5. Les langues parlées en Guadeloupe
Contrairement à d’autres îles en Guadeloupe, il est plutôt question de la co-existence du créole et du
français. Le français est la langue officielle de la Guadeloupe depuis 45 années selon l’article 2 de la
constitution du 4 octobre 1958 : "la langue de la République est le français". Il est de ce fait la langue
(privilégiée) de l’administration, de l’éducation et de la littérature (certains changements se dessinent
timidement), tandis que le créole convient davantage aux conversations privées et familiales.
Le créole guadeloupéen est une langue formée du français et du parlé des esclaves Africains.
Longtemps décrié, il tend aujourd’hui à être considéré en tant que langue patrimoniale reflétant l’histoire
et, par la même, l’identité du peuple guadeloupéen.
Certains tentent aujourd’hui de revaloriser le créole mais son histoire, attachée à l’esclavage, rend difficile
ce combat. Valdman (1978 : 367), linguiste et créoliste, explique que "cette attitude, survivance de la
société esclavagiste dans laquelle cet idiome était le seul moyen de communication dont disposaient les
couches serviles de la population, explique les jugements dépréciatifs portés sur le vernaculaire et le
recours au français de la part des créolophones unilingues dans les situations où ils veulent rehausser leur
langage." Aussi, faut-il considérer que le combat contre la dévalorisation du créole reste encore à
remporter.
Néanmoins, depuis quelques années, une nouvelle conception, favorable au créole, se développe. Cette
nouvelle façon de percevoir le vernaculaire résulterait des dures luttes menées par les écrivains de la
Négritude qui cherchent à "promouvoir" le créole. Jardel (1979: 145) en rapporte ainsi les faits : "depuis
deux décennies, des changements rapides se produisent aux divers niveaux de la réalité sociale et
culturelle, les discours prononcés par des hommes politiques, les idées diffusées par les écrivains de la
Négritude (Césaire 1947, Tirolien 1948, etc.), l’autonomie ou l’indépendance acquise par plusieurs des îles
de l’Archipel Caraïbe ont fait comprendre à une large fraction de la population qu’il existait une entité
antillaise ayant ses propres valeurs, face aux valeurs des métropoles européennes."
Aussi, si pendant longtemps le créole ne pouvait que rappeler à la Guadeloupe les souffrances de ses
ancêtres, aujourd’hui, il tend aussi à lui enseigner ses racines et ses valeurs.
6. Quelles sont les particularités géographiques de ce territoire ?
- Un territoire éloigné de la métropole – vestige des premières vagues de colonisation –
1635
⇒ Profonde marque de l’esclavage sur les Antilles => importance de cette histoire dans la
culture guadeloupéenne et dans la langue = le créole.
⇒ Code noir de 1685
⇒ Type d’exploitation agricole => système sucrier
⇒ Structuration très forte des populations selon les couleurs de peau
- Un territoire marqué par des activités en lien avec l’espace tropical = activité
touristique et culture tropicale
- Organisation géographique assez typique opposant une côte au vent et une côte sous
le vent, une ile au relief accidenté et une île volcanique.
7. En quoi la Guadeloupe est marquée par des réalités socio-
économiques propres aux territoires ultramarins?
8.
9. Document extrait du site du Conseil Régional de la Guadeloupe.
Le soutien de l’Europe au développement économique, social et culturel de la Guadeloupe
Une intervention de l’Europe de longue date. La Guadeloupe bénéficie du soutien de l’Union européenne
essentiellement à travers les fonds européens attribués à l’archipel depuis 20 ans. Le soutien financier de l’UE
vient compléter les aides nationales, régionales et locales dans les régions de l’espace communautaire, et est
destiné à soutenir des projets dans de nombreux secteurs : formation, industrie, artisanat, tourisme,
technologies, ingénierie financière, aménagement du territoire, environnement, aménagement du territoire…
Cette intervention communautaire rentre dans le cadre de la politique de cohésion de l’Europe qui vise à réduire
les écarts entre les différentes régions de l’Union. Il s’agit de favoriser la cohésion économique, sociale et
territoriale de l’espace communautaire, et de faire de l’Europe à terme « l’économie la plus compétitive au
monde » (stratégie dite « de Lisbonne » fixée en Juin 2000).
Ce qu’il faut retenir du DOCument Unique de Programmation (DOCUP) 2000 -2006 qui cumule l’ensemble des
aides européennes.
Le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) à hauteur de 522 millions d’euros ;
Le FSE (Fonds Social Européen) pour 166,8 millions d’euros ;
Le FEOGA (Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole) d’un montant de 140,1 millions d’euros ;
L’IFOP (Instrument Financier et d’Orientation de la Pêche) qui représentait 4,4 millions d’euros.
Le montant total du DOCUP s’élevait à 2 milliards d’euros (le total prend en compte les aides d’Etat et des
collectivités territoriales).
Le DOCUP contenait des mesures destinées à renforcer le tissu productif, à faire face au retard de développement
de l’archipel, notamment en termes de cohésion sociale, de formation, de création d’emplois durables et de
préservation de l’environnement.
« Les trois territoires des Antilles sont actuellement des DROM après avoir été de simples départements. La
révision constitutionnelle de 2003 permet une plus grande autonomie même si elle ne conduit pas à
l’indépendance. Les DROM peuvent cumuler les collectivités territoriales et gagner en autonomie dans les
définitions des institutions. C’est à ce titre que l’Europe reconnaît ces territoires comme des RUP (régions
ultrapériphériques) qui peuvent bénéficier des aides européennes comme desrégions métropolitaines ». Les
Régions françaises. Vincent Adoumié
10. En quoi la Guadeloupe est marquée par des réalités socio-
économiques propres aux territoires ultramarins?
- Population plus jeune à la croissance démographique plus rapide
que le reste de la métropole. Place de la population étrangère 4%
de la population de l’île. Vitalité démographique intéressante que
l’on doit mettre en parallèle avec les difficultés sociales. Déficit sur
les 15-24 ans qui peut s’expliquer par les migrations pour étude.
- Quelles réalités socio-économiques
- Part de la population dans les secteurs 1 et 3 (importance du
secteur du tourisme – 5,5% de la population active) = 400000
touristes (55% des vols depuis Paris)
- Gros déficit dans le secteur industriel (0,9%)
- L’importance du soutien de l’Etat
- Le pourcentage du chômage
- Le soutien par l’importance des emplois publics (9%)
- L’importance des aides européennes => plusieurs centaines
de millions d’euros dont la région peut bénéficier grâce au
changement de statut.
11. La Guadeloupe entre intégration antillaise et attachement à l’Europe ?
Un challenge : se donner les moyens de développer les échanges avec la Caraïbe
L’enjeu d’une meilleure intégration de la Guadeloupe dans l’espace caraïbe a fait l’objet d’une réflexion
menée lors des États généraux de la Guadeloupe en août 2009. Plusieurs préconisations ont été faites afin
de permettre le développement des échanges :
Rendre la Guadeloupe plus présente et plus responsable sur la scène internationale caribéenne (permettre
son adhésion, si c’est juridiquement possible, à des organes de coopération régionale comme le
CARICOM) ;
Aboutir rapidement à une délimitation précise des zones maritimes (notamment en matière de pêche)
pour se réapproprier l’océan et ses ressources ; Favoriser la libre circulation des personnes dans la
Caraïbe ;
Favoriser les transports inter-îles dans la Caraïbe ; Promouvoir l’image de la Guadeloupe et de ses voisins
caribéens ;
Rendre possible l’ouverture de délégations guadeloupéennes (non diplomatiques) dans les États et
territoires de la zone ;
Relancer les relations économiques et commerciales et la coopération régionale ;
Favoriser la mobilité des jeunes au sein de la Caraïbe ;
Rendre nécessaire pour les pays de la Caraïbe, s’ils veulent rester attractifs, l’application des mêmes règles
que l’UE en matière d’hygiène et de consommation alimentaires.
Il est important pour les entreprises de Guadeloupe de développer une ouverture internationale,
notamment vers les marchés à fort potentiel de croissance. L’étroitesse du marché génère une situation
pénalisante qui ne peut être surmontée sans une stratégie d’accès aux protocoles financiers à
l’exportation. Soutenir la Guadeloupe dans sa vocation à devenir une plate-forme de redistribution tant
pour les produits européens vers la Caraïbe que pour les produits caribéens destinés aux marchés
européens permettrait d’optimiser ses atouts géographiques, juridiques et financiers.
Le renforcement des liens commerciaux de la Guadeloupe avec ses voisins caribéens (hors DFA) représente
un enjeu considérable pour son développement et son insertion dans son environnement proche. La mise
en oeuvre des accords de partenariat économiques (APE) prévus entre l’Union et les pays ACP représente
une opportunité pour la Guadeloupe d’une meilleure intégration dans le commerce régional.
14. Article du journal La Croix – mars 2009
«La Guadeloupe est à nous, elle n'est pas à vous ! » C'est le slogan du Collectif contre la vie outrancière (LKP, abréviation
de la transcription en créole), à l'origine de la grève générale qui paralyse l'île depuis maintenant plus de trois semaines.
Ce slogan prouve que le mouvement de contestation, lancé le 20 janvier, traduit non seulement l'attente de meilleures
conditions matérielles dans une société où la vie est plus chère qu'en métropole, mais encore la quête d'une identité
guadeloupéenne qui aurait été, jusque-là, refoulée.
Rien d'étonnant sur cet archipel qui, dans le passé, a tout autant montré son attachement à la France que développé un
esprit rebelle. Certes, en décembre 2003, comme dans la Martinique voisine, un référendum proposant une clarification
statutaire par l'instauration d'une Assemblée régionale unique (1) a été repoussé. Il n'en demeure pas moins que l'idée
d'indépendance, qui avait fait parler d'elle par la violence au début des années 1980 au travers notamment de l'Alliance
révolutionnaire caraïbe (ARC), est restée agissante et a incontestablement progressé au bénéfice du contexte
contestataire ambiant.
"UNE CRISE IDENTITAIRE"
À 42 ans, le leader charismatique du LKP, Elie Domota, par ailleurs fonctionnaire de l'Agence nationale pour l'emploi,
manie autant la revendication syndicale que la revendication identitaire. À chacun de ses meetings, les attaques qu'il
profère à l'encontre du « grand patronat béké » (blanc en créole) soulève des applaudissements nourris. En arrière-plan,
la référence à la négritude est affirmée et assumée sans complexe, et avec fierté.
Julien Mérion, politologue guadeloupéen de renom rattaché à l'université des Antilles, confirme, au demeurant, que «
derrière la crise sociale qui est réelle, il y a une crise identitaire ». Selon lui, celle-ci est « profonde » et ne se limite pas à
endosser le passé douloureux de l'esclavage. Elle inclut la revendication de se poser en peuple libre et souverain, capable
de « se prendre en main » et de « décider par lui-même ». Ainsi, se trouve en réalité posée « une problématique
institutionnelle et politique » - celle d'une autonomie, voire d'une indépendance, sans rompre les liens avec la France - «
qu'il sera de moins en moins possible d'éluder ».
Julien Mérion se veut néanmoins optimiste sur l'issue de l'actuel mouvement de contestation, dans la mesure où la
logique identitaire se voit confortée par « l'attitude froide et rationnelle des plus hautes autorités de l'État (…). Pour la
première fois, estime l'universitaire, le pouvoir entend rompre avec la gestion interventionniste et paternaliste
poursuivie depuis le général de Gaulle. Jusqu'à présent, notre économie vivait protégée sous un parapluie étatique. Elle
est désormais appelée à s'adapter par elle-même à une économie mondiale, qui vient également de connaître une grave
crise. »
15. En quoi la Guadeloupe est marquée par des réalités socio-
économiques propres aux territoires ultramarins?
- Niveau de développement supérieur au pays de la zone avec 0,914
soit au second rang derrière la Martinique – croissance
économique positive
- Constat d’une grande difficulté à créer des relations avec les autres
territoires des Caraïbes => on en prend conscience sur les échanges
commerciaux et sur les initiatives proposées. Pour autant les
infrastructures de transport sont importantes, notamment le port
avec 3 millions de tonnes de marchandises
- Difficulté de positionnement comme l’illustre la crise de 2009 => on
voit une crise sociale (le taux de chômage, les prix, l’accès aux
formations) et une crise identitaire (le passé esclavagiste en
référence dans le discours du leader syndical = les Békés).