Rachid Kaddour - Des tours Eiffel dans les grands ensembles : débats autour des démolitions de la Muraille de Chine et de la tour Plein-Ciel (Saint-Etienne)
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Rachid Kaddour - Des tours Eiffel dans les grands ensembles : débats autour des démolitions de la Muraille de Chine et de la tour Plein-Ciel (Saint-Etienne)
1. Rachid KADDOUR, ISTHME UMR5600 – ACREOR UMR, 17 avril 2013
Des tours Eiffel dans les grands ensembles :
débats autour des démolitions
de la Muraille de Chine et de la tour Plein-Ciel
(Saint-Etienne).
2. 27 mai 2000, 13h,
Implosion de la
Muraille de Chine.
24 novembre 2011, 11h45,
Implosion de la tour Plein-Ciel.
3. [1] « Orphelins de la ‘Muraille’, les jeunes Stéphanois ont du mal à imaginer la vie sans leur HLM », Libération, 27 mai 2000.
[2] « Le devenir de la Tour Plein ciel se décide aujourd’hui », La Tribune-Le Progrès, 27 juin 2009. La comparaison avec la tour Eiffel ressurgit
par ailleurs dans les médias à la démolition de la tour le 24 novembre 2011. « Démolition de la tour Plein ciel : le jour d’après », La Tribune-Le
Progrès, 25 novembre 2011.
« Saint-Etienne sans la Muraille, c'est comme Paris sans la tour Eiffel, je peux pas mieux
vous dire. Les Marseillais sont fiers de leur ville, nous on est fiers de la Muraille.
Vous pouvez pas comprendre ».
Des jeunes de Montchovet (Saint-Etienne) interviewés par Libération
avant la démolition de la Muraille de Chine le 27 mai 2000 [1].
« Beaucoup de jeunes […] sont pour son maintien. Ils nous disent qu’ils ont grandi avec,
qu’ils l’ont toujours vue. C’est leur tour Eiffel… ».
L’élu adjoint au maire référent pour le quartier de Montreynaud (Saint-Etienne)
avant le referendum sur le devenir de la tour Plein ciel au printemps 2009 [2].
4. « Les institutionnels se sont retirés, […] la grande majorité des habitants souhaite partir […]
et plus personne ne veut venir s’installer dans la Muraille » [1].
« Il ne faut pas laisser le quartier se paupériser. Si on ne fait rien, on va droit à l’explosion
sociale et à la ruine de tout le quartier. Je ne souhaite pas que Montchovet devienne
Chicago ! » [2].
« la réalité quotidienne sur Montchovet est devenue insoutenable. La précarité et l’exclusion se
développent avec, pour corollaire, une augmentation de la délinquance urbaine » [3].
« [la démolition de la Muraille] est un véritable symbole de changement pour la ville de
Saint-Etienne. Elle est le signe tangible qu’une page est tournée et que l’on s’achemine vers
une reconstruction de la cité. La ville bouge, s’embellit et se transforme. Les travaux réalisés
à Montchovet sont l’image de cette volonté » [4].
« Le quartier est proche de l’autoroute, nous pourrons favoriser l’éclosion d’activités
artisanales, et d’autres services… » [5].
« cet immeuble n’est pas une réussite, il est temps d’en finir avec l’utopie d’une époque,
celles des tours et barres des années 1960 » [6].
« il n’y a pas d’autres alternatives aujourd’hui » [7].
[1] « Michel Thiollière : je suis élu pour façonner le Saint-Etienne de demain », La Tribune-Le Progrès, 13 mars 1996. [2] « Michel Thiollière :
la décision de démolir est prise », La Tribune-Le Progrès, op. cit. [3] « Michel Thiollière : démolir la Muraille de Chine est indispensable »,
L’avenir en Loire, avril 1999. [4] « Jour J pour la Muraille de Chine », La Tribune-Le Progrès, 27 mai 2000. [5] « Michel Thiollière : la décision
de démolir est prise », La Tribune-Le Progrès, op. cit. [6] « Michel Thiollière : je suis élu pour façonner le Saint-Etienne de demain », op. cit.
[7) « Michel Thiollière : la décision de démolir est prise », La Tribune-Le Progrès, op. cit.
1 | Démolition de la Muraille : argumentaire et oppositions
5. Du côté des locataires :
« On nous fait croire que personne ne veut y vivre, mais ce n’est pas vrai ! »
« Touche pas à mon immeuble », La Tribune-Le Progrès, 6 juin 1996.
« Moi, je ne veux pas partir parce que j’aime ce quartier ! »
« Touche pas à mon immeuble », La Tribune-Le Progrès, 6 juin 1996.
« Nos logements sont spacieux, ce sont les meilleurs de l’Office, la vue est imprenable et
par beau temps, on aperçoit la plaine du Forez ; nous vivons au milieu de la verdure,
des sapins… [Et] il y a une réelle convivialité qu’on ne trouve plus ailleurs. »
« Rester et vivre à la Muraille », La Tribune-Le Progrès, 6 juin 1996.
« ça fait 20 ans que j’habite là, il y a toujours eu des problèmes, mais ça n’est pas pour autant
qu’il faut démolir »
« On ne veut pas de la démolition, d’autant plus qu’aucune concertation n’a été faite avec
les habitants »
« Un projet d’envergure pour Montchovet », La Tribune-Le Progrès, 27 février 1997.
1 | Démolition de la Muraille : argumentaire et oppositions
6. Objectifs du livre :
- « fournir un espace de parole aux élèves, leur permettre d'exprimer leurs craintes,
leurs peurs, voire leurs révoltes, et pour certains peut-être, les dépasser ».
- « laisser une trace écrite de cette histoire
commune sous la forme d'un album
imprimé de format commercial
réunissant textes et dessins ».
Constat de départ :
« Les enfants assistent depuis des années à la mort lente - parfois violente - de leur
quartier : dégradations, départ de tous les services publics, fermeture des structures
culturelles et sociales, fuite des populations et.... annonce de la destruction de leur
bâtiment, la "Muraille de Chine", qui fut le plus grand immeuble d'habitation d'Europe,
abritant jusqu'à 2500 personnes. Des années ont été nécessaires pour reloger tous
ses occupants. Cette restructuration suscite énormément de polémiques et
engendre de grandes incertitudes ».
(Document de synthèse du projet,
Site Internet de l’académie de Lyon)
2 | Faire le deuil et garder des traces
7. Rester debout
Tomber en étoile de mer pour naviguer tout le long d’un delta.
Tomber en arrière et cacher tout le pré.
Tomber sur place en implosant lugubrement.
Tomber sur sa gauche en renversant l’école.
Tomber sur sa droite en écrasant les magasins.
Tomber en tournant comme si on était dans le grand huit.
Tomber sur soi même, sans force et sans espoir.
Tomber en vague comme si on dansait du smurf (…).
Moi je veux qu’elle reste droite pour qu’elle ne gêne personne.
Tu venais chercher un peu de sel,
ils parlaient avec toi une heure,
te proposaient du café
et la moitié de leur dîner.
(Texte d’ouverture)
2 | Faire le deuil et garder des traces
8. Le quart de la moitié
La Muraille va exploser, il va y avoir de la fumée, les gens vont tous déménager, la Muraille va se vider.
Il n’y aura plus les cris des enfants, qui sont tous les jours accompagnés par leur maman.
Le marché ne sera plus rempli par les clients.
Que va alors devenir le quartier maintenant, sans les parents et leurs enfants ?
La Muraille va exploser, va-t-on laisser la moitié ? Ou le quart de la moitié ?
C’est à vous de le demander, car c’est vous qui y habitez.
Qu’envisagez vous de faire, pour que le quartier puisse vous plaire ?
Il ne faut surtout pas se taire, car Montchovet nous est cher.
Paroles en pleurs
La Muraille pourra s’écrouler,
La poussière pourra voler,
Je pleurerai, je pleurerai.
Les habitants ne pourront
plus se voir,
Les enfants se sépareront
Je pleurerai, je pleurerai.
Qu’ils détruisent la Muraille,
Je pleurerai, je pleurerai.
2 | Faire le deuil et garder des traces
9. « Au fil des années, tout un quartier s’est agrégé à la Muraille, avec une identité propre, une
véritable fierté, un sentiment d’appartenance réel et fondé. C’est la raison pour laquelle cet
évènement qui nous réunit ici n’est pas une fête ».
Le maire de Saint-Etienne, le jour de la démolition
« La démolition était juste. La violence de l’implosion, elle… On l’a fait une fois, on ne la fera
pas deux »
Le directeur de l’organisme d’HLM, juin 2006
2 | Faire le deuil et garder des traces
13. 3 | La tour Plein-ciel disparaît finalement du paysage…
14. 3 | La tour Plein-ciel disparaît finalement du paysage…
15. La tour Plein-Ciel, « le phare de Saint-Etienne »
3 | La tour Plein-ciel disparaît finalement du paysage…
16. La tour Plein-ciel, logo de manifestations culturelles ancrées
3 | La tour Plein-ciel disparaît finalement du paysage…
17. 3 | La tour Plein-ciel disparaît finalement du paysage…
« la tour ne sera plus jamais habitée, mais la municipalité propose une alternative
à sa démolition : la transformer en symbole artistique de la ville. Les habitants
sont invités à s’exprimer cet été ».
Le Progrès, 4 février 2009. [1]
L’adjoint à l’urbanisme explique en 2009 :
« la tour a été une erreur en terme d’habitat. […] En revanche, elle représente un symbole.
[…] La facilité en urbanisme est de détruire. Mais, détruire, ce n’est pas un projet en soi…
De plus, quand on démolit, ce n’est pas anecdotique. Ça suscite une émotion. […] A moins
que ce ne soient les habitants eux-mêmes qui portent la démolition. Nous souhaitons donc
mettre l’avenir de cette tour dans leurs mains ».
L’idée de l’élu est que l’« on peut garder une trace, [faire de la tour un] symbole artistique
de la ville de Saint-Etienne ». [2]
[1] « Tour Plein ciel à Montreynaud : rayonner ou s’effacer », La Tribune-Le Progrès, 4 février 2009.
[2] Idem.
Résultat du vote le 27 juin 2010 : 71 % des votants se prononcent pour la démolition,
soit 230 personnes sur les 318 votants.
18. 4 | Le mouvement HLM comme patrimoine?
Un projet modernisateur incarné dans des productions monumentales
et symbolisé par les HLM
19. « Muséifier un patrimoine HLM, ça n’a pas beaucoup de sens. Par contre, faire une
greffe qui va dans le sens initial et qui valorise notre patrimoine, c’est là que ça devient
intéressant »
L’ex-directeur de Métropole Habitat Saint-Etienne, 28 octobre 2010.
La valorisation de groupes emblèmes d’une certaine idée du HLM
4 | Le mouvement HLM comme patrimoine?
20. Mais quid des autres mémoires…
Le retour aux sources
4 | Le mouvement HLM comme patrimoine?