Présentation des résultats du programme de recherche mené par Thierry Lancien, au sein du MICA, Bordeaux 3. Journée d'études "Ecrans & Médias" 16 novembre 2012
8. En quoi la multiplication des écrans affecte-t-
elle les images et en quoi modifie-t-elle les
postures spectatorielles?
9. Ecrans, images et spectateurs
• Interactions entre des dispositifs techniques,
des contenus, des spectateurs/acteurs
• Migrations, déplacements, mouvements,
hybridations, voire métamorphoses des
images?
• Permanences ou changements des postures
spectatorielles?
15. Archéologie de l’écran
(Manovich)
• L’écran classique du tableau à l’ordinateur:
– Surface plate, rectangulaire, conçue pour une
vision frontale vs panorama
– Agit comme une fenêtre donnant sur un autre
espace
– Cet espace de représentation est à une autre
échelle que le nôtre
16. Archéologie de l’écran 2
• L’écran dynamique cinéma, vidéo, tv:
– Mêmes propriétés mais permet de visualiser des
images en mouvement
– Cinéma vise forte identification avec oubli du
cadre
– Ecran sépare, cadre, capte et rend non existant
ce qui se situe hors de lui avec une échelle du
cinéma à l’ordinateur
17. Archéologie 3
• Ecrans virtuels:
– Rupture avec l’écran d ’ordinateur: affichages,
possibilité d’observer plusieurs images
– Interfaces à rapprocher du design graphique
– Les images deviennent données (textes, images,
graphismes)
– Avec virtuel: l’écran disparaît. Le spectateur se
trouve totalement à l’intérieur de cet espace vs
écran d’ordinateur: rétablit écran
18. Archéologie 4
• Disparition de l’écran dynamique?
– Interface des fenêtres et réalité virtuelle
changent l’organisation de la vision
– Ecran dynamique=catégorie culturelle dont on
peut retracer l’histoire
– Spectacles de distraction populaire: lanterne
magique, fantasmagorie, panorama, diaporama
19. Archéologie 5
• L’écran du temps réel:
– Ecran d’ordinateur: histoire différente
– Pas lignée d’un divertissement mais surveillance
militaire
– L’image y change en temps réel réfléchissant le
changement des référents
• Position d’un objet ds l’espace (radar), modification de la
réalité visible (vidéo directe) transformation des données
situées ds la mémoire de l’ordinateur
20. Recherches sur les écrans
• -80 Chambat, Ehrenberg: écrans, nouveau
continuum comparable à l’imprimé?
– -thèse d’une coexistence complémentaire
° -2000 Mongin, n° d’Esprit
– Multiplication des écrans=effacement de leurs
identités ou consultations spécifiques?
21. Perspective intermédiale
• Gaudreault, Marion, Altman (2000, 2006),
Delavaud, Lancien (2006)
– Crise intermédiale: identité des médias en
suspens
– Médias contemporains: tendance à la
dissémination
– Répartition entre médias ayant tendance à
s’hybriser et médias gardant leur identitié forte
22. Les « Cinq écrans »
• L’écran de « représentation »
– Re-présentation; qui n’est pas là. Différ(a)nce
• L’écran de « transmission ». Logique de flux
– Différé mais introduit le direct
• L’écran « d’action ». Logique de stock
– Affichage, intervention. Temps de l’action
– Direct d’Internet
23. Cinq écrans 2
• Ecran de simulation. Hors logique spectatorielle et
de représentation
– Permet de plonger dans l’image
– Stade de l’action, de la performance
• Ecran de contact: téléphones mobiles
– Tantôt un lieu fonctionnel (consultations, services,
commandes), tantôt un lieu d'attention plus flottante qui
aurait surtout une valeur de contact.
24. Télévision
•« L’écran de télévision est une vitrine, on est
passé de la représentation à la présentation »
Serge Daney
26. Images nomades
• Images identiques sur différents écrans:
exemple du cinéma
• Exemple du magnétoscope:lecture
magnétoscopée, plasticise, augmente la
dimension figurative
• Dvd: morcellement (chapitrage) logique de
l’extrait
27. Images nomades 2
• Ordinateur: fenètrage, taille de l’image,
cohabitation avec d’autres images:
– Images utilitaires: icônes, pictogrammes
– Images privées
– Images de travail
28. Images nomades 3
• Donc images nomades affectées par le
passage d’un écran à un autre
• Après identité stable (pendant une certaine
période) identité de la peinture, de la photo,
du cinéma
– Déstabilisation dans les modes d’apparition, de
perception, les régimes de visibilité
29. Images hybrides médias
• Multimédia, numérique= nouvelles
combinaisons images, son, texte
• Sites de médias sur Internet
30. Images hybrides en art
• Pas nouveau. Caractéristique de l’art du 20e
• Voir par exemple Jeff Wall: références,
emprunts au cinéma, à la peinture, à la
publicité
• Collages, photomontages
31. Images hybrides 2
• Images issues d’un dispositif de filmage qui
viennent hybrider d’autres dispositifs
• « Redacted »: images d’Internet, de
caméscope privé, de tv de surveillance, de
documentaire tv
• « Cinéma repassé second dans l’ordre des
images »
32. Images hybrides 3
• Eclatement des sources, disparition d’un
centre d’émission
• « Images zéro faites par tout le monde et
par personne »
• Question « auctoriale »
• Voir aussi pratiques de réalisation, de
détournement, de pastiche: « Youtube »
33. « Redacted »
Brian de Palma
• Le cinéma est repassé second dans l’ordre
des images
• Il organise leur distribution mais aucune ne
lui appartient
• Le cinéma ne fabrique plus d’images en son
nom propre, il les tire dun stock
36. L’expérience cinématographique
• Expérience au sens ontologique (Merleau-Ponty)
• S’inscrit dans une histoire du spectacle, suppose
un certain rapport à la culture
• Forme de socialisation, de pratique culturelle avec
ses rites, ses habitudes, ses conventions, ses
détournements
37. La fréquentation télévisuelle
• Pratique de réception moins engageante
• Accès à domicile, absence éventuelle de
programmes, zapping, pratique
« tapisserie »
• Donc=Fréquentation, « exposition » plus
que participation
38. L’activité réseaux
• Ecran d’ordinateur=terminal de programmes
et de documents divers mélange univers du
travail, du spectacle, du fonctionnel
• Spectateur se déplace vers l’acteur
• Logique du « pull » et non plus du « push »
39. La relation mobile
• Relation parce que primauté du contact
• Relation interpersonnelle
• Forte dimension phatique qui influencerait
la réception de contenus médiatiques
41. Questionnement
• Peut-on considérer que les relations que le
spectateur entretient avec les images se
transforment selon les types d’écrans
considérés?
42. Permanences
• « Ce n’est pas la multiplicité croissante des
situations spectatorielles qui détermine la
multiplicité des postures spectatorielles. Le même
spectateur développe la même pluralité d’horizons
d’attente à l’égard de chaque dispositif quelle que
soit la technologie utilisée »
• Leblanc, Médiamorphoses, 18
43. Transformations 1
• Rupture dans la tradition figurative
– Dévoilement du monde en le mimant grâce aux
vertus imitatives de l’image
– Vs images comme données; écran comme table
d’informations
– Résultat:
• Mise en contact plutôt que vérité du sens
• Passage de la représentation à la simulation
44. Transformations 2
• Ecran et multimedia
– Ecran comme lieu de représentation devenant
lieu d’action
– Représentation classique vs déconstruction
(voir cdroms d’art)
– Ecran mosaique (Couchot)
– Filiations avec la page plutôt qu’avec le cadre
pictural ou la photo ou le cinéma
45. Transformations 3
• Régime de la communication:
médias=partager un sens qui préexiste
• Régime de la commutation:systèmes
dialogiques=sens qui s’établit autour de
l’échange
• S’interroger sur les notions de: co-auteur,
co-énonciateur, spect-acteur
46. Pour les images nomades
• Pas de modification en termes de contrats
(fictionnalisant,documentarisant)?
• Mais plus au niveau discursif, textuel?
– Le film de fiction en passant de l’écran de
cinéma à l’ordinateur?
– Mode du récit classique doit cohabiter avec les
modalités de l’extrait, du fragment
– Logique délinéarisante
47. Pour les images hybrides
• Images qui se jouent des supports
• L’identité de chaque média peut en être
affectée de même que la relation
spectatorielle entretenue avec lui
• Question de la fin de …?
• Voir plutôt nouvelle intermédialité
(échanges, hybridations, redéfinitions)
48. Images « nouvelles »
• Univers de l’action et/ou de la simulation
• Performance mise en avant: notions
d’acteur, de spect-acteur
• Vrai dans les domaines artistiques
• Voir aussi nouvelles pratiques (Youtube):
-Spectateur devenant co-auteur, co-
énonciateur
49. Relations au temps: du temps
contraint au temps choisi
• Cinéma
– Temps de la projection; temps de la diégèse=temps
contraints
• Télévision
– Flux ininterrompu; sérialité; multiplicité des temps de
diégèse
– Temporalités de l’auto-programmation
50. Relations au temps 2
• Magnétoscopes, DVD
– Temps de la diégèse peut devenir temps choisi:
temps arrété (pauses), retours, avancées
– Le temps de l’œuvre subit des modifications
spectatorielles
– C’était ss doute déjà en partie le cas mais sans
interventions physiques, mécaniques
52. Le voir télévisuel
• Image-profondeur: contrat reposant sur une
objectivité du voir, du monde montré, sur la
crédibilité des images
• Esthétique fondée sur une morale du voir
• Il y a un réel saisissable par l’image tv
• Mise en scène de l’émotion du vrai
• « 5 Colonnes »: le monde lointain se donne à
découvrir
• Innocence des images et du TS
53. Le voir télévisuel 2
• L’image surface: contrat de visibilité
prenant le monde comme spectacle
• Monde vu comme déjà mis en scène
• Catégorie du vraisemblable et plus du vrai
• Réel saisi directement sans médiations ni
médiateurs
• Campagne de 65
• Retransmission sportive qui modifie le sport
54. Le voir télévisuel 3
• L’image-fragment: contrat de visibilité visant
l’intensité, la pure sensation
• Le monde=flux d’images éclatées et aléatoires
• Pour TS le monde=collage d’images, combinatoire
d’intensités visuelles
• Profusion, dispersion, multiplication de la
circulation des images; Evanouissement du référent
• Le clip: image fragment par excellence
55. Passages
• Figuration comme: Imitation, dévoilement
du monde
• Puis mise en contact plutôt que vérité du
sens
• Puis passage à l’information: images comme
données
• Passage de la représentation à la simulation
56. Relations intermédiales
• Intérêt pour le contexte autant que pour le texte
(Moine)
• Films concerts et conscience de la fabrication des
images en amont et en aval
• Pratiques de manipulations technologiques
• Deux pôles de réception: sensation
physique/expérimentation technique, expérience
ludique
• Films qui traitent eux mêmes du rapport à la
technologie
58. Questionnements 1
• Ecran et « cinéma postmoderne »: nouvelles
relations à l’image de cinéma. Jullier
• Cinéma d’ambiance, de sentiments et de sensations
plus que de sens
• Spectateur mis au cœur de l’image (son, pas trace,
travelling avant)
• Technologie du son à mettre en lien avec cinéma
du bain de sensations
• Passage de la communication (deux pôles séparés)
à la fusion (ne passant ni par le verbal ni par
l’identification secondaire)?
59. Cinéma postmoderne
• Induire des « conduites de vertige »: montage
fluide, effet-clip, travellings euphorisants avec
déploiement technologique: écrans géants et
hauts-parleurs surpuissants
• « Ces écrans ne faisant plus écrans suscitent une
façon de vertige spéculaire. Le sujet perd sa
qualité de spectateur dans une indétermination
qui l’engloutit »Mondzain
60. Questionnements 2
• Ecran et multimédia
• Ecran: lieu de représentation devenant lieu
d’action?
• Représentation classique, déconstruction?
• Ecran « mosaique » (Couchot)
• Filiations avec la page plutôt qu’avec le
cadre pictural, la photo, le cinéma
• Notions de mises en page
61. Questionnements 2bis
• Ecran et numérique/multimédia
• Régime de la communication: médias
– Partager un sens qui préexiste
• Régime de la commutation: systèmes
dialogiques
– Sens qui s’établit au cours de l’échange
62. Questionnements 2 ter
• Régime figuratif de la représentation
optique
• Régime de la figuration numérique
63. Ecran et expérience spectatorielle
• Dispositif cinématographique: obscurité,
vision frontale, convention de la
représentation plane du volume
• Dispositif psychanalytique
• Rituel, cérémonie, spectacle
65. De la cassette au DVD
• Modifications du rapport du spectateur au film?
• Cassette=appropriation chez soi mais garde la
contrainte linéaire (Bergala)
• Cassette=« lecture magnétoscopée » Paini
• =possibilités d’accélérer, de ralentir, de stopper, de
revenir en arrière=décuplent la dimension
figurative du film
66. Cassette et histoire du cinéma
• Histoire esthétique du cinéma rendue
possible par la cassette comme l’histoire de
l’art grâce à la photographie (Malraux)
• Le magnétoscope (Paini): plasticise
• Rapports avec la création: Sauve qui peut la
vie de Godard (1980)
• Arrêts sur images, mouvements
décomposés des corps, scènes ralenties,
esthétisées
67. Cassette et histoire du cinéma2
• Voir prolongements dans l’esthétique d’Histoire(s)
du cinéma
• Pour Paini: « Détaillant, synthétisant, disloquant,
analysant » le magnétoscope serait l’outil
dialectique d’une histoire de l’art du film
• L’attention des cinémathèques pour les « hautes
époques » du cinéma coincide avec utilisation
cinéphilique du magnétoscope
68. Le DVD comme nouvelle
expérience spectatorielle
• Linéarité pulvérisée
• Nouveau rapport au corps du film, plus
segmentaire. Attaque du corps du film
devenue plus labile (par ex s’approprier un
photogramme sur son ordinateur)
• Effets du dvd sur les communautés de
spectateurs: nouvelle cinéphilie
69. Proximités avec la création
• Godard allant voir des « morceaux » de
films
• Godard vs Truffaut, Chabrol a tt de suite été
dans le tabulaire
• Tabulaire à l’intérieur d’une image et au
sein du film
• Godard esthétiquement en avance a compris
ensuite l’importance du digital
70. L’extrait
• Accession aux connaissances à travers
l’extrait
• Numérique amplifie ce mouvement, voir
Internet
• Dvd encourage cela d’où nouveaux modes
de visionnement: extraire le film de sa
temporalité propre pour l’inscrire dans
d’autres temporalités: contextuelles,
personnelles, collectives
71. Un néo-spectateur?
• Marqué par les usages des dispositifs
technologiques mais aussi par les
sollicitations des cinéastes comme Godard,
Marker, Varda, Kiarostami qui déplacent
les postures de réception
• Expositions/installations de Godard,
Kiarostami, Erice, Varda
72. Du temps à l’espace
• Installation: passage du temps à l’espace:
rompt avec la logique de succession du
montage cinématographique dominant
• Logiques nouvelles de la simultanéité qui
permet des comparaisons, des
rapprochements et une mis d’accent sur la
figuration, la dimension plastique
73. La tabularité de l’installation
• Expo classique=linéarité maintenue
(Almodovar)
• Installation Kiarostami/Erice: disposition
circulaire qui permet d’entrer en tout lieu,
d’établir des correspondances
• A travers l’installation, l’expo devient
tabulaire
74. Le temps exposé
• Nouveau rapport à la durée: dans Sleepers
pas de coupe mas on peut entrer et sortir
quand on veut
• Erice et tableaux d’Antonio Lopez: temps
d’un éclairage, mise en scène du temps du
regard du spectateur, travail sur le hors
champ de la vision
75. Dispositif(s)
• Le dispositif de l’installation est en phase
avec les préoccupations des artistes
• La série, la mise en rapport, la répétition
sont déjà présentes dans les œuvres
• Godard propose dans son exposition des
points de vue, des déplacements déjà
présents dans ses oeuvres
76. La place du spectateur
• A travers des images à plat, verticales,
grandes et petites, Godard repense la place
du spectateur
• Ce sont donc les œuvres elles mêmes, mais
aussi les technologies (dvd) qui font que le
cinéma est en phase avec l’installation
• C’est le spectateur de dvd que l’on retrouve
dans l’espace de l’exposition