Interview de Mathieu Pontécaille, Conseiller communication au cabinet du ministre de l'aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités. Auparavant, il a notamment occupé les fonctions de responsable adjoint du département digital du Service d'information du Gouvernement (SIG) et Conseiller pour la communication numérique au cabinet de Jean-Marc Ayrault à Nantes.
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Lumière sur... le métier de conseiller communication ministériel
1. Cercle des communicants francophones
#Itw38
« Un conseiller communication ministériel identifie les sujets sur
lesquels il est opportun de se positionner ou de prendre la parole, les
risques potentiels, les faiblesses éventuelles »
Interview de Mathieu Pontécaille, Conseiller communication au cabinet du ministre de
l'aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités. Auparavant, il a notamment occupé
les fonctions de responsable adjoint du département digital du Service d'information du
Gouvernement (SIG) et conseiller pour la communication numérique au cabinet de Jean-Marc
Ayrault à Nantes.
En quelques mots, comment qualifieriez-vous le rôle d'un conseiller communication
ministériel ? Est-ce que l'activité d'un conseiller communication ministériel diffère
beaucoup en fonction du ministre pour lequel il travaille ou en fonction des
ministères ?
Mathieu Pontécaille (MP) : Son rôle est multiple : il met
en scène l’action du ministre et de son ministère, leur
donnent sens et cohérence en les inscrivant dans un récit
et en agissant sur les multiples leviers dont il dispose
(web, réseaux sociaux, médias…). Il identifie les sujets
sur lesquels il est opportun de se positionner ou de
prendre la parole, les risques potentiels, les faiblesses
éventuelles. Enfin, il coordonne les services de
communication des différentes administrations placées
sous la tutelle de son ministre. L’activité diffère
nécessairement en fonction de la personnalité et de la
culture du ministre : celui-ci sera très au fait des outils
numériques, celui-là y sera totalement étranger ne jurant
que par la presse traditionnelle. Cet autre comprendra
bien les enjeux, ce dernier se méfiera de tout ce qui a trait à la « com ». C’est une histoire de
génération, de caractère ou d’histoire personnelle. Charge au conseiller de convaincre, parfois
d’évangéliser ! L’activité est aussi liée au poids du ministère et des services supports qui lui sont
dédiés. Certains conseillers ont donc des tâches très opérationnelles en plus de la stratégie et du
pilotage.
Quelles sont les principales missions que vous avez réalisées en tant que conseiller
communication ministériel ?
(MP) : Beaucoup de rédaction (éléments de langage, communiqués, dossiers de presse,
plaquettes, articles…), de la stratégie, la définition de la charte graphique du ministère, le
pilotage de la création du site institutionnel, de sa ligne éditoriale, de l’événementiel, de l’image,
des urgences diverses et permanentes !
2. Quelles sont les actions de communication que vous avez mises en œuvre pour un
ministre et que vous trouvez particulièrement intéressantes ?
(MP) : Sur le travail législatif, on communique trop souvent sur le projet de loi et peu après
l’adoption du texte par le Parlement. Or c’est celui-ci qui s’applique, et il diffère généralement
assez sensiblement du projet initial : je me suis attaché à systématiquement communiquer avant,
et après. C’est le volet « SAV » de notre métier. Je pense également à des dossiers sur lesquels
plusieurs conseillers et le pôle communication de l'administration ont travaillé - les pôles
communication ont de fait une dimension très transversale - pour objectiver un discours porté.
Cela peut prendre un certain temps : il s’agit de passer au crible, avec l’aide de nos
administrations, des masses de données pour en faire ressortir les enseignements principaux.
C’est l’exemple par la preuve. La crédibilité de l’action et du discours publics se joue sur ce type
d’actions.
La plupart des conseillers communication disposent de chargés de communication et
de chargés de mission à leur disposition au sein du cabinet du ministre. Quel est leur
rôle ?
(MP) : Ils ont un rôle de collaboration et de support. Ce sont la plupart du temps des profils plus
junior qui bénéficient par leur passage en cabinet d’une expérience très riche, sur bien des plans.
Souvent chargés des tâches plus opérationnelles, ce ne sont pour autant pas des « petites mains »
mais bien des collaborateurs qui ont voix au chapitre – en tous cas c’est comme cela que je
l’entends – et apportent leur propre point de vue et force de proposition. Ils ont une existence
légale mais ne sont pas nommés au Journal Officiel comme les conseillers. En ce sens leur
existence n’est donc pas publique mais elle n’est pas secrète pour autant.
En matière de communication, comment s'organise le travail entre le conseiller
communication et le directeur de la communication du ministère et plus
globalement avec le service de communication institutionnel ? Par exemple, qui
rédige le plan de communication du ministère ?
(MP) : C’est très variable. Un très gros ministère sera doté d’un service de communication
important : généralement, son dircom propose au conseiller en charge, puis au ministre, son plan
de communication qui sera amendé par le cabinet si nécessaire. Il peut y avoir de gros ministères
qui partagent un même service de communication, et puis ceux qui n’en ont pas du tout. C’est
dans ce cas au niveau du cabinet que tout se passe. En règle générale, le cabinet donne ses
instructions à ses services et c’est lui qui valide les publications, contenus et actions en
s’appuyant aussi sur leur expertise. Cela peut avoir lieu sous diverses formes, par de simples
échanges de mails, d’appels téléphoniques ou de réunions de concertation. Pour ma part, et en
accord avec les divers responsables de communication des services avec lesquels je travaille, je
m’entretiens couramment directement avec les collaborateurs concernés pour plus de fluidité et
de rapidité.
Quel est le profil des conseillers communication ministériels ? Est-ce plutôt des
militants, des personnes qui ont une relation de confiance avec le ministre ou est-ce
plutôt des artisans de la communication ?
(MP) : Les trois ! Certains ont une relation intime avec leur ministre, ont fait leurs armes à ses
côtés depuis parfois des années et l'ont suivi partout. D’autres sont nommés par un ministre
qu’ils ne connaissaient pas, sur recommandation du directeur de cabinet ou d’autres cercles de
confiance. Certains enfin sont recrutés par voie d’annonces mais c’est assez rare. Tous en
revanche se doivent d’être loyaux, très investis et, bien sûr, de partager l’essentiel des
3. convictions politiques du ministre.
Est-ce que les conseillers communication des ministres se réunissent régulièrement
pour échanger notamment sur leur métier ?
(MP) : Ce sont des métiers très prenants avec des journées très intenses. Cela se passe plus de
manière informelle et au cas par cas, même si des initiatives ont été mises en place mais assez
vite abandonnées par manque de temps. C’est dommage ! Cela se fait d’ailleurs plus au niveau
des administrations sous l’égide du SIG.
Interview réalisée par Damien ARNAUD (@laCOMenchantier) en mars 2017
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