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4 NUMÉROS — JOURNAL BIMENSUEL — PARUTION DU JEUDI 16 FÉVRIER 2012


QUEL NOUVEAU CONTRAT SOCIAL POUR LA FRANCE ?




                                               WWW.CROISSANCEPLUS.COM
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                                                                 ce que nous croyons être le
                                                                 chemin vertueux du remode-
                                                                 lage du contrat social, basé
                                                                 sur une entrée plus facile
                                                                 des jeunes dans l’entreprise,
                                                                 une régulation différenciée
Rénover le modèle social                                         du temps de travail, une
                                                                 réforme du financement de
                                                                 la protection sociale, un toi-
Les p rop os it ion s d e s c a n d id at s à L’é Le c t ion     lettage du droit du travail et
p résid en tieLLe c om m e n c e n t à s e p r é c is e r ,      l’instauration d’un dialogue
et j’y in c L u s c e LLe s fa it e s pa r Le p r é s id e n t   social responsable au sein
d e L a rép u b Liqu e , n ic oLa s s a r k oz y. m on p r o-    des entreprises. Ces propo-
p os n ’est pas ic i d e Le s d is c u t e r e n d é ta iLs ,    sitions de CroissancePlus ne
ma is d e reLe ve r Le s p oin t s d e c on ve r g e n c e       sont pas idéologiques mais
qu i Les ra p pr oc h e n t.                                     pragmatiques. Elles sont le
                                                                 fruit de l’expérience et expri-
                                                                 ment la volonté de nos entre-
Elles sont toutes dictées par deux considérations                prises de faire le travail que la
majeures : répondre à l’urgence de la situation                  collectivité attend d’elles, à
économique dans laquelle se trouve la France, à                  savoir grandir en France et à
l’image d’un grand nombre de pays européens ;                    l’étranger, créer des emplois
mettre en œuvre des solutions structurelles et de                stables, améliorer les com-
long terme pour retrouver la capacité à croître, à               pétences de tous les sala-
créer des emplois, des entreprises, de la valeur.                riés, bref, créer de la valeur
Certes, les voies proposées pour y parvenir sont                 durable pour l’ensemble des
très différentes, certaines sont même discutables                parties prenantes. Ni plus, ni
ou inapplicables. Mais la nécessité de changer en                moins…
profondeur le modèle social y est apparente, et
c’est le grand enjeu des années à venir.                         Olivier Duha,
                                                                 Président de CroissancePlus
Chez CroissancePlus, nous ne sommes pas
des contempteurs obstinés du modèle social français.
Depuis des années, nous multiplions les pro-
positions pour le moderniser, le faire évoluer,
le rendre plus adapté aux nouvelles circons-
tances économiques, en faire un outil de progrès
économique et social et non une entrave au déve-
loppement et à la souplesse de fonctionnement
des entreprises. Dans ce 3ème numéro du Petit
Journal de Campagne, nous revenons en détail sur




                                                                                                02. 2012
2                                                                                                                                                                                            3




LE PETIT JOURNAL DE CAMPAGNE EST ÉDITÉ PAR CROISSANCEPLUS

Quelques mots sur CroissancePlus                                                                           DANS L’ACTUALITÉ                                                                  4
          PREMIÈRE ASSOCIATION FRANÇAISE DES ENTREPRENEURS                                                 Présidentielle 2012 — Un grand choc fiscal pour la France ?
DE CROISSANCE, CroissancePlus réunit une nouvelle génération de 350 entre-                                 Nicolas Sarkozy : TVA sociale et taxe boursière
preneurs innovants afin de réformer l’environnement économique, social, juridique                          François Hollande : impôt sur les sociétés différencié
et fiscal, et favoriser la création d’entreprises et d’emplois en France. Présidée par                     et fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG
Olivier DUHA , CroissancePlus agit au quotidien comme force de propositions et                             François Bayrou : augmentation de la TVA,
de lobbying en formulant de nombreuses recommandations auprès des pouvoirs                                 deux nouvelles tranches fiscales
publics et des leaders d’opinion. Lieu d’échanges et de networking, CroissancePlus                         Eva Joly : libérer l’économie de la finance
s’impose également dans le débat public à travers l’organisation de nombreux évé-
nements autour de personnalités politiques et économiques de tout premier plan.                            VU DANS LA PRESSE                                                                 8
          PORTER TOUJOURS PLUS HAUT L’ESPRIT D’ENTREPRISE ET                                               Encore tout faux… (International Herald Tribune)
FAIRE ENTENDRE LA VOIX DES ENTREPRENEURS DANS LES MÉDIAS,                                                  Les prosélytes du libéralisme se préparent un destin bien triste…
telle est la volonté de CroissancePlus qui accompagne les dirigeants d’entreprise                          (Financial Times)
dans leur développement en France et à l’international.                                                    Industriels cherchent soudeurs désespérément (Les Échos)
                                                                                                           Les biotechs françaises imaginent la médecine de demain (Le Parisien Economie)

Nos missions                                                                                               DOSSIER — Quel nouveau contrat social pour la France ? 12
          ÊTRE UNE FORCE DE PROPOSITIONS RECONNUE DES                                                      1 / Tout faire pour favoriser l’entrée des jeunes dans l’entreprise
POUVOIRS PUBLICS. Les propositions de CroissancePlus émanent d’hommes                                      2 / Augmenter le temps de travail pour favoriser la croissance
et de femmes de terrain, de commissions et groupes de travail qui se réunissent                            3 / Révolutionner le droit du travail
régulièrement dans les domaines suivants : création et financement d’entreprise /                          4 / Trouver de nouveaux modes de financement de la protection sociale
juridique et fiscal / social et emploi / recherche et innovation / relations grands                        5 / Adapter les modes de représentativité du personnel
groupes-PME / international / croissance responsable. Propositions consultables sur
www.croissanceplus.com.                                                                                    Les chiffres-clé du modèle social                                                22
                 CONSTITUER UN RÉSEAU PERFORMANT D’ENTREPRENEURS                                           LE GRAND ENTRETIEN —
CroissancePlus est également un lieu reconnu d’échanges et de rencontres per-                              François Dupuy, sociologue des organisations                                     24
mettant de développer des synergies entrepreneuriales, des compétences tech-
niques ou tout simplement partager expérience et bonnes pratiques. Les nombreux                            IDÉES                                                                            30
événements : déjeuners et dîners-débats, petits-déjeuners thématiques, Be to Be,
déjeuners mensuels business, etc… sont autant d’occasions d’accueillir des per-                            Lu pour vous
sonnalités de tout premier plan et contribuer à la notoriété de CroissancePlus et de                       Verbatim
ses membres.                                                                                               Livres
                                                                                                           Débats
                                                                                                           Management
RÉDACTION ET DOCUMENTATION : Antoine Bayle • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
DIRECTION ARTISTIQUE – GRAPHISME : Alexandra Roucheray, Olivia Grandperrin • • • • • • • • • • • • •       PETITES HISTOIRES DE GUERRE ÉCONOMIQUE                                           36
COMITÉ ÉDITORIAL : Florence Dépret, Clothilde Hervouet, Gwennaelle Pierre, Emmanuelle Skowron • •
UN JOURNAL RÉALISÉ PAR Les Rois Mages - www.lesroismages.fr - téléphone : 01 41 10 08 08 • • • •           Les 36 S t ratagèmes




                                                                                                                                                                                             02. 2012
4                                                                                                                                                                               5




Présidentielle 2012                            obligatoires. C’est dans le choix des        points, à 21,2% le 1er octobre prochain
                                               “cibles” que les responsables politiques     et en une hausse de 2 points de la CSG      François Hollande :
Un grand choc                                  se différencient et s’opposent, qu’il        sur les revenus du patrimoine. Ces deux
                                               s’agisse de la fiscalité des particuliers,   mesures doivent permettre de com-           impôt sur les
fiscal pour                                    des entreprises ou de l’épargne. Cela        penser la suppression des cotisations
                                               créera-t-il pour autant le grand choc        patronales finançant la branche famille     sociétés différen-
la France ?                                    fiscal qui serait nécessaire pour relan-     de la Sécurité Sociale sur les salaires
                                               cer la croissance économique, inci-          allant jusqu’à 2,1 SMIC et leur dégressi-   cié et fusion entre
                                               ter à l’investissement “fertile” dans les    vité jusqu’à 2,4 SMIC (ce qui représente
Les principaux candidats à l’élection          entreprises en développement, assurer        environ 13,6 milliards d’euros, soit 40%    l’impôt sur le
présidentielle ont élaboré, ces dernières      l’équité et l’efficacité de l’impôt ? Nous   des cotisations de la branche famille).
semaines, l’essentiel de leurs propo-          n’en sommes pour l’heure qu’aux pro-                                                     revenu et la CSG
sitions en matière de politique écono-         positions, aux pistes de réflexion, aux      À noter que l’augmentation de la CSG
mique et fiscale, même si le chef de           galops d’essai. Il est donc encore trop      sur les revenus du capital représente
l’Etat, à l’heure où nous écrivons ces         tôt pour en juger. Mais voici un rapide      un surcroît de charges de 2,6 milliards     Le programme de François Hollande
lignes, n’a pas encore fait acte de candi-     tour d’horizon des propositions et pistes    d’euros pour les épargnants. Au total,      comprend de nombreuses dispositions
dature officielle. Il ressort, de l’ensemble   de réflexion des quatre principaux can-      avec cette nouvelle augmentation, les       d’ordre fiscal, dont nous ne retiendrons
de ces déclarations, un certain nombre         didats. Et le rappel des réflexions de       prélèvements sociaux sur les revenus        que les plus significatives. En matière
de constats. Tout d’abord, l’exercice          CroissancePlus en la matière.                du capital s’élèveraient à 15,5%. Si        de fiscalité d’entreprise, le candidat
est complexe puisqu’il s’inscrit dans                                                       l’on y ajoute le prélèvement obligatoire    socialiste souhaite distinguer les béné-
un cadre contraint, celui du retour à                                                       de 24%, les revenus de l’épargne en         fices réinvestis et ceux distribués aux
l’équilibre de nos finances publiques,         Nicolas Sarkozy :                            France (hors Livret A) seraient taxés à     actionnaires et envisage de mettre en
conformément aux engagements euro-                                                          près de 40%.                                place trois taux d’imposition différents :
péens de la France et aux conclusions          TVA sociale et                                                                           35% pour les grandes entreprises,
du sommet européen du 30 janvier                                                            L’autre mesure importante annoncée          30% pour les petites et moyennes,
dernier, prévoyant l’instauration de « la      taxe boursière                               par Nicolas Sarkozy est l’instauration      15% pour les très petites. Il annonce
règle d’or » dans la plupart des pays de                                                    d’une taxe boursière à compter du 1er       un redéploiement des financements,
la zone euro. Compte tenu du faible taux                                                    août prochain, dont le champ d’appli-       des aides publiques et des allègements
de croissance anticipé en 2012 et 2013,        Lors de son intervention télévisée du 29     cation fait encore l’objet de discussions   fiscaux vers les entreprises qui investi-
cette marche forcée vers l’équilibre des       janvier 2012, le chef de l’Etat a dressé     entre le gouvernement et les représen-      ront en France. En matière de fiscalité
comptes publics ne peut s’accomplir            les grandes lignes des réformes fis-         tants des banques. Cette taxe s’élèvera     des particuliers, François Hollande a
avec succès que si des recettes nou-           cales qu’il compte mettre en œuvre.          à 0,1% et devrait rapporter environ 1       officialisé le projet de fusion de l’im-
velles sont trouvées, ce qui se traduit        Les mesures phares consistent en une         milliard d’euros chaque année, qui serait   pôt sur le revenu et de la CSG dans le
donc par une hausse des prélèvements           augmentation du taux de TVA de 1,6           affecté à la réduction du déficit.          cadre d’un prélèvement simplifié sur




                                                                                                                                                                                 02. 2012
6                                                                                                                                                                            7
                                                 Les réflexions
                                                 de CroissancePlus
                                                 en matière
                                                                                        l’impôt par rapport au risque ; favori-      Eva Joly :
le revenu (PSR). Il entend également             de réforme fiscale                     ser le réemploi productif.
créer une tranche supplémentaire de                                                     / Favoriser la stabilité du cadre fiscal.    libérer l’économie
45% pour les revenus supérieurs à                                                       / Orienter l’épargne “stérile” vers
150 000 euros par an. Il souhaite imposer    Consciente que la réforme de la            l’épargne “fertile”, privilégier une         de la finance
aux dirigeants des entreprises publiques     fiscalité est un axe essentiel de          taxation des revenus du patrimoine
un écart maximum de rémunérations de         toute politique de redynamisation          peu productif différemment des
1 à 20. Concernant l’épargne, il indique     de la croissance et du développe-          revenus du patrimoine productif et           La candidate du mouvement écologique
aussi vouloir supprimer les produits         ment des entreprises, Croissance-          ouvrir ce principe à l’ensemble des          (EELV) a choisi trois axes principaux
financiers toxiques et les stock options     Plus a élaboré sa propre réflexion         acteurs économiques ; inciter les            pour l’élaboration de son programme
(sauf dans les entreprises naissantes),      en matière de réforme fiscale, dans        grands groupes français à investir           économique : la réorientation de la fis-
aligner la fiscalité des plus-values en      un contexte de crise économique            dans les PME/ETI de manière mino-            calité vers l’environnement, l’augmen-
capital sur les taux de l’IRPP et annonce    et d’harmonisation européenne              ritaire, à travers des fonds d’inves-        tation des dépenses d'investissements
l’instauration d’une taxe sur les tran-      de la fiscalité. Ces réflexions ont        tissement ; exonérer au maximum              publics, le relèvement des prélèvements
sactions financières, sans en préci-         été largement présentées aux res-          les actifs professionnels ; favoriser        obligatoires sur les hauts salaires et les
ser les modalités. Enfin, il propose la      ponsables politiques. L’objectif           la transmission de l’entreprise aux          revenus du capital. Le mot d’ordre de
création d’un livret d’épargne industrie     de CroissancePlus est d’abord de           collaborateurs.                              son programme est de “libérer” l’écono-
dont le produit serait entièrement dédié     favoriser la création de richesse et                                                    mie de la finance, en réduisant la taille
au financement des PME et des entre-         de valeur en France en sécurisant          L’objectif de CroissancePlus est             des banques, en limitant les activités
prises innovantes.                           la fiscalité des entrepreneurs et          le même depuis sa création en                des fonds spéculatifs et en développant
                                             des Business Angels. Il s’agit avant       1997 : favoriser l’entrepreneuriat, le       l’investissement socialement respon-
                                             tout d’encourager la création, le          développement des entreprises et             sable. Sur le plan de la fiscalité, Eva
François Bayrou :                            développement et le financement            l’épargne productive.                        Joly entend privilégier les TPE/PME et
                                             des entreprises par la création et                                                      les entreprises locales et écologiques
augmentation                                 l’amélioration de dispositifs fiscaux                                                   en créant notamment un “bonus déve-
                                             adaptés et de favoriser l’implanta-                                                     loppement durable”. Elle propose en
de la TVA, deux                              tion et le retour en France d’entre-     procurerait environ 20 milliards d’euros       outre une progressivité réelle de l’impôt
                                             preneurs. Voici quelques-unes des        de recettes supplémentaires pour l’Etat.       sur les sociétés en fonction du niveau
nouvelles tranches                           principales réflexions de Crois-         La seconde mesure est l’instauration de        des bénéfices et des mesures de sou-
                                             sancePlus :                              deux nouvelles tranches d’imposition,          tien à la recherche et à l’innovation au
fiscales                                                                              l’une à 45%, l’autre à 50% pour les reve-      bénéfice des petites et moyennes entre-
                                             / Le maintien intégral du dispositif     nus au-dessus de 250 000 euros par an.         prises, ainsi que l’extension des socié-
                                             ISF-PME qui permet d’orienter une        Enfin, François Bayrou annonce un dis-         tés régionales de capital-risque.
François Bayrou a précisé, le 1er février    partie de l’épargne des Français         positif nouveau concernant la fiscalité
dernier, son programme économique,           vers le financement des PME, ainsi       des entreprises, comprenant la création        Concernant la fiscalité des particuliers,
axé sur un strict encadrement des bud-       que le doublement de “l’avantage         d’un crédit d’impôt innovation, parallèle      EELV propose un impôt sur le revenu
gets de l’Etat, de la sécurité sociale et    Madelin” qui favorise l’investisse-      au crédit d’impôt recherche, et surtout        rénové, reposant sur le prélèvement à la
des collectivités territoriales dont les     ment direct ou via un fonds dans         l’exemption de charges sociales pen-           source, la fusion CSG/IRPP, l’intégration
dotations resteraient au même montant        des PME françaises.                      dant deux ans des entreprises de moins         des revenus du capital dans l’impôt sur
pendant trois ans quelle que soit l’infla-   / Le respect de trois principes-clés     de 50 salariés qui embauchent un jeune         le revenu, un impôt sur le patrimoine,
tion. Le volet fiscal de son programme       pour favoriser l’investissement          ou un chômeur. Il propose aussi la créa-       l’élargissement de la base de l’ISF,
s’articule autour de trois mesures           dans les PME/ETI : faire participer      tion d’un statut fiscal particulier pour les   notamment par la révision de l’exonéra-
essentielles. La première est une hausse     l’ensemble des acteurs écono-            Business Angels, calqué sur celui des          tion des biens professionnels et la mise
de la TVA de 1 point en 2012 et de 1         miques à l’investissement produc-        fonds de private equity ainsi que la créa-     en place d’une contribution climat-éner-
point supplémentaire en 2014, ce qui         tif ; veiller à la proportionnalité de   tion d’un livret d’épargne industrie.          gie de 36 euros la tonne de CO2.




                                                                                                                                                                              02. 2012
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                                                  croire que ce fut un succès. « Compte
    « Encore                                      tenu du calendrier, c’est un vrai chef
                                                  d’œuvre », a même déclaré Angela
    tout faux… »                                  Merkel, parlant du pacte budgétaire et
                                                  fiscal conclut par les pays européens.
                                                  (…) En tant que plus gros contributeur
    « Les leaders de 25 pays de l’Union           du fonds de soutien européen, l’Alle-
    Européenne sur 27, se sont mis d’ac-          magne continue à déterminer la façon
    cord pour conclure un nouveau pacte           de gérer la crise. Les autres n’ont guère
    fiscal qui les empêchera, légalement,         de choix que de suivre, qu’ils soient
    de combattre les récessions au moyen          convaincus ou non du fait que l’aus-
    de robustes incitations financières. La       térité dictée par les Allemands, aidera
    plupart des économistes, en dehors            leurs économies affaiblies. Un dirigeant
    de la zone euro, considère que cette          mieux avisé qu’Angela Merkel bâtirait une
    approche est dangereuse. Ces pays             Union Européenne plus solide en aidant
    représentent plus de 20% de l’économie        ses voisins à sortir de leur endettement
    mondiale. Les condamner à des réces-          plutôt qu’en leur serrant le cou. Un lea-
    sions plus longues et plus profondes          der plus sage rappellerait aussi aux
    aura un impact négatif sur les écono-         électeurs allemands que la prospérité
    mies hors d’Europe qui dépendent du           de leur propre économie repose sur une
    commerce international, comme les             demande soutenue des pays voisins. »
    Etats-Unis et la Chine. Sans un fonds de
    soutien plus important, les investisseurs     International Herald Tribune, 2 février 2012
    vont continuer à parier contre les éco-
    nomies les plus faibles comme l’Italie ou
    l’Espagne, poussant leurs taux d’intérêt      « Les prosélytes
    à la hausse, et creusant leurs déficits. Et
    malgré cela, les gouvernements européens      du libéralisme se
    ont repoussé toute décision à mars.
                                                  préparent un des-
    Les spéculateurs pourraient fort bien
    ne pas être d’accord pour attendre.           tin bien triste… »
    Le monde s’est habitué aux sommets
    européens ratés. Ce qui est particuliè-
    rement perturbant avec celui qui vient
    de se tenir le 30 janvier, c’est que cer-     « On a fait grand cas du fait que, lors
    tains responsables européens semblent         du dernier forum de Davos, les grands




                                                                                                 02. 2012
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                                              titude, c’est que la vision anglo-amé-                                 femmes, l’Institut de Soudure avait lar-
                                              ricaine va perdre de son influence et                                  gement médiatisé la médaille d’or aux
                                              qu’un consensus global va émerger sur                                  Olympiades des Métiers remportée en
capitaines d’industrie de la planète ont      le rôle plus important que l’Etat va jouer                             2009 par une de ses élèves, Marine
été obligés par les évènements récents        sur le marché. Il semble probable, et                                  Bregeon (aujourd’hui, elle soude des                  « Les biotechs
d’aborder des sujets comme les inéga-         même heureux, compte tenu de notre                                     coques de sous-marins chez DCNS à
lités ou le futur du capitalisme. Bien que    récente expérience aux Etats-Unis, que                                 Cherbourg). Mais pour la CFDT, il fau-                françaises ima-
de tels actes d’introspection publique de     le capitalisme du XXIème siècle ressem-                                drait aussi que le patronat de la métal-
ces élites participent du même cynisme        blera de moins en moins au darwinisme                                  lurgie relève les minima salariaux, notoi-            ginent la méde-
que d’autres traditions de Davos              économique tellement célébré à Wall                                    rement peu attractifs.
comme les dîners privés pour parler de        Street. »                                                                                                                    cine de demain »
la faim dans le monde, l’accent mis sur
le futur du capitalisme a quelque chose                                           D a vi d R o t h k o p f
d’ironique. L’ironie c’est que l’avenir du            F i n a n c i a l Ti me s, 1 e r f é vr i e r 2 0 1 2                                                                « Selon l’association France Biotech, il
libre marché ne sera pas déterminé par                                                                                                                                     y aurait en France environ “250 à 300
les capitalistes de Davos et ne prendra                                                                                                                                    entreprises de biotech, orientées à 48%
pas la forme que l’on imagine dans les        « Industriels                                                                                                                dans la santé humaine et employant
sommets de ce genre. Après la fin de la                                                                                                                                    près de 6 000 personnes, dont 70% de
guerre froide, beaucoup ont pensé que         cherchent                                                                                                                    chercheurs”. 80% de ce marché sont
l’on avait résolu de façon définitive les                                                                                                                                  accaparés par les Etats-Unis où le sec-
grandes questions sur la relation entre       soudeurs déses-                                                                                                              teur est déjà mature. (…) Même si le
le pouvoir privé et public.                                                                                                                                                domaine en France est assez récent,
                                              pérément »                                                                                                                   les biotech sont en train de s’imposer.




                                                                                                              (DR)
La vision marxiste de l’économie centra-                                                                                                                                   Le marché est déjà en transition. (…) À
lisée avait échoué. Les adeptes du « lais-                                                                                                                                 court terme, le secteur est fragilisé par
sez donc le marché opérer », disciples        « Au même titre que les robinettiers                                   Plusieurs dirigeants de grandes entre-                la conjoncture et un tarissement des
de Milton Friedman, avaient triomphé.         et tuyauteurs, les soudeurs et chau-                                   prises partagent son point de vue,                    financements pour des projets forcé-
Mais leur danse de victoire était pré-        dronniers sont depuis deux décennies                                   dénonçant une convention collective                   ment risqués et au long cours, qui ont
maturée. Non seulement nous n’avions          catalogués dans la liste des “métiers                                  dépassée. Mais la tâche s’annonce déli-               été en partie désertés par les investis-
pas atteint la fin de l’histoire, mais nous   en tension”, ces professions où l’offre                                cate : comme l’explique l’un d’eux, “nos              seurs et les sociétés de capital-risque.
étions en train d’entrer dans une phase       d’emplois est supérieure à la demande,                                 sous-traitants ne pourraient pas se per-              Mais les biotech sont devenues un des
nouvelle de la compétition séculaire          quelle que soit la conjoncture. Certes,                                mettre des revalorisations salariales trop            moteurs essentiels de l’innovation. »
pour le pouvoir du public et du privé.        malgré la désindustrialisation globale                                 fortes”. Un discours qui ne convainc pas
                                              du pays et grâce aux besoins nouveaux                                  ce sous-traitant, régulièrement mis en                                          Thibaud Vadjoux,
Aujourd’hui, en plus du darwinisme éco-       en main d’œuvre dans le nucléaire, la                                  concurrence avec des PME étrangères                          Le Parisien Économie, 6 février 2012
nomique du modèle anglo-américain             construction ferroviaire ou l’aéronau-                                 par des grands donneurs d’ordre fran-
et du capitalisme “aux caractéristiques       tique, le nombre d’ouvriers qualifiés                                  çais, ayant externalisé une bonne par-
chinoises”, coexistent “l’Eurocapita-         travaillant par “formage du métal” est                                 tie de leur production pour baisser les
lisme ”, le “capitalisme démocratique du      globalement resté stable en l’espace de                                coûts : “S’ils veulent que nous formions
développement” de l’Inde et du Brésil,        vingt-cinq ans. Et pourtant, les besoins                               nous aussi des jeunes, que nous partici-
avec leurs importantes caractéristiques       actuels et surtout futurs sont loin d’être                             pions à l’effort de ré-industrialisation, ils
sociales en parallèle avec leurs aspira-      couverts. Pour inverser la tendance,                                   doivent nous passer des commandes.
tions à la croissance, et le capitalisme      le patronat de la métallurgie a multi-                                 Le reste, c’est du vent… »
entrepreneurial des petits Etats comme        plié depuis trois ans les campagnes                                                                                          (DR)
Singapour, les Emirats ou Israël. Et tout     de communication. Dans cet univers                                                                  Cl a ude B a r j one t
ce que nous pouvons prédire avec cer-         encore très largement boudé par les                                                     L e s E c hos, 2 fé vr i e r 2012




                                                                                                                                                                                                                     02. 2012
QUEL NOUVEAU CONTRAT SOCIAL
POUR LA FRANCE ?
  La France vit dans une sorte de paradoxe : elle souffre d’un coût du travail         et mettrait le pied à l’étrier de milliers
  trop élevé, qui finance un modèle coûteux, mais ses salaires sont trop bas,          de jeunes qui gagneraient en com-
  ce qui provoque l’émergence d’une catégorie sociale nouvelle, les travail-           pétence et en expérience en étant
  leurs pauvres. Le contrat social à la française ne fonctionne donc plus. Il          intégrés dans le monde de l’entre-
  n’est pas adapté aux nouvelles conditions économiques. Il ne confère pas             prise. Des systèmes équivalents
  suffisamment de souplesse aux entreprises. Il ne joue plus le rôle de « filet        ont été expérimentés dans d’autres
  de sécurité » qu’il jouait voici quelques décennies. Il fait peser sur le travail,   pays, comme en Grande-Bretagne
  donc sur les entreprises mais aussi les salariés, un poids financier trop lourd.     où existe une sorte de SMIC pro-
  Il est donc urgent de le rénover, non dans une optique politicienne ou idéo-         gressif en fonction de l’âge.
  logique, mais simplement pour lui redonner le sens, l’efficacité et le rôle qui
  doivent être les siens dans une société moderne, active, souple. Ces sujets          Les entreprises de croissance inno-                                Caroline Mitanne, Dirigeante de Guidecaro (DR)
  sont au cœur des débats qui se déroulent en ce moment dans le cadre de               vantes doivent favoriser le recrutement
  l’élection présidentielle. Mais ils sont aussi au centre des préoccupations          et la formation des jeunes. C’est un                                       L e ni ve a u de for m a ti on de s
  de CroissancePlus. Voici donc quelques idées fortes qui ressortent de nos            i nve sti sse m e nt fr uc tue ux e t r e nta bl e .                       j e une s c a ndi da ts e st pr obl é -
  travaux et des expériences des entrepreneurs et autour desquelles il est pos-        Dans le domaine du web, un déve-                                           m a ti que . I l s m a nque nt se l on
  sible de rénover le contrat social en France.                                        loppeur junior doit abandonner à la sor-                                   m oi d’un c a dr e , de r e pè r e s.
                                                                                       tie de l’école ses connaissances pure -                                    L or s   de s     e ntr e ti e ns       d’e m -
                                                                                       ment         théoriques                 et      devenir                    ba uc he , j ’a i pu r e m a rque r que
  Tout faire pour                           faiblesse handicape notre com-             o p é r a t i o n n e l . E t p o u r fa v o r i s e r c e t t e           be a uc oup      é ta i e nt    tr op     exi -
                                            pétitivité et alourdit les dépenses        montée en compétence, l’alternance,                                        ge a nts, i m pa ti e nts a ussi , e t
  favoriser l’entrée                        publiques. Parmi les solutions qu’il       les stages et les contrats de profes-                                      qu’i l s sont c onfr onté s e nsui te
                                            serait possible de mettre en œuvre         sionnalisation sont indispensables.                                        à de s dé si l l usi ons. L e s j e une s
  des jeunes dans                           figure le « SMIC Jeunes » destiné aux      Mais il faut simplifier leur application                                   doi ve nt ê tr e m i e ux pr é pa r é s a u
                                            jeunes sans expérience ni diplôme,         car pour le moment, une PME n’a pas                                        m onde de l ’e ntr e pr i se , à se s
  l’entreprise                              âgés de 17 à 21 ans. Il aurait pour        encore d’intérêt économique à investir                                     r é a l i té s é c onom i que s. E t c e
                                            caractéristique d’être inférieur au        s u r u n j e u n e e t s e t o u r n e p l u s fa c i l e -               dè s l a pha se de r e c r ute m e nt,
  Le taux d’emploi des jeunes est           montant du salaire minimum brut            m e n t v e r s d e s c a n d i d a t s p l u s ex p é r i -               du c ôté de c he z Pôl e E m pl oi
  insuffisant en France. Nous connais-      mais une baisse des charges patro-         mentés. »                                                                  pa r exe m pl e . »
  sons tous cette situation : 22% des       nales permettrait de garder un             —                                                                          —
  15-24 ans n’ont pas d’emploi, contre      salaire net équivalent. Ce dispositif      FABRICE METAYER,                                                           CA R O L I N E M I TA N N E ,
  16% en moyenne en Europe. Cette           ferait donc baisser le coût du travail,    Dirigeant de KerniX                                                        Dirigeante de Guidecaro
15

Quel nouveau contrat social
pour la France ? —                                                                                                   Il faut remettre le temps de travail au
                                                                                                                     cœur de nos priorités. Depuis 15 ans,
                                                                                                                     notre pays a créé une “génération 35
                                                                                                                     heures”. On mesure désormais le travail
                                                                                                                     à la présence horaire. Pour faire face à
                                                                                                                     cet état de fait, je vois une solution pra-
                                                                                                                     tique. Les cadres ont largement profité
                                                                                                                     des 35 heures et des RTT. Or ce sont eux
                                                                                                                     qui concentrent le savoir-faire d’enca-
     Le chômage des jeunes en France est                                                                             drement dans les entreprises, qui est
     symptomatique et mérite que les pou-                                                                            indispensable et demande toujours plus
     voirs publics s’emparent du sujet. L’ac-                                                                        de compétences et de temps. C’est une
     cès à l’emploi de notre jeunesse doit                                                                           situation totalement paradoxale. Il faut
     devenir une véritable cause nationale.                                                                          donc supprimer les 35 heures, pour les
     Cette mobilisation pourrait commencer                                                                           cadres comme pour l’ensemble des
     au niveau des branches profession-                                                                              salariés d’ailleurs. C’est une décision
     nelles qui devraient prendre en charge                                                                          politique courageuse qu’il faut
     les questions de formation ou de tuto-                                                                          prendre. »
     rat. Les entreprises doivent comprendre                                                                         —
     q u e l e t r a va i l e n a l t e r n a n c e e s t l ’ u n e                                                  LAURENT VRONSKI,
     des solutions au problème de l’emploi                                                                           Dirigeant d’Er vor et vice-président          Caroline Young, Dirigeante d’Exper Connect (DR)
     des jeunes en France. »                                                                                         de CroissancePlus
     —
     PHILIPPE ANDRILLAT,                                                                                                                                                   M a c onvi c ti on e st que pl us i l
     Dirigeant de Kenseo                                                                                                                                                   y a d’a c ti vi té , pl us i l y a de
                                                                                                                                                                           tr a va i l . L e m a r c hé du tr a va i l ,
                                                                                                                                                                           te l que nous l e c onc e vons e n
                                                                                                                                                                           F r a nc e , se r a i t un gâ te a u qu’i l
                                                                      Philippe Andrillat, Dirigeant de Kenseo (DR)                                                         fa udr a i t   pa r ta ge r   en     pa r ts
                                                                                                                                                                           é ga l e s. J e ne c r oi s pa s à c e tte
                                                                                                                                                                           vi si on. L e m a r c hé du tr a va i l
                                                                                                                                                                           e st une e nti té exte nsi bl e . Pl us
     Augmenter le temps de travail pour                                                                                                                                    nous i nté gr e r ons de tr a va i l -
                                                                                                                                                                           l e ur s, pl us i l y a ur a de tr a va i l .
     favoriser la croissance                                                                                                                                               C’e st un c e r cl e ve r tue ux. Pl us
                                                                                                                                                                           nous tr a va i l l e r ons, pl us de s
     Le débat sur le temps de travail en France montre que des solutions nou-                                                                                              e m pl oi s se r ont c r é é s. »
     velles sont attendues pour sortir de la logique des 35 heures. C’est un sujet                                                                                         —
     complexe mais sur lequel les entreprises de croissance sont unanimes : il                                                                                             CA R O L I N E YO U N G ,
     faut revenir à une durée du travail plus élevée. De nombreuses adaptations                                                                                            Dirigeante d’Exper Connect
     sont possibles. Pour CroissancePlus, le schéma le plus vertueux consisterait
     à établir un référentiel de la durée légale du travail sur une base annuelle
     avec un minimum et un maximum hebdomadaire afin de conserver une cer-
     taine stabilité pour les salariés. Ce choix aurait un double avantage : stimu-
     ler l’activité économique et l’emploi grâce à un aménagement intelligent du
     temps de travail et dissuader les entreprises de ralentir leur activité pour                                    Laurent Vronski, Dirigeant d’Ervor et vice-
     éviter une surtaxation du travail.                                                                              président de CroissancePlus (DR)
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Quel nouveau contrat social
pour la France ? —


     Révolutionner
     le droit du travail
     Il n’est pas un chef d’entreprise qui     aujourd’hui 38 formes de contrat de
     ne dénonce l’extraordinaire com-          travail différentes, 27 régimes déro-
     plexité du droit du travail. Restaurer    gatoires et une dizaine d’organisa-                          Geoffroy Roux de Bézieux, Dirigeant de Virgin            Jean-René Boidron, Dirigeant de DL Santé
     la compétitivité des entreprises          tions du temps de travail.                                   Mobile, ancien Président de CroissancePlus (DR)          et co-président de la commission Sociale et
                                                                                                                                                                     Emploi de CroissancePlus (DR)
     passe par un droit du travail moins
     rigide. Il devrait être possible notam-
     ment de créer un contrat de tra-                Il   fa u d r a i t    tendre        ve r s      un             L e dr oi t du tr a va i l e st bi e n tr op c om pl exe e t c om pr e nd souve nt de s
     vail unique qui entraînerait moins              c o n t r a t d e t r a va i l u n i q u e , p o u r            pr oc é dur e s tr op l ongue s. C’e st pa r ti c ul i è r e m e nt vr a i pour l e s PM E qui
     de précarité pour les salariés et               si mp l i f i e r l e s p r o c é d u r e s d e                 ne di spose nt pa s touj our s de l ’expe r ti se né c e ssa i r e . I l fa ut a bsol um e nt
     plus de flexibilité pour les entre-             d é p a r t d e s sa l a r i é s. D a n s u n e                 si m pl i fi e r c e tte l é gi sl a ti on. »
     prises. CroissancePlus a travaillé              P M E f r a n ç a i se , si l e c h e f d ’ e n -               —
     depuis longtemps sur ce sujet. Le               t r e p r i se c h e r c h e à fa i r e d e s                   G E O F F R OY R O U X D E B É Z I E U X, D i r i ge a nt de Vi r gi n M obi l e ,
     CDI présente en effet des rigidités             é c o n o mi e s, e t q u e so n c a r n e t                    a nc i e n Pr é si de nt de Cr oi ssa nc e Pl us
     anachroniques, qu’il s’agisse de la             d e c o mma n d e s fa i t g r i se mi n e ,
     modification du contenu du poste,               i l d e vr a i t p o u vo i r ê t r e a i d é
     du licenciement économique ou des               p a r u n c o n t r a t d e t r a va i l q u i
     procédures de plan social, autant               a sso u p l i e t sé c u r i se j u r i d i q u e -    Trouver de nouveaux modes de
     de mécanismes qui ont été conçus                me n t l a so r t i e d ’ u n e mp l o yé . E t
     pour les grandes entreprises mais               je ne parle pas ici des procé-                         financement de la protection sociale
     qui constituent pour les PME des                d u r e s l i é e s a u x P r u d ’ h o mme s.
     freins importants à l’embauche. Le              M a i s p o u r l e d r o i t d u t r a va i l ,       Le travail ne peut plus supporter le poids actuel du coût du financement de la
     contrat unique serait un CDI, mais              l e s mo t s d ’ o r d r e so n t se l o n             protection sociale. Ce fardeau doit être allégé, faute de quoi, on ne résoudra
     les exigences en cas de licenciement            mo i : si mp l i f i c a t i o n , so u p l e sse      pas de façon pérenne la question de la compétitivité des entreprises. Trouver
     seraient donc allégées, moyennant               e t sé c u r i t é . C e c o n t r a t u n i q u e     d’autres modes de financement doit faire partie des options étudiées par les
     une compensation financière ver-                se r a i t u n e a va n c é e p o u r c e l l e s      responsables politiques. La TVA dite sociale en est une. La TVA est un prélè-
     sée aux salariés proportionnelle à              e t c e u x q u i n e so n t p a s e n C D I.          vement indirect sur les biens de consommation et les services, acquittée par
     l’ensemble des salaires versés tout             R a p p e l o n s q u e 4 0 % d e s sa l a -           l’ensemble des consommateurs.
     au long du contrat de travail.                  riés ont un contrat précaire.
                                                     C ’ e st d o n c u n e q u e st i o n d e              Il existe aujourd’hui en France trois taux de TVA : normal à 19,6%, réduit, à
     L’abandon du CDD et la création                 j u st i c e so c i a l e a va n t t o u t . »         7% et très réduit à 2,1%. Comme on le sait, l’idée de la TVA sociale est de
     d’un nouveau contrat unique, allé-              —                                                      transférer sur la consommation une partie des charges patronales au titre
     geant pour les PME les obligations              J E A N - R E N É B O ID R O N ,                       de la protection sociale. L’augmentation des prix des produits de consom-
     de reclassement, l’assouplisse-                 Dirigeant de DL Santé et                               mation et des services serait compensée par un abaissement du coût du
     ment des plans de sauvegarde de                 co-président de la commission                          travail. Le gouvernement a décidé de mettre en vigueur un tel mécanisme
     l’emploi, constitueraient un pro-               Sociale et Emploi de                                   dès l’automne prochain, en augmentant le taux de TVA normal de 1,6 points
     grès important. Il existe en France             CroissancePlus                                         pour le porter à 21,2%, soit dans la moyenne des taux de TVA en Europe.
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Quel nouveau contrat social
                                                                                                                                                                                       Adapter
pour la France ? —
                                                                                                                      Il fa ut r e pose r l a que sti on de c e qui
                                                                                                                      doi t ê tr e fi na nc é pa r l ’e ntr e pr i se e t
                                                                                                                      l e tr a va i l d’un c ôté , e t pa r l a sol i da -             les modes
                                                                                                                      r i té na ti ona l e de l ’a utr e . Se l on m oi ,
                                                                                                                      l e fi na nc e m e nt du c hôm a ge e t de s r e -               de repré-
                                                                                                                      tr a i te s doi t ê tr e a ssur é pa r l e s e ntr e -
                                                                                                                      pr i se s. E n r e va nc he , l a pol i ti que fa m i -          sentativité
                                                                                                                      l ia l e e t l a sa nté doi ve nt ê tr e pr i se s e n
                                                                                                                      cha r ge pa r l a sol i da r i té na ti ona l e . À        du personnel
                                                                                                                      te r m e , i l fa udr a a r r ê te r de di sti ngue r
                                                                                                                      l es pr e sta ti ons sa l a r i a l e s e t pa tr o-       Le taux de syndicalisation en France
     Mais on peut aussi financer la pro-                        L a t o t a l i t é d e l a p o l i t i q u e fa -    na l e s. L a TVA di te soc i a l e , qui fe r a l a       a été divisé par trois en l’espace de
     tection sociale par l’impôt, notam-                        mi l i a l e f r a n ç a i se n e p e u t ê t r e     ba sc ul e de c e r ta i ne s c oti sa ti ons so-          trente ans, et ne dépasse pas en
     ment par le biais de la CSG.                               f i n a n c é e p a r l e se c t e u r p r i vé .     ci a l e s ve r s l a TVA , de vr a i t pe r m e ttr e     moyenne 7% des salariés. Un taux
                                                                C ’ e st u n e a b e r r a t i o n . L a T VA -       d’a bol i r c e tte di sti nc ti on. »                     qui se réduit encore comme peau de
     En tout état de cause, la France                           c o mp é t i t i vi t é e st u n p r e mi e r         —                                                          chagrin dans le secteur privé pour
     ne peut plus se permettre de faire                         p a s p o u r l e s e n t r e p r i se s q u i        T H I E R RY M A G I N ,                                   plafonner à 5%.
     l’économie de réformes profondes                           so n t e n c o n c u r r e n c e d i r e c t e        Dirigeant de MCR Consultants
     concernant le financement de son                           a ve c l e s p a ys é t r a n g e r s, ma i s                                                                    À l’heure où le modèle écono-
     modèle social. Force est de consta-                        a u ssi p o u r l e s P M E q u i œ u vr e n t        L a TVA e m pl oi doi t de ve ni r une pr i or i -         mique et social allemand semble
     ter qu’une réflexion de ce type est                        u n i q u e me n t su r l e t e r r i t o i r e       t é pour l a F r a nc e : ba i sse r l e s c ha r ge s     devenir une référence européenne,
     en cours dans la plupart des pays                          national.         Ave c       cette        T VA -     pa tr ona l e s pour a l l é ge r l e c oût du             CroissancePlus affiche sa volonté
     européens.                                                 c o mp é t i t i vi t é , j e d e vr a i s a vo i r   t r a va i l e t di m i nue r l e s c ha r ge s sa l a -   de réinventer le dialogue social au
                                                                l a p o ssi b i l i t é d ’ e mb a u c h e r. »       r i a l e s pour a ugm e nte r l e sa l a i r e ne t       sein des PME françaises, et de sor-
                                                                —                                                     de nos c ol l a bor a te ur s. C’ e st a ussi              tir notre pays d’une singularité qui le
                                                                E M M A N U E L G R IM A U D,                         gr â c e à c e tte m e sur e que nous pour-                distingue de ses voisins européens.
                                                                Dirigeant de Maximis Retraite                         r ons da va nta ge e m ba uc he r. »                       Pour les dirigeants d’entreprises
                                                                et co-président de la commis-                         —                                                          innovantes, la qualité du dialogue
                                                                sion Sociale et Emploi                                N I CO L A S B E R G E R A U LT,                           qui s’instaure entre un chef d’entre-
                                                                de CroissancePlus                                     D i r i ge a nt de L ’a te l i e r de s Che fs             prise et ses équipes sera la clé des
                                                                                                                                                                                 prochains changements dans le
                                                                                                                                                                                 monde du travail, voire de la nature
                                                                                                                                                                                 même des négociations entre les
                                                                                                                                                                                 partenaires sociaux, l’Etat et les
                                                                                                                                                                                 entreprises.

                                                                                                                                                                                 Comment permettre aux salariés
                                                                                                                                                                                 du secteur privé de renouer avec
                                                                                                                                                                                 l’idée même du syndicalisme ? Pour
                                                                                                                                                                                 certains chefs d’entreprise, l’une
                                                                                                                                                                                 des réponses pourrait être le « tous
                                                                                                                                                                                 syndiqués ». L’obligation d’adhé-
                                                                                                                                                                                 rer à un organisme syndical bou-
                                                                                                                                                                                 leverserait la donne et permettrait
                                                                                                                                                                                 d’atteindre un taux de syndicalisa-
                                                                                                                                                                                 tion qui, en Suède ou en Finlande,
                                                                                                                                                                                 se situe autour des 70%, d’après
     Emmanuel Grimaud, Dirigeant de Maximis              Thierry Magin, Dirigeant de MCR Consultants                  Nicolas Bergerault, Dirigeant de L’atelier des
     Retraite et co-président de la commission Sociale   (DR)                                                         Chefs (DR)                                                 les statistiques de l’OCDE. Une telle
     et Emploi de CroissancePlus(DR)                                                                                                                                             mesure, à l’image du vote obliga-
21

Quel nouveau contrat social
pour la France ? —


     toire belge, engendrerait des muta-       sans que l’on casse les effets de                              Enfin, la participation de délégations
     tions profondes. En augmentant la         seuil et que l’on réforme le statut des                        uniques aux conseils d’administra-
     représentativité syndicale en France,     salariés protégés s’agissant notam-                            tion doit être systématisée et éten-
     le dialogue social au sein des entre-     ment des syndicalistes qui devraient                           due. Il est à noter que la 7ème édi-
     prises montrerait un autre visage, et     avoir le même statut, en cas de                                tion du baromètre CroissancePlus /
     permettrait de responsabiliser les        licenciement, que les autres salariés                          Astorg Partners, publiée en Janvier
     salariés et leurs représentants. Par la   de l’entreprise, comme c’est le cas                            2012, montrait que, malgré une
     suite, les syndicats, porteurs d’une      en Allemagne, par exemple.                                     période économique difficile, les
     « volonté générale » des salariés,                                                                       entrepreneurs estimaient dans leur
     auraient à cœur de voir aboutir les               C r é e r d e l a c r o i ssa n c e , g é n é r e r    grande majorité que le climat social
     négociations auprès des pouvoirs                  d e s e mp l o i s, p a sse p a r u n d r o i t        ne s’était pas enlisé.
     publics ou des organisations patro-               d u t r a va i l p l u s so u p l e p o u r l e s
     nales. Mais ce « grand soir » syndical            e n t r e p r i se s. M a i s c e t t e so u -         Au sein des PME françaises, ce cli-
     et cette recherche d’un consensus                 p l e sse se r a i mp o ssi b l e à i n s-             mat dépendra essentiellement du
     à l’allemande, trop éloigné encore                t a u r e r sa n s d e s syn d i c a t s p l u s       dialogue entre dirigeants et colla-
     de la culture française, prendra du               r e p r é se n t a t i f s e t so u c i e u x d e      borateurs, entre représentants des                                 Hélène Saint-Loubert, Dirigeante de Grenade
     temps.                                            l ’ i n t é r ê t g é n é r a l . Il fa u d r a i t    salariés et employeurs.                                            & Sparks (DR)

                                                       p e u t - ê t r e p r o p o se r q u e l ’ e n -
     À plus court terme, on pourrait faire             se mb l e     des      sa l a r i é s   so i e n t ,
     en sorte que la relation avec les                 c o mme e n S u è d e , syn d i q u é s                Dans sa forme actuelle, le syndicalisme                                   D a ns          c e r ta i ne s    e ntr e pr i se s,
     représentants du personnel relève                 d’office. »                                            bloque le dialogue social dans les en-                                    j ’a i r e m a rqué que bi e n sou-
     d’abord du bon sens avant la fixation             —                                                      treprises françaises. Pourtant, ces                                       ve nt l e di a l ogue soc i a l é ta i t
     de règles par la loi, car le besoin est           S YLVA IN B IA N C H IN I,                             échanges sont vitaux. Une grande partie                                   fa c i l i té     pa r     la     pa r ti c i pa ti on
     variable selon les entreprises. Dans              Dirigeant de No valto                                  de nos problèmes serait résolue si le                                     de s r e pr é se nta nts du pe r son-
     cet esprit, CroisssancePlus milite                                                                       chef d’entreprise avait toujours la pos-                                  ne l a ux c onse i l s d’a dm i ni s-
     pour fixer à une par trimestre la fré-                                                                   sibilité d’expliquer sereinement ses                                      tr a ti on. L e ur pr é se nc e pe r m e t
     quence des réunions avec les repré-                                                                      choix et ses orientations à ses collabo-                                  une vé r i ta bl e tr a nspa r e nc e , i n-
     sentants du personnel, pour fusion-                                                                      rateurs, pour les motiver et leur donner                                  d i s p e n s a b l e dans notre société
     ner le Comité d’entreprise avec le                                                                       toujours plus envie de se mobiliser pour                                  d’information. »
     CHSCT, pour étendre à l’ensemble                                                                         leur entreprise. En dehors du temps de                                    —
     des PME et des ETI la possibilité                                                                        t r a va i l , l a q u e s t i o n c e n t r a l e p o u r u n e          TH I E R RY TI M SI T,
     de la Délégation unique du person-                                                                       entreprise, c’est aussi l’intérêt que                                     Dirigeant d’Astorg Partners
     nel, pour limiter le nombre d’élus                                                                       peut susciter un dirigeant auprès de ses
     par rapport au nombre de salariés,                                                                       équipes. »
     et enfin, pour faire en sorte que les                                                                    —
     contestations soient encadrées au                                                                        HÉLÈNE SAINT-LOUBERT,
     sein de dispositifs plus clairs.                                                                         Dirigeante de Grenade & Sparks


     Enfin, il ne saurait y avoir de réforme
     de la représentativité des salariés       Sylvain Bianchini, Dirigeant de Novalto (DR)
23
Les chiffres-clé du modèle social —

En France —                                                           Selon les derniers chiffres disponibles,                                               En Europe —                                    La proportion de ces populations fra-
                                                                      la structure de la consommation des                                                                                                   gilisées varie d’un pays de l’Union
                                                                      ménages en France se répartit ainsi :                                                                                                 Européenne à l’autre. Les taux de risque
La part des dépenses de santé dans le                                 En milliards d’euros, source : INSEE, 2010                                             Selon la dernière étude publiée par            de pauvreté les plus élevés se situent en
PIB, s’élève à 11,2% en France, contre                                                                                                                       Eurostat et rendue publique le 8 février       Bulgarie (42%), Roumanie (41%), Lettonie
                                                                      Logement,
10,5% en Allemagne, 9,9% aux Pays-                                    électricité, chauffage                                                          266    2012, 115 millions de personnes dans           (38%), Lituanie (33%), Hongrie (30%). Les
Bas, 8,7% au Royaume-Uni.                                             Produits alimentaires
                                                                                                                                                             l’Union Européenne, soit 23,4% de la           plus faibles se trouvent en République
                                                                                                                                       140
Source : OCDE, 2010                                                   et boissons non                                                                        population totale étaient menacées de          Tchèque (14%), Suède et Pays-Bas (15%),
                                                                      alcoolisées
                                                                      Tabac, boissons                                                                        pauvreté ou d’exclusion sociale, à la          Autriche, Finlande et Luxembourg (17%).
                                                                                                                        30
12                                                                    alcoolisées                                                                            fin 2010. Dans le langage d’Eurostat,
               FR.                                                                                                                                           cela signifie que ces personnes étaient
                                                                      Articles d’habillement
                            AL.                                                                                          40
10                                       NL.                          et chaussures                                                                          confrontées à au moins l’une des trois




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                AUTRICHE, FINLANDE, LUXEMBOURG
                                                                                                                                                                                                                   BULGARIE

                                                                                                                                                                                                                              ROUMANIE
                                                  G.-B.               Entretien et équipement                                                                formes d’exclusion suivantes :                 50
                                                                                                                             63




                                                                                                                                                                                                                                         LETTONIE
                                                                      du logement
8
                                                                                                                                                             1 / Risque de pauvreté (c'est-à-dire




                                                                                                                                                                                                                                                    LITUANIE
                                                                      Santé
                                                                                                                        36                                                                                  40




                                                                                                                                                                                                                                                               HONGRIE
6                                                                                                                                                            vivant dans un ménage disposant d’un




                                                                                                                                                                                                                                                                         RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
                                                                      Transports                                                                             revenu équivalent-adulte inférieur au seuil




                                                                                                                                                                                                                                                                                              SUÈDE, PAYS-BAS
                                                                      Achats de véhicules (40)                                         153
4                                                                     Utilisation / entretien des véhicules (92)                                             de pauvreté qui est fixé à 60% du revenu       30

                                                                      Communications                                                                         médian national) ;
                                                                                                                        29
2                                                                                                                                                                                                           20
                                                                      Loisirs et culture                                                                     2 / Situation de privation matérielle
                                                                                                                                  97
%                                                                                                                                                            grave (conditions de vie limitées par un
                                                                                                                                                                                                            10
                                                                      Education
                                                                                                                   8                                         manque de ressources et privées d’au
                                                                                                                                                             moins 4 des 9 éléments suivants : payer
                                                                      Hôtels, cafés
                                                                                                                             65                              un loyer, rembourser un prêt immobilier à      %
                                                                      et restaurants
                                                                                                                                                             temps, chauffer correctement leur domi-
                                                                                                                                                             cile, faire face à des dépenses imprévues,     Taux de rique de pauvreté, fin 2010
La structure fiscale au sein des pays                                                                                                                        consommer de la viande, du poisson ou
de l’OCDE se répartit ainsi :                                                                                                                                un équivalent de protéines tous les deux       Il est à noter que 21% des Espagnols sont
En pourcentage des prélèvements obligatoires                                                                                                                 jours, s’offrir une semaine de vacances        menacés de pauvreté monétaire et que
Source : OCDE, 2010                                                                                                                                          en dehors de leur domicile, posséder une       13% des Britanniques et des Belges vivent
                                                                                                                                                             voiture personnelle, un lave-linge, un télé-   dans des ménages à très faible intensité de
                                                                                                                                                             viseur couleur ou un téléphone fixe ou         travail, contre 6% des Luxembourgeois,
                      26                                             21,5                                                                             17,4   portable) ;                                    des Suédois et des Tchèques…
                                                                                                                   38
      37,6                                                36,4                                25,1
                                         52,4                                                                                            37,2
                                                                                                                                                             3 / Vivant dans des ménages à très             Et selon Eurostat, ce sont 11,7 millions de
                                                                                                                                                             faible intensité de travail (ménages dans      Français, soit 19,3% de la population qui
       Allemagne                   Danemark                 Espagne                                 Etats-Unis                               France          lesquels les adultes ont utilisé moins de      se trouvaient confrontés au risque de pau-
                                                                                                                                                             20% de leur potentiel de travail au cours      vreté ou d’exclusion sociale à la fin 2010.
                                                                                                                                                             de l’année passée).                            (Sources : Eurostat, février 2012)
                                             20                                                                         Impôts sur le revenu
     17,7            27,9                             24,8       29,8                                                   Impôts sur les sociétés
                                  38,6
                                                                                                                        Côtisations sociales

                                                                                                                        Impôts sur le patrimoine

            Irlande                  Japon                   Suède
26

                                                       Le grand entretien — François Dupuy :
                                                       « Moins de procédures, plus de confiance
                                                       et de simplicité. »



                                                              Le « contrat social » n’est pas le seul élément qui rend une
                                                              entreprise performante. Son organisation, ses procédures, sa
                                                              culture, sa capacité à faire travailler les hommes ensemble,
                                                              la façon dont s’exerce l’autorité sont des éléments-clefs de la
                                                              performance de l’entreprise. Ce sont des mécanismes difficiles
                                                              à démonter et encore plus difficiles à modifier. Pour le Petit
                                                              Journal de Campagne, François Dupuy partage sa réflexion,
                                                              ses obser vations et ses analyses sur le fonctionnement des
                                                              entreprises et sur la façon de le rendre plus souple et plus
                                                              adapté aux nouvelles règles de la compétition économique.




                                                              / Le Petit Journal de Campagne :           relâche. Dans de nombreuses entre-
                                                              Tout le monde est d’accord sur ce          prises, le problème est plutôt de
                                                              constat : la compétitivité d’un pays       reconstruire une maîtrise de la direc-
                                                              dépend de celle de ses entreprises.        tion sur l’organisation.
                                                              Or, l’entreprise est un monde très
                                                              particulier. En théorie, elle serait le    / LPJC : Les dirigeants disposent

François Dupuy                                                lieu de l’autorité, du pouvoir vertical,
                                                              de la performance. Mais vous sem-
                                                              blez dire que la réalité est beaucoup
                                                                                                         pourtant de nombreux outils, de
                                                                                                         procédures de contrôle, de modes
                                                                                                         d’organisation pour s’assurer de
Le fin connaisseur                                            plus complexe…                             l’efficacité de l’entreprise…

des entreprises et                                            / François Dupuy : En effet, lorsqu’on / F. D. : Parlons-en, justement.
                                                              l’observe sur le terrain, l’entreprise On a cru longtemps que le travail
des organisations                                             d’aujourd’hui est très éloignée de séquentiel, segmenté, constituait
                                                              cette image un peu dictatoriale. La une réponse à l’efficacité d’une
                                                              compétition                                          organisation. En réa-
François Dupuy, chercheur, professeur, consul-                qui s’accentue,          L’entreprise                lité, cette forme de tra-
tant, est l’un des experts les plus reconnus, en              la complexité            d’aujourd’hui               vail protège davantage
France et aux Etats-Unis (où il a beaucoup ensei-             des process,             est loin de cette           l’organisation qu’elle ne
gné et travaillé) de l’organisation des entreprises.          la    multiplica-                                    produit d’efficacité pour
                                                                                       image dictatoriale. »
Il a écrit de nombreux ouvrages, dont le dernier              tion des infor-                                      le client. Dans l’organi-
en date Lost in Management a connu un beau suc-               mations dont il faut disposer pour sation « en silo », dont on parle tant
cès. Il y analyse avec une grande finesse les tra-            prendre des décisions, les multiples aujourd’hui, surtout pour essayer de
vers des modes managériales et esquisse ce que                procédures de « reporting », font que la remettre en cause, aucun membre
pourrait être l’entreprise de demain.                         l’autorité se dilue, que le contrôle se de l’organisation n’est comptable du
27
Le grand entretien


          résultat final. Si l’on pousse le para-   cela revient à remplacer l’autonomie      les uns avec les autres et laissent         / LPJC : Ce que vous décrivez là colle
          doxe jusqu’au bout, ce type d’orga-       par la dépendance, à créer de la          ainsi les acteurs libres de décider de      davantage à des entreprises de taille
          nisation vise non pas à mettre le         confrontation là où il n’y avait que de   ce qu’ils doivent appliquer ou non…         moyenne qu’à de grandes organisa-
          client au centre des préoccupations       la neutralité.                            Ce qui ne manque pas de sel…                tions…
          de l’entreprise, mais à le repousser
          aux marges, à se protéger de lui et       C’est parce que la coopération n’est      / LPJC : Quelle est l’alternative aux       / F. D. : Je ne sais pas. Je vois des
          de la pression qu’il peut exercer sur     pas un comportement naturel qu’il a       faiblesses que vous signalez ? Est-il       PME fonctionner comme des admi-
          l’entreprise, puisqu’en cas de pro-       fallu la créer, l’imposer, en mettant     possible de fonctionner autrement ?         nistrations et certaines grandes
          blèmes, personne, au sein de l’orga-      en place des processus toujours                                                       entreprises conserver un esprit de
          nisation ne peut être identifié comme     plus nombreux et compliqués.              / F. D. : Je le crois. La vie quotidienne   « pionnier ». Ce que je crois, c’est
          « responsable ». Mais ce n’est pas                                                  des entreprises n’est pas faite que         que le moment de vérité d’une
          tout : l’organisation traditionnelle    C’est ce qui crée ce que j’appelle de       de processus, de contrôles ou de            entreprise est le passage d’un père
          en « silo » offre une autre protection, la « paresse managériale », lorsque         bureaucratie. Certaines organisa-           fondateur ou d’un dirigeant charis-
          encore plus précieuse, notamment        les processus ou les procédures             tions ont fait des choix différents,        matique, ce qui est souvent le cas
          pour les cadres. Protégés par des       finissent par occulter la réalité du        sans qu’il soit d’ailleurs toujours         d’entreprises récentes, à un mana-
          cloisons bien étanches, ils n’ont pas   travail et lorsqu’on compte trop sur        possible       d’expliquer      pourquoi.   gement « normalisé ». Travailler dans
          à « coopérer » avec les autres, leurs   les individus, les fameux « leaders »,                                                  une organisation « floue », et a fortiori
          collègues, les services voisins.        pour pallier les défaillances organisa-             La confiance est                    la diriger, est quelque chose qui se
                                                                    tionnelles. J’ajouterai           l’opposé de                         « sent », et ceux qui le sentent ainsi
          / LPJC : Pourtant,                                        que la persistance                                                    ne sont pas majoritaires, loin s’en
          cette notion de              La coopération des « silos » produit                           la bureaucratie                     faut. Les autres entendent mettre de
          coopération      est         n’est pas un                 aussi des résultats               procédurière. »                     l’ordre dès leur arrivée, reprendre les
          présente dans la                                          singuliers dans le                                                    choses en main, redéfinir les rôles,
          plupart des livres
                                       comportement processus de déci-                        Certaines entreprises ont du garder         introduire de la clarté, et les consul-
          de management…               naturel ou                   sion : il est long et     leur souplesse initiale et en font un       tants sont là pour les y aider. On
                                       spontané dans chaotique et l’appli-                    facteur clé de succès. Sans doute           peut déjà anticiper les effets réels
          / F. D. : Je le sais,                                     cation de ces déci-       leurs dirigeants ont-ils joué un rôle       produits par cette approche.
          mais c’est un                les situations               sions est aléatoire.      crucial dans la préservation de cette
          leurre. Dans notre           quotidiennes                 Les acteurs de la         souplesse et de cette sagesse.              / LPJC : Quelles conclusions tirez-
          univers mental, la                                        décision se surpro-       Je mettrai volontiers de côté tous          vous de l’observation des entre-
                                       de travail. »
          coopération véhi-                                         tègent, ils consultent    les discours sur le leader et le lea-       prises qui ont su garder la souplesse
          cule une connota-                                         tout     le     monde     dership, au profit de cette simple          dont vous parlez ?
          tion très positive : celui qui coopère, jusqu’au moment où ils pensent avoir        observation : un dirigeant est d’au-
          c’est celui qui est ouvert aux autres, obtenu un fragile consensus, ce qui          tant plus fort qu’il fait confiance et il   / F. D. : En la matière, il n’existe pas
          qui n’a rien à cacher, qui accepte alourdit encore la prise de décision             fait d’autant plus confiance qu’il est      de modèle tout fait. Chaque culture
          volontiers de se « découvrir » au car les cadres doivent se demander                fort. La confiance est l’opposée de la      d’entreprise est spécifique, et il
          bénéfice du résultat obtenu et de en permanence s’ils ont bien informé              bureaucratie procédurière.                  faut se garder des généralisations.
          l’intérêt général. En fait, dans l’uni- et consulté tout le monde, s’ils ont                                                    Comment caractériser ces organisa-
          vers de l’entreprise, cette notion a bien lu tous les courriels qui leur            Il faut être sûr de soi, des hommes         tions nouvelles qui paraissent plus
          pris une dimension presque idéolo- ont été envoyés, (un exercice épui-              que l’on a choisi, mais surtout des         adaptées à l’évolution actuelle de la
          gique, alimentée aussi bien par les sant mentalement si l’on veut bien              règles du jeu que l’on a fait émerger       compétition économique ? Le pre-
          business schools que par les grands y penser), afin de bien « sécuriser »           dans son organisation, et être per-         mier point-clé est l’énergie qu’elles
          cabinets de conseils. En réalité, la leur décision. Et paradoxalement, le           suadé que cette double certitude            mettent à rechercher les solutions
          coopération n’est pas un compor- délire des processus, des reportings               assurera un fonctionnement moins            les plus intégrées pour le client. La
          tement naturel ou spontané dans et des indicateurs finit par recréer                rassurant peut-être, mais plus per-         vente « sèche » de produits est à
          les situations quotidiennes de tra- des zones de liberté pour les salariés          formant que ce qui est écrit dans les       son crépuscule, comme le montre
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Le Petit Journal de Campagne - Numéro 3

  • 1. 4 NUMÉROS — JOURNAL BIMENSUEL — PARUTION DU JEUDI 16 FÉVRIER 2012 QUEL NOUVEAU CONTRAT SOCIAL POUR LA FRANCE ? WWW.CROISSANCEPLUS.COM
  • 2. 1 ce que nous croyons être le chemin vertueux du remode- lage du contrat social, basé sur une entrée plus facile des jeunes dans l’entreprise, une régulation différenciée Rénover le modèle social du temps de travail, une réforme du financement de la protection sociale, un toi- Les p rop os it ion s d e s c a n d id at s à L’é Le c t ion lettage du droit du travail et p résid en tieLLe c om m e n c e n t à s e p r é c is e r , l’instauration d’un dialogue et j’y in c L u s c e LLe s fa it e s pa r Le p r é s id e n t social responsable au sein d e L a rép u b Liqu e , n ic oLa s s a r k oz y. m on p r o- des entreprises. Ces propo- p os n ’est pas ic i d e Le s d is c u t e r e n d é ta iLs , sitions de CroissancePlus ne ma is d e reLe ve r Le s p oin t s d e c on ve r g e n c e sont pas idéologiques mais qu i Les ra p pr oc h e n t. pragmatiques. Elles sont le fruit de l’expérience et expri- ment la volonté de nos entre- Elles sont toutes dictées par deux considérations prises de faire le travail que la majeures : répondre à l’urgence de la situation collectivité attend d’elles, à économique dans laquelle se trouve la France, à savoir grandir en France et à l’image d’un grand nombre de pays européens ; l’étranger, créer des emplois mettre en œuvre des solutions structurelles et de stables, améliorer les com- long terme pour retrouver la capacité à croître, à pétences de tous les sala- créer des emplois, des entreprises, de la valeur. riés, bref, créer de la valeur Certes, les voies proposées pour y parvenir sont durable pour l’ensemble des très différentes, certaines sont même discutables parties prenantes. Ni plus, ni ou inapplicables. Mais la nécessité de changer en moins… profondeur le modèle social y est apparente, et c’est le grand enjeu des années à venir. Olivier Duha, Président de CroissancePlus Chez CroissancePlus, nous ne sommes pas des contempteurs obstinés du modèle social français. Depuis des années, nous multiplions les pro- positions pour le moderniser, le faire évoluer, le rendre plus adapté aux nouvelles circons- tances économiques, en faire un outil de progrès économique et social et non une entrave au déve- loppement et à la souplesse de fonctionnement des entreprises. Dans ce 3ème numéro du Petit Journal de Campagne, nous revenons en détail sur 02. 2012
  • 3. 2 3 LE PETIT JOURNAL DE CAMPAGNE EST ÉDITÉ PAR CROISSANCEPLUS Quelques mots sur CroissancePlus DANS L’ACTUALITÉ 4 PREMIÈRE ASSOCIATION FRANÇAISE DES ENTREPRENEURS Présidentielle 2012 — Un grand choc fiscal pour la France ? DE CROISSANCE, CroissancePlus réunit une nouvelle génération de 350 entre- Nicolas Sarkozy : TVA sociale et taxe boursière preneurs innovants afin de réformer l’environnement économique, social, juridique François Hollande : impôt sur les sociétés différencié et fiscal, et favoriser la création d’entreprises et d’emplois en France. Présidée par et fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG Olivier DUHA , CroissancePlus agit au quotidien comme force de propositions et François Bayrou : augmentation de la TVA, de lobbying en formulant de nombreuses recommandations auprès des pouvoirs deux nouvelles tranches fiscales publics et des leaders d’opinion. Lieu d’échanges et de networking, CroissancePlus Eva Joly : libérer l’économie de la finance s’impose également dans le débat public à travers l’organisation de nombreux évé- nements autour de personnalités politiques et économiques de tout premier plan. VU DANS LA PRESSE 8 PORTER TOUJOURS PLUS HAUT L’ESPRIT D’ENTREPRISE ET Encore tout faux… (International Herald Tribune) FAIRE ENTENDRE LA VOIX DES ENTREPRENEURS DANS LES MÉDIAS, Les prosélytes du libéralisme se préparent un destin bien triste… telle est la volonté de CroissancePlus qui accompagne les dirigeants d’entreprise (Financial Times) dans leur développement en France et à l’international. Industriels cherchent soudeurs désespérément (Les Échos) Les biotechs françaises imaginent la médecine de demain (Le Parisien Economie) Nos missions DOSSIER — Quel nouveau contrat social pour la France ? 12 ÊTRE UNE FORCE DE PROPOSITIONS RECONNUE DES 1 / Tout faire pour favoriser l’entrée des jeunes dans l’entreprise POUVOIRS PUBLICS. Les propositions de CroissancePlus émanent d’hommes 2 / Augmenter le temps de travail pour favoriser la croissance et de femmes de terrain, de commissions et groupes de travail qui se réunissent 3 / Révolutionner le droit du travail régulièrement dans les domaines suivants : création et financement d’entreprise / 4 / Trouver de nouveaux modes de financement de la protection sociale juridique et fiscal / social et emploi / recherche et innovation / relations grands 5 / Adapter les modes de représentativité du personnel groupes-PME / international / croissance responsable. Propositions consultables sur www.croissanceplus.com. Les chiffres-clé du modèle social 22 CONSTITUER UN RÉSEAU PERFORMANT D’ENTREPRENEURS LE GRAND ENTRETIEN — CroissancePlus est également un lieu reconnu d’échanges et de rencontres per- François Dupuy, sociologue des organisations 24 mettant de développer des synergies entrepreneuriales, des compétences tech- niques ou tout simplement partager expérience et bonnes pratiques. Les nombreux IDÉES 30 événements : déjeuners et dîners-débats, petits-déjeuners thématiques, Be to Be, déjeuners mensuels business, etc… sont autant d’occasions d’accueillir des per- Lu pour vous sonnalités de tout premier plan et contribuer à la notoriété de CroissancePlus et de Verbatim ses membres. Livres Débats Management RÉDACTION ET DOCUMENTATION : Antoine Bayle • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • DIRECTION ARTISTIQUE – GRAPHISME : Alexandra Roucheray, Olivia Grandperrin • • • • • • • • • • • • • PETITES HISTOIRES DE GUERRE ÉCONOMIQUE 36 COMITÉ ÉDITORIAL : Florence Dépret, Clothilde Hervouet, Gwennaelle Pierre, Emmanuelle Skowron • • UN JOURNAL RÉALISÉ PAR Les Rois Mages - www.lesroismages.fr - téléphone : 01 41 10 08 08 • • • • Les 36 S t ratagèmes 02. 2012
  • 4. 4 5 Présidentielle 2012 obligatoires. C’est dans le choix des points, à 21,2% le 1er octobre prochain “cibles” que les responsables politiques et en une hausse de 2 points de la CSG François Hollande : Un grand choc se différencient et s’opposent, qu’il sur les revenus du patrimoine. Ces deux s’agisse de la fiscalité des particuliers, mesures doivent permettre de com- impôt sur les fiscal pour des entreprises ou de l’épargne. Cela penser la suppression des cotisations créera-t-il pour autant le grand choc patronales finançant la branche famille sociétés différen- la France ? fiscal qui serait nécessaire pour relan- de la Sécurité Sociale sur les salaires cer la croissance économique, inci- allant jusqu’à 2,1 SMIC et leur dégressi- cié et fusion entre ter à l’investissement “fertile” dans les vité jusqu’à 2,4 SMIC (ce qui représente Les principaux candidats à l’élection entreprises en développement, assurer environ 13,6 milliards d’euros, soit 40% l’impôt sur le présidentielle ont élaboré, ces dernières l’équité et l’efficacité de l’impôt ? Nous des cotisations de la branche famille). semaines, l’essentiel de leurs propo- n’en sommes pour l’heure qu’aux pro- revenu et la CSG sitions en matière de politique écono- positions, aux pistes de réflexion, aux À noter que l’augmentation de la CSG mique et fiscale, même si le chef de galops d’essai. Il est donc encore trop sur les revenus du capital représente l’Etat, à l’heure où nous écrivons ces tôt pour en juger. Mais voici un rapide un surcroît de charges de 2,6 milliards Le programme de François Hollande lignes, n’a pas encore fait acte de candi- tour d’horizon des propositions et pistes d’euros pour les épargnants. Au total, comprend de nombreuses dispositions dature officielle. Il ressort, de l’ensemble de réflexion des quatre principaux can- avec cette nouvelle augmentation, les d’ordre fiscal, dont nous ne retiendrons de ces déclarations, un certain nombre didats. Et le rappel des réflexions de prélèvements sociaux sur les revenus que les plus significatives. En matière de constats. Tout d’abord, l’exercice CroissancePlus en la matière. du capital s’élèveraient à 15,5%. Si de fiscalité d’entreprise, le candidat est complexe puisqu’il s’inscrit dans l’on y ajoute le prélèvement obligatoire socialiste souhaite distinguer les béné- un cadre contraint, celui du retour à de 24%, les revenus de l’épargne en fices réinvestis et ceux distribués aux l’équilibre de nos finances publiques, Nicolas Sarkozy : France (hors Livret A) seraient taxés à actionnaires et envisage de mettre en conformément aux engagements euro- près de 40%. place trois taux d’imposition différents : péens de la France et aux conclusions TVA sociale et 35% pour les grandes entreprises, du sommet européen du 30 janvier L’autre mesure importante annoncée 30% pour les petites et moyennes, dernier, prévoyant l’instauration de « la taxe boursière par Nicolas Sarkozy est l’instauration 15% pour les très petites. Il annonce règle d’or » dans la plupart des pays de d’une taxe boursière à compter du 1er un redéploiement des financements, la zone euro. Compte tenu du faible taux août prochain, dont le champ d’appli- des aides publiques et des allègements de croissance anticipé en 2012 et 2013, Lors de son intervention télévisée du 29 cation fait encore l’objet de discussions fiscaux vers les entreprises qui investi- cette marche forcée vers l’équilibre des janvier 2012, le chef de l’Etat a dressé entre le gouvernement et les représen- ront en France. En matière de fiscalité comptes publics ne peut s’accomplir les grandes lignes des réformes fis- tants des banques. Cette taxe s’élèvera des particuliers, François Hollande a avec succès que si des recettes nou- cales qu’il compte mettre en œuvre. à 0,1% et devrait rapporter environ 1 officialisé le projet de fusion de l’im- velles sont trouvées, ce qui se traduit Les mesures phares consistent en une milliard d’euros chaque année, qui serait pôt sur le revenu et de la CSG dans le donc par une hausse des prélèvements augmentation du taux de TVA de 1,6 affecté à la réduction du déficit. cadre d’un prélèvement simplifié sur 02. 2012
  • 5. 6 7 Les réflexions de CroissancePlus en matière l’impôt par rapport au risque ; favori- Eva Joly : le revenu (PSR). Il entend également de réforme fiscale ser le réemploi productif. créer une tranche supplémentaire de / Favoriser la stabilité du cadre fiscal. libérer l’économie 45% pour les revenus supérieurs à / Orienter l’épargne “stérile” vers 150 000 euros par an. Il souhaite imposer Consciente que la réforme de la l’épargne “fertile”, privilégier une de la finance aux dirigeants des entreprises publiques fiscalité est un axe essentiel de taxation des revenus du patrimoine un écart maximum de rémunérations de toute politique de redynamisation peu productif différemment des 1 à 20. Concernant l’épargne, il indique de la croissance et du développe- revenus du patrimoine productif et La candidate du mouvement écologique aussi vouloir supprimer les produits ment des entreprises, Croissance- ouvrir ce principe à l’ensemble des (EELV) a choisi trois axes principaux financiers toxiques et les stock options Plus a élaboré sa propre réflexion acteurs économiques ; inciter les pour l’élaboration de son programme (sauf dans les entreprises naissantes), en matière de réforme fiscale, dans grands groupes français à investir économique : la réorientation de la fis- aligner la fiscalité des plus-values en un contexte de crise économique dans les PME/ETI de manière mino- calité vers l’environnement, l’augmen- capital sur les taux de l’IRPP et annonce et d’harmonisation européenne ritaire, à travers des fonds d’inves- tation des dépenses d'investissements l’instauration d’une taxe sur les tran- de la fiscalité. Ces réflexions ont tissement ; exonérer au maximum publics, le relèvement des prélèvements sactions financières, sans en préci- été largement présentées aux res- les actifs professionnels ; favoriser obligatoires sur les hauts salaires et les ser les modalités. Enfin, il propose la ponsables politiques. L’objectif la transmission de l’entreprise aux revenus du capital. Le mot d’ordre de création d’un livret d’épargne industrie de CroissancePlus est d’abord de collaborateurs. son programme est de “libérer” l’écono- dont le produit serait entièrement dédié favoriser la création de richesse et mie de la finance, en réduisant la taille au financement des PME et des entre- de valeur en France en sécurisant L’objectif de CroissancePlus est des banques, en limitant les activités prises innovantes. la fiscalité des entrepreneurs et le même depuis sa création en des fonds spéculatifs et en développant des Business Angels. Il s’agit avant 1997 : favoriser l’entrepreneuriat, le l’investissement socialement respon- tout d’encourager la création, le développement des entreprises et sable. Sur le plan de la fiscalité, Eva François Bayrou : développement et le financement l’épargne productive. Joly entend privilégier les TPE/PME et des entreprises par la création et les entreprises locales et écologiques augmentation l’amélioration de dispositifs fiscaux en créant notamment un “bonus déve- adaptés et de favoriser l’implanta- loppement durable”. Elle propose en de la TVA, deux tion et le retour en France d’entre- procurerait environ 20 milliards d’euros outre une progressivité réelle de l’impôt preneurs. Voici quelques-unes des de recettes supplémentaires pour l’Etat. sur les sociétés en fonction du niveau nouvelles tranches principales réflexions de Crois- La seconde mesure est l’instauration de des bénéfices et des mesures de sou- sancePlus : deux nouvelles tranches d’imposition, tien à la recherche et à l’innovation au fiscales l’une à 45%, l’autre à 50% pour les reve- bénéfice des petites et moyennes entre- / Le maintien intégral du dispositif nus au-dessus de 250 000 euros par an. prises, ainsi que l’extension des socié- ISF-PME qui permet d’orienter une Enfin, François Bayrou annonce un dis- tés régionales de capital-risque. François Bayrou a précisé, le 1er février partie de l’épargne des Français positif nouveau concernant la fiscalité dernier, son programme économique, vers le financement des PME, ainsi des entreprises, comprenant la création Concernant la fiscalité des particuliers, axé sur un strict encadrement des bud- que le doublement de “l’avantage d’un crédit d’impôt innovation, parallèle EELV propose un impôt sur le revenu gets de l’Etat, de la sécurité sociale et Madelin” qui favorise l’investisse- au crédit d’impôt recherche, et surtout rénové, reposant sur le prélèvement à la des collectivités territoriales dont les ment direct ou via un fonds dans l’exemption de charges sociales pen- source, la fusion CSG/IRPP, l’intégration dotations resteraient au même montant des PME françaises. dant deux ans des entreprises de moins des revenus du capital dans l’impôt sur pendant trois ans quelle que soit l’infla- / Le respect de trois principes-clés de 50 salariés qui embauchent un jeune le revenu, un impôt sur le patrimoine, tion. Le volet fiscal de son programme pour favoriser l’investissement ou un chômeur. Il propose aussi la créa- l’élargissement de la base de l’ISF, s’articule autour de trois mesures dans les PME/ETI : faire participer tion d’un statut fiscal particulier pour les notamment par la révision de l’exonéra- essentielles. La première est une hausse l’ensemble des acteurs écono- Business Angels, calqué sur celui des tion des biens professionnels et la mise de la TVA de 1 point en 2012 et de 1 miques à l’investissement produc- fonds de private equity ainsi que la créa- en place d’une contribution climat-éner- point supplémentaire en 2014, ce qui tif ; veiller à la proportionnalité de tion d’un livret d’épargne industrie. gie de 36 euros la tonne de CO2. 02. 2012
  • 6. 8 9 croire que ce fut un succès. « Compte « Encore tenu du calendrier, c’est un vrai chef d’œuvre », a même déclaré Angela tout faux… » Merkel, parlant du pacte budgétaire et fiscal conclut par les pays européens. (…) En tant que plus gros contributeur « Les leaders de 25 pays de l’Union du fonds de soutien européen, l’Alle- Européenne sur 27, se sont mis d’ac- magne continue à déterminer la façon cord pour conclure un nouveau pacte de gérer la crise. Les autres n’ont guère fiscal qui les empêchera, légalement, de choix que de suivre, qu’ils soient de combattre les récessions au moyen convaincus ou non du fait que l’aus- de robustes incitations financières. La térité dictée par les Allemands, aidera plupart des économistes, en dehors leurs économies affaiblies. Un dirigeant de la zone euro, considère que cette mieux avisé qu’Angela Merkel bâtirait une approche est dangereuse. Ces pays Union Européenne plus solide en aidant représentent plus de 20% de l’économie ses voisins à sortir de leur endettement mondiale. Les condamner à des réces- plutôt qu’en leur serrant le cou. Un lea- sions plus longues et plus profondes der plus sage rappellerait aussi aux aura un impact négatif sur les écono- électeurs allemands que la prospérité mies hors d’Europe qui dépendent du de leur propre économie repose sur une commerce international, comme les demande soutenue des pays voisins. » Etats-Unis et la Chine. Sans un fonds de soutien plus important, les investisseurs International Herald Tribune, 2 février 2012 vont continuer à parier contre les éco- nomies les plus faibles comme l’Italie ou l’Espagne, poussant leurs taux d’intérêt « Les prosélytes à la hausse, et creusant leurs déficits. Et malgré cela, les gouvernements européens du libéralisme se ont repoussé toute décision à mars. préparent un des- Les spéculateurs pourraient fort bien ne pas être d’accord pour attendre. tin bien triste… » Le monde s’est habitué aux sommets européens ratés. Ce qui est particuliè- rement perturbant avec celui qui vient de se tenir le 30 janvier, c’est que cer- « On a fait grand cas du fait que, lors tains responsables européens semblent du dernier forum de Davos, les grands 02. 2012
  • 7. 10 11 titude, c’est que la vision anglo-amé- femmes, l’Institut de Soudure avait lar- ricaine va perdre de son influence et gement médiatisé la médaille d’or aux qu’un consensus global va émerger sur Olympiades des Métiers remportée en capitaines d’industrie de la planète ont le rôle plus important que l’Etat va jouer 2009 par une de ses élèves, Marine été obligés par les évènements récents sur le marché. Il semble probable, et Bregeon (aujourd’hui, elle soude des « Les biotechs d’aborder des sujets comme les inéga- même heureux, compte tenu de notre coques de sous-marins chez DCNS à lités ou le futur du capitalisme. Bien que récente expérience aux Etats-Unis, que Cherbourg). Mais pour la CFDT, il fau- françaises ima- de tels actes d’introspection publique de le capitalisme du XXIème siècle ressem- drait aussi que le patronat de la métal- ces élites participent du même cynisme blera de moins en moins au darwinisme lurgie relève les minima salariaux, notoi- ginent la méde- que d’autres traditions de Davos économique tellement célébré à Wall rement peu attractifs. comme les dîners privés pour parler de Street. » cine de demain » la faim dans le monde, l’accent mis sur le futur du capitalisme a quelque chose D a vi d R o t h k o p f d’ironique. L’ironie c’est que l’avenir du F i n a n c i a l Ti me s, 1 e r f é vr i e r 2 0 1 2 « Selon l’association France Biotech, il libre marché ne sera pas déterminé par y aurait en France environ “250 à 300 les capitalistes de Davos et ne prendra entreprises de biotech, orientées à 48% pas la forme que l’on imagine dans les « Industriels dans la santé humaine et employant sommets de ce genre. Après la fin de la près de 6 000 personnes, dont 70% de guerre froide, beaucoup ont pensé que cherchent chercheurs”. 80% de ce marché sont l’on avait résolu de façon définitive les accaparés par les Etats-Unis où le sec- grandes questions sur la relation entre soudeurs déses- teur est déjà mature. (…) Même si le le pouvoir privé et public. domaine en France est assez récent, pérément » les biotech sont en train de s’imposer. (DR) La vision marxiste de l’économie centra- Le marché est déjà en transition. (…) À lisée avait échoué. Les adeptes du « lais- court terme, le secteur est fragilisé par sez donc le marché opérer », disciples « Au même titre que les robinettiers Plusieurs dirigeants de grandes entre- la conjoncture et un tarissement des de Milton Friedman, avaient triomphé. et tuyauteurs, les soudeurs et chau- prises partagent son point de vue, financements pour des projets forcé- Mais leur danse de victoire était pré- dronniers sont depuis deux décennies dénonçant une convention collective ment risqués et au long cours, qui ont maturée. Non seulement nous n’avions catalogués dans la liste des “métiers dépassée. Mais la tâche s’annonce déli- été en partie désertés par les investis- pas atteint la fin de l’histoire, mais nous en tension”, ces professions où l’offre cate : comme l’explique l’un d’eux, “nos seurs et les sociétés de capital-risque. étions en train d’entrer dans une phase d’emplois est supérieure à la demande, sous-traitants ne pourraient pas se per- Mais les biotech sont devenues un des nouvelle de la compétition séculaire quelle que soit la conjoncture. Certes, mettre des revalorisations salariales trop moteurs essentiels de l’innovation. » pour le pouvoir du public et du privé. malgré la désindustrialisation globale fortes”. Un discours qui ne convainc pas du pays et grâce aux besoins nouveaux ce sous-traitant, régulièrement mis en Thibaud Vadjoux, Aujourd’hui, en plus du darwinisme éco- en main d’œuvre dans le nucléaire, la concurrence avec des PME étrangères Le Parisien Économie, 6 février 2012 nomique du modèle anglo-américain construction ferroviaire ou l’aéronau- par des grands donneurs d’ordre fran- et du capitalisme “aux caractéristiques tique, le nombre d’ouvriers qualifiés çais, ayant externalisé une bonne par- chinoises”, coexistent “l’Eurocapita- travaillant par “formage du métal” est tie de leur production pour baisser les lisme ”, le “capitalisme démocratique du globalement resté stable en l’espace de coûts : “S’ils veulent que nous formions développement” de l’Inde et du Brésil, vingt-cinq ans. Et pourtant, les besoins nous aussi des jeunes, que nous partici- avec leurs importantes caractéristiques actuels et surtout futurs sont loin d’être pions à l’effort de ré-industrialisation, ils sociales en parallèle avec leurs aspira- couverts. Pour inverser la tendance, doivent nous passer des commandes. tions à la croissance, et le capitalisme le patronat de la métallurgie a multi- Le reste, c’est du vent… » entrepreneurial des petits Etats comme plié depuis trois ans les campagnes (DR) Singapour, les Emirats ou Israël. Et tout de communication. Dans cet univers Cl a ude B a r j one t ce que nous pouvons prédire avec cer- encore très largement boudé par les L e s E c hos, 2 fé vr i e r 2012 02. 2012
  • 8. QUEL NOUVEAU CONTRAT SOCIAL POUR LA FRANCE ? La France vit dans une sorte de paradoxe : elle souffre d’un coût du travail et mettrait le pied à l’étrier de milliers trop élevé, qui finance un modèle coûteux, mais ses salaires sont trop bas, de jeunes qui gagneraient en com- ce qui provoque l’émergence d’une catégorie sociale nouvelle, les travail- pétence et en expérience en étant leurs pauvres. Le contrat social à la française ne fonctionne donc plus. Il intégrés dans le monde de l’entre- n’est pas adapté aux nouvelles conditions économiques. Il ne confère pas prise. Des systèmes équivalents suffisamment de souplesse aux entreprises. Il ne joue plus le rôle de « filet ont été expérimentés dans d’autres de sécurité » qu’il jouait voici quelques décennies. Il fait peser sur le travail, pays, comme en Grande-Bretagne donc sur les entreprises mais aussi les salariés, un poids financier trop lourd. où existe une sorte de SMIC pro- Il est donc urgent de le rénover, non dans une optique politicienne ou idéo- gressif en fonction de l’âge. logique, mais simplement pour lui redonner le sens, l’efficacité et le rôle qui doivent être les siens dans une société moderne, active, souple. Ces sujets Les entreprises de croissance inno- Caroline Mitanne, Dirigeante de Guidecaro (DR) sont au cœur des débats qui se déroulent en ce moment dans le cadre de vantes doivent favoriser le recrutement l’élection présidentielle. Mais ils sont aussi au centre des préoccupations et la formation des jeunes. C’est un L e ni ve a u de for m a ti on de s de CroissancePlus. Voici donc quelques idées fortes qui ressortent de nos i nve sti sse m e nt fr uc tue ux e t r e nta bl e . j e une s c a ndi da ts e st pr obl é - travaux et des expériences des entrepreneurs et autour desquelles il est pos- Dans le domaine du web, un déve- m a ti que . I l s m a nque nt se l on sible de rénover le contrat social en France. loppeur junior doit abandonner à la sor- m oi d’un c a dr e , de r e pè r e s. tie de l’école ses connaissances pure - L or s de s e ntr e ti e ns d’e m - ment théoriques et devenir ba uc he , j ’a i pu r e m a rque r que Tout faire pour faiblesse handicape notre com- o p é r a t i o n n e l . E t p o u r fa v o r i s e r c e t t e be a uc oup é ta i e nt tr op exi - pétitivité et alourdit les dépenses montée en compétence, l’alternance, ge a nts, i m pa ti e nts a ussi , e t favoriser l’entrée publiques. Parmi les solutions qu’il les stages et les contrats de profes- qu’i l s sont c onfr onté s e nsui te serait possible de mettre en œuvre sionnalisation sont indispensables. à de s dé si l l usi ons. L e s j e une s des jeunes dans figure le « SMIC Jeunes » destiné aux Mais il faut simplifier leur application doi ve nt ê tr e m i e ux pr é pa r é s a u jeunes sans expérience ni diplôme, car pour le moment, une PME n’a pas m onde de l ’e ntr e pr i se , à se s l’entreprise âgés de 17 à 21 ans. Il aurait pour encore d’intérêt économique à investir r é a l i té s é c onom i que s. E t c e caractéristique d’être inférieur au s u r u n j e u n e e t s e t o u r n e p l u s fa c i l e - dè s l a pha se de r e c r ute m e nt, Le taux d’emploi des jeunes est montant du salaire minimum brut m e n t v e r s d e s c a n d i d a t s p l u s ex p é r i - du c ôté de c he z Pôl e E m pl oi insuffisant en France. Nous connais- mais une baisse des charges patro- mentés. » pa r exe m pl e . » sons tous cette situation : 22% des nales permettrait de garder un — — 15-24 ans n’ont pas d’emploi, contre salaire net équivalent. Ce dispositif FABRICE METAYER, CA R O L I N E M I TA N N E , 16% en moyenne en Europe. Cette ferait donc baisser le coût du travail, Dirigeant de KerniX Dirigeante de Guidecaro
  • 9. 15 Quel nouveau contrat social pour la France ? — Il faut remettre le temps de travail au cœur de nos priorités. Depuis 15 ans, notre pays a créé une “génération 35 heures”. On mesure désormais le travail à la présence horaire. Pour faire face à cet état de fait, je vois une solution pra- tique. Les cadres ont largement profité des 35 heures et des RTT. Or ce sont eux qui concentrent le savoir-faire d’enca- Le chômage des jeunes en France est drement dans les entreprises, qui est symptomatique et mérite que les pou- indispensable et demande toujours plus voirs publics s’emparent du sujet. L’ac- de compétences et de temps. C’est une cès à l’emploi de notre jeunesse doit situation totalement paradoxale. Il faut devenir une véritable cause nationale. donc supprimer les 35 heures, pour les Cette mobilisation pourrait commencer cadres comme pour l’ensemble des au niveau des branches profession- salariés d’ailleurs. C’est une décision nelles qui devraient prendre en charge politique courageuse qu’il faut les questions de formation ou de tuto- prendre. » rat. Les entreprises doivent comprendre — q u e l e t r a va i l e n a l t e r n a n c e e s t l ’ u n e LAURENT VRONSKI, des solutions au problème de l’emploi Dirigeant d’Er vor et vice-président Caroline Young, Dirigeante d’Exper Connect (DR) des jeunes en France. » de CroissancePlus — PHILIPPE ANDRILLAT, M a c onvi c ti on e st que pl us i l Dirigeant de Kenseo y a d’a c ti vi té , pl us i l y a de tr a va i l . L e m a r c hé du tr a va i l , te l que nous l e c onc e vons e n F r a nc e , se r a i t un gâ te a u qu’i l Philippe Andrillat, Dirigeant de Kenseo (DR) fa udr a i t pa r ta ge r en pa r ts é ga l e s. J e ne c r oi s pa s à c e tte vi si on. L e m a r c hé du tr a va i l e st une e nti té exte nsi bl e . Pl us Augmenter le temps de travail pour nous i nté gr e r ons de tr a va i l - l e ur s, pl us i l y a ur a de tr a va i l . favoriser la croissance C’e st un c e r cl e ve r tue ux. Pl us nous tr a va i l l e r ons, pl us de s Le débat sur le temps de travail en France montre que des solutions nou- e m pl oi s se r ont c r é é s. » velles sont attendues pour sortir de la logique des 35 heures. C’est un sujet — complexe mais sur lequel les entreprises de croissance sont unanimes : il CA R O L I N E YO U N G , faut revenir à une durée du travail plus élevée. De nombreuses adaptations Dirigeante d’Exper Connect sont possibles. Pour CroissancePlus, le schéma le plus vertueux consisterait à établir un référentiel de la durée légale du travail sur une base annuelle avec un minimum et un maximum hebdomadaire afin de conserver une cer- taine stabilité pour les salariés. Ce choix aurait un double avantage : stimu- ler l’activité économique et l’emploi grâce à un aménagement intelligent du temps de travail et dissuader les entreprises de ralentir leur activité pour Laurent Vronski, Dirigeant d’Ervor et vice- éviter une surtaxation du travail. président de CroissancePlus (DR)
  • 10. 17 Quel nouveau contrat social pour la France ? — Révolutionner le droit du travail Il n’est pas un chef d’entreprise qui aujourd’hui 38 formes de contrat de ne dénonce l’extraordinaire com- travail différentes, 27 régimes déro- plexité du droit du travail. Restaurer gatoires et une dizaine d’organisa- Geoffroy Roux de Bézieux, Dirigeant de Virgin Jean-René Boidron, Dirigeant de DL Santé la compétitivité des entreprises tions du temps de travail. Mobile, ancien Président de CroissancePlus (DR) et co-président de la commission Sociale et Emploi de CroissancePlus (DR) passe par un droit du travail moins rigide. Il devrait être possible notam- ment de créer un contrat de tra- Il fa u d r a i t tendre ve r s un L e dr oi t du tr a va i l e st bi e n tr op c om pl exe e t c om pr e nd souve nt de s vail unique qui entraînerait moins c o n t r a t d e t r a va i l u n i q u e , p o u r pr oc é dur e s tr op l ongue s. C’e st pa r ti c ul i è r e m e nt vr a i pour l e s PM E qui de précarité pour les salariés et si mp l i f i e r l e s p r o c é d u r e s d e ne di spose nt pa s touj our s de l ’expe r ti se né c e ssa i r e . I l fa ut a bsol um e nt plus de flexibilité pour les entre- d é p a r t d e s sa l a r i é s. D a n s u n e si m pl i fi e r c e tte l é gi sl a ti on. » prises. CroissancePlus a travaillé P M E f r a n ç a i se , si l e c h e f d ’ e n - — depuis longtemps sur ce sujet. Le t r e p r i se c h e r c h e à fa i r e d e s G E O F F R OY R O U X D E B É Z I E U X, D i r i ge a nt de Vi r gi n M obi l e , CDI présente en effet des rigidités é c o n o mi e s, e t q u e so n c a r n e t a nc i e n Pr é si de nt de Cr oi ssa nc e Pl us anachroniques, qu’il s’agisse de la d e c o mma n d e s fa i t g r i se mi n e , modification du contenu du poste, i l d e vr a i t p o u vo i r ê t r e a i d é du licenciement économique ou des p a r u n c o n t r a t d e t r a va i l q u i procédures de plan social, autant a sso u p l i e t sé c u r i se j u r i d i q u e - Trouver de nouveaux modes de de mécanismes qui ont été conçus me n t l a so r t i e d ’ u n e mp l o yé . E t pour les grandes entreprises mais je ne parle pas ici des procé- financement de la protection sociale qui constituent pour les PME des d u r e s l i é e s a u x P r u d ’ h o mme s. freins importants à l’embauche. Le M a i s p o u r l e d r o i t d u t r a va i l , Le travail ne peut plus supporter le poids actuel du coût du financement de la contrat unique serait un CDI, mais l e s mo t s d ’ o r d r e so n t se l o n protection sociale. Ce fardeau doit être allégé, faute de quoi, on ne résoudra les exigences en cas de licenciement mo i : si mp l i f i c a t i o n , so u p l e sse pas de façon pérenne la question de la compétitivité des entreprises. Trouver seraient donc allégées, moyennant e t sé c u r i t é . C e c o n t r a t u n i q u e d’autres modes de financement doit faire partie des options étudiées par les une compensation financière ver- se r a i t u n e a va n c é e p o u r c e l l e s responsables politiques. La TVA dite sociale en est une. La TVA est un prélè- sée aux salariés proportionnelle à e t c e u x q u i n e so n t p a s e n C D I. vement indirect sur les biens de consommation et les services, acquittée par l’ensemble des salaires versés tout R a p p e l o n s q u e 4 0 % d e s sa l a - l’ensemble des consommateurs. au long du contrat de travail. riés ont un contrat précaire. C ’ e st d o n c u n e q u e st i o n d e Il existe aujourd’hui en France trois taux de TVA : normal à 19,6%, réduit, à L’abandon du CDD et la création j u st i c e so c i a l e a va n t t o u t . » 7% et très réduit à 2,1%. Comme on le sait, l’idée de la TVA sociale est de d’un nouveau contrat unique, allé- — transférer sur la consommation une partie des charges patronales au titre geant pour les PME les obligations J E A N - R E N É B O ID R O N , de la protection sociale. L’augmentation des prix des produits de consom- de reclassement, l’assouplisse- Dirigeant de DL Santé et mation et des services serait compensée par un abaissement du coût du ment des plans de sauvegarde de co-président de la commission travail. Le gouvernement a décidé de mettre en vigueur un tel mécanisme l’emploi, constitueraient un pro- Sociale et Emploi de dès l’automne prochain, en augmentant le taux de TVA normal de 1,6 points grès important. Il existe en France CroissancePlus pour le porter à 21,2%, soit dans la moyenne des taux de TVA en Europe.
  • 11. 19 Quel nouveau contrat social Adapter pour la France ? — Il fa ut r e pose r l a que sti on de c e qui doi t ê tr e fi na nc é pa r l ’e ntr e pr i se e t l e tr a va i l d’un c ôté , e t pa r l a sol i da - les modes r i té na ti ona l e de l ’a utr e . Se l on m oi , l e fi na nc e m e nt du c hôm a ge e t de s r e - de repré- tr a i te s doi t ê tr e a ssur é pa r l e s e ntr e - pr i se s. E n r e va nc he , l a pol i ti que fa m i - sentativité l ia l e e t l a sa nté doi ve nt ê tr e pr i se s e n cha r ge pa r l a sol i da r i té na ti ona l e . À du personnel te r m e , i l fa udr a a r r ê te r de di sti ngue r l es pr e sta ti ons sa l a r i a l e s e t pa tr o- Le taux de syndicalisation en France Mais on peut aussi financer la pro- L a t o t a l i t é d e l a p o l i t i q u e fa - na l e s. L a TVA di te soc i a l e , qui fe r a l a a été divisé par trois en l’espace de tection sociale par l’impôt, notam- mi l i a l e f r a n ç a i se n e p e u t ê t r e ba sc ul e de c e r ta i ne s c oti sa ti ons so- trente ans, et ne dépasse pas en ment par le biais de la CSG. f i n a n c é e p a r l e se c t e u r p r i vé . ci a l e s ve r s l a TVA , de vr a i t pe r m e ttr e moyenne 7% des salariés. Un taux C ’ e st u n e a b e r r a t i o n . L a T VA - d’a bol i r c e tte di sti nc ti on. » qui se réduit encore comme peau de En tout état de cause, la France c o mp é t i t i vi t é e st u n p r e mi e r — chagrin dans le secteur privé pour ne peut plus se permettre de faire p a s p o u r l e s e n t r e p r i se s q u i T H I E R RY M A G I N , plafonner à 5%. l’économie de réformes profondes so n t e n c o n c u r r e n c e d i r e c t e Dirigeant de MCR Consultants concernant le financement de son a ve c l e s p a ys é t r a n g e r s, ma i s À l’heure où le modèle écono- modèle social. Force est de consta- a u ssi p o u r l e s P M E q u i œ u vr e n t L a TVA e m pl oi doi t de ve ni r une pr i or i - mique et social allemand semble ter qu’une réflexion de ce type est u n i q u e me n t su r l e t e r r i t o i r e t é pour l a F r a nc e : ba i sse r l e s c ha r ge s devenir une référence européenne, en cours dans la plupart des pays national. Ave c cette T VA - pa tr ona l e s pour a l l é ge r l e c oût du CroissancePlus affiche sa volonté européens. c o mp é t i t i vi t é , j e d e vr a i s a vo i r t r a va i l e t di m i nue r l e s c ha r ge s sa l a - de réinventer le dialogue social au l a p o ssi b i l i t é d ’ e mb a u c h e r. » r i a l e s pour a ugm e nte r l e sa l a i r e ne t sein des PME françaises, et de sor- — de nos c ol l a bor a te ur s. C’ e st a ussi tir notre pays d’une singularité qui le E M M A N U E L G R IM A U D, gr â c e à c e tte m e sur e que nous pour- distingue de ses voisins européens. Dirigeant de Maximis Retraite r ons da va nta ge e m ba uc he r. » Pour les dirigeants d’entreprises et co-président de la commis- — innovantes, la qualité du dialogue sion Sociale et Emploi N I CO L A S B E R G E R A U LT, qui s’instaure entre un chef d’entre- de CroissancePlus D i r i ge a nt de L ’a te l i e r de s Che fs prise et ses équipes sera la clé des prochains changements dans le monde du travail, voire de la nature même des négociations entre les partenaires sociaux, l’Etat et les entreprises. Comment permettre aux salariés du secteur privé de renouer avec l’idée même du syndicalisme ? Pour certains chefs d’entreprise, l’une des réponses pourrait être le « tous syndiqués ». L’obligation d’adhé- rer à un organisme syndical bou- leverserait la donne et permettrait d’atteindre un taux de syndicalisa- tion qui, en Suède ou en Finlande, se situe autour des 70%, d’après Emmanuel Grimaud, Dirigeant de Maximis Thierry Magin, Dirigeant de MCR Consultants Nicolas Bergerault, Dirigeant de L’atelier des Retraite et co-président de la commission Sociale (DR) Chefs (DR) les statistiques de l’OCDE. Une telle et Emploi de CroissancePlus(DR) mesure, à l’image du vote obliga-
  • 12. 21 Quel nouveau contrat social pour la France ? — toire belge, engendrerait des muta- sans que l’on casse les effets de Enfin, la participation de délégations tions profondes. En augmentant la seuil et que l’on réforme le statut des uniques aux conseils d’administra- représentativité syndicale en France, salariés protégés s’agissant notam- tion doit être systématisée et éten- le dialogue social au sein des entre- ment des syndicalistes qui devraient due. Il est à noter que la 7ème édi- prises montrerait un autre visage, et avoir le même statut, en cas de tion du baromètre CroissancePlus / permettrait de responsabiliser les licenciement, que les autres salariés Astorg Partners, publiée en Janvier salariés et leurs représentants. Par la de l’entreprise, comme c’est le cas 2012, montrait que, malgré une suite, les syndicats, porteurs d’une en Allemagne, par exemple. période économique difficile, les « volonté générale » des salariés, entrepreneurs estimaient dans leur auraient à cœur de voir aboutir les C r é e r d e l a c r o i ssa n c e , g é n é r e r grande majorité que le climat social négociations auprès des pouvoirs d e s e mp l o i s, p a sse p a r u n d r o i t ne s’était pas enlisé. publics ou des organisations patro- d u t r a va i l p l u s so u p l e p o u r l e s nales. Mais ce « grand soir » syndical e n t r e p r i se s. M a i s c e t t e so u - Au sein des PME françaises, ce cli- et cette recherche d’un consensus p l e sse se r a i mp o ssi b l e à i n s- mat dépendra essentiellement du à l’allemande, trop éloigné encore t a u r e r sa n s d e s syn d i c a t s p l u s dialogue entre dirigeants et colla- de la culture française, prendra du r e p r é se n t a t i f s e t so u c i e u x d e borateurs, entre représentants des Hélène Saint-Loubert, Dirigeante de Grenade temps. l ’ i n t é r ê t g é n é r a l . Il fa u d r a i t salariés et employeurs. & Sparks (DR) p e u t - ê t r e p r o p o se r q u e l ’ e n - À plus court terme, on pourrait faire se mb l e des sa l a r i é s so i e n t , en sorte que la relation avec les c o mme e n S u è d e , syn d i q u é s Dans sa forme actuelle, le syndicalisme D a ns c e r ta i ne s e ntr e pr i se s, représentants du personnel relève d’office. » bloque le dialogue social dans les en- j ’a i r e m a rqué que bi e n sou- d’abord du bon sens avant la fixation — treprises françaises. Pourtant, ces ve nt l e di a l ogue soc i a l é ta i t de règles par la loi, car le besoin est S YLVA IN B IA N C H IN I, échanges sont vitaux. Une grande partie fa c i l i té pa r la pa r ti c i pa ti on variable selon les entreprises. Dans Dirigeant de No valto de nos problèmes serait résolue si le de s r e pr é se nta nts du pe r son- cet esprit, CroisssancePlus milite chef d’entreprise avait toujours la pos- ne l a ux c onse i l s d’a dm i ni s- pour fixer à une par trimestre la fré- sibilité d’expliquer sereinement ses tr a ti on. L e ur pr é se nc e pe r m e t quence des réunions avec les repré- choix et ses orientations à ses collabo- une vé r i ta bl e tr a nspa r e nc e , i n- sentants du personnel, pour fusion- rateurs, pour les motiver et leur donner d i s p e n s a b l e dans notre société ner le Comité d’entreprise avec le toujours plus envie de se mobiliser pour d’information. » CHSCT, pour étendre à l’ensemble leur entreprise. En dehors du temps de — des PME et des ETI la possibilité t r a va i l , l a q u e s t i o n c e n t r a l e p o u r u n e TH I E R RY TI M SI T, de la Délégation unique du person- entreprise, c’est aussi l’intérêt que Dirigeant d’Astorg Partners nel, pour limiter le nombre d’élus peut susciter un dirigeant auprès de ses par rapport au nombre de salariés, équipes. » et enfin, pour faire en sorte que les — contestations soient encadrées au HÉLÈNE SAINT-LOUBERT, sein de dispositifs plus clairs. Dirigeante de Grenade & Sparks Enfin, il ne saurait y avoir de réforme de la représentativité des salariés Sylvain Bianchini, Dirigeant de Novalto (DR)
  • 13. 23 Les chiffres-clé du modèle social — En France — Selon les derniers chiffres disponibles, En Europe — La proportion de ces populations fra- la structure de la consommation des gilisées varie d’un pays de l’Union ménages en France se répartit ainsi : Européenne à l’autre. Les taux de risque La part des dépenses de santé dans le En milliards d’euros, source : INSEE, 2010 Selon la dernière étude publiée par de pauvreté les plus élevés se situent en PIB, s’élève à 11,2% en France, contre Eurostat et rendue publique le 8 février Bulgarie (42%), Roumanie (41%), Lettonie Logement, 10,5% en Allemagne, 9,9% aux Pays- électricité, chauffage 266 2012, 115 millions de personnes dans (38%), Lituanie (33%), Hongrie (30%). Les Bas, 8,7% au Royaume-Uni. Produits alimentaires l’Union Européenne, soit 23,4% de la plus faibles se trouvent en République 140 Source : OCDE, 2010 et boissons non population totale étaient menacées de Tchèque (14%), Suède et Pays-Bas (15%), alcoolisées Tabac, boissons pauvreté ou d’exclusion sociale, à la Autriche, Finlande et Luxembourg (17%). 30 12 alcoolisées fin 2010. Dans le langage d’Eurostat, FR. cela signifie que ces personnes étaient Articles d’habillement AL. 40 10 NL. et chaussures confrontées à au moins l’une des trois AUTRICHE, FINLANDE, LUXEMBOURG BULGARIE ROUMANIE G.-B. Entretien et équipement formes d’exclusion suivantes : 50 63 LETTONIE du logement 8 1 / Risque de pauvreté (c'est-à-dire LITUANIE Santé 36 40 HONGRIE 6 vivant dans un ménage disposant d’un RÉPUBLIQUE TCHÈQUE Transports revenu équivalent-adulte inférieur au seuil SUÈDE, PAYS-BAS Achats de véhicules (40) 153 4 Utilisation / entretien des véhicules (92) de pauvreté qui est fixé à 60% du revenu 30 Communications médian national) ; 29 2 20 Loisirs et culture 2 / Situation de privation matérielle 97 % grave (conditions de vie limitées par un 10 Education 8 manque de ressources et privées d’au moins 4 des 9 éléments suivants : payer Hôtels, cafés 65 un loyer, rembourser un prêt immobilier à % et restaurants temps, chauffer correctement leur domi- cile, faire face à des dépenses imprévues, Taux de rique de pauvreté, fin 2010 La structure fiscale au sein des pays consommer de la viande, du poisson ou de l’OCDE se répartit ainsi : un équivalent de protéines tous les deux Il est à noter que 21% des Espagnols sont En pourcentage des prélèvements obligatoires jours, s’offrir une semaine de vacances menacés de pauvreté monétaire et que Source : OCDE, 2010 en dehors de leur domicile, posséder une 13% des Britanniques et des Belges vivent voiture personnelle, un lave-linge, un télé- dans des ménages à très faible intensité de viseur couleur ou un téléphone fixe ou travail, contre 6% des Luxembourgeois, 26 21,5 17,4 portable) ; des Suédois et des Tchèques… 38 37,6 36,4 25,1 52,4 37,2 3 / Vivant dans des ménages à très Et selon Eurostat, ce sont 11,7 millions de faible intensité de travail (ménages dans Français, soit 19,3% de la population qui Allemagne Danemark Espagne Etats-Unis France lesquels les adultes ont utilisé moins de se trouvaient confrontés au risque de pau- 20% de leur potentiel de travail au cours vreté ou d’exclusion sociale à la fin 2010. de l’année passée). (Sources : Eurostat, février 2012) 20 Impôts sur le revenu 17,7 27,9 24,8 29,8 Impôts sur les sociétés 38,6 Côtisations sociales Impôts sur le patrimoine Irlande Japon Suède
  • 14. 26 Le grand entretien — François Dupuy : « Moins de procédures, plus de confiance et de simplicité. » Le « contrat social » n’est pas le seul élément qui rend une entreprise performante. Son organisation, ses procédures, sa culture, sa capacité à faire travailler les hommes ensemble, la façon dont s’exerce l’autorité sont des éléments-clefs de la performance de l’entreprise. Ce sont des mécanismes difficiles à démonter et encore plus difficiles à modifier. Pour le Petit Journal de Campagne, François Dupuy partage sa réflexion, ses obser vations et ses analyses sur le fonctionnement des entreprises et sur la façon de le rendre plus souple et plus adapté aux nouvelles règles de la compétition économique. / Le Petit Journal de Campagne : relâche. Dans de nombreuses entre- Tout le monde est d’accord sur ce prises, le problème est plutôt de constat : la compétitivité d’un pays reconstruire une maîtrise de la direc- dépend de celle de ses entreprises. tion sur l’organisation. Or, l’entreprise est un monde très particulier. En théorie, elle serait le / LPJC : Les dirigeants disposent François Dupuy lieu de l’autorité, du pouvoir vertical, de la performance. Mais vous sem- blez dire que la réalité est beaucoup pourtant de nombreux outils, de procédures de contrôle, de modes d’organisation pour s’assurer de Le fin connaisseur plus complexe… l’efficacité de l’entreprise… des entreprises et / François Dupuy : En effet, lorsqu’on / F. D. : Parlons-en, justement. l’observe sur le terrain, l’entreprise On a cru longtemps que le travail des organisations d’aujourd’hui est très éloignée de séquentiel, segmenté, constituait cette image un peu dictatoriale. La une réponse à l’efficacité d’une compétition organisation. En réa- François Dupuy, chercheur, professeur, consul- qui s’accentue, L’entreprise lité, cette forme de tra- tant, est l’un des experts les plus reconnus, en la complexité d’aujourd’hui vail protège davantage France et aux Etats-Unis (où il a beaucoup ensei- des process, est loin de cette l’organisation qu’elle ne gné et travaillé) de l’organisation des entreprises. la multiplica- produit d’efficacité pour image dictatoriale. » Il a écrit de nombreux ouvrages, dont le dernier tion des infor- le client. Dans l’organi- en date Lost in Management a connu un beau suc- mations dont il faut disposer pour sation « en silo », dont on parle tant cès. Il y analyse avec une grande finesse les tra- prendre des décisions, les multiples aujourd’hui, surtout pour essayer de vers des modes managériales et esquisse ce que procédures de « reporting », font que la remettre en cause, aucun membre pourrait être l’entreprise de demain. l’autorité se dilue, que le contrôle se de l’organisation n’est comptable du
  • 15. 27 Le grand entretien résultat final. Si l’on pousse le para- cela revient à remplacer l’autonomie les uns avec les autres et laissent / LPJC : Ce que vous décrivez là colle doxe jusqu’au bout, ce type d’orga- par la dépendance, à créer de la ainsi les acteurs libres de décider de davantage à des entreprises de taille nisation vise non pas à mettre le confrontation là où il n’y avait que de ce qu’ils doivent appliquer ou non… moyenne qu’à de grandes organisa- client au centre des préoccupations la neutralité. Ce qui ne manque pas de sel… tions… de l’entreprise, mais à le repousser aux marges, à se protéger de lui et C’est parce que la coopération n’est / LPJC : Quelle est l’alternative aux / F. D. : Je ne sais pas. Je vois des de la pression qu’il peut exercer sur pas un comportement naturel qu’il a faiblesses que vous signalez ? Est-il PME fonctionner comme des admi- l’entreprise, puisqu’en cas de pro- fallu la créer, l’imposer, en mettant possible de fonctionner autrement ? nistrations et certaines grandes blèmes, personne, au sein de l’orga- en place des processus toujours entreprises conserver un esprit de nisation ne peut être identifié comme plus nombreux et compliqués. / F. D. : Je le crois. La vie quotidienne « pionnier ». Ce que je crois, c’est « responsable ». Mais ce n’est pas des entreprises n’est pas faite que que le moment de vérité d’une tout : l’organisation traditionnelle C’est ce qui crée ce que j’appelle de de processus, de contrôles ou de entreprise est le passage d’un père en « silo » offre une autre protection, la « paresse managériale », lorsque bureaucratie. Certaines organisa- fondateur ou d’un dirigeant charis- encore plus précieuse, notamment les processus ou les procédures tions ont fait des choix différents, matique, ce qui est souvent le cas pour les cadres. Protégés par des finissent par occulter la réalité du sans qu’il soit d’ailleurs toujours d’entreprises récentes, à un mana- cloisons bien étanches, ils n’ont pas travail et lorsqu’on compte trop sur possible d’expliquer pourquoi. gement « normalisé ». Travailler dans à « coopérer » avec les autres, leurs les individus, les fameux « leaders », une organisation « floue », et a fortiori collègues, les services voisins. pour pallier les défaillances organisa- La confiance est la diriger, est quelque chose qui se tionnelles. J’ajouterai l’opposé de « sent », et ceux qui le sentent ainsi / LPJC : Pourtant, que la persistance ne sont pas majoritaires, loin s’en cette notion de La coopération des « silos » produit la bureaucratie faut. Les autres entendent mettre de coopération est n’est pas un aussi des résultats procédurière. » l’ordre dès leur arrivée, reprendre les présente dans la singuliers dans le choses en main, redéfinir les rôles, plupart des livres comportement processus de déci- Certaines entreprises ont du garder introduire de la clarté, et les consul- de management… naturel ou sion : il est long et leur souplesse initiale et en font un tants sont là pour les y aider. On spontané dans chaotique et l’appli- facteur clé de succès. Sans doute peut déjà anticiper les effets réels / F. D. : Je le sais, cation de ces déci- leurs dirigeants ont-ils joué un rôle produits par cette approche. mais c’est un les situations sions est aléatoire. crucial dans la préservation de cette leurre. Dans notre quotidiennes Les acteurs de la souplesse et de cette sagesse. / LPJC : Quelles conclusions tirez- univers mental, la décision se surpro- Je mettrai volontiers de côté tous vous de l’observation des entre- de travail. » coopération véhi- tègent, ils consultent les discours sur le leader et le lea- prises qui ont su garder la souplesse cule une connota- tout le monde dership, au profit de cette simple dont vous parlez ? tion très positive : celui qui coopère, jusqu’au moment où ils pensent avoir observation : un dirigeant est d’au- c’est celui qui est ouvert aux autres, obtenu un fragile consensus, ce qui tant plus fort qu’il fait confiance et il / F. D. : En la matière, il n’existe pas qui n’a rien à cacher, qui accepte alourdit encore la prise de décision fait d’autant plus confiance qu’il est de modèle tout fait. Chaque culture volontiers de se « découvrir » au car les cadres doivent se demander fort. La confiance est l’opposée de la d’entreprise est spécifique, et il bénéfice du résultat obtenu et de en permanence s’ils ont bien informé bureaucratie procédurière. faut se garder des généralisations. l’intérêt général. En fait, dans l’uni- et consulté tout le monde, s’ils ont Comment caractériser ces organisa- vers de l’entreprise, cette notion a bien lu tous les courriels qui leur Il faut être sûr de soi, des hommes tions nouvelles qui paraissent plus pris une dimension presque idéolo- ont été envoyés, (un exercice épui- que l’on a choisi, mais surtout des adaptées à l’évolution actuelle de la gique, alimentée aussi bien par les sant mentalement si l’on veut bien règles du jeu que l’on a fait émerger compétition économique ? Le pre- business schools que par les grands y penser), afin de bien « sécuriser » dans son organisation, et être per- mier point-clé est l’énergie qu’elles cabinets de conseils. En réalité, la leur décision. Et paradoxalement, le suadé que cette double certitude mettent à rechercher les solutions coopération n’est pas un compor- délire des processus, des reportings assurera un fonctionnement moins les plus intégrées pour le client. La tement naturel ou spontané dans et des indicateurs finit par recréer rassurant peut-être, mais plus per- vente « sèche » de produits est à les situations quotidiennes de tra- des zones de liberté pour les salariés formant que ce qui est écrit dans les son crépuscule, comme le montre vail. Pour ceux qui sont concernés, tant ils deviennent contradictoires manuels de management. le passage du téléphone portable