2. Prière à Dieu.
Voltaire XVIII
Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ;
c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et
de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures
perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de
l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui a
tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme
éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à
notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos
calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous
haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous
aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie
pénible et passagère ; que les petites différences entre
les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous
nos langages insuffisants, entre tous nos usages
ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes
nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si
disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ;
3. que toutes ces petites nuances qui distinguent les
atomes appelés hommes ne soient pas des signaux
de haine et de persécution ; que ceux qui allument
des cierges en plein midi pour te célébrer supporte
ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ;
que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche
pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui
disent la même chose sous un manteau de laine
noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon
formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon
plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en
rouge ou en violet, qui dominent sur une petite
parcelle d’un petit tas de boue de ce monde, et qui
possèdent quelques fragments arrondis d’un certain
métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent
grandeur et richesse, et que les autres les voient
sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités
ni envier, ni de quoi s’enorgueillir.
4. Puissent tous les hommes se souvenir
qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en
horreur la tyrannie exercée sur les
âmes, comme ils ont en exécration le
brigandage qui ravit par la force le fruit
du travail et de l’industrie paisible ! Si
les fléaux de la guerre sont inévitables,
ne nous haïssons pas, ne nous
déchirons pas les uns les autres dans
le sein de la paix, et employons
l’instant de notre existence à bénir
également en mille langages divers,
depuis Siam jusqu'à la Californie, ta
bonté qui nous a donné cet instant.
Voltaire, Traité sur la tolérance,
Chapitre XXIII
7. Bibliographie
Émile Durkheim, De la définition des phénomènes religieux
(1898) in: Année sociologique, vol. II, 1897-1898, p. 1 à 28,
rubrique « Mémoire originaux », Paris, PUF. Réédition :
Journal sociologique pp.140-165, Paris, PUF, 1969, 728
pages. Collection Bibliothèque de philosophie contemporaine.
Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie
religieuse, le système totémique en Australie (1912).
Réédition : introduction de Jean-Paul Willaime, Paris, PUF,
Quadrige, 2008. (ISBN 978-2-13-056751-6)
Sigmund Freud, L'avenir d'une illusion, Paris, Denoël et
Steele, 1932, première édition sous le titre Die Zukunft einer
Illusion, 1927.
William James, L'expérience religieuse (1906).
Max Müller, Introduction à la science de la religion (1873).
Max Müller, Origine et développement de la religion (1879).
Max Weber, Après « L'Éthique protestante et l'esprit du
capitalisme » (1910), Économie et société (1910-1913),
L'Éthique économique des religions mondiales
8. Mircea Eliade, Histoire des croyances et des idées religieuses, tome 1 : De
l'âge de pierre aux mystères d'Eleusis, Payot 1976, tome 2 : De Gautama
Bouddha au triomphe du christianisme (Payot, 1978), tome 3 : De Mahomet
à l'âge des réformes (Payot, 1983)
Philippe Borgeaud, Aux origines de l'histoire des religions, Paris, seuil, coll.
Librairie du xxie siècle, 2004. (ISBN 978-2020613194)
Michel Despland, La religion en Occident. Évolution des idées et du vécu,
Paris, Cerf, Coditatio Fidei, 1979, 579 p. (ISBN 2-204-01447-8)
Daniel Dubuisson, Dictionnaire des grands thèmes de l'histoire des religions :
de Pythagore à Lévi-Strauss, Éditions Complexe, 2004.
Anthony Feneuil (éd.), L'expérience religieuse. Approches empiriques,
enjeux philosophiques, Paris, Beauchesne, 2012.
Pierre Gisel et Jean-Marc Tétaz (éd.), Théories de la religion, Genève, Labor
et Fides, coll. Religions en perspective, 2002, 414 p. (ISBN 2-8309-1051-6)
Pierre Gisel, Qu’est-ce qu’une religion ?, Paris, Vrin, Chemins
Philosophiques, 2007. (ISBN 978-2-7116-1875-0)
Jean Greisch, Le buisson ardent et les lumières de la raison, L’invention de
la philosophie de la religion, t. 1, Paris, Cerf, Philosophie & théologie, 2002.
Jean Grondin, La philosophie de la religion, PUF, Que sais-je ? no 3839,
12. Définition du mot : religion
Nom féminin singulier
ensemble des croyances, des rituels,
des dogmes régissant le rapport de
l'homme et de la divinité (ou des
divinités)
croyance humaine à ces rituels et
dogmes, attitudes qui découlent de cette
croyance
au sens figuré attitude de respect et
de vénération
13. Religion : Définitions
Le terme latin religio a été défini pour
la première fois par Cicéron comme
« le fait de s'occuper d'une nature
supérieure que l'on appelle divine et
de lui rendre un culte »
14. La religion peut être comprise comme
une manière de vivre et une recherche
de réponses aux questions les plus
profondes de l’humanité, en ce sens
elle se rapporte à la philosophie
Elle peut être personnelle ou
communautaire, privée ou publique,
liée à la politique ou vouloir s’en
affranchir.
29. La laïcité
Le principe de laïcité place la liberté de
conscience (celle d’avoir ou non une religion) en
amont et au-dessus de la “ liberté religieuse ”
30. Problématique
La laïcité est peu connue et souvent
mal comprise.
Elle est entendue comme la négation
du fait religieux ou réduite à
l’athéisme.
La laïcité est donc à expliquer dans
ses fondements, c’est-à-dire les liberté
démocratiques et le respect de
l’égalité des citoyens quelles que
soient leurs convictions ou leurs
31. Laïcité : définition
La laïcité ou le sécularisme est le principe de
séparation de l'État et de la religion et donc
l'impartialité ou la neutralité de l'État à l'égard
des confessions religieuses.
Par extension, laïcité et sécularisme
désignent également le caractère des
institutions, publiques ou privées, qui sont
indépendantes du clergé.
La laïcité s'oppose à la reconnaissance d'une
religion d'État. Toutefois, le principe de
séparation entre l'État et les religions peut
trouver des applications différentes selon les
pays.
32. Laïcité :définition
Le sécularisme désigne une tendance
à faire passer des valeurs sociales
associées au domaine du sacré dans
celui du profane
Il signifie la désacralisation d’un vaste
champ d'activités dont celui de
l'organisation sociale
33. Laïcité : étymologie
Le mot « laïc »,est issu du latin laicus «
commun, du peuple (laos) »,
terme ecclésiastique repris au grec
laikos, « commun, du peuple (laos) »,
par opposition à klerikos (clerc),
désignant les institutions proprement
religieuses.
Le terme laicus est utilisé dans le
vocabulaire des églises chrétiennes dès
l'Antiquité tardive pour désigner toute
personne de la communauté qui n’est ni
clerc, ni religieux; c'est-à-dire profane en
matière de théologie.
34. L’islam est souvent cité comme une
religion en conflit avec la laïcité.
Comme toute croyance, la
religion musulmane comporte des
réfractaires à toute philosophie laïque,
mais de nombreux musulmans se
réclament de la laïcité.
43. Liberté de conscience
Elle se définit comme étant le droit - pour tout
individu - de choisir les valeurs, les principes, les
idées qui gouverneront sa vie.
La liberté de conscience est le plus souvent
associée à la possibilité du libre choix d’une
religion.
Toutefois, la liberté de conscience implique
depuis le XVIII° siècle, un choix beaucoup plus
large.
Elle inclut en effet la possibilité de choix de
philosophies ou de morales non transcendantes
qui ne se réfèrent à aucune puissance
surnaturelle comme, par exemple aujourd’hui,
l’athéisme, l’agnosticisme, le rationalisme, ...ou
encore le positivisme ou le scientisme du XIX°
siècle.
44. Elle est plus large que « la liberté
religieuse » en ce sens qu’elle permet
de choisir librement son orientation
spirituelle.
Notons aussi que la liberté de
conscience protège tout individu dans
sa décision de changer d’opinion, de
croyances, de valeurs...
45. La liberté de conscience est une liberté publique
« individuelle » en ce sens qu’elle est attachée à
chaque citoyen.
Elle ne vaut que parce que chaque citoyen est libre de
penser et de croire comme il l’entend, indépendamment
des autres.
Les libertés de religions sont aussi une liberté publique
« collective ». Elles protègent les citoyens qui pratiquent
ensemble un culte ou une philosophie dont l’exercice
suppose justement la possibilité de former une
communauté de croyants ou d’opinions, entre citoyens
partageant les mêmes convictions et qui disposent
d’exercices rituels collectifs pour se reconnaître et se
conforter.
: celle-ci ne se perçoit plus comme une donnée naturelle exigeant l'adhésion automatique aux valeurs établies, mais comme un produit de l'histoire et des politiques humaines et peut donc être soumise à la critique rationnelle et de transformation volontaire.