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Avocat, homme d’affaires
6
l’invité
7L’Objectif du 13 au 26 SEPTEMBRE 2013
DAMIEN PILLER
Votre drogue favorite?
−− Le chocolat	 −
Votre mot préféré?
−− Amitié
Quel métier vous n’auriez pas fait?
−− Croque-mort
Y a-t-il une vie après la vie?
−− Oui
Comment l’imaginez-vous?
−− Lumineuse
Qu’aimeriez-vous que Dieu vous dise?
−− Je suis là
Le désir que vous aimeriez réaliser?
−− Faire le tour du monde, en prenant le
temps…
A quelle heure vous levez-vous?
−− 6 heures
Une belle femme?
−− Une femme qui a du charme, épanouie
et bien dans sa peau
Votre salaire?
−− Variable, vu mon statut d’indépendant
Que faites-vous de votre argent?
−− Je profite de la vie avec mes proches,
je participe à la vie économique et je sou-
tiens diverses oeuvres
Une belle œuvre?
−− La cathédrale St-Nicolas
La dernière chose que vous faites avant
de vous coucher?
−− Ma prière
Votre bruit préféré ?
−− Le bruit des vagues
Votre plat préféré?
−− Le pot-au-feu en souvenir d’excellents
moments de mon enfance
Votre matériau préféré?
−− La pierre
Le dernier livre que vous avez lu?
−− «Attentat express: qui a tué Gilles Jac-
quier?» Un livre de Caroline Poiron, Pa-
trick Vallélian et Sid Ahmed Hammouche
sur la tragédie syrienne
Que feriez-vous si vous gagniez 6 mil-
lions à la loterie?
−− Je me ferais plaisir et partagerais au-
tour de moi
Un beau souvenir?
−− La naissance de mes enfants
Une qualité que les autres ont remar-
quée chez vous?
−− La générosité
Quel est votre plus vilain défaut?
−− Un optimisme parfois démesuré
Comment aimeriez-vous mourir?
−− Très vieux et en bonne santé
Que feriez-vous s’il ne vous restait plus
que six mois à vivre?
−− Je les passerais avec les personnes que
j’aime
Si vous étiez un animal ?
−− Un lion
La chose qui vous irrite le plus?
−− L’injustice
Une personnalité que vous auriez aimé
être?
−− Barack Obama
Un don de nature que vous auriez aimé
avoir?
−− Le don des langues	 −
Votre remède quand ça va mal?
−− Me recentrer sur moi-même, «fermer le
tiroir» et dormir…
−− Quel est le plus bel endroit du canton
de Fribourg?
−− L’Abbaye d’Hauterive.
ses petites phrases
Le 27 août, la société Ilford à Marly annonce
qu’elle a pu payer ses salaires et dégager 10
millions de liquidités grâce à la vente d’une
partie de son terrain à la société Anura SA,
présidée et administrée par Damien Piller.
Pour l’avocat et homme d’affaires, s’agit-il
d’un sauvetage ou d’une bonne affaire? En-
tretien.
Proposrecueillispar Jean-MarcAngéloz
I
l s’agit avant tout de la volonté de résoudre
un certain nombre de problèmes. Je suis très
sensible au développement de mon canton
et de ma région», nous dit Damien Piller, que
le quotidien Le Temps avait présenté comme
l’une des six personnalités qui font avancer Fri-
bourg.
Damien Piller consacre une partie importante
de son activité au pilotage de plusieurs sociétés
qui réalisent des immeubles: «Depuis 2001, nous
avons construit plus de 3000 appartements, dont
2650 dans le canton de Fribourg, principalement
pour des investisseurs institutionnels. A l’époque,
explique-t-il, les institutionnels s’intéressaient au
bassin lémanique ou, plus encore, à Zurich ou à
Bâle. Ils avaient de la peine à arriver à Fribourg.»
En tout, il a piloté des investissements à hauteur
de 1,15 milliard de francs, ce qui correspond à
un volume de travail pour 700 personnes à plein-
temps depuis 2001.
La création de Cormanon-Est,   à Villars-sur-
Glâne, fut une sorte de point de départ. Alors que
sa famille était propriétaire d’une partie des ter-
rains, il trouve des investisseurs institutionnels
pour la réalisation de ce nouveau quartier de 730
logements, de surfaces commerciales et adminis-
tratives, avec des commerces de proximité. Une
belle réussite: le développement qui aurait dû se
faire sur quinze ans a été bouclé en 9 ans. Tout
fonctionne très bien, il y a même des listes d’at-
tente pour des appartements en PPE.
«On a pu montrer aux investisseurs institution-
nels, assurances et fonds de placement qu’il est
possible d’investir à des conditions correctes et à
des prix plus raisonnables que ceux qui ont cours
qui leur sont imposés pour remplir certains cri-
tères.»
L’avenir du Groupe St-Paul?
  Le nom de Damien Piller circule aussi autour
de l’avenir du Groupe St-Paul. L’intéressé répond
du tac au tac que cela n’est pas d’actualité: «Le
groupe St-Paul a à ma connaissance  d’autres prio-
rités à l’heure actuelle, et a reporté à plus tard
la question de la restructuration de son actionna-
riat.»
dans les grands centres, avec des locataires qui
se plaisent dans les objets.» Et du coup Damien
Piller enchaîne notamment avec le projet de
l’IIot du Comptoir, à Fribourg (260 logements,
surfaces commerciales et administratives), celui
du Cœur de Bulle (plus de 160 appartements)
puis avec celui du Centre de quartier Ste-Thé-
rèse, à Fribourg.
trouver des solutionS
«Ce qui me passionne, c’est d’essayer de
trouver des solutions, de bonnes formules sur le
plan urbanistique, tout en me préoccupant du
bien-être des futurs occupants, et en attachant
une attention particulière à la qualité des loge-
ments» explique Damien Piller. Son but est éga-
lement de parvenir à des prix raisonnables, et
de jouer à fond la carte fribourgeoise en ayant
recours aux entreprises du canton, ce qui est le
cas pour 98 % des travaux.
  C’est dans ce même esprit que Damien Pil-
ler intervient dans l’affaire Ilford: «Depuis juin,
les difficultés de cette entreprise lâchée abrup-
tement par ses propriétaires étaient rendues
publiques. Un remarquable travail de manage-
ment a été fait par MM. Paul Willemns et Jean-
Marc Métrailler, qui ont annoncé la nécessité de
trouver une solution, de dégager une dizaine de
millions avant fin août pour payer les salaires,
des arriérés et se donner les moyens d’aboutir à
une restructuration plus fondamentale.»
UN MONTAGE TRES CLASSIQUE
Comment trouve-t-on 10 millions en quinze
jours ? «C’est un dossier de financement auprès
de la Banque Cantonale, un emprunt qui exige
un pourcentage de fonds propres correspon-
dant aux exigences du domaine bancaire. C’est
un montage effectué de manière très classique
avec la BCF, très rapidement compte tenu de la
nécessité pour Ilford de disposer de ces fonds au
plus vite.» La BCF n’a fait aucun privilège: «Elle a
fait son métier de manière rigoureuse. Elle a fait
preuve de beaucoup d’efficacité en empoignant
et en traitant le dossier en un temps record, vu
l’enjeu pour l’économie fribourgeoise.»
L’opération est une
promesse de vente dou-
blée d’un droit d’emp-
tion pour une surface de
115’000m2
, pour un mon-
tant de 10 millions. L’idée
est d’obtenir une décision
de dézonage de ce terrain
situé en zone artisanale et
industrielle afin qu’il soit
classé en zone résiden-
tielle. Que se passerait-il
en cas de refus de la part
des autorités? «Dans ce
cas, Anura SA se retrou-
verait propriétaire d’un
terrain industriel pour
le montant de l’acompte
versé, qui correspond à la valeur actuelle de ce ter-
rain. Ce calcul a été pris en compte par la banque.»
PLUS-VALUE à ILFORD
Et si, comme envisagé, le terrain passe en zone
résidentielle, qui profitera de la plus-value? «C’est
l’entreprise Ilford qui tirera l’avantage du chan-
gement de zone, ce qui lui permettra de dégager
des montants qu’elle pourra réinvestir», précise
Damien Piller. Et la suite sera un partenariat à
trois: Ilford, Anura SA et la commune de Marly
qui pourra acheter 15 000 m2
au prix de faveur
de 120 francs, si elle le souhaite. Et la Caisse de
prévoyance du personnel de l’Etat? «Anura a fait
une offre équitable qui avait notamment le mérite
de la rapidité dans une situation d’urgence. Ilford
a analysé la situation et a décidé librement de
l’accepter. Pour moi, il n’y a pas d’incompatibilité
car la collaboration avec des investisseurs institu-
tionnels sera de toute manière indispensable au
moment de la réalisation des constructions. Anura
collaborera très volontiers avec la Caisse de pré-
voyance du personnel de l’Etat le moment venu,
si elle le souhaite.»
Combien de logements peut-on envisager?
«Il est prématuré de le dire, tout d’abord par res-
pect pour les autorités communales de Marly, qui
définiront les objectifs. Si notre proposition est
suivie, un processus de mandat d’études paraI-
lèles sera lancé. Il s’agit d’une forme allégée de
concours d’urbanisme et d’architecture, avec ap-
pel à quelques bureaux (souvent 3, 5 ou 8 selon
l’ampleur du projet). Un comité de pilotage, dans
lequel la commune est fortement représentée,
choisit le projet lauréat. Une telle démarche a été
appliquée récemment, à plusieurs reprises, avec
satisfaction par exemple à Bulle. Une fois le projet
choisi, la planification se poursuit généralement
en collaboration avec le bureau qui a trouvé la
solution jugée la meilleure.»
Damien Piller et Ilford vont rencontrer pro-
chainement  la commune de Marly pour évoquer
la suite des opérations. «Je suis passionné par ce
genre de choses, par la conjonction de différents
facteurs, par le sauvetage d’emplois.  En collabora-
tion avec la commune, nous souhaitons créer un
quartier agréable, et homogène, qui aura comme
mission de contribuer à revaloriser la majeure par-
tie du site (250 000 sur 370 000 m2
), vouée à des
activités de recherche, de production, de services
et d’artisanat, qui est largement sous-occupée à
l’heure actuelle. L’objectif sera ainsi de créer des
emplois à forte valeur ajoutée, qui pourront être
occupés par les habitants des nouveaux logements.
Le défi sera de conjuguer harmonieusement tous
ces paramètres, en accordant une large place à la
qualité de vie et au traitement des espaces exté-
rieurs et des aspects environnementaux.»
MéDIAS, CUISINES, AVIATION…
Homme d’affaires, Damien Piller est égale-
ment actif dans le domaine des médias (voir ci-des-
sous) et gère des sociétés qui touchent à la fabrica-
tion de cuisines, à la restauration, à l’automobile
ou à l’aviation. «Dans chacun de ces domaines, il
y a la volonté de faire avancer les choses» , dit-il.
Et elles avancent. Par exemple le sauvetage de
la société Castella Frères SA à Neirivue, avec plus
de 30 emplois à la clé, qui se trouvait dans une si-
tuation extrêmement difficile en 2006. La solution
a été trouvée sous la forme d’un jumelage avec
Gremaud Cuisines Dedecker SA, et l’attribution de
commandes pour fabriquer et poser des cuisines,
armoires et portes pour les immeubles construits
dans les opérations de développement immobilier.
«L’évolution du marché amène l’entrepreneur à
devoir se remettre systématiquement en question
pour trouver la solution la meilleure pour assurer
la pérennité des emplois» relève Damien Piller.
C’est précisément dans cette optique qu’un rap-
prochement a été décidé récemment avec Raboud
Group, à Bulle, entreprise de pointe, qui avait an-
noncé vouloir développer son secteur «cuisines».
«Cette solution garantit le maintien des places de
travail, sans que l’entreprise soit tributaire de la
poursuite du volume actuel de constructions réa-
lisées, qui sera sans doute restreint à moyen voire
long terme», explique-t-il .  
Même si son père, pilote militaire de milice, a
commandé un régiment d’aviation suisse, le trans-
port aérien n’était pas le domaine de prédilection
de Damien Piller. C’est parce qu’il a été abordé par
un ami, directeur de Speedwings, qu’il s’est enga-
gé dans cette société, avec l’idée d’aider et aussi
d’utiliser l’entreprise comme vecteur d’ouver-
ture de l’aérodrome de Payerne à l’aviation civile.
«C’est un projet qui me tient à coeur. Il est malheu-
reusement bloqué depuis des années à  l’OFAC,
qui tarde au niveau de l’approbation du dossier
et du règlement d’exploitation. La concrétisation
de l’Aéropôle sera très positive pour le développe-
ment économique régional. Payerne dispose, de
par sa localisation géographique, de belles cartes
à faire valoir. La collaboration avec la COREB, qui
est le support du projet, et la Ville de Payerne est
excellente. Le secteur de l’aviation d’affaires se
relève péniblement de la crise de l’automne 2008,
qui s’est traduite par une baisse brutale de 50%
du chiffre d’affaires. Le groupe Speedwings, qui
comptait 5 sociétés, en a vu une disparaître suite
à un litige avec le propriétaire d’un avion qui y
était exploité. L’entreprise tire actuellement son
épingle du jeu, avec 18 collaborateurs.»
       A titre de hobby, Damien Piller s’occupe
notamment d’un garage à Payerne, au niveau de
la planification sans faire de direction d’entre-
prise. Il relève que les choses se complexifient là
aussi de plus en plus, les importateurs ne cessant
de poser de nouvelles exigences, parfois démesu-
rées, rendant le travail des garagistes beaucoup
plus ardu, avec de surcroît le risque de perdre la
concession s’ils ne font pas les investissements
NicolasZeller
CARTE DE VISITE
1957
Naissance le 18 août, de
Joseph-Daniel, procu-
reur général de l’Etat de
Fribourg, troisième de cinq
enfants, àVillars-sur-Glâne
qui ont la particularité
d’avoir deux grands-pères
anciens conseillers d’Etat,
Joseph Piller (instruction
publique) et Joseph Acker-
mann (finances).
1980
AprèslecollègeSt-Michel
obtientsalicenceendroit
àl’UniversitédeFribourg.
Stageàl’étudedeMe
Monferini.En1984,brevet
d’avocatenpoche,ilest
engagécommelieutenant
depréfetdelaSarine.
1989
Ouvresonétuded’avocat,à
cejourl’étudePiller&Morel.
Viendrontl’yrejoindreIsa-
belleChassot,puissonpère
lorsqu’ilaquittésafonction
deprocureurgénéralfin
1990,suividesonfrère
GrégoirePiller,ainsique
safilleaînéeen2012.A
cejour,l’étudecompte18
personnes,dont4avocats
etdeuxstagiaires.
1991
EluauConseilgénéralde
Villars-sur-Glâne,qu’ilpré-
sideraen1995,ainsiqu’au
GrandConseiloùilsera
députéjusqu’en2006.
1996
Vice-syndic,responsable
desécolespuisdesfinances
dès2001.En2006,iln’est
pasréélu.«Personnen’a
misencauselaqualité
demontravail,maisles
quelquesdizainesdevoix
quim’ontmanquésontla
conséquencedel’impres-
siondonnée,avecle
démarragedesconstruc-
tionsàCormanon-Est,
d’unmélangeentreles
intérêtspublicsetprivés.
Jemesuispourtanttou-
joursrécusédemanière
pleinementrigoureuse,
maisn’ai,sijeconsidèreles
chosesavecdurecul,pas
sul’expliquer.Jenegarde
aucuneamertumedecet
échec.»
Quatreenfants,Damien
Piller,petit-filsdejuge
fédéral,estcoauteurdu
CommentaireduCode
deprocédurepénale
ducantondeFribourg
(1998,avecClaude
Pochon).Ilestprésident
deRadioFribourg,
présidentdeMigrosNeu-
châtel-Fribourg (3000
collaborateurs),etpré-
sidentdelaFondation
d’intérêtpublicsansbut
lucratif Rosed’Automne,
àVillars-sur-Glâne,qui
accueilleunEMSeta
construit50apparte-
mentspourpersonnes
âgées,selonunconcept
novateurdanslecanton
pourfavoriserl’autono-
miedeshabitants.Ilfut
membreduconseilde
fondationduTremplinet
asiégépendant20ans
aucomitédel’Associa-
tionSt-CamilleàMarly,
dontilaassumélavice-
présidence.
«Je suis très sensible à l’essor de mon canton»
En 2009, Damien Piller a fait la une des jour-
naux pour avoir subi une garde à vue de 48
heures dans le cadre d’une enquête sur Jacques
Bouille, maire de St-Cyprien incarcéré pour
corruption. «Un vrai vaudeville», commente-t-
il, tout en déplorant les souffrances familiales
qu’une telle mésaventure provoque.
Un projet novateur à St-Cyprien, dans le sud
de la France, qui s’est distingué par son aspect
écologique, puisqu’il s’agissait à l’époque, en
2004, du plus grand lotissement de France
chauffé à l’énergie solaire, a été l’occasion
de nouer une collaboration avec la mairie.
Lorsqu’il s’est avéré, fin 2008, que le maire,
passionné d’œuvres d’art, exigeait de certains
promoteurs des tableaux – ou du cash – en
échange de classements en zone à bâtir ou
d’octroi de permis de construire, la justice a
voulu entendre Damien Piller, dont la société
avait mené de grands projets immobiliers, sur
ses rapports avec la mairie, notamment sur des
œuvres d’art propriété d’Anura SA mais mises
à disposition de la mairie en vue de la création
d’un musée. Un deuxième élément, concer-
nant un contrat de prêt dont la légalité a été
confirmée par une expertise dans le cadre de
la procédure, a été abordé. Toutes explications
ont été données, preuves à l’appui. «Dans pareil
cas, une audition aurait suffi en Suisse» déclare
Damien Piller. «Malheureusement, la France
met systématiquement en garde à vue les per-
sonnes que les magistrats décident d’entendre.
C’est ainsi que plus de 800 000 gardes à vue
sont ordonnées chaque année! Et il est difficile
de faire comprendre en Suisse que la garde à
vue n’a qu’un caractère banal en France, alors  
qu’elle laisse supposer dans notre pays une gra-
vité des éléments qui la déclenchent.»
St-Cyprien,unvraivaudeville
Etat: cohésion
en baisse
Par rapport à la dernière
législature, l’image don-
née par le Conseil d’Etat
au niveau de sa cohésion
a changé. La cohésion
me semble moins forte,
regrette Damien Piller.
Fribourg dispose de
très bons indicateurs:
une bonne situation
financière, un taux de
chômage bas, des entre-
prises performantes qui
ont réussi à relever le
défi d’un franc fort, un
enseignement de qualité
qui fait caracoler en tête
des sondages Pisa, et
un très faible taux de
vacance dans l’immobi-
lier.
Depuis une vingtaine
d’années, Fribourg a une
attitude forte, redres-
sant la tête. «Je n’aime-
rais pas que quelques
difficultés l’amènent à
baisser la voilure. Nous
avons de solides atouts,
il faut simplement que
chacun puisse continuer
à les jouer, que l’on es-
saie de travailler à l’unis-
son pour faire avancer
le canton, valoriser son
potentiel. Je suis réaliste,
optimiste, confiant.»
Radio Fribourg, La Télé et le défi des médias électroniques
C’est en tant que lieutenant de préfet de la
Sarine que Damien Piller est invité, en 1986, à
se pencher sur le dossier de Radio Sarine qui
avait obtenu une concession fédérale avant
de se retrouver surendettée. Avec le groupe
St-Paul, il monte une opération de sauvetage,
qui se concrétise par la naissance, en 1988, de
Radio Fribourg et Radio Freiburg. En 2001, les
difficultés financières placent la société dans une
situation quasi insoluble. Nouveau sauvetage
dans lequel le président Damien Piller joue un
rôle clef: «Si je n’avais pas été actif dans l’immo-
bilier, je n’aurais jamais eu les fonds qu’il a été
indispensables de trouver pour éviter le dépôt
de bilan», précise-t-il, en insistant sur le fait que
le sauvetage a été le fruit d’un formidable travail
d’équipe. Aujourd’hui, il détient près d’un tiers
du capital de l’entreprise dont les taux d’écoute,
tout comme les résultats financiers, sont excel-
lents. Président du conseil d’administration, il
souligne le travail remarquable réalisé par les
directeursThierry Savary et Markus Baumer, à
qui Radio Fribourg et Radio Freiburg doivent
beaucoup.
Dans les années 2000, sur proposition du Conseil
d’Etat, il collabore avec Albert Noth, alors patron
du groupe St-Paul, à un projet de télévision
régionale, afin de tenter de combler le manque
fribourgeois en la matière. C’est ainsi que, de fil
en aiguille, diverses hypothèses sont envisagées
pour arriver à la solution du Conseil fédéral de
marier Fribourg avec Vaud, ce qui donnera la
création de LaTélé, en 2009. Son essor est satis-
faisant. L’année dernière, les comptes ont été
quasiment équilibrés. Suite au retrait du groupe
Edipresse, le groupe St-Paul (9%) et Damien Pil-
ler (23%) se retrouvent avec un tiers du capital, le
reste étant en mains vaudoises.
«Le prochain défi à relever sur le plan fribour-
geois est de ne pas faire perdre à Fribourg le
train des médias électroniques, qui prend corps
à une vitesse impressionnante. Les habitudes
des lecteurs changent, et la demande évo-
lue à un rythme imprévu, conjointement à la
multiplication des tablettes électroniques, qui
servent désormais de support de lecture. Cela
entraîne un transfert de plus en plus important
du volume publicitaire de la presse écrite vers
les médias diffusés par internet», dit Damien
Piller: «Il s’agit d’anticiper plutôt que de subir»,
ajoutant que la mission relève de l’intérêt public
et que le pluralisme est très important pour faire
avancer l’image de Fribourg non seulement à
l’extérieur, mais aussi à l’intérieur du canton.
Damien Piller: «C’est l’entreprise Ilford qui retirera l’avantage du changement de zone, ce qui lui permettra de dégager des montants qu’elle pourra réinvestir.»

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Damien Piller | Je suis très sensible à l’essor de mon canton

  • 1. Avocat, homme d’affaires 6 l’invité 7L’Objectif du 13 au 26 SEPTEMBRE 2013 DAMIEN PILLER Votre drogue favorite? −− Le chocolat − Votre mot préféré? −− Amitié Quel métier vous n’auriez pas fait? −− Croque-mort Y a-t-il une vie après la vie? −− Oui Comment l’imaginez-vous? −− Lumineuse Qu’aimeriez-vous que Dieu vous dise? −− Je suis là Le désir que vous aimeriez réaliser? −− Faire le tour du monde, en prenant le temps… A quelle heure vous levez-vous? −− 6 heures Une belle femme? −− Une femme qui a du charme, épanouie et bien dans sa peau Votre salaire? −− Variable, vu mon statut d’indépendant Que faites-vous de votre argent? −− Je profite de la vie avec mes proches, je participe à la vie économique et je sou- tiens diverses oeuvres Une belle œuvre? −− La cathédrale St-Nicolas La dernière chose que vous faites avant de vous coucher? −− Ma prière Votre bruit préféré ? −− Le bruit des vagues Votre plat préféré? −− Le pot-au-feu en souvenir d’excellents moments de mon enfance Votre matériau préféré? −− La pierre Le dernier livre que vous avez lu? −− «Attentat express: qui a tué Gilles Jac- quier?» Un livre de Caroline Poiron, Pa- trick Vallélian et Sid Ahmed Hammouche sur la tragédie syrienne Que feriez-vous si vous gagniez 6 mil- lions à la loterie? −− Je me ferais plaisir et partagerais au- tour de moi Un beau souvenir? −− La naissance de mes enfants Une qualité que les autres ont remar- quée chez vous? −− La générosité Quel est votre plus vilain défaut? −− Un optimisme parfois démesuré Comment aimeriez-vous mourir? −− Très vieux et en bonne santé Que feriez-vous s’il ne vous restait plus que six mois à vivre? −− Je les passerais avec les personnes que j’aime Si vous étiez un animal ? −− Un lion La chose qui vous irrite le plus? −− L’injustice Une personnalité que vous auriez aimé être? −− Barack Obama Un don de nature que vous auriez aimé avoir? −− Le don des langues − Votre remède quand ça va mal? −− Me recentrer sur moi-même, «fermer le tiroir» et dormir… −− Quel est le plus bel endroit du canton de Fribourg? −− L’Abbaye d’Hauterive. ses petites phrases Le 27 août, la société Ilford à Marly annonce qu’elle a pu payer ses salaires et dégager 10 millions de liquidités grâce à la vente d’une partie de son terrain à la société Anura SA, présidée et administrée par Damien Piller. Pour l’avocat et homme d’affaires, s’agit-il d’un sauvetage ou d’une bonne affaire? En- tretien. Proposrecueillispar Jean-MarcAngéloz I l s’agit avant tout de la volonté de résoudre un certain nombre de problèmes. Je suis très sensible au développement de mon canton et de ma région», nous dit Damien Piller, que le quotidien Le Temps avait présenté comme l’une des six personnalités qui font avancer Fri- bourg. Damien Piller consacre une partie importante de son activité au pilotage de plusieurs sociétés qui réalisent des immeubles: «Depuis 2001, nous avons construit plus de 3000 appartements, dont 2650 dans le canton de Fribourg, principalement pour des investisseurs institutionnels. A l’époque, explique-t-il, les institutionnels s’intéressaient au bassin lémanique ou, plus encore, à Zurich ou à Bâle. Ils avaient de la peine à arriver à Fribourg.» En tout, il a piloté des investissements à hauteur de 1,15 milliard de francs, ce qui correspond à un volume de travail pour 700 personnes à plein- temps depuis 2001. La création de Cormanon-Est, à Villars-sur- Glâne, fut une sorte de point de départ. Alors que sa famille était propriétaire d’une partie des ter- rains, il trouve des investisseurs institutionnels pour la réalisation de ce nouveau quartier de 730 logements, de surfaces commerciales et adminis- tratives, avec des commerces de proximité. Une belle réussite: le développement qui aurait dû se faire sur quinze ans a été bouclé en 9 ans. Tout fonctionne très bien, il y a même des listes d’at- tente pour des appartements en PPE. «On a pu montrer aux investisseurs institution- nels, assurances et fonds de placement qu’il est possible d’investir à des conditions correctes et à des prix plus raisonnables que ceux qui ont cours qui leur sont imposés pour remplir certains cri- tères.» L’avenir du Groupe St-Paul? Le nom de Damien Piller circule aussi autour de l’avenir du Groupe St-Paul. L’intéressé répond du tac au tac que cela n’est pas d’actualité: «Le groupe St-Paul a à ma connaissance d’autres prio- rités à l’heure actuelle, et a reporté à plus tard la question de la restructuration de son actionna- riat.» dans les grands centres, avec des locataires qui se plaisent dans les objets.» Et du coup Damien Piller enchaîne notamment avec le projet de l’IIot du Comptoir, à Fribourg (260 logements, surfaces commerciales et administratives), celui du Cœur de Bulle (plus de 160 appartements) puis avec celui du Centre de quartier Ste-Thé- rèse, à Fribourg. trouver des solutionS «Ce qui me passionne, c’est d’essayer de trouver des solutions, de bonnes formules sur le plan urbanistique, tout en me préoccupant du bien-être des futurs occupants, et en attachant une attention particulière à la qualité des loge- ments» explique Damien Piller. Son but est éga- lement de parvenir à des prix raisonnables, et de jouer à fond la carte fribourgeoise en ayant recours aux entreprises du canton, ce qui est le cas pour 98 % des travaux. C’est dans ce même esprit que Damien Pil- ler intervient dans l’affaire Ilford: «Depuis juin, les difficultés de cette entreprise lâchée abrup- tement par ses propriétaires étaient rendues publiques. Un remarquable travail de manage- ment a été fait par MM. Paul Willemns et Jean- Marc Métrailler, qui ont annoncé la nécessité de trouver une solution, de dégager une dizaine de millions avant fin août pour payer les salaires, des arriérés et se donner les moyens d’aboutir à une restructuration plus fondamentale.» UN MONTAGE TRES CLASSIQUE Comment trouve-t-on 10 millions en quinze jours ? «C’est un dossier de financement auprès de la Banque Cantonale, un emprunt qui exige un pourcentage de fonds propres correspon- dant aux exigences du domaine bancaire. C’est un montage effectué de manière très classique avec la BCF, très rapidement compte tenu de la nécessité pour Ilford de disposer de ces fonds au plus vite.» La BCF n’a fait aucun privilège: «Elle a fait son métier de manière rigoureuse. Elle a fait preuve de beaucoup d’efficacité en empoignant et en traitant le dossier en un temps record, vu l’enjeu pour l’économie fribourgeoise.» L’opération est une promesse de vente dou- blée d’un droit d’emp- tion pour une surface de 115’000m2 , pour un mon- tant de 10 millions. L’idée est d’obtenir une décision de dézonage de ce terrain situé en zone artisanale et industrielle afin qu’il soit classé en zone résiden- tielle. Que se passerait-il en cas de refus de la part des autorités? «Dans ce cas, Anura SA se retrou- verait propriétaire d’un terrain industriel pour le montant de l’acompte versé, qui correspond à la valeur actuelle de ce ter- rain. Ce calcul a été pris en compte par la banque.» PLUS-VALUE à ILFORD Et si, comme envisagé, le terrain passe en zone résidentielle, qui profitera de la plus-value? «C’est l’entreprise Ilford qui tirera l’avantage du chan- gement de zone, ce qui lui permettra de dégager des montants qu’elle pourra réinvestir», précise Damien Piller. Et la suite sera un partenariat à trois: Ilford, Anura SA et la commune de Marly qui pourra acheter 15 000 m2 au prix de faveur de 120 francs, si elle le souhaite. Et la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat? «Anura a fait une offre équitable qui avait notamment le mérite de la rapidité dans une situation d’urgence. Ilford a analysé la situation et a décidé librement de l’accepter. Pour moi, il n’y a pas d’incompatibilité car la collaboration avec des investisseurs institu- tionnels sera de toute manière indispensable au moment de la réalisation des constructions. Anura collaborera très volontiers avec la Caisse de pré- voyance du personnel de l’Etat le moment venu, si elle le souhaite.» Combien de logements peut-on envisager? «Il est prématuré de le dire, tout d’abord par res- pect pour les autorités communales de Marly, qui définiront les objectifs. Si notre proposition est suivie, un processus de mandat d’études paraI- lèles sera lancé. Il s’agit d’une forme allégée de concours d’urbanisme et d’architecture, avec ap- pel à quelques bureaux (souvent 3, 5 ou 8 selon l’ampleur du projet). Un comité de pilotage, dans lequel la commune est fortement représentée, choisit le projet lauréat. Une telle démarche a été appliquée récemment, à plusieurs reprises, avec satisfaction par exemple à Bulle. Une fois le projet choisi, la planification se poursuit généralement en collaboration avec le bureau qui a trouvé la solution jugée la meilleure.» Damien Piller et Ilford vont rencontrer pro- chainement la commune de Marly pour évoquer la suite des opérations. «Je suis passionné par ce genre de choses, par la conjonction de différents facteurs, par le sauvetage d’emplois. En collabora- tion avec la commune, nous souhaitons créer un quartier agréable, et homogène, qui aura comme mission de contribuer à revaloriser la majeure par- tie du site (250 000 sur 370 000 m2 ), vouée à des activités de recherche, de production, de services et d’artisanat, qui est largement sous-occupée à l’heure actuelle. L’objectif sera ainsi de créer des emplois à forte valeur ajoutée, qui pourront être occupés par les habitants des nouveaux logements. Le défi sera de conjuguer harmonieusement tous ces paramètres, en accordant une large place à la qualité de vie et au traitement des espaces exté- rieurs et des aspects environnementaux.» MéDIAS, CUISINES, AVIATION… Homme d’affaires, Damien Piller est égale- ment actif dans le domaine des médias (voir ci-des- sous) et gère des sociétés qui touchent à la fabrica- tion de cuisines, à la restauration, à l’automobile ou à l’aviation. «Dans chacun de ces domaines, il y a la volonté de faire avancer les choses» , dit-il. Et elles avancent. Par exemple le sauvetage de la société Castella Frères SA à Neirivue, avec plus de 30 emplois à la clé, qui se trouvait dans une si- tuation extrêmement difficile en 2006. La solution a été trouvée sous la forme d’un jumelage avec Gremaud Cuisines Dedecker SA, et l’attribution de commandes pour fabriquer et poser des cuisines, armoires et portes pour les immeubles construits dans les opérations de développement immobilier. «L’évolution du marché amène l’entrepreneur à devoir se remettre systématiquement en question pour trouver la solution la meilleure pour assurer la pérennité des emplois» relève Damien Piller. C’est précisément dans cette optique qu’un rap- prochement a été décidé récemment avec Raboud Group, à Bulle, entreprise de pointe, qui avait an- noncé vouloir développer son secteur «cuisines». «Cette solution garantit le maintien des places de travail, sans que l’entreprise soit tributaire de la poursuite du volume actuel de constructions réa- lisées, qui sera sans doute restreint à moyen voire long terme», explique-t-il . Même si son père, pilote militaire de milice, a commandé un régiment d’aviation suisse, le trans- port aérien n’était pas le domaine de prédilection de Damien Piller. C’est parce qu’il a été abordé par un ami, directeur de Speedwings, qu’il s’est enga- gé dans cette société, avec l’idée d’aider et aussi d’utiliser l’entreprise comme vecteur d’ouver- ture de l’aérodrome de Payerne à l’aviation civile. «C’est un projet qui me tient à coeur. Il est malheu- reusement bloqué depuis des années à l’OFAC, qui tarde au niveau de l’approbation du dossier et du règlement d’exploitation. La concrétisation de l’Aéropôle sera très positive pour le développe- ment économique régional. Payerne dispose, de par sa localisation géographique, de belles cartes à faire valoir. La collaboration avec la COREB, qui est le support du projet, et la Ville de Payerne est excellente. Le secteur de l’aviation d’affaires se relève péniblement de la crise de l’automne 2008, qui s’est traduite par une baisse brutale de 50% du chiffre d’affaires. Le groupe Speedwings, qui comptait 5 sociétés, en a vu une disparaître suite à un litige avec le propriétaire d’un avion qui y était exploité. L’entreprise tire actuellement son épingle du jeu, avec 18 collaborateurs.» A titre de hobby, Damien Piller s’occupe notamment d’un garage à Payerne, au niveau de la planification sans faire de direction d’entre- prise. Il relève que les choses se complexifient là aussi de plus en plus, les importateurs ne cessant de poser de nouvelles exigences, parfois démesu- rées, rendant le travail des garagistes beaucoup plus ardu, avec de surcroît le risque de perdre la concession s’ils ne font pas les investissements NicolasZeller CARTE DE VISITE 1957 Naissance le 18 août, de Joseph-Daniel, procu- reur général de l’Etat de Fribourg, troisième de cinq enfants, àVillars-sur-Glâne qui ont la particularité d’avoir deux grands-pères anciens conseillers d’Etat, Joseph Piller (instruction publique) et Joseph Acker- mann (finances). 1980 AprèslecollègeSt-Michel obtientsalicenceendroit àl’UniversitédeFribourg. Stageàl’étudedeMe Monferini.En1984,brevet d’avocatenpoche,ilest engagécommelieutenant depréfetdelaSarine. 1989 Ouvresonétuded’avocat,à cejourl’étudePiller&Morel. Viendrontl’yrejoindreIsa- belleChassot,puissonpère lorsqu’ilaquittésafonction deprocureurgénéralfin 1990,suividesonfrère GrégoirePiller,ainsique safilleaînéeen2012.A cejour,l’étudecompte18 personnes,dont4avocats etdeuxstagiaires. 1991 EluauConseilgénéralde Villars-sur-Glâne,qu’ilpré- sideraen1995,ainsiqu’au GrandConseiloùilsera députéjusqu’en2006. 1996 Vice-syndic,responsable desécolespuisdesfinances dès2001.En2006,iln’est pasréélu.«Personnen’a misencauselaqualité demontravail,maisles quelquesdizainesdevoix quim’ontmanquésontla conséquencedel’impres- siondonnée,avecle démarragedesconstruc- tionsàCormanon-Est, d’unmélangeentreles intérêtspublicsetprivés. Jemesuispourtanttou- joursrécusédemanière pleinementrigoureuse, maisn’ai,sijeconsidèreles chosesavecdurecul,pas sul’expliquer.Jenegarde aucuneamertumedecet échec.» Quatreenfants,Damien Piller,petit-filsdejuge fédéral,estcoauteurdu CommentaireduCode deprocédurepénale ducantondeFribourg (1998,avecClaude Pochon).Ilestprésident deRadioFribourg, présidentdeMigrosNeu- châtel-Fribourg (3000 collaborateurs),etpré- sidentdelaFondation d’intérêtpublicsansbut lucratif Rosed’Automne, àVillars-sur-Glâne,qui accueilleunEMSeta construit50apparte- mentspourpersonnes âgées,selonunconcept novateurdanslecanton pourfavoriserl’autono- miedeshabitants.Ilfut membreduconseilde fondationduTremplinet asiégépendant20ans aucomitédel’Associa- tionSt-CamilleàMarly, dontilaassumélavice- présidence. «Je suis très sensible à l’essor de mon canton» En 2009, Damien Piller a fait la une des jour- naux pour avoir subi une garde à vue de 48 heures dans le cadre d’une enquête sur Jacques Bouille, maire de St-Cyprien incarcéré pour corruption. «Un vrai vaudeville», commente-t- il, tout en déplorant les souffrances familiales qu’une telle mésaventure provoque. Un projet novateur à St-Cyprien, dans le sud de la France, qui s’est distingué par son aspect écologique, puisqu’il s’agissait à l’époque, en 2004, du plus grand lotissement de France chauffé à l’énergie solaire, a été l’occasion de nouer une collaboration avec la mairie. Lorsqu’il s’est avéré, fin 2008, que le maire, passionné d’œuvres d’art, exigeait de certains promoteurs des tableaux – ou du cash – en échange de classements en zone à bâtir ou d’octroi de permis de construire, la justice a voulu entendre Damien Piller, dont la société avait mené de grands projets immobiliers, sur ses rapports avec la mairie, notamment sur des œuvres d’art propriété d’Anura SA mais mises à disposition de la mairie en vue de la création d’un musée. Un deuxième élément, concer- nant un contrat de prêt dont la légalité a été confirmée par une expertise dans le cadre de la procédure, a été abordé. Toutes explications ont été données, preuves à l’appui. «Dans pareil cas, une audition aurait suffi en Suisse» déclare Damien Piller. «Malheureusement, la France met systématiquement en garde à vue les per- sonnes que les magistrats décident d’entendre. C’est ainsi que plus de 800 000 gardes à vue sont ordonnées chaque année! Et il est difficile de faire comprendre en Suisse que la garde à vue n’a qu’un caractère banal en France, alors qu’elle laisse supposer dans notre pays une gra- vité des éléments qui la déclenchent.» St-Cyprien,unvraivaudeville Etat: cohésion en baisse Par rapport à la dernière législature, l’image don- née par le Conseil d’Etat au niveau de sa cohésion a changé. La cohésion me semble moins forte, regrette Damien Piller. Fribourg dispose de très bons indicateurs: une bonne situation financière, un taux de chômage bas, des entre- prises performantes qui ont réussi à relever le défi d’un franc fort, un enseignement de qualité qui fait caracoler en tête des sondages Pisa, et un très faible taux de vacance dans l’immobi- lier. Depuis une vingtaine d’années, Fribourg a une attitude forte, redres- sant la tête. «Je n’aime- rais pas que quelques difficultés l’amènent à baisser la voilure. Nous avons de solides atouts, il faut simplement que chacun puisse continuer à les jouer, que l’on es- saie de travailler à l’unis- son pour faire avancer le canton, valoriser son potentiel. Je suis réaliste, optimiste, confiant.» Radio Fribourg, La Télé et le défi des médias électroniques C’est en tant que lieutenant de préfet de la Sarine que Damien Piller est invité, en 1986, à se pencher sur le dossier de Radio Sarine qui avait obtenu une concession fédérale avant de se retrouver surendettée. Avec le groupe St-Paul, il monte une opération de sauvetage, qui se concrétise par la naissance, en 1988, de Radio Fribourg et Radio Freiburg. En 2001, les difficultés financières placent la société dans une situation quasi insoluble. Nouveau sauvetage dans lequel le président Damien Piller joue un rôle clef: «Si je n’avais pas été actif dans l’immo- bilier, je n’aurais jamais eu les fonds qu’il a été indispensables de trouver pour éviter le dépôt de bilan», précise-t-il, en insistant sur le fait que le sauvetage a été le fruit d’un formidable travail d’équipe. Aujourd’hui, il détient près d’un tiers du capital de l’entreprise dont les taux d’écoute, tout comme les résultats financiers, sont excel- lents. Président du conseil d’administration, il souligne le travail remarquable réalisé par les directeursThierry Savary et Markus Baumer, à qui Radio Fribourg et Radio Freiburg doivent beaucoup. Dans les années 2000, sur proposition du Conseil d’Etat, il collabore avec Albert Noth, alors patron du groupe St-Paul, à un projet de télévision régionale, afin de tenter de combler le manque fribourgeois en la matière. C’est ainsi que, de fil en aiguille, diverses hypothèses sont envisagées pour arriver à la solution du Conseil fédéral de marier Fribourg avec Vaud, ce qui donnera la création de LaTélé, en 2009. Son essor est satis- faisant. L’année dernière, les comptes ont été quasiment équilibrés. Suite au retrait du groupe Edipresse, le groupe St-Paul (9%) et Damien Pil- ler (23%) se retrouvent avec un tiers du capital, le reste étant en mains vaudoises. «Le prochain défi à relever sur le plan fribour- geois est de ne pas faire perdre à Fribourg le train des médias électroniques, qui prend corps à une vitesse impressionnante. Les habitudes des lecteurs changent, et la demande évo- lue à un rythme imprévu, conjointement à la multiplication des tablettes électroniques, qui servent désormais de support de lecture. Cela entraîne un transfert de plus en plus important du volume publicitaire de la presse écrite vers les médias diffusés par internet», dit Damien Piller: «Il s’agit d’anticiper plutôt que de subir», ajoutant que la mission relève de l’intérêt public et que le pluralisme est très important pour faire avancer l’image de Fribourg non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur du canton. Damien Piller: «C’est l’entreprise Ilford qui retirera l’avantage du changement de zone, ce qui lui permettra de dégager des montants qu’elle pourra réinvestir.»