1. I. Éducation
A. Jeune duchesse
Anne de Bretagne1, née le 25 janvier 1477 à Nantes et morte le 9 janvier 1514 à Blois de la
gravelle, est duchesse de Bretagne de 1488 à 1491 et de nouveau de 1498 à sa mort et, par ses
mariages, archiduchesse d'Autriche et reine des Romains (1490-1491), puis reine de France
(1491-1498) et reine de Sicile et de Jérusalem en droit, puis de nouveau reine de France
(1499-1514) et duchesse de Milan.
Elle était la fille de François II (1435-1488), duc de Bretagne, et de sa seconde épouse
Marguerite de Foix (v. 1449-1486), princesse de Navarre.
Elle est un enjeu central dans les luttes d’influence qui aboutiront après sa mort à l’union de la
Bretagne à la France. Elle a également été élevée dans la mémoire bretonne en un personnage
soucieux de défendre le duché face à l'appétit de ses voisins.
Sommaire
Enfance
Éducation
Anne de Bretagne naît le 25 janvier 1477 (ou le 15 janvier 1476 ancien styleNote 1) au
château des ducs de Bretagne à Nantes.
De l'éducation d'Anne de Bretagne, nous conservons peu de traces. Il est probable qu’elle
reçoit l’éducation d’une jeune noble de son temps : elle apprend à lire et à écrire en français,
peut-être un peu de latin. Contrairement à ce que l’on retrouve parfois, il est peu probable
qu’elle ait appris le grec ou l’hébreu. Elle est élevée par une gouvernante : Françoise de
Dinan, comtesse de Laval1. Son maître d’hôtel est le poète Jean Meschinot (de 1488 à la mort
de celui-ci en 1491). On lui aurait peut-être enseigné la danse, le chant et la musique.
1
Sophie Cassagnes-Brouquet, Un manuscrit d'Anne de Bretagne : Les vies des femmes célèbres d'Antoine
Dufour, Ouest-France, septembre 2007, 251 p.
2. II. Héritière de Bretagne
B.héritage
En cette période, la loi successorale est imprécise, établie principalement par le premier traité
de Guérande en 1365 par Jean IV. Celle-ci prévoyait la succession de mâle en mâle dans la
famille des Montfort en priorité ; puis dans celle de Penthièvre. En effet, côté Montfort, il ne
reste qu'Anne (puis Isabeau) et côté Blois-Penthièvre, Nicole de Penthièvre. Or en 1480,
Louis XI achète les droits de la famille de Penthièvre pour 50 000 écus. Anne de Beaujeu
confirme cette vente en 1485 à la mort de Jean de Brosse, mari de Nicole de Penthièvre.
Pour la succession du duc François II, le manque d’un héritier mâle menaçait de replonger la
Bretagne dans une crise dynastique voire de faire passer le duché directement dans le domaine
royal. François II étant en résistance contre les prétentions du roi de France il décide de faire
reconnaître héritière sa fille par les États de Bretagne malgré le traité de Guérande. Ceci a lieu
en 1486 et accroit les oppositions au duc dans le Duché, la concurrence des prétendants au
mariage avec Anne de Bretagne et mécontente l'entourage du roi de France.
Fiançailles
3. III.Fiançailles
C.Arrangements
En mariant sa fille, François II comptait renforcer sa position contre le roi de France. La
perspective de joindre le duché à leur domaine a ainsi permis successivement d'obtenir
l'alliance de plusieurs princes d'Europe :
elle fut d'abord fiancée officiellement en 1481 au prince de Galles Édouard, fils du roi
Édouard IV d'Angleterre. À la mort de son père, il fut brièvement roi (en titre) sous le nom
d’Édouard V et disparut peu après (mort probablement en 1483).
Henri VII d'Angleterre, (1457-1485-1509), alors détenu en Bretagne, mais ce mariage ne
l'intéressait pas.
Maximilien Ier d'Autriche, roi des Romains, futur empereur (1449-1508-1519), veuf de
Marie de Bourgogne, héritière de Charles le Téméraire.
Alain d'Albret, fils de Catherine de Rohan, époux de Françoise de Blois-Penthièvre (donc
héritier possible), cousin et allié de François II.
Louis, duc d'Orléans, cousin germain du roi Charles VIII et futur roi Louis XII (1462-14981515), mais il était déjà marié à Jeanne de France.
Jean de Chalon, prince d'Orange (1443-1502), neveu de François II (petit-fils de Richard
d'Étampes) et héritier présomptif du duché après Anne et Isabeau.
Le vicomte Jean II de Rohan, autre héritier présomptif, proposa avec le soutien du maréchal
de Rieux le double mariage de ses fils François et Jean avec Anne et sa sœur Isabeau, mais
François II s'y opposa.
Mariages
En 1488, la défaite des armées de François II à Saint-Aubin-du-Cormier qui conclut la guerre
folle le contraint à accepter le traité du Verger dont une clause stipule que François II ne
pourra marier ses filles sans le consentement du roi de France.
À la mort de François II quelques jours plus tard, s’ouvre une nouvelle période de crise qui
mène à une dernière guerre franco-bretonne. À Rennes le 19 décembre 1490 Anne, devenue
duchesse, épouse en premières noces et par procuration le futur Maximilien Ier, (devenu par
4. la suite empereur romain germanique) qui était alors titré roi des Romains. Ce faisant, elle
devient reine, conformément à la politique de son père. Cependant, ce mariage est une grave
provocation à l'égard du camp français qui considère qu'il viole le traité du Verger, il
réintroduit un ennemi du roi de France en Bretagne, ce que leur politique a toujours tenté
d’éviter aux XIVe et XVe siècles. De plus, il est conclu au mauvais moment : les alliés de la
Bretagne sont occupés sur un autre front (siège de Grenade pour le roi de Castille, succession
de Hongrie pour Maximilien d’Autriche).
En dépit de renforts anglais et castillans venus soutenir les troupes ducales, le printemps 1491
voit de nouveaux succès de La Trémoille (déjà vainqueur à Saint-Aubin-du-Cormier), et, se
posant en héritier, Charles VIII vient mettre le siège devant Rennes où se trouve Anne, afin
qu’elle renonce à ce mariage avec l’ennemi du royaume de FranceNote 2.
Après un siège, sans assistance et n'ayant plus aucun espoir de résister, la ville se rend. Anne
ayant refusé toutes les propositions de mariage avec des princes français, les fiançailles avec
Charles VIII sont célébrées à la chapelle des Jacobins de Rennes. Puis Anne de Bretagne se
rend, escortée de son armée (et donc libre, ce qui était important pour la légitimité du mariage
et du rattachement de la Bretagne2) jusqu'à Langeais pour les noces des deux fiancés.
L'Autriche combat désormais sur le terrain diplomatique (notamment devant le Saint-Siège),
soutenant que la duchesse vaincue a été enlevée par le roi de France et que leur descendance
est donc illégitime.
Mariage avec Charles VIII au Château de Langeais.
5. IV. Mariages
D.Epouse
Le 6 décembre 1491, Anne épouse officiellement au château de Langeais le roi de France
Charles VIII. Ce mariage est conclu en urgence, et validé après coup par le pape Innocent
VIII (le 15 février 1492) qui se décide à adresser à la cour de France l’acte d’annulation
antidaté du mariage par procuration d'Anne avec Maximilien, considéré comme n'ayant
jamais existé. Le contrat comprend une clause de donation mutuelle au dernier vivant de leurs
droits sur le duché de Bretagne. En cas d'absence d'héritier mâle, il est convenu qu’elle ne
pourra épouser que le successeur de Charles VIII3. De cette union naissent six enfants, tous
morts en bas âge4.
Reine de France
La duchesse Anne en prière
Miniature tirée des Grandes Heures d'Anne de Bretagne.
Par le mariage de 1491, Anne de Bretagne est reine de France. Son contrat de mariage précise
qu’il est conclu pour assurer la paix entre le duché de Bretagne et le royaume de France. Il fait
de Charles VIII son procureur perpétuel. Le 8 février 1492, Anne est couronnée et sacrée
reine de France à Saint-Denis. Son époux lui interdit de porter le titre de duchesse de
Bretagne5.
Elle passe beaucoup de temps en grossesses (avec un enfant tous les quatorze mois en
moyenne). Lors des guerres d’Italie, la régence est attribuée à Anne de Beaujeu, qui a déjà
tenu ce rôle de 1483 à 1491. Anne de Bretagne est encore jeune, et sa belle-sœur la suspecte6.
Elle n'a qu’un rôle réduit en France comme en Bretagne et doit parfois accepter d'être séparée
de ses enfants en bas-âge. Anne vit essentiellement dans les châteaux royaux d'Amboise, de
Loches et du Plessis ou dans les villes de Lyon, Grenoble ou Moulins (lorsque le roi est en
Italie). À Amboise, Charles VIII fait faire des travaux, tandis qu'elle réside à côté, au Clos
Lucé futur logis du créateur de la Joconde, Léonard de Vinci. Elle y a sa petite chapelle.
Elle devient reine de Sicile et de Jérusalem lors de la conquête de Naples par Charles VIII.
6. Dès la mort de Charles VIII, héritière des droits des rois de France sur la Bretagne, elle
reprend la tête de l'administration du duché de Bretagne. Elle restaure notamment la
chancellerie de Bretagne au profit du fidèle Philippe de Montauban, nomme lieutenant général
de Bretagne son héritier Jean de Chalon, convoque les États de Bretagne, émet un monnayage
à son nom7.
Parmi ses poètes de cour, il faut rappeler l'humaniste italien Fauste Andrelin de Forlì.[réf.
souhaitée]
médaille d'Anne de Bretagne réalisée pour son passage à Lyon en 1499
Trois jours après la mort de son époux, le principe du mariage avec Louis XII est acquis8, à la
condition que Louis obtienne l'annulation de son mariage avant un an. Elle retourne pour la
première fois en Bretagne en octobre 1498, après avoir échangé une promesse de mariage
avec Louis XII à Étampes le 19 août, quelques jours après le début du procès en annulation de
l’union entre Louis XII et Jeanne de France9.
7. V. Reine de France
E .Reine
Le contrat de son troisième mariage, en 1499 est conclu dans des conditions radicalement
différentes du second. À l'enfant vaincue a succédé une jeune reine douairière et duchesse
souveraine désormais incontestée, en face de qui l'époux est un ancien allié, 2ami et
prétendant. Contrairement aux dispositions du contrat de mariage avec Charles VIII, le
nouveau lui reconnaît l'intégralité des droits sur la Bretagne comme seule héritière du duché et
le titre de duchesse de Bretagne. En revanche, le pouvoir régalien en Bretagne est exercé par
Louis XII, qui prend alors le titre de duc consort, quoique les décisions soient prises au nom
de la duchesse. Anne vit à Blois où la présence de la duchesse de Bretagne est partout signée.
Elle fait édifier le tombeau de ses parents en la cathédrale de Nantes (où son cœur reviendra
également selon ses dernières volontés) avec les symboles des 4 vertus : prudence, force,
tempérance, justice, qu'elle aura toujours essayé de porter. Tous les arts italiens seront
appréciés par cette reine de plus en plus cultivée. Durant la maladie de Louis XII elle fera son
Tro Breizh et les bretons peuvent lui savoir gré d'avoir aussi longtemps que possible,
maintenu les impôts seulement sur les états, les octrois sur les pays et les jugements
également sur les pays.
Leur fille Claude de France, héritière du duché, est fiancée à Charles de Luxembourg en 1501,
pour faciliter la conduite de la 3e guerre d’Italie en renforçant ainsi l’alliance espagnole, et
pour convenir au dessein d'Anne de lui faire épouser le petit-fils de son premier mari
Maximilien d'Autriche. Ce contrat de mariage est signé le 10 août 1501 à Lyon par François
de Busleyden, archevêque de Besançon, Guillaume de Croÿ, Nicolas de Rutter et Pierre
Lesseman, les ambassadeurs du roi Philippe Ier de Castille le Beau, père de Charles de
Luxembourg. Les fiançailles sont annulées quand le risque d'encerclement plus complet du
royaume peut être évité par l’absence d’un dauphin, à qui le contrat de mariage de Louis et
Anne aurait interdit d'hériter de la Bretagne. C’est désormais au futur François Ier que sa fille
est fiancée. Anne refusera jusqu'au bout ce mariage, qui aura lieu quatre mois après sa mort,
et tentera de revenir à l'alliance matrimoniale avec le futur Charles Quint. C'est à ce moment
qu'elle commencera son « tour de Bretagne », visitant bien des lieux qu’elle n’avait jamais pu
2
Dominique Le Page et Michel Nassiet. op. cit. p 102
8. fréquenter enfant. Ses vassaux la reçoivent fastueusement et elle se fait connaître du peuple à
l'occasion de festivités, de pèlerinages et d'entrées triomphales dans les villes du duché.
VI. Références
F.sources
Sophie Cassagnes-Brouquet, Un manuscrit d'Anne de Bretagne : Les vies des femmes
célèbres d'Antoine Dufour, Ouest-France, septembre 2007, 251 p. (ISBN 978-2-7373-40291), p. 19
Contient des extraits du manuscrit conservé au Musée départemental Dobrée à Nantes.
↑ Dominique Le Page et Michel Nassiet. op. cit. p 102
↑ Dominique Le Page et Michel Nassiet. op. cit. p 105 et suivantes
↑ Didier Feuer et Jean d'Hendecourt, Dictionnaire des Souverains de France et de leurs
épouses, p.28, Pygmalion, Paris 2006
↑ Dominique Le Page et Michel Nassiet. op. cit. p. 108 et suivantes
↑ Georges Minois. Anne de Bretagne. p. 359
Le Boterf p. 148
↑ Anne, reine de France et duchesse de Bretagne. Philippe Tourault, p. 196
↑ Didier Le Fur. Louis XII : un autre César ?. Paris : Perrin, 2001. p 38
↑ Didier Le Fur. Louis XII : un autre César ?. Paris : Perrin, 2001. p. 48 : il débute le 26
septembre
↑ Notice no IM72000430 [archive], base Mérimée, ministère français de la Culture
9. I.
Éducation............................................................................................................................ 1
A. Jeune duchesse ............................................................................................................... 1
II. Héritière de Bretagne ......................................................................................................... 2
B.héritage ............................................................................................................................... 2
III.
Fiançailles....................................................................................................................... 3
C.Arrangements...................................................................................................................... 3
IV.
Mariages ......................................................................................................................... 5
D.Epouse ................................................................................................................................ 5
V. Reine de France .................................................................................................................. 7
E .Reine .................................................................................................................................. 7
VI.
Références ...................................................................................................................... 8
F.sources................................................................................................................................. 8