1. Le concept de
l'humanité
Qu'est-ce qu'est réellement un être humain ? Quelles notions caractérisent
un être humain ? Un homme est-t-il toujours un être humain ? Un robot peut-il
l'être ? Comment les auteurs de science-fiction définissent-ils un être humain ?
Quelles sont les limites de l'humanité ? Comment savoir qu'un homme est un
être humain ? Autant de questions posées dans l'univers de la science-fiction.
I. La définition d'humanité de nos jours.
La réponse est unanime dans la société du XXI ème siècle : l'humanité
caractérise l'ensemble des individus qui appartiennent à l'espèce humaine. Or,
c'est quoi l'espèce humaine ? Aujourd'hui, l'espèce humaine est ce qui est
composé de deux jambes, de deux bras, d'un cœur, d'un cerveau, mais surtout
ce qui agit de sa propre volonté, qui possède une intelligence, qui ressent des
sentiments tels que la joie, la tristesse, la générosité, la bonté mais aussi la
jalousie, l'égoïsme, qui est pragmatique et qui vie en communauté, dans une
civilisation : une espèce qui a évolué, qui a oublié ses instincts primitifs. Elle se
différencie donc totalement des animaux et des végétaux. L'espèce humaine est
supérieure, elle est l'évolution du singe. Oui, mais cela ne va-t-il pas plus loin ? La
science-fiction voit-elle cela de la même façon ?
Cette énigme, cette question porte sur deux points : la propre de l'homme,
ainsi que l'unité de l'homme. Nous devons savoir quelles sont les particularités
physiques et mentales d'un humain que l'on ne retrouve pas dans ce qui n'est
pas humain. Il est aussi nécessaire de savoir dans quelles mesures ses
spécificités sont partagées par tous les individus de l'espèce humaine. Au fil du
temps, de nombreuses personnes ont essayé de répondre à cette question de "
l'humanité " notamment lors de la découverte d'autres civilisations au XVIème
siècle.
2. De nos jours, tout le monde s'accorde à dire que l'espèce humaine nous
comprend tous, sans exception. Ce "nous" signifie tous les individus qui savent
lire, s'adapter, progresser, évoluer quels que soient les caractères, les
personnalités, les couleurs de peau, les façons de penser et les manières d'agir.
Mais il y a des limites, ce qui donne un sens et une signification aux " Crimes
contre l'humanité " définis à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L'humanité
est donc l'ensemble des êtres de l'Homo sapiens à aujourd'hui et tout ce qu'ils
ont créé.
II. La notion de l'être humain dans la
science-fiction.
La définition de l'être humain dans la science-fiction n'est pas très éloignée
de celle que l'on a aujourd'hui, mais deux grands mouvements semblent ressortir
:
- Certains auteurs donnent à l'homme des modifications, des pouvoirs qui
renvoient à la notion d'humanité et d'ethnique. Ces modifications peuvent
prendre la force de clonage, d'eugénisme (modifications du patrimoine génétique
humain), d'implants, de superpouvoirs, etc. Avec ceux ci, nous pouvons étudier
les conséquences, les répercussions de l'augmentation des capacités humaines
(force, intelligence, immortalité...) On y retrouve alors la question des
responsabilités.
- D'autres auteurs, au contraire, insistent sur la place insignifiante de
l'homme. Il peuvent alors s'interroger sur la difficulté de devenir l'autre et à
définir son identité.
Mais d'autres mouvements peuvent également se dessiner. Par exemple,
un mélange entre la domination de l'homme mais à la fois leur fragilité. Cela peut
être le cas de grands films tels que 2001, L'odyssée de l'Espace du grand Stanley
Kubrick . En effet, c'est l'homme qui a permis la construction de vaisseaux, de
voyages spatiaux, et des machines, mais la situation peut également se
retourner, c'est-à-dire que c'est alors la machine qui prend le contrôle devant la
faiblesse de l'homme. On a ici le parfait exemple de l'ordinateur HAL (même si ce
sera l'homme qui 'gagnera la partie').
III. Qu'est-ce qui n'est pas un être humain ?
Avec les différentes définitions vues plus haut, il semble facile de
déterminer ce qui est humain, et ce qui est inhumain ! Mais, dans la science-
fiction, la tâche ne semble pas si facile. En effet, les auteur de SF ont inventé et
3. créé des épreuves pour déterminer la nature humaine ou non des individus par
rapport à la définition qu'ils donnaient de la nature humaine. L'exemple le plus
connu et le plus représentatif et celui du Gom Jabbar dans l'œuvre de Frank
Herbert Dune. En effet, cette épreuve a pour but de tuer les non-humains. Le
principe est simple : un aiguille empoisonnée est placée à une distance très
faible de l'individu testé, la main de ce dernier est placée dans une boite noire
qui, par, inductions nerveuses va créer une douleur intense. Si l'individu bouge, il
meurt directement et n'était pas un être humain, si il réussit à rester immobile
alors il reste en vie et est déclaré être humain. Pour Frank Herbert, l'être humain
doit être capable de maîtriser ses réflexes animaux, sa douleur, secret pour
réussir l'épreuve.
La question reste sensible pour les différents types de personnages
existants dans le science-fiction tels que les androïdes et les cyborgs. Un
androïde désigne ce qui est de forme humaine, c'est-à-dire un robot qui est
construit à l'image d'un homme dont les caractéristiques physiques sont
semblables. Il est même souvent composé d'organes mécaniques et d'organes
humains. Un androïde est alors qualifié de " machine vivante ". Quel est le degré
d'humanité ? Leur forme et leurs possibles organes humains suffisent-ils à
qualifier les androïdes d'êtres humaines, d'autant plus s'ils possèdent le même
type de vie ? Le problème est tout aussi complexe pour les cyborgs, hommes qui
ont reçu une ou plusieurs greffes mécaniques. Ce sont des êtres à mi-chemin
entre la machine et l'homme. Le cyborg est souvent utilisé pour montrer que
l'humanité est peu à peu entachée par la technologie et que nous finirons alors
par la perdre, aussi que nous remplacerons les parties du corps avec des
machines. Un cyborg est défini comme quelqu'un qui est né de l'homme, mais
ensuite complété par la technologie. Ce genre comprend Cybermen, Dark Vador,
Robocop et le Borg. Est-ce que changer des parties de son corps par des
machines est-il humain ? Reste-t-on des êtres humains après ceci ? Peut-on
passer d'un être humain à un être inhumain ? Il est difficile d'y répondre, d'autant
plus que la réponse n'existe pas vraiment.
IV. La (ou les) limite(s) du concept de l'être
humain.
Isaac Asimov a créé les Trois Lois de la Robotiques qui sont les suivantes :
- Première loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni,
restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.
- Deuxième loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres
humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi.
4. - Troisième loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure
où cette protection n'est pas en contradiction avec la première ou la deuxième
loi.
Conscient des problèmes que peuvent poser des robots très performants,
Asimov invente ces règles. Ces lois représentent déjà, dans son esprit, le danger
potentiel pour l’humanité de cohabiter avec une espèce artificielle concurrente
aux capacités supérieures à tout point de vue. Il établit donc le fait que les robots
ne sont pas des êtres humains. Mais cela ne se révèle pas si évident que ça. En
effet, dans 2001, L'Odyssée de l'espace, le robot surdéveloppé HAL commence à
ressentir ce que l'on pourrait qualifier de sentiments. Après avoir fait une erreur,
les membres du vaisseau commencent à douter de lui. Inquiet, HAL va essayer
de les éliminer un par un pour sans doute survivre (même si il n'y arrivera pas).
Ce comportement ne peut-il pas être rapproché de celui d'un homme considéré
comme un être humain alors qu'il est un robot ? Ressent-il réellement des
sentiments ? La difficulté de définir l'humanité est en partie représentée ici, mais
d'autres exemples viennent aussi illustrer les limites de ce que l'on a vu plus
haut. Terminator est un organisme cybernétique, un tissu vivant greffé sur un
métal endo-squelette. Les terminaisons ont été créées par l'ordinateur Skynet. Il
est une machine à tuer, conçu pour tromper les hommes dans leur guerre contre
l'humanité. Comment des êtres qui sont inhumains peuvent-ils s'adapter pour
paraître humains ? En faisant ça, n'utilisent-ils pas une des caractéristiques des
êtres humains, c'est-à-dire celui de s'adapter ?
Alors que les limites existent dans le sens des machines vers les hommes,
il en existent aussi du côté des êtres humains eux-mêmes. Un bon exemple est
présent dans le film à succès Avatar (film de SF du genre Planet Opera). Dans ce
dernier, nous pouvons avec ce que nous avons déjà vu plus haut caractériser les
êtres bleus, les Na'vis, comme des êtres humains (civilisation, sentiments, etc...),
mais c'est du côté des hommes que l'on s'intéresse. Leur comportement brutal et
violent envers les Na'vis, leur manque de compassion et leur insensibilité
semblable à celui d'un robot ne sont-ils pas une preuve qu'ils s'éloignent de
l'être-humain ? Si on généralise, peut-on qualifier tous les gestes, toutes les
réactions des hommes comme humains ? C'est également une des
problématiques de ce concept de l'humanité : homme veut-il toujours dire
humain ?