Le Baromètre EY du capital risque en France recense les opérations de financement en fonds propres des entreprises en phase de création ou durant les premières années d’existence, en date d’opération du 1er janvier au 31 décembre 2015, publiées avant le 14 janvier 2016.
2. Baromètre EY du capital risque en France ………………………………………………………………………………….. Bilan annuel 2015
Franck Sebag
Associé EY en charge du secteur VC-IPO en France
Quelle année ! Avec près de 2 milliards d’euros de
fonds levés en France en 2015, les investissements
en faveur des start-ups françaises ont franchi un
nouveau cap et explosé les compteurs des
pronostics les plus optimistes, pour atteindre
1,809 Md€ en 484 opérations. Il faut dire que
l’année avait démarré sur des chapeaux de roue :
au premier semestre 2015 déjà, les fonds levés
(759 M€ en 244 opérations) atteignaient en effet
presque le niveau des montants levés sur
l’ensemble de l’année 2014 (897M€ en 372
opérations). La France conserve sa 3ème place sur
le podium des pays européens, derrière le
Royaume-Uni et l’Allemagne, en termes de
montants levés.
Dans le sillage de l’excellent cru 2014, un nouveau
cap a également été franchi cette année en termes
de volumes d’opérations, avec deux levées de plus
de 100M€. On observe une augmentation du ticket
moyen avec 3,7 M€, contre 3,1 M€ en 2014, et un
grand nombre d’opérations supérieures à 10M€.
Ces gros tickets ont été concentrés principalement
dans le secteur des Services Internet. Blablacar,
qui s’était déjà distinguée l’année dernière par une
levée de fonds record de 100 M$ (73M€), domine à
nouveau le palmarès en 2015 avec une levée
spectaculaire de 177M€, saluée dans un tweet du
Ministre de l’économie : « Bienvenue chez les (très)
grands. Et bravo ! ». Valorisée à 1,6 Md$, la start-
up a rejoint le club très prisé des 147 licornes au
monde. Saluons également la levée de fonds de
100 M€ réalisée par la start-up toulousaine Sigfox,
opérateur télécom spécialisé dans les objets
connectés, qui peut laisser présager une prochaine
entrée dans le club très fermé des licornes
françaises.
Les Cassandre verront dans ces chiffres
spectaculaires, jamais vus depuis les années
2000, le spectre de la bulle planer à nouveau sur
les valeurs Internet et technologiques. Cette
analyse, qui peut se comprendre lorsque l’on se
base sur la seule similitude des chiffres entre
2000 et 2015, doit cependant être nuancée à la
lumière de fondamentaux totalement différents.
Tout d’abord, la barrière à l’entrée que
représentait le coût de lancement s’est levée : là
où il fallait à l’entrepreneur un capital de départ
de 5M $ en 1995, aujourd’hui, les technologies
d’open source et la diminution des frais de
stockage ont fait considérablement baisser cette
somme (environ 5K $ en 2014). Ensuite, la
maturité digitale et technologique des
utilisateurs ouvre à ces start-up « born global »
un accès immédiat à ce marché mondial à taille
critique. Enfin, rappelons que les consommateurs
que nous sommes n’ont jamais été aussi avides
en matière d’utilisation de nouveaux services.
Des chiffres, certes record en 2015, mais qui
traduisent une transformation profonde à l’heure
où nous changeons de cycle et de modèles
économiques. L’écosystème du financement est
bien là, et a démontré son efficacité, pour preuve
le dynamisme sans précédent de
l’entrepreneuriat français, mais il est urgent de
passer à la vitesse supérieure. Car si
l’agglomération parisienne abrite 12 000 jeunes
pousses, dont 4 000 dans Paris intra-muros, soit
plus qu’à Londres ou Berlin, la France, avec 1
licorne arrive encore en 5ème position du
palmarès des 39 licornes de la zone EMEIA,
derrière le Royaume-Uni, la Suède, l’Allemagne
et la Russie.
Au-delà de ce benchmark européen,
c’est en traversant l’Atlantique que
l’on peut saisir l’urgence de mobiliser
la force de frappe du financement
pour faire grandir des licornes
françaises : les champions agiles de
la nouvelle économie cotés au
Nasdaq affichent une jeunesse
insolente, à l’instar des GAFA âgés
en moyenne de moins de 30 ans, là
où notre CAC 40 pourrait faire figure
de panthéon du haut de ses 101
d’âge moyen. Gageons que le
dynamisme exponentiel et
ininterrompu depuis 3 ans du capital
risque en France saura relancer
notre ascenseur économique pour
propulser nos jeunes pousses dans
les pas de jeunes géants comme
Alphabet, devenue désormais la plus
grosse capitalisation boursière au
monde.
« La France, ce pays qui crée des start-
up à la chaîne ! », Capital, 09/06/2015
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2013 2014 2015
Historique
1,809 Md€ levés en 484 opérations
avec un montant moyen de 3,7 M€.
#EYBaroCR
973 M€ pour
386 opérations 897 M€ pour
372 opérations
1,809 Md€ pour
484 opérations
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Investissements par secteur
Le secteur des
Services Internet
domine le palmarès
En 2015, les gros tickets ont été
concentrés principalement dans
le secteur des Services Internet,
qui retrouve sa première place,
cédée momentanément au
premier semestre au secteur
technologique, dans le Top 5
sectoriel en attirant un tiers des
investissements cette année soit
presque deux fois plus de
capitaux que l’année dernière
(609 M€ en 2015 contre 347 M€
en 2014).
Notons que la Fintech, qui avait
fait une entrée très remarquée au
premier semestre 2015 dans ce
Top 5, maintient sa 5ème place
avec 79 M€ levés en 16
opérations.
#EYBaroCR
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Investissements par stade de maturité
2015
Total des investissements Montant moyen investi
2014
Total des investissements Montant moyen investi
#EYBaroCR
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Top 5 des investissements
#EYBaroCR
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Interview
Sébastien Fabre
Président Directeur Général & fondateur de Vestiaire Collective
Créée en 2009, la plateforme communautaire d’achat- vente de vêtements et d’accessoires de mode d’occasion, luxe et haut de
gamme, a finalisé en septembre une levée de fonds de 33 millions d’euros. Retour sur l’une des 5 meilleures levées de l’année,
menée par Eurazeo Croissance, nouvel investisseur au capital, et accompagnée des investisseurs historiques Idinvest Partners,
Balderton Capital, Condé Nast et Ventech.
1) Votre levée de fonds de 33 millions d’euros fait partie du TOP
5 des levées 2015 en France, comment s’est-elle passée ?
Elle s’est très bien déroulée ! Nous sommes entrés dans une phase
d’hyper croissance, avec un business model établi et mature : dans
ces conditions, il est forcément plus facile de lever de l’argent. Pour
chaque tour, nous avons eu la chance de pouvoir choisir la
typologie des investisseurs que nous voulions faire rentrer à notre
board et apporter ainsi de la valeur ajoutée. Nous voulions à nos
côtés des investisseurs ayant une philosophie entrepreneuriale, qui,
au-delà d’être dans une simple logique de reporting, nous
accompagneraient dans chaque étape de notre développement.
2) Pourquoi avoir levé une telle somme ?
Les premières années de Vestiaire Collective ont été consacrées au
développement de l’outil afin de nous permette d’avoir un catalogue
d’articles divers, de qualité, et différenciants de nos concurrents. Nous
avons réussi, en quelques années, à créer en Europe une vraie place de
marché, constituée d’une vingtaine de pays qui alimentent notre
plateforme et génèrent des ventes dans une quarantaine de pays.
Si aujourd’hui, nous ne sommes pas encore
rentables, cette levée de fonds va nous permettre,
d’une part d’aller à la profitabilité totale du groupe,
mais aussi de poursuivre notre croissance sur le
territoire européen et enfin d’aborder
progressivement le marché Nord-Américain, qui est
aujourd’hui le plus grand marché e-commerce au
monde. Notre ambition est de devenir d’ici 3 ans le
leader mondial de la vente de produits de mode
d’occasion en ligne.
3) Les investissements en faveur de l’économie
collaborative se multiplient ces dernières années,
comment l’expliquez-vous ?
De manière générale, on sent une tendance de fond
et un éveil de la conscience collective en faveur de
cette sphère de l’économie collaborative et
circulaire.
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Interview
Sébastien Fabre
Président Directeur Général & fondateur de Vestiaire Collective
Suite question 3
Aujourd’hui, nous regardons tous l’économie avec un œil
différent et ce type de plateforme revêt une forte dimension
économique, sociale et environnementale, qui peut expliquer
l’engouement des investisseurs. Si nous prenons notre
exemple, il y avait un vrai intérêt à remettre sur le marché
des articles à forte valeur ajoutée qui dormaient dans les
placards de nos utilisatrices. D’une certaine manière, nous
avons démocratisé le luxe en permettant à population plus
jeune et moins aisée d’avoir accès à ces pièces haut de
gamme à prix réduits.
4) Comment vous démarquez-vous de vos concurrents
auprès des investisseurs ?
Les investisseurs ont apprécié notre approche respectant
les codes de l’industrie de la mode. En effet, en apportant
de la réassurance et de l’éthique au marché secondaire,
nous permettons aux articles peu portés des saisons
précédentes de trouver un nouveau souffle en conservant
une cote élevée. Notre modèle est unique et possède trois
piliers. En amont, notre équipe de stylistes sélectionne les
articles en fonction de critères de style et de saison. En
aval, chaque produit est soigneusement contrôlé et
authentifié par notre équipe d’experts,
avant d’être expédié à son acheteur final. Enfin, nous avons
intégré très rapidement une dimension communautaire qui
permet à nos 4 millions d’utilisateurs, passionnés de mode,
d’échanger sur la plateforme.
5) 2015 a été une année record en termes
d’investissement, notamment en France, comment voyez-
vous l’année 2016 ?
Je suis extrêmement confiant ! Nous avons créé Vestiaire
Collective il y a six ans, nous avons vu les choses évoluer en
France, et c’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons fait
notre dernier tour avec un fonds français. Je me souviens de
cette phrase qui disait « en France, nous n’avons pas de
pétrole mais nous avons des idées » : elle résume à mon sens
assez bien l’état d’esprit de la « French touch ». La France est
une vraie terre d’innovation, de créativité avec une forte
culture entrepreneuriale, désormais reconnue et louée de
toutes parts. Si bien qu’aujourd’hui, les investisseurs Français,
jadis focalisés sur l’amorçage, arrivent à financer aujourd’hui
du Late Stage Venture. Nous avons tout le potentiel pour nous
rapprocher de manière organique vers la deuxième place
européenne !
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Perspective européenne
Top 3 des investissements au sein de l’UE en 2015
Avec près de 2 milliards d’euros
levés, la France a bel et bien
confirmé son poids dans
l’écosystème européen du
capital risque en 2015 ! Elle
conserve d’ailleurs sa deuxième
place en Europe en nombre
d’opérations réalisées, derrière
le Royaume-Uni, mais devant
son rival l’Allemagne, avec qui
elle reste au coude-à-coude.
#EYBaroCR
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Méthodologie
Le Baromètre EY du capital risque en France recense les opérations de financement en fonds propres des
entreprises en phase de création ou durant les premières années d’existence, en date d’opération du 1er janvier
au 31 décembre 2015, publiées avant le 14 janvier 2016.
Les données françaises présentées dans ce baromètre sont basées sur les données Dow Jones VentureSource,
CFNEWS et Capital Finance. Les données européennes sont basées sur les données Dow Jones VentureSource et
CB Insights.
Le traitement de ces données et l’analyse sont issus de la méthodologie EY et réalisés par Ernst & Young et
Associés. Nous prenons en compte dans cette étude uniquement les opérations dont le montant est
communiqué publiquement.
Le secteur des services Internet regroupe des activités telles que l’e-commerce, le marketing à la performance
(lead, référencement), le géomarketing ou les applications mobiles.
Le secteur des Life Sciences regroupe les secteurs biotech et medtech.
#EYBaroCR
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Contacts
Franck SEBAG
Associé EY en charge du secteur VC-IPO en France
@frsebag
Nadège Abdou-Brahim
Chef de projet Marketing - Start-up - VC
@nadege_AB
Bonnie Olivier
Relation médias
@BonnieOlivier
#EYBaroCR