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« Le Top 14 n’est plus le
championnat de France »
Propos recueillis par Nicolas AUGOT
nicolas.augot@midi-olympique.fr
Vous avez regardĂ© les test-matches de l’équipe
de France en Australie. Quel est votre sentiment ?
Ces trois derniers matchs marquent, notamment aprĂšs le Tournoi. Il faut vite tirer la sonnette
d’alarme. Ça me fait mal aux tripes et, aujourd’hui, c’est un cri du cƓur car je n’ai pas l’habitude de
faire des commentaires dans la presse. Tout le monde tire sur l’ambulance, mais l’équipe de
France, ce n’est pas les trente mecs qui Ă©taient en Australie. Ce ne sont pas les trente types qui
sont dans l’ambulance qu’il faut fracasser. Attention, je ne cherche pas Ă  les dĂ©fendre mais nous
sommes tous coupables. C’est notre faute à tous si le rugby français a perdu ses valeurs. Nous
sommes la nation qui compte le plus de licenciĂ©s et il n’est pas normal de se retrouver Ă  la
septiùme place mondiale. À partir de là, il faut se poser des questions. Est-ce que les entraüneurs
sont au niveau ? C’est lĂ©gitime de se poser la question. Ou est-ce que le Top 14 ne plombe pas
l’équipe de France par rapport Ă  l’arrivĂ©e massive des Ă©trangers ?
Que voulez-vous dire ?
J’ai entendu Yannick Bru dire à demi-mot que le championnat posait problùme. Mais il faut le dire
franchement. Ce championnat nous pose problĂšme. Le Top 14 est devenu un championnat
mondial mais ce n’est plus le championnat de France puisqu’il est constituĂ© Ă  90 % d’étrangers
dans les effectifs. L’équipe de France paie les pots cassĂ©s. Il faut ouvrir les yeux. Ce n’est pas une
critique mais un constat et il faut dire les choses comme elles sont. Je crois au potentiel du rugby
français mais il faut faire jouer les joueurs français. À vouloir des rĂ©sultats rapidement avec
l’arrivĂ©e massive des Ă©trangers en Top 14, les clubs ont dĂ©laissĂ© la formation. Je ne suis pas en
train de couvrir le staff mais tout le monde a une part de responsabilitĂ©. C’est trop facile de dire
que les entraßneurs sont des pipes et les joueurs des fainéants.
L’excuse de la fatigue aprùs une saison
trĂšs longue ne peut pas expliquer
ces trois défaites selon vous ?
La moitié des Bleus ont eu trois semaines, voire un mois pour préparer cette tournée. Je constate
aussi qu’un tiers des joueurs de l’équipe de France n’ont pas jouĂ© cette saison parce qu’ils Ă©taient
blessés. Je pense à des joueurs comme Dusautoir ou Ouedraogo par exemple. Un autre tiers des
joueurs sont remplaçants dans leurs clubs comme Debaty, Tolofua ou Michalak. Ils sont arrivés en
Australie avec de la fraĂźcheur. Bizarrement, c’est Maestri, qui a jouĂ© toute la saison, qui est apparu
le plus frais. Cela pose surtout un problĂšme de rythme pour pouvoir rivaliser au niveau
international. Ce n’est pas une question de talent individuel mais d’un manque de temps de jeu.
Les clubs sont maintenant structurĂ©s autour de joueurs Ă©trangers, et ce, jusqu’en FĂ©dĂ©rale. Ça me
fait peur. Donc un tiers des joueurs de l’équipe de France sont remplaçants dans leurs clubs. Cela
ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bons mais ils n’ont plus de place.
Néanmoins, les Bleus ont rapidement montré
des signes de lassitude

Certains garçons Ă©taient Ă©moussĂ©s par la saison, d’autres manquaient de rythme. AprĂšs, quand on
se met devant la tĂ©lĂ©vision, le plus gĂȘnant est de ressentir cette sensation que les mecs ont envie
que cette tournĂ©e se termine au plus vite. Je parle juste en termes d’image. Avec l’étrange
impression qu’ils sont dĂ©jĂ  en vacances
 Et cela pose l’éternel problĂšme de la date de cette
tournĂ©e. Bien sĂ»r, les Australiens ont battu les Bleus grĂące Ă  leur vitesse mais aussi parce qu’ils
Ă©taient supĂ©rieurs dans le combat. Et nous n’avons pas senti les joueurs français faire les efforts
nécessaires au niveau du sacrifice collectif. Et je dis ça aussi par rapport aux témoignages des
joueurs aprĂšs les matchs, notamment ceux de Mathieu Bastareaud ou de Yannick Nyanga. Les
garçons étaient frustrés.
Les commentaires du staff et des joueurs
ne vous ont pas laissé insensible

Aujourd’hui, tout le monde nous voit au plus bas. Mais il ne faut surtout pas dire que nous sommes
à notre place avec cette septiùme place mondiale. Ce n’est pas normal. Le staff, les joueurs n’ont
pas le droit de dire que la France est Ă  sa place car, en Coupe du monde, nous avons toujours
torpillĂ© les Blacks. En 2011, avec un autre arbitrage, les Bleus peuvent ĂȘtre champions du monde.
Cela avait Ă©tĂ© similaire en 1995 oĂč, sans un arbitrage particulier en demi-finale, nous aurions pu
prĂ©tendre Ă  la victoire finale. Il faut donc arrĂȘter de se rabaisser, de regarder ailleurs ce qui se fait
et de penser que c’est forcĂ©ment mieux. Au contraire, nous devons trouver le moyen pour
dépasser les autres nations. Mais il ne faut surtout pas vouloir les copier.
Vous dites que ce n’est pas un problùme de talent individuel. Pourtant, lors de cette
tournĂ©e, le niveau technique des Tricolores a largement Ă©tĂ© commentĂ©, mĂȘme par le
staff. Qu’en pensez-vous ?
C’est une connerie de mettre en doute la technique individuelle des joueurs français. Ils n’ont rien
Ă  envier Ă  personne. Il faut arrĂȘter de taper lĂ -dessus. J’ai vu des grands joueurs internationaux Ă 
Bayonne incapables de rĂ©ussir les mĂȘmes passes que des jeunes joueurs du club. La technique,
c’est un faux dĂ©bat. Le geste technique ne vient que d’un Ă©lĂ©ment : l’avancĂ©e. Quand vous jouez Ă 
reculons, quand vous prenez la pression, il est toujours plus difficile de réaliser le geste juste. Les
Français ont été dépassés collectivement, pris par la vitesse des Australiens, et on revient à
l’absence de rythme chez nos joueurs. Mais je n’ai pas vu des chisteras, des gestes techniques
exceptionnels dans leur jeu. Ils ont Ă©tĂ© capables de jouer les zones d’affrontement et les intervalles
mais je n’ai vu aucun geste technique extraordinaire, seulement le geste logique à faire dans
chaque situation. L’autre point qui fait dĂ©bat, c’est le physique et j’ai Ă©tĂ© surpris par les propos de
Fabien Pelous aprĂšs la Coupe du monde des moins de 20 ans. Il expliquait que le physique devait
devenir une prioritĂ© dans les annĂ©es Ă  venir. Pourtant, nous disions la mĂȘme chose il y a quinze
ans et je crois que nous avons rattrapé notre retard. Quand on met les jeunes joueurs français sur
une balance et ceux des autres nations, il n’y a pas trente kilos d’écart !
La faiblesse du jeu de l’équipe de France peut-elle s’expliquer par celui pratiquĂ© en Top
14 qui est de plus en plus critiqué pour son cÎté défensif et de moins en moins
spectaculaire ?
Notre championnat s’est structurĂ© autour du pognon. Effectivement, le Top 14 est beaucoup plus
fermĂ© que les autres championnats. C’est la premiĂšre chose que je dis aux joueurs du Super
Rugby. Il est nĂ©cessaire de rĂ©duire les voiles car chaque point est important. L’efficacitĂ© est plus
importante que le spectacle. Il faut revoir la formule du championnat. Aujourd’hui, c’est juste un
eldorado pour des joueurs qui veulent s’en mettre plein les poches. Nous sommes devenus le
Japon et tout le monde s’engouffre lĂ -dedans. Quand des Ă©trangers arrivent Ă  Toulon, ce n’est pas
un problùme car, s’ils n’ont pas le niveau, cela se remarque tout de suite au milieu de toutes ces
stars. Mais les autres peuvent venir tranquillement faire plusieurs clubs en France sans faire trop
d’efforts. L’arrivĂ©e massive de ces joueurs a fragilisĂ© le rugby français. Cela a dĂ©structurĂ© notre
patrimoine et nous ne sommes plus nous-mĂȘmes, et ce, mĂȘme sur le plan du jeu. Pendant trĂšs
longtemps, le jeu français s’est diffĂ©renciĂ© par sa facultĂ© d’adaptation. Ce n’est plus le cas car la
prĂ©sence massive d’étrangers a dĂ©naturĂ© notre rugby. Nous nous sommes adaptĂ©s Ă  eux et j’ai pu
le constater au niveau du travail technique, aux structures et contenus des entraĂźnements. Tout est
maintenant trĂšs anglo-saxon ou copiĂ© sur l’hĂ©misphĂšre Sud. Et c’est une fuite en avant car, aprĂšs
l’arrivĂ©e de joueurs Ă©trangers, nous avons pu constater que des prĂ©parateurs physiques Ă©trangers
intégraient les staffs techniques et, maintenant, les présidents vont chercher des entraßneurs
Ă©trangers. Mais c’est Ă©vident et logique que les entraĂźneurs français se retrouvent sur le carreau.
Un président qui investit se dit que tout sera plus facile, notamment au niveau de la communication.
MĂȘme l’ancien prĂ©sident de la Ligue (Serge Blanco a engagĂ© Eddie O’Sullivan Ă  Biarritz, N.D.L.R.)
vient de recruter un entraĂźneur Ă©tranger ! Nous perdons nos valeurs. Nous avons dĂ» changer nos
traditions, notre culture. Des entraßneurs comme Bernard Laporte ou Fabien Galthié sont
aujourd’hui dans de grosses structures et ferment les yeux. Pourtant, Bernard Laporte doit savoir
comme personne ce que ressent le staff actuel de l’équipe de France. D’autres ne disent rien car
ils pensent avoir le potentiel pour arriver un jour au poste de sélectionneur. Mais il ne faut pas
qu’ils croient qu’ils pourront changer quelque chose quand ils seront en place. Ils rencontreront les
mĂȘmes problĂšmes et s’apercevront de nos lacunes.
Pourtant, l’arrivĂ©e massive de joueurs Ă©trangers n’est pas prĂšs de s’arrĂȘter. MĂȘme le
Stade toulousain, qui a pendant de trÚs longues années révélé les internationaux
français, semble avoir choisi cette voie

Qu’est-ce qui a fait la force de Toulouse ? Cela a toujours Ă©tĂ© de pouvoir puiser dans son rĂ©servoir
des gamins qui s’étaient construits Ă  la mamelle du Stade toulousain depuis de longues annĂ©es.
Mais, confrontés à un manque de résultats, les dirigeants du club ont clairement affiché leur
intention de reprendre la méthode Boudjellal avec des trÚs bons joueurs étrangers présents au
club pendant les matchs internationaux.
Mourad Boudjellal a définitivement fait basculer le rugby français dans une autre
dimension. Pensez-vous que c’est une bonne chose ?
Le premier à avoir changé le rugby français reste Max Guazzini. Tout le monde a applaudi des
deux mains. On est entré dans une autre Úre et je ne critique pas. Je ne connais pas Mourad
Boudjellal mais, sans démagogie, il a fait avancer les choses. Je dis respect. Il a reconstruit le
rugby à Toulon. Et on ne peut rien dire sauf bravo. Malheureusement, par sa façon de faire, il a
creusé un écart avec les autres clubs. Un fossé pas en termes de jeu mais au niveau des
mentalitĂ©s du rugby français car il a tout mis en Ɠuvre pour rĂ©ussir. Mais il a changĂ© les
comportements. Le rugby est maintenant envahi par l’argent. Il a Ă©tĂ© suivi par Savare au Stade
français, Lorenzetti au Racing, Altrad à Montpellier et maintenant Toulouse se structure de la
mĂȘme maniĂšre. Tout le monde veut suivre l’exemple de Toulon avec des joueurs Ă©trangers et c’est
la surenchĂšre. Mais oĂč sont nos valeurs lĂ -dedans ? Si les gros clubs veulent poursuivre dans
cette voie, il serait prĂ©fĂ©rable qu’ils deviennent des franchises avec les meilleurs joueurs mondiaux.
Ils disputeraient une super Coupe d’Europe, Ă  l’image du Super 15 dans l’hĂ©misphĂšre Sud, et le
championnat de France, avec son Bouclier de Brennus, oĂč les Français pourraient jouer, serait
l’équivalent du NPC. L’équipe de France ne serait plus fragilisĂ©e. Ce n’est pas contre Mourad
Boudjellal qui a fait avancer les choses. Personne ne peut lui cracher dessus. Mais cloisonner deux
compĂ©titions, une rĂ©servĂ©e aux franchises, l’autre aux clubs, n’aurait que des avantages. La saison
serait plus courte et cela libĂ©rerait des dates pour l’équipe de France et les clubs perdraient moins
d’argent avec la mise à disposition des internationaux.
N’est-ce pas utopique ?
Les clubs auraient de nouveau envie de former des joueurs pour qu’ils deviennent les stars de
demain. Que l’on nous envie nos joueurs partout dans le monde. Je crois que Mourad Boudjellal a
assez de fiertĂ© et de caractĂšre pour ĂȘtre capable de bĂątir une Ă©quipe avec les meilleurs jeunes
Français. Aujourd’hui, Toulon ne compte que trois internationaux, Michalak, Bastareaud et Menini,
et aucun n’a Ă©tĂ© formĂ© au RCT. Je suis admiratif du parcours de Mourad Boudjellal, notamment par
rapport Ă  ce qu’il a fait avec la bande-dessinĂ©e Rahan dont j’étais fan quand j’étais gosse. Il a
investi dans Rahan et il a rĂ©ussi Ă  reconstruire l’image de cette BD. Il a fait de mĂȘme avec le RCT
en devenant le numĂ©ro un en France et en Europe. Maintenant, l’idĂ©e est de faire autre chose. De
prendre son courage à deux mains pour avoir les meilleurs joueurs français. Je me dis que ce qu’il
a rĂ©ussi Ă  faire Ă  Toulon, il peut ĂȘtre capable de le faire avec le rugby français.
Est-ce un appel Ă  Mourad Boudjellal ?
Ce n’est pas un appel mais je crois qu’il est capable de le faire. Mourad Boudjellal pense
aujourd’hui que tout le monde lui en veut. Mais il fait maintenant partie du monde du rugby au
mĂȘme titre que les grands anciens. Tout le monde doit travailler ensemble, tous les prĂ©sidents
doivent se mettre d’accord pour faire notre propre rugby. Je ne broie pas du noir car quand je vois
le niveau de nos joueurs, je rĂ©pĂšte que nous n’avons rien Ă  envier aux autres nations. Le potentiel,
nous l’avons, mais oĂč sont les prĂ©sidents de la FFR et de la LNR ? Quand vont-ils taper du poing
sur la table pour dire que, maintenant, il est n’est plus possible d’avoir autant d’étrangers dans nos
clubs ? Ils doivent revoir notre championnat ou alors il faut définitivement passer à autre chose
avec des provinces. Aujourd’hui, l’équipe de France ne peut pas ĂȘtre championne du monde. Les
présidents du Top 14 doivent nous donner les moyens de réussir, de faire quelque chose de grand
et que l’on en soit fier. C’est un appel pour que tout le monde travaille ensemble. Sinon, nous
allons dans le mur. Et nous allons passer pour des clowns aux yeux du monde.
Selon vous, la France n’a aucune chance
de remporter le titre mondial ?
Nous pouvons l’ĂȘtre sur du bricolage, mais pas sur une force. Nous n’avons pas une force
collective. Nous ne savons pas oĂč nous allons.
La prochaine Coupe du monde aura lieu en Angleterre, une nation souvent prise en
exemple ces derniers temps.
Bien sĂ»r qu’il faut regarder ce qu’il se fait en Angleterre, notamment car ils ont remportĂ© deux titres
mondiaux chez les moins de 20 ans. Leurs internationaux sont répartis dans leurs clubs dans un
championnat oĂč il doit y avoir 90 % d’Anglais. Le meilleur reprĂ©sentant europĂ©en change tous les
trois ou quatre ans. Leur Ă©quipe nationale n’est pas fragilisĂ©e et les Anglais jouent avec leurs
meilleurs Ă©lĂ©ments. Ils ont la fiertĂ© de construire pour leur Ă©quipe nationale. C’est pourtant un club
français qui est champion d’Europe mais avec les meilleurs joueurs du monde. Le club anglais qui
est arrivĂ© en finale prĂ©sentait une Ă©quipe Ă  plus forte connotation anglaise. L’exemple Ă  cĂŽtĂ©, c’est
le football anglais avec un championnat composé en grande partie de joueurs étrangers et leur
Ă©quipe nationale est nulle. C’est important Ă  prendre en compte.
L’arrivĂ©e massive de joueurs Ă©trangers est-elle
le seul problĂšme du championnat de France ?
Je veux aussi parler des arbitres français pour revenir au manque de vitesse et de rythme des
joueurs français lors de cette tournée en Australie. Ils vont certainement se demander quelles
conséquences ils ont sur les résultats du XV de France
 Je ne vais pas leur dégueuler dessus, au
contraire. Je ne suis pas là pour donner des leçons mais pour qu’ils prennent conscience qu’ils font
aussi partie de la problĂ©matique. Je pense qu’ils ont aussi un rĂŽle Ă  jouer. Nos matchs de
championnat sont trĂšs hachĂ©s, manquent de vitesse, avec peu de prises de risques. À leur
décharge, ils doivent diriger des matchs à trÚs forts enjeux en raison de la formule du Top 14 avec
deux clubs relégués en fin de saison. Mais quand on regarde des matchs étrangers, on peut noter
une plus grande cohĂ©rence dans l’arbitrage anglo-saxon ou sudiste. Je ne dis pas qu’ils sont
meilleurs que les arbitres français mais, par exemple, dans les zones de ruck, ils privilégient
toujours les gars qui veulent récupérer le ballon et non pas celui qui cherche à étouffer le jeu. Ils
laissent la prioritĂ© Ă  la continuitĂ© du jeu en laissant le temps matĂ©riel au soutien de s’organiser.
Pour conclure, il serait facile de vous répondre que vous avez participé à ce systÚme,
notamment Ă  Bayonne avec de nombreux joueurs Ă©trangers dans votre ligne d’attaque

J’envie vraiment la ligne de trois-quarts de Castres qui est quasiment entiùrement française avec
Cabannes, Lamerat, etc. Elle n’a rien Ă  envier aux autres Ă©quipes et elle l’a dĂ©montrĂ© en disputant
les deux derniĂšres finales. J’envie le CO. AprĂšs, nous ne sommes pas toujours dĂ©cisionnaires dans
un club. Entraüneur, c’est un job et j’ai fait le job. Mais je me sens aussi responsable que les
entraĂźneurs ou joueurs de l’équipe de France. AprĂšs, j’ai aussi entraĂźnĂ© Machenaud, Dulin et Huget
ou Rouet et Ugalde la saison derniĂšre. Il faut souligner le travail de leurs Ă©ducateurs. Enfin, Marvin
O’Connor aurait pu ĂȘtre de la tournĂ©e avec l’équipe de France. Je ne crache pas dans la soupe,
au contraire, je veux que l’on s’aide les uns les autres.
Le top 14 n'est plus le championnat de france entretien avec christophe deylaud

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Le top 14 n'est plus le championnat de france entretien avec christophe deylaud

  • 1. « Le Top 14 n’est plus le championnat de France » Propos recueillis par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr Vous avez regardĂ© les test-matches de l’équipe de France en Australie. Quel est votre sentiment ? Ces trois derniers matchs marquent, notamment aprĂšs le Tournoi. Il faut vite tirer la sonnette d’alarme. Ça me fait mal aux tripes et, aujourd’hui, c’est un cri du cƓur car je n’ai pas l’habitude de faire des commentaires dans la presse. Tout le monde tire sur l’ambulance, mais l’équipe de France, ce n’est pas les trente mecs qui Ă©taient en Australie. Ce ne sont pas les trente types qui sont dans l’ambulance qu’il faut fracasser. Attention, je ne cherche pas Ă  les dĂ©fendre mais nous sommes tous coupables. C’est notre faute Ă  tous si le rugby français a perdu ses valeurs. Nous sommes la nation qui compte le plus de licenciĂ©s et il n’est pas normal de se retrouver Ă  la septiĂšme place mondiale. À partir de lĂ , il faut se poser des questions. Est-ce que les entraĂźneurs sont au niveau ? C’est lĂ©gitime de se poser la question. Ou est-ce que le Top 14 ne plombe pas l’équipe de France par rapport Ă  l’arrivĂ©e massive des Ă©trangers ? Que voulez-vous dire ? J’ai entendu Yannick Bru dire Ă  demi-mot que le championnat posait problĂšme. Mais il faut le dire franchement. Ce championnat nous pose problĂšme. Le Top 14 est devenu un championnat mondial mais ce n’est plus le championnat de France puisqu’il est constituĂ© Ă  90 % d’étrangers dans les effectifs. L’équipe de France paie les pots cassĂ©s. Il faut ouvrir les yeux. Ce n’est pas une critique mais un constat et il faut dire les choses comme elles sont. Je crois au potentiel du rugby français mais il faut faire jouer les joueurs français. À vouloir des rĂ©sultats rapidement avec l’arrivĂ©e massive des Ă©trangers en Top 14, les clubs ont dĂ©laissĂ© la formation. Je ne suis pas en
  • 2. train de couvrir le staff mais tout le monde a une part de responsabilitĂ©. C’est trop facile de dire que les entraĂźneurs sont des pipes et les joueurs des fainĂ©ants. L’excuse de la fatigue aprĂšs une saison trĂšs longue ne peut pas expliquer ces trois dĂ©faites selon vous ? La moitiĂ© des Bleus ont eu trois semaines, voire un mois pour prĂ©parer cette tournĂ©e. Je constate aussi qu’un tiers des joueurs de l’équipe de France n’ont pas jouĂ© cette saison parce qu’ils Ă©taient blessĂ©s. Je pense Ă  des joueurs comme Dusautoir ou Ouedraogo par exemple. Un autre tiers des joueurs sont remplaçants dans leurs clubs comme Debaty, Tolofua ou Michalak. Ils sont arrivĂ©s en Australie avec de la fraĂźcheur. Bizarrement, c’est Maestri, qui a jouĂ© toute la saison, qui est apparu le plus frais. Cela pose surtout un problĂšme de rythme pour pouvoir rivaliser au niveau international. Ce n’est pas une question de talent individuel mais d’un manque de temps de jeu. Les clubs sont maintenant structurĂ©s autour de joueurs Ă©trangers, et ce, jusqu’en FĂ©dĂ©rale. Ça me fait peur. Donc un tiers des joueurs de l’équipe de France sont remplaçants dans leurs clubs. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bons mais ils n’ont plus de place. NĂ©anmoins, les Bleus ont rapidement montrĂ© des signes de lassitude
 Certains garçons Ă©taient Ă©moussĂ©s par la saison, d’autres manquaient de rythme. AprĂšs, quand on se met devant la tĂ©lĂ©vision, le plus gĂȘnant est de ressentir cette sensation que les mecs ont envie que cette tournĂ©e se termine au plus vite. Je parle juste en termes d’image. Avec l’étrange impression qu’ils sont dĂ©jĂ  en vacances
 Et cela pose l’éternel problĂšme de la date de cette tournĂ©e. Bien sĂ»r, les Australiens ont battu les Bleus grĂące Ă  leur vitesse mais aussi parce qu’ils Ă©taient supĂ©rieurs dans le combat. Et nous n’avons pas senti les joueurs français faire les efforts nĂ©cessaires au niveau du sacrifice collectif. Et je dis ça aussi par rapport aux tĂ©moignages des joueurs aprĂšs les matchs, notamment ceux de Mathieu Bastareaud ou de Yannick Nyanga. Les garçons Ă©taient frustrĂ©s.
  • 3. Les commentaires du staff et des joueurs ne vous ont pas laissĂ© insensible
 Aujourd’hui, tout le monde nous voit au plus bas. Mais il ne faut surtout pas dire que nous sommes Ă  notre place avec cette septiĂšme place mondiale. Ce n’est pas normal. Le staff, les joueurs n’ont pas le droit de dire que la France est Ă  sa place car, en Coupe du monde, nous avons toujours torpillĂ© les Blacks. En 2011, avec un autre arbitrage, les Bleus peuvent ĂȘtre champions du monde. Cela avait Ă©tĂ© similaire en 1995 oĂč, sans un arbitrage particulier en demi-finale, nous aurions pu prĂ©tendre Ă  la victoire finale. Il faut donc arrĂȘter de se rabaisser, de regarder ailleurs ce qui se fait et de penser que c’est forcĂ©ment mieux. Au contraire, nous devons trouver le moyen pour dĂ©passer les autres nations. Mais il ne faut surtout pas vouloir les copier. Vous dites que ce n’est pas un problĂšme de talent individuel. Pourtant, lors de cette tournĂ©e, le niveau technique des Tricolores a largement Ă©tĂ© commentĂ©, mĂȘme par le staff. Qu’en pensez-vous ? C’est une connerie de mettre en doute la technique individuelle des joueurs français. Ils n’ont rien Ă  envier Ă  personne. Il faut arrĂȘter de taper lĂ -dessus. J’ai vu des grands joueurs internationaux Ă  Bayonne incapables de rĂ©ussir les mĂȘmes passes que des jeunes joueurs du club. La technique, c’est un faux dĂ©bat. Le geste technique ne vient que d’un Ă©lĂ©ment : l’avancĂ©e. Quand vous jouez Ă  reculons, quand vous prenez la pression, il est toujours plus difficile de rĂ©aliser le geste juste. Les Français ont Ă©tĂ© dĂ©passĂ©s collectivement, pris par la vitesse des Australiens, et on revient Ă  l’absence de rythme chez nos joueurs. Mais je n’ai pas vu des chisteras, des gestes techniques exceptionnels dans leur jeu. Ils ont Ă©tĂ© capables de jouer les zones d’affrontement et les intervalles mais je n’ai vu aucun geste technique extraordinaire, seulement le geste logique Ă  faire dans chaque situation. L’autre point qui fait dĂ©bat, c’est le physique et j’ai Ă©tĂ© surpris par les propos de Fabien Pelous aprĂšs la Coupe du monde des moins de 20 ans. Il expliquait que le physique devait devenir une prioritĂ© dans les annĂ©es Ă  venir. Pourtant, nous disions la mĂȘme chose il y a quinze ans et je crois que nous avons rattrapĂ© notre retard. Quand on met les jeunes joueurs français sur une balance et ceux des autres nations, il n’y a pas trente kilos d’écart ! La faiblesse du jeu de l’équipe de France peut-elle s’expliquer par celui pratiquĂ© en Top 14 qui est de plus en plus critiquĂ© pour son cĂŽtĂ© dĂ©fensif et de moins en moins spectaculaire ?
  • 4. Notre championnat s’est structurĂ© autour du pognon. Effectivement, le Top 14 est beaucoup plus fermĂ© que les autres championnats. C’est la premiĂšre chose que je dis aux joueurs du Super Rugby. Il est nĂ©cessaire de rĂ©duire les voiles car chaque point est important. L’efficacitĂ© est plus importante que le spectacle. Il faut revoir la formule du championnat. Aujourd’hui, c’est juste un eldorado pour des joueurs qui veulent s’en mettre plein les poches. Nous sommes devenus le Japon et tout le monde s’engouffre lĂ -dedans. Quand des Ă©trangers arrivent Ă  Toulon, ce n’est pas un problĂšme car, s’ils n’ont pas le niveau, cela se remarque tout de suite au milieu de toutes ces stars. Mais les autres peuvent venir tranquillement faire plusieurs clubs en France sans faire trop d’efforts. L’arrivĂ©e massive de ces joueurs a fragilisĂ© le rugby français. Cela a dĂ©structurĂ© notre patrimoine et nous ne sommes plus nous-mĂȘmes, et ce, mĂȘme sur le plan du jeu. Pendant trĂšs longtemps, le jeu français s’est diffĂ©renciĂ© par sa facultĂ© d’adaptation. Ce n’est plus le cas car la prĂ©sence massive d’étrangers a dĂ©naturĂ© notre rugby. Nous nous sommes adaptĂ©s Ă  eux et j’ai pu le constater au niveau du travail technique, aux structures et contenus des entraĂźnements. Tout est maintenant trĂšs anglo-saxon ou copiĂ© sur l’hĂ©misphĂšre Sud. Et c’est une fuite en avant car, aprĂšs l’arrivĂ©e de joueurs Ă©trangers, nous avons pu constater que des prĂ©parateurs physiques Ă©trangers intĂ©graient les staffs techniques et, maintenant, les prĂ©sidents vont chercher des entraĂźneurs Ă©trangers. Mais c’est Ă©vident et logique que les entraĂźneurs français se retrouvent sur le carreau. Un prĂ©sident qui investit se dit que tout sera plus facile, notamment au niveau de la communication. MĂȘme l’ancien prĂ©sident de la Ligue (Serge Blanco a engagĂ© Eddie O’Sullivan Ă  Biarritz, N.D.L.R.) vient de recruter un entraĂźneur Ă©tranger ! Nous perdons nos valeurs. Nous avons dĂ» changer nos traditions, notre culture. Des entraĂźneurs comme Bernard Laporte ou Fabien GalthiĂ© sont aujourd’hui dans de grosses structures et ferment les yeux. Pourtant, Bernard Laporte doit savoir comme personne ce que ressent le staff actuel de l’équipe de France. D’autres ne disent rien car ils pensent avoir le potentiel pour arriver un jour au poste de sĂ©lectionneur. Mais il ne faut pas qu’ils croient qu’ils pourront changer quelque chose quand ils seront en place. Ils rencontreront les mĂȘmes problĂšmes et s’apercevront de nos lacunes. Pourtant, l’arrivĂ©e massive de joueurs Ă©trangers n’est pas prĂšs de s’arrĂȘter. MĂȘme le Stade toulousain, qui a pendant de trĂšs longues annĂ©es rĂ©vĂ©lĂ© les internationaux français, semble avoir choisi cette voie
 Qu’est-ce qui a fait la force de Toulouse ? Cela a toujours Ă©tĂ© de pouvoir puiser dans son rĂ©servoir des gamins qui s’étaient construits Ă  la mamelle du Stade toulousain depuis de longues annĂ©es.
  • 5. Mais, confrontĂ©s Ă  un manque de rĂ©sultats, les dirigeants du club ont clairement affichĂ© leur intention de reprendre la mĂ©thode Boudjellal avec des trĂšs bons joueurs Ă©trangers prĂ©sents au club pendant les matchs internationaux. Mourad Boudjellal a dĂ©finitivement fait basculer le rugby français dans une autre dimension. Pensez-vous que c’est une bonne chose ? Le premier Ă  avoir changĂ© le rugby français reste Max Guazzini. Tout le monde a applaudi des deux mains. On est entrĂ© dans une autre Ăšre et je ne critique pas. Je ne connais pas Mourad Boudjellal mais, sans dĂ©magogie, il a fait avancer les choses. Je dis respect. Il a reconstruit le rugby Ă  Toulon. Et on ne peut rien dire sauf bravo. Malheureusement, par sa façon de faire, il a creusĂ© un Ă©cart avec les autres clubs. Un fossĂ© pas en termes de jeu mais au niveau des mentalitĂ©s du rugby français car il a tout mis en Ɠuvre pour rĂ©ussir. Mais il a changĂ© les comportements. Le rugby est maintenant envahi par l’argent. Il a Ă©tĂ© suivi par Savare au Stade français, Lorenzetti au Racing, Altrad Ă  Montpellier et maintenant Toulouse se structure de la mĂȘme maniĂšre. Tout le monde veut suivre l’exemple de Toulon avec des joueurs Ă©trangers et c’est la surenchĂšre. Mais oĂč sont nos valeurs lĂ -dedans ? Si les gros clubs veulent poursuivre dans cette voie, il serait prĂ©fĂ©rable qu’ils deviennent des franchises avec les meilleurs joueurs mondiaux. Ils disputeraient une super Coupe d’Europe, Ă  l’image du Super 15 dans l’hĂ©misphĂšre Sud, et le championnat de France, avec son Bouclier de Brennus, oĂč les Français pourraient jouer, serait l’équivalent du NPC. L’équipe de France ne serait plus fragilisĂ©e. Ce n’est pas contre Mourad Boudjellal qui a fait avancer les choses. Personne ne peut lui cracher dessus. Mais cloisonner deux compĂ©titions, une rĂ©servĂ©e aux franchises, l’autre aux clubs, n’aurait que des avantages. La saison serait plus courte et cela libĂ©rerait des dates pour l’équipe de France et les clubs perdraient moins d’argent avec la mise Ă  disposition des internationaux. N’est-ce pas utopique ? Les clubs auraient de nouveau envie de former des joueurs pour qu’ils deviennent les stars de demain. Que l’on nous envie nos joueurs partout dans le monde. Je crois que Mourad Boudjellal a assez de fiertĂ© et de caractĂšre pour ĂȘtre capable de bĂątir une Ă©quipe avec les meilleurs jeunes Français. Aujourd’hui, Toulon ne compte que trois internationaux, Michalak, Bastareaud et Menini, et aucun n’a Ă©tĂ© formĂ© au RCT. Je suis admiratif du parcours de Mourad Boudjellal, notamment par rapport Ă  ce qu’il a fait avec la bande-dessinĂ©e Rahan dont j’étais fan quand j’étais gosse. Il a
  • 6. investi dans Rahan et il a rĂ©ussi Ă  reconstruire l’image de cette BD. Il a fait de mĂȘme avec le RCT en devenant le numĂ©ro un en France et en Europe. Maintenant, l’idĂ©e est de faire autre chose. De prendre son courage Ă  deux mains pour avoir les meilleurs joueurs français. Je me dis que ce qu’il a rĂ©ussi Ă  faire Ă  Toulon, il peut ĂȘtre capable de le faire avec le rugby français. Est-ce un appel Ă  Mourad Boudjellal ? Ce n’est pas un appel mais je crois qu’il est capable de le faire. Mourad Boudjellal pense aujourd’hui que tout le monde lui en veut. Mais il fait maintenant partie du monde du rugby au mĂȘme titre que les grands anciens. Tout le monde doit travailler ensemble, tous les prĂ©sidents doivent se mettre d’accord pour faire notre propre rugby. Je ne broie pas du noir car quand je vois le niveau de nos joueurs, je rĂ©pĂšte que nous n’avons rien Ă  envier aux autres nations. Le potentiel, nous l’avons, mais oĂč sont les prĂ©sidents de la FFR et de la LNR ? Quand vont-ils taper du poing sur la table pour dire que, maintenant, il est n’est plus possible d’avoir autant d’étrangers dans nos clubs ? Ils doivent revoir notre championnat ou alors il faut dĂ©finitivement passer Ă  autre chose avec des provinces. Aujourd’hui, l’équipe de France ne peut pas ĂȘtre championne du monde. Les prĂ©sidents du Top 14 doivent nous donner les moyens de rĂ©ussir, de faire quelque chose de grand et que l’on en soit fier. C’est un appel pour que tout le monde travaille ensemble. Sinon, nous allons dans le mur. Et nous allons passer pour des clowns aux yeux du monde. Selon vous, la France n’a aucune chance de remporter le titre mondial ? Nous pouvons l’ĂȘtre sur du bricolage, mais pas sur une force. Nous n’avons pas une force collective. Nous ne savons pas oĂč nous allons. La prochaine Coupe du monde aura lieu en Angleterre, une nation souvent prise en exemple ces derniers temps. Bien sĂ»r qu’il faut regarder ce qu’il se fait en Angleterre, notamment car ils ont remportĂ© deux titres mondiaux chez les moins de 20 ans. Leurs internationaux sont rĂ©partis dans leurs clubs dans un championnat oĂč il doit y avoir 90 % d’Anglais. Le meilleur reprĂ©sentant europĂ©en change tous les trois ou quatre ans. Leur Ă©quipe nationale n’est pas fragilisĂ©e et les Anglais jouent avec leurs
  • 7. meilleurs Ă©lĂ©ments. Ils ont la fiertĂ© de construire pour leur Ă©quipe nationale. C’est pourtant un club français qui est champion d’Europe mais avec les meilleurs joueurs du monde. Le club anglais qui est arrivĂ© en finale prĂ©sentait une Ă©quipe Ă  plus forte connotation anglaise. L’exemple Ă  cĂŽtĂ©, c’est le football anglais avec un championnat composĂ© en grande partie de joueurs Ă©trangers et leur Ă©quipe nationale est nulle. C’est important Ă  prendre en compte. L’arrivĂ©e massive de joueurs Ă©trangers est-elle le seul problĂšme du championnat de France ? Je veux aussi parler des arbitres français pour revenir au manque de vitesse et de rythme des joueurs français lors de cette tournĂ©e en Australie. Ils vont certainement se demander quelles consĂ©quences ils ont sur les rĂ©sultats du XV de France
 Je ne vais pas leur dĂ©gueuler dessus, au contraire. Je ne suis pas lĂ  pour donner des leçons mais pour qu’ils prennent conscience qu’ils font aussi partie de la problĂ©matique. Je pense qu’ils ont aussi un rĂŽle Ă  jouer. Nos matchs de championnat sont trĂšs hachĂ©s, manquent de vitesse, avec peu de prises de risques. À leur dĂ©charge, ils doivent diriger des matchs Ă  trĂšs forts enjeux en raison de la formule du Top 14 avec deux clubs relĂ©guĂ©s en fin de saison. Mais quand on regarde des matchs Ă©trangers, on peut noter une plus grande cohĂ©rence dans l’arbitrage anglo-saxon ou sudiste. Je ne dis pas qu’ils sont meilleurs que les arbitres français mais, par exemple, dans les zones de ruck, ils privilĂ©gient toujours les gars qui veulent rĂ©cupĂ©rer le ballon et non pas celui qui cherche Ă  Ă©touffer le jeu. Ils laissent la prioritĂ© Ă  la continuitĂ© du jeu en laissant le temps matĂ©riel au soutien de s’organiser. Pour conclure, il serait facile de vous rĂ©pondre que vous avez participĂ© Ă  ce systĂšme, notamment Ă  Bayonne avec de nombreux joueurs Ă©trangers dans votre ligne d’attaque
 J’envie vraiment la ligne de trois-quarts de Castres qui est quasiment entiĂšrement française avec Cabannes, Lamerat, etc. Elle n’a rien Ă  envier aux autres Ă©quipes et elle l’a dĂ©montrĂ© en disputant les deux derniĂšres finales. J’envie le CO. AprĂšs, nous ne sommes pas toujours dĂ©cisionnaires dans un club. EntraĂźneur, c’est un job et j’ai fait le job. Mais je me sens aussi responsable que les entraĂźneurs ou joueurs de l’équipe de France. AprĂšs, j’ai aussi entraĂźnĂ© Machenaud, Dulin et Huget ou Rouet et Ugalde la saison derniĂšre. Il faut souligner le travail de leurs Ă©ducateurs. Enfin, Marvin O’Connor aurait pu ĂȘtre de la tournĂ©e avec l’équipe de France. Je ne crache pas dans la soupe, au contraire, je veux que l’on s’aide les uns les autres.