Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpcd5 ll5
Chateau & seignerie de Fouesnant iwhnwi
1. Au manoir presbytéral de
Rospiec
L'entretien du presbytère et de ses
dépendances était à la charge du recteur.
Après le décès de chaque recteur, une
commission procédait à l'inspection des
lieux pour en vérifier le bon état. Cela
s'était produit en 1728 à l'arrivée de M.
Perrot, puis au cours de son ministère en
1748 : les travaux préconisés avaient été
réalisés l'année suivante.
Mais cette fois, compte tenu de
l'importance de l'héritage laissé par le
défunt, le Général de la paroisse qui avait
la responsabilité du presbytère entreprit de
passer au peigne fin l'état des lieux et de
relever dans les moindres détails les
travaux à prévoir. Les héritiers du recteur,
Anne Armand Perrot, Jan Ollivier et Noël
Boulicant, ainsi que le nouveau recteur, se
mirent d'accord, souhaitant que tout soit
fait dans les règles pour éviter toute
contestation future: le procès-verbal couvre
quarante pages !
Le manoir de Rospiec ne se présentait pas à l'époque sous son aspect
actuel. La maison avait 20 mètres de long
(elle a été diminuée depuis dans sa partie
ouest), 6 de large et 8 de haut, avec neuf
ouvertures au sud, toutes de pierre de taille.
Elle comportait au rez-de-chaussée un
vestibule; côté levant, une grande et belle
cuisine dont la cheminée est encore intacte;
a l'ouest, un très grand salon avec
cheminée. A l'étage, deux chambres avec
cheminées, un cabinet, au-dessus, un
grenier. Au nord du vestibule, dans un
pavillon en saillie, un escalier en pierre de
taille desservait les appartements et le
grenier. Au sud de la cour, l'ancienne
chapelle était en ruines.
La commission nommée d'office
par sentence du siège royal de Concarneau
comprenait Sébastien de Penandreff, expert
des sieurs héritiers; noble homme Charles
Poullain, entrepreneur, expert du Général,
Messire René Marie Le Rousseau, de la
paroisse Saint-Colomban de Quimper;
Maître Le Paige, greffier au siège royal de
Concarneau les accompagnait, afin de
lever les scellés et d'ouvrir les
appartements.
La commission se pencha d'abord
sur les procès-verbaux de 1728 et 1748 qui
leur permirent d'établir exactement la 1iste
des bâtiments et annexes concernés : la
maison, l'écurie, la crèche à vaches et la
maison à four, seuls anciens édifices à la
charge du Général et "conséquemment"
des héritiers, et enfin les murs formant la
clôture de la cour, du jardin, ainsi que le
reste des clôtures "qui sont de terre," les
fossés et autres dépendances du pourpris.
Me Yves Perrault, procureur du
Général, s'est alors présenté en compagnie
de Tanguy Bertholom, le marguillier en
charge; Jean Guillermou, Jean Le Calvez,
Jean Gléonec, Paul Caradec, délibérants de
la paroisse; Jean Guériven, Alain Lozac 'h
et Charles Gléonec, délibérants de la trêve
de La Forêt; et a déclaré "consentir à ce
qu’il soit procédé par les experts au devis
estimatif conformément aux pièces
mentionnées.
Tanguy Bertholom guidera la
commission. On va d'abord s'arrêter à la
porte cochère de la cour "construite en
pierre de taille, garnie de ses vantaux : les
quatre pierres de voûte sont disjointes, il
faut démolir cette partie et replacer les
pierres à chaux et à sable, bien d'aplomb
et en alignement; il faudra aussi, en
conséquence, démolir le chapiteau et le
reconstruire à neuf avec de bons moellons
posés à mortier d'argile. On y replacera
l'écusson qui y est... On passera aux
vantaux
une peinture d'ocre rouge
détrempée et broyée à l'huile, à deux
couches..."
1/5
2. Le pavé de la cour entre la maison
principale, l'écurie et la porte cochère est
en bon état, quelques pierres seulement à
remplacer. Le mur du midi entre la chapelle et la maison à four, en bon état" sauf
au bout du levant où l'ouverture pour
communiquer avec une loge à poules devra
être reconstruite. Celui du levant, depuis la
maison principale jusqu'à la maison à four
est en mauvais état et devra être reconstruit
dans toute sa longueur de 56 pieds sur 12
pieds de hauteur.
Tous ces travaux estimés 147 Livres.
La maison principale: la façade
comportait huit fenêtres et une porte. " La
partie occidentale devra être refaite à neuf
au mortier d'argile, les jambages des
fenêtres en pierre de taille seront replacées
et posées à chaux et à sable". Le pignon
est reconnu en bon état, mais celui de la
construction le abritant le cabinet devra
être refait à neuf, ainsi que la partie
occidentale de la costière nord.
Travaux évalués 206 Livres
L'intérieur
de
la
maison
principale : L'escalier à noyau tournant en
pierre de taille est en bon état. Ce sont les
portes et fenêtres qui demandent le plus de
réparations, ainsi que les volets et vantaux
: toutes précisions sont données sur la
façon de les réparer en bois de chêne ou de
châtaignier. Dans la cuisine, "la dalle,
l'étal à baratte et les orbes sont en bon
état, ainsi que la cheminée, dont le foyer
cependant devra être refait à neuf en
pierre de taille. Il faudra aussi aplanir et
remplir en terre le sol de la cuisine et du
vestibule, de même que recaler à chaux et
à sable les deux marches de la porte qui
communique de la cuisine au vestibule".
Le plancher de la salle est bon, ainsi que la
cheminée, mais l'état des fenêtres laisse à
désirer et 20 carreaux manquent.
Travaux évalués 95 Livres.
remblayé et aplani. A l'étage, le plancher
de chambre au-dessus de la cuisine est en
bon état, ainsi que la fenêtre du côté nord
"composée à l'antique" ; les deux fenêtres
du sud" bien qu'elles présentent .."des vices
dans la construction des châssis à verres
ne peuvent être condamnées eu égard à
leur forte consistance", mais 8 carreaux
manquants sont à remplacer: de même 13
carreaux sont à remplacer à la fenêtre du
cabinet. Rien à redire de la chambre audessus de la boulangerie" ni du petit
cabinet au-dessus de la cave.
Le plancher du grand grenier est à
relever en entier à neuf avec "de bonnes
planches de sapin ou de châtaignier,
rabotées des deux côtés, jointes à rainure
et languette, clouées sur chaque solive";
La charpente est faite de bon bois, mais
certaines pièces " arquées et concavées
pour avoir été posées vertes" demandent à
être doublées en bois de chêne pour les
fortifier. Dans la couverture d'ardoises tant
du grand corps de logis que des
appartements en appentis, seules quelques
pièces "faillantes" sont à remplacer.
Une rampe d'escalier en marches de
bois, sans contre-marches, conduit à une
petite fuie* au-dessus du grand escalier de
la maison principale: "son plancher est à
relever à neuf en y plaçant une petite
trappe garnie d'une targette; la terrasse de
la dite fuie est à réparer et les tringles qui
sont au devant des ouvertures prévues
pour les pigeons à remplacer ".
Les bâtiments annexes: A l'ouest
de la cour s'étendait une construction qui
comprenait l'écurie, la "maison à buer" et
l'étable, avec 3 portes et 5 fenêtres s'ouvrant à l'est, et deux lucarnes. Un escalier
en pierre de taille au pignon nord permettait d'accéder au grenier. Les réparations à
y effectuer sont détaillées sur quatre pages:
remplacement des râteliers, des trois
poteaux qui servent de séparation à quatre
chevaux, des fenêtres, du plancher
Le sol de la "boulangerie" devra être
2/5
3. grenier, de la porte d'entrée de la crèche
aux vaches "en y attachant la serrure
encloisonnée en bois avec son écusson".
La charpente, "quoique non placée selon
les règles de l’architecture, est d'ancienne
construction et de bon bois, il suffira de la
consolider".
Montant de ces réparations: 458 Livres.
Restait encore à voir la maison à
tour, en bon état. Le grand four, ayant 6
pieds 3 pouces de diamètre, devra être
couvert de terre et de mottes après avoir
détruit la loge à poules construite sur le dit
four ; le petit four de 3 pieds 6 pouces de
diamètre, totalement détruit, est à refaire à
neuf, avec une pierre de taille pour servir
de fermeture. "Compte tenu des dangers
d'incendie que présente /a maison à four, il
est nécessaire de poser sur les poutres et
soliveaux un torchis composé de rondins
enveloppés de foin mêlé avec moitié
d'argile, une couche en dessous et une
autre en dessus".
On poursuit l'inspection par la
visite des murs du jardin, la clôture de
l'aire, les fossés des vergers, des champs,
des bois: tout est à refaire ou à réparer.
Finalement, le montant des travaux
à effectuer s'est élevé à 2.621 Livres 2 sols
3 deniers. Charles Le Poullain, architecte,
percevra pour ses vacations 56 Livres ; Le
Rousseau, 65 Livres, et de Penandreff 56
Livres.
Si les travaux de l'église furent
réalisés convenablement, il est probable
que ceux concernant Rospiec et ses
dépendances laissèrent à désirer, car
l'ensemble se retrouva assez rapidement en
état de délabrement prononcé.
Quelques remarques
Concernant l' héritage du recteur Perrot
" Les recteurs, sous l'Ancien Régime,
étaient titulaires d'un
"bénéfice avec
charge d'âmes", c’est-à-dire titulaires
d'une responsabilité pastorale à laquelle
étaient attachés, outre l'inamovibilité, des
revenus en principe bien précisés pour
chaque cas. (Le mot " bénéfice ", employé
comme terme technique du droit de
l'Église, ne comporte pas
une
connotation de "profit " aussi forte que
dans le langage courant)
Ces revenus étaient de deux sortes
- des revenus strictement bénéficiaux
- quelques revenus annexes, appelés "
casuels ", intégralement et définitivement
acquis à qui les percevait.
Les revenus bénéficiaux étaient
essentiellement constitués de la "dîme",
impôt ecclésiastique, auquel s'ajoutait,
dans le diocèse de Cornouaille, 1/3 des
quêtes du dimanche et d'autres offrandes.
Chaque recteur était tenu d'utiliser ses
revenus bénéficiaux :
- pour s'assurer une honnête subsistance ;
- pour financer, ou participer au financement de l'assistance publique dans sa
paroisse.
- pour faire face à certaines charges lui
incombant, variables avec les temps et les
lieux : ce pouvait être les grosses réparations ou les réparations courantes du
presbytère et de l'église. Dans certaines
paroisses, le recteur avait ainsi à sa
charge l'entretien du choeur de l'église.
Ces obligations remplies, s'il y
avait du superflu, le recteur ne pouvait, en
principe, se l'approprier, mais devait
l'affecter à quelques pieuses activités.
La gestion financière et matérielle
de chaque paroisse était assurée par un
"conseil de Fabrique ". Les conflits entre
recteur et conseil de Fabrique n'étaient pas
rares:
3/5
4. il est arrivé, par exemple, qu’un conseil de
Fabrique traîne en justice son recteur trop
négligent, dans son obligation d'entretenir
l'église.
En pareille situation, il est arrivé
aussi qu'un conseil de Fabrique ne bouge
pas, soit que la forte personnalité du
recteur lui ait imposé de ne pas le faire,
ou qu’il se soit laissé impressionner par les
mérites passés, le grand âge, ou les
infirmités de son pasteur ... se réservant,
celui-ci décédé, de se retourner contre ses
héritiers pour en obtenir des réparations
qui auraient du
être faites depuis
longtemps. "
Communiqué par Hubert Bouché.
NB. Nos lecteurs feront par ailleurs
un utile
rapprochement
entre
l'inventaire des biens du recteur Perrot et
d'autres inventaires déjà publiés dans nos
précédents bulletins.
Concernant les armoiries et écussons :
Regrettons tout d'abord qu'il n'en
reste rien, tout au moins rien de visible.
Ensuite que "l'expert en blason " n'ait pas
jugé utile de donner son avis sur l'origine
des armoiries qu'il a relevées : ce n'était
évidemment pas son rôle. Mais il nous est
aujourd'hui très difficile de porter un
jugement sur le bien-fondé des arguments
des prétendants aux prééminences
Les tombes et vitraux des deux
chapelles latérales appartenant aux familles
du Guenneur et Keratry -Landanet ne
devraient pas prêter à contestation.
Pourtant, mise à part la tombe rase de la
chapelle Sainte-Marguerite, on ne retrouve
dans les armes citées aucun élément des
armoiries des dites familles.
Dans la partie centrale, on peut
accorder un certain crédit aux déclarations
de Maître Cuzon, procureur de Mr de
Kerret, héritier par sa femme des
seigneuries de Kergaradec et Bréhoulou. Il
est dommage que n'ait pu être vérifiée
l'existence de la troisième tombe située
sous l’autel.
Dans te grand vitrail central, on n'a
relevé qu'un seul écusson, qui pourrait
donc porter les armes des premiers
prééminenciers : en l’occurrence, selon les
dires de la famille de Coigny, celles du
Henvez. Si cela était vérifié, on pourrait en
déduire que la seigneurie du Henvez était,
à l'époque de la construction de l'église,
c’est-à-dire au XII ème siècle, la plus
puissante de la paroisse.
Autre sujet d'étonnement, nulle part
n'apparaissent les armoiries de l'ancienne
seigneurie de Fouesnant. La famille de
Guernisac prétend bien que devraient se
trouver les armes de ses prédécesseurs,
"d'azur à une aigle éployée d'argent au
chef endanché de même", mais elles ne s 'y
trouvent pas ! Et les armes de Fouesnant
étaient "de sable à l'aigle éployée
d'argent"...
On remarquera aussi l'absence de
tout blason des tenants de Penfoulic depuis
les origines. Mais cette seigneurie avait ses
attaches plutôt à La Forêt.
Pas plus, la seigneurie de Lespont
n'est représentée, à moins que lui appartienne la tombe portant un écusson
supporté par deux lions, à rapprocher de
celui qui figurait autrefois sur le portail
d'entrée du manoir.
N.B. : Nos lecteurs trouveront, dans notre
numéro
spécial
"Seigneuries
Fouesnantaises", deux pages couleurs
représentant les armoiries citées.
Enfin, ces querelles de préséances
nous semblent aujourd'hui bien dérisoires.
Elles montrent l'attachement de la
noblesse, grande ou modeste, au moindre
de ses privilèges, même purement honorifiques. Ceci à quelques années seulement
de la Révolution...
4/5
5. LEXIQUE
Argent blanc: un "blanc" est une petite monnaie d'argent valant 5 deniers. (La Livre vaut 20
sols ou sous, un sol vaut 12 deniers, un liard vaut 1/4 de sol, soit 3 deniers.)
Bailleau : Baquet, récipient en bois.
Bois de cent: Selon le contexte, il s'agit probablement de billettes de bois de chauffage.
Cannelle: Robinet de bois qu'on met à un tonneau, un pressoir.
Charrette à dévider: C'est la traduction littérale du breton "karr-dibuner" désignant un
dévidoir, c'est-à-dire l'appareil servant à disposer le fil en écheveaux. Cependant, il est déjà
fait état d'un dévidoir dans le même paragraphe: il pourrait donc s'agir d'un rouet, en breton
"karr nézan", charrette à filer.
Chartil : Charrette servant au transport des gerbes, du foin.
Décimateur: Celui qui a le droit de lever la dîme, cette dernière étant l'impôt ecclésiastique
qui correspond à la dixième partie des récoltes (en réalité une traction variable selon les lieux
ou les circonstances).
Fuie: Petit colombier.
Général (de la paroisse) : Assemblée de quelques membres influents de la paroisse autour du
recteur afin de régler les problèmes de la communauté: une préfiguration du conseil municipal
Mannequin: Panier long et étroit en lattes de bois à claire-voie. Désigne aussi un épouvantail
à oiseaux suggérant une forme humaine.
Maye (à pâle) : Pétrin; désigne également le coffre de bois servant à ranger le pain.
Minot: Unité de mesure utilisée pour les grains, extrêmement variable selon les endroits et les
denrées. " A la mesure du Roi", un minot vaut 39 litres, mais le terme semble souvent
confondu avec la "mine", qui en vaut le double. Ces mesures sont spécifiées rases (ou ricles)
ou bien combles : dans le premier cas, on verse le grain dans la mesure jusqu'à la remplir à
ras; dans le second, on ajoute ce qui peut tenir par dessus, ce qui l'augmente d'environ 1/5.
Mulon : petite meule.
Piguelle : Pioche ( en breton," pigul).
Pochon : Diminutif de "poche", l'un et l'autre désignant un petit sac de toile.
Quélornes : Baquet ou seau en bois (en breton "kelorn").
5/5