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REPUBLIQUE DU SENEGAL
                UN PEUPLE – UN BUT UNE FOI
                      -------------------
     MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA
            PROTECTION DE LA NATURE
                      -------------------
        DIRECTION DES PARCS NATIONAUX
                      -------------------




PLAN D’AMENAGEMENT ET DE GESTION DU
PLAN D’AMENAGEMENT ET DE GESTION DU
 PARC NATIONAL DES OISEAUX DU DJOUDJ
 PARC NATIONAL DES OISEAUX DU DJOUDJ
       (PNOD) ET DE SA PERIPERIE
        (PNOD) ET DE SA PERIPERIE
                     Version finale




              Nichoir des Pélicans (PNOD)
              Nichoir des Pélicans (PNOD)
Octobre 2005




Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie    2
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
AOF :        Afrique Occidentale Française
ATPN :       Agent technique des Parcs Nationaux
Barakh :     nom wolof de Typhae australis
BI :         Bureau d’Information
BOUTIKBI :   terme wolof pour désigner la boutique villageoise créée dans le cadre du PQGI
CIVC :       Comité Inter villageois de Conservation
COAST :      Comité d’Orientation et d’Action scientifique et Technique
CPN :        Conservateur des Parcs Nationaux
CS :         Comité Scientifique
DEEC :       Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés
DEFCCS :     Direction des Eaux, Forêts, Chasses et de la Conservation des Sols
DPNS :       Direction des Parcs Nationaux du Sénégal
FPN :        Fonds des Parcs Nationaux du Sénégal
GIE :        Groupement d’Intérêt Economique
Gowé :       terme local pour désigner Cyperus maritimus
GPF :        Groupement de Promotion Féminine
GPN :        Garde des Parcs Nationaux
GRAST :      Groupe de Réflexion et d’Appui Scientifique et Technique
GTZ :        Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
IFAN :       Institut Fondamental d’Afrique Noire
IRD :        Institut de Recherche pour le Développement
ISRA :       Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
ITPN :       Ingénieur des Travaux des Parcs Nationaux
JO :         Journal Officiel
JORF :       Journal Officiel de la République Française
MAS :        Mission d’Aménagement du Sénégal
Ndibis :     nom wolof de Diplachne fusca
OMVS :       Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal
ONG :        Organisation Non Gouvernementale
OUA :        Organisation de l’Unité Africaine
PAG :        Plan d’Aménagement et de Gestion
PC :         Poste de Commandement
PNAE :       Plan National d’Action pour l’Environnement
PNBC :       Parc National de la Basse Casamance
PNDS :       Parc National du Delta du Saloum
PNIM :       Parc National des Iles de la Madeleine
PNLB :       Parc National de la Langue de Barbarie
PNNK :       Parc National du Niokolo Koba
PNOD :       Parc National des Oiseaux du Djoudj
POAS :       Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols
PPD :        Projet Périphérie du Djoudj
PQGI :       Plan Quinquennal de Gestion Intégrée
PRAE :       Plan Régional d’Action pour l’Environnement
PTGI :       Plan Triennal de Gestion Intégrée
RENOV :      Réseau National des Volontaires de la conservation
RFFN :       Réserve de Faune du Ferlo Nord
RNP :        Réserve Naturelle de Popenguine
ROK :        Réserve Ornithologique de Kalissaye
RSFG :     Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul
SAED :     Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal et
           de la vallée de la Falémé
SAPCO :    Société d’Aménagement et de Promotion de la Petite Côte
SB :       Station Biologique
SENELEC : Société Sénégalaise d’Electricité
SONADER : Société Nationale pour le Développement Rural
Sonk :     nom wolof de Phragmites vulgaris
SV :       section villageoise
Tag :      nom local de Cyperus maritimus
Thiakhar : nom local de Nymphea lotus
TV :       Télévision
UCAD :     Université Cheikh Anta Diop
UGB :      Université Gaston Berger
UICN :     Union Mondiale pour la Nature
UNESCO :   United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation (Organisation
           des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture)
WETLANDS INTERNATIONAL : ONG intervenant dans la gestion des zones humides
WWF :      Word Wide Fund, ONG intervenant dans la gestion des écosystèmes d’eau potable
           et des écosystèmes côtiers
ZIC :      Zone d’Intérêt Cynégétique




    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                          4
AVANT PROPOS PAR LE DIRECTEUR DES PARCS NATIONAUX

Le Sénégal a mis en place et organisé la gestion d'un réseau de parcs nationaux et de réserves
naturelles représentatif des principaux biotopes caractéristiques du territoire national. Le taux de
couverture actuel des aires protégées est de 8% du territoire national, ce qui équivaut à une
superficie globale d'environ 1 516 000 hectares. Malgré les importants efforts de classement
entrepris, d'abord par les autorités coloniales qui ont créé le Parc National du Niokolo-Koba en
1954, relayées par la suite par les autorités de l’Etat sénégalais, notre pays reste encore en deçà
des normes universelles préconisées qui sont de 12% du territoire national par Etat. Atteindre
cette norme se traduirait, au niveau du Sénégal, par le classement de 850 000 hectares
supplémentaires.

On pourrait sans doute se demander comment cet objectif important serait réalisable dans la
mesure où l'institution éprouve des difficultés à préserver les acquis. Ce questionnement est
légitimé par l'insuffisance des ressources humaines, matérielles et financières qui faisait de la
DPNS une institution relativement démunie. Mais aujourd’hui, il est fort possible d’affirmer que
les choses évoluent désormais dans le bon sens ; que l'espoir commence à renaître. Mais nous
aurons toujours à l'esprit qu'en matière de conservation de la biodiversité et des ressources
naturelles, tout succès contient très souvent les germes de son propre échec, à cause notamment
des convoitises et des formes de revendication insidieuse que cela engendre.

Conscient du fait que la lutte contre la dégradation de l'environnement en général, l'érosion de la
diversité biologique en particulier est un combat sans fin, notamment à cause de la complexité des
facteurs qui interagissent, il a fallu marquer la rupture avec certaines démarches et pratiques de
gestion rendues caduques par l'évolution des contextes législatifs et réglementaires et les
mutations socio-économiques récentes. Les écosystèmes et les éléments constitutifs de la diversité
biologique sont dynamiques et interdépendants, et ont la faiblesse d'être destructibles. La
Monographie Nationale de la Biodiversité a révélé que, malgré sa portion relativement infime, le
réseau des parcs et réserves abrite les parties les plus significatives de la biodiversité sénégalaise.
Ce qui par ailleurs pourrait indiquer qu'une dégradation de l'état de conservation des aires
protégées se traduirait par des pertes significatives d'écosystèmes et d'espèces de flore et de faune,
partie intégrante du patrimoine naturel et culturel de notre pays.

L'élaboration du Plan d'Aménagement et de Gestion (PAG) du Parc National des Oiseaux du
Djoudj, après la validation de celui du Parc National du Niokolo-Koba en décembre 2000, traduit
une réelle volonté de doter chaque aire protégée d’un plan d’aménagement de gestion.
Le PAG a, en même temps, identifié et dégagé des axes d'articulation avec le Plan
d'Aménagement et d'Occupation des Sols (PAOS) de la Communauté Rurale de Ross-Béthio,
notamment par les propositions d'adéquation et d'harmonisation des programmes de conservation
et de développement intégré des ressources et des paysages du Parc National des Oiseaux du
Djoudj et sa région périphérique. L'implication des membres du Conseil Rural de Ross-Béthio et
de représentants des villages périphériques (Comité intervillageois de la périphérie du Djoudj)
depuis le début du processus a permis une appropriation des objectifs du PAG par les acteurs
locaux.

Mais aussi importants que soient les acquis de la conservation de la biodiversité et des paysages
du PNOD, et quelles que soient les propositions d'axes programmes de gestion participative et
intégrée formulées par le PAG/PNOD, le résultat final dépendra des capacités réelles des acteurs à
anticiper sur les contingences, la résolution des conflits inhérents à toute dynamique de
développement. Mais il incombe aussi à la DPNS et aux organes qui seront créés ou légitimés



    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                     5
pour l'exécution de PAG/PNOD, de s'efforcer d’entretenir des relations de confiance,
indispensables à la mobilisation durable et à la participation effective de tous les acteurs, en
particulier les organisations communautaires de base et les partenaires d'appui.

Nous nous réjouissons cependant du fait que le processus de mise en œuvre pratique du
PAG/PNOD capitalise les importants résultats des programmes des multiples partenaires au
développement, parmi lesquels figurent la coopération allemande (la Rhénanie Nord Westphalie
dont le projet a été exécuté par la Fondation Friedrich Ebert, et le Ministère de la Coopération
allemande dont les exécutions étaient confiées à la GTZ), ainsi que le Royaume des Pays-Bas qui
a financé le Plan Quinquennal de Gestion Intégré (PQGI) et le Plan Triennal de Gestion Intégrée
(PTGI) du Djoudj dont les exécutions étaient confiées au Bureau national de l'Union Mondiale
pour la Nature par le Pays Bas. Au nom du Gouvernement du Sénégal et de l'ensemble du
personnel de la Direction des Parcs Nationaux, nous voudrions saisir cette opportunité pour
renouveler notre gratitude à ces différents partenaires privilégiés, qui nous ont épaulés et
accompagnés pendant les phases les plus difficiles.

Nous remercions particulièrement la GTZ, notamment le Projet de la Périphérie du Djoudj (PPD),
d'avoir accepté de soutenir la Direction des Parcs Nationaux dans son objectif de réalisation de ce
Plan, en mettant à notre disposition les ressources humaines et financières nécessaires à son
élaboration ; et cela, malgré les contraintes d'exécution d'un projet où une telle activité n'était pas
prévue au départ. Ce qui dénote la qualité d'un partenariat basé sur la compréhension et la
confiance mutuelles que nous espérons pouvoir maintenir et consolider dans les phases
opérationnelles qui vont suivre.

Nous voudrons enfin rendre un vibrant hommage aux membres du Groupe de Réflexion et
d'Appui Scientifique et Technique (GRAST) de la Direction des Parcs Nationaux, partenaires
stratégiques privilégiés qui, parfois dans des conditions matérielles et logistiques très difficiles et
nonobstant les contraintes des calendriers surchargés des uns et des autres, ont toujours répondu à
l'invite de la DPNS pour examiner, amender et améliorer les versions des différentes étapes qui
ont caractérisé le processus d'élaboration de ce précieux outil. Avec eux, la DPNS, mieux que par
le passé, espère pouvoir compter sur les contributions de chacun d'eux, et au-delà de leurs
institutions respectives, pour faire du site du Patrimoine Mondial et Zone Humide d'Importance
Internationale du Parc National des Oiseaux du Djoudj un espace de recherche, de coopération et
d’échanges, à la dimension des statuts du site et par rapport aux besoins d'une meilleure maîtrise
scientifique et technique du fonctionnement et de la dynamique socio-écologique du Delta du
fleuve Sénégal, de part et d'autre de la frontière avec la République Islamique de Mauritanie.




    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                     6
TABLE DES MATIERES

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES....................................................................................... 3
AVANT PROPOS PAR LE DIRECTEUR DES PARCS NATIONAUX.......................................5
TABLE DES MATIERES............................................................................................................... 7
INTRODUCTION........................................................................................................................... 8
CHAPITRE 1 : Le PNOD et son environnement.........................................................................10
CHAPITRE 2 : Objectifs d’aménagements et
options stratégiques....................................................................................................................... 55
CHAPITRE 3 : Plan d’action, mise en œuvre, suivi/évaluation, budgétisation, cadre logique et
calendrier d’exécution................................................................................................................... 70
Les capacités de la Station biologique sont renforcées................................................................92
Le suivi des indicateurs sur l’écosystème/les espèces est défini et assuré...................................92
Les opportunités de valorisation des paysages et des ressources sont identifiées........................93
L'Eco-tourisme est promu dans le Parc et sa périphérie............................................................93
CHAPITRE 4 : Cartographie générale........................................................................................ 95
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...................................................................................107
ANNEXES................................................................................................................................... 109
Phacochère.................................................................................................................................. 115




      Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                                                            7
INTRODUCTION
Dans le contexte de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale relative à la Convention sur la
Diversité biologique, la Direction des Parcs Nationaux a engagé un processus consistant à doter
chaque Parc National et Réserve Naturelle d’un Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG). Cette
option tire sa légitimité des conclusions du Conseil Interministériel du 17 août 1993, confirmée
par la Lettre de Politique Sectorielle du Sénégal relative à l’Environnement et le Développement
Durable.

Le PLAN D’AMENAGEMENT ET DE GESTION, ou plan directeur d’aménagement, est un
« outil » évolutif attaché à un espace protégé pour guider l’ensemble des activités des
gestionnaires pendant des séquences périodiques plus ou moins longues.
Le Plan de Gestion des aires protégées est un cadre de référence en matière de gestion des
ressources naturelles sur des espaces spécifiques mais qui s’inspire des politiques et stratégies
nationales relatives à l’Environnement et au Développement. Sous ce rapport, le Plan de Gestion
des aires protégées prend en compte les orientations stratégiques consignées dans :
0        - le Plan National d’Action pour l’Environnement (PNAE) ;
1        - la Stratégie Nationale et le Plan National d’Action pour la Conservation de la
            Biodiversité ;
2        - les Plans Régionaux d’Action pour l’Environnement (PRAE) ;
3        - les Plans Locaux de Développement ;
4        - les programmes sectoriels à l’échelle locale, nationale, ou régionale, relatifs à
            l’environnement et au développement durable ;
        - le Cadre de Dépense Sectoriel à Moyen Terme du Ministère.
Le PAG doit prévoir les modalités d’une intégration harmonieuse des actions de développement
rural en périphérie de l’aire protégée.
Pour le Parc National des Oiseaux du Djoudj, le processus d’élaboration du Plan d’Aménagement
et de Gestion prolonge et élargit les actions de planification déjà exécutées ou en cours
d’exécution, notamment le Plan Quinquennal de Gestion Intégrée (PQGI) et le Plan Triennal de
Gestion Intégrée (PTGI)

L’ambition du PAG est de fonder les choix d’aménagement et de développement sur le respect
des patrimoines naturels et culturels locaux, qui en sont le support et en constituent les limites. La
mise en œuvre des orientations et des mesures du Plan de gestion se fera dans le cadre de
programmes pluriannuels définis avec les collectivités locales et l’Etat.

Le PAG/PNOD constitue un projet global d’aménagement, de protection et de développement
durable du territoire à l’initiative partagée de l’Etat, des populations et des collectivités locales
concernées.

Il souligne les principes majeurs qui guideront les choix d’aménagement, de développement et de
conservation ; il met en relief les objectifs à atteindre, les résolutions conclues entre les
partenaires et les mesures qu’ils s’engagent à prendre.




    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                    8
Le plan de gestion du PNOD est structuré en quatre parties :
5      - le chapitre 1 décrit l’état des lieux du PNOD en termes de ressources naturelles,
           environnement socio-économique et d’organisation institutionnelle et administrative ;
6      - le chapitre 2 dégage les objectifs visés par l’aménagement du parc et les options
           stratégiques qui orientent les actions ;
7      - le chapitre 3 indique le plan d’action, la mise en œuvre, le suivi/évaluation, la
           budgétisation, le cadre logique et le calendrier d’exécution.
8      - le chapitre 4 présente la cartographie générale.

Le plan de gestion du PNOD a été élaboré à partir d’une approche participative impliquant, à côté
de l’équipe de consultants, des agents du PNOD, des élus locaux et des populations vivant dans la
périphérie du PNOD, des membres du GRAST…...




    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                               9
CHAPITRE 1 : Le PNOD et son environnement




Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie   10
1.1        Contextes

1.1.1 International

Les principales lignes de force qui configurent le visage du monde actuel ont pour noms :
libéralisation économique, crise écologique, nouvelle vision des rapports entre l’homme et son
environnement.

Le triomphe du modèle philosophico-économique libéral, baptisé par euphémisme mondialisation,
se traduit par un cadrage macro-économique qui soumet toutes les stratégies et planification du
développement au service du capital, réduit les prérogatives et sphères d’intervention de l’Etat.
Sous ce rapport, les ressources naturelles sont l’objet d’une surexploitation qui menace l’équilibre
de la Planète. Les ressources les plus affectées à l’échelle planétaire par le rythme, le volume et
les nouvelles formes de consommation sont l’eau, les terres arables, les forêts tropicales et les
ressources halieutiques.

La fin du dernier millénaire a vu naître et prospérer une autre perception du développement qui
intègre la dimension environnementale. Cette vision est à l’origine de la définition de nouvelles
orientations politiques et de stratégies de gestion des ressources naturelles impulsées à partir du
système des Nations Unies (UNESCO) et appuyées par des ONG d’envergure internationale
comme WWF, UICN WETLANDS INTERNATIONAL. Cette nouvelle démarche est fondée sur
la reconnaissance d’une plus grande place à la société civile et aux populations locales dans la
planification, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des programmes et politiques en matière de
conservation des ressources naturelles et de la biodiversité.

1.1.2 National

Le Sénégal est un pays sahélien ouvert sur la mer (700 km de côtes). Les trois dernières décennies
y ont été marquées par des déficits pluviométriques très prononcés qui n’ont pas manqué
d’affecter les ressources naturelles et les productions agricoles. Les manifestations de la
péjoration climatique varient selon les régions. L’état de dégradation des ressources naturelles est
de plus en plus accentué le long d’un gradient sud/nord, fortement influencé par l’évolution du
gradient pluviométrique.

Globalement, la récurrence des sécheresses a engendré, entre autres conséquences :
       - un rétrécissement de la couverture végétale et une dégradation des ressources
          fourragères et/ou forestières dans une grande partie du pays ;
       - une diminution de la densité des espèces ligneuses dans les formations végétales;
       - une baisse sensible des nappes souterraines ;
       - une altération de la qualité des sols ;
       - une dégradation de la diversité biologique.

Les productions agricoles marchandes qui ont enregistré une forte baisse au cours de la même
période amorcent un redressement depuis l’hivernage 2000, mais dans un environnement
économique mondial de récession. C’est pour maîtriser, voire inverser ces tendances régressives
que l’Etat a entrepris, seul ou en partenariat avec ses voisins, de réaliser un certain nombre de
programmes axés sur la mobilisation des ressources hydrologiques, la restauration des terres
dégradées, la protection des habitats. Ces initiatives bénéficient de l’appui des partenaires au
développement.




      Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                               11
1.1.3 Régional et local

Le Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD), entièrement situé dans l’écosystème Deltaïque
du fleuve Sénégal, est constitué de lacs, marigots et bancs de sable. Un des premiers refuges,
après le Sahara, pour les oiseaux paléarctiques migrateurs et afro-tropicaux, il représente une
réserve génétique exceptionnelle pour de nombreuses espèces végétales et animales. Pour ces
raisons, le PNOD est inscrit sur la liste des zones humides d’importance internationale
(Convention de Ramsar). Il est également un site du Patrimoine mondial de l’humanité pour
l’UNESCO.

Localisé dans le moyen Delta, le PNOD est exposé à l’influence directe des dynamiques
écologiques et socio-économiques qui affectent le Delta. C’est ce qui explique les liens étroits
entre les enjeux du PNOD et le double contexte de l’après-barrage et de la régionalisation.

Au plan écologique, les modifications du régime hydrologique du Djoudj liées au fonctionnement
du barrage de Diama constituent une contrainte majeure au regard des besoins de préservation de
la biodiversité.

Si les collectivités locales ont revendiqué, en un moment, un renforcement de leur pouvoir de
contrôle et de gestion sur le PNOD et les populations riveraines un accès plus libre aux ressources
du parc, toutes ces revendications sont de plus en plus tempérées par la mise en place d’une
stratégie de gestion concertée de l’aire protégée et sa périphérie par l’intermédiaire du PQGI, du
PTGI et du PPD.

Le Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols (POAS) réalisé par la communauté rurale de
Ross-Béthio, à partir d’une démarche participative, ouvre des opportunités pour renforcer la
concertation entre le PNOD et son environnement.

1.2        Localisation du parc et de sa périphérie

Créé en 1971, le Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD) est situé dans la Communauté
rurale de Ross-Béthio (Département de Dagana), entre 16°30' N et 16°10' W. Il est localisé dans
le Delta du Fleuve Sénégal, à près de 15 km de Ross-Béthio et 60 kilomètres au Nord-Est de Saint
Louis. Il représente un des quartiers d’hiver, dans le circuit migratoire des oiseaux, juste après
2000 kilomètres de traversée du désert du Sahara. Il est composé d'un ensemble de marécages, de
lacs temporaires, de cuvettes inondables, et de marigots.

Il s’étend dans ses limites actuelles sur une superficie de 16 000 hectares environ. Il est bordé au
Nord et Nord-Ouest par une digue périphérique, au Sud par le marigot du Gorom aval et à l’Est
par celui du Rhad.

Le PNOD est ceinturé, dans sa couronne immédiate, par sept villages qui constituent les
partenaires solidaires du PQGI, du PTGI et du PPD. Il s’agit de Débi, Diadiam I, Diadiam II,
Diadiam III, Fourarate, Rone et Tiguet.




      Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                               12
1.3        Milieu bio-physique

1.3.1 Présentation éco-géographique

Situé entièrement dans les écosystèmes Deltaïques du Fleuve Sénégal, le Parc National des
Oiseaux du Djoudj (PNOD) se présente sous la forme d’un ensemble de terres très basses, sans
relief marqué. Les terrains qui le constituent sont récents et résultent de l’action simultanée du
fleuve, de la mer et du vent. Ces terres basses, ensemble de petites cuvettes à altitude comprise
entre 0,50 et 1,00 m IGN, sont parcourues par un réseau anastomosé de marigots (Diar, Gorom,
Djoudj, Khar, Tiguet, Diolar...), de lacs (Grand Lac, Lamentin, Khar) et de mares (Tantale,
Diensah, Khoyoye).

1.3.1.1 Facteurs physiques dominants

Le Delta du Fleuve Sénégal est enchâssé dans les vestiges d’un erg de dunes rouges et
compartimenté par un jeu complexe de dépôts fluviatiles, marins et éoliens.

a. Conditions climatiques

Le climat est caractérisé par une transition entre des influences d’un domaine continental sahélien
et d’un domaine littoral. Par conséquent, les masses d’air des vents saisonniers sont, selon leur
provenance, soit sèches ou humides, soit froides ou chaudes. La pluviométrie est faible. Elle est
marquée par une diminution sensible au cours des vingt dernières années.

Tableau 1 : Principales données climatiques du Delta du fleuve Sénégal.

Température minimum                                  13°C (janvier) à 25°C (août)
Température maximum                                  30°C (février) à 39°C (mai)
Précipitation annuelle                               200 à 250 mm/an
Précipitation mensuelle minimum                      0 mm/mois (avril)
Précipitation mensuelle maximum                      130 mm/mois (septembre) dont environ 90% en août et
                                                     septembre
Evaporation potentielle                              3 500 mm/an en moyenne
Vents alizés dominants                               Vitesse de 7 m/s à partir de janvier
Vents de sable                                       Vitesse dépassant 15 m/s au mois de mai

Le régime climatique est subdivisé en fonction de trois saisons principales :
       - la saison des pluies, de juin à septembre
       - la contre-saison froide et sèche, d’octobre à février
       - la contre saison chaude et sèche, de mars à juin

Les deux contre-saisons correspondent à la période de migration des oiseaux du paléarctique et de
nidification de certaines espèces d’oiseaux.

Les principales données climatiques relevées dans les stations du Delta confirment le caractère
semi aride de cette zone.




      Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                   13
b. Aperçu géologique

La morphologie actuelle s’est essentiellement façonnée au cours du Quaternaire, sous l’influence
d’épisodes climatiques alternativement secs et humides affectant le régime hydrologique et les
conditions marines de la région.

Les dépôts fluvio-marins qui couvrent le Delta sont constitués d’une couche épaisse et continue de
dépôts sableux nouakchottiens, surmontés de formations diverses et discontinues. Ces formations
sont de nature sableuse (hautes levées) ou sablo-limoneuse à limono-argileuse (levées
subactuelles à actuelles). Elles alternent avec des parties dépressionnaires à sédiments
essentiellement argileux (cuvettes de décantation, dépressions endoréiques, dépressions
interdunaires, sebkhas), avec des formations éoliennes sableuses (dunes rouges anciennes, dunes
jaunes récentes et cordons littoraux), et localement avec d’anciens dépôts marins (terrasses
marines à coquillages).

L’influence marine est à la fois héritée de la phase ancienne du Nouakchottien et d’épisodes plus
récents, avec une intrusion de la langue salée largement en amont du Delta, jusqu’à Podor. Cette
influence est marquée par des dépôts organo-minéraux (vasières, mangroves fossiles) et salins.

c. Aspects pédologiques et hydrogéologiques

Dans le Delta, la pédogenèse est influencée par trois facteurs principaux : la sédimentation, la
salinisation et le régime hydrique. Il en résulte un lien étroit entre la typologie des sols et la
répartition des formations alluviales.

Les sols du Parc National des Oiseaux du Djoudj, plus ou moins halomorphes et hydromorphes,
sont de formation fluvio-deltaïque (delta de rupture, petites levées subactuelles à actuelles, petites
dépressions …). Ils sont caractérisés par un régime hydrique plus humide marqué par une
inondation réduite, mais un engorgement plus fréquent et une forte influence des remontées
capillaires des sols à texture limoneuse à limono-argileuse. Ces remontées favorisent les processus
de salinisation des horizons de surface, en particulier au voisinage des parties inondées qui
maintiennent une nappe phréatique élevée durant une partie de la saison sèche et chaude
(TRICART, 1964).

d. Réseau hydrographique et régimes hydrologiques

Le bassin du Djoudj s’inscrit dans une cuvette de forme ovoïde, de 18 000 ha de superficie. Il est
limité au nord par le bassin de Ndepelout et celui du fleuve Sénégal, à l’ouest par le bassin du
Sénégal, au sud par le Gorom et à l’est par le système Gorom-Lampsar.

Deux régimes hydrologiques qui se sont succédé dans le Delta (le régime naturel et celui modifié
par la construction des barrages) ont alternativement marqué le fonctionnement du Djoudj.

•   Réseau hydrographique du Djoudj

L’hydrographie du Djoudj est un système complexe formé par une série de lacs ou mares reliés
par des axes hydrauliques.

Les lacs qui forment la grande cuvette morphologique du Djoudj et justifient l’existence de la
grande réserve ornithologique (COLY, 2001) sont :
       - Le Grand lac, réservoir le plus important du système (5 500 ha de superficie), est situé
           au sud de la réserve ; il mesure 4,5 km de long sur 2,3 km de large à son centre ;



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-     Le lac Khar, situé au sud du Grand lac, s’étend sur 1 500 ha ; long de 1,8 km et large
               de 300 m environ, il est alimenté par le marigot du Djoudj ;
         -     Le lac du lamantin situé au nord du Grand lac, se déploie sur 1 000 ha ; il a une
               longueur moyenne de 2,5 km et une largeur de 500 m ; il reçoit les flux du canal du
               Crocodile soutenu par le marigot de Thieguel.

Les axes hydrauliques qui relient ces cuvettes sont :
        - le Thieguel : c’est le prolongement nord-est du Djoudj vers le système des lacs du
           Crocodile et du Lamantin ;
        - le canal du Crocodile, long de 7 km, permet le remplissage du Djoudj par le nord ;
        - le Demsa, embranchement de rive gauche du Djoudj, rejoint le Grand lac ;
Le Demsa et le Thiéguel sont interconnectés par le système du Diolar qui se situe en pleine
cuvette du Djoudj (COLY, 2001).

•   Régimes hydrologiques

Le fonctionnement du système du Djoudj est commandé par un système de vannes. Les ouvrages
vannés ont été installés sur la digue périphérique du Delta construite en 1964. Il s’agit de :
       - l’ouvrage du canal du Crocodile équipé de quatre vannes avec passes de 2,50 m de
           long et 1,50 m de large ; son niveau de crête se situe à +3,90 m et le niveau de seuil à
           –1,00 m environ (débit nominal :10 m3.s-1 ) ;
       - l’ouvrage du marigot du Djoudj doté de quatre vannes avec des passes de 2,50 m de
           long et 1,50 m de large et le niveau radier à –2,00 m IGN ; le niveau de crête se situe à
           + 3,38 m (débit maximal : 20 m3.s-1 ).

L’ouvrage de Gorom et l’ouvrage de terre dit « digue de Sara » complètent le dispositif. Le
premier permet l’amélioration de la qualité de l’eau à certaines périodes de l’année. Le second
ouvrage permet de gérer les plans d’eau de façon différenciée.

Deux régimes hydrologiques se sont succédé dans la région du Delta du fleuve Sénégal.

Le régime hydrologique naturel avant l’aménagement du fleuve était caractérisé par deux saisons
bien contrastées :

 Un régime de crue d’août à novembre, durant la saison des pluies, avec des eaux abondantes
  et de bonne qualité (37 à 75 mg/l de charge dissoute).
 Un régime d’étiage de décembre à juillet, avec de faibles débits, de l’ordre de 600 m3/s à
  l’embouchure. La très faible pente de la Basse Vallée favorisait dès le mois de décembre les
  intrusions de l’eau de mer à travers le réseau de défluents et de cuvettes, avec une influence
  sensible (salinité supérieure à 0,1 g/l) jusqu’à 240 km en amont, dans le département de
  Podor.

L’arrivée de la crue entraînait le refoulement de ces eaux saumâtres dans les cuvettes et
dépressions de la Basse Vallée et particulièrement du Delta, celles-ci étant régulièrement
alimentées en sel jusqu’à une époque récente.

Ce régime naturel du fleuve a été progressivement modifié avec la mise en place de grands
aménagements hydrauliques par la Mission d’Aménagement du Sénégal (MAS) et
particulièrement par l’OMVS.

En 1964, à l’initiative de la MAS, une digue de ceinture est édifiée sur 82 km en rive gauche du
fleuve, de Maka-Diama à Thiagar, complétée par des digues de protection des périmètres du Bas


    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                  15
Delta, de Dagana, de Nianga et Guédé. Ceci permet de contrôler partiellement la crue et de limiter
les intrusions salines dans les zones ainsi protégées.

En 1983, la digue antisel provisoire de Kheune est créée à environ 115 km de l’embouchure pour
limiter les intrusions de la langue salée en amont du Delta et de la Basse Vallée.

En 1986, la fermeture du barrage de Diama à 36 km de l’embouchure permet la protection de la
majeure partie du Delta et le stockage de 250 à 500 millions de m3 d’eau douce, selon la cote de
retenue (1,50 à 2,50 m).

En 1989, la fermeture du barrage de Manantali permet de régulariser la crue et de stocker environ
11 milliards de m3 d’eau douce.

En 1992, l’endiguement de la rive droite est assuré entre Diama et Rosso pour assurer une
protection des terres et un contrôle des écoulements.

En 1994, la réfection de la digue Rive Gauche permet une gestion optimisée des ouvrages mis en
place.

Le système ainsi artificialisé se traduit par la régularisation de la crue, le soutien à l’étiage durant
la saison sèche, le contrôle des écoulements dans les terres du Delta et leur protection contre les
intrusions de la langue salée. Ces modifications majeures ont eu pour effet la prolifération des
végétaux aquatiques envahissants au niveau de la cuvette du Djoudj.

1.3.1.2 Communautés biotiques caractéristiques

D’un milieu naturel, le Delta est passé à un milieu anthropisé résultant d’une série d’actions
modifiantes. Ce nouveau milieu se caractérise par une mosaïque de zones juxtaposées où les
interactions demeurent mais où des vocations nouvelles et dominantes se sont créées.

a.        Typologie et classification des écosystèmes

Dans le Delta, les ensembles écosystémiques conditionnent prioritairement l’environnement
naturel et les équilibres entre la flore et la faune. On pourrait retenir quatre types de système
écologique (OMVS : étude de l’environnement du Delta) :

 Ecosystèmes végétaux associés aux zones exondées




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 Ecosystèmes associés aux plaines alluviales non ou faiblement inondables

     Cet écosystème se situe sur les formations fluvio-deltaïques à régime d’inondation limitée.

 Ecosystèmes des dépressions inondables

     Ces écosystèmes ont été affectés par les changements dus aux conséquences de la sécheresse
     et aux aménagements sur le Fleuve Sénégal et des terres du Delta. Selon qu’elles subissent
     une submersion par des eaux superficielles (courantes ou stagnantes) ou que leurs sols soient
     simplement imbibés, ces zones humides sont classées en deux grands types:

     o Les zones humides immergées en eau courante correspondent à l’ensemble des espaces
       localisés dans les cours d’eau ouverts où la submersion est en relation avec les crues et les
       décrues des cours d’eau.

     o Les zones humides immergées en eau stagnante. Elles correspondent aux sols submergés
       par des eaux stagnantes que l’on trouve par taille croissante de la surface submergée et de
       la profondeur de la submersion (dépression du Ndiael, Trois marigots).

 Ecosystème du Lac de Guiers

     Dépression située dans le plateau du Ferlo, le Lac de Guiers est une grande zone humide
     immergée en eau stagnante.

b.        Identification et caractérisation des principaux sites

Le Delta était autrefois caractérisée par une grande hétérogénéité spatio-temporelle, du point de
vue de la topographie (profondeur des plans d’eau, pente des berges…), des conditions physico-
chimiques de l’eau (eaux douces, saumâtres, salées), de la végétation aquatique (roselières à typha
et phragmites, nénuphars, mangroves…), de la végétation des berges (Tamarix, Sporobulus…) et
des plaines inondables.

Chaque espèce exploitant une niche écologique qui lui était propre, le grand nombre d’espèces
utilisatrices était révélateur de l’extrême diversité des conditions écologiques.

Restant conforme à la Convention de Ramsar dans la caractérisation des zones humides pour la
sauvegarde de la biodiversité, les sites suivants ont été identifiés dans l’écosystème global du
Delta :

          o     Parc National des Oiseaux du Djoudj
          o     Parc National de la Langue de Barbarie
          o     Réserve Spéciale de Faune de Gueumbel
          o     Mangroves et vasières du Gandiolais
          o     Mangroves et vasières du Nord de Saint-Louis
          o     Réserve de Faune du Ndiael
          o     Zone des Trois Marigots
          o     Réserve de Nord Saint-Louis
          o     Lac de Guiers

Ces différents sites ont été retenus en raison des critères suivants :



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-     leur diversité en habitats et en espèces et leur rôle pour la sauvegarde de la faune,
                notamment pour l’avifaune afrotropicale et migratrice paléarctique ;
          -     l’abondance pour l’un ou l’autre groupe d’espèces animales ou végétales particulières
                dépendant fortement de ce site pour leur sauvegarde ;
          -     la présence d’habitats menacés d’extinction ;
          -     la non emprise des activités agricoles sur ces sites ;
          -     la possibilité de les réhabiliter ;
          -     leur importance pour l’alimentation en eau et leurs risques de pollution, etc. (Réseau
                National Zones Humides, Coordination St-Louis).

1.3.2 La végétation et la flore

Les études portant sur la végétation de la zone (OMVS 1976, 1980, 1994; FALL, 1990 ;
WULFFRAAT, 1993 ; WILLBROCK, 1994) font état de 85 espèces dont 52 sont communes.

Leur répartition spatiale est influencée par la fréquence des inondations (hydrologie et altitude du
terrain), la teneur en sel des eaux et des sols et le type de sol.

La cartographie de la végétation et des unités paysagères du bassin du Djoudj repose
essentiellement sur les travaux de William SCHWÖPPE (1993 et 1994).

La flore est essentiellement constituée de spermatophytes (WULFFRAAT, 1993) présentant des
caractères endémiques très marqués. Ces espèces végétales sont regroupées en 17 communautés
végétales et 21 groupes sociologiques distincts.

Les structures des regroupements sont dominées par :

          -     les pelouses
          -     les formations
          -     les galeries forestières

Principaux paysages végétaux :

La zone est caractérisée par une grande diversité des paysages végétaux : 38 unités paysagères ont
été identifiées et classées (Wulffraat 1993) selon des critères morphopédologiques, hydrologiques.
Ces unités paysagères peuvent être regroupées en une dizaine de paysages végétaux typiques sur
la base de critères géomorphologiques (forme et altitude). Les différents types de paysages
correspondant sont :

a.        Les plans d’eau permanents ou temporaires à hydro-halophytes

Les rivières, les cirques, les lacs, les cuvettes et les sebkha sont le domaine des macrophytes
aquatiques (surtout les rivières et les lacs permanents d’eau douce).

La présence des macrophytes aquatiques (Pistia, Nymphea et Cerratophyllum) dépend de la
profondeur de l’eau, de la présence ou absence saisonnière de l’eau, de la salinité des eaux
superficielles, de la vitesse d’écoulement, etc.

Les lacs, les cuvettes et les sebkha non végétalisés sont généralement inondés mais peuvent
s’assécher pendant la saison sèche en fonction de leur profondeur et de leur superficie :




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Les berges de fleuve et des rivières à Phragmites vulgaris, de la rivière Djoudj et du lac Khar,
dans les zones d’inondation permanente au sud-ouest (fleuve Sénégal et Marigot de Diar).

Sur les rives Ouest du Djoudj, le Khar et le Gorom, la galerie forestière à Tamarix senegalensis,
Salvadora persica et Acacia nilotica prédomine avec une hauteur moyenne des arbres de 10 m.

Les berges lacustres salées sur les rives ouest du Grand Lac et à l’ouest du poste de Gainthe sont
dominées par les communautés à Scirpus littoralis qui tolèrent assez bien la sursalure. Dès que les
taux de salinité baissent, les communautés à Sporobolus robustus peuvent s’implanter.

Sur les berges des lacs centraux, les espèces dominantes sont Scirpus littoralis et Sporobolus
associées quelques fois à Diplachne fusca et Typha australis.

b.        Les plaines inondables

Elles regroupent 9 unités paysagères qui correspondent généralement aux terres rizicultivables.
Elles sont largement distribuées à travers tout le parc. Les communautés représentées sont Scirpus
littoralis, Scirpus maritimus, Sporobolus robustus, Eleocharis mutata, Cuperus littoralis et
Cyperus digitata et secondairement Tamarix senegalensis. Au pied des Deltas de rupture de
levées, Tamarix senegalensis peut-être associé à Echinochloa Colona, Scirpus maritimus et
Sporobolus robustus. Quelques touffes de Salsola baryosma peuvent également être observées.

Les zones d’inondation permanente du fleuve Sénégal au nord sont largement couvertes par
Typhae australis et Phragmites vulgaris qui ont remplacé Scirpus maritimus, Scirpus littoralis et
Cyperus digitatus. Tamarix senegalensis et Acacia nilotica y sont également submergées de façon
permanente.

Les levées basses et les Deltas de rupture, inondés seulement au cours des hautes eaux en régime
naturel et qui sont actuellement exondés, se situent au sud du parc. Les communautés végétales
présentes sont Tamarix senegalensis, Salvadora, Nitraria retusa et Acacia nilotica. Des structures
éoliennes (sebkha) s’y sont accumulées sur les buissons. Le tapis herbacé est composé de Salsola
baryosma, Suaeda fructicosa sur des sols halomorphes. On peut aussi avoir Pentatropis spiralis
(grimpante) ou Sesuvium portulacastum.

c.        Les levées hautes

Elles sont occupées par Solsola baryosma qui indique une exondation permanente et un entretien
par les précipitations. L’activité éolienne qui s’exerce sur les hautes levées est intense dans les
zones dénudées ou couvertes par Cyperus esculentus (Sud, Est et Nord) de la cuvette du Djoudj.

Quand une surface d’eau de très faible profondeur se développe, l’association Tamarix
senegalensis / Salvadora persica ou une roseraie à Phragmites vulgaris peut s’y retrouver.

Les levées à croûte salée du secteur de Tiguet sur sol hydromorphe salé à gley sont stériles et ne
peuvent être occupées que par Arthrocnemum glaucum.

Les patches diffus et localisés qui sont des associations atypiques ou confinées ne sont pas
suffisamment développées pour être catégorisées. Elles sont basées sur l’association de Typhae
australis et Phragmites vulgaris avec d’autres espèces végétales sans structuration particulière.




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1.3.3 La Faune

Le Delta du fleuve Sénégal est affecté par des mutations écologiques et socio-économiques de
grande envergure. Depuis trois décennies, il accuse des déficits pluviométriques accentués. Le
régime hydrologique du fleuve est artificialisé par la mise en service des barrages de Diama
(1986) et Manantali (1987). Les aménagements hydro-agricoles qui ont supplanté la culture de
décrue épousent une croissance exponentielle.

Toutes ces modifications ont entraîné une dégradation progressive des habitats et une érosion de
la biodiversité du Delta. Le PNOD, créé pour inverser ces tendances régressives, représente, à
l’heure actuelle, un des derniers refuges de la faune du Nord du Sénégal, et le principal quartier
d’hiver de l’avifaune migratrice du paléarctique occidental.

L’intérêt porté aux oiseaux qui représentent la principale attraction touristique du PNOD explique
le suivi systématique et la documentation exhaustive qu’on a sur l’avifaune (inventaires annuels,
missions ornithologiques). Dans le courant de la décennie 1990-2000, des programmes de
recherche ont amélioré les connaissances sur les ressources ichtyologiques du PNOD et de sa
périphérie (Diouf et al. 1991; Pandaré et al. 1995 ; Pandaré et Sanogo 1996 ; Lô 1996). Les
informations concernant les autres espèces sont par contre fragmentaires ou simplement d’ordre
qualitatif.

   Les invertébrés

Aucune étude approfondie des invertébrés de la zone du Djoudj n’est, à ce jour, réalisée. Les
connaissances sur le sujet restent donc à établir. Cependant, à partir d’observations sommaires, on
a pu identifier les espèces suivantes : plathelminthes, némathelminthes, rotiffères, mollusques,
annélides, arthropodes.

Les moustiques sont prédominants chez les arthropodes, ce qui explique le taux élevé de
prévalence du paludisme dans la périphérie du PNOD.

   Les poissons

Selon les sources les plus récentes (Diouf et al. 1991 ; Pandaré et al. 1995 ; Pandaré et Sanogo
1996, Lô 1996, Diouf 1997, Sanogo 1999), 82 espèces de poissons ont été identifiées dans le
PNOD et sa périphérie, dont 75 vivant à l’intérieur du parc. Cette ichtyofaune est composée de 28
familles dont les plus diversifiées sont les Cichlidae (14 espèces), les Characidae (12 espèces) et
les Bagridae (9 espèces). Les formes dulçaquicoles sont dominantes (plus de 98%).

La richesse ichtyofaunique du PNOD et sa périphérie se mesure à sa juste valeur si on rapporte le
nombre d’espèces à l’étroitesse de la superficie des plans d’eau. Le PNOD compte 92 espèces
pour une surface aquatique de 380 km2 contre 116 espèces et 89 espèces pour respectivement
l’estuaire du Saloum (29 700 km²) et le fleuve Gambie (77 100 km²).

La composition spécifique des peuplements de poissons du PNOD et sa périphérie est
relativement stable dans le temps. Cependant le rapport inter-spécifique a connu des modifications
sous l’influence de facteurs naturels et anthropiques. Les longues années de sécheresse (décennies
70 et 80) avaient réduit la surface des plaines inondées, affectant du coup les conditions de
reproduction et de croissance de plusieurs espèces dont l’écologie est liée à l’inondation
(Welcome 1985), (Gymnarchus niloticus, Heterotis niloticus, Lates niloticus). Si les barrages ont
infléchi cette tendance, ils ont à leur tour entraîné la disparition des espèces estuariennes et
marines à affinité thalassique par la suppression de l’alternance eau douce/eau salée.



    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                20
La prolifération de plantes aquatiques (Typha australis, Pistia stratoïtes, Salvinia molesta)
constitue, à long terme, une menace contre le développement du phytoplancton et par conséquent
contre le développement des peuplements de poissons. La prédation aviaire, à son tour, exerce une
pression non négligeable sur les stocks, (prélèvements uniquement opérés par les pélicans estimés
à 4 tonnes de poisson par jour ; TRECA, 1993).

Les premiers résultats du programme de recherche du PTGI, font état d’une régression de la
biodiversité ichtyologique dans les plans d’eau du PNOD (PANDARE et M. FALL, 2001).

Actuellement les familles les plus abondantes sont les Cichlidae (Oreschromis niloticus, Tilipia
guineensis), les Cyprinidae (Labeo spp.), les Clariidae (Clarias spp.), les Mochokidae
(Hemisynodontis membranaceus, Synodontis spp.), les Bagridae (Bagrus spp.), les Characidae
(Hydrocynus spp.), les Cyprinodontidae (Aplocheilichthys normani).

Le PNOD est par excellence une zone de nidification, de nourrissage et de reproduction pour les
oiseaux piscivores (pélicans, anhingas, cormorans, guifettes) en raison de l’abondance du milieu
en poisson. Cette abondance explique également l’importance de la pêche pour les populations
riveraines qui tirent de cette activité des revenus relativement substantiels. Pandaré et Sanogo
(1996) estiment la valeur monétaire générée en 1996 par la pêche au niveau des plans d’eau du
PNOD et de sa périphérie à près de 6,7 millions FCFA pour Tiguet et 8 millions FCFA pour Débi,
soit respectivement 22 tonnes et 26 tonnes de poissons capturés.

   Les amphibiens

Les connaissances sur les amphibiens vivant dans le PNOD et dans le milieu environnant sont très
limitées. Aucune étude n’a été entreprise sur le sujet.

   Les reptiles

Les informations sur les espèces discrètes et de fort mimétisme comme les serpents, les tortues
d’eau douce font défaut. Certaines espèces plus visibles, d’observation courante, sont mieux
connues.

Le crocodile du Nil : L’effectif est en nette progression (une cinquantaine), suite à deux
opérations de réintroduction effectuées en 1980 et en 1982. On peut observer quelques mâles ou
de jeunes sujets le long du marigot du Djoudj, mais leur distribution spatiale dans le parc n’est pas
encore maîtrisée et pose problème.

Le varan du Nil : l’effectif dans le parc est inconnu. Il est signalé dans tous les plans d’eau. Il
s’attaque aux œufs et aux poussins des oiseaux.

Le python de Séba : l’effectif est inconnu. Les endroits où on l’observe le plus fréquemment sont
les secteurs de Gainth (80 individus lors du brûlage du typha en 1995), de Flamant, de Crocodile,
et le long du Gorom (Sud-Est).

La vipère heurtante commence à proliférer au PNOD où elle est signalée près des habitations des
gardes et dans les plaines du secteur du Grand Lac.

La couleuvre sifflante fréquente les mêmes habitats que la vipère heurtante.

Le varan de terre rarement observé dans le Parc, est présent dans la périphérie, notamment dans
les dunes de Diadiam et de Rone.



    Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                  21
   Les oiseaux

Les animaux les mieux étudiés dans ce parc sont les oiseaux. Déjà en 1971 un recensement
complet de l’avifaune a été fait par Dupuy et Morel. Des missions d’études se sont succédé,
menées par différentes institutions notamment le Muséum d’histoire naturelle de Paris,
l’ORSTOM (actuel IRD) et depuis 1990 par IBN-DLO (Pays-Bas), Rumsey et Rodwell
(Angleterre), la Station Biologique de Zwillbrock (Allemagne), la Station ornithologique de
Helligoland (Allemagne). Les oiseaux du Djoudj sont régulièrement recensés et on trouve des
données significatives de leur évolution dans différentes sources : Diouf (1986), Shricke et al.
(1990), Station biologique de Zwillbrock et al. (1991,1992), bulletins de l’ONC, etc..

Près de 360 espèces d’oiseaux (dont 322 espèces réellement observées) parmi lesquelles 58
espèces nicheuses (Rodwell et al. 1994, Morel et Morel 1990) ont été recensées au PNOD.
L’effectif total de l’avifaune est estimé à plus de 3 000 000 d’individus (toutes espèces
confondues) au plus fort de la saison (Décembre) avec 90% d’oiseaux d’eau qui sont pour la
plupart des migrateurs du paléarctique.

L’espèce la plus spectaculaire et inféodée au PNOD est le pélican blanc. Son éthologie, par
rapport à la fluctuation du niveau des eaux du Parc pour la détermination des périodes et des
conditions de ponte mais aussi du succès de la reproduction, a été de tout temps la préoccupation
des gardes et des chercheurs du Parc. La chronologie de la nidification du pélican blanc, de la
création du parc à nos jours, a été établie. Les pélicans se sont installés au Djoudj en 1971, date de
la création du PNOD.

Le Parc National des Oiseaux du Djoudj abritait d’importantes colonies de nidification d’ibis, de
hérons, de cormorans, d’anhingas et de pélicans gris. La période de nidification des espèces
piscivores dépend du stock halieutique et de la quantité d’eau disponible.

De 1971 à 1987, d’importantes colonies mixtes de nidification appelées communément
« héronnière » étaient localisées aux endroits ci-après : canal du Crocodile, marigot du Khar,
Dinko et marigot du Gorom. Dans ces colonies mixtes, les oiseaux nichaient dans les reliques de
forêts impénétrables d’Acacia nilotica ou de Tamarix senegalensis. Il existait également une
importante colonie de nidification des hérons pourprés dans la phragmite du marigot du Djoudj,
au niveau du secteur de Gainthe.

Au sujet de ces colonies, les informations quantifiées ont fait défaut. A partir de 1986, elles ont
toutes été désertées. Des tentatives, sans succès, de reconstitution de nouvelles héronnières ont été
constatées en face du poste du Crocodile.

Les désertions des héronnières semblent être liées à la mise en service du barrage de Diama, à la
vétusté des ouvrages vannés des marigots du Djoudj et du Crocodile, au manque de maîtrise du
fonctionnement hydrologique du parc et à la méconnaissance des périodes de migration de
l’ichtyofaune sur le fleuve Sénégal depuis l’artificialisation de son régime.

La taille de la population de grues couronnées inféodées au Parc n’est pas encore connue, mais
elle peut très probablement représenter une bonne partie de l’actuelle population ouest-africaine
de cette espèce menacée d’extinction.

Le Parc National des Oiseaux du Djoudj est, en Afrique de l’Ouest, l’une des zones d’hivernage
les plus importantes pour les oiseaux migrateurs du paléarctique. La diversité des plans d’eau
(mares, marigots et lacs) et la disponibilité de la nourriture favorisent le séjour pour de longues




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périodes (six mois) de nombreux oiseaux migrateurs et des escales pour les espèces en route vers
des quartiers d’hiver en Afrique Centrale ou du Sud.

Chez les migrateurs paléarctiques, les canards (sarcelles d’été, canards pilet, canards souchet) et
les limicoles (Chevalier combattant et barge à queue noire) sont les plus représentatifs. Les
canards s’alimentent la nuit, principalement dans les vasières (ou rizières). Les chevaliers
combattants et barges à queue noire se retirent le jour dans les rizières (TRECA, 1990).

D’autre part le parc abrite d’importantes concentrations de canards éthiopiens (Dendrocygne veuf
et Dendrocygne fauve, Oie d’Egypte et Oie de Gambie), de Flamants roses, de Flamants nains, de
Spatules d’Europe et de Spatules d’Afrique.

La végétation herbacée du Djoudj notamment Phragmites vulgaris, Typhae australis et les
nombreux buissons favorisent l’installation des petits passereaux migrateurs paléarctiques.
Plusieurs espèces baguées en Europe particulièrement en Grande Bretagne ont été capturées au
Djoudj, principalement les hirondelles de rivage (Riparia riparia) et les passereaux tels que :
Acrophalus schoenobaenus et Phyllocopus collybita. Du 1er juillet 1990 au 30 juin 1993 « the
International Ornithological Expedition » (S. Rodwell, S. Rumsey) a capturé et bagué 69.374
oiseaux dont 63.327 passereaux paléarctiques.

   Les mammifères

Le Parc National des Oiseaux du Djoudj est l’un des derniers refuges de la faune du nord du
Sénégal. Aujourd’hui, phacochères, gazelles (rufifrons et dorcas) et chacals constituent les seules
grandes espèces de mammifères au PNOD.

Les phacochères sont régulièrement observés sur l’étendue du Parc, mais leur lieu de prédilection
demeure les zones marécageuses. Leur nombre est encore indéterminé. Il semblerait toutefois
qu’ils soient en augmentation.

Les gazelles ont été réintroduites au Parc National des Oiseaux du Djoudj en 1972 (7 Gazelles
dorcas de la Mauritanie ; 3 Gazelles dorcas du parc zoologique de Hann et 4 Gazelles rufifrons du
zoo de la Présidence) et en 1979 (2 Gazelles rufifrons du Maroc). Elles ont été relâchées dans le
secteur de Tiguet (Sud-Ouest du Parc) où elles se sont bien reproduites. Mais avec la mise en
service du barrage de Diama et la submersion permanente de leur aire écologique (secteur de
Tiguet) par les eaux du fleuve Sénégal, elles semblent avoir déserté la zone.

Le Chacal dont l’effectif est considéré comme important n’a pas fait l’objet de recensement. Les
informations sur l’écologie de cette espèce restent vagues.

Les autres mammifères observés dans le parc sont en général de petits carnivores.

Le caracal et le chat de Libye de mœurs nocturnes, très discrets, sont présents mais ni leur
écologie, ni leurs habitats n’ont été étudiés. La distinction des deux espèces est délicate.

La genette, la civette et la mangouste ichneumon observées fréquemment avant la mise en service
de Diama, ont vu leur effectif diminuer. Pourtant la présence permanente de l’eau occasionnée par
le barrage devrait favoriser leur épanouissement. Une étude poussée de l’impact du barrage sur
ces espèces devrait être menée.

Les singes rouges communs circulent en bandes dans différents secteurs du Parc. La taille de la
population et le nombre de bandes sont indéterminés.



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Le porc-épic est observé en plein jour dans le secteur de Flamant, à l’Est du parc, pour la première
fois en 1993. Sa présence est surtout signalée par quelques indices (rejets des piquants).

Le lamantin, mammifère aquatique, a beaucoup souffert de la sécheresse et du manque d’eau dans
le Parc de 1979 à 1983. Jusqu’en 1987, l’effectif était limité à 4 sujets : deux individus présents
dans les eaux du Djoudj lors de la création du parc, un troisième en provenance du lac de Guiers,
introduit en 1975 et un jeune né dans le Parc. Des prospections en cours font état de la présence
du Lamantin dans le fleuve.

La tortue de terre est fréquemment observée en saison des pluies dans le secteur de Gainthe lors
de la mise en eau du Parc et de l’apparition de mares temporaires occasionnées par les eaux de
pluie. Il reste à vérifier si elle séjourne au parc toute l’année.

Les geckos familiers à l’homme, sont observés dans toutes les habitations du Parc ; leur taille
n’excède jamais 30 cm, à l’exception de quelques spécimens rencontrés en pleine nature dans les
miradors ou dans les endroits boisés du parc.

Des études récentes se sont intéressées aux petits mammifères du PNOD. Elles ont identifié 9
espèces de rongeurs appartenant à 3 sous familles (Murinae, Gerbillinae, Dipodinae) et 4 espèces
de musaraignes appartenant aux genres Crocidura (Khalilou BA et al., 2000).

Cet inventaire de la faune et de la flore, montre la grande diversité biologique du bassin du Djoudj
et éclaire sur les raisons de son occupation humaine.

1.4        Environnement humain et social

1.4.1 Historique et généralités sur les sociétés, leurs genres de vie, leur relation avec le
      milieu dans le Delta et autour du PNOD

La cuvette du Djoudj insérée dans le Delta est partie intégrante du bassin du fleuve Sénégal. A ce
titre elle a subi, par l’intermédiaire du commerce transsaharien et du commerce atlantique, une
double influence arabo-berbère et européenne.

L’organisation sociale reposait sur trois catégories : les hommes libres, les hommes de castes et
les esclaves. Sur le plan économique, le commerce de la gomme et la traite négrière avaient
constitué les principales activités de la région.

La propriété foncière a toujours demeuré un facteur de rivalités politiques à cause de la présence
de terres alluviales qui attisent la convoitise des grandes familles. Ces terres sont les zones de
concentration des activités agricoles. Elles justifient la concentration humaine autour des
principaux cours d’eau.

La population a évolué à travers le temps en dents de scie. A l’origine, le bassin était faiblement
peuplé en raison des contraintes naturelles. Les dynamiques récentes résultent de l’expansion des
aménagements introduits dans le Delta en vue de sa mise en valeur :
       - baisse plus ou moins sensible des effectifs de la population dans tous les villages, suite
           à la construction d’une digue de protection sur la rive gauche en 1964 empêchant
           l’inondation de certaines cuvettes par les crues et du coup abandon de l’agriculture de
           décrue et réduction des pâturages ;
       - reprise de la croissance à partir de 1972, à la faveur du programme de la SAED qui a
           convaincu les populations de rester sur place pour tirer profit des nouvelles




      Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                               24
opportunités offertes avec la mise en valeur de 14 000 ha dans la seule cuvette du
              Djoudj.

Les activités des populations et leur évolution peuvent être classées en deux types : les activités
dites traditionnelles (élevage, pêche, commerce, agriculture et artisanat) et les activités dites
modernes (agriculture irriguée).

L’élevage était pratiqué par toutes les ethnies grâce à l’abondance des zones en pâturage. Le
Djoudj, zone d’inondation où les terres sont submergées annuellement par le déversement des
réserves fourragères naturelles très appréciées en saison sèche, offrait un cadre approprié pour la
pratique d’un élevage de type extensif.

A l’exception des Peuls, la pêche était pratiquée par les autres ethnies. Elle était souvent associée
à la cueillette des nénuphars. La présence de nombreux plans d’eau qui sont également des zones
de frayère pour les poissons rendait l’activité très lucrative.

Le commerce a eu pour support le fleuve. Il s’agissait d’un système de troc entre les populations
riveraines du fleuve et les populations de l’intérieur. Les échanges concernaient des produits
divers : gomme, sel, céréales, produits artisanaux, pacotille, et produits de la pêche.

L’agriculture était uniquement pratiquée par les Wolofs sous deux formes bien distinctes :
l’agriculture de décrue de la zone inondable dite « Walo » et l’agriculture sous pluie.

L’artisanat, réservé aux femmes, se limitait à la confection de nattes et de parures. La matière
première (Sporobolus et Typha) était prélevée dans le Djoudj ou aux abords du fleuve. Les perles
étaient collectées sur les anciens sites des villages qui ont disparu ou changé de lieu
d’implantation.

La culture irriguée introduite récemment dans le bassin du Djoudj est en train de réduire la place
des activités traditionnelles dans les systèmes de production.

De nos jours, la riziculture représente l’activité majeure du système agricole dans le Delta en
général, et dans le bassin en particulier. Ceci a été accéléré par la construction de la grande digue
et la politique de mise en valeur de la région basée sur la production de riz.

Les villages de la périphérie, au nombre de sept, sont d’installation assez ancienne, entre le
seizième et le début du vingtième siècle. Il s’agit des villages suivants :

    DEBI :

    Distant d’environ 15 km du PC du Parc, Débi se situe au nord-ouest du PNOD. Il fut créé
    vers 1508. Le fondateur, venu probablement du Sud du Sahara, s’était d’abord installé à
    Edji, village éclaté par la suite en trois entités : Ndiago (Mauritanie), Guet Ndar (Saint-
    Louis) et Débi.
    Depuis sa création, Débi a occupé plusieurs sites dont les derniers ont été : Sosba (Débi
    Kao) dans le parc et ensuite Débi Tack depuis septembre 1965 à cause des inondations.

    DIADIAM I :

    Situé à environ 17 km du PC, Diadiam I a été fondé en 1792 par Habaïdate Diop, un
    Bambara. Les habitants de Diadiam I étaient des nomades. Ils pratiquaient une petite
    transhumance dans la zone en passant successivement de Guent à Baobab ; ils



   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                   25
traversaient le Gorom pour s’installer à Ndiassor. Avant de se stabiliser en 1972 dans
   l’actuel emplacement, à l’est du Parc, Diadiam I a occupé plusieurs sites : emplacement
   actuel PC du Parc en 1971, ensuite Yonu Ndiob et Tellel Djoudj. Diadiam I était habité
   par les Maures blancs jusqu’aux événements sénégalo-mauritaniens de 1989.

   DIADIAM II :

   Diadiam II est distant d’environ 26 km du Parc. Il fut créé également en 1792 à l’intérieur
   de l’actuel Parc. En 1938, il était installé sur l’actuel site mais en nomadisme. Les
   habitants partaient pendant la saison sèche dans les environs du Parc actuel et revenaient
   pendant l’hivernage. Ils se sont sédentarisés à l’emplacement actuel au nord du Parc en
   1970 à cause des inondations.

   DIADIAM III :

   A 1,500 km environ du PC, Diadiam III, créé en 1461, est le plus ancien des Diadiam. Il
   a été fondé par un groupe de personnes : Hameth Niali, Bidiel, Hamar Gueye et deux
   maures. Il semble que les maures en question font partie d’une grande tribu dénommée
   Coumleyline dispersée dans cinq villages dont Diadiam III et quatre autres villages en
   Mauritanie. Diadiam I et II faisaient partie de Diadiam III qui s’est sédentarisé en 1971 à
   l’emplacement actuel, au sud du Parc.

   FOURARATE :

   Situé à une trentaine de kilomètres du PC du Parc, Fourarate a été créé par Samodi
   Birane, venu du Djoloff et installé d’abord vers Ndiawdoun.
   Avant la sédentarisation définitive en 1983 sur son site actuel, Fourarate s’est distingué
   par des transhumances répétitives, rythmées par les saisons, et limitées dans l’espace
   entre les villages de Polo, Novar, Karokaye, Toréne, Telléne, Ngao.
   L’emplacement actuel a été favorisé par la protection du village contre les inondations
   par la haute dune.

   RONE :

   Localisé au sud du Parc à environ 7 km du PC, Rone a été créé en 1909 par Mbarack
   Mahmouth, venu de la Mauritanie. Attirés par l’eau, d’autres comme Ahmadou
   Ramdane, Barca, Maouloud, Bidieul, etc. sont venus le rejoindre. De petits déplacements
   dans différents endroits de la zone étaient souvent effectués en saison sèche.

   TIGUET :

   Situé au nord-ouest du Parc, à 14 km environ du PC, Tiguet fut créé en 1809, dans
   l’emplacement de l’actuel embarcadère, par Diallo Guéye et Ngayno qui venaient de
   Nder, dans l’actuel Guent. Il fut déplacé en 1922. L’emplacement actuel a été occupé en
   1976 à cause de la création du Parc.

Différents types d’organisations existent dans ces villages. Il s’agit d’abord d’organisations
traditionnelles d’entraide qui sont aujourd’hui de plus en plus supplantées par des organisations de
type moderne connues sous différents vocables, selon la forme, la composition et les activités de
l’entité : sections villageoises, groupements d’intérêt économique, foyers, groupements de
promotion féminine, etc.




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Les sections villageoises (SV) sont des démembrements de la coopérative mère qui se trouve au
niveau de la Communauté Rurale. Elles facilitent grâce à la caution solidaire l’obtention du crédit
pour les intrants agricoles par le biais de la banque. La SV est souvent scindée en de multiples
sous-groupes.

Le groupement d’intérêt économique (GIE) se situe à un niveau plus individuel, il est souvent au
niveau familial ou entre un groupe d’amis assez restreint. Il doit faciliter l’accès au crédit.

Le groupement de promotion féminine (GPF) est une forme organisationnelle née de la volonté de
l’Etat à donner aux femmes un espace d’expression et d’épanouissement économique et social.

Le foyer apparu vers les années 68 est la seule tentative d’organisation paysanne autonome, c’est
à dire créée en dehors du circuit étatique, en réponse à la forte pression de l’encadrement.

Les villages de Débi et Tiguet exploitent un casier agricole commun créé en 1994, sous
l’impulsion de la SAED. Les exploitants se sont regroupés dans une association dénommée Union
des Groupements Paysans de Débi-Tiguet. Cette union gère le casier rizicole (environ 1000 ha),
une rizerie, du matériel agricole (tracteurs équipés, camions) et s’occupe d’activités diverses :
commerce, transport, multiplication de semences, décorticage de riz et prestations de service.

        Tableau 2 :        Nombre d’organisations villageoises selon le type en activité dans la
                           périphérie du PNOD (2002).

                  Villages                       GIE              GPF     SV            F
                    Débi                       1 dizaine           1       3
                   Tiguet                      En projet           1       3
                 Diadiam I                                         1       3
                 Diadiam II                         7                      1            1
                 Diadiam III                                       1       1            1
                  Fourarate                                        1       2
                    Rone                            1              1       1


L’opérationnalité et la capacité d’autogestion des structures villageoises sont très liées aux
activités qu’elles mènent. La plupart des SV arrive, grâce à la garantie de leurs unions, à pré-
financer les campagnes de leurs membres par un crédit bancaire. Cependant le système connaît de
plus en plus de difficultés en raison du nombre élevé des cas de non remboursement.

Les GPF semblent davantage répondre aux préoccupations locales car s’occupant de petites
actions à ras de sol qui permettent aux femmes de s’assurer un minimum de revenus. Mais
l’impossibilité d’accéder aux crédits formels limite grandement leur performance.
Avec le programme quinquennal du PNOD, de nouvelles structures suscitées sont apparues dans
les villages : comités de reboisement, d’hygiène, d’éco-tourisme, etc.

1.4.2 Evolution du contexte spatial et mutations écologiques, sociologiques et
      économiques dans le Delta et autour du PNOD

Les activités traditionnelles reposaient sur l’élevage et l’agriculture traditionnels, la pêche
artisanale et la cueillette. La proximité du fleuve et la présence de nombreux cours d’eau
favorisaient l’exploitation des ressources halieutiques et des graines de nénuphars. Ces zones
humides entourées de terres arides étaient caractérisées par une productivité exceptionnelle qui
leur faisait jouer un rôle socio-économique très important.


   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                    27
Dans le Delta, l’alternance crue/décrue entraînait l’existence d’abondants pâturages où se
pratiquaient différents types d’élevage traditionnels de bovins, d’ovins et de caprins.

Les pratiques d’élevage les plus courantes étaient celles du système Peulh transhumant, de
l’élevage maure, également transhumant et intégrant la présence de camelins. Dans les villages
wolof, l’élevage était peu important et constituait une spéculation d’appoint. Les activités
dominantes y étaient la pêche, les cultures de décrue sur les berges et les cultures pluviales sur les
hautes terres. Ces systèmes traditionnels de production sont restés longtemps dans un équilibre
relatif dépendant des crues du fleuve et, dans une moindre mesure, de la pluviométrie. Le moyen
Delta qui abrite le PNOD était pour l’essentiel une zone marginale enclavée et n’avait pas été sous
l’influence directe des tentatives de développement agricole entreprises dans le haut Delta autour
de Richard-Toll.

En effet, la faible pente du fleuve dans son cours inférieur, a toujours occasionné de fortes
inondations liées à la pluviosité. Ces inondations atteignaient leur maximum en
Octobre/Novembre et ont marqué tout le Delta du Fleuve Sénégal.

Ainsi, lors des crues, la moitié du parc était recouverte naturellement d’eau douce ; par la suite la
remontée de la mer qui accompagnait la décrue, pénétrait dans le parc entraînant durant l’étiage
une salinisation importante des sols et des lacs.

La végétation et la faune se sont adaptées à cette disponibilité périodique de l’eau et, au moment
où les oiseaux quittaient leur zone de nidification et migraient vers le sud, d’importants plans
d’eau renfermant une abondante variété de nourriture, se formaient dans le Delta. Et après un long
vol à travers le Sahara, ces migrateurs trouvaient dans la zone du Djoudj la première zone humide
avec de l’eau douce et une abondance de nourriture.

Ces inondations ont également créé pour l’homme des conditions favorables pour enrichir et
diversifier sa nourriture :
        - de nombreux plans d’eau riches en faune piscicole ;
        - des terres fertiles pour la culture du mil, du maïs et des légumes ;
        - une végétation herbacée et dense sur les superficies asséchées, servant de fourrage aux
             troupeaux jusqu’à une période avancée de la saison sèche ;
        - d’importantes surfaces d’eau couvertes de nénuphars, nourriture d’appoint bien
             appréciée des populations.

Aujourd’hui, ces systèmes de production ont subi de profondes mutations à cause des
aménagements successifs et de la régularisation du fleuve :
       o construction, dans les années soixante, d’une digue entre Saint Louis et Richard-Toll
          pour empêcher les inondations incontrôlées ;
       o réalisation de deux barrages modifiant le régime hydrologique du fleuve : barrage de
          Diama, à 27 Km en amont de Saint Louis, pour empêcher la pénétration de l’eau de
          mer pendant la saison sèche et celui de Manantali à 1200 Km en amont de Saint Louis
          pour constituer un réservoir d’eau.

Cette artificialisation du régime du fleuve Sénégal a des conséquences sur le parc et son
environnement. Ainsi, il n’y a plus de remontée de sel depuis le milieu des années 80. Le cycle
naturel des inondations est rompu et n’est reproduit qu’artificiellement dans le parc par
l’ouverture de vannes : ouvrages du crocodile au nord et du Djoudj à l’ouest.

Les modifications observées dans la végétation aquatique et marécageuse indiquent que les
conditions hydrologiques originelles n’ont pu être reconstituées de façon suffisante surtout en ce



   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                    28
qui concerne la hauteur du niveau de l’eau, ni même la variation des inondations d’année en
année. Cette nouvelle situation n’a pas manqué d’avoir des effets négatifs au niveau de la faune,
de la flore et de l’environnement agro-pastoral.

Le dessalement progressif des eaux du parc, suite à la suppression de l’alternance eau douce/eau
salée a favorisé la prolifération des plantes aquatiques envahissantes (Typhae australis, Pistia
stratiotes ou salade d’eau, Salvinia molesta). Si Typhae australis et d’autres plantes présentent des
avantages pour la fabrication de nattes et la constitution de zone de protection pour les poissons,
les végétaux aquatiques ont aussi des inconvénients (obstruction des chenaux, risques
d’eutrophisation, entrave à la navigation, blessures des pélicans).

L’infestation des mares, des chenaux et éventuellement du grand lac par la végétation aquatique
rend impossible l’effet de miroir en couvrant une surface d’eau qui devrait fonctionner comme un
radar pour guider certains oiseaux comme les canards vers les zones humides recherchées.

Aujourd’hui avec le barrage, les niveaux de retenue d’eau peuvent hypothéquer la reproduction
des pélicans par la destruction des nichoirs qui les mettaient à l’abri des prédateurs ou entraîner la
noyade des nids. La montée des eaux comme la baisse des teneurs en sel a également des
conséquences sur certains boisements comme le gonakié qui tendent à disparaître.

Les modifications de l’environnement ont également des conséquences sur les activités piscicoles
et agro-pastorales. Le barrage bloquant la remontée des poissons migrateurs, la pêche dans le
fleuve est devenue moins lucrative. La présence permanente de l’eau douce dans le parc influe sur
le parcage des animaux, les circuits pastoraux et le braconnage.

Les évolutions dues aux aménagements et aux péjorations climatiques ont comme conséquences :
       - le développement et l’extension des surfaces destinées à la culture irriguée du riz ;
       - des activités piscicoles fortement perturbées ;
       - des cycles interrompus pour les régimes de crues et de décrues ainsi que pour les
           passages d’eaux douces et d’eaux salées.

Ces modifications ont favorisé :
      o la dégradation de l’ensemble du site de nidification et de repos ;
      o la perte d’espèces faunistiques et végétales ;
      o la réduction de la biodiversité ;
      o la dégradation écologique des superficies agricoles ;
      o l’accroissement de la destruction des bases de l’existence de la population ;
      o l’abandon des formes traditionnelles de l’exploitation de la terre.

En dépit de ces contraintes, la cuvette du Djoudj abrite des activités socio-économiques très
importantes pour les populations : agriculture, élevage, pêche, commerce et artisanat.

L’agriculture (riziculture) est surtout l’affaire des hommes, mais ceci ne veut pas dire que les
femmes en sont exclues. L’affectation des parcelles est faite aux hommes et aux femmes membres
d’une section villageoise et âgés au moins de 14 ans.

La riziculture est marquée aujourd’hui par certaines difficultés liées au coût très élevé des facteurs
de production et à la non disponibilité du crédit en temps voulu.

L’élevage est présent dans tous les villages, mais les systèmes de conduite traditionnels surtout
itinérants sont devenus actuellement inappropriés à cause des aménagements et de la perte des
pâturages de décrue.


   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                    29
Traditionnellement, tous les villages de la périphérie étaient des villages d’éleveurs qui
pratiquaient un système de transhumance à l’intérieur de l’actuel arrondissement de Ross-Bétio :
le bétail passait la saison des pluies à l’emplacement actuel du parc et la saison sèche dans les
villages proches. Ensuite, l’élevage est devenu une valeur refuge chez les agriculteurs et les
commerçants. Il permettait à ces catégories de thésauriser. Après une bonne campagne agricole ou
des bénéfices dans le commerce, les revenus étaient immédiatement investis dans l’élevage.

Avec l’avènement des aménagements hydro-agricoles vers les années 64 et plus tard l’installation
du PNOD en 1971, les zones de parcours et les aires de pâturage se sont fortement réduites,
causant beaucoup de désagréments aux éleveurs. L’espace disponible ne permet plus de pratiquer
l’élevage extensif comme dans le passé. Devant le bouleversement de leurs habitudes et
l’incapacité à s’adapter, les éleveurs se trouvent de plus en plus désemparés.

La pêche est présente partout, excepté à Fourarate. Elle est insignifiante à Diadiam II. Elle était
traditionnellement pratiquée dans le fleuve et les différents plans d’eau poissonneux de la zone,
particulièrement dans le Djoudj, soit par les autochtones, soit par des saisonniers venant d’autres
localités. Elle constituait une bonne partie de l’apport en protéines pour l’alimentation et des
sources de revenu. Elle connaît de plus en plus de difficultés liées à l’interdiction relatives aux
cours d’eau du parc, à l’enherbement du fleuve et de certains de ses affluents, à l’inadéquation de
l’équipement, et à la raréfaction de certaines espèces depuis la mise en service du barrage de
Diama.

Une autre difficulté non moins importante rend cette activité très aléatoire, il s’agit des opérations
post-pêche : la commercialisation et la transformation. Le manque d’équipement pour la
conservation des produits frais oblige les pêcheurs à céder le poisson à des prix relativement bas
aux mareyeurs venus de Saint-Louis ou à le transformer sur place.

Le commerce était surtout pratiqué par les Maures dans les différents villages de la zone. Avec les
événements sénégalo-mauritaniens de 89, les femmes ont pris le relais en vendant des légumes,
des condiments, des produits d’artisanat, etc.

L’artisanat concerne des produits divers (pipes, étuis, porte-clés, nattes, etc.) confectionnés par les
femmes à partir des peaux, du sporobolus et du typha. Ces produits sont commercialisés en
Mauritanie et au niveau de la boutique touristique («boutikbi») du campement. Cependant
l’écoulement semble être difficile.

Le maraîchage est peu pratiqué. Cette situation s’explique d’une part par l’absence de périmètres
clôturés (en grillage) pour protéger les cultures contre la divagation du cheptel et des phacochères,
d’autre part par l’inexistence de circuit de commercialisation.

Elle ne traduit pas pour autant un manque d’intérêt pour les activités horticoles, de la part des
femmes qui souhaitent disposer de petits périmètres de culture de légumes pour améliorer le repas
quotidien.




   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                     30
1.4.3 Monographie et caractérisation des villages périphériques du PNOD

Les villages de la périphérie du PNOD sont habités essentiellement par trois ethnies : Wolof,
Maure et Peul.

Tableau 3 : Répartition des principales ethnies des villages de la périphérie du PNOD selon les
            ménages

         Ethnie                 Nombre de ménages                 Pourcentage de   Villages majoritairement
                                                                  représentation           occupés
         Wolof                             193                         41%               Débi, Tiguet
         Maure                             231                         50%             Débi, Diadiam I,
                                                                                   Diadiam II, Diadiam III,
                                                                                        Rone et Tiguet
           Peul                             41                         9%          Fourarate, Diadiam II et
                                                                                         Diadiam III
       TOTAL                   465                                     100
Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002)

La population totale se chiffre à 3996 habitants en 2001 dont :
• Wolof : 2013 personnes soit 51% ;
• Maure : 1732 personnes soit 43% ;
• Peul :       251 personnes soit 6%.

Tableau 4 : Evolution de la population des sept villages de la périphérie du PNOD

               Année           1988                                       1997                   1999
Village
Debi                            767                                       1146                   1249
Tiguette                        758                                       1113                   1126
Diadiam I                       340                                        318                    318
Diadiam II                      188                                        115                    115
Diadiam III                     129                                        417                    417
Rone (El Débouback)             233                                        433                    433
Fourarate                   indéterminé                                    127                    142
Total                          2415                                       3669                   3800
Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002)


Selon ces données les femmes représentent 49,54% (1980 personnes) de la population totale. Elles
s’adonnent au petit commerce, à la riziculture, à l’artisanat, au commerce et à la transformation du
poisson. Issues d’une population très islamisée, elles sont surtout confinées à des tâches
traditionnelles de gestion du foyer (entretien de la maison et éducation des enfants). Elles
s’occupent des tâches les plus pénibles consistant à la collecte du bois mort et à la recherche de
l’eau (tâche relativement allégée depuis la réalisation des châteaux d’eau de Fourarate, Diadiam I
et Diadiam II, par l’intermédiaire du PTGI). Le plus souvent, même si elles sont affectataires de
parcelles, celles-ci sont gérées par le mari ou le frère. Les femmes sont plus touchées par la
paupérisation à cause de leur manque de formation et d’autonomie.




   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                               31
Cette situation des femmes n’est pas une particularité de la zone. Comme dans toutes les sociétés
sénégalaises, l’éducation traditionnelle limite les responsabilités de la femme à des tâches
domestiques.

La migration temporaire est de plus en plus insignifiante. Les principales directions sont :
       - Dakar pour le commerce ;
       - la Mauritanie pour la pêche et la vente de nattes ;
       - les régions de Kaolack et Fatick pour la transhumance de saison sèche.

La plupart des villages accueillent des pêcheurs saisonniers qui s’installent et qui vivent en bonne
entente avec les populations autochtones. Souvent ces pêcheurs saisonniers fournissent du poisson
au village d’accueil. Il faut noter également l’arrivée de saisonniers agricoles pendant la récolte du
riz.

L’habitat est souvent sommaire. Il est en banco avec la toiture en paille. Cependant on constate
des constructions en dur à Rone (95%), à Tiguet (50% avec une bonne douzaine d’antennes TV)
et à Débi (40%).
Les activités économiques dominantes sont : la riziculture, l’élevage et la pêche. Le commerce et
l’artisanat (tannerie, tressage) sont des activités marginales.

        Tableau 5 : Activités économiques dominantes dans la périphérie du Parc

            Activités économiques     Nombres de ménages                Pourcentage de
                                          pratiquants                   représentation
                 Riziculture                  392                            84%
                  Elevage                     341                            73%
                 Maraîchage                    6                             1%
        Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002)


La riziculture a complètement bouleversé les activités traditionnelles. Elle est aujourd’hui
pratiquée par tous les 7 villages à des degrés différents. Elle est insignifiante à Rone : seuls 6
ménages la pratiquent. Les villages de Débi, Tiguet et Diadiam II exploitent dans le périmètre
Débi-Kheun. Ceux de Diadiam I et Fourarate sont dans le périmètre de Boundoum.

Rone et Diadiam III ne sont rattachés nulle part mais exploitent dans le périmètre de Débi. Ils
disposent de terres affectées par la Communauté Rurale mais non encore aménagées.

Le cheptel devient de plus en plus important. Les bovins sont concentrés dans quatre villages :
Fourarate (37%), Débi (18%), Diadiam I (15%) et Rone (13%). La répartition des petits ruminants
entre les villages est plus équilibrée : Tiguet (25%), Diadiam I (20%), Débi (13%), Rone (12%).
La présence des asins et des équins dans la zone est faible.




   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                    32
Tableau 6 : Répartition du cheptel par espèce et par village autour du PNOD en 2002

Villages                Bovins        Ovins      Caprins             Asins          Equins
Debi                      600          148        100                  15             58
Tiguette                   89          180        289                  24             24
Diadiam I                 450          101        268                  87             26
Diadiam II                225          170         28                  15             03
Diadiam III               100          165         29                  16             03
Rone (El Débouback)       400          128         98                  65             37
Fourarate                1175          102         78                  15             10
TOTAL                    3039          994        890                 237            161
Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002)


Les infrastructures et équipements collectifs sont peu développés.
En 2002 elles se présentaient comme suit :

 Au niveau de l’éducation, seul Débi/Tiguet dispose d’une école à cycle complet donc
  susceptible de recruter chaque année. Diadiam I et III disposent chacun d’une école à une
  classe. Il existe une école coranique dans chacun des 7 villages sauf à Diadiam I. A Tiguet, on
  compte en plus une école arabe.
 Au niveau de la santé et de l’assainissement, également le groupe Débi/Tiguet dispose d’un
  poste médical avec un infirmier d’Etat. Une case de santé est fonctionnelle à Diadiam I. Le
  PNOD a un poste de santé construit et équipé dans le cadre du PTGI.
 Dans le cadre du projet Périphérie Djoudj, 284 latrines de type VIP (double fosse ventilée) ont
  été construites dans les 7 villages.
 Les lieux de culte sont au nombre de trois. Il s’agit de mosquées à Tiguet, Débi et Rone.
 L’infrastructure routière est peu importante. Il s’agit de pistes souvent en état très cahoteux.
  Deux villages sont complètement inaccessibles en saison des pluies, il s’agit de Fourarate et
  Diadiam III.
 Alimentation en eau : elle pose beaucoup de problèmes surtout pour la qualité et le traitement.
  Des charrettes pour le transport de l’eau ont été mises à la disposition des villages de
  Diadiam II, Diadiam III et Rone. Diadiam I dispose d'une station de traitement d’eau mais
  l'eau est impropre à la consommation. Le traitement de l’eau se fait au sel d'alun et à l’eau de
  Javel.

Dans le cadre du PTGI, un camion citerne a été acquis pour renforcer l’approvisionnement en eau
des villages de la périphérie ; un branchement à partir de Kheune a été également réalisé au profit
de Fourarate et règle en partie la question de l’enclavement de ce village.

1.5        Cadre législatif et réglementaire relatif à la création et à la gestion du PNOD

1.5.1       Evolution du contexte juridique

Le bassin du Djoudj a été marqué à l’origine par une faible occupation humaine en raison des
contraintes naturelles (caractère halomorphe des sols, difficultés d’accès à l’eau potable, forte
infestation de la zone par les moustiques). L’appropriation foncière y était très lâche.
Ce système traditionnel a été bouleversé par les sécheresses qui ont affecté le Delta et par
l’introduction des aménagements hydro-agricoles.




      Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                              33
1.5.1.1 Mode de gestion traditionnel de l’espace et des ressources

Partie intégrante du Delta, la cuvette du Djoudj a reproduit les mêmes règles de gestion
traditionnelle de l’espace et des ressources naturelles qui ont longtemps prévalu dans la zone et
qui étaient fondées sur la recherche d’un équilibre entre les différents usages et la préservation des
ressources.

Dans le passé, le système agropastoral reposait sur la transhumance, le respect des couloirs qui
permettent l’accès du bétail aux principaux cours d’eau. Pour la pêche étaient observées des
périodes de reproduction des poissons, des périodes et des zones de pêche (teen).

1.5.1.2 Politiques et stratégies coloniales et post-coloniales de gestion de l’espace et des
        Ressources Naturelles

De nature ethnocentrique, le droit colonial déconsidère les systèmes juridiques traditionnels. Les
politiques coloniales ont un objectif purement économique et mercantile en explorant leur système
d’économie monétaire. L’objectif revient alors à supprimer les règles traditionnelles faisant
obstacle à toute exploitation commerciale.

Le régime forestier instauré par la France repose sur le Décret du 4 juillet 1935 (J.O AOF du
3 Août 1935, p 611) qui institue un régime normatif avec une réglementation répressive.

En effet, plus de la moitié des articles (43 sur 84) concourt à la répression des infractions (Titre V,
de l’article 36 à l’article 78).

Quant aux aires protégées pour la protection de la nature, le Décret 54-471 du 27 Avril 1954 est le
premier à organiser la création des parcs nationaux et réserves naturelles intégrales, affranchis du
droit d’usage (J.O.R.F du 4 Mai 1954, p.4290).

La Conférence internationale de Londres de 1933 pour la protection de la faune et de la flore en
Afrique constitue le socle de l’élan environnemental du législateur colonial. Elle donne lieu à une
convention relative à la conservation de la faune et de la flore à l’état naturel.

La Convention de Londres postule que la meilleure façon de conserver la faune et la flore « en
danger d’extinction ou de préjudice permanent » consiste avant tout dans la création des aires
protégées.

Même si la France y était absente, elle a légiféré pour réglementer dans ses colonies les aires
protégées pour la protection de la nature. Mais ces législations furent inadaptées puisque non
secrétées par une pensée juridique africaine.

Le sentiment d’une protection de la forêt contre elles, fut celui partagé par nombre de populations
africaines. Ce sentiment a persisté après les indépendances du fait que l’Etat n’a pas corrigé les
« déséquilibres » qui existaient à ce point de vue.

Après les indépendances, la situation reste inchangée. Les promesses d’une économie rurale grâce
aux coopératives furent vaines. Les législations intervenues reposent sur la conception étatique et
centralisée qui accorde peu de place aux populations locales.

Il résulte de cette situation, une dégradation progressive, de plus en plus inquiétante.




   Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie                                     34
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  • 1. REPUBLIQUE DU SENEGAL UN PEUPLE – UN BUT UNE FOI ------------------- MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA PROTECTION DE LA NATURE ------------------- DIRECTION DES PARCS NATIONAUX ------------------- PLAN D’AMENAGEMENT ET DE GESTION DU PLAN D’AMENAGEMENT ET DE GESTION DU PARC NATIONAL DES OISEAUX DU DJOUDJ PARC NATIONAL DES OISEAUX DU DJOUDJ (PNOD) ET DE SA PERIPERIE (PNOD) ET DE SA PERIPERIE Version finale Nichoir des Pélicans (PNOD) Nichoir des Pélicans (PNOD)
  • 2. Octobre 2005 Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 2
  • 3. LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES AOF : Afrique Occidentale Française ATPN : Agent technique des Parcs Nationaux Barakh : nom wolof de Typhae australis BI : Bureau d’Information BOUTIKBI : terme wolof pour désigner la boutique villageoise créée dans le cadre du PQGI CIVC : Comité Inter villageois de Conservation COAST : Comité d’Orientation et d’Action scientifique et Technique CPN : Conservateur des Parcs Nationaux CS : Comité Scientifique DEEC : Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés DEFCCS : Direction des Eaux, Forêts, Chasses et de la Conservation des Sols DPNS : Direction des Parcs Nationaux du Sénégal FPN : Fonds des Parcs Nationaux du Sénégal GIE : Groupement d’Intérêt Economique Gowé : terme local pour désigner Cyperus maritimus GPF : Groupement de Promotion Féminine GPN : Garde des Parcs Nationaux GRAST : Groupe de Réflexion et d’Appui Scientifique et Technique GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit IFAN : Institut Fondamental d’Afrique Noire IRD : Institut de Recherche pour le Développement ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles ITPN : Ingénieur des Travaux des Parcs Nationaux JO : Journal Officiel JORF : Journal Officiel de la République Française MAS : Mission d’Aménagement du Sénégal Ndibis : nom wolof de Diplachne fusca OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal ONG : Organisation Non Gouvernementale OUA : Organisation de l’Unité Africaine PAG : Plan d’Aménagement et de Gestion PC : Poste de Commandement PNAE : Plan National d’Action pour l’Environnement PNBC : Parc National de la Basse Casamance PNDS : Parc National du Delta du Saloum PNIM : Parc National des Iles de la Madeleine PNLB : Parc National de la Langue de Barbarie PNNK : Parc National du Niokolo Koba PNOD : Parc National des Oiseaux du Djoudj POAS : Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols PPD : Projet Périphérie du Djoudj PQGI : Plan Quinquennal de Gestion Intégrée PRAE : Plan Régional d’Action pour l’Environnement PTGI : Plan Triennal de Gestion Intégrée RENOV : Réseau National des Volontaires de la conservation RFFN : Réserve de Faune du Ferlo Nord RNP : Réserve Naturelle de Popenguine ROK : Réserve Ornithologique de Kalissaye
  • 4. RSFG : Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul SAED : Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal et de la vallée de la Falémé SAPCO : Société d’Aménagement et de Promotion de la Petite Côte SB : Station Biologique SENELEC : Société Sénégalaise d’Electricité SONADER : Société Nationale pour le Développement Rural Sonk : nom wolof de Phragmites vulgaris SV : section villageoise Tag : nom local de Cyperus maritimus Thiakhar : nom local de Nymphea lotus TV : Télévision UCAD : Université Cheikh Anta Diop UGB : Université Gaston Berger UICN : Union Mondiale pour la Nature UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) WETLANDS INTERNATIONAL : ONG intervenant dans la gestion des zones humides WWF : Word Wide Fund, ONG intervenant dans la gestion des écosystèmes d’eau potable et des écosystèmes côtiers ZIC : Zone d’Intérêt Cynégétique Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 4
  • 5. AVANT PROPOS PAR LE DIRECTEUR DES PARCS NATIONAUX Le Sénégal a mis en place et organisé la gestion d'un réseau de parcs nationaux et de réserves naturelles représentatif des principaux biotopes caractéristiques du territoire national. Le taux de couverture actuel des aires protégées est de 8% du territoire national, ce qui équivaut à une superficie globale d'environ 1 516 000 hectares. Malgré les importants efforts de classement entrepris, d'abord par les autorités coloniales qui ont créé le Parc National du Niokolo-Koba en 1954, relayées par la suite par les autorités de l’Etat sénégalais, notre pays reste encore en deçà des normes universelles préconisées qui sont de 12% du territoire national par Etat. Atteindre cette norme se traduirait, au niveau du Sénégal, par le classement de 850 000 hectares supplémentaires. On pourrait sans doute se demander comment cet objectif important serait réalisable dans la mesure où l'institution éprouve des difficultés à préserver les acquis. Ce questionnement est légitimé par l'insuffisance des ressources humaines, matérielles et financières qui faisait de la DPNS une institution relativement démunie. Mais aujourd’hui, il est fort possible d’affirmer que les choses évoluent désormais dans le bon sens ; que l'espoir commence à renaître. Mais nous aurons toujours à l'esprit qu'en matière de conservation de la biodiversité et des ressources naturelles, tout succès contient très souvent les germes de son propre échec, à cause notamment des convoitises et des formes de revendication insidieuse que cela engendre. Conscient du fait que la lutte contre la dégradation de l'environnement en général, l'érosion de la diversité biologique en particulier est un combat sans fin, notamment à cause de la complexité des facteurs qui interagissent, il a fallu marquer la rupture avec certaines démarches et pratiques de gestion rendues caduques par l'évolution des contextes législatifs et réglementaires et les mutations socio-économiques récentes. Les écosystèmes et les éléments constitutifs de la diversité biologique sont dynamiques et interdépendants, et ont la faiblesse d'être destructibles. La Monographie Nationale de la Biodiversité a révélé que, malgré sa portion relativement infime, le réseau des parcs et réserves abrite les parties les plus significatives de la biodiversité sénégalaise. Ce qui par ailleurs pourrait indiquer qu'une dégradation de l'état de conservation des aires protégées se traduirait par des pertes significatives d'écosystèmes et d'espèces de flore et de faune, partie intégrante du patrimoine naturel et culturel de notre pays. L'élaboration du Plan d'Aménagement et de Gestion (PAG) du Parc National des Oiseaux du Djoudj, après la validation de celui du Parc National du Niokolo-Koba en décembre 2000, traduit une réelle volonté de doter chaque aire protégée d’un plan d’aménagement de gestion. Le PAG a, en même temps, identifié et dégagé des axes d'articulation avec le Plan d'Aménagement et d'Occupation des Sols (PAOS) de la Communauté Rurale de Ross-Béthio, notamment par les propositions d'adéquation et d'harmonisation des programmes de conservation et de développement intégré des ressources et des paysages du Parc National des Oiseaux du Djoudj et sa région périphérique. L'implication des membres du Conseil Rural de Ross-Béthio et de représentants des villages périphériques (Comité intervillageois de la périphérie du Djoudj) depuis le début du processus a permis une appropriation des objectifs du PAG par les acteurs locaux. Mais aussi importants que soient les acquis de la conservation de la biodiversité et des paysages du PNOD, et quelles que soient les propositions d'axes programmes de gestion participative et intégrée formulées par le PAG/PNOD, le résultat final dépendra des capacités réelles des acteurs à anticiper sur les contingences, la résolution des conflits inhérents à toute dynamique de développement. Mais il incombe aussi à la DPNS et aux organes qui seront créés ou légitimés Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 5
  • 6. pour l'exécution de PAG/PNOD, de s'efforcer d’entretenir des relations de confiance, indispensables à la mobilisation durable et à la participation effective de tous les acteurs, en particulier les organisations communautaires de base et les partenaires d'appui. Nous nous réjouissons cependant du fait que le processus de mise en œuvre pratique du PAG/PNOD capitalise les importants résultats des programmes des multiples partenaires au développement, parmi lesquels figurent la coopération allemande (la Rhénanie Nord Westphalie dont le projet a été exécuté par la Fondation Friedrich Ebert, et le Ministère de la Coopération allemande dont les exécutions étaient confiées à la GTZ), ainsi que le Royaume des Pays-Bas qui a financé le Plan Quinquennal de Gestion Intégré (PQGI) et le Plan Triennal de Gestion Intégrée (PTGI) du Djoudj dont les exécutions étaient confiées au Bureau national de l'Union Mondiale pour la Nature par le Pays Bas. Au nom du Gouvernement du Sénégal et de l'ensemble du personnel de la Direction des Parcs Nationaux, nous voudrions saisir cette opportunité pour renouveler notre gratitude à ces différents partenaires privilégiés, qui nous ont épaulés et accompagnés pendant les phases les plus difficiles. Nous remercions particulièrement la GTZ, notamment le Projet de la Périphérie du Djoudj (PPD), d'avoir accepté de soutenir la Direction des Parcs Nationaux dans son objectif de réalisation de ce Plan, en mettant à notre disposition les ressources humaines et financières nécessaires à son élaboration ; et cela, malgré les contraintes d'exécution d'un projet où une telle activité n'était pas prévue au départ. Ce qui dénote la qualité d'un partenariat basé sur la compréhension et la confiance mutuelles que nous espérons pouvoir maintenir et consolider dans les phases opérationnelles qui vont suivre. Nous voudrons enfin rendre un vibrant hommage aux membres du Groupe de Réflexion et d'Appui Scientifique et Technique (GRAST) de la Direction des Parcs Nationaux, partenaires stratégiques privilégiés qui, parfois dans des conditions matérielles et logistiques très difficiles et nonobstant les contraintes des calendriers surchargés des uns et des autres, ont toujours répondu à l'invite de la DPNS pour examiner, amender et améliorer les versions des différentes étapes qui ont caractérisé le processus d'élaboration de ce précieux outil. Avec eux, la DPNS, mieux que par le passé, espère pouvoir compter sur les contributions de chacun d'eux, et au-delà de leurs institutions respectives, pour faire du site du Patrimoine Mondial et Zone Humide d'Importance Internationale du Parc National des Oiseaux du Djoudj un espace de recherche, de coopération et d’échanges, à la dimension des statuts du site et par rapport aux besoins d'une meilleure maîtrise scientifique et technique du fonctionnement et de la dynamique socio-écologique du Delta du fleuve Sénégal, de part et d'autre de la frontière avec la République Islamique de Mauritanie. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 6
  • 7. TABLE DES MATIERES LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES....................................................................................... 3 AVANT PROPOS PAR LE DIRECTEUR DES PARCS NATIONAUX.......................................5 TABLE DES MATIERES............................................................................................................... 7 INTRODUCTION........................................................................................................................... 8 CHAPITRE 1 : Le PNOD et son environnement.........................................................................10 CHAPITRE 2 : Objectifs d’aménagements et options stratégiques....................................................................................................................... 55 CHAPITRE 3 : Plan d’action, mise en œuvre, suivi/évaluation, budgétisation, cadre logique et calendrier d’exécution................................................................................................................... 70 Les capacités de la Station biologique sont renforcées................................................................92 Le suivi des indicateurs sur l’écosystème/les espèces est défini et assuré...................................92 Les opportunités de valorisation des paysages et des ressources sont identifiées........................93 L'Eco-tourisme est promu dans le Parc et sa périphérie............................................................93 CHAPITRE 4 : Cartographie générale........................................................................................ 95 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...................................................................................107 ANNEXES................................................................................................................................... 109 Phacochère.................................................................................................................................. 115 Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 7
  • 8. INTRODUCTION Dans le contexte de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale relative à la Convention sur la Diversité biologique, la Direction des Parcs Nationaux a engagé un processus consistant à doter chaque Parc National et Réserve Naturelle d’un Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG). Cette option tire sa légitimité des conclusions du Conseil Interministériel du 17 août 1993, confirmée par la Lettre de Politique Sectorielle du Sénégal relative à l’Environnement et le Développement Durable. Le PLAN D’AMENAGEMENT ET DE GESTION, ou plan directeur d’aménagement, est un « outil » évolutif attaché à un espace protégé pour guider l’ensemble des activités des gestionnaires pendant des séquences périodiques plus ou moins longues. Le Plan de Gestion des aires protégées est un cadre de référence en matière de gestion des ressources naturelles sur des espaces spécifiques mais qui s’inspire des politiques et stratégies nationales relatives à l’Environnement et au Développement. Sous ce rapport, le Plan de Gestion des aires protégées prend en compte les orientations stratégiques consignées dans : 0 - le Plan National d’Action pour l’Environnement (PNAE) ; 1 - la Stratégie Nationale et le Plan National d’Action pour la Conservation de la Biodiversité ; 2 - les Plans Régionaux d’Action pour l’Environnement (PRAE) ; 3 - les Plans Locaux de Développement ; 4 - les programmes sectoriels à l’échelle locale, nationale, ou régionale, relatifs à l’environnement et au développement durable ; - le Cadre de Dépense Sectoriel à Moyen Terme du Ministère. Le PAG doit prévoir les modalités d’une intégration harmonieuse des actions de développement rural en périphérie de l’aire protégée. Pour le Parc National des Oiseaux du Djoudj, le processus d’élaboration du Plan d’Aménagement et de Gestion prolonge et élargit les actions de planification déjà exécutées ou en cours d’exécution, notamment le Plan Quinquennal de Gestion Intégrée (PQGI) et le Plan Triennal de Gestion Intégrée (PTGI) L’ambition du PAG est de fonder les choix d’aménagement et de développement sur le respect des patrimoines naturels et culturels locaux, qui en sont le support et en constituent les limites. La mise en œuvre des orientations et des mesures du Plan de gestion se fera dans le cadre de programmes pluriannuels définis avec les collectivités locales et l’Etat. Le PAG/PNOD constitue un projet global d’aménagement, de protection et de développement durable du territoire à l’initiative partagée de l’Etat, des populations et des collectivités locales concernées. Il souligne les principes majeurs qui guideront les choix d’aménagement, de développement et de conservation ; il met en relief les objectifs à atteindre, les résolutions conclues entre les partenaires et les mesures qu’ils s’engagent à prendre. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 8
  • 9. Le plan de gestion du PNOD est structuré en quatre parties : 5 - le chapitre 1 décrit l’état des lieux du PNOD en termes de ressources naturelles, environnement socio-économique et d’organisation institutionnelle et administrative ; 6 - le chapitre 2 dégage les objectifs visés par l’aménagement du parc et les options stratégiques qui orientent les actions ; 7 - le chapitre 3 indique le plan d’action, la mise en œuvre, le suivi/évaluation, la budgétisation, le cadre logique et le calendrier d’exécution. 8 - le chapitre 4 présente la cartographie générale. Le plan de gestion du PNOD a été élaboré à partir d’une approche participative impliquant, à côté de l’équipe de consultants, des agents du PNOD, des élus locaux et des populations vivant dans la périphérie du PNOD, des membres du GRAST…... Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 9
  • 10. CHAPITRE 1 : Le PNOD et son environnement Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 10
  • 11. 1.1 Contextes 1.1.1 International Les principales lignes de force qui configurent le visage du monde actuel ont pour noms : libéralisation économique, crise écologique, nouvelle vision des rapports entre l’homme et son environnement. Le triomphe du modèle philosophico-économique libéral, baptisé par euphémisme mondialisation, se traduit par un cadrage macro-économique qui soumet toutes les stratégies et planification du développement au service du capital, réduit les prérogatives et sphères d’intervention de l’Etat. Sous ce rapport, les ressources naturelles sont l’objet d’une surexploitation qui menace l’équilibre de la Planète. Les ressources les plus affectées à l’échelle planétaire par le rythme, le volume et les nouvelles formes de consommation sont l’eau, les terres arables, les forêts tropicales et les ressources halieutiques. La fin du dernier millénaire a vu naître et prospérer une autre perception du développement qui intègre la dimension environnementale. Cette vision est à l’origine de la définition de nouvelles orientations politiques et de stratégies de gestion des ressources naturelles impulsées à partir du système des Nations Unies (UNESCO) et appuyées par des ONG d’envergure internationale comme WWF, UICN WETLANDS INTERNATIONAL. Cette nouvelle démarche est fondée sur la reconnaissance d’une plus grande place à la société civile et aux populations locales dans la planification, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des programmes et politiques en matière de conservation des ressources naturelles et de la biodiversité. 1.1.2 National Le Sénégal est un pays sahélien ouvert sur la mer (700 km de côtes). Les trois dernières décennies y ont été marquées par des déficits pluviométriques très prononcés qui n’ont pas manqué d’affecter les ressources naturelles et les productions agricoles. Les manifestations de la péjoration climatique varient selon les régions. L’état de dégradation des ressources naturelles est de plus en plus accentué le long d’un gradient sud/nord, fortement influencé par l’évolution du gradient pluviométrique. Globalement, la récurrence des sécheresses a engendré, entre autres conséquences : - un rétrécissement de la couverture végétale et une dégradation des ressources fourragères et/ou forestières dans une grande partie du pays ; - une diminution de la densité des espèces ligneuses dans les formations végétales; - une baisse sensible des nappes souterraines ; - une altération de la qualité des sols ; - une dégradation de la diversité biologique. Les productions agricoles marchandes qui ont enregistré une forte baisse au cours de la même période amorcent un redressement depuis l’hivernage 2000, mais dans un environnement économique mondial de récession. C’est pour maîtriser, voire inverser ces tendances régressives que l’Etat a entrepris, seul ou en partenariat avec ses voisins, de réaliser un certain nombre de programmes axés sur la mobilisation des ressources hydrologiques, la restauration des terres dégradées, la protection des habitats. Ces initiatives bénéficient de l’appui des partenaires au développement. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 11
  • 12. 1.1.3 Régional et local Le Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD), entièrement situé dans l’écosystème Deltaïque du fleuve Sénégal, est constitué de lacs, marigots et bancs de sable. Un des premiers refuges, après le Sahara, pour les oiseaux paléarctiques migrateurs et afro-tropicaux, il représente une réserve génétique exceptionnelle pour de nombreuses espèces végétales et animales. Pour ces raisons, le PNOD est inscrit sur la liste des zones humides d’importance internationale (Convention de Ramsar). Il est également un site du Patrimoine mondial de l’humanité pour l’UNESCO. Localisé dans le moyen Delta, le PNOD est exposé à l’influence directe des dynamiques écologiques et socio-économiques qui affectent le Delta. C’est ce qui explique les liens étroits entre les enjeux du PNOD et le double contexte de l’après-barrage et de la régionalisation. Au plan écologique, les modifications du régime hydrologique du Djoudj liées au fonctionnement du barrage de Diama constituent une contrainte majeure au regard des besoins de préservation de la biodiversité. Si les collectivités locales ont revendiqué, en un moment, un renforcement de leur pouvoir de contrôle et de gestion sur le PNOD et les populations riveraines un accès plus libre aux ressources du parc, toutes ces revendications sont de plus en plus tempérées par la mise en place d’une stratégie de gestion concertée de l’aire protégée et sa périphérie par l’intermédiaire du PQGI, du PTGI et du PPD. Le Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols (POAS) réalisé par la communauté rurale de Ross-Béthio, à partir d’une démarche participative, ouvre des opportunités pour renforcer la concertation entre le PNOD et son environnement. 1.2 Localisation du parc et de sa périphérie Créé en 1971, le Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD) est situé dans la Communauté rurale de Ross-Béthio (Département de Dagana), entre 16°30' N et 16°10' W. Il est localisé dans le Delta du Fleuve Sénégal, à près de 15 km de Ross-Béthio et 60 kilomètres au Nord-Est de Saint Louis. Il représente un des quartiers d’hiver, dans le circuit migratoire des oiseaux, juste après 2000 kilomètres de traversée du désert du Sahara. Il est composé d'un ensemble de marécages, de lacs temporaires, de cuvettes inondables, et de marigots. Il s’étend dans ses limites actuelles sur une superficie de 16 000 hectares environ. Il est bordé au Nord et Nord-Ouest par une digue périphérique, au Sud par le marigot du Gorom aval et à l’Est par celui du Rhad. Le PNOD est ceinturé, dans sa couronne immédiate, par sept villages qui constituent les partenaires solidaires du PQGI, du PTGI et du PPD. Il s’agit de Débi, Diadiam I, Diadiam II, Diadiam III, Fourarate, Rone et Tiguet. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 12
  • 13. 1.3 Milieu bio-physique 1.3.1 Présentation éco-géographique Situé entièrement dans les écosystèmes Deltaïques du Fleuve Sénégal, le Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD) se présente sous la forme d’un ensemble de terres très basses, sans relief marqué. Les terrains qui le constituent sont récents et résultent de l’action simultanée du fleuve, de la mer et du vent. Ces terres basses, ensemble de petites cuvettes à altitude comprise entre 0,50 et 1,00 m IGN, sont parcourues par un réseau anastomosé de marigots (Diar, Gorom, Djoudj, Khar, Tiguet, Diolar...), de lacs (Grand Lac, Lamentin, Khar) et de mares (Tantale, Diensah, Khoyoye). 1.3.1.1 Facteurs physiques dominants Le Delta du Fleuve Sénégal est enchâssé dans les vestiges d’un erg de dunes rouges et compartimenté par un jeu complexe de dépôts fluviatiles, marins et éoliens. a. Conditions climatiques Le climat est caractérisé par une transition entre des influences d’un domaine continental sahélien et d’un domaine littoral. Par conséquent, les masses d’air des vents saisonniers sont, selon leur provenance, soit sèches ou humides, soit froides ou chaudes. La pluviométrie est faible. Elle est marquée par une diminution sensible au cours des vingt dernières années. Tableau 1 : Principales données climatiques du Delta du fleuve Sénégal. Température minimum 13°C (janvier) à 25°C (août) Température maximum 30°C (février) à 39°C (mai) Précipitation annuelle 200 à 250 mm/an Précipitation mensuelle minimum 0 mm/mois (avril) Précipitation mensuelle maximum 130 mm/mois (septembre) dont environ 90% en août et septembre Evaporation potentielle 3 500 mm/an en moyenne Vents alizés dominants Vitesse de 7 m/s à partir de janvier Vents de sable Vitesse dépassant 15 m/s au mois de mai Le régime climatique est subdivisé en fonction de trois saisons principales : - la saison des pluies, de juin à septembre - la contre-saison froide et sèche, d’octobre à février - la contre saison chaude et sèche, de mars à juin Les deux contre-saisons correspondent à la période de migration des oiseaux du paléarctique et de nidification de certaines espèces d’oiseaux. Les principales données climatiques relevées dans les stations du Delta confirment le caractère semi aride de cette zone. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 13
  • 14. b. Aperçu géologique La morphologie actuelle s’est essentiellement façonnée au cours du Quaternaire, sous l’influence d’épisodes climatiques alternativement secs et humides affectant le régime hydrologique et les conditions marines de la région. Les dépôts fluvio-marins qui couvrent le Delta sont constitués d’une couche épaisse et continue de dépôts sableux nouakchottiens, surmontés de formations diverses et discontinues. Ces formations sont de nature sableuse (hautes levées) ou sablo-limoneuse à limono-argileuse (levées subactuelles à actuelles). Elles alternent avec des parties dépressionnaires à sédiments essentiellement argileux (cuvettes de décantation, dépressions endoréiques, dépressions interdunaires, sebkhas), avec des formations éoliennes sableuses (dunes rouges anciennes, dunes jaunes récentes et cordons littoraux), et localement avec d’anciens dépôts marins (terrasses marines à coquillages). L’influence marine est à la fois héritée de la phase ancienne du Nouakchottien et d’épisodes plus récents, avec une intrusion de la langue salée largement en amont du Delta, jusqu’à Podor. Cette influence est marquée par des dépôts organo-minéraux (vasières, mangroves fossiles) et salins. c. Aspects pédologiques et hydrogéologiques Dans le Delta, la pédogenèse est influencée par trois facteurs principaux : la sédimentation, la salinisation et le régime hydrique. Il en résulte un lien étroit entre la typologie des sols et la répartition des formations alluviales. Les sols du Parc National des Oiseaux du Djoudj, plus ou moins halomorphes et hydromorphes, sont de formation fluvio-deltaïque (delta de rupture, petites levées subactuelles à actuelles, petites dépressions …). Ils sont caractérisés par un régime hydrique plus humide marqué par une inondation réduite, mais un engorgement plus fréquent et une forte influence des remontées capillaires des sols à texture limoneuse à limono-argileuse. Ces remontées favorisent les processus de salinisation des horizons de surface, en particulier au voisinage des parties inondées qui maintiennent une nappe phréatique élevée durant une partie de la saison sèche et chaude (TRICART, 1964). d. Réseau hydrographique et régimes hydrologiques Le bassin du Djoudj s’inscrit dans une cuvette de forme ovoïde, de 18 000 ha de superficie. Il est limité au nord par le bassin de Ndepelout et celui du fleuve Sénégal, à l’ouest par le bassin du Sénégal, au sud par le Gorom et à l’est par le système Gorom-Lampsar. Deux régimes hydrologiques qui se sont succédé dans le Delta (le régime naturel et celui modifié par la construction des barrages) ont alternativement marqué le fonctionnement du Djoudj. • Réseau hydrographique du Djoudj L’hydrographie du Djoudj est un système complexe formé par une série de lacs ou mares reliés par des axes hydrauliques. Les lacs qui forment la grande cuvette morphologique du Djoudj et justifient l’existence de la grande réserve ornithologique (COLY, 2001) sont : - Le Grand lac, réservoir le plus important du système (5 500 ha de superficie), est situé au sud de la réserve ; il mesure 4,5 km de long sur 2,3 km de large à son centre ; Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 14
  • 15. - Le lac Khar, situé au sud du Grand lac, s’étend sur 1 500 ha ; long de 1,8 km et large de 300 m environ, il est alimenté par le marigot du Djoudj ; - Le lac du lamantin situé au nord du Grand lac, se déploie sur 1 000 ha ; il a une longueur moyenne de 2,5 km et une largeur de 500 m ; il reçoit les flux du canal du Crocodile soutenu par le marigot de Thieguel. Les axes hydrauliques qui relient ces cuvettes sont : - le Thieguel : c’est le prolongement nord-est du Djoudj vers le système des lacs du Crocodile et du Lamantin ; - le canal du Crocodile, long de 7 km, permet le remplissage du Djoudj par le nord ; - le Demsa, embranchement de rive gauche du Djoudj, rejoint le Grand lac ; Le Demsa et le Thiéguel sont interconnectés par le système du Diolar qui se situe en pleine cuvette du Djoudj (COLY, 2001). • Régimes hydrologiques Le fonctionnement du système du Djoudj est commandé par un système de vannes. Les ouvrages vannés ont été installés sur la digue périphérique du Delta construite en 1964. Il s’agit de : - l’ouvrage du canal du Crocodile équipé de quatre vannes avec passes de 2,50 m de long et 1,50 m de large ; son niveau de crête se situe à +3,90 m et le niveau de seuil à –1,00 m environ (débit nominal :10 m3.s-1 ) ; - l’ouvrage du marigot du Djoudj doté de quatre vannes avec des passes de 2,50 m de long et 1,50 m de large et le niveau radier à –2,00 m IGN ; le niveau de crête se situe à + 3,38 m (débit maximal : 20 m3.s-1 ). L’ouvrage de Gorom et l’ouvrage de terre dit « digue de Sara » complètent le dispositif. Le premier permet l’amélioration de la qualité de l’eau à certaines périodes de l’année. Le second ouvrage permet de gérer les plans d’eau de façon différenciée. Deux régimes hydrologiques se sont succédé dans la région du Delta du fleuve Sénégal. Le régime hydrologique naturel avant l’aménagement du fleuve était caractérisé par deux saisons bien contrastées :  Un régime de crue d’août à novembre, durant la saison des pluies, avec des eaux abondantes et de bonne qualité (37 à 75 mg/l de charge dissoute).  Un régime d’étiage de décembre à juillet, avec de faibles débits, de l’ordre de 600 m3/s à l’embouchure. La très faible pente de la Basse Vallée favorisait dès le mois de décembre les intrusions de l’eau de mer à travers le réseau de défluents et de cuvettes, avec une influence sensible (salinité supérieure à 0,1 g/l) jusqu’à 240 km en amont, dans le département de Podor. L’arrivée de la crue entraînait le refoulement de ces eaux saumâtres dans les cuvettes et dépressions de la Basse Vallée et particulièrement du Delta, celles-ci étant régulièrement alimentées en sel jusqu’à une époque récente. Ce régime naturel du fleuve a été progressivement modifié avec la mise en place de grands aménagements hydrauliques par la Mission d’Aménagement du Sénégal (MAS) et particulièrement par l’OMVS. En 1964, à l’initiative de la MAS, une digue de ceinture est édifiée sur 82 km en rive gauche du fleuve, de Maka-Diama à Thiagar, complétée par des digues de protection des périmètres du Bas Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 15
  • 16. Delta, de Dagana, de Nianga et Guédé. Ceci permet de contrôler partiellement la crue et de limiter les intrusions salines dans les zones ainsi protégées. En 1983, la digue antisel provisoire de Kheune est créée à environ 115 km de l’embouchure pour limiter les intrusions de la langue salée en amont du Delta et de la Basse Vallée. En 1986, la fermeture du barrage de Diama à 36 km de l’embouchure permet la protection de la majeure partie du Delta et le stockage de 250 à 500 millions de m3 d’eau douce, selon la cote de retenue (1,50 à 2,50 m). En 1989, la fermeture du barrage de Manantali permet de régulariser la crue et de stocker environ 11 milliards de m3 d’eau douce. En 1992, l’endiguement de la rive droite est assuré entre Diama et Rosso pour assurer une protection des terres et un contrôle des écoulements. En 1994, la réfection de la digue Rive Gauche permet une gestion optimisée des ouvrages mis en place. Le système ainsi artificialisé se traduit par la régularisation de la crue, le soutien à l’étiage durant la saison sèche, le contrôle des écoulements dans les terres du Delta et leur protection contre les intrusions de la langue salée. Ces modifications majeures ont eu pour effet la prolifération des végétaux aquatiques envahissants au niveau de la cuvette du Djoudj. 1.3.1.2 Communautés biotiques caractéristiques D’un milieu naturel, le Delta est passé à un milieu anthropisé résultant d’une série d’actions modifiantes. Ce nouveau milieu se caractérise par une mosaïque de zones juxtaposées où les interactions demeurent mais où des vocations nouvelles et dominantes se sont créées. a. Typologie et classification des écosystèmes Dans le Delta, les ensembles écosystémiques conditionnent prioritairement l’environnement naturel et les équilibres entre la flore et la faune. On pourrait retenir quatre types de système écologique (OMVS : étude de l’environnement du Delta) :  Ecosystèmes végétaux associés aux zones exondées Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 16
  • 17.  Ecosystèmes associés aux plaines alluviales non ou faiblement inondables Cet écosystème se situe sur les formations fluvio-deltaïques à régime d’inondation limitée.  Ecosystèmes des dépressions inondables Ces écosystèmes ont été affectés par les changements dus aux conséquences de la sécheresse et aux aménagements sur le Fleuve Sénégal et des terres du Delta. Selon qu’elles subissent une submersion par des eaux superficielles (courantes ou stagnantes) ou que leurs sols soient simplement imbibés, ces zones humides sont classées en deux grands types: o Les zones humides immergées en eau courante correspondent à l’ensemble des espaces localisés dans les cours d’eau ouverts où la submersion est en relation avec les crues et les décrues des cours d’eau. o Les zones humides immergées en eau stagnante. Elles correspondent aux sols submergés par des eaux stagnantes que l’on trouve par taille croissante de la surface submergée et de la profondeur de la submersion (dépression du Ndiael, Trois marigots).  Ecosystème du Lac de Guiers Dépression située dans le plateau du Ferlo, le Lac de Guiers est une grande zone humide immergée en eau stagnante. b. Identification et caractérisation des principaux sites Le Delta était autrefois caractérisée par une grande hétérogénéité spatio-temporelle, du point de vue de la topographie (profondeur des plans d’eau, pente des berges…), des conditions physico- chimiques de l’eau (eaux douces, saumâtres, salées), de la végétation aquatique (roselières à typha et phragmites, nénuphars, mangroves…), de la végétation des berges (Tamarix, Sporobulus…) et des plaines inondables. Chaque espèce exploitant une niche écologique qui lui était propre, le grand nombre d’espèces utilisatrices était révélateur de l’extrême diversité des conditions écologiques. Restant conforme à la Convention de Ramsar dans la caractérisation des zones humides pour la sauvegarde de la biodiversité, les sites suivants ont été identifiés dans l’écosystème global du Delta : o Parc National des Oiseaux du Djoudj o Parc National de la Langue de Barbarie o Réserve Spéciale de Faune de Gueumbel o Mangroves et vasières du Gandiolais o Mangroves et vasières du Nord de Saint-Louis o Réserve de Faune du Ndiael o Zone des Trois Marigots o Réserve de Nord Saint-Louis o Lac de Guiers Ces différents sites ont été retenus en raison des critères suivants : Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 17
  • 18. - leur diversité en habitats et en espèces et leur rôle pour la sauvegarde de la faune, notamment pour l’avifaune afrotropicale et migratrice paléarctique ; - l’abondance pour l’un ou l’autre groupe d’espèces animales ou végétales particulières dépendant fortement de ce site pour leur sauvegarde ; - la présence d’habitats menacés d’extinction ; - la non emprise des activités agricoles sur ces sites ; - la possibilité de les réhabiliter ; - leur importance pour l’alimentation en eau et leurs risques de pollution, etc. (Réseau National Zones Humides, Coordination St-Louis). 1.3.2 La végétation et la flore Les études portant sur la végétation de la zone (OMVS 1976, 1980, 1994; FALL, 1990 ; WULFFRAAT, 1993 ; WILLBROCK, 1994) font état de 85 espèces dont 52 sont communes. Leur répartition spatiale est influencée par la fréquence des inondations (hydrologie et altitude du terrain), la teneur en sel des eaux et des sols et le type de sol. La cartographie de la végétation et des unités paysagères du bassin du Djoudj repose essentiellement sur les travaux de William SCHWÖPPE (1993 et 1994). La flore est essentiellement constituée de spermatophytes (WULFFRAAT, 1993) présentant des caractères endémiques très marqués. Ces espèces végétales sont regroupées en 17 communautés végétales et 21 groupes sociologiques distincts. Les structures des regroupements sont dominées par : - les pelouses - les formations - les galeries forestières Principaux paysages végétaux : La zone est caractérisée par une grande diversité des paysages végétaux : 38 unités paysagères ont été identifiées et classées (Wulffraat 1993) selon des critères morphopédologiques, hydrologiques. Ces unités paysagères peuvent être regroupées en une dizaine de paysages végétaux typiques sur la base de critères géomorphologiques (forme et altitude). Les différents types de paysages correspondant sont : a. Les plans d’eau permanents ou temporaires à hydro-halophytes Les rivières, les cirques, les lacs, les cuvettes et les sebkha sont le domaine des macrophytes aquatiques (surtout les rivières et les lacs permanents d’eau douce). La présence des macrophytes aquatiques (Pistia, Nymphea et Cerratophyllum) dépend de la profondeur de l’eau, de la présence ou absence saisonnière de l’eau, de la salinité des eaux superficielles, de la vitesse d’écoulement, etc. Les lacs, les cuvettes et les sebkha non végétalisés sont généralement inondés mais peuvent s’assécher pendant la saison sèche en fonction de leur profondeur et de leur superficie : Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 18
  • 19. Les berges de fleuve et des rivières à Phragmites vulgaris, de la rivière Djoudj et du lac Khar, dans les zones d’inondation permanente au sud-ouest (fleuve Sénégal et Marigot de Diar). Sur les rives Ouest du Djoudj, le Khar et le Gorom, la galerie forestière à Tamarix senegalensis, Salvadora persica et Acacia nilotica prédomine avec une hauteur moyenne des arbres de 10 m. Les berges lacustres salées sur les rives ouest du Grand Lac et à l’ouest du poste de Gainthe sont dominées par les communautés à Scirpus littoralis qui tolèrent assez bien la sursalure. Dès que les taux de salinité baissent, les communautés à Sporobolus robustus peuvent s’implanter. Sur les berges des lacs centraux, les espèces dominantes sont Scirpus littoralis et Sporobolus associées quelques fois à Diplachne fusca et Typha australis. b. Les plaines inondables Elles regroupent 9 unités paysagères qui correspondent généralement aux terres rizicultivables. Elles sont largement distribuées à travers tout le parc. Les communautés représentées sont Scirpus littoralis, Scirpus maritimus, Sporobolus robustus, Eleocharis mutata, Cuperus littoralis et Cyperus digitata et secondairement Tamarix senegalensis. Au pied des Deltas de rupture de levées, Tamarix senegalensis peut-être associé à Echinochloa Colona, Scirpus maritimus et Sporobolus robustus. Quelques touffes de Salsola baryosma peuvent également être observées. Les zones d’inondation permanente du fleuve Sénégal au nord sont largement couvertes par Typhae australis et Phragmites vulgaris qui ont remplacé Scirpus maritimus, Scirpus littoralis et Cyperus digitatus. Tamarix senegalensis et Acacia nilotica y sont également submergées de façon permanente. Les levées basses et les Deltas de rupture, inondés seulement au cours des hautes eaux en régime naturel et qui sont actuellement exondés, se situent au sud du parc. Les communautés végétales présentes sont Tamarix senegalensis, Salvadora, Nitraria retusa et Acacia nilotica. Des structures éoliennes (sebkha) s’y sont accumulées sur les buissons. Le tapis herbacé est composé de Salsola baryosma, Suaeda fructicosa sur des sols halomorphes. On peut aussi avoir Pentatropis spiralis (grimpante) ou Sesuvium portulacastum. c. Les levées hautes Elles sont occupées par Solsola baryosma qui indique une exondation permanente et un entretien par les précipitations. L’activité éolienne qui s’exerce sur les hautes levées est intense dans les zones dénudées ou couvertes par Cyperus esculentus (Sud, Est et Nord) de la cuvette du Djoudj. Quand une surface d’eau de très faible profondeur se développe, l’association Tamarix senegalensis / Salvadora persica ou une roseraie à Phragmites vulgaris peut s’y retrouver. Les levées à croûte salée du secteur de Tiguet sur sol hydromorphe salé à gley sont stériles et ne peuvent être occupées que par Arthrocnemum glaucum. Les patches diffus et localisés qui sont des associations atypiques ou confinées ne sont pas suffisamment développées pour être catégorisées. Elles sont basées sur l’association de Typhae australis et Phragmites vulgaris avec d’autres espèces végétales sans structuration particulière. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 19
  • 20. 1.3.3 La Faune Le Delta du fleuve Sénégal est affecté par des mutations écologiques et socio-économiques de grande envergure. Depuis trois décennies, il accuse des déficits pluviométriques accentués. Le régime hydrologique du fleuve est artificialisé par la mise en service des barrages de Diama (1986) et Manantali (1987). Les aménagements hydro-agricoles qui ont supplanté la culture de décrue épousent une croissance exponentielle. Toutes ces modifications ont entraîné une dégradation progressive des habitats et une érosion de la biodiversité du Delta. Le PNOD, créé pour inverser ces tendances régressives, représente, à l’heure actuelle, un des derniers refuges de la faune du Nord du Sénégal, et le principal quartier d’hiver de l’avifaune migratrice du paléarctique occidental. L’intérêt porté aux oiseaux qui représentent la principale attraction touristique du PNOD explique le suivi systématique et la documentation exhaustive qu’on a sur l’avifaune (inventaires annuels, missions ornithologiques). Dans le courant de la décennie 1990-2000, des programmes de recherche ont amélioré les connaissances sur les ressources ichtyologiques du PNOD et de sa périphérie (Diouf et al. 1991; Pandaré et al. 1995 ; Pandaré et Sanogo 1996 ; Lô 1996). Les informations concernant les autres espèces sont par contre fragmentaires ou simplement d’ordre qualitatif.  Les invertébrés Aucune étude approfondie des invertébrés de la zone du Djoudj n’est, à ce jour, réalisée. Les connaissances sur le sujet restent donc à établir. Cependant, à partir d’observations sommaires, on a pu identifier les espèces suivantes : plathelminthes, némathelminthes, rotiffères, mollusques, annélides, arthropodes. Les moustiques sont prédominants chez les arthropodes, ce qui explique le taux élevé de prévalence du paludisme dans la périphérie du PNOD.  Les poissons Selon les sources les plus récentes (Diouf et al. 1991 ; Pandaré et al. 1995 ; Pandaré et Sanogo 1996, Lô 1996, Diouf 1997, Sanogo 1999), 82 espèces de poissons ont été identifiées dans le PNOD et sa périphérie, dont 75 vivant à l’intérieur du parc. Cette ichtyofaune est composée de 28 familles dont les plus diversifiées sont les Cichlidae (14 espèces), les Characidae (12 espèces) et les Bagridae (9 espèces). Les formes dulçaquicoles sont dominantes (plus de 98%). La richesse ichtyofaunique du PNOD et sa périphérie se mesure à sa juste valeur si on rapporte le nombre d’espèces à l’étroitesse de la superficie des plans d’eau. Le PNOD compte 92 espèces pour une surface aquatique de 380 km2 contre 116 espèces et 89 espèces pour respectivement l’estuaire du Saloum (29 700 km²) et le fleuve Gambie (77 100 km²). La composition spécifique des peuplements de poissons du PNOD et sa périphérie est relativement stable dans le temps. Cependant le rapport inter-spécifique a connu des modifications sous l’influence de facteurs naturels et anthropiques. Les longues années de sécheresse (décennies 70 et 80) avaient réduit la surface des plaines inondées, affectant du coup les conditions de reproduction et de croissance de plusieurs espèces dont l’écologie est liée à l’inondation (Welcome 1985), (Gymnarchus niloticus, Heterotis niloticus, Lates niloticus). Si les barrages ont infléchi cette tendance, ils ont à leur tour entraîné la disparition des espèces estuariennes et marines à affinité thalassique par la suppression de l’alternance eau douce/eau salée. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 20
  • 21. La prolifération de plantes aquatiques (Typha australis, Pistia stratoïtes, Salvinia molesta) constitue, à long terme, une menace contre le développement du phytoplancton et par conséquent contre le développement des peuplements de poissons. La prédation aviaire, à son tour, exerce une pression non négligeable sur les stocks, (prélèvements uniquement opérés par les pélicans estimés à 4 tonnes de poisson par jour ; TRECA, 1993). Les premiers résultats du programme de recherche du PTGI, font état d’une régression de la biodiversité ichtyologique dans les plans d’eau du PNOD (PANDARE et M. FALL, 2001). Actuellement les familles les plus abondantes sont les Cichlidae (Oreschromis niloticus, Tilipia guineensis), les Cyprinidae (Labeo spp.), les Clariidae (Clarias spp.), les Mochokidae (Hemisynodontis membranaceus, Synodontis spp.), les Bagridae (Bagrus spp.), les Characidae (Hydrocynus spp.), les Cyprinodontidae (Aplocheilichthys normani). Le PNOD est par excellence une zone de nidification, de nourrissage et de reproduction pour les oiseaux piscivores (pélicans, anhingas, cormorans, guifettes) en raison de l’abondance du milieu en poisson. Cette abondance explique également l’importance de la pêche pour les populations riveraines qui tirent de cette activité des revenus relativement substantiels. Pandaré et Sanogo (1996) estiment la valeur monétaire générée en 1996 par la pêche au niveau des plans d’eau du PNOD et de sa périphérie à près de 6,7 millions FCFA pour Tiguet et 8 millions FCFA pour Débi, soit respectivement 22 tonnes et 26 tonnes de poissons capturés.  Les amphibiens Les connaissances sur les amphibiens vivant dans le PNOD et dans le milieu environnant sont très limitées. Aucune étude n’a été entreprise sur le sujet.  Les reptiles Les informations sur les espèces discrètes et de fort mimétisme comme les serpents, les tortues d’eau douce font défaut. Certaines espèces plus visibles, d’observation courante, sont mieux connues. Le crocodile du Nil : L’effectif est en nette progression (une cinquantaine), suite à deux opérations de réintroduction effectuées en 1980 et en 1982. On peut observer quelques mâles ou de jeunes sujets le long du marigot du Djoudj, mais leur distribution spatiale dans le parc n’est pas encore maîtrisée et pose problème. Le varan du Nil : l’effectif dans le parc est inconnu. Il est signalé dans tous les plans d’eau. Il s’attaque aux œufs et aux poussins des oiseaux. Le python de Séba : l’effectif est inconnu. Les endroits où on l’observe le plus fréquemment sont les secteurs de Gainth (80 individus lors du brûlage du typha en 1995), de Flamant, de Crocodile, et le long du Gorom (Sud-Est). La vipère heurtante commence à proliférer au PNOD où elle est signalée près des habitations des gardes et dans les plaines du secteur du Grand Lac. La couleuvre sifflante fréquente les mêmes habitats que la vipère heurtante. Le varan de terre rarement observé dans le Parc, est présent dans la périphérie, notamment dans les dunes de Diadiam et de Rone. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 21
  • 22. Les oiseaux Les animaux les mieux étudiés dans ce parc sont les oiseaux. Déjà en 1971 un recensement complet de l’avifaune a été fait par Dupuy et Morel. Des missions d’études se sont succédé, menées par différentes institutions notamment le Muséum d’histoire naturelle de Paris, l’ORSTOM (actuel IRD) et depuis 1990 par IBN-DLO (Pays-Bas), Rumsey et Rodwell (Angleterre), la Station Biologique de Zwillbrock (Allemagne), la Station ornithologique de Helligoland (Allemagne). Les oiseaux du Djoudj sont régulièrement recensés et on trouve des données significatives de leur évolution dans différentes sources : Diouf (1986), Shricke et al. (1990), Station biologique de Zwillbrock et al. (1991,1992), bulletins de l’ONC, etc.. Près de 360 espèces d’oiseaux (dont 322 espèces réellement observées) parmi lesquelles 58 espèces nicheuses (Rodwell et al. 1994, Morel et Morel 1990) ont été recensées au PNOD. L’effectif total de l’avifaune est estimé à plus de 3 000 000 d’individus (toutes espèces confondues) au plus fort de la saison (Décembre) avec 90% d’oiseaux d’eau qui sont pour la plupart des migrateurs du paléarctique. L’espèce la plus spectaculaire et inféodée au PNOD est le pélican blanc. Son éthologie, par rapport à la fluctuation du niveau des eaux du Parc pour la détermination des périodes et des conditions de ponte mais aussi du succès de la reproduction, a été de tout temps la préoccupation des gardes et des chercheurs du Parc. La chronologie de la nidification du pélican blanc, de la création du parc à nos jours, a été établie. Les pélicans se sont installés au Djoudj en 1971, date de la création du PNOD. Le Parc National des Oiseaux du Djoudj abritait d’importantes colonies de nidification d’ibis, de hérons, de cormorans, d’anhingas et de pélicans gris. La période de nidification des espèces piscivores dépend du stock halieutique et de la quantité d’eau disponible. De 1971 à 1987, d’importantes colonies mixtes de nidification appelées communément « héronnière » étaient localisées aux endroits ci-après : canal du Crocodile, marigot du Khar, Dinko et marigot du Gorom. Dans ces colonies mixtes, les oiseaux nichaient dans les reliques de forêts impénétrables d’Acacia nilotica ou de Tamarix senegalensis. Il existait également une importante colonie de nidification des hérons pourprés dans la phragmite du marigot du Djoudj, au niveau du secteur de Gainthe. Au sujet de ces colonies, les informations quantifiées ont fait défaut. A partir de 1986, elles ont toutes été désertées. Des tentatives, sans succès, de reconstitution de nouvelles héronnières ont été constatées en face du poste du Crocodile. Les désertions des héronnières semblent être liées à la mise en service du barrage de Diama, à la vétusté des ouvrages vannés des marigots du Djoudj et du Crocodile, au manque de maîtrise du fonctionnement hydrologique du parc et à la méconnaissance des périodes de migration de l’ichtyofaune sur le fleuve Sénégal depuis l’artificialisation de son régime. La taille de la population de grues couronnées inféodées au Parc n’est pas encore connue, mais elle peut très probablement représenter une bonne partie de l’actuelle population ouest-africaine de cette espèce menacée d’extinction. Le Parc National des Oiseaux du Djoudj est, en Afrique de l’Ouest, l’une des zones d’hivernage les plus importantes pour les oiseaux migrateurs du paléarctique. La diversité des plans d’eau (mares, marigots et lacs) et la disponibilité de la nourriture favorisent le séjour pour de longues Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 22
  • 23. périodes (six mois) de nombreux oiseaux migrateurs et des escales pour les espèces en route vers des quartiers d’hiver en Afrique Centrale ou du Sud. Chez les migrateurs paléarctiques, les canards (sarcelles d’été, canards pilet, canards souchet) et les limicoles (Chevalier combattant et barge à queue noire) sont les plus représentatifs. Les canards s’alimentent la nuit, principalement dans les vasières (ou rizières). Les chevaliers combattants et barges à queue noire se retirent le jour dans les rizières (TRECA, 1990). D’autre part le parc abrite d’importantes concentrations de canards éthiopiens (Dendrocygne veuf et Dendrocygne fauve, Oie d’Egypte et Oie de Gambie), de Flamants roses, de Flamants nains, de Spatules d’Europe et de Spatules d’Afrique. La végétation herbacée du Djoudj notamment Phragmites vulgaris, Typhae australis et les nombreux buissons favorisent l’installation des petits passereaux migrateurs paléarctiques. Plusieurs espèces baguées en Europe particulièrement en Grande Bretagne ont été capturées au Djoudj, principalement les hirondelles de rivage (Riparia riparia) et les passereaux tels que : Acrophalus schoenobaenus et Phyllocopus collybita. Du 1er juillet 1990 au 30 juin 1993 « the International Ornithological Expedition » (S. Rodwell, S. Rumsey) a capturé et bagué 69.374 oiseaux dont 63.327 passereaux paléarctiques.  Les mammifères Le Parc National des Oiseaux du Djoudj est l’un des derniers refuges de la faune du nord du Sénégal. Aujourd’hui, phacochères, gazelles (rufifrons et dorcas) et chacals constituent les seules grandes espèces de mammifères au PNOD. Les phacochères sont régulièrement observés sur l’étendue du Parc, mais leur lieu de prédilection demeure les zones marécageuses. Leur nombre est encore indéterminé. Il semblerait toutefois qu’ils soient en augmentation. Les gazelles ont été réintroduites au Parc National des Oiseaux du Djoudj en 1972 (7 Gazelles dorcas de la Mauritanie ; 3 Gazelles dorcas du parc zoologique de Hann et 4 Gazelles rufifrons du zoo de la Présidence) et en 1979 (2 Gazelles rufifrons du Maroc). Elles ont été relâchées dans le secteur de Tiguet (Sud-Ouest du Parc) où elles se sont bien reproduites. Mais avec la mise en service du barrage de Diama et la submersion permanente de leur aire écologique (secteur de Tiguet) par les eaux du fleuve Sénégal, elles semblent avoir déserté la zone. Le Chacal dont l’effectif est considéré comme important n’a pas fait l’objet de recensement. Les informations sur l’écologie de cette espèce restent vagues. Les autres mammifères observés dans le parc sont en général de petits carnivores. Le caracal et le chat de Libye de mœurs nocturnes, très discrets, sont présents mais ni leur écologie, ni leurs habitats n’ont été étudiés. La distinction des deux espèces est délicate. La genette, la civette et la mangouste ichneumon observées fréquemment avant la mise en service de Diama, ont vu leur effectif diminuer. Pourtant la présence permanente de l’eau occasionnée par le barrage devrait favoriser leur épanouissement. Une étude poussée de l’impact du barrage sur ces espèces devrait être menée. Les singes rouges communs circulent en bandes dans différents secteurs du Parc. La taille de la population et le nombre de bandes sont indéterminés. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 23
  • 24. Le porc-épic est observé en plein jour dans le secteur de Flamant, à l’Est du parc, pour la première fois en 1993. Sa présence est surtout signalée par quelques indices (rejets des piquants). Le lamantin, mammifère aquatique, a beaucoup souffert de la sécheresse et du manque d’eau dans le Parc de 1979 à 1983. Jusqu’en 1987, l’effectif était limité à 4 sujets : deux individus présents dans les eaux du Djoudj lors de la création du parc, un troisième en provenance du lac de Guiers, introduit en 1975 et un jeune né dans le Parc. Des prospections en cours font état de la présence du Lamantin dans le fleuve. La tortue de terre est fréquemment observée en saison des pluies dans le secteur de Gainthe lors de la mise en eau du Parc et de l’apparition de mares temporaires occasionnées par les eaux de pluie. Il reste à vérifier si elle séjourne au parc toute l’année. Les geckos familiers à l’homme, sont observés dans toutes les habitations du Parc ; leur taille n’excède jamais 30 cm, à l’exception de quelques spécimens rencontrés en pleine nature dans les miradors ou dans les endroits boisés du parc. Des études récentes se sont intéressées aux petits mammifères du PNOD. Elles ont identifié 9 espèces de rongeurs appartenant à 3 sous familles (Murinae, Gerbillinae, Dipodinae) et 4 espèces de musaraignes appartenant aux genres Crocidura (Khalilou BA et al., 2000). Cet inventaire de la faune et de la flore, montre la grande diversité biologique du bassin du Djoudj et éclaire sur les raisons de son occupation humaine. 1.4 Environnement humain et social 1.4.1 Historique et généralités sur les sociétés, leurs genres de vie, leur relation avec le milieu dans le Delta et autour du PNOD La cuvette du Djoudj insérée dans le Delta est partie intégrante du bassin du fleuve Sénégal. A ce titre elle a subi, par l’intermédiaire du commerce transsaharien et du commerce atlantique, une double influence arabo-berbère et européenne. L’organisation sociale reposait sur trois catégories : les hommes libres, les hommes de castes et les esclaves. Sur le plan économique, le commerce de la gomme et la traite négrière avaient constitué les principales activités de la région. La propriété foncière a toujours demeuré un facteur de rivalités politiques à cause de la présence de terres alluviales qui attisent la convoitise des grandes familles. Ces terres sont les zones de concentration des activités agricoles. Elles justifient la concentration humaine autour des principaux cours d’eau. La population a évolué à travers le temps en dents de scie. A l’origine, le bassin était faiblement peuplé en raison des contraintes naturelles. Les dynamiques récentes résultent de l’expansion des aménagements introduits dans le Delta en vue de sa mise en valeur : - baisse plus ou moins sensible des effectifs de la population dans tous les villages, suite à la construction d’une digue de protection sur la rive gauche en 1964 empêchant l’inondation de certaines cuvettes par les crues et du coup abandon de l’agriculture de décrue et réduction des pâturages ; - reprise de la croissance à partir de 1972, à la faveur du programme de la SAED qui a convaincu les populations de rester sur place pour tirer profit des nouvelles Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 24
  • 25. opportunités offertes avec la mise en valeur de 14 000 ha dans la seule cuvette du Djoudj. Les activités des populations et leur évolution peuvent être classées en deux types : les activités dites traditionnelles (élevage, pêche, commerce, agriculture et artisanat) et les activités dites modernes (agriculture irriguée). L’élevage était pratiqué par toutes les ethnies grâce à l’abondance des zones en pâturage. Le Djoudj, zone d’inondation où les terres sont submergées annuellement par le déversement des réserves fourragères naturelles très appréciées en saison sèche, offrait un cadre approprié pour la pratique d’un élevage de type extensif. A l’exception des Peuls, la pêche était pratiquée par les autres ethnies. Elle était souvent associée à la cueillette des nénuphars. La présence de nombreux plans d’eau qui sont également des zones de frayère pour les poissons rendait l’activité très lucrative. Le commerce a eu pour support le fleuve. Il s’agissait d’un système de troc entre les populations riveraines du fleuve et les populations de l’intérieur. Les échanges concernaient des produits divers : gomme, sel, céréales, produits artisanaux, pacotille, et produits de la pêche. L’agriculture était uniquement pratiquée par les Wolofs sous deux formes bien distinctes : l’agriculture de décrue de la zone inondable dite « Walo » et l’agriculture sous pluie. L’artisanat, réservé aux femmes, se limitait à la confection de nattes et de parures. La matière première (Sporobolus et Typha) était prélevée dans le Djoudj ou aux abords du fleuve. Les perles étaient collectées sur les anciens sites des villages qui ont disparu ou changé de lieu d’implantation. La culture irriguée introduite récemment dans le bassin du Djoudj est en train de réduire la place des activités traditionnelles dans les systèmes de production. De nos jours, la riziculture représente l’activité majeure du système agricole dans le Delta en général, et dans le bassin en particulier. Ceci a été accéléré par la construction de la grande digue et la politique de mise en valeur de la région basée sur la production de riz. Les villages de la périphérie, au nombre de sept, sont d’installation assez ancienne, entre le seizième et le début du vingtième siècle. Il s’agit des villages suivants : DEBI : Distant d’environ 15 km du PC du Parc, Débi se situe au nord-ouest du PNOD. Il fut créé vers 1508. Le fondateur, venu probablement du Sud du Sahara, s’était d’abord installé à Edji, village éclaté par la suite en trois entités : Ndiago (Mauritanie), Guet Ndar (Saint- Louis) et Débi. Depuis sa création, Débi a occupé plusieurs sites dont les derniers ont été : Sosba (Débi Kao) dans le parc et ensuite Débi Tack depuis septembre 1965 à cause des inondations. DIADIAM I : Situé à environ 17 km du PC, Diadiam I a été fondé en 1792 par Habaïdate Diop, un Bambara. Les habitants de Diadiam I étaient des nomades. Ils pratiquaient une petite transhumance dans la zone en passant successivement de Guent à Baobab ; ils Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 25
  • 26. traversaient le Gorom pour s’installer à Ndiassor. Avant de se stabiliser en 1972 dans l’actuel emplacement, à l’est du Parc, Diadiam I a occupé plusieurs sites : emplacement actuel PC du Parc en 1971, ensuite Yonu Ndiob et Tellel Djoudj. Diadiam I était habité par les Maures blancs jusqu’aux événements sénégalo-mauritaniens de 1989. DIADIAM II : Diadiam II est distant d’environ 26 km du Parc. Il fut créé également en 1792 à l’intérieur de l’actuel Parc. En 1938, il était installé sur l’actuel site mais en nomadisme. Les habitants partaient pendant la saison sèche dans les environs du Parc actuel et revenaient pendant l’hivernage. Ils se sont sédentarisés à l’emplacement actuel au nord du Parc en 1970 à cause des inondations. DIADIAM III : A 1,500 km environ du PC, Diadiam III, créé en 1461, est le plus ancien des Diadiam. Il a été fondé par un groupe de personnes : Hameth Niali, Bidiel, Hamar Gueye et deux maures. Il semble que les maures en question font partie d’une grande tribu dénommée Coumleyline dispersée dans cinq villages dont Diadiam III et quatre autres villages en Mauritanie. Diadiam I et II faisaient partie de Diadiam III qui s’est sédentarisé en 1971 à l’emplacement actuel, au sud du Parc. FOURARATE : Situé à une trentaine de kilomètres du PC du Parc, Fourarate a été créé par Samodi Birane, venu du Djoloff et installé d’abord vers Ndiawdoun. Avant la sédentarisation définitive en 1983 sur son site actuel, Fourarate s’est distingué par des transhumances répétitives, rythmées par les saisons, et limitées dans l’espace entre les villages de Polo, Novar, Karokaye, Toréne, Telléne, Ngao. L’emplacement actuel a été favorisé par la protection du village contre les inondations par la haute dune. RONE : Localisé au sud du Parc à environ 7 km du PC, Rone a été créé en 1909 par Mbarack Mahmouth, venu de la Mauritanie. Attirés par l’eau, d’autres comme Ahmadou Ramdane, Barca, Maouloud, Bidieul, etc. sont venus le rejoindre. De petits déplacements dans différents endroits de la zone étaient souvent effectués en saison sèche. TIGUET : Situé au nord-ouest du Parc, à 14 km environ du PC, Tiguet fut créé en 1809, dans l’emplacement de l’actuel embarcadère, par Diallo Guéye et Ngayno qui venaient de Nder, dans l’actuel Guent. Il fut déplacé en 1922. L’emplacement actuel a été occupé en 1976 à cause de la création du Parc. Différents types d’organisations existent dans ces villages. Il s’agit d’abord d’organisations traditionnelles d’entraide qui sont aujourd’hui de plus en plus supplantées par des organisations de type moderne connues sous différents vocables, selon la forme, la composition et les activités de l’entité : sections villageoises, groupements d’intérêt économique, foyers, groupements de promotion féminine, etc. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 26
  • 27. Les sections villageoises (SV) sont des démembrements de la coopérative mère qui se trouve au niveau de la Communauté Rurale. Elles facilitent grâce à la caution solidaire l’obtention du crédit pour les intrants agricoles par le biais de la banque. La SV est souvent scindée en de multiples sous-groupes. Le groupement d’intérêt économique (GIE) se situe à un niveau plus individuel, il est souvent au niveau familial ou entre un groupe d’amis assez restreint. Il doit faciliter l’accès au crédit. Le groupement de promotion féminine (GPF) est une forme organisationnelle née de la volonté de l’Etat à donner aux femmes un espace d’expression et d’épanouissement économique et social. Le foyer apparu vers les années 68 est la seule tentative d’organisation paysanne autonome, c’est à dire créée en dehors du circuit étatique, en réponse à la forte pression de l’encadrement. Les villages de Débi et Tiguet exploitent un casier agricole commun créé en 1994, sous l’impulsion de la SAED. Les exploitants se sont regroupés dans une association dénommée Union des Groupements Paysans de Débi-Tiguet. Cette union gère le casier rizicole (environ 1000 ha), une rizerie, du matériel agricole (tracteurs équipés, camions) et s’occupe d’activités diverses : commerce, transport, multiplication de semences, décorticage de riz et prestations de service. Tableau 2 : Nombre d’organisations villageoises selon le type en activité dans la périphérie du PNOD (2002). Villages GIE GPF SV F Débi 1 dizaine 1 3 Tiguet En projet 1 3 Diadiam I 1 3 Diadiam II 7 1 1 Diadiam III 1 1 1 Fourarate 1 2 Rone 1 1 1 L’opérationnalité et la capacité d’autogestion des structures villageoises sont très liées aux activités qu’elles mènent. La plupart des SV arrive, grâce à la garantie de leurs unions, à pré- financer les campagnes de leurs membres par un crédit bancaire. Cependant le système connaît de plus en plus de difficultés en raison du nombre élevé des cas de non remboursement. Les GPF semblent davantage répondre aux préoccupations locales car s’occupant de petites actions à ras de sol qui permettent aux femmes de s’assurer un minimum de revenus. Mais l’impossibilité d’accéder aux crédits formels limite grandement leur performance. Avec le programme quinquennal du PNOD, de nouvelles structures suscitées sont apparues dans les villages : comités de reboisement, d’hygiène, d’éco-tourisme, etc. 1.4.2 Evolution du contexte spatial et mutations écologiques, sociologiques et économiques dans le Delta et autour du PNOD Les activités traditionnelles reposaient sur l’élevage et l’agriculture traditionnels, la pêche artisanale et la cueillette. La proximité du fleuve et la présence de nombreux cours d’eau favorisaient l’exploitation des ressources halieutiques et des graines de nénuphars. Ces zones humides entourées de terres arides étaient caractérisées par une productivité exceptionnelle qui leur faisait jouer un rôle socio-économique très important. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 27
  • 28. Dans le Delta, l’alternance crue/décrue entraînait l’existence d’abondants pâturages où se pratiquaient différents types d’élevage traditionnels de bovins, d’ovins et de caprins. Les pratiques d’élevage les plus courantes étaient celles du système Peulh transhumant, de l’élevage maure, également transhumant et intégrant la présence de camelins. Dans les villages wolof, l’élevage était peu important et constituait une spéculation d’appoint. Les activités dominantes y étaient la pêche, les cultures de décrue sur les berges et les cultures pluviales sur les hautes terres. Ces systèmes traditionnels de production sont restés longtemps dans un équilibre relatif dépendant des crues du fleuve et, dans une moindre mesure, de la pluviométrie. Le moyen Delta qui abrite le PNOD était pour l’essentiel une zone marginale enclavée et n’avait pas été sous l’influence directe des tentatives de développement agricole entreprises dans le haut Delta autour de Richard-Toll. En effet, la faible pente du fleuve dans son cours inférieur, a toujours occasionné de fortes inondations liées à la pluviosité. Ces inondations atteignaient leur maximum en Octobre/Novembre et ont marqué tout le Delta du Fleuve Sénégal. Ainsi, lors des crues, la moitié du parc était recouverte naturellement d’eau douce ; par la suite la remontée de la mer qui accompagnait la décrue, pénétrait dans le parc entraînant durant l’étiage une salinisation importante des sols et des lacs. La végétation et la faune se sont adaptées à cette disponibilité périodique de l’eau et, au moment où les oiseaux quittaient leur zone de nidification et migraient vers le sud, d’importants plans d’eau renfermant une abondante variété de nourriture, se formaient dans le Delta. Et après un long vol à travers le Sahara, ces migrateurs trouvaient dans la zone du Djoudj la première zone humide avec de l’eau douce et une abondance de nourriture. Ces inondations ont également créé pour l’homme des conditions favorables pour enrichir et diversifier sa nourriture : - de nombreux plans d’eau riches en faune piscicole ; - des terres fertiles pour la culture du mil, du maïs et des légumes ; - une végétation herbacée et dense sur les superficies asséchées, servant de fourrage aux troupeaux jusqu’à une période avancée de la saison sèche ; - d’importantes surfaces d’eau couvertes de nénuphars, nourriture d’appoint bien appréciée des populations. Aujourd’hui, ces systèmes de production ont subi de profondes mutations à cause des aménagements successifs et de la régularisation du fleuve : o construction, dans les années soixante, d’une digue entre Saint Louis et Richard-Toll pour empêcher les inondations incontrôlées ; o réalisation de deux barrages modifiant le régime hydrologique du fleuve : barrage de Diama, à 27 Km en amont de Saint Louis, pour empêcher la pénétration de l’eau de mer pendant la saison sèche et celui de Manantali à 1200 Km en amont de Saint Louis pour constituer un réservoir d’eau. Cette artificialisation du régime du fleuve Sénégal a des conséquences sur le parc et son environnement. Ainsi, il n’y a plus de remontée de sel depuis le milieu des années 80. Le cycle naturel des inondations est rompu et n’est reproduit qu’artificiellement dans le parc par l’ouverture de vannes : ouvrages du crocodile au nord et du Djoudj à l’ouest. Les modifications observées dans la végétation aquatique et marécageuse indiquent que les conditions hydrologiques originelles n’ont pu être reconstituées de façon suffisante surtout en ce Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 28
  • 29. qui concerne la hauteur du niveau de l’eau, ni même la variation des inondations d’année en année. Cette nouvelle situation n’a pas manqué d’avoir des effets négatifs au niveau de la faune, de la flore et de l’environnement agro-pastoral. Le dessalement progressif des eaux du parc, suite à la suppression de l’alternance eau douce/eau salée a favorisé la prolifération des plantes aquatiques envahissantes (Typhae australis, Pistia stratiotes ou salade d’eau, Salvinia molesta). Si Typhae australis et d’autres plantes présentent des avantages pour la fabrication de nattes et la constitution de zone de protection pour les poissons, les végétaux aquatiques ont aussi des inconvénients (obstruction des chenaux, risques d’eutrophisation, entrave à la navigation, blessures des pélicans). L’infestation des mares, des chenaux et éventuellement du grand lac par la végétation aquatique rend impossible l’effet de miroir en couvrant une surface d’eau qui devrait fonctionner comme un radar pour guider certains oiseaux comme les canards vers les zones humides recherchées. Aujourd’hui avec le barrage, les niveaux de retenue d’eau peuvent hypothéquer la reproduction des pélicans par la destruction des nichoirs qui les mettaient à l’abri des prédateurs ou entraîner la noyade des nids. La montée des eaux comme la baisse des teneurs en sel a également des conséquences sur certains boisements comme le gonakié qui tendent à disparaître. Les modifications de l’environnement ont également des conséquences sur les activités piscicoles et agro-pastorales. Le barrage bloquant la remontée des poissons migrateurs, la pêche dans le fleuve est devenue moins lucrative. La présence permanente de l’eau douce dans le parc influe sur le parcage des animaux, les circuits pastoraux et le braconnage. Les évolutions dues aux aménagements et aux péjorations climatiques ont comme conséquences : - le développement et l’extension des surfaces destinées à la culture irriguée du riz ; - des activités piscicoles fortement perturbées ; - des cycles interrompus pour les régimes de crues et de décrues ainsi que pour les passages d’eaux douces et d’eaux salées. Ces modifications ont favorisé : o la dégradation de l’ensemble du site de nidification et de repos ; o la perte d’espèces faunistiques et végétales ; o la réduction de la biodiversité ; o la dégradation écologique des superficies agricoles ; o l’accroissement de la destruction des bases de l’existence de la population ; o l’abandon des formes traditionnelles de l’exploitation de la terre. En dépit de ces contraintes, la cuvette du Djoudj abrite des activités socio-économiques très importantes pour les populations : agriculture, élevage, pêche, commerce et artisanat. L’agriculture (riziculture) est surtout l’affaire des hommes, mais ceci ne veut pas dire que les femmes en sont exclues. L’affectation des parcelles est faite aux hommes et aux femmes membres d’une section villageoise et âgés au moins de 14 ans. La riziculture est marquée aujourd’hui par certaines difficultés liées au coût très élevé des facteurs de production et à la non disponibilité du crédit en temps voulu. L’élevage est présent dans tous les villages, mais les systèmes de conduite traditionnels surtout itinérants sont devenus actuellement inappropriés à cause des aménagements et de la perte des pâturages de décrue. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 29
  • 30. Traditionnellement, tous les villages de la périphérie étaient des villages d’éleveurs qui pratiquaient un système de transhumance à l’intérieur de l’actuel arrondissement de Ross-Bétio : le bétail passait la saison des pluies à l’emplacement actuel du parc et la saison sèche dans les villages proches. Ensuite, l’élevage est devenu une valeur refuge chez les agriculteurs et les commerçants. Il permettait à ces catégories de thésauriser. Après une bonne campagne agricole ou des bénéfices dans le commerce, les revenus étaient immédiatement investis dans l’élevage. Avec l’avènement des aménagements hydro-agricoles vers les années 64 et plus tard l’installation du PNOD en 1971, les zones de parcours et les aires de pâturage se sont fortement réduites, causant beaucoup de désagréments aux éleveurs. L’espace disponible ne permet plus de pratiquer l’élevage extensif comme dans le passé. Devant le bouleversement de leurs habitudes et l’incapacité à s’adapter, les éleveurs se trouvent de plus en plus désemparés. La pêche est présente partout, excepté à Fourarate. Elle est insignifiante à Diadiam II. Elle était traditionnellement pratiquée dans le fleuve et les différents plans d’eau poissonneux de la zone, particulièrement dans le Djoudj, soit par les autochtones, soit par des saisonniers venant d’autres localités. Elle constituait une bonne partie de l’apport en protéines pour l’alimentation et des sources de revenu. Elle connaît de plus en plus de difficultés liées à l’interdiction relatives aux cours d’eau du parc, à l’enherbement du fleuve et de certains de ses affluents, à l’inadéquation de l’équipement, et à la raréfaction de certaines espèces depuis la mise en service du barrage de Diama. Une autre difficulté non moins importante rend cette activité très aléatoire, il s’agit des opérations post-pêche : la commercialisation et la transformation. Le manque d’équipement pour la conservation des produits frais oblige les pêcheurs à céder le poisson à des prix relativement bas aux mareyeurs venus de Saint-Louis ou à le transformer sur place. Le commerce était surtout pratiqué par les Maures dans les différents villages de la zone. Avec les événements sénégalo-mauritaniens de 89, les femmes ont pris le relais en vendant des légumes, des condiments, des produits d’artisanat, etc. L’artisanat concerne des produits divers (pipes, étuis, porte-clés, nattes, etc.) confectionnés par les femmes à partir des peaux, du sporobolus et du typha. Ces produits sont commercialisés en Mauritanie et au niveau de la boutique touristique («boutikbi») du campement. Cependant l’écoulement semble être difficile. Le maraîchage est peu pratiqué. Cette situation s’explique d’une part par l’absence de périmètres clôturés (en grillage) pour protéger les cultures contre la divagation du cheptel et des phacochères, d’autre part par l’inexistence de circuit de commercialisation. Elle ne traduit pas pour autant un manque d’intérêt pour les activités horticoles, de la part des femmes qui souhaitent disposer de petits périmètres de culture de légumes pour améliorer le repas quotidien. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 30
  • 31. 1.4.3 Monographie et caractérisation des villages périphériques du PNOD Les villages de la périphérie du PNOD sont habités essentiellement par trois ethnies : Wolof, Maure et Peul. Tableau 3 : Répartition des principales ethnies des villages de la périphérie du PNOD selon les ménages Ethnie Nombre de ménages Pourcentage de Villages majoritairement représentation occupés Wolof 193 41% Débi, Tiguet Maure 231 50% Débi, Diadiam I, Diadiam II, Diadiam III, Rone et Tiguet Peul 41 9% Fourarate, Diadiam II et Diadiam III TOTAL 465 100 Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002) La population totale se chiffre à 3996 habitants en 2001 dont : • Wolof : 2013 personnes soit 51% ; • Maure : 1732 personnes soit 43% ; • Peul : 251 personnes soit 6%. Tableau 4 : Evolution de la population des sept villages de la périphérie du PNOD Année 1988 1997 1999 Village Debi 767 1146 1249 Tiguette 758 1113 1126 Diadiam I 340 318 318 Diadiam II 188 115 115 Diadiam III 129 417 417 Rone (El Débouback) 233 433 433 Fourarate indéterminé 127 142 Total 2415 3669 3800 Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002) Selon ces données les femmes représentent 49,54% (1980 personnes) de la population totale. Elles s’adonnent au petit commerce, à la riziculture, à l’artisanat, au commerce et à la transformation du poisson. Issues d’une population très islamisée, elles sont surtout confinées à des tâches traditionnelles de gestion du foyer (entretien de la maison et éducation des enfants). Elles s’occupent des tâches les plus pénibles consistant à la collecte du bois mort et à la recherche de l’eau (tâche relativement allégée depuis la réalisation des châteaux d’eau de Fourarate, Diadiam I et Diadiam II, par l’intermédiaire du PTGI). Le plus souvent, même si elles sont affectataires de parcelles, celles-ci sont gérées par le mari ou le frère. Les femmes sont plus touchées par la paupérisation à cause de leur manque de formation et d’autonomie. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 31
  • 32. Cette situation des femmes n’est pas une particularité de la zone. Comme dans toutes les sociétés sénégalaises, l’éducation traditionnelle limite les responsabilités de la femme à des tâches domestiques. La migration temporaire est de plus en plus insignifiante. Les principales directions sont : - Dakar pour le commerce ; - la Mauritanie pour la pêche et la vente de nattes ; - les régions de Kaolack et Fatick pour la transhumance de saison sèche. La plupart des villages accueillent des pêcheurs saisonniers qui s’installent et qui vivent en bonne entente avec les populations autochtones. Souvent ces pêcheurs saisonniers fournissent du poisson au village d’accueil. Il faut noter également l’arrivée de saisonniers agricoles pendant la récolte du riz. L’habitat est souvent sommaire. Il est en banco avec la toiture en paille. Cependant on constate des constructions en dur à Rone (95%), à Tiguet (50% avec une bonne douzaine d’antennes TV) et à Débi (40%). Les activités économiques dominantes sont : la riziculture, l’élevage et la pêche. Le commerce et l’artisanat (tannerie, tressage) sont des activités marginales. Tableau 5 : Activités économiques dominantes dans la périphérie du Parc Activités économiques Nombres de ménages Pourcentage de pratiquants représentation Riziculture 392 84% Elevage 341 73% Maraîchage 6 1% Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002) La riziculture a complètement bouleversé les activités traditionnelles. Elle est aujourd’hui pratiquée par tous les 7 villages à des degrés différents. Elle est insignifiante à Rone : seuls 6 ménages la pratiquent. Les villages de Débi, Tiguet et Diadiam II exploitent dans le périmètre Débi-Kheun. Ceux de Diadiam I et Fourarate sont dans le périmètre de Boundoum. Rone et Diadiam III ne sont rattachés nulle part mais exploitent dans le périmètre de Débi. Ils disposent de terres affectées par la Communauté Rurale mais non encore aménagées. Le cheptel devient de plus en plus important. Les bovins sont concentrés dans quatre villages : Fourarate (37%), Débi (18%), Diadiam I (15%) et Rone (13%). La répartition des petits ruminants entre les villages est plus équilibrée : Tiguet (25%), Diadiam I (20%), Débi (13%), Rone (12%). La présence des asins et des équins dans la zone est faible. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 32
  • 33. Tableau 6 : Répartition du cheptel par espèce et par village autour du PNOD en 2002 Villages Bovins Ovins Caprins Asins Equins Debi 600 148 100 15 58 Tiguette 89 180 289 24 24 Diadiam I 450 101 268 87 26 Diadiam II 225 170 28 15 03 Diadiam III 100 165 29 16 03 Rone (El Débouback) 400 128 98 65 37 Fourarate 1175 102 78 15 10 TOTAL 3039 994 890 237 161 Source : Communauté rurale de Ross-Béthio (2002) Les infrastructures et équipements collectifs sont peu développés. En 2002 elles se présentaient comme suit :  Au niveau de l’éducation, seul Débi/Tiguet dispose d’une école à cycle complet donc susceptible de recruter chaque année. Diadiam I et III disposent chacun d’une école à une classe. Il existe une école coranique dans chacun des 7 villages sauf à Diadiam I. A Tiguet, on compte en plus une école arabe.  Au niveau de la santé et de l’assainissement, également le groupe Débi/Tiguet dispose d’un poste médical avec un infirmier d’Etat. Une case de santé est fonctionnelle à Diadiam I. Le PNOD a un poste de santé construit et équipé dans le cadre du PTGI.  Dans le cadre du projet Périphérie Djoudj, 284 latrines de type VIP (double fosse ventilée) ont été construites dans les 7 villages.  Les lieux de culte sont au nombre de trois. Il s’agit de mosquées à Tiguet, Débi et Rone.  L’infrastructure routière est peu importante. Il s’agit de pistes souvent en état très cahoteux. Deux villages sont complètement inaccessibles en saison des pluies, il s’agit de Fourarate et Diadiam III.  Alimentation en eau : elle pose beaucoup de problèmes surtout pour la qualité et le traitement. Des charrettes pour le transport de l’eau ont été mises à la disposition des villages de Diadiam II, Diadiam III et Rone. Diadiam I dispose d'une station de traitement d’eau mais l'eau est impropre à la consommation. Le traitement de l’eau se fait au sel d'alun et à l’eau de Javel. Dans le cadre du PTGI, un camion citerne a été acquis pour renforcer l’approvisionnement en eau des villages de la périphérie ; un branchement à partir de Kheune a été également réalisé au profit de Fourarate et règle en partie la question de l’enclavement de ce village. 1.5 Cadre législatif et réglementaire relatif à la création et à la gestion du PNOD 1.5.1 Evolution du contexte juridique Le bassin du Djoudj a été marqué à l’origine par une faible occupation humaine en raison des contraintes naturelles (caractère halomorphe des sols, difficultés d’accès à l’eau potable, forte infestation de la zone par les moustiques). L’appropriation foncière y était très lâche. Ce système traditionnel a été bouleversé par les sécheresses qui ont affecté le Delta et par l’introduction des aménagements hydro-agricoles. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 33
  • 34. 1.5.1.1 Mode de gestion traditionnel de l’espace et des ressources Partie intégrante du Delta, la cuvette du Djoudj a reproduit les mêmes règles de gestion traditionnelle de l’espace et des ressources naturelles qui ont longtemps prévalu dans la zone et qui étaient fondées sur la recherche d’un équilibre entre les différents usages et la préservation des ressources. Dans le passé, le système agropastoral reposait sur la transhumance, le respect des couloirs qui permettent l’accès du bétail aux principaux cours d’eau. Pour la pêche étaient observées des périodes de reproduction des poissons, des périodes et des zones de pêche (teen). 1.5.1.2 Politiques et stratégies coloniales et post-coloniales de gestion de l’espace et des Ressources Naturelles De nature ethnocentrique, le droit colonial déconsidère les systèmes juridiques traditionnels. Les politiques coloniales ont un objectif purement économique et mercantile en explorant leur système d’économie monétaire. L’objectif revient alors à supprimer les règles traditionnelles faisant obstacle à toute exploitation commerciale. Le régime forestier instauré par la France repose sur le Décret du 4 juillet 1935 (J.O AOF du 3 Août 1935, p 611) qui institue un régime normatif avec une réglementation répressive. En effet, plus de la moitié des articles (43 sur 84) concourt à la répression des infractions (Titre V, de l’article 36 à l’article 78). Quant aux aires protégées pour la protection de la nature, le Décret 54-471 du 27 Avril 1954 est le premier à organiser la création des parcs nationaux et réserves naturelles intégrales, affranchis du droit d’usage (J.O.R.F du 4 Mai 1954, p.4290). La Conférence internationale de Londres de 1933 pour la protection de la faune et de la flore en Afrique constitue le socle de l’élan environnemental du législateur colonial. Elle donne lieu à une convention relative à la conservation de la faune et de la flore à l’état naturel. La Convention de Londres postule que la meilleure façon de conserver la faune et la flore « en danger d’extinction ou de préjudice permanent » consiste avant tout dans la création des aires protégées. Même si la France y était absente, elle a légiféré pour réglementer dans ses colonies les aires protégées pour la protection de la nature. Mais ces législations furent inadaptées puisque non secrétées par une pensée juridique africaine. Le sentiment d’une protection de la forêt contre elles, fut celui partagé par nombre de populations africaines. Ce sentiment a persisté après les indépendances du fait que l’Etat n’a pas corrigé les « déséquilibres » qui existaient à ce point de vue. Après les indépendances, la situation reste inchangée. Les promesses d’une économie rurale grâce aux coopératives furent vaines. Les législations intervenues reposent sur la conception étatique et centralisée qui accorde peu de place aux populations locales. Il résulte de cette situation, une dégradation progressive, de plus en plus inquiétante. Plan d'aménagement et de gestion du PNOD et de sa périphérie 34