acteurs du web social ? […]
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Quelle est alors la valeur de nos
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exposant nos humeurs sur le
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des travailleurs affectifs du
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Captologie, Nudge et « armes de
persuasion massive »….
http://maisouvaleweb.fr/captologie-nudge-dans-
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Comment peser collectivement ?
Mais quelle possibilité pour la société civile d’exister dans une
négociation collective face aux plateformes ?
« La vie privée a cessé d’être un droit
individuel pour devenir une
négociation collective. »
Antonio Casilli.
http://www.liberation.fr/debats/2018/04/24/pourquoi-je-ne-quitte-pas-encore-facebook_1645574
Le besoin d’une « protection sociale
des données personnelles »
La protection sociale française, diagnostic et lignes directrices d’une réforme nécessaire.
Groupe « Protection sociale, ESS et Communs ». Coop des Communs.
« La protection sociale est une institution
centrale, un macro-système de médiations
(relations sociales, juridiques et politiques)
entre la sphère domestique, l’économie et la
politique […]. Elle est fondée elle-même sur
de multiples institutions (régime politique et
de citoyenneté, droit de la famille, fiscalité et
système de cotisations sociales, assurances
sociales, système d’assistance sociale, travail,
salariat, travail indépendant…).
[…] En protégeant les individus et les
familles, la protection sociale protège en
même temps la société elle-même
contre les risques de désintégration qui
se concrétisent chaque fois que les
forces marchandes dominent toutes les
sphères de la vie sociale. « Protéger »
dans ce double sens, c’est permettre à
l’individu de vivre en dignité en dépit de
tous les aléas de la vie, et à la société de
résister aux forces de désintégration qui
la menacent en permanence »
« L’anti-protection sociale » de Facebook
http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/04/24/violence-nudite-haine-
facebook-publie-ses-regles-de-moderation-internes_5289767_4408996.html
La protection sociale est universelle, là où
la « protection » des individus par Facebook
est surdéterminée par le profilage et donc
relève d’une logique « assurantielle ».
D’Uber et Deliveroo jusqu’à Google et Facebook
Un continuum de situations aux conséquences politiques
« Cette perte de contrôle justifie à notre sens que notre
relation avec les plateformes soit considérée sous l’angle
d’une présomption de subordination
d’usage. Elle permettrait d’acter en droit les
déséquilibres de fait qui caractérisent les forces en
présence, entre la société civile, les collectifs d’usagers et
les travailleurs numériques d’une part, et les plateformes
lucratives d’autre part. Notion distincte de
la subordination des rapports de production dans l’espace
du travail, elle viendrait s’articuler à elle, établissant en
droit un continuum de négociation. »
Pour une protection sociale des données personnelles.
Enjeu de négociation collective : quelles distinctions
opérer dans le « continuum » du Digital Labor ?
« Il s’agit au fond que dans sa vie
numérique, l’individu puisse
toujours savoir clairement qu’il
est engagé dans un rapport de
production ; que s’il décide d’y
rester, il puisse bénéficier d’un
ensemble de protections
traditionnellement associées au
travail et qu’il puisse toujours
choisir de ne pas entrer dans ce
rapport de production ou d’en
sortir si telle est sa volonté. »
Pour une protection sociale des
données personnelles.
L’organisation progressive des
« travailleurs de la donnée »
https://www.bastamag.net/Les-travailleurs-uberises-commencent-a-s-
organiser-face-a-l-economie-des-petits
Mais comment mobiliser et regrouper les
utilisateurs de plateformes ? Faut-il créer des nouveaux
types de « syndicats » pour défendre les données ?
https://www.oii.ox.ac.uk/archive/downloads/ne
ws/coverages/usbeketrica_201507.pdf
De l’intérêt croissant des syndicats pour la question
de la protection des données personnelles
A lire : Protection des données personnelles, RGPD et relations
de travail, une affaire trop sérieuse pour la laisser aux seules
mains des employeurs.
Autre point commun avec le champ du travail : la relation
basée sur une asymétrie exorbitante entre l’individu et les
géants du numérique. "On demande à l’individu, seul face
à Facebook, Google, Microsoft, d’être le gardien de ses
propres droits", souligne Lionel Maurel.
"Le droit du travail s’est constitué, jusqu’à une date
récente, pour éviter que les individus participent à
l’affaiblissement de leurs propres droits", argumente
Lionel Maurel qui prône que la régulation des plates-
formes s’inspire des mécanismes collectifs du droit du
travail. Pour le juriste, l’avenir de la régulation des
données devrait passer par une régulation des travailleurs
des données. "Un angle certainement fécond, conclut-il.
Mais cela voudrait dire de changer très profondément la
philosophie de la protection des données pour la faire
évoluer vers une protection sociale des données
personnelles."
Des opportunités ouvertes par les
« actions collectives » en justice
https://gafam.laquadrature.net/
« Instaurée voici quatre décennies, la réglementation «
Informatique et Libertés » visait à protéger les
personnes contre le fichage abusif par les
administrations ou les entreprises. Aujourd’hui, la
question se pose différemment : comment
protéger les utilisateurs contre eux-mêmes ? »
Guillaume Desgens-Pasanau
La question centrale du
« consentement libre et éclairé »
Le RGPD contiendrait-il
l’équivalent d’un
« principe de faveur » ?
Repenser les Conditions Générales d’Utilisation
(CGU) comme des conventions collectives
« Mark Zuckerberg a déclaré que les changements dans les
paramètres de confidentialité ne seraient pas exclusifs à
l’Europe et au RGPD. « Je trouve que le RGPD est très positif,
a-t-il affirmé, avant de poursuivre : Il faut d’ailleurs noter que
les changements dans la confidentialité que nous allons
déployer ne concernent pas que l’Europe, mais le monde
entier ». Numerama
http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/04/19/facebook-prive-1-5-milliard-d-utilisateurs-
du-droit-europeen-sur-les-donnees_5287824_4408996.html
Pourtant…
Penser un droit collectif à la portabilité des données ?
http://ajuntament.barcelona.cat/digital/en/digital-transformation/city-data-commons
[Le droit à la portabilité] qui permettra aux
utilisateurs de migrer d’un écosystème de
services à l’autre (concurrent ou non) avec
leurs propres données pourrait leur
permettre d’actionner une « portabilité
citoyenne » au profit de missions d’intérêt
général. Des communautés d’utilisateurs
pourraient exercer leur droit à la portabilité
vis-à-vis d’un service pour mettre leurs
données à disposition d’un acteur public,
pour une finalité spécifique en lien avec
une mission de service public. […]
CNIL, cahier Smart City.
Expérience Data Commons à
Barcelone, portée par la municipalité
Il s’agit de prélever l’impôt là où se trouvent les
utilisateurs des services en ligne, plutôt que là où sont
concentrés les profits générés par ceux-ci.
Sont visées, non pas des entreprises, mais des « activités
». En l’occurrence, celles où les utilisateurs
contribuent à l’essentiel de la création de
valeur : vente d’espaces publicitaires liés à
l’exploitation des données privées (Facebook, Google,
etc.), ou plates-formes d’intermédiation facilitant les
ventes de biens et de services entre internautes (Airbnb,
Uber, Booking, etc.).
Le Monde, 21 mars 2018.
Faire payer les plateformes,
mais sur une base fiscale et pas pour
« rémunérer les individus »
L’embryon d’une taxe sur le Digital Labor en Europe ?
Inventer de nouveaux modes d’action collective
en partageant des données
https://moipatient.fr/
Des « coopératives de données » de
santé qui permettent aux malades de
peser collectivement face aux laboratoires
et aux instituts publics pour orienter les
programmes de recherche dans le sens de
leurs besoins.
Un modèle duplicable dans d’autres
domaines ?
Repenser les conditions d’émancipation dans
l’environnement numérique
« Il ne faut pourtant pas nous priver de penser des environnements
et des pratiques numériques beaucoup plus émancipatrices, en
s’appuyant sur ce que le monde du logiciel libre, le mouvement des
communs et de l’économie solidaire proposent conjointement :
participer à la construction du progrès social et des capabilités
numériques individuelles et collectives, permettant de prendre une
part active dans l’organisation de nos pratiques. »
https://contributopia.org/fr/home/
http://plateformes.coopdescommuns.org/
Les « données personnelles » sont
des données citoyennes et d’intérêt général !
L’organisation de la société civile et les solidarités utilisateurs/travailleurs
doivent être pensées au niveau global.
« La colonialité est détachée
de l’expérience coloniale dans le
sens où elle renvoie à un ressenti
que l’on peut tout aussi bien
trouver dans des pays sans
histoire coloniale, voire dans des
pays du nord de la planète.
Lorsque l’on exploite ou vole nos
données, nous sommes tous dans
cette situation où le travail que
nous fournissons pour ces
entreprises est exploité et
invisibilisé. »
Antonio Casilli.

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Protection des données personnelles : deux critiques du RGPD

  • 1. Protection des données personnelles : Deux critiques opposées du RGPD Par Calimaq
  • 2. Une critique « libérale » versus une critique « sociale » du RGPD
  • 3. I) Une critique « libérale » du RGPD : la thèse de la patrimonialité des données personnelles Un droit de propriété sur nos data Pour mettre fin au pillage de nos données par les entreprises du Net, GenerationLibre défend l’introduction d’un droit de propriété sur les données personnelles. Inspiré par le raisonnement déployé par le chercheur américain Jaron Lanier, l’objectif est de rendre l’individu juridiquement propriétaire de ses données personnelles. Chacun pourrait ainsi vendre ses données aux plateformes, ou au contraire payer pour le service rendu et conserver ses données privées. https://www.generationlibre.eu/data-a-moi/ https://www.capital.fr/economie-politique/et-si-demain-vous-vendiez-vos-donnees-personnelles-a-facebook-1268001
  • 4. La propriété sur les données personnelles : une idée déjà ancienne RichardA.Posner.Imageparchensiyuan.CC-BY-SA.Source:WikimediaCommons. Plus généralement, la privacy conférerait un droit de propriété inaliénable aux individus induisant une « restriction dans la collecte ou l’utilisation d’informations sur une personne ou une entreprise. » et réduirait « la quantité d’informations disponibles sur le marché, et de la sorte l’efficience allocative de ce marché, quel qu’il soit : travail, époux, amis ». Elle gênerait ainsi l’appariement optimal entre l’offre et la demande et serait source de gaspillage de ressources. A l’inverse, l’attribution de droits de propriété librement aliénables permettrait de résoudre les problèmes engendrés par la vie privée. Conformément aux résultats de la théorie des droits de propriété privée, le libre transfert des droits sur les données personnelles garantit qu’ils échoieraient à ceux qui les valoriseraient le plus et donc maximiserait la richesse sociale. Déjà dans les années 70, chez le juriste américain Richard A. Posner. A lire : Commercial Privacy : l’homme transparent, la main invisible et l’œil omnisicent.
  • 5. Un droit de propriété sur les données personnelles : une idée qui revient périodiquement Je préconise un système universel de micro-paiements. Tout le monde toucherait une rémunération – fût-elle mimine - pour l’information qui n’existerait pas s’ils n’existaient pas. Cette idée circulait déjà dans les années 1960, avant même que l’internet soit inventé. C’est juste un retour aux origines. Si on arrivait à savoir combien les compagnies sont prêtes à payer pour avoir des informations, cela serait utile. Les gens pensent que le montant serait infime. Mais si on regarde en détail, c’est faux. Les données concernant l’homme de la rue ont beaucoup de valeur. Le potentiel est là pour soutenir une nouvelle classe moyenne. Chaque donnée individuelle aurait une valeur différente. Certaines seraient plus cotées parce qu’elles sortent de l’ordinaire. Jaron Lanier, 2013.
  • 6. Un système déjà expérimenté aux Etats-Unis avec les « courtiers » de données personnelles https://www.frenchweb.fr/la-start-up-du-jour-yes-profile-propose- aux-internautes-de-louer-leurs-donnees-personnelles/177521 A lire : Le miroir aux alouettes de la revente des données personnelles.
  • 7. Des tentations aussi en France, malgré l’entrée en vigueur du RGPD ? Fourniture de données contre un service « gratuit » My Data Is Rich : revente de données personnelles par un intermédiaire avec le consentement des personnes Même s’il ne reconnaît de droit de propriété sur les données, le RGPD complique, mais n’interdit pas en tant que telles ces formes de « monétisation » ou de « marchandisation » des données personnelles. A lire : Le RGPD interdit-il aux individus de revendre leurs données personnelles ? http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/donnees-personnelles-une-start-up-francaise-vous- propose-de-les-vendre-18-05-2018-2219684_47.php https://auto.bfmtv.com/auto-pratique/cette-start-up-promet-un-controle- technique-gratuit-bon-plan-ou-arnaque-1102793.html
  • 8. Nombreuses critiques contre l’idée d’une propriété privées des données personnelles http://www.casilli.fr/2018/01/13/pourquoi-la-vente-de-nos-donnees-personnelles- contre-un-plat-de-lentilles-est-une-tres-mauvaise-idee/ Exclure l’hypothèse de la propriété : en principe, l’information n’est pas propriétaire, mais les moyens pour sa production et son enrichissement peuvent l’être. La reconnaissance d’un droit de propriété sur les données personnelles aux individus est souvent avancée comme moyen de rééquilibrer les pouvoirs avec les entités collectrices. Le Conseil invite à exclure cette option : • Parce qu’elle renvoie à l’individu la responsabilité de gérer et protéger ses données, renforce l’individualisme et nie le rapport de force entre consommateurs et entreprises ; • Parce qu’elle ne pourrait que générer des revenus anecdotiques pour les usagers et susciter à l’inverse un marché de la gestion protectrice des données numériques ; • Parce qu’elle déboucherait à un renforcement des inégalités entre citoyens en capacité de gérer, protéger et monétiser leurs données et ceux qui, par manque de littératie, de temps, d’argent ou autre, abandonneraient ces fonctions au marché. Conseil National du Numérique, 2014.
  • 9. Si on exclue la propriété privée des données personnelles, pourquoi pas une « propriété publique » ? La valeur principale à laquelle il faut s’attaquer, c’est la donnée. Si vous contrôler les données, vous pouvez développer l’intelligence artificielle, ce qui ne veut pas dire que les entreprises privées n’aient pas un rôle à jouer là-dedans. On peut tout à fait imaginer que les données soient dans le domaine public et que les entreprises puissent s’en servir en payant une licence. Il y a des pays où cela fonctionne comme cela avec les terrains. La terre appartient à l’Etat : vous ne pouvez pas en être propriétaire, mais vous pouvez la louer pour la cultiver et en faire quelque chose. Evgeny Morozov A data dividend would be a powerful way to rebalance the American economy, which currently makes it possible for a very small number of people to get rich while everyone else struggles to make ends meet.
  • 10. II) Une critique « sociale » du RGPD : la thèse de la dimension collective des données personnelles Digital Labor et « droits des travailleurs de la donnée » « Pour corriger les distorsions et les abus provoqués par cette situation, la solution consiste à élargir le domaine d’action des autorités de régulation des données comme la CNIL. Il s’agit non seulement de s’intéresser aux architectures techniques des plates- formes qui permettent l’extraction et la circulation des données personnelles, mais aussi de créer les conditions pour que le travail de production et d’enrichissement des données (autant de la part des services de microtravail que des usagers de plates-formes généralistes comme Instagram ou Google) reste respectueux des droits des personnes et du droit du travail. Le défi qui attend la CNIL est de devenir non pas un gardien de la propriété sur les données, mais un défenseur des droits des travailleurs de la donnée. » Paola Tubaro & Antonio Casilli
  • 11. La donnée comme travail et inscription (forcée) dans un rapport de production De la même manière, une fois que l'on considère les utilisateurs des plateformes comme des travailleurs de la donnée, il ne peut plus être question de simplement assurer la protection individuelle face à l'exploitation de leurs données, mais d'imaginer une protection sociale des données personnelles, qui serait à négocier collectivement. Ian Krewer. […] les données ne sont pas simplement des émanations naturelles des individus ou le résultat d'une formalisation exacte et fidèle de nos interactions. Elles sont davantage le résultat d'une production, qui entraîne un effet de déplacement. […] Les plateformes sont donc loin d'être des espaces neutres dans lesquels nous laisserions simplement des traces, mais bel et bien des dispositifs de production de données. Voir : Qu’est-ce que le Digital Labor ?
  • 12. Nous avons besoin d’un « droit social des données » « Le droit social des données, donc, devra permettre de travailler la question de l'intentionnalité des régimes de captation, de collecte et de réutilisation desdites données. Faute de quoi c'est une nouvelle expropriation qui verra le jour, dans laquelle, comme un hoquet de l'histoire, les travailleurs (de la donnée) se verront une nouvelle fois spoliés du produit de leur travail au seul bénéfice de régimes spéculatifs capitalistiques. » Olivier Ertzscheid « Le droit civil et le droit du travail ont finalement la même raison d’être, qui est de « civiliser » les relations sociales, c’est-à-dire d’y substituer des rapports de droit aux rapports de force, et d’assurer à tous le statut de sujets de droit libres et égaux. » Alain Supiot Le droit actuel protège bien les droits de la personne à travers ses données, mais il est sur-déterminé par un « paradigme individualiste » qui en masque la dimension collective.
  • 13. La protection des données « personnelles » ne suffit plus. Un exemple : Au regard du développement de l’intelligence artificielle, on peut même se demander si la notion de données à caractère personnel peut tout simplement conserver un sens. Chacun a le droit (sous certaines exceptions notables) d’être informé sur le sort d’une donnée qui le concerne dans des termes génériques (finalités, usages ultérieurs,…), voire de s’y opposer. Mais nous n’avons pas, ni en droit ni en fait, la possibilité de prescrire ou de proscrire des usages précis de nos données – excepté par l’acte de consommer ou non des services. Un individu peut donc être protégé de manière granulaire contre la collecte d’une information qui l’identifie, mais cette protection ne couvre pas la configuration réticulaire (en réseau) que toute information revêt. Rapport Villani sur l’intelligence artificielle. Les informations collectées par les CAPTCHA visuels de Google servent à entraîner des intelligences artificielles qui pourraient servir à équiper des drones de guerre américains. Mais nous n’avons aucun contrôle sur l’usage de ces données car elles ne sont pas « personnelles », bien que nous les produisions.
  • 14. « Il n’y a rien de plus collectif qu’une donnée personnelle » A. Casilli Les données personnelles sont en réalité toujours des « données relationnelles » (Antoinette Rouvroy). Elles constituent des coordonnées qui nous positionnent dans le « graphe social ». C’est ce « réseau de données liées » dont les plateformes extraient de la valeur et pas des données individuelles. Le graphe social, c’est le réseau de connexions et de relations entre les gens sur Facebook, qui permet la diffusion et le filtrage efficaces de l’information. C’est l’ensemble des relations de toutes les personnes dans le monde. Il y en a un seul et il comprend tout le monde. Personne ne le possède. Ce que nous essayons de faire c’est de le modeler, le modéliser, de représenter exactement le monde réel en en dressant la carte. Mark Zuckerberg, 2007. Or cette dimension collective des données personnelles n’a aucune reconnaissance juridique. Certains ont proposé d’en faire un « bien commun ».
  • 15. Ce que nous dit l’affaire Cambridge Analytica 87 millions de comptes Facebook compromis, simplement en aspirant les contacts de quelques centaines de milliers d’utilisateurs rémunérés pour installer une application de questionnaire. Mes données personnelles ne sont pas seulement les miennes. Quand je les partage sur Facebook, j'engage aussi ma famille, mes amis, mes employés, etc. Cette affaire montre bien que nos données personnelles ont un impact collectif. Jacques-François Marchandise, FiNG Data privacy is not like a consumer good, where you click “I accept” and all is well. Data privacy is more like air quality or safe drinking water, a public good that cannot be effectively regulated by trusting in the wisdom of millions of individual choices. A more collective response is needed. Zeynep Tufekci. http://bgr.com/2018/03/20/ftc-facebook-investigation-cambridge- analytica-user-privacy-breach-revelations/
  • 16. Comment sortir de la soumission collective ? Le mois suivant le début de l’affaire, Facebook a gagné 188 millions d’utilisateurs dans le monde… (source)
  • 17. Le Privacy Paradox et le problème de « l’individualisme méthodologique » Il s’agit en fait d’un phénomène bien connu que l’on appelle le paradoxe de la vie privée. il a été décrit pour la première fois par Barry Brown, un employé de Hewlett Packard, en 2001. Dans une étude préliminaire sur les comportements d’achat en ligne des participants, M. Brown a noté que, même si les gens se préoccupaient de la protection de leur vie privée, ils étaient tout de même heureux d’utiliser des cartes de fidélité qui permettaient de suivre leur comportement d’achat. Plus récemment, un sondage réalisé par le Pew Research Centre a révélé que 51 % des répondants estimaient qu’il n’était pas acceptable que les plateformes de médias sociaux utilisent des renseignements personnels pour cibler leurs publicités en échange d’un accès gratuit. David Glance, The Conversation, avril 2018 D’où le problème de faire reposer la protection des données personnelles sur le consentement individuel… https://www.la-croix.com/France/Securite/INFOGRAPHIE-Protection-donnees-Internet-jeunes-inquiets-aines-2017-09-20-1200878413
  • 18. Modifications à attendre dans la « fabrique du consentement » https://presse.ina.fr/le-web-affectif-une-economie-numerique-des- emotions-de-camille-alloing-et-julien-pierre-ina-editions-2017/ Smiley, emoji, likes… Comment nos émotions deviennent les ressorts d’un « capitalisme numérique affectif » et sont au cœur des stratégies des acteurs du web social ? […] Aimer, cliquer, commenter… Quelle est alors la valeur de nos expressions en ligne ? En exposant nos humeurs sur le web, comment devenons-nous des travailleurs affectifs du « digital labor » ? Captologie, Nudge et « armes de persuasion massive »…. http://maisouvaleweb.fr/captologie-nudge-dans- les-biais-des-armes-de-persuasion-massive/
  • 19. Comment peser collectivement ? Mais quelle possibilité pour la société civile d’exister dans une négociation collective face aux plateformes ? « La vie privée a cessé d’être un droit individuel pour devenir une négociation collective. » Antonio Casilli. http://www.liberation.fr/debats/2018/04/24/pourquoi-je-ne-quitte-pas-encore-facebook_1645574
  • 20. Le besoin d’une « protection sociale des données personnelles » La protection sociale française, diagnostic et lignes directrices d’une réforme nécessaire. Groupe « Protection sociale, ESS et Communs ». Coop des Communs. « La protection sociale est une institution centrale, un macro-système de médiations (relations sociales, juridiques et politiques) entre la sphère domestique, l’économie et la politique […]. Elle est fondée elle-même sur de multiples institutions (régime politique et de citoyenneté, droit de la famille, fiscalité et système de cotisations sociales, assurances sociales, système d’assistance sociale, travail, salariat, travail indépendant…). […] En protégeant les individus et les familles, la protection sociale protège en même temps la société elle-même contre les risques de désintégration qui se concrétisent chaque fois que les forces marchandes dominent toutes les sphères de la vie sociale. « Protéger » dans ce double sens, c’est permettre à l’individu de vivre en dignité en dépit de tous les aléas de la vie, et à la société de résister aux forces de désintégration qui la menacent en permanence »
  • 21. « L’anti-protection sociale » de Facebook http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/04/24/violence-nudite-haine- facebook-publie-ses-regles-de-moderation-internes_5289767_4408996.html La protection sociale est universelle, là où la « protection » des individus par Facebook est surdéterminée par le profilage et donc relève d’une logique « assurantielle ».
  • 22. D’Uber et Deliveroo jusqu’à Google et Facebook Un continuum de situations aux conséquences politiques « Cette perte de contrôle justifie à notre sens que notre relation avec les plateformes soit considérée sous l’angle d’une présomption de subordination d’usage. Elle permettrait d’acter en droit les déséquilibres de fait qui caractérisent les forces en présence, entre la société civile, les collectifs d’usagers et les travailleurs numériques d’une part, et les plateformes lucratives d’autre part. Notion distincte de la subordination des rapports de production dans l’espace du travail, elle viendrait s’articuler à elle, établissant en droit un continuum de négociation. » Pour une protection sociale des données personnelles.
  • 23. Enjeu de négociation collective : quelles distinctions opérer dans le « continuum » du Digital Labor ? « Il s’agit au fond que dans sa vie numérique, l’individu puisse toujours savoir clairement qu’il est engagé dans un rapport de production ; que s’il décide d’y rester, il puisse bénéficier d’un ensemble de protections traditionnellement associées au travail et qu’il puisse toujours choisir de ne pas entrer dans ce rapport de production ou d’en sortir si telle est sa volonté. » Pour une protection sociale des données personnelles.
  • 24. L’organisation progressive des « travailleurs de la donnée » https://www.bastamag.net/Les-travailleurs-uberises-commencent-a-s- organiser-face-a-l-economie-des-petits Mais comment mobiliser et regrouper les utilisateurs de plateformes ? Faut-il créer des nouveaux types de « syndicats » pour défendre les données ? https://www.oii.ox.ac.uk/archive/downloads/ne ws/coverages/usbeketrica_201507.pdf
  • 25. De l’intérêt croissant des syndicats pour la question de la protection des données personnelles A lire : Protection des données personnelles, RGPD et relations de travail, une affaire trop sérieuse pour la laisser aux seules mains des employeurs. Autre point commun avec le champ du travail : la relation basée sur une asymétrie exorbitante entre l’individu et les géants du numérique. "On demande à l’individu, seul face à Facebook, Google, Microsoft, d’être le gardien de ses propres droits", souligne Lionel Maurel. "Le droit du travail s’est constitué, jusqu’à une date récente, pour éviter que les individus participent à l’affaiblissement de leurs propres droits", argumente Lionel Maurel qui prône que la régulation des plates- formes s’inspire des mécanismes collectifs du droit du travail. Pour le juriste, l’avenir de la régulation des données devrait passer par une régulation des travailleurs des données. "Un angle certainement fécond, conclut-il. Mais cela voudrait dire de changer très profondément la philosophie de la protection des données pour la faire évoluer vers une protection sociale des données personnelles."
  • 26. Des opportunités ouvertes par les « actions collectives » en justice https://gafam.laquadrature.net/ « Instaurée voici quatre décennies, la réglementation « Informatique et Libertés » visait à protéger les personnes contre le fichage abusif par les administrations ou les entreprises. Aujourd’hui, la question se pose différemment : comment protéger les utilisateurs contre eux-mêmes ? » Guillaume Desgens-Pasanau La question centrale du « consentement libre et éclairé » Le RGPD contiendrait-il l’équivalent d’un « principe de faveur » ?
  • 27. Repenser les Conditions Générales d’Utilisation (CGU) comme des conventions collectives « Mark Zuckerberg a déclaré que les changements dans les paramètres de confidentialité ne seraient pas exclusifs à l’Europe et au RGPD. « Je trouve que le RGPD est très positif, a-t-il affirmé, avant de poursuivre : Il faut d’ailleurs noter que les changements dans la confidentialité que nous allons déployer ne concernent pas que l’Europe, mais le monde entier ». Numerama http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/04/19/facebook-prive-1-5-milliard-d-utilisateurs- du-droit-europeen-sur-les-donnees_5287824_4408996.html Pourtant…
  • 28. Penser un droit collectif à la portabilité des données ? http://ajuntament.barcelona.cat/digital/en/digital-transformation/city-data-commons [Le droit à la portabilité] qui permettra aux utilisateurs de migrer d’un écosystème de services à l’autre (concurrent ou non) avec leurs propres données pourrait leur permettre d’actionner une « portabilité citoyenne » au profit de missions d’intérêt général. Des communautés d’utilisateurs pourraient exercer leur droit à la portabilité vis-à-vis d’un service pour mettre leurs données à disposition d’un acteur public, pour une finalité spécifique en lien avec une mission de service public. […] CNIL, cahier Smart City. Expérience Data Commons à Barcelone, portée par la municipalité
  • 29. Il s’agit de prélever l’impôt là où se trouvent les utilisateurs des services en ligne, plutôt que là où sont concentrés les profits générés par ceux-ci. Sont visées, non pas des entreprises, mais des « activités ». En l’occurrence, celles où les utilisateurs contribuent à l’essentiel de la création de valeur : vente d’espaces publicitaires liés à l’exploitation des données privées (Facebook, Google, etc.), ou plates-formes d’intermédiation facilitant les ventes de biens et de services entre internautes (Airbnb, Uber, Booking, etc.). Le Monde, 21 mars 2018. Faire payer les plateformes, mais sur une base fiscale et pas pour « rémunérer les individus » L’embryon d’une taxe sur le Digital Labor en Europe ?
  • 30. Inventer de nouveaux modes d’action collective en partageant des données https://moipatient.fr/ Des « coopératives de données » de santé qui permettent aux malades de peser collectivement face aux laboratoires et aux instituts publics pour orienter les programmes de recherche dans le sens de leurs besoins. Un modèle duplicable dans d’autres domaines ?
  • 31. Repenser les conditions d’émancipation dans l’environnement numérique « Il ne faut pourtant pas nous priver de penser des environnements et des pratiques numériques beaucoup plus émancipatrices, en s’appuyant sur ce que le monde du logiciel libre, le mouvement des communs et de l’économie solidaire proposent conjointement : participer à la construction du progrès social et des capabilités numériques individuelles et collectives, permettant de prendre une part active dans l’organisation de nos pratiques. » https://contributopia.org/fr/home/ http://plateformes.coopdescommuns.org/
  • 32. Les « données personnelles » sont des données citoyennes et d’intérêt général ! L’organisation de la société civile et les solidarités utilisateurs/travailleurs doivent être pensées au niveau global. « La colonialité est détachée de l’expérience coloniale dans le sens où elle renvoie à un ressenti que l’on peut tout aussi bien trouver dans des pays sans histoire coloniale, voire dans des pays du nord de la planète. Lorsque l’on exploite ou vole nos données, nous sommes tous dans cette situation où le travail que nous fournissons pour ces entreprises est exploité et invisibilisé. » Antonio Casilli.