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PARTIE 1  Crédits photo :  GREEN IS BEAUTIFUL® DE NOUVELLES PERSPECTIVES
0. Une écologie au service de l’humain 1. Le sens retrouvé du design 2. Une approche cyclique 3. Vers des écosystèmes intégrés ?
0. Une écologie au service de l’humain Par Jean Zin
L'écologie a des significations radicalement différentes selon l'utilisation politique qui en est faite. La conception dont il est question dans ce rapport est celle d’une écologie dont l'enjeu politique n'est pas un retour vers le passé mais le développement de notre autonomie de sujet et de citoyen, à l'opposée d’un environnementalisme réducteur ou d'une écologie scientifique nous réduisant à l'animal ou à la simple survie.  L'objectif de l'écologie doit rester l'autonomie de l'individu et le développement humain dans un monde préservé. Plusieurs définitions de l’écologie existent
Celle-ci est apparaît comme une écologie réactionnaire, dont le mot d'ordre est " respectons les lois de la nature ", reprenant les argumentations des droites traditionnelles (légitimistes, royalistes, autoritaires, fascistes) sur l'ordre naturel, inégalitaire, la division des fonctions, la ségrégation des populations, l'hygiénisme, le biologisme et la normalisation.  La liberté humaine y représente le mal absolu contre la loi naturelle et contraignante d'une harmonie originelle et non discutable . Le radicalisme dangereux de l'écologie fondamentaliste
Les libéraux veulent croire que l'intégration des contraintes écologistes par le marché pourrait suffire à rendre le productivisme durable . C'est la voie empruntée par les conférences sur le climat (Kyôto, Buenos-Aires), c'est la logique des écotaxes :  valoriser  la pollution.  L'environnementalisme libéral est une blague qui ne fait rien que d'endormir notre conscience des limites avec sa prétention de s'attaquer aux causes alors qu'il ne peut qu'en diminuer les effets et laisse se continuer la dégradation de nos vies.  Les écologistes sont pour la liberté, l'autonomie, le marché, ils ne peuvent être "libéraux" car la liberté des hommes vivants doit être supérieure à la liberté des capitaux. Le libéralisme écologiste se veut le plus souvent un libéralisme contrôlé (y compris par la taxe Tobin par exemple) mais c'est bien cette illusion que le système capitaliste soit réformable dans son productivisme qu'il faut combattre. Cela ne signifie pas qu'on ne doit ni le réformer ni le contrôler dans l'immédiat mais que cela ne peut être un projet de société ; sinon le réformisme écologiste libéral n'est qu'un conservatisme, une façon de rendre un tout petit peu plus durable la domination aveugle de l'argent.  L'écologie réformiste libérale : un environnementalisme insuffisant
Si la dégradation de l'environnement est bien le signe que nous avons grand besoin d'écologie,  l'écologie ne saurait s'en tenir aux effets les plus voyants et doit remonter aux causes, qui sont toujours économiques et sociales, à la totalité du système productif qui a causé ces dégâts . L'écologie est une  pensée globale  qui relie les différentes dimensions du réel et  s'oppose au réductionnisme  comme au pur environnementalisme. Le souci de l'environnement doit certes rester constant, mais il ne s'agit pas de corriger aux marges un système, le repeindre en vert et limiter ses dysfonctionnements, c'est le système qu'il faut changer pour prendre en compte l'ensemble des contraintes écologiques et préserver une si précieuse biodiversité. L’écologie comme pensée globale : ne pas s’en tenir qu’aux effets et remonter aux causes profondes
Le mot d'ordre de l’écologie-politique est la "prise en compte de la totalité et maîtrise de notre environnement, des conséquences de nos actions sur nous-mêmes et notre avenir", reprendre le contrôle de l'économie, imposer la prise en compte des besoins réels et des nuisances indésirables, globaliser les problèmes au niveau mondial, corriger la force mécanique de l'évolution par la volonté d'un développement contrôlé, démocratique, équilibré, rationnel et diversifié. La liberté est, de ce point de vue, un idéal, la dignité de l'homme qui doit être reconnue supérieure à toute autre rationalité (économique, géopolitique, biologique) et doit atteindre à l'effectivité qui ne peut plus être que mondiale, à la mesure des enjeux du temps. Il ne s'agit pas de protéger une nature originelle, ni de protéger et rentabiliser les richesses naturelles mais de prendre possession de notre monde, s'opposer aux logiques inhumaines d'un développement tyrannique et aveugle, fonder un nouvel être-ensemble, de nouvelles solidarités contre la société marchande et ses intérêts à courte vue. L’écologie politique est un humanisme
L'enjeu politique n'est pas un retour vers le passé mais le développement de notre autonomie de sujet et de citoyen, à l'opposée d'une expertocratie écologiste et d'une écologie scientifique nous réduisant à l'animal ou à la simple survie. Ce n'est pas parce que nous sommes faits de chair que nous ne nous nourrissons que de pain. L'existentialisme est un  humanisme  en tant que matérialisme spirituel, peut-on dire, restituant la dimension proprement humaine de la conscience de soi, de la raison et du sens qui font la dignité de l'homme et sa spécificité. C'est cette dimension qu'il faut ajouter à l'écologie afin d'en faire une écologie politique, à hauteur d'homme, nous amenant à nous questionner sur nos fins dernières. L'écologie politique ne peut se limiter à la défense de l'environnement et du monde de la vie : la question fondamentale, posée à tous les hommes, reste de donner sens à notre existence, en l'absence d'un sens préalable et d'une vérité déjà donnée. Il nous faut donc pour cela une écologie qu'on peut dire humaniste. Il n'empêche que cet humanisme doit s'inscrire dans son environnement et s'élargir au vivant. L'humanisme ne peut se couper complètement de sa part animale, le constructivisme ne peut être total ni arbitraire. L'objectif de l'écologie est donc l'autonomie de l'individu et le développement humain, cela dans un monde préservé. Une philosophie de l'existence
1. Le sens retrouvé du design
La définition initiale du design est celle d’un concept alliant une intention à sa réalisation matérielle. Cette conception première a progressivement laissé place à une discipline qui a délaissé le fond pour ne s’intéresser qu’à la forme, s’inscrivant dans une logique marketing et industrielle, oubliant la théorie du design comme intention première, comme alliance de l’idée et de sa représentation. ( 1.1. La perte de sens du design ) En cela, les enjeux actuels liés aux problématiques environnementales et sociétales ont permis la renaissance d’un design approprié, au service du développement humain. ( 1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design approprié ) Le designer apparaît donc comme un des acteurs majeurs de la mutation en cours, comme un artisan au service du progrès, porteur de solutions globales. ( 1.3. De la responsabilité du designer ) D’où une nécessaire extension du domaine du design, ce dernier se préoccupant désormais non plus seulement de conceptions matérielles mais surtout de la fourniture de services centrés sur l’expérience utilisateur, intégrés en une logique systémique dans des « scénarios de vie » à la mesure de l’homme. ( 1.4. Vers un design centré sur l’humain ) 1. Le sens retrouvé du design
1. Le sens retrouvé du design 1.1. La perte de sens du design 1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design  approprié 1.3. De la responsabilité du designer 1.4. Vers un design centré sur l’humain
1.1.  La perte de sens du design
À la Renaissance,  disegno  (en italien) est l'un des concepts majeurs de la théorie de l'art. Il  signifie à la fois  dessin  et  projet . Au XVIIe siècle en France, les théoriciens de l'art le traduisent par  dessein  et conservent le double sens (l'idée et sa représentation). En 1712, Shaftesbury introduit dans la théorie anglaise de l'art le concept de  design  fidèle au sens de  disegno . Ainsi, nous avons  drawing  pour le dessin en tant que tracé et  design  signifiant l'idée et sa représentation, le projet et son graphisme. Néanmoins,  ce double sens de  design  va se disjoindre rapidement  pour suivre les théories de l'art dominantes de l'époque. Car c'est en 1750 en France que la distinction apparaît pour donner deux champs sémantiques distincts, celui du  dessin  (la pratique) et du  dessein  (l'idée) marquant une rupture fondamentale qui n'est pas sans rappeler la dualité matière/esprit de Descartes. À l'Académie royale de peinture et de sculpture, on enseigne désormais les arts du  dessin  et non plus du  dessein . Petit historique du design :  un concept issu de la théorie de l’art
C'est seulement au début du XXe siècle, alors en plein essor de l'industrialisation, que l'on assiste à l' émergence internationale du terme  design  dans le sens de  disegno , c'est-à-dire la conception et la mise en forme. Cette définition moderne se concrétise dans le travail effectué au Bauhaus. En 1947, L. Moholy Nagy, qui enseigna au Bauhaus, écrivait :  « Le design a d'innombrables concertations. Il est l'organisation en un équilibre harmonieux de matériaux, de procédés et de tous les éléments tendant à une certaine fonction.  Le design n'est ni une façade, ni l'apparence extérieure. Il doit plutôt pénétrer et comprendre l'essence des produits et des institutions.  Sa tâche est complexe et minutieuse. Il intègre aussi bien les besoins technologiques, sociaux et économiques, que des nécessités biologiques ou les effets psychologiques des matériaux, la forme, la couleur, le volume, l'espace. Le designer doit voir, au moins d'un point de vue biologique, l'ensemble et le détail, l'immédiat et l'aboutissement. Il doit concevoir la spécificité de sa tâche par rapport à la complexité de l'ensemble.» Petit historique du design : la naissance de la définition moderne
Proposée par T. Maldonaclo en 1961 à Venise et adoptée par l'ICSID (Conseil International des Sociétés de Design Industriel), la  définition officielle  du design est ainsi formulée : « Le design est une activité créatrice qui consiste à déterminer les propriétés formelles des objets que l'on veut produire industriellement. Par propriétés formelles des objets,  on ne doit pas entendre seulement les caractéristiques extérieures, mais surtout les relations structurelles qui font d'un objet ou d'un système d'objets une unité cohérente , tant du point de vue du producteur que du consommateur » Le concept «design» contient cette  double notion  : à la fois ce qui peut se projeter, se programmer, se préparer à l'avance et à la fois ce qui peut trouver une forme concrète, être un dessin, un modèle, un plan.  Design =  dessein (intention, projet)  +  dessin (forme, modèle) .   La définition du design :  l’alliance de l’idée et de sa représentation
Un langage commun est le premier pas indispensable vers la communication.  Le terme « design » permet de réunir, dans un même esprit, des concepteurs de domaines différents  : architecture, ingénierie, produits nouveaux, ergonomie, graphisme.  Il est compris sans ambiguïté par les professionnels au niveau international .  En France, ceci a donné lieu à une polémique et à des discussions qui ont conduit à proposer des succédanés, comme «stylisme» ou encore «esthétique industrielle» contraignant d'abord à expliquer subtilement le design par ce qu'il n'est pas tout à fait, et non par ce qu'il est réellement. D’où une  certaine difficulté dans notre pays à concevoir l’essence profonde du design . Une définition souvent mal comprise
A partir du milieu des  années 80  le mot design a donc connu une carrière disparate, désignant généralement la modernité dans tout ce qu’elle peut avoir de stupide, à travers la patte ou la griffe de créateurs pas toujours inspirés.  La gratuité a alors pris une très large place dans le design, contredisant et même trahissant l’acception première du mot.  Les objets ont été moins économes de matières ou de procédés de fabrication, voire carrément polluants au regard de leurs seules fonctions mécaniques.  La  combinaison de nouvelles possibilités industrielles et d’un marketing débridé  ont conduit à de nombreux  gâchis  et les fonctions des objets ont souvent été maquillées ou cachées dans cette  surabondance . Quand la forme prend le pas sur le fond
L’industrie offre un nouveau champ d’application à la création. Les artistes créent des objets, les designers créent des produits .  La notion de produit fait clairement référence au domaine économique. Elle peut être entendue selon deux acceptions distinctes. Si l’on réfère à l’économie de Production, le Produit est le résultat d’un processus Industriel. En Economie de Marché, le produit est l’un des éléments constitutifs du Mix-Marketing. Il est fait pour répondre à un besoin qui sera satisfait par un achat. Et  le design fait vendre, c’est sa fonction . Qu’il s’agisse de rationaliser les méthodes de production, ou de la vente de produits, le design  favorise la valeur ajoutée des entreprises et le profit . Le design, suppôt du capital ?  Le design comme discipline industrielle et marketing
Le design est incontestablement un produit de la fabrication en série et il en est souvent devenu une condition.  Mais si  les économies qu’il a pu engendrer se sont traduites par la démocratisation d’objets de confort aux usages parfois superficiels plutôt que par la préservation de divers patrimoines naturels  c’est du fait d’un arbitrage civilisationnel qui a été déraisonnablement promu par le pouvoir. En effet, l’économie est par elle-même le premier facteur de préservation de ressources rares. Si votre stylo est en plastique plutôt qu’en diamant c’est parce que le prix élevé du diamant et de sa taille ont orienté le producteur de ce stylo vers le plastique, produit d’un pétrole abondant qui, comme le dit en substance Pascal Salin, est une pourriture de la terre, une boue malodorante, salissante et visqueuse, valorisée par le génie humain dans un contexte d’économie libérale. Un design qui devient le produit de la fabrication en série
Les problèmes environnementaux qu’on attribue à l’industrie sont d’abord des conséquences de l’irrespect des droits de propriété ou de la mauvaise définition de ceux-ci. Ce sont donc avant tout des problèmes juridiques. Durant des décennies  les gouvernements ont tout fait pour favoriser l’industrialisation, au nom du fait que c’était bon “socialement” ou pour “l’intérêt général” , et les juges ont rendu des arbitrages iniques, en faveur de la mine et au détriment du potager. Mes livres de géographie au collège, conformes au programme officiel, étaient farcis de sidérurgies, de Concordes, d’agriculture intensive, il n’y était question que de doubler sa consommation d’énergie chaque décennie au nom du progrès, toutes les villes de la Terre n’étaient considérées qu’à travers leurs productions industrielles, etc.  La pollution et l’hyperproduction ne sont pas une conséquence de l’industrie , qui est au contraire un mode de production économe,  mais  une conséquence  des choix d’un pouvoir conscient du profit qu’il avait à tirer d’une industrialisation massifiée . La responsabilité d’un pouvoir peu soucieux des problèmes environnementaux
Par Olivier Méresse  et François Dupont 1.2.  L’eco design, ou l’opportunité d’un design  approprié
En effet, la raison d’être du design est de faire remplir une fonction utile, utilité dont la fonction tire sa noblesse, de la façon la plus efficace et la plus économe.  La spécificité du design, sa contribution historique et sa singularité, est de stipuler que, de ce dépouillement, de cette réduction ultime à la fonction, doit découler une beauté intrinsèque, essentielle . Et le design pose avec tant d’aplomb cette certitude qu’il autorise une inversion des causalités : si la beauté n’émerge pas de l’objet utile c’est que la fonction n’est toujours pas optimisée. Optimisation qui se passe de tout maquillage. Ce lien entre l’utilité et la beauté est déjà affirmé chez Raymond Loewy, initiateur du design, même si son approche est plus directement commerciale que philosophique. C’est une idée qu’on trouve antérieurement dans les réflexions et les travaux de Vinci ou Michel-Ange, voire chez tous les bons artisans. Mais le design est une  méthode , pour faire court, qui permet d’ étendre à l’ensemble du monde industriel , et donc de diffuser à une échelle universelle , cette doctrine de la beauté utile  dont l’application est particulièrement  économe en ressources rares . Le design contient entièrement l’eco design
Contraints par les nouvelles attentes et la demande croissante concernant la préservation de l’environnement et le développement approprié,  les designers abandonnent leurs délires personnels pour revenir à des préoccupations d’ingénieurs, pour évaluer des modes de production, des cycles de vie, intégrer des matériaux nouveaux, comparer des modes de consommation , des indices, etc. et Jacques Viénot n’a jamais été aussi actuel.  L’éco-design est aujourd’hui incontournable et inéluctablement les critères de l’ eco design devront être toujours mieux intégrés . Le design n’est pas mort avec l’éco-design, il y trouve au contraire une nouvelle jeunesse.  Et les préoccupations environnementales actuelles sont l’occasion d’un retour aux sources pour le design
Etre designer demande d’observer en permanence l’environnement au sein duquel nous évoluons et de  prendre parti dans chaque projet . Face aux déséquilibres qu’entraînent nos activités actuelles, de nombreux indicateurs nous alertent à propos de la nécessité de faire évoluer dès aujourd’hui nos modes de vie vers une meilleure durabilité. Préserver notre environnement  naturel, diriger nos pratiques vers  plus d’équité , mettre en œuvre des projets qui optimisent les  retombées sociales positives  : il s’agit de construire une société adaptée à la fois aux enjeux économiques, aux contraintes environnementales et aux problématiques sociales. Afin de rééquilibrer notre société, nous devons donner autant d’importance à ces trois dimensions. Ainsi, je considère qu’il est du rôle du designer, d’agir, dans ce sens en participant à la création de solutions qui répondent à ces problématiques. Un design qui participe à la création de solutions aux nouvelles problématiques
Nous assistons à un foisonnement d’idées et d’initiatives, et parions que ce n’est encore qu’un début.  Il n’y a pas un problème et sa solution mais une quasi-infinité de solutions à une quasi-infinité de problèmes . A une pollution déterminée il est possible d’apporter des réponses très diverses : un produit qui dure plus longtemps, réparable, ou au contraire biodégradable, ou en matériaux recyclés, ou renouvelables, ou consommant moins, ou dont la fin de vie débouche sur une utilité nouvelle, loué plutôt que vendu, etc. et qui peut aller jusqu’à remettre complètement en cause l’existence du produit ou du service.  La nature elle-même nous offre une quasi-infinité d’exemples de cette diversité de solutions pour un même problème . Regardez la variété des modes de reproduction chez les végétaux, ou les diverses formes que peuvent adopter les oiseaux pêcheurs: cormorans, pélicans, martins-pêcheurs, etc. Notez comme chaque spécificité semble influer sur la totalité de chaque espèce, qui paraît invariablement avoir atteint sa perfection. L’ecodesign réintroduit de la complexité dans la conception des objets
Le design est une activité créative au cours de laquelle, à de nombreuses étapes, on doit faire face à différentes possibilités et à différentes solutions. Il faut donc  arbitrer puis choisir .  C’est en fonction de ces choix que l’on peut montrer explicitement un engagement personnel dans une voie souhaitée. Comme l’a écrit le professeur et chercheur en design industriel Ezio Manzini,  « les designers doivent adopter des critères de choix et sur cette base  choisir, selon leur point de vue, ce qu’il est le mieux de faire . C’est-à-dire, étant donné que l’éthique est définie comme étant « ce qui est bien et mal, bon et mauvais », qu’ils doivent faire des choix éthiques » . C’est pourquoi j’essaie aujourd'hui de choisir systématiquement en fonction de ma vision, tournée vers la stimulation d’un développement équitable et durable. L’importance des choix du designer face à la diversité des solutions
1.3.  De la responsabilité du designer Par Christian Guellerin
Que l’on considère le  travail du designer  sur des fondements purement philosophiques, spirituels ou au contraire techniques, force est de constater qu’il s’agit d’une  activité spécifiquement humaine basée sur une approche morale, intuitive ou raisonnée du progrès . Le designer se projette dans l’avenir , il crée toute proportion gardée son « Ile d’Utopie ». Cette activité induit la pensée, la réflexion, la conscience de ce qui est, et ce qui sera. Elle induit le Désir, à la fois la conscience de ce qui sera mieux, et l’intuition du plaisir qu’il en résultera. C’est ainsi que Spinoza définit l’Homme dans « Ethique ». Prolongeant les doctrines cartésiennes du « Cogito, ergo sum »- il définit l’Homme selon deux approches spécifiques : la conscience et le désir , la conscience d’hier, d’aujourd’hui, de demain et le désir, sorte de sensibilité à distinguer ce qui est bien, ce qui est mieux , le plaisir mais aussi et dès lors, la conscience du bien et du mal. L’activité de création du designer correspond parfaitement à cette définition  donnée pour l’Homme : un acte conscient de projection pour satisfaire le désir du mieux. Le design : un acte conscient de projection pour satisfaire le désir du mieux
Le designer d’aujourd’hui continue de manier l’outil et reprend ainsi la tradition séculaire de l’artisanat : cette spécificité est essentielle parce qu’ il ne suffit pas d’être « homme de réflexion ou de projet » pour être designer .  Si l’on reprend les théories darwiniennes de l’évolution et notamment celles sur l’adaptation aux environnements,  on distingue l’homme de l’animal par la capacité du premier à utiliser l’outil , à le perfectionner, et à l’utiliser. C’est en partie grâce à l’outil que l’homme a réussi à s’adapter, à se développer, à se démarquer de sa gangue originelle, mais aussi et surtout  à changer le monde  dans lequel il vivait.  Sans l’outil, le designer n’est rien qu’un homme de projet. Avec, il devient l’artisan actif de la construction d’un progrès - d’un bonheur - à venir . Le designer, artisan actif de la construction d’un progrès
Si Dieu a un sens, et quelle que soit la Religion, c’est celui de nous parler de Morale. Démarquée de références théologiques,  l’Ethique, philosophie qui s’intéresse au jugement moral de nos actions en société, propose une justification rationnelle de ce qui est Bien et Mal . Elle va au-delà même de la Morale : La morale nous fait nous apitoyer sur ceux qui ont faim,  l’Ethique nous oblige à prendre la responsabilité  d’agir pour les nourrir. Le design parce qu’il crée, parce qu’il va au-delà de l’intention, nous fait toucher du trait la Vérité , sorte de bonheur dont l’Ethique serait bien la grande ordonnatrice.  Le Design est un Humanisme, dont l’objectif est le mieux, le plaisir, le Bien,…le progrès.  Le design est Ethique, moralement acceptable pour ce qu’il est, éthique pour ce qu’il fait . Le design est Ethique
L’enjeu est magnifique.  Aucun designer ne doit oublier que chaque produit, chaque emballage, chaque image créé est au service de l’Homme qui se l’approprie . Jamais, il ne doit perdre de vue qu’il doit générer du progrès, du confort, du bonheur. Jamais, le Design ne peut avoir pour objectif de générer du profit. Ce serait effectivement se pervertir. Les objectifs du designer ne peuvent être confondus avec ceux de l’entreprise qui l’emploie.  Mais, il ne doit pas s’interdire d’en générer, et bien au contraire. Que peut-on espérer de mieux que de générer du bonheur et de la richesse ?  Le profit devient un moyen… et le marché l’occasion d’un échange, une formidable opportunité de diffusion de ce qui est bon et bien . Le marché lui donne même la reconnaissance de son travail et sa justification. Quelle place, donc, pour le designer au sein du monde économique ?
Le design en tant que discipline de création est un Humanisme, il induit la transformation du monde avec pour objectif un progrès. Au sein de l’organisation, en plaçant l’Homme au cœur de sa préoccupation,  le designer a la responsabilité de replacer l’Economique au service de l’Homme et non plus au service du profit, qui n’est plus là qu’un moyen.  Le designer devient l’homme-clé de l’entreprise éthique, véritable  porteur d’une vision globale, du dessein de l’entreprise . Pourquoi avoir créé le vocable « markethique » alors qu’il existait déjà « design » ? Le designer devient l’homme-clé de l’entreprise éthique
Nous assistons actuellement à un changement de paradigme : à un développement porté par l’évolution de la technologie, succède un développement anthropocentré. La réflexion se déplace des valeurs matérielles et visibles vers d’autres plus intellectuelles, plus spirituelles et si possible moins matérielles.  Afin de remplir leur mission  pour un développement durable du point de vue social, environnemental, culturel et économique  pour les générations présentes et futures, et pour rendre la vie harmonieuse et saine pour tous, les 124 établissements membres de Cumulus s’engagent à orienter leurs programmes éducatifs dans le sens de la construction de sociétés durables, créatives et anthropocentrées. Une pensée du design anthropocentrée , ancrée en des principes d’universalité a  le pouvoir d’améliorer le monde . Il s’agit d’apporter du progrès dans les domaines sociaux, économiques, écologiques et culturels, d’améliorer la qualité de la vie et de créer une vision optimiste du futur, une vision idéale du bonheur individuel et collectif. Un initiative exemplaire : la Kyoto Declaration signée par Cumulus, réseau international d’écoles de design
1.4.  L’extension du domaine du design : vers un design centré sur l’humain
Le design s’élargit vers une  disparition de l’objet des préoccupations centrales  (sans toutefois toujours l’occulter totalement) et devient  moins centré sur les aspects matériels  que sur une  nouvelle dimension systémique et organisationnelle . La finalité n’est plus tant le résultat matériel de chaque création que les systèmes ou les organisations qui accompagnent leur usage ou leur production. Ainsi, certains designers contribuent déjà à des projets variés qui dépassent le cadre de la simple création de produits, comme par exemple la  définition de scénarios , l’ élaboration de stratégies globales et de politiques de développement  ou encore la  construction de réseaux d’acteurs , qui peuvent être destinées à bâtir un environnement plus durable. Dans ces approches, ils trouvent notamment une place d’experts en projet et d’agents participant pleinement aux projets de développement. De plus, ils gagnent les  rôles de stimulateurs de créativité, de fédérateurs et de modérateurs d’équipes de création commune . Le designer dispose de méthodes, compétences et outils nouveaux qui lui permettent d’étendre son champ d’action
Dans le design de service, le design du matériel (télécommande, automate, écran tactile, borne interactive) rejoint le design de l’immatériel et de l’interaction (design de l’information) en développant avec le design numérique notamment, de nouveaux systèmes logistiques. Les objets issus des techniques de l’information et de la communication sont alors une fusion du produit et du service ou le remplacement d’objets par un service.  Le designer de service s’intéresse à la relation de service entre un usager ou un consommateur et un service marchand ou non, pour proposer des scénarios d’usage dans une conception globale . Il crée alors l’objet interface d’un système, en tant que partie visible d’une organisation plus vaste. Cette démarche peut rejoindre les préoccupations du développement durable car l’usage du service n’implique pas, pour l’utilisateur, la propriété de l’objet, qui ne se stocke ni ne se transporte. En ce sens, le designer peut développer de nouveaux concepts répondant à des besoins liés aux évolutions sociales (la mobilité, le télétravail, etc.). L’émergence d’un design de service
En observant les usagers et les consommateurs dans leur « cheminement » quotidien, les designers remarquent que leur intérêt porte principalement sur la finalité du service. Ce qui confère au produit un rôle essentiel d’interface pour atteindre ce service.  La méthode consiste en priorité à observer et analyser en profondeur chaque séquence du parcours client.  Ces séquences d’interaction peuvent être des espaces privés ou publics (ma banque ou chez moi), des produits analogiques ou numériques (mon mobilier ou mon ordinateur), des interfaces matérielles ou immatérielles (le clavier ou la base de données de mon téléphone portable).    Cette analyse deviendra, logiquement, le terreau de la création. Car, chaque problème ou manque décelé dans le cheminement utilisateur sera vécu comme une opportunité d’innovation dans le design.  Après avoir représenté, au travers d’un scénario de vie, une nouvelle façon d’accéder à un service, le designer prototype chacune de ces innovations afin d’évaluer in situ leur acceptation par le client.  Décrypter le cheminement de l’usager pour générer de l’innovation
L’expérience utilisateur représente la qualité d’une expérience globale perçue par une personne (utilisateur) qui interagit avec un système. Cette expérience d’un produit/service se fait sur une relation durable et donc globale car elle tient compte de TOUS les moments d’utilisation, avant/pendant/après l’acte d’achat : la prise de conscience, la découverte, la commande, l’achat, l’installation, le service, le support, l’évolution, la fin d’utilisation… Ce paradigme de l'expérience utilisateur, finalement assez récent, participe bien d’une vision à plus haut niveau qui tend à mettre l’homme/utilisateur au centre. Et donc l’homme dans toutes ses composantes et plus seulement un Consommateur/Client. Cette notion d’”expérience Consommateur/Client” s’est en effet longtemps limitée à l’amont de l’acte d’achat. Dernièrement, “les services clients” ont permis de valider l’importance de tenir compté également de l’aval. Restait à convaincre qu’au delà de l’acte d’achat il existait un expérience qui faisait passer “le client” au statut “d’utilisateur”. De l’importance de l’expérience utilisateur
2. Une approche cyclique
L’effacement de l’objet des préoccupations centrales de la démarche eco design laisse place à une vision qui privilégie la dimension systémique des affaires humaines. Appréhender les choses selon cette nouvelle pensée systémique, c’est abandonner la conception traditionnelle par trop linéaire qui fût longtemps l’unique modèle valable de compréhension du monde et œuvrer pour la valorisation des cycles, qu’ils soient naturels, industriels ou humains. L’entreprise, tout d’abord, se doit d’intégrer les différents cycles qui la composent en un cycle global dont l’ambition est de générer non plus du profit mais du développement humain. ( 2.1. La prise en compte des différents cycles au sein de l’entreprise )  Du côté de l’industrie, un nouveau modèle émerge dont la vision cyclique tend à faire disparaître les impacts négatifs sur l’écosystème naturel. ( 2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle  cradle-to-cradle )  Se dirige-t-on vers un modèle économique générateur d’externalités positives ?( 2.3. Au-delà d’un impact minimal, l’Economie Positive ) 2. Une approche cyclique
2. Une approche cyclique 2.1. La prise en compte des différents cycles  au sein de l’entreprise 2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle  cradle-to-cradle  ou la fin des externalités  négatives 2.3. Au-delà d’un impact minimal,  l’Economie Positive
2.1.  La prise en compte des différents cycles  au sein de l’entreprise
Différents aspects relatifs à l'entreprise sont traditionnellement abordés selon une approche cyclique par le management, dans une logique d’optimisation de la chaîne de valeur et de minimisation des coûts : -la production connaît un cycle de vie, de l'étude préalable à la fabrication à la destruction du produit. -l'évolution technologique répond à une logique cyclique, en découle une gestion de la technologie optimisée par l'entreprise. -le personnel représente une valeur ajoutée différente selon la période du cycle de productivité dans laquelle il se trouve. -concernant l'entreprise de façon générale, la notion de cycle de vie des organisation de Greiner pose le principe d'un mode d'organisation évolutif dans le temps qui passe par différents stades. Un management des cycles au service du profit
La notion de cycle de vie d’un produit est très couramment employée chez les professionnels du marketing, puisque, chaque produit suit un cycle de vie qui lui est propre. Selon la célèbre analogie biologique introduite par l’américain R. Vernon, les produits se comportent comme des êtres vivants, ce qui expliquerait les similitudes entre Le cycle de vie du produit le cycle biologique de l’homme et celui d’un produit. Le cycle du produit peut se résumer en six phases : les études préalables, la conception, la production, la distribution, l’utilisation et la destruction.
Tout comme les produits, les technologies possèdent leur propre cycle de vie. Les technologies sont créées, elles évoluent, plus ou moins rapidement, connaissent un grand succès (diffusion en masse), puis parfois régressent, avant de devenir obsolète. En tenant compte de ces observations, nous pouvons Le cycle de vie des technologies définir le cycle de vie des technologies qui se décompose en quatre phases, que nous pouvons représenter sous la forme d’une courbe en « S ». Cette courbe, réalisée par R. Foster, nous montre les relations entre les efforts consentis (investissements) et les performances obtenues.
En ce qui concerne le personnel, il existe aussi un cycle de vie qui se base sur la carrière du personnel. Pour cela, nous nous referons à Odiorne qui à basé son approche sur le fait que la carrière de tout individu peut être résumée par le concept de cycle de vie. Ce cycle de vie est le suivant : Démarrage :  L’individu est recruté par l’entreprise par conséquent il s’agit d’un jeune inexpérimenté (cela implique des dépenses relativement élevées notamment en terme de formation).  Croissance :  Cela fait déjà quelques temps que l’individu se trouve au sein de la firme, il évolue au sein de l’entreprise en se responsabilisant. Durant cette phase l’individu est très actif, il sera très performant au niveau de son travail. Maturité :  L’individu est maintenant installé au sein de l’entreprise son évolution se termine. Déclin :  L’Individu est maintenant âgé, sa contribution est en diminution à cause d'une santé déclinante, d'une "obsolescence" technologique, d'un manque de motivation ou d'énergie. Le cycle de vie du personnel
Le cycle de vie des modes d’organisation Pour présenter ce cycle de vie, nous allons nous référer à Larry Greiner qui à modélisé ce cycle de vie en un processus de croissance en cinq étapes, dont les transitions sont caractérisées à chaque fois par une crise spécifique. D’après Greiner, il existerait une corrélation entre l’âge et la taille de l’entreprise : plus l’entreprise est ancienne, plus elle grandit (en taille). Il distingue cinq étapes de croissance
L'entreprise de demain se devra d'optimiser et d' intégrer ces différents cycles en un seul et même cycle global  afin de devenir non plus une machine à générer du profit mais  une organisation vivante et durable  au service du développement humain. Vers la gestion d’un cycle global au service du développement humain
Par David L’Hôte (Strate Collège Designers) 2.2.  L’industrie comme cycle fermé : le modèle  cradle-to-cradle  ou la fin des externalités  négatives
Ces dernières années ont vu le métier du designer devenir plus conceptuel  : créateur de nouveaux scenarios, de nouveaux usages, d’innovations. Cette évolution peut être expliquée par la nécessité de compenser la saturation des marchés, la satisfaction des besoins de base, et la disponibilité de technologies toujours nouvelles. En quelque sorte,  le design s’est retrouvé à devoir justifier de sa nécessité. Né de l’industrie, le design tente d’arracher la tutelle de son parent malade, ce qui se traduit par la « fuite en amont » des designers. Ce faisant  les designers se sont un peu détachés de « l’intelligence matérielle.» Ils ont perdu l’intimité avec les matériaux , la conception, les techniques de fabrication et d’assemblage. Pourtant le défi de notre maintien sur la planète semble appeler les designers à revenir aux fondements du design . Cela ne signifie pas qu’il faille abandonner les enseignements de la « phase conceptuelle » : scénarisation, réflexions sur les usages et innovation ont un rôle capital à jouer, mais sur un autre terrain, avec de nouvelles règles. Renouer avec l’intelligence matérielle
Si les humains veulent vraiment prospérer,  nous allons devoir apprendre à imiter le système hautement efficace de « berceau à berceau » (cradle-to-cradle) de la nature , de flux de nutriments et de métabolisme, dans lequel le concept même de déchet n’existe pas.  Éliminer le concept même de déchet signifie de concevoir les choses –produits, packaging, et systèmes-  étant entendu dès le départ que le déchet n’existe pas. Cela signifie que les précieux nutriments contenus dans les matériaux déterminent le design :  la forme suit l’évolution, pas seulement la fonction . Nous pensons que c’est une perspective plus robuste que la manière actuelle de faire les choses. D’où la mise en place d’un  modèle de systèmes industriels dans lesquels les flux de matériaux circulent de manière cyclique dans des cycles biologiques ou techniques continus et adaptés . Tous les déchets sont réincorporés de manière productive dans la nouvelle production et dans les phases d’utilisation, par exemple « déchet égale nourriture.» Un nouveau paradigme : éliminer la notion même de déchet Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de  William McDonough et Michael Braungart ,  Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
Le modèle Cradle-to-Cradle illustré Illustration de  David L’Hôte  ( Strate Collège Designers )  publiée sous licence Creative Commons 2.0
Un nutriment biologique est un matériau ou un produit qui est conçu pour réintégrer le cycle biologique  –il est littéralement consommé par les micro-organismes du sol et par d’autres animaux.  La plupart des packagings  (qui représentent environ 50% du volume du flux municipal de déchets solides)  peut être conçue comme nutriment biologique , ce que nous appelons produits de consommation. L’idée est de composer ces produits de matériaux  qui peuvent être jetés par terre ou sur le tas de compost pour se biodégrader sans risque après usage. (…) Des packagings sans soucis pourraient se décomposer en sécurité, ou être utilisés comme engrais, ramenant des nutriments à la terre. Les semelles des chaussures pourraient se dégrader pour enrichir l’environnement, les savons et autres produits nettoyants liquides pourraient être également conçus comme nutriments biologiques; de cette manière, quand ils sont évacués, qu’ils passent à travers un marais, et finissent dans un lac ou une rivière, ils soutiennent l’équilibre de l’écosystème. (…) Jeter quelque chose peut être amusant, admettons le; et donner un cadeau dénué de culpabilité au monde naturel est un incomparable plaisir. Le Métabolisme Biologique : la biosphère, les cycles de la nature Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart,  Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
Un nutriment technique est un matériau ou un produit qui est conçu pour réintégrer le cycle technique , le métabolisme industriel, duquel il est issu. C’est le principe de l’ upcycling . Par exemple, le téléviseur moyen que nous avons analysé était constitué de 4 360 produits chimiques. Certains d’entre eux sont toxiques, mais d’autres sont de précieux nutriments pour l’industrie, qui sont gâchés quand le téléviseur fini en décharge. Isoler ces produits des nutriments biologiques leur permet d’être upcyclés plutôt que recyclés –pour conserver leur grande qualité dans un  cycle industriel fermé . Ainsi  la caisse en plastique résistant d’un ordinateur, par exemple, circulera toujours comme une caisse en plastique résistant d’ordinateur –ou comme un autre produit de bonne qualité, tel qu’une pièce automobile ou un appareil médical- plutôt que d’être downcyclée en barrière antibruit et en pots de fleurs. Le Métabolisme Technique : la technosphère, les cycles de l’industrie, incluant la récolte de matériaux techniques du milieu naturel Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart,  Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
Afin que les deux métabolismes [Biologique et Techniques] demeurent en bonne santé, conservent leur valeur, prospèrent, le plus grand soin doit être porté à ce que soit évitée la contamination de l’un par l’autre. Les choses qui entrent dans les systèmes naturels ne doivent pas contenir de mutagènes, de cancérogènes, de toxines persistantes, ou d’autres substances qui s’accumulent dans les systèmes naturels jusqu’à les endommager. (Certains matériaux qui pourraient endommager le métabolisme biologique pourraient cependant être pris en charge sans danger par le métabolisme technique.) De la même manière, les éléments nutritifs biologiques ne sont pas conçus pour alimenter le métabolisme technique, où ils seraient non seulement perdus pour la biosphère mais où ils affaibliraient la qualité des matériaux techniques ou rendraient leur récupération et leur réutilisation plus compliquées.(…) Si un produit doit, pour l’instant, demeurer un « hybride monstrueux », cela doit nécessiter une ingéniosité supplémentaire pour le concevoir et le mettre sur le marché pour qu’il ait des conséquences positives pour les deux métabolismes biologique et technique . Un autre cadre de conception : le cas des hybrides monstrueux Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart,  Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
Pour qu’un scénario du type de l’upcycling soit pratique, il nous faut introduire un concept qui va de paire avec la notion de nutriment technique : le concept de produit de service.  Plutôt que d’assumer que tous les produits doivent être achetés, possédés, et jetés par les « consommateurs », les produits contenant des nutriments techniques précieux  -voitures, télévision, revêtement de sol, ordinateurs et réfrigérateurs, par exemple- seraient conçus comme des services dont les gens voudraient profiter . Dans ce scénario, les clients (terme plus approprié pour les utilisateurs de ces services) pourraient effectivement acheter le service d’un tel produit pour une période d’utilisation définie –disons, dix milles heures de télévision, plutôt qu’une télévision elle-même. Ils ne paieraient pas pour des matériaux complexes qu’ils ne seront pas capable d’utiliser après la vie d’un produit. Quand ils en ont terminé avec le produit, ou quand ils sont simplement prêts à passer à une nouvelle version, le fabricant le remplace, reprenant le vieux modèle, le démontant, et utilisant ses matériaux complexes comme nourriture pour de nouveaux produits. De nouveaux scénarios : le concept de produit de service Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart,  Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
Par BeCitizen 2.3.  Au-delà d’un impact minimal,  l’Economie Positive
L’Économie Positive™, concept élaboré par BeCitizen*, génère  une croissance économique qui restaure le capital écologique , c’est-à-dire la capacité de l’environnement à fournir à l’économie des ressources (énergie, matières premières) et des services (stockage du carbone, recyclage des déchets, traitement de l’eau, etc).  Concernant le climat, l’objectif est de rétablir les concentrations de CO 2  préindustrielles avant 2030, c’est-à-dire 280  ppm , tout en permettant aux 9 milliards d’hommes de participer à la croissance. Le concept d’Economie Positive™ : une économie à l’impact positif * Cabinet de conseil stratégique et financier en environnement fondé en 2000, BeCitizen crée de nouvelles opportunités de croissance en restaurant l’environnement. Une approche que BeCitizen appelle l’Economie Positive™.
La mise en œuvre de l’Économie Positive™ améliore les bilans de chaque entreprise, de chaque territoire – sachant que le bilan global s’apprécie sur l’analyse du cycle de vie prenant en compte le total des flux entrants et sortants dans les produits et les process.  Toutes les activités et tous les secteurs ne peuvent pas être positifs. Cependant il est possible de mettre en place, dès aujourd’hui, une production d’électricité positive, des bâtiments positifs, une agriculture positive et ainsi d’équilibrer le bilan global.  Pour survivre, les activités négatives améliorent leur bilan (pour « faire le moins mal possible ») et prévoient des activités de compensation. Améliorer les bilans de chaque entreprise, de chaque territoire
De l’économie négative vers l’Économie Positive™ Copyright : BeCitizen
De l’économie négative vers l’Économie Positive™ : les grandes étapes
Réduire les consommations d’énergie et de matières  pour un même service rendu au client. Pour l’entreprise, cela suppose souvent une redéfinition de l’offre, pour passer d’une offre produit à une offre de services : c’est la dématérialisation. Dans un rapport gagnant-gagnant, cette stratégie engendre réduction des coûts matière-énergie, hausse de productivité, diversification de l’offre et proximité du client. Ex : Un gestionnaire d’équipements publics (Elyo, groupe Suez) redéfinit son offre comme la vente  d’efficience énergétique . Principes et objectifs : FONCTIONNALITE
Améliorer la productivité énergétique et matière  en appliquant le principe des 3R : réduire, réutiliser, recycler les ressources tout au long du cycle de vie du produit. Approche «  cradle-to-cradle  » qui permet de boucler les cycles de vie en cherchant à conserver la valeur ajoutée de chaque composant au cours des étapes de fabrication et recyclage. Ex : Un fabricant d’automobile (PSA Peugeot-Citroën) recherche la réutilisation des pièces détachées, conçues pour pouvoir être remontées sur des véhicules neufs. Principes et objectifs : CIRCULARITE
Augmenter la valorisation des ressources,  en jouant sur la complémentarité entre acteurs économiques au sein d’un territoire. Les co-produits ou déchets de l’un deviennent les ressources de l’autre. Les complémentarités entre entreprises agricoles, forestières et industrielles sont particulièrement recherchées. Cette complémentarité est liée à une  diversité  des activités industrielles.  Ex : Un constructeur de tubes en acier (Vallourec) produit lui-même son charbon (de bois) à partir de forêt semi-aride au Brésil dont il est propriétaire. La croissance de cette forêt absorbe le CO 2  rejeté par les sites industriels de production des tubes en acier. Principes et objectifs : COMPLEMENTARITE
Remplacer les flux d’énergie et matières non renouvelables,  émetteurs de carbone, et toxiques par des process renouvelables, non émetteurs de carbone (voire stockant du carbone avec la photosynthèse), et non toxiques.  Ex : Les stations d’épuration classiques sont remplacées par des jardins filtrants (Phytorestore) Principes et objectifs : SUBSTITUTION
Créer de nouveaux revenus,  en valorisant tous les actifs de l’entreprise ou du territoire. Chaque m² recevant du soleil doit transformer  l’énergie solaire  (directe ou indirecte) ou  géothermique  en ressources : lumière, électricité, chaleur ou  biomasse photosynthétique …  Ex : Location de toitures pour investissement dans la production d’énergies renouvelables. Principes et objectifs : VALORISATION
Diversifier les gisements d’énergie et de matières.  Aucune énergie ne peut seule remplacer les  énergies fossiles . Le mix énergétique idéal est composé, en fonction des usages, d’un équilibre d’énergies solaires,  géothermiques , éoliennes, hydrauliques, nucléaire, et fossiles. Les solutions sont adaptées aux conditions locales et valorisent les territoires. Ex : La maison positive est chauffée par le solaire passif, la  géothermie  superficielle, et/ou la  biomasse  ; son eau chaude sanitaire est  thermique  ; son électricité est  photovoltaïque  et/ou éolienne. Principes et objectifs : DIVERSITE
3. Vers des écosystèmes intégrés ?
Enfin, le design de solutions globales nous amène à nous questionner sur l’émergence d’écosystèmes intégrés, au niveau de l’activité économique d’un part, concernant les relations entre collaborateurs dans le milieu professionnel ( 3.1. L’entreprise comme écosystème : quand l’organisation construit des relations durables entre collaborateurs ), mais aussi concernant de nouvelles façons de vivre ensembles au sein d’une société viable et durable. Ces nouveaux modes de vie signifient au niveau local une revalorisation des territoires par la mise en place de projets de développement durables et appropriés. ( 3.2. Le développement local d’ éco-territoires ) Au final, il est aujourd’hui urgent de penser l’écosystème global, favorisant la diversité et l’enrichissement réciproque des sphères économique, écologique et sociale en un équilibre indispensable à la préservation et au développement approprié de la vie sous toutes ses formes. ( 3.3. Demain, l’éco-société ? ) 3. Vers des écosystèmes intégrés ?
3. Vers des écosystèmes  intégrés ? 3.1. L’entreprise comme écosystème : quand  l’organisation construit des relations durables  entre collaborateurs 3.2. Le développement local d’ éco-territoires 3.3. L’écologie politique : demain, l’éco-société ?
Par Jocelyn Bonhomme 3.1.  L’entreprise comme écosystème : quand l’organisation construit des relations durables entre collaborateurs
On ressent chez les entreprises éco-citoyennes la volonté de faire évoluer la conception de l’entreprise et de son réseau de sous-traitants.  Le collaborateur n’est plus perçu comme un simple maillon de la chaîne menant à la réussite économique . Nombreuses sont celles qui se tournent vers leurs producteurs pour analyser au mieux les difficultés qu’ils rencontrent et ainsi orienter, cibler et ajuster leurs modes de production.  Observer les contraintes de l’autre  permet de réduire les variables de temps, de qualité et de coûts. Un tel apprentissage nécessite un suivi régulier des avancées des projets. On recommande d’effectuer des questionnaires et des enquêtes auprès des ouvriers et de leurs dirigeants. Ces informations précieuses renseigneront sur les motivations de chacun, les problèmes rencontrés à tous les échelons de l’entreprise visitée. Une humilité et un certain recul sont à adopter avant la visite des structures partenaires afin de ne brusquer aucun interlocuteur. La relation doit être basée sur l’écoute et le partage.  Une relation étroite
De cette relation étroite naissent des enjeux communs et des  possibles collaborations allant plus loin que la simple transaction de marchandises . Nous avons vu que pour la plupart, les structures équitables et biologiques étaient de petites coopératives pour lesquelles la différenciation est une réponse à une concurrence chevronnée. L’entreprise occidentale, au cours de ses échanges, peut alors accompagner les petites structures dans leur développement, dans leur croissance. En effet, ces regroupements d’agriculteurs, d’artisans ont de réels besoins en formation, de management par exemple, ou sur les nouvelles technologies. Il est alors très enrichissant de leurs donner l’accès à ce genre de formation, ou à les mettre en réseau avec d’autres groupements.  Le transfert de compétences  entre coopératives est, grâce à internet de plus en plus fréquent. L’accompagnement peut aussi viser à s’ouvrir à d’autres marchés. Cette stratégie affichée de suivi des différents acteurs tout au long de la chaîne de production instaure une étroite confiance et des relations constructives. Accompagner, guider
Ce climat de confiance, de relation étroite entretenues est propice à une innovation constante, au développement de gammes et de nouveaux produits. Les allers-retours entre l’équipe marketing produit, les stylistes, les producteurs, et les agriculteurs sont source de réflexions et de remises en question de chacun de ces acteurs.  La mise en place d’un réseau restreint et réactif favorise une réelle recherche  dans les matériaux, dans les coupes et dans les teintures.  Le fait d’optimiser toutes les articulations de la chaîne de production, d’en analyser toutes les problématiques, libère les esprits pour s’investir dans la conception pure du produit, dans les innovations et dans la quête de tendances. Cette confiance et cette qualité de travail ont un prix. La rémunération n’est pas en reste de sa dose d’analyses.  Une confiance propice à l’innovation
Assurer une régularité de revenus  améliore les conditions de vie  de nombreux petits producteurs et agriculteurs, soumis aux lois des achats massifs pratiqués au coup par coup par les multinationales. Aussi, notons ici que  la réduction d’intermédiaire  entre la marque et les producteurs permet un achat au prix juste, et une collaboration plus productive. Les petits producteurs et coopératives peuvent ainsi gérer un budget stable, prévoir l’avenir en investissant par exemple dans du matériel plus récent, ou agrandir les ateliers, ou encore acquérir de nouvelles terres. Pour les ouvriers, cela permet de régler les frais de scolarité des enfants. Rappelons que pour beaucoup de pays du Sud, la scolarité est payante, comme au Pérou, un des plus grands pays producteurs de coton. S’engager sur un revenu régulier
Le thème de la rémunération doit être abordé sous l’angle de  préoccupations citoyenne et responsable de l’entreprise  et non avec une ambition de contrôle tout puissant sur le producteur.  Les frais sont donc répertoriés et analysés pour établir le bilan financier de la structure, connaître ses besoins en fond de roulements et les possibilités d’expansion sont budgétisées.  À partir de ces résultats, le salaire moyen par ouvrier est calculé. Là encore, il ne s’agit pas de s’immiscer dans la vie de la coopérative pour tout contrôler, mais bien pour s’assurer que les fonds sont bien répartis et redistribués. Le salaire doit permettre à chaque famille de se nourrir convenablement, de se loger et d’assurer la scolarisation de ses enfants. De nombreuses entreprises travaillant avec des coopératives de petits producteurs parrainent des projets d’accès à la scolarisation des enfants, en construisant par exemple une école dans le village, ou en achetant des manuels scolaires pour la bibliothèque de l’école.  Un salaire permettant de vivre : nourriture, scolarisation, autonomie
Pour diminuer les coûts et la pollution de la chaîne de production, il est judicieux de  regrouper les activités dans une même région . Dans les régions productrices de coton, en Inde ou au Pérou par exemple, les zones rurales vivent un terrible exode vers les grandes villes. L’alter-entrepreneur peut donc identifier des savoir faire profitables au produit. Bien souvent, les femmes se regroupent en associations pour proposer des fabriques d’artisanat local. Ce type de structure peut alors développer par exemple la fabrication de sacs en papier pour les distributeurs, ou procéder à l’emballage et au conditionnement des produits. On peut envisager également de faire réaliser les étiquettes des produits par des artisans de la région. Autant de produits et de services à développer qui favorisent le transfert de valeur ajoutée vers le producteur.  Les intermédiaires sont réduits à leurs stricts minimums. Les zones de production sont optimisées .  Identifier les savoir-faire au niveau local…
Comme nous venons de le voir, dans un souci d’efficacité et de réduction des coûts, il faut rassembler les différents services dans une zone réduite. L’étude géographique de la répartition des groupes de production facilite ensuite une  optimisation de la chaîne de production . C’est une étape importante dans la construction des flux de marchandises. Le village peut être un référentiel d’espace adapté à ce genre d’expériences où plusieurs branches du produit se côtoient. C’est dans ce contexte que l’on peut programmer la construction d’un atelier à taille humaine, qui abrite les ouvriers et les ouvrières du village. Les ouvriers ont leurs familles, leurs habitudes, mais ont aussi leur travail sur place, ce qui  évite l’exode rural . L’entreprise en s’engageant sur un revenu régulier et un salaire revalorisé permet aux coopératives et aux producteurs de construire des  projets sur le long terme . L’entreprise peut être présente pour accompagner l’organisation des coopératives en apportant un soutien humain et logistique.  …  pour organiser des pôles de production
Un enjeu important est la prise de conscience des entreprises sur leurs rôles dans la société et leurs impacts sur l’environnement. Pour cela, l’entreprise doit sensibiliser et guider tous ses collaborateurs au développement durable. En expliquant ses démarches et en démontrant les résultats obtenus, l’entreprise favorise l’engouement de ses partenaires. De plus,  communiquer  auprès des entreprises textile des avantages et des avancées réalisées grâce à une stratégie concrète de développement durable pousse la concurrence à développer une même préoccupation. Plus les marques seront en attente de produits labellisés commerce équitable et agriculture biologique, et plus les réseaux et les chaînes de production seront accessibles et organisés. La différenciation se fera alors non plus essentiellement sur l’engagement de la marque, mais sur ses coupes et ses modèles. Les  arguments seront donc subjectifs, feront appel aux émotions, aux sensations , un positionnement résolument semblable aux produits de luxe. Les entreprises ont donc tout à gagner à développer et à faire partager leurs politiques en développement durable. Sensibiliser aux problématiques de développement durable
Au titre des performances effectuées et du développement de l’entreprise, il peut être envisageable de conférer un certain pourcentage des bénéfices réalisés à l’ amélioration des conditions de travail des petits producteurs et artisans . Entre 1 et 3% du bénéfice annuel peut s’avérer être un don conséquent à ces coopératives pour financer des projets de construction, renforcer les équipes de production ou encore constituer un fond monétaire pour la création d’un organisme de  microfinance . En effet, aujourd’hui, le microcrédit est un facteur de réussite et de développement pour de nombreux entrepreneurs des pays du Sud. L’entreprise peut être conseillée par des organismes tels que PlaNet Finance pour la conception d’une institution de micro-crédit dans les zones où elle est implantée. Des experts de l’ONG seront alors dépêchés pour accompagner l’entreprise dans son projet. C’est en accompagnant ainsi les structures liées à l’entreprise que celle-ci les aide à se développer et à adapter leurs productions aux nouvelles contraintes environnementales. Le soutien et le transfert de compétences représentent une démarche d’entreprise tournée vers l’avenir et l’efficience.  Mettre en place de structures d’aide à une réorganisation des modes de production
3.2.   Le développement local d’ éco-territoires Par Philippe PERPEROT
Ceci signifie une connaissance à la fois suffisamment large et approfondie de la diversité des éclairages possibles pour un projet avec une capacité d’identifier les enjeux de développement et d’aménagement durable du territoire d’implantation dans leurs dynamiques d’évolutions : les réalités physiques, hydrologiques,   géographiques, naturelles –milieux et biodiversité-, énergétiques et météorologiques (Environnement) ; les qualités patrimoniales et culturelles (cadre de vie, paysages, architecture et valorisation patrimoniale de l’espace par les activités humaines) et enfin les évolutions du fonctionnement socioéconomique (activités agricoles, économiques et de services, emplois et mobilités des personnes et des biens…). Ainsi un éco-projet doit il faire l’effort de s’inscrire dans son territoire (et si possible dans un « éco-territoire » s’il existe une démarche suffisante pour permettre de le qualifier ainsi). Il ne peut y avoir d’éco-projets sans une connaissance fine du territoire local
Il n’y a pas d’éco-projet ou d’éco-territoire sans participation et engagements des habitants, du public et des acteurs socioéconomiques et culturels. Le document, la carte ou le plan seuls ne font pas le territoire. Il en va ainsi des zones d’activités, des zones de lotissement ou d’habitat qui doivent pouvoir être conçues avec ce que l’on pourra appeler des « éco-engagements » et des « éco-pratiques » acceptées de leurs gestionnaires et de leurs futurs utilisateurs, habitants ou voisins. C’est la condition nécessaire à l’existence des éco-zones, des éco-parcs d’activités, des éco-villages, des éco-lotissements, des éco-infrastructures et autres éco-quartiers. Leur réussite repose sur un véritable contrat social et culturel local qui est souvent la pierre invisible, mais fondatrice, que les élus vont devoir s’efforcer de porter, puis de poser avec les habitants, pour permettre l’accueil, la réception et l’engagement de chacun dans le fonctionnement social et culturel harmonieux du projet. Ce fonctionnement, socialement et culturellement intégré, deviendra le signe certain de la réussite. La réussite d’un éco-territoire repose sur un véritable contrat social et culturel local
Ces démarches sont aujourd’hui peu compatibles avec notre culture de la satisfaction immédiate des besoins par la consommation. Les biens et services sont immédiatement disponibles, une très grande majorité se sont libérés du lien socioculturel et environnemental avec le territoire ou ils sont consommés sans y êtres produits (ou y sont produits comme ils le seraient ailleurs). Les éco-projets d’aménagement et de construction réintroduisent dans la production des exigences de temps, de réflexion et de lien avec le contexte territorial qui ne sont pas toujours bien reçues par des acteurs socio-économiques pressés. Mais pourquoi produire une ville, un village, ou plus modestement un quartier, fonctionnant comme un écosystème complexe devrait t’il prendre moins de temps que les très longs « process » de conception technique, de marketing et d’industrialisation des produits de consommation technologiquement avancés comme des voitures ou des ordinateurs modernes ?  Donnons nous le temps de repenser et de réinterpréter nos villes, nos quartiers et nos territoires qui sont pour le moins des « produits » sociaux, économiques, culturelles et environnementaux complexes.  Un engagement sur la durée
Nos territoires de propriétaires fonciers, encore sociologiquement ancrés dans des réflexes à dominante rurale, privilégient historiquement l’appropriation individuelle de l’espace comme signe d’une capacité et d’une liberté de disposer de ses biens sans contraintes. Ils ne deviendront pas du jour au lendemain des territoires d’éco-citoyens respectueux de l’environnement et du cadre de vie si l’on ne réinterprète pas ensemble les conditions d’exercice de cette liberté. Il ne s’agit pas forcément de remettre en cause cette liberté, mais de la faire évoluer en créant des conditions favorables à une responsabilisation partagée dans son exercice. Il est donc important aujourd’hui de « faire bouger les lignes » entre la part de liberté et de responsabilité individuelle dans l’utilisation et l’appropriation de l’espace et la part de prescriptions et de devoirs qui peuvent s’imposer dans la gestion des espaces au nom d’une responsabilité collective liée aux impératifs socio-environnementaux. Il s’agit d’identifier clairement les responsabilités pour ne pas bloquer sans raisons objectives les initiatives à prendre individuellement et/ou collectivement pour faire aboutir des éco-projets adaptés à chaque territoire. Une remise en cause de l’appropriation individuelle de l’espace au nom de la responsabilité collective
3.3.   Demain, l’ éco-société  ? Par Jean Zin
L'écologie-politique est inséparable d'une analyse systémique de la grave crise que nous connaissons, elle ne se réduit pas à l'environnementalisme ni aux corrections à la marge car elle doit remonter aux causes sociales et technologiques. A ce titre, il faut reconnaître la place que l'information a prise dans notre monde, jusqu'à provoquer un véritable "changement d'ère" (comme l'a souligné Jacques Robin dès 1989 dans son livre " Changer d'ère "). Cet aspect n'est pas aussi conjoncturel qu'on pourrait le penser car l'écologie-politique comme pensée globale est entièrement solidaire de cette  globalisation  des communications. Du moins, elle doit y opposer un projet politique à hauteur des enjeux planétaires de ce nouveau millénaire afin de préserver notre avenir commun. L’écologie-politique comme pensée globale pour préserver notre avenir commun
Prendre conscience de l'importance de l'information apparaît bien crucial pour l'écologie ou les régulations politiques, à tous les niveaux, au-delà des questions énergétiques ou des ressources matérielles. C'est notre entrée dans l'ère de l'information, du numérique et des réseaux depuis la fin des années 1970 qui donne toute la mesure de la nécessité d'une écologie-politique pour le XXIème siècle, de la construction d'une démocratie cognitive alliant autonomie et communication, diversité et convivialité, développement humain et décroissance matérielle, qualité de la vie et préservation de l'avenir, toutes choses qui dépendent de l'information et d'une action publique décidée qui se règle sur ses résultats. C'est notre responsabilité historique. L'écologie-politique à l'ère de information
La tendance dominante de l'écologie-politique jusqu'à nos jours a été de se rapprocher de l'économie et de revenir à une version quantitative de l'écologie où c'est tout simplement la circulation de l'énergie qui prend la place de la circulation monétaire comme équivalent général. Ces théories énergétiques de l'écologie sont reliées à l'économie du charbon ou du pétrole. Nous voudrions montrer qu'elles procèdent d'une simplification excessive des écosystèmes. Ceux-ci ne sont évidemment pas réductibles à l'énergie qui les traverse alors que ce qui constitue le vivant c'est bien plutôt la complexification et les échanges d'information. Il faudrait finir par l'admettre, l'écologie est beaucoup plus liée à l'information qu'on ne le croit. Au fond, les théories aussi dépendent inévitablement de leur milieu et changent avec lui, après un temps plus ou moins long d'adaptation. Il s'agirait donc de passer aujourd'hui d'une écologie de l'ère énergétique à l'écologie-politique de l'ère de l'information, plus conforme à son concept initial de logique du vivant. On verra que les enjeux politiques sont considérables entre écologie technocratique et démocratie participative. Passer  d'une écologie de l'ère énergétique à l'écologie-politique de l'ère de l'information
Depuis notre entrée dans l'ère de l'information, il y a quelques décennies, les priorités ne sont plus du tout énergétiques, malgré la crise pétrolière actuelle, et même pour les écosystèmes, la circulation de l'information a pris le pas sur les équilibres thermodynamiques. L'idée que le vivant pourrait se réduire à des échanges d'énergie procède comme la plupart des réductionnismes de l'amputation d'un phénomène ramené à ses conditions matérielles. Effectivement, il n'y a pas de vie sans corps matériel mais la chute d'un corps ne suffit pas à le caractériser comme vivant. De même, s'il n'y a pas de vie sans énergie, l'activité vitale n'est pas une simple structure dissipative. Ce qui caractérise le vivant c'est la reproduction et l'évolution, la régulation et l'adaptation, plus généralement l'information et la réaction, " une différence qui fait la différence " comme Bateson définissait l'information. On n'est plus dans le domaine des causes matérielles mais des finalités biologiques. Pour comprendre les organismes et les organisations il faut tenir compte de l'information circulante et de l'information structurante, au moins autant que des flux de matière et d'énergie, ce que la théorie des systèmes a montré abondamment. La circulation de l'information a pris le pas sur les équilibres thermodynamiques
Ce qui différencie politiquement une écologie énergétique d'une écologie informationnelle c'est que pour l'énergie il suffit d'une "décroissance" de la consommation, une réduction quantitative, alors que du point de vue de l'information ce qui compte c'est la qualité de la vie, le développement humain qui peut donner sens à cette décroissance, même s'il est plus difficile de s'accorder sur un objectif qualitatif, un changement de direction plutôt qu'un simple ralentissement. L'écologie énergétique (Odum) ou entropique (Georgescu-Roegen) verse facilement dans la "technocratie" et des tentations autoritaires alors que l'écologie informationnelle est basée sur l'autonomie et les boucles de rétroaction, la participation et le dialogue, la force n'y a pas le dernier mot. Une écologie au service d’un objectif qualitatif : le développement humain
Il faut retenir de la cybernétique au moins la liaison entre information et finalités, le fait qu'il faut poser un objectif pour l'atteindre, contrairement aux théories néo-libérales de l'auto-organisation, nouvelle version du "laisser faire" et de la "main invisible" d'une providence inexistante ! Vivre, c'est réagir, pas se laisser faire ! Il faut donc retenir aussi la nécessité vitale des régulations, de s'opposer à la dégradation des choses. Il y a une filiation entre la cybernétique, la théorie des systèmes qui l'a suivie, et l'écologie, débouchant sur la notion d'écosystèmes, même si le terme est antérieur. Ainsi, la valorisation de la biodiversité trouve, pour une bonne part, sa justification dans la loi de la "variété requise" de Ashby. Le souci écologique et la critique de la technique ont d'ailleurs été présents dès les débuts de la cybernétique. Mais ce qui distingue radicalement l'écologie-politique d'un écosystème, c'est la réintégration de la finalité dans l'écosystème, le contrôle du milieu, alors qu'un écosystème n'étant pas un organisme ne comporte aucune régulation globale ni réflexivité. C'est un système imparfait, ce n'est pas un organisme. Les régulations écologiques manquent cruellement, c'est pour cela qu'il faut les créer sans plus croire aveuglément aux bienfaits d'un progrès qui se fait sans nous et souvent contre nous. De la nécessité vitale des régulations de l’écosystème
La démocratie elle-même change de sens, d'une démocratie de masse, véritable dictature de la majorité, à une démocratie des minorités respectueuse des différences, démocratie participative basée sur l'autonomie de l'individu (les droits de l'homme) plus que sur une prétendue volonté générale. Par certains aspects l'écologie-politique peut sembler proche du libéralisme dans cette valorisation de l'individu et de sa responsabilité, mais l'individu n'y est plus exalté contre le groupe puisque la valeur de son autonomie est d'abord dans sa capacité de rétroaction et de participation à l'entreprise collective. De cette conception écologique de l'autonomie découle aussi la forme réseau qui se substitue de plus en plus aux hiérarchies pyramidales, sans les supprimer complètement mais en optimisant les échanges d'informations, sur le modèle des organismes vivants.  Valoriser la capacité de rétroaction et de participation de chacun à l’entreprise collective
L'écologie-politique n'est pas si naturelle qu'on le dit, c'est bien plutôt la construction de régulations qui manquent, en réaction aux destructions de nos bases naturelles. L'écologie-politique est donc essentiellement "constructiviste" et plus attachée à la construction de liens (la communication, l'échange, la coopération, la solidarité) qu'à un utilitarisme fonctionnaliste ou une gestion technique des populations. C'est l'individu vivant qui est sa finalité, la production de son autonomie, et c'est la rétroaction de l'individu, son expression qui est son fondement démocratique et autogestionnaire. La finalité de l’écologie-politique, c’est l’autonomie de l’individu et la construction de régulations en réaction aux destructions de nos bases naturelles
Le dévoiement du terme de développement durable sert à couvrir une croissance purement marchande qui est insoutenable énergétiquement et matériellement, multipliant les pollutions et bouleversant dangereusement le climat. Pourtant un développement écologique sans croissance quantitative est bel et bien possible comme processus de complexification, de spécialisation et d'optimisation de ressources (économie d'énergie, réduction de l'entropie grâce au traitement de l'information). Ce n'est pas autre chose qu'un développement local et humain. Si on doit se soucier des générations futures, on ne peut négliger les générations actuelles ! Il faut d'ailleurs souligner que c'est la nature des nouvelles forces productives qui fait du développement humain une priorité économique, pour des raisons d'efficacité plus que de morale. Cela n'empêche pas le développement humain exigé par l'économie de l'information d'être à la fois une des seules finalités possibles d'une communauté humaine et ce que doit viser l'écologie au niveau planétaire. Il y a une totale solidarité entre  l'ère de l'information, l'écologie et le développement humain , l'un appelant les deux autres. Alternative au productivisme et développement humain
Prendre conscience de notre entrée dans l'ère de l'information ne signifie aucunement vouloir embellir la situation et s'en faire le spectateur enthousiaste, c'est bien plutôt vouloir prendre en main notre destin, assumer notre responsabilité collective, corriger le tir, surmonter nos échecs. Ce n'est pas parce que, à l'opposée des tentations d'un impossible retour en arrière, il nous faudra bien tirer parti de la nouvelle logique coopérative des réseaux, nous adapter au passage à l'immatériel, construire une démocratie cognitive et des régulations écologiques, qu'il faudrait tomber pour cela dans une quelconque technophilie. Rien ne se fera tout seul, ce qui se fera sans nous se fera contre nous. Changer la vie (finalités humaines et projet collectif)
Un rapport d’innovation  Courts-Circuits , le cercle d’innovation 2.0 Une initiative de  Pourquoi tu cours (l’agence des idées)  : www.pourquoitucours.fr Crédits photos : Green is beautiful

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ECO DESIGN -Tendance 2009 -Partie1 : De nouvelles perspectives

  • 1. PARTIE 1 Crédits photo : GREEN IS BEAUTIFUL® DE NOUVELLES PERSPECTIVES
  • 2. 0. Une écologie au service de l’humain 1. Le sens retrouvé du design 2. Une approche cyclique 3. Vers des écosystèmes intégrés ?
  • 3. 0. Une écologie au service de l’humain Par Jean Zin
  • 4. L'écologie a des significations radicalement différentes selon l'utilisation politique qui en est faite. La conception dont il est question dans ce rapport est celle d’une écologie dont l'enjeu politique n'est pas un retour vers le passé mais le développement de notre autonomie de sujet et de citoyen, à l'opposée d’un environnementalisme réducteur ou d'une écologie scientifique nous réduisant à l'animal ou à la simple survie. L'objectif de l'écologie doit rester l'autonomie de l'individu et le développement humain dans un monde préservé. Plusieurs définitions de l’écologie existent
  • 5. Celle-ci est apparaît comme une écologie réactionnaire, dont le mot d'ordre est " respectons les lois de la nature ", reprenant les argumentations des droites traditionnelles (légitimistes, royalistes, autoritaires, fascistes) sur l'ordre naturel, inégalitaire, la division des fonctions, la ségrégation des populations, l'hygiénisme, le biologisme et la normalisation. La liberté humaine y représente le mal absolu contre la loi naturelle et contraignante d'une harmonie originelle et non discutable . Le radicalisme dangereux de l'écologie fondamentaliste
  • 6. Les libéraux veulent croire que l'intégration des contraintes écologistes par le marché pourrait suffire à rendre le productivisme durable . C'est la voie empruntée par les conférences sur le climat (Kyôto, Buenos-Aires), c'est la logique des écotaxes : valoriser la pollution. L'environnementalisme libéral est une blague qui ne fait rien que d'endormir notre conscience des limites avec sa prétention de s'attaquer aux causes alors qu'il ne peut qu'en diminuer les effets et laisse se continuer la dégradation de nos vies. Les écologistes sont pour la liberté, l'autonomie, le marché, ils ne peuvent être "libéraux" car la liberté des hommes vivants doit être supérieure à la liberté des capitaux. Le libéralisme écologiste se veut le plus souvent un libéralisme contrôlé (y compris par la taxe Tobin par exemple) mais c'est bien cette illusion que le système capitaliste soit réformable dans son productivisme qu'il faut combattre. Cela ne signifie pas qu'on ne doit ni le réformer ni le contrôler dans l'immédiat mais que cela ne peut être un projet de société ; sinon le réformisme écologiste libéral n'est qu'un conservatisme, une façon de rendre un tout petit peu plus durable la domination aveugle de l'argent. L'écologie réformiste libérale : un environnementalisme insuffisant
  • 7. Si la dégradation de l'environnement est bien le signe que nous avons grand besoin d'écologie, l'écologie ne saurait s'en tenir aux effets les plus voyants et doit remonter aux causes, qui sont toujours économiques et sociales, à la totalité du système productif qui a causé ces dégâts . L'écologie est une pensée globale qui relie les différentes dimensions du réel et s'oppose au réductionnisme comme au pur environnementalisme. Le souci de l'environnement doit certes rester constant, mais il ne s'agit pas de corriger aux marges un système, le repeindre en vert et limiter ses dysfonctionnements, c'est le système qu'il faut changer pour prendre en compte l'ensemble des contraintes écologiques et préserver une si précieuse biodiversité. L’écologie comme pensée globale : ne pas s’en tenir qu’aux effets et remonter aux causes profondes
  • 8. Le mot d'ordre de l’écologie-politique est la "prise en compte de la totalité et maîtrise de notre environnement, des conséquences de nos actions sur nous-mêmes et notre avenir", reprendre le contrôle de l'économie, imposer la prise en compte des besoins réels et des nuisances indésirables, globaliser les problèmes au niveau mondial, corriger la force mécanique de l'évolution par la volonté d'un développement contrôlé, démocratique, équilibré, rationnel et diversifié. La liberté est, de ce point de vue, un idéal, la dignité de l'homme qui doit être reconnue supérieure à toute autre rationalité (économique, géopolitique, biologique) et doit atteindre à l'effectivité qui ne peut plus être que mondiale, à la mesure des enjeux du temps. Il ne s'agit pas de protéger une nature originelle, ni de protéger et rentabiliser les richesses naturelles mais de prendre possession de notre monde, s'opposer aux logiques inhumaines d'un développement tyrannique et aveugle, fonder un nouvel être-ensemble, de nouvelles solidarités contre la société marchande et ses intérêts à courte vue. L’écologie politique est un humanisme
  • 9. L'enjeu politique n'est pas un retour vers le passé mais le développement de notre autonomie de sujet et de citoyen, à l'opposée d'une expertocratie écologiste et d'une écologie scientifique nous réduisant à l'animal ou à la simple survie. Ce n'est pas parce que nous sommes faits de chair que nous ne nous nourrissons que de pain. L'existentialisme est un humanisme en tant que matérialisme spirituel, peut-on dire, restituant la dimension proprement humaine de la conscience de soi, de la raison et du sens qui font la dignité de l'homme et sa spécificité. C'est cette dimension qu'il faut ajouter à l'écologie afin d'en faire une écologie politique, à hauteur d'homme, nous amenant à nous questionner sur nos fins dernières. L'écologie politique ne peut se limiter à la défense de l'environnement et du monde de la vie : la question fondamentale, posée à tous les hommes, reste de donner sens à notre existence, en l'absence d'un sens préalable et d'une vérité déjà donnée. Il nous faut donc pour cela une écologie qu'on peut dire humaniste. Il n'empêche que cet humanisme doit s'inscrire dans son environnement et s'élargir au vivant. L'humanisme ne peut se couper complètement de sa part animale, le constructivisme ne peut être total ni arbitraire. L'objectif de l'écologie est donc l'autonomie de l'individu et le développement humain, cela dans un monde préservé. Une philosophie de l'existence
  • 10. 1. Le sens retrouvé du design
  • 11. La définition initiale du design est celle d’un concept alliant une intention à sa réalisation matérielle. Cette conception première a progressivement laissé place à une discipline qui a délaissé le fond pour ne s’intéresser qu’à la forme, s’inscrivant dans une logique marketing et industrielle, oubliant la théorie du design comme intention première, comme alliance de l’idée et de sa représentation. ( 1.1. La perte de sens du design ) En cela, les enjeux actuels liés aux problématiques environnementales et sociétales ont permis la renaissance d’un design approprié, au service du développement humain. ( 1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design approprié ) Le designer apparaît donc comme un des acteurs majeurs de la mutation en cours, comme un artisan au service du progrès, porteur de solutions globales. ( 1.3. De la responsabilité du designer ) D’où une nécessaire extension du domaine du design, ce dernier se préoccupant désormais non plus seulement de conceptions matérielles mais surtout de la fourniture de services centrés sur l’expérience utilisateur, intégrés en une logique systémique dans des « scénarios de vie » à la mesure de l’homme. ( 1.4. Vers un design centré sur l’humain ) 1. Le sens retrouvé du design
  • 12. 1. Le sens retrouvé du design 1.1. La perte de sens du design 1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design approprié 1.3. De la responsabilité du designer 1.4. Vers un design centré sur l’humain
  • 13. 1.1. La perte de sens du design
  • 14. À la Renaissance, disegno (en italien) est l'un des concepts majeurs de la théorie de l'art. Il signifie à la fois dessin et projet . Au XVIIe siècle en France, les théoriciens de l'art le traduisent par dessein et conservent le double sens (l'idée et sa représentation). En 1712, Shaftesbury introduit dans la théorie anglaise de l'art le concept de design fidèle au sens de disegno . Ainsi, nous avons drawing pour le dessin en tant que tracé et design signifiant l'idée et sa représentation, le projet et son graphisme. Néanmoins, ce double sens de design va se disjoindre rapidement pour suivre les théories de l'art dominantes de l'époque. Car c'est en 1750 en France que la distinction apparaît pour donner deux champs sémantiques distincts, celui du dessin (la pratique) et du dessein (l'idée) marquant une rupture fondamentale qui n'est pas sans rappeler la dualité matière/esprit de Descartes. À l'Académie royale de peinture et de sculpture, on enseigne désormais les arts du dessin et non plus du dessein . Petit historique du design : un concept issu de la théorie de l’art
  • 15. C'est seulement au début du XXe siècle, alors en plein essor de l'industrialisation, que l'on assiste à l' émergence internationale du terme design dans le sens de disegno , c'est-à-dire la conception et la mise en forme. Cette définition moderne se concrétise dans le travail effectué au Bauhaus. En 1947, L. Moholy Nagy, qui enseigna au Bauhaus, écrivait : « Le design a d'innombrables concertations. Il est l'organisation en un équilibre harmonieux de matériaux, de procédés et de tous les éléments tendant à une certaine fonction. Le design n'est ni une façade, ni l'apparence extérieure. Il doit plutôt pénétrer et comprendre l'essence des produits et des institutions. Sa tâche est complexe et minutieuse. Il intègre aussi bien les besoins technologiques, sociaux et économiques, que des nécessités biologiques ou les effets psychologiques des matériaux, la forme, la couleur, le volume, l'espace. Le designer doit voir, au moins d'un point de vue biologique, l'ensemble et le détail, l'immédiat et l'aboutissement. Il doit concevoir la spécificité de sa tâche par rapport à la complexité de l'ensemble.» Petit historique du design : la naissance de la définition moderne
  • 16. Proposée par T. Maldonaclo en 1961 à Venise et adoptée par l'ICSID (Conseil International des Sociétés de Design Industriel), la définition officielle du design est ainsi formulée : « Le design est une activité créatrice qui consiste à déterminer les propriétés formelles des objets que l'on veut produire industriellement. Par propriétés formelles des objets, on ne doit pas entendre seulement les caractéristiques extérieures, mais surtout les relations structurelles qui font d'un objet ou d'un système d'objets une unité cohérente , tant du point de vue du producteur que du consommateur » Le concept «design» contient cette double notion : à la fois ce qui peut se projeter, se programmer, se préparer à l'avance et à la fois ce qui peut trouver une forme concrète, être un dessin, un modèle, un plan. Design = dessein (intention, projet) + dessin (forme, modèle) . La définition du design : l’alliance de l’idée et de sa représentation
  • 17. Un langage commun est le premier pas indispensable vers la communication. Le terme « design » permet de réunir, dans un même esprit, des concepteurs de domaines différents : architecture, ingénierie, produits nouveaux, ergonomie, graphisme. Il est compris sans ambiguïté par les professionnels au niveau international . En France, ceci a donné lieu à une polémique et à des discussions qui ont conduit à proposer des succédanés, comme «stylisme» ou encore «esthétique industrielle» contraignant d'abord à expliquer subtilement le design par ce qu'il n'est pas tout à fait, et non par ce qu'il est réellement. D’où une certaine difficulté dans notre pays à concevoir l’essence profonde du design . Une définition souvent mal comprise
  • 18. A partir du milieu des années 80 le mot design a donc connu une carrière disparate, désignant généralement la modernité dans tout ce qu’elle peut avoir de stupide, à travers la patte ou la griffe de créateurs pas toujours inspirés. La gratuité a alors pris une très large place dans le design, contredisant et même trahissant l’acception première du mot. Les objets ont été moins économes de matières ou de procédés de fabrication, voire carrément polluants au regard de leurs seules fonctions mécaniques. La combinaison de nouvelles possibilités industrielles et d’un marketing débridé ont conduit à de nombreux gâchis et les fonctions des objets ont souvent été maquillées ou cachées dans cette surabondance . Quand la forme prend le pas sur le fond
  • 19. L’industrie offre un nouveau champ d’application à la création. Les artistes créent des objets, les designers créent des produits . La notion de produit fait clairement référence au domaine économique. Elle peut être entendue selon deux acceptions distinctes. Si l’on réfère à l’économie de Production, le Produit est le résultat d’un processus Industriel. En Economie de Marché, le produit est l’un des éléments constitutifs du Mix-Marketing. Il est fait pour répondre à un besoin qui sera satisfait par un achat. Et le design fait vendre, c’est sa fonction . Qu’il s’agisse de rationaliser les méthodes de production, ou de la vente de produits, le design favorise la valeur ajoutée des entreprises et le profit . Le design, suppôt du capital ? Le design comme discipline industrielle et marketing
  • 20. Le design est incontestablement un produit de la fabrication en série et il en est souvent devenu une condition. Mais si les économies qu’il a pu engendrer se sont traduites par la démocratisation d’objets de confort aux usages parfois superficiels plutôt que par la préservation de divers patrimoines naturels c’est du fait d’un arbitrage civilisationnel qui a été déraisonnablement promu par le pouvoir. En effet, l’économie est par elle-même le premier facteur de préservation de ressources rares. Si votre stylo est en plastique plutôt qu’en diamant c’est parce que le prix élevé du diamant et de sa taille ont orienté le producteur de ce stylo vers le plastique, produit d’un pétrole abondant qui, comme le dit en substance Pascal Salin, est une pourriture de la terre, une boue malodorante, salissante et visqueuse, valorisée par le génie humain dans un contexte d’économie libérale. Un design qui devient le produit de la fabrication en série
  • 21. Les problèmes environnementaux qu’on attribue à l’industrie sont d’abord des conséquences de l’irrespect des droits de propriété ou de la mauvaise définition de ceux-ci. Ce sont donc avant tout des problèmes juridiques. Durant des décennies les gouvernements ont tout fait pour favoriser l’industrialisation, au nom du fait que c’était bon “socialement” ou pour “l’intérêt général” , et les juges ont rendu des arbitrages iniques, en faveur de la mine et au détriment du potager. Mes livres de géographie au collège, conformes au programme officiel, étaient farcis de sidérurgies, de Concordes, d’agriculture intensive, il n’y était question que de doubler sa consommation d’énergie chaque décennie au nom du progrès, toutes les villes de la Terre n’étaient considérées qu’à travers leurs productions industrielles, etc. La pollution et l’hyperproduction ne sont pas une conséquence de l’industrie , qui est au contraire un mode de production économe, mais une conséquence des choix d’un pouvoir conscient du profit qu’il avait à tirer d’une industrialisation massifiée . La responsabilité d’un pouvoir peu soucieux des problèmes environnementaux
  • 22. Par Olivier Méresse et François Dupont 1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design approprié
  • 23. En effet, la raison d’être du design est de faire remplir une fonction utile, utilité dont la fonction tire sa noblesse, de la façon la plus efficace et la plus économe. La spécificité du design, sa contribution historique et sa singularité, est de stipuler que, de ce dépouillement, de cette réduction ultime à la fonction, doit découler une beauté intrinsèque, essentielle . Et le design pose avec tant d’aplomb cette certitude qu’il autorise une inversion des causalités : si la beauté n’émerge pas de l’objet utile c’est que la fonction n’est toujours pas optimisée. Optimisation qui se passe de tout maquillage. Ce lien entre l’utilité et la beauté est déjà affirmé chez Raymond Loewy, initiateur du design, même si son approche est plus directement commerciale que philosophique. C’est une idée qu’on trouve antérieurement dans les réflexions et les travaux de Vinci ou Michel-Ange, voire chez tous les bons artisans. Mais le design est une méthode , pour faire court, qui permet d’ étendre à l’ensemble du monde industriel , et donc de diffuser à une échelle universelle , cette doctrine de la beauté utile dont l’application est particulièrement économe en ressources rares . Le design contient entièrement l’eco design
  • 24. Contraints par les nouvelles attentes et la demande croissante concernant la préservation de l’environnement et le développement approprié, les designers abandonnent leurs délires personnels pour revenir à des préoccupations d’ingénieurs, pour évaluer des modes de production, des cycles de vie, intégrer des matériaux nouveaux, comparer des modes de consommation , des indices, etc. et Jacques Viénot n’a jamais été aussi actuel. L’éco-design est aujourd’hui incontournable et inéluctablement les critères de l’ eco design devront être toujours mieux intégrés . Le design n’est pas mort avec l’éco-design, il y trouve au contraire une nouvelle jeunesse. Et les préoccupations environnementales actuelles sont l’occasion d’un retour aux sources pour le design
  • 25. Etre designer demande d’observer en permanence l’environnement au sein duquel nous évoluons et de prendre parti dans chaque projet . Face aux déséquilibres qu’entraînent nos activités actuelles, de nombreux indicateurs nous alertent à propos de la nécessité de faire évoluer dès aujourd’hui nos modes de vie vers une meilleure durabilité. Préserver notre environnement naturel, diriger nos pratiques vers plus d’équité , mettre en œuvre des projets qui optimisent les retombées sociales positives  : il s’agit de construire une société adaptée à la fois aux enjeux économiques, aux contraintes environnementales et aux problématiques sociales. Afin de rééquilibrer notre société, nous devons donner autant d’importance à ces trois dimensions. Ainsi, je considère qu’il est du rôle du designer, d’agir, dans ce sens en participant à la création de solutions qui répondent à ces problématiques. Un design qui participe à la création de solutions aux nouvelles problématiques
  • 26. Nous assistons à un foisonnement d’idées et d’initiatives, et parions que ce n’est encore qu’un début. Il n’y a pas un problème et sa solution mais une quasi-infinité de solutions à une quasi-infinité de problèmes . A une pollution déterminée il est possible d’apporter des réponses très diverses : un produit qui dure plus longtemps, réparable, ou au contraire biodégradable, ou en matériaux recyclés, ou renouvelables, ou consommant moins, ou dont la fin de vie débouche sur une utilité nouvelle, loué plutôt que vendu, etc. et qui peut aller jusqu’à remettre complètement en cause l’existence du produit ou du service. La nature elle-même nous offre une quasi-infinité d’exemples de cette diversité de solutions pour un même problème . Regardez la variété des modes de reproduction chez les végétaux, ou les diverses formes que peuvent adopter les oiseaux pêcheurs: cormorans, pélicans, martins-pêcheurs, etc. Notez comme chaque spécificité semble influer sur la totalité de chaque espèce, qui paraît invariablement avoir atteint sa perfection. L’ecodesign réintroduit de la complexité dans la conception des objets
  • 27. Le design est une activité créative au cours de laquelle, à de nombreuses étapes, on doit faire face à différentes possibilités et à différentes solutions. Il faut donc arbitrer puis choisir . C’est en fonction de ces choix que l’on peut montrer explicitement un engagement personnel dans une voie souhaitée. Comme l’a écrit le professeur et chercheur en design industriel Ezio Manzini, « les designers doivent adopter des critères de choix et sur cette base choisir, selon leur point de vue, ce qu’il est le mieux de faire . C’est-à-dire, étant donné que l’éthique est définie comme étant « ce qui est bien et mal, bon et mauvais », qu’ils doivent faire des choix éthiques » . C’est pourquoi j’essaie aujourd'hui de choisir systématiquement en fonction de ma vision, tournée vers la stimulation d’un développement équitable et durable. L’importance des choix du designer face à la diversité des solutions
  • 28. 1.3. De la responsabilité du designer Par Christian Guellerin
  • 29. Que l’on considère le travail du designer sur des fondements purement philosophiques, spirituels ou au contraire techniques, force est de constater qu’il s’agit d’une activité spécifiquement humaine basée sur une approche morale, intuitive ou raisonnée du progrès . Le designer se projette dans l’avenir , il crée toute proportion gardée son « Ile d’Utopie ». Cette activité induit la pensée, la réflexion, la conscience de ce qui est, et ce qui sera. Elle induit le Désir, à la fois la conscience de ce qui sera mieux, et l’intuition du plaisir qu’il en résultera. C’est ainsi que Spinoza définit l’Homme dans « Ethique ». Prolongeant les doctrines cartésiennes du « Cogito, ergo sum »- il définit l’Homme selon deux approches spécifiques : la conscience et le désir , la conscience d’hier, d’aujourd’hui, de demain et le désir, sorte de sensibilité à distinguer ce qui est bien, ce qui est mieux , le plaisir mais aussi et dès lors, la conscience du bien et du mal. L’activité de création du designer correspond parfaitement à cette définition donnée pour l’Homme : un acte conscient de projection pour satisfaire le désir du mieux. Le design : un acte conscient de projection pour satisfaire le désir du mieux
  • 30. Le designer d’aujourd’hui continue de manier l’outil et reprend ainsi la tradition séculaire de l’artisanat : cette spécificité est essentielle parce qu’ il ne suffit pas d’être « homme de réflexion ou de projet » pour être designer . Si l’on reprend les théories darwiniennes de l’évolution et notamment celles sur l’adaptation aux environnements, on distingue l’homme de l’animal par la capacité du premier à utiliser l’outil , à le perfectionner, et à l’utiliser. C’est en partie grâce à l’outil que l’homme a réussi à s’adapter, à se développer, à se démarquer de sa gangue originelle, mais aussi et surtout à changer le monde dans lequel il vivait. Sans l’outil, le designer n’est rien qu’un homme de projet. Avec, il devient l’artisan actif de la construction d’un progrès - d’un bonheur - à venir . Le designer, artisan actif de la construction d’un progrès
  • 31. Si Dieu a un sens, et quelle que soit la Religion, c’est celui de nous parler de Morale. Démarquée de références théologiques, l’Ethique, philosophie qui s’intéresse au jugement moral de nos actions en société, propose une justification rationnelle de ce qui est Bien et Mal . Elle va au-delà même de la Morale : La morale nous fait nous apitoyer sur ceux qui ont faim, l’Ethique nous oblige à prendre la responsabilité d’agir pour les nourrir. Le design parce qu’il crée, parce qu’il va au-delà de l’intention, nous fait toucher du trait la Vérité , sorte de bonheur dont l’Ethique serait bien la grande ordonnatrice. Le Design est un Humanisme, dont l’objectif est le mieux, le plaisir, le Bien,…le progrès. Le design est Ethique, moralement acceptable pour ce qu’il est, éthique pour ce qu’il fait . Le design est Ethique
  • 32. L’enjeu est magnifique. Aucun designer ne doit oublier que chaque produit, chaque emballage, chaque image créé est au service de l’Homme qui se l’approprie . Jamais, il ne doit perdre de vue qu’il doit générer du progrès, du confort, du bonheur. Jamais, le Design ne peut avoir pour objectif de générer du profit. Ce serait effectivement se pervertir. Les objectifs du designer ne peuvent être confondus avec ceux de l’entreprise qui l’emploie. Mais, il ne doit pas s’interdire d’en générer, et bien au contraire. Que peut-on espérer de mieux que de générer du bonheur et de la richesse ? Le profit devient un moyen… et le marché l’occasion d’un échange, une formidable opportunité de diffusion de ce qui est bon et bien . Le marché lui donne même la reconnaissance de son travail et sa justification. Quelle place, donc, pour le designer au sein du monde économique ?
  • 33. Le design en tant que discipline de création est un Humanisme, il induit la transformation du monde avec pour objectif un progrès. Au sein de l’organisation, en plaçant l’Homme au cœur de sa préoccupation, le designer a la responsabilité de replacer l’Economique au service de l’Homme et non plus au service du profit, qui n’est plus là qu’un moyen. Le designer devient l’homme-clé de l’entreprise éthique, véritable porteur d’une vision globale, du dessein de l’entreprise . Pourquoi avoir créé le vocable « markethique » alors qu’il existait déjà « design » ? Le designer devient l’homme-clé de l’entreprise éthique
  • 34. Nous assistons actuellement à un changement de paradigme : à un développement porté par l’évolution de la technologie, succède un développement anthropocentré. La réflexion se déplace des valeurs matérielles et visibles vers d’autres plus intellectuelles, plus spirituelles et si possible moins matérielles. Afin de remplir leur mission pour un développement durable du point de vue social, environnemental, culturel et économique pour les générations présentes et futures, et pour rendre la vie harmonieuse et saine pour tous, les 124 établissements membres de Cumulus s’engagent à orienter leurs programmes éducatifs dans le sens de la construction de sociétés durables, créatives et anthropocentrées. Une pensée du design anthropocentrée , ancrée en des principes d’universalité a le pouvoir d’améliorer le monde . Il s’agit d’apporter du progrès dans les domaines sociaux, économiques, écologiques et culturels, d’améliorer la qualité de la vie et de créer une vision optimiste du futur, une vision idéale du bonheur individuel et collectif. Un initiative exemplaire : la Kyoto Declaration signée par Cumulus, réseau international d’écoles de design
  • 35. 1.4. L’extension du domaine du design : vers un design centré sur l’humain
  • 36. Le design s’élargit vers une disparition de l’objet des préoccupations centrales (sans toutefois toujours l’occulter totalement) et devient moins centré sur les aspects matériels que sur une nouvelle dimension systémique et organisationnelle . La finalité n’est plus tant le résultat matériel de chaque création que les systèmes ou les organisations qui accompagnent leur usage ou leur production. Ainsi, certains designers contribuent déjà à des projets variés qui dépassent le cadre de la simple création de produits, comme par exemple la définition de scénarios , l’ élaboration de stratégies globales et de politiques de développement ou encore la construction de réseaux d’acteurs , qui peuvent être destinées à bâtir un environnement plus durable. Dans ces approches, ils trouvent notamment une place d’experts en projet et d’agents participant pleinement aux projets de développement. De plus, ils gagnent les rôles de stimulateurs de créativité, de fédérateurs et de modérateurs d’équipes de création commune . Le designer dispose de méthodes, compétences et outils nouveaux qui lui permettent d’étendre son champ d’action
  • 37. Dans le design de service, le design du matériel (télécommande, automate, écran tactile, borne interactive) rejoint le design de l’immatériel et de l’interaction (design de l’information) en développant avec le design numérique notamment, de nouveaux systèmes logistiques. Les objets issus des techniques de l’information et de la communication sont alors une fusion du produit et du service ou le remplacement d’objets par un service. Le designer de service s’intéresse à la relation de service entre un usager ou un consommateur et un service marchand ou non, pour proposer des scénarios d’usage dans une conception globale . Il crée alors l’objet interface d’un système, en tant que partie visible d’une organisation plus vaste. Cette démarche peut rejoindre les préoccupations du développement durable car l’usage du service n’implique pas, pour l’utilisateur, la propriété de l’objet, qui ne se stocke ni ne se transporte. En ce sens, le designer peut développer de nouveaux concepts répondant à des besoins liés aux évolutions sociales (la mobilité, le télétravail, etc.). L’émergence d’un design de service
  • 38. En observant les usagers et les consommateurs dans leur « cheminement » quotidien, les designers remarquent que leur intérêt porte principalement sur la finalité du service. Ce qui confère au produit un rôle essentiel d’interface pour atteindre ce service. La méthode consiste en priorité à observer et analyser en profondeur chaque séquence du parcours client. Ces séquences d’interaction peuvent être des espaces privés ou publics (ma banque ou chez moi), des produits analogiques ou numériques (mon mobilier ou mon ordinateur), des interfaces matérielles ou immatérielles (le clavier ou la base de données de mon téléphone portable).   Cette analyse deviendra, logiquement, le terreau de la création. Car, chaque problème ou manque décelé dans le cheminement utilisateur sera vécu comme une opportunité d’innovation dans le design. Après avoir représenté, au travers d’un scénario de vie, une nouvelle façon d’accéder à un service, le designer prototype chacune de ces innovations afin d’évaluer in situ leur acceptation par le client. Décrypter le cheminement de l’usager pour générer de l’innovation
  • 39. L’expérience utilisateur représente la qualité d’une expérience globale perçue par une personne (utilisateur) qui interagit avec un système. Cette expérience d’un produit/service se fait sur une relation durable et donc globale car elle tient compte de TOUS les moments d’utilisation, avant/pendant/après l’acte d’achat : la prise de conscience, la découverte, la commande, l’achat, l’installation, le service, le support, l’évolution, la fin d’utilisation… Ce paradigme de l'expérience utilisateur, finalement assez récent, participe bien d’une vision à plus haut niveau qui tend à mettre l’homme/utilisateur au centre. Et donc l’homme dans toutes ses composantes et plus seulement un Consommateur/Client. Cette notion d’”expérience Consommateur/Client” s’est en effet longtemps limitée à l’amont de l’acte d’achat. Dernièrement, “les services clients” ont permis de valider l’importance de tenir compté également de l’aval. Restait à convaincre qu’au delà de l’acte d’achat il existait un expérience qui faisait passer “le client” au statut “d’utilisateur”. De l’importance de l’expérience utilisateur
  • 40. 2. Une approche cyclique
  • 41. L’effacement de l’objet des préoccupations centrales de la démarche eco design laisse place à une vision qui privilégie la dimension systémique des affaires humaines. Appréhender les choses selon cette nouvelle pensée systémique, c’est abandonner la conception traditionnelle par trop linéaire qui fût longtemps l’unique modèle valable de compréhension du monde et œuvrer pour la valorisation des cycles, qu’ils soient naturels, industriels ou humains. L’entreprise, tout d’abord, se doit d’intégrer les différents cycles qui la composent en un cycle global dont l’ambition est de générer non plus du profit mais du développement humain. ( 2.1. La prise en compte des différents cycles au sein de l’entreprise ) Du côté de l’industrie, un nouveau modèle émerge dont la vision cyclique tend à faire disparaître les impacts négatifs sur l’écosystème naturel. ( 2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle cradle-to-cradle ) Se dirige-t-on vers un modèle économique générateur d’externalités positives ?( 2.3. Au-delà d’un impact minimal, l’Economie Positive ) 2. Une approche cyclique
  • 42. 2. Une approche cyclique 2.1. La prise en compte des différents cycles au sein de l’entreprise 2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle cradle-to-cradle ou la fin des externalités négatives 2.3. Au-delà d’un impact minimal, l’Economie Positive
  • 43. 2.1. La prise en compte des différents cycles au sein de l’entreprise
  • 44. Différents aspects relatifs à l'entreprise sont traditionnellement abordés selon une approche cyclique par le management, dans une logique d’optimisation de la chaîne de valeur et de minimisation des coûts : -la production connaît un cycle de vie, de l'étude préalable à la fabrication à la destruction du produit. -l'évolution technologique répond à une logique cyclique, en découle une gestion de la technologie optimisée par l'entreprise. -le personnel représente une valeur ajoutée différente selon la période du cycle de productivité dans laquelle il se trouve. -concernant l'entreprise de façon générale, la notion de cycle de vie des organisation de Greiner pose le principe d'un mode d'organisation évolutif dans le temps qui passe par différents stades. Un management des cycles au service du profit
  • 45. La notion de cycle de vie d’un produit est très couramment employée chez les professionnels du marketing, puisque, chaque produit suit un cycle de vie qui lui est propre. Selon la célèbre analogie biologique introduite par l’américain R. Vernon, les produits se comportent comme des êtres vivants, ce qui expliquerait les similitudes entre Le cycle de vie du produit le cycle biologique de l’homme et celui d’un produit. Le cycle du produit peut se résumer en six phases : les études préalables, la conception, la production, la distribution, l’utilisation et la destruction.
  • 46. Tout comme les produits, les technologies possèdent leur propre cycle de vie. Les technologies sont créées, elles évoluent, plus ou moins rapidement, connaissent un grand succès (diffusion en masse), puis parfois régressent, avant de devenir obsolète. En tenant compte de ces observations, nous pouvons Le cycle de vie des technologies définir le cycle de vie des technologies qui se décompose en quatre phases, que nous pouvons représenter sous la forme d’une courbe en « S ». Cette courbe, réalisée par R. Foster, nous montre les relations entre les efforts consentis (investissements) et les performances obtenues.
  • 47. En ce qui concerne le personnel, il existe aussi un cycle de vie qui se base sur la carrière du personnel. Pour cela, nous nous referons à Odiorne qui à basé son approche sur le fait que la carrière de tout individu peut être résumée par le concept de cycle de vie. Ce cycle de vie est le suivant : Démarrage : L’individu est recruté par l’entreprise par conséquent il s’agit d’un jeune inexpérimenté (cela implique des dépenses relativement élevées notamment en terme de formation). Croissance : Cela fait déjà quelques temps que l’individu se trouve au sein de la firme, il évolue au sein de l’entreprise en se responsabilisant. Durant cette phase l’individu est très actif, il sera très performant au niveau de son travail. Maturité : L’individu est maintenant installé au sein de l’entreprise son évolution se termine. Déclin : L’Individu est maintenant âgé, sa contribution est en diminution à cause d'une santé déclinante, d'une "obsolescence" technologique, d'un manque de motivation ou d'énergie. Le cycle de vie du personnel
  • 48. Le cycle de vie des modes d’organisation Pour présenter ce cycle de vie, nous allons nous référer à Larry Greiner qui à modélisé ce cycle de vie en un processus de croissance en cinq étapes, dont les transitions sont caractérisées à chaque fois par une crise spécifique. D’après Greiner, il existerait une corrélation entre l’âge et la taille de l’entreprise : plus l’entreprise est ancienne, plus elle grandit (en taille). Il distingue cinq étapes de croissance
  • 49. L'entreprise de demain se devra d'optimiser et d' intégrer ces différents cycles en un seul et même cycle global afin de devenir non plus une machine à générer du profit mais une organisation vivante et durable au service du développement humain. Vers la gestion d’un cycle global au service du développement humain
  • 50. Par David L’Hôte (Strate Collège Designers) 2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle cradle-to-cradle ou la fin des externalités négatives
  • 51. Ces dernières années ont vu le métier du designer devenir plus conceptuel : créateur de nouveaux scenarios, de nouveaux usages, d’innovations. Cette évolution peut être expliquée par la nécessité de compenser la saturation des marchés, la satisfaction des besoins de base, et la disponibilité de technologies toujours nouvelles. En quelque sorte,  le design s’est retrouvé à devoir justifier de sa nécessité. Né de l’industrie, le design tente d’arracher la tutelle de son parent malade, ce qui se traduit par la « fuite en amont » des designers. Ce faisant les designers se sont un peu détachés de « l’intelligence matérielle.» Ils ont perdu l’intimité avec les matériaux , la conception, les techniques de fabrication et d’assemblage. Pourtant le défi de notre maintien sur la planète semble appeler les designers à revenir aux fondements du design . Cela ne signifie pas qu’il faille abandonner les enseignements de la « phase conceptuelle » : scénarisation, réflexions sur les usages et innovation ont un rôle capital à jouer, mais sur un autre terrain, avec de nouvelles règles. Renouer avec l’intelligence matérielle
  • 52. Si les humains veulent vraiment prospérer, nous allons devoir apprendre à imiter le système hautement efficace de « berceau à berceau » (cradle-to-cradle) de la nature , de flux de nutriments et de métabolisme, dans lequel le concept même de déchet n’existe pas. Éliminer le concept même de déchet signifie de concevoir les choses –produits, packaging, et systèmes-  étant entendu dès le départ que le déchet n’existe pas. Cela signifie que les précieux nutriments contenus dans les matériaux déterminent le design : la forme suit l’évolution, pas seulement la fonction . Nous pensons que c’est une perspective plus robuste que la manière actuelle de faire les choses. D’où la mise en place d’un modèle de systèmes industriels dans lesquels les flux de matériaux circulent de manière cyclique dans des cycles biologiques ou techniques continus et adaptés . Tous les déchets sont réincorporés de manière productive dans la nouvelle production et dans les phases d’utilisation, par exemple « déchet égale nourriture.» Un nouveau paradigme : éliminer la notion même de déchet Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart , Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
  • 53. Le modèle Cradle-to-Cradle illustré Illustration de David L’Hôte ( Strate Collège Designers ) publiée sous licence Creative Commons 2.0
  • 54. Un nutriment biologique est un matériau ou un produit qui est conçu pour réintégrer le cycle biologique –il est littéralement consommé par les micro-organismes du sol et par d’autres animaux. La plupart des packagings (qui représentent environ 50% du volume du flux municipal de déchets solides) peut être conçue comme nutriment biologique , ce que nous appelons produits de consommation. L’idée est de composer ces produits de matériaux  qui peuvent être jetés par terre ou sur le tas de compost pour se biodégrader sans risque après usage. (…) Des packagings sans soucis pourraient se décomposer en sécurité, ou être utilisés comme engrais, ramenant des nutriments à la terre. Les semelles des chaussures pourraient se dégrader pour enrichir l’environnement, les savons et autres produits nettoyants liquides pourraient être également conçus comme nutriments biologiques; de cette manière, quand ils sont évacués, qu’ils passent à travers un marais, et finissent dans un lac ou une rivière, ils soutiennent l’équilibre de l’écosystème. (…) Jeter quelque chose peut être amusant, admettons le; et donner un cadeau dénué de culpabilité au monde naturel est un incomparable plaisir. Le Métabolisme Biologique : la biosphère, les cycles de la nature Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart, Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
  • 55. Un nutriment technique est un matériau ou un produit qui est conçu pour réintégrer le cycle technique , le métabolisme industriel, duquel il est issu. C’est le principe de l’ upcycling . Par exemple, le téléviseur moyen que nous avons analysé était constitué de 4 360 produits chimiques. Certains d’entre eux sont toxiques, mais d’autres sont de précieux nutriments pour l’industrie, qui sont gâchés quand le téléviseur fini en décharge. Isoler ces produits des nutriments biologiques leur permet d’être upcyclés plutôt que recyclés –pour conserver leur grande qualité dans un cycle industriel fermé . Ainsi  la caisse en plastique résistant d’un ordinateur, par exemple, circulera toujours comme une caisse en plastique résistant d’ordinateur –ou comme un autre produit de bonne qualité, tel qu’une pièce automobile ou un appareil médical- plutôt que d’être downcyclée en barrière antibruit et en pots de fleurs. Le Métabolisme Technique : la technosphère, les cycles de l’industrie, incluant la récolte de matériaux techniques du milieu naturel Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart, Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
  • 56. Afin que les deux métabolismes [Biologique et Techniques] demeurent en bonne santé, conservent leur valeur, prospèrent, le plus grand soin doit être porté à ce que soit évitée la contamination de l’un par l’autre. Les choses qui entrent dans les systèmes naturels ne doivent pas contenir de mutagènes, de cancérogènes, de toxines persistantes, ou d’autres substances qui s’accumulent dans les systèmes naturels jusqu’à les endommager. (Certains matériaux qui pourraient endommager le métabolisme biologique pourraient cependant être pris en charge sans danger par le métabolisme technique.) De la même manière, les éléments nutritifs biologiques ne sont pas conçus pour alimenter le métabolisme technique, où ils seraient non seulement perdus pour la biosphère mais où ils affaibliraient la qualité des matériaux techniques ou rendraient leur récupération et leur réutilisation plus compliquées.(…) Si un produit doit, pour l’instant, demeurer un « hybride monstrueux », cela doit nécessiter une ingéniosité supplémentaire pour le concevoir et le mettre sur le marché pour qu’il ait des conséquences positives pour les deux métabolismes biologique et technique . Un autre cadre de conception : le cas des hybrides monstrueux Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart, Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
  • 57. Pour qu’un scénario du type de l’upcycling soit pratique, il nous faut introduire un concept qui va de paire avec la notion de nutriment technique : le concept de produit de service. Plutôt que d’assumer que tous les produits doivent être achetés, possédés, et jetés par les « consommateurs », les produits contenant des nutriments techniques précieux  -voitures, télévision, revêtement de sol, ordinateurs et réfrigérateurs, par exemple- seraient conçus comme des services dont les gens voudraient profiter . Dans ce scénario, les clients (terme plus approprié pour les utilisateurs de ces services) pourraient effectivement acheter le service d’un tel produit pour une période d’utilisation définie –disons, dix milles heures de télévision, plutôt qu’une télévision elle-même. Ils ne paieraient pas pour des matériaux complexes qu’ils ne seront pas capable d’utiliser après la vie d’un produit. Quand ils en ont terminé avec le produit, ou quand ils sont simplement prêts à passer à une nouvelle version, le fabricant le remplace, reprenant le vieux modèle, le démontant, et utilisant ses matériaux complexes comme nourriture pour de nouveaux produits. De nouveaux scénarios : le concept de produit de service Extraits, traduits par David L’Hôte, de l'ouvrage de William McDonough et Michael Braungart, Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things
  • 58. Par BeCitizen 2.3. Au-delà d’un impact minimal, l’Economie Positive
  • 59. L’Économie Positive™, concept élaboré par BeCitizen*, génère une croissance économique qui restaure le capital écologique , c’est-à-dire la capacité de l’environnement à fournir à l’économie des ressources (énergie, matières premières) et des services (stockage du carbone, recyclage des déchets, traitement de l’eau, etc). Concernant le climat, l’objectif est de rétablir les concentrations de CO 2 préindustrielles avant 2030, c’est-à-dire 280 ppm , tout en permettant aux 9 milliards d’hommes de participer à la croissance. Le concept d’Economie Positive™ : une économie à l’impact positif * Cabinet de conseil stratégique et financier en environnement fondé en 2000, BeCitizen crée de nouvelles opportunités de croissance en restaurant l’environnement. Une approche que BeCitizen appelle l’Economie Positive™.
  • 60. La mise en œuvre de l’Économie Positive™ améliore les bilans de chaque entreprise, de chaque territoire – sachant que le bilan global s’apprécie sur l’analyse du cycle de vie prenant en compte le total des flux entrants et sortants dans les produits et les process. Toutes les activités et tous les secteurs ne peuvent pas être positifs. Cependant il est possible de mettre en place, dès aujourd’hui, une production d’électricité positive, des bâtiments positifs, une agriculture positive et ainsi d’équilibrer le bilan global. Pour survivre, les activités négatives améliorent leur bilan (pour « faire le moins mal possible ») et prévoient des activités de compensation. Améliorer les bilans de chaque entreprise, de chaque territoire
  • 61. De l’économie négative vers l’Économie Positive™ Copyright : BeCitizen
  • 62. De l’économie négative vers l’Économie Positive™ : les grandes étapes
  • 63. Réduire les consommations d’énergie et de matières pour un même service rendu au client. Pour l’entreprise, cela suppose souvent une redéfinition de l’offre, pour passer d’une offre produit à une offre de services : c’est la dématérialisation. Dans un rapport gagnant-gagnant, cette stratégie engendre réduction des coûts matière-énergie, hausse de productivité, diversification de l’offre et proximité du client. Ex : Un gestionnaire d’équipements publics (Elyo, groupe Suez) redéfinit son offre comme la vente d’efficience énergétique . Principes et objectifs : FONCTIONNALITE
  • 64. Améliorer la productivité énergétique et matière en appliquant le principe des 3R : réduire, réutiliser, recycler les ressources tout au long du cycle de vie du produit. Approche «  cradle-to-cradle  » qui permet de boucler les cycles de vie en cherchant à conserver la valeur ajoutée de chaque composant au cours des étapes de fabrication et recyclage. Ex : Un fabricant d’automobile (PSA Peugeot-Citroën) recherche la réutilisation des pièces détachées, conçues pour pouvoir être remontées sur des véhicules neufs. Principes et objectifs : CIRCULARITE
  • 65. Augmenter la valorisation des ressources, en jouant sur la complémentarité entre acteurs économiques au sein d’un territoire. Les co-produits ou déchets de l’un deviennent les ressources de l’autre. Les complémentarités entre entreprises agricoles, forestières et industrielles sont particulièrement recherchées. Cette complémentarité est liée à une diversité des activités industrielles. Ex : Un constructeur de tubes en acier (Vallourec) produit lui-même son charbon (de bois) à partir de forêt semi-aride au Brésil dont il est propriétaire. La croissance de cette forêt absorbe le CO 2 rejeté par les sites industriels de production des tubes en acier. Principes et objectifs : COMPLEMENTARITE
  • 66. Remplacer les flux d’énergie et matières non renouvelables, émetteurs de carbone, et toxiques par des process renouvelables, non émetteurs de carbone (voire stockant du carbone avec la photosynthèse), et non toxiques. Ex : Les stations d’épuration classiques sont remplacées par des jardins filtrants (Phytorestore) Principes et objectifs : SUBSTITUTION
  • 67. Créer de nouveaux revenus, en valorisant tous les actifs de l’entreprise ou du territoire. Chaque m² recevant du soleil doit transformer l’énergie solaire (directe ou indirecte) ou géothermique en ressources : lumière, électricité, chaleur ou biomasse photosynthétique … Ex : Location de toitures pour investissement dans la production d’énergies renouvelables. Principes et objectifs : VALORISATION
  • 68. Diversifier les gisements d’énergie et de matières. Aucune énergie ne peut seule remplacer les énergies fossiles . Le mix énergétique idéal est composé, en fonction des usages, d’un équilibre d’énergies solaires, géothermiques , éoliennes, hydrauliques, nucléaire, et fossiles. Les solutions sont adaptées aux conditions locales et valorisent les territoires. Ex : La maison positive est chauffée par le solaire passif, la géothermie superficielle, et/ou la biomasse ; son eau chaude sanitaire est thermique ; son électricité est photovoltaïque et/ou éolienne. Principes et objectifs : DIVERSITE
  • 69. 3. Vers des écosystèmes intégrés ?
  • 70. Enfin, le design de solutions globales nous amène à nous questionner sur l’émergence d’écosystèmes intégrés, au niveau de l’activité économique d’un part, concernant les relations entre collaborateurs dans le milieu professionnel ( 3.1. L’entreprise comme écosystème : quand l’organisation construit des relations durables entre collaborateurs ), mais aussi concernant de nouvelles façons de vivre ensembles au sein d’une société viable et durable. Ces nouveaux modes de vie signifient au niveau local une revalorisation des territoires par la mise en place de projets de développement durables et appropriés. ( 3.2. Le développement local d’ éco-territoires ) Au final, il est aujourd’hui urgent de penser l’écosystème global, favorisant la diversité et l’enrichissement réciproque des sphères économique, écologique et sociale en un équilibre indispensable à la préservation et au développement approprié de la vie sous toutes ses formes. ( 3.3. Demain, l’éco-société ? ) 3. Vers des écosystèmes intégrés ?
  • 71. 3. Vers des écosystèmes intégrés ? 3.1. L’entreprise comme écosystème : quand l’organisation construit des relations durables entre collaborateurs 3.2. Le développement local d’ éco-territoires 3.3. L’écologie politique : demain, l’éco-société ?
  • 72. Par Jocelyn Bonhomme 3.1. L’entreprise comme écosystème : quand l’organisation construit des relations durables entre collaborateurs
  • 73. On ressent chez les entreprises éco-citoyennes la volonté de faire évoluer la conception de l’entreprise et de son réseau de sous-traitants. Le collaborateur n’est plus perçu comme un simple maillon de la chaîne menant à la réussite économique . Nombreuses sont celles qui se tournent vers leurs producteurs pour analyser au mieux les difficultés qu’ils rencontrent et ainsi orienter, cibler et ajuster leurs modes de production. Observer les contraintes de l’autre permet de réduire les variables de temps, de qualité et de coûts. Un tel apprentissage nécessite un suivi régulier des avancées des projets. On recommande d’effectuer des questionnaires et des enquêtes auprès des ouvriers et de leurs dirigeants. Ces informations précieuses renseigneront sur les motivations de chacun, les problèmes rencontrés à tous les échelons de l’entreprise visitée. Une humilité et un certain recul sont à adopter avant la visite des structures partenaires afin de ne brusquer aucun interlocuteur. La relation doit être basée sur l’écoute et le partage. Une relation étroite
  • 74. De cette relation étroite naissent des enjeux communs et des possibles collaborations allant plus loin que la simple transaction de marchandises . Nous avons vu que pour la plupart, les structures équitables et biologiques étaient de petites coopératives pour lesquelles la différenciation est une réponse à une concurrence chevronnée. L’entreprise occidentale, au cours de ses échanges, peut alors accompagner les petites structures dans leur développement, dans leur croissance. En effet, ces regroupements d’agriculteurs, d’artisans ont de réels besoins en formation, de management par exemple, ou sur les nouvelles technologies. Il est alors très enrichissant de leurs donner l’accès à ce genre de formation, ou à les mettre en réseau avec d’autres groupements. Le transfert de compétences entre coopératives est, grâce à internet de plus en plus fréquent. L’accompagnement peut aussi viser à s’ouvrir à d’autres marchés. Cette stratégie affichée de suivi des différents acteurs tout au long de la chaîne de production instaure une étroite confiance et des relations constructives. Accompagner, guider
  • 75. Ce climat de confiance, de relation étroite entretenues est propice à une innovation constante, au développement de gammes et de nouveaux produits. Les allers-retours entre l’équipe marketing produit, les stylistes, les producteurs, et les agriculteurs sont source de réflexions et de remises en question de chacun de ces acteurs. La mise en place d’un réseau restreint et réactif favorise une réelle recherche dans les matériaux, dans les coupes et dans les teintures. Le fait d’optimiser toutes les articulations de la chaîne de production, d’en analyser toutes les problématiques, libère les esprits pour s’investir dans la conception pure du produit, dans les innovations et dans la quête de tendances. Cette confiance et cette qualité de travail ont un prix. La rémunération n’est pas en reste de sa dose d’analyses. Une confiance propice à l’innovation
  • 76. Assurer une régularité de revenus améliore les conditions de vie de nombreux petits producteurs et agriculteurs, soumis aux lois des achats massifs pratiqués au coup par coup par les multinationales. Aussi, notons ici que la réduction d’intermédiaire entre la marque et les producteurs permet un achat au prix juste, et une collaboration plus productive. Les petits producteurs et coopératives peuvent ainsi gérer un budget stable, prévoir l’avenir en investissant par exemple dans du matériel plus récent, ou agrandir les ateliers, ou encore acquérir de nouvelles terres. Pour les ouvriers, cela permet de régler les frais de scolarité des enfants. Rappelons que pour beaucoup de pays du Sud, la scolarité est payante, comme au Pérou, un des plus grands pays producteurs de coton. S’engager sur un revenu régulier
  • 77. Le thème de la rémunération doit être abordé sous l’angle de préoccupations citoyenne et responsable de l’entreprise et non avec une ambition de contrôle tout puissant sur le producteur. Les frais sont donc répertoriés et analysés pour établir le bilan financier de la structure, connaître ses besoins en fond de roulements et les possibilités d’expansion sont budgétisées. À partir de ces résultats, le salaire moyen par ouvrier est calculé. Là encore, il ne s’agit pas de s’immiscer dans la vie de la coopérative pour tout contrôler, mais bien pour s’assurer que les fonds sont bien répartis et redistribués. Le salaire doit permettre à chaque famille de se nourrir convenablement, de se loger et d’assurer la scolarisation de ses enfants. De nombreuses entreprises travaillant avec des coopératives de petits producteurs parrainent des projets d’accès à la scolarisation des enfants, en construisant par exemple une école dans le village, ou en achetant des manuels scolaires pour la bibliothèque de l’école. Un salaire permettant de vivre : nourriture, scolarisation, autonomie
  • 78. Pour diminuer les coûts et la pollution de la chaîne de production, il est judicieux de regrouper les activités dans une même région . Dans les régions productrices de coton, en Inde ou au Pérou par exemple, les zones rurales vivent un terrible exode vers les grandes villes. L’alter-entrepreneur peut donc identifier des savoir faire profitables au produit. Bien souvent, les femmes se regroupent en associations pour proposer des fabriques d’artisanat local. Ce type de structure peut alors développer par exemple la fabrication de sacs en papier pour les distributeurs, ou procéder à l’emballage et au conditionnement des produits. On peut envisager également de faire réaliser les étiquettes des produits par des artisans de la région. Autant de produits et de services à développer qui favorisent le transfert de valeur ajoutée vers le producteur. Les intermédiaires sont réduits à leurs stricts minimums. Les zones de production sont optimisées . Identifier les savoir-faire au niveau local…
  • 79. Comme nous venons de le voir, dans un souci d’efficacité et de réduction des coûts, il faut rassembler les différents services dans une zone réduite. L’étude géographique de la répartition des groupes de production facilite ensuite une optimisation de la chaîne de production . C’est une étape importante dans la construction des flux de marchandises. Le village peut être un référentiel d’espace adapté à ce genre d’expériences où plusieurs branches du produit se côtoient. C’est dans ce contexte que l’on peut programmer la construction d’un atelier à taille humaine, qui abrite les ouvriers et les ouvrières du village. Les ouvriers ont leurs familles, leurs habitudes, mais ont aussi leur travail sur place, ce qui évite l’exode rural . L’entreprise en s’engageant sur un revenu régulier et un salaire revalorisé permet aux coopératives et aux producteurs de construire des projets sur le long terme . L’entreprise peut être présente pour accompagner l’organisation des coopératives en apportant un soutien humain et logistique. … pour organiser des pôles de production
  • 80. Un enjeu important est la prise de conscience des entreprises sur leurs rôles dans la société et leurs impacts sur l’environnement. Pour cela, l’entreprise doit sensibiliser et guider tous ses collaborateurs au développement durable. En expliquant ses démarches et en démontrant les résultats obtenus, l’entreprise favorise l’engouement de ses partenaires. De plus, communiquer auprès des entreprises textile des avantages et des avancées réalisées grâce à une stratégie concrète de développement durable pousse la concurrence à développer une même préoccupation. Plus les marques seront en attente de produits labellisés commerce équitable et agriculture biologique, et plus les réseaux et les chaînes de production seront accessibles et organisés. La différenciation se fera alors non plus essentiellement sur l’engagement de la marque, mais sur ses coupes et ses modèles. Les arguments seront donc subjectifs, feront appel aux émotions, aux sensations , un positionnement résolument semblable aux produits de luxe. Les entreprises ont donc tout à gagner à développer et à faire partager leurs politiques en développement durable. Sensibiliser aux problématiques de développement durable
  • 81. Au titre des performances effectuées et du développement de l’entreprise, il peut être envisageable de conférer un certain pourcentage des bénéfices réalisés à l’ amélioration des conditions de travail des petits producteurs et artisans . Entre 1 et 3% du bénéfice annuel peut s’avérer être un don conséquent à ces coopératives pour financer des projets de construction, renforcer les équipes de production ou encore constituer un fond monétaire pour la création d’un organisme de microfinance . En effet, aujourd’hui, le microcrédit est un facteur de réussite et de développement pour de nombreux entrepreneurs des pays du Sud. L’entreprise peut être conseillée par des organismes tels que PlaNet Finance pour la conception d’une institution de micro-crédit dans les zones où elle est implantée. Des experts de l’ONG seront alors dépêchés pour accompagner l’entreprise dans son projet. C’est en accompagnant ainsi les structures liées à l’entreprise que celle-ci les aide à se développer et à adapter leurs productions aux nouvelles contraintes environnementales. Le soutien et le transfert de compétences représentent une démarche d’entreprise tournée vers l’avenir et l’efficience. Mettre en place de structures d’aide à une réorganisation des modes de production
  • 82. 3.2. Le développement local d’ éco-territoires Par Philippe PERPEROT
  • 83. Ceci signifie une connaissance à la fois suffisamment large et approfondie de la diversité des éclairages possibles pour un projet avec une capacité d’identifier les enjeux de développement et d’aménagement durable du territoire d’implantation dans leurs dynamiques d’évolutions : les réalités physiques, hydrologiques, géographiques, naturelles –milieux et biodiversité-, énergétiques et météorologiques (Environnement) ; les qualités patrimoniales et culturelles (cadre de vie, paysages, architecture et valorisation patrimoniale de l’espace par les activités humaines) et enfin les évolutions du fonctionnement socioéconomique (activités agricoles, économiques et de services, emplois et mobilités des personnes et des biens…). Ainsi un éco-projet doit il faire l’effort de s’inscrire dans son territoire (et si possible dans un « éco-territoire » s’il existe une démarche suffisante pour permettre de le qualifier ainsi). Il ne peut y avoir d’éco-projets sans une connaissance fine du territoire local
  • 84. Il n’y a pas d’éco-projet ou d’éco-territoire sans participation et engagements des habitants, du public et des acteurs socioéconomiques et culturels. Le document, la carte ou le plan seuls ne font pas le territoire. Il en va ainsi des zones d’activités, des zones de lotissement ou d’habitat qui doivent pouvoir être conçues avec ce que l’on pourra appeler des « éco-engagements » et des « éco-pratiques » acceptées de leurs gestionnaires et de leurs futurs utilisateurs, habitants ou voisins. C’est la condition nécessaire à l’existence des éco-zones, des éco-parcs d’activités, des éco-villages, des éco-lotissements, des éco-infrastructures et autres éco-quartiers. Leur réussite repose sur un véritable contrat social et culturel local qui est souvent la pierre invisible, mais fondatrice, que les élus vont devoir s’efforcer de porter, puis de poser avec les habitants, pour permettre l’accueil, la réception et l’engagement de chacun dans le fonctionnement social et culturel harmonieux du projet. Ce fonctionnement, socialement et culturellement intégré, deviendra le signe certain de la réussite. La réussite d’un éco-territoire repose sur un véritable contrat social et culturel local
  • 85. Ces démarches sont aujourd’hui peu compatibles avec notre culture de la satisfaction immédiate des besoins par la consommation. Les biens et services sont immédiatement disponibles, une très grande majorité se sont libérés du lien socioculturel et environnemental avec le territoire ou ils sont consommés sans y êtres produits (ou y sont produits comme ils le seraient ailleurs). Les éco-projets d’aménagement et de construction réintroduisent dans la production des exigences de temps, de réflexion et de lien avec le contexte territorial qui ne sont pas toujours bien reçues par des acteurs socio-économiques pressés. Mais pourquoi produire une ville, un village, ou plus modestement un quartier, fonctionnant comme un écosystème complexe devrait t’il prendre moins de temps que les très longs « process » de conception technique, de marketing et d’industrialisation des produits de consommation technologiquement avancés comme des voitures ou des ordinateurs modernes ? Donnons nous le temps de repenser et de réinterpréter nos villes, nos quartiers et nos territoires qui sont pour le moins des « produits » sociaux, économiques, culturelles et environnementaux complexes. Un engagement sur la durée
  • 86. Nos territoires de propriétaires fonciers, encore sociologiquement ancrés dans des réflexes à dominante rurale, privilégient historiquement l’appropriation individuelle de l’espace comme signe d’une capacité et d’une liberté de disposer de ses biens sans contraintes. Ils ne deviendront pas du jour au lendemain des territoires d’éco-citoyens respectueux de l’environnement et du cadre de vie si l’on ne réinterprète pas ensemble les conditions d’exercice de cette liberté. Il ne s’agit pas forcément de remettre en cause cette liberté, mais de la faire évoluer en créant des conditions favorables à une responsabilisation partagée dans son exercice. Il est donc important aujourd’hui de « faire bouger les lignes » entre la part de liberté et de responsabilité individuelle dans l’utilisation et l’appropriation de l’espace et la part de prescriptions et de devoirs qui peuvent s’imposer dans la gestion des espaces au nom d’une responsabilité collective liée aux impératifs socio-environnementaux. Il s’agit d’identifier clairement les responsabilités pour ne pas bloquer sans raisons objectives les initiatives à prendre individuellement et/ou collectivement pour faire aboutir des éco-projets adaptés à chaque territoire. Une remise en cause de l’appropriation individuelle de l’espace au nom de la responsabilité collective
  • 87. 3.3. Demain, l’ éco-société ? Par Jean Zin
  • 88. L'écologie-politique est inséparable d'une analyse systémique de la grave crise que nous connaissons, elle ne se réduit pas à l'environnementalisme ni aux corrections à la marge car elle doit remonter aux causes sociales et technologiques. A ce titre, il faut reconnaître la place que l'information a prise dans notre monde, jusqu'à provoquer un véritable "changement d'ère" (comme l'a souligné Jacques Robin dès 1989 dans son livre " Changer d'ère "). Cet aspect n'est pas aussi conjoncturel qu'on pourrait le penser car l'écologie-politique comme pensée globale est entièrement solidaire de cette globalisation des communications. Du moins, elle doit y opposer un projet politique à hauteur des enjeux planétaires de ce nouveau millénaire afin de préserver notre avenir commun. L’écologie-politique comme pensée globale pour préserver notre avenir commun
  • 89. Prendre conscience de l'importance de l'information apparaît bien crucial pour l'écologie ou les régulations politiques, à tous les niveaux, au-delà des questions énergétiques ou des ressources matérielles. C'est notre entrée dans l'ère de l'information, du numérique et des réseaux depuis la fin des années 1970 qui donne toute la mesure de la nécessité d'une écologie-politique pour le XXIème siècle, de la construction d'une démocratie cognitive alliant autonomie et communication, diversité et convivialité, développement humain et décroissance matérielle, qualité de la vie et préservation de l'avenir, toutes choses qui dépendent de l'information et d'une action publique décidée qui se règle sur ses résultats. C'est notre responsabilité historique. L'écologie-politique à l'ère de information
  • 90. La tendance dominante de l'écologie-politique jusqu'à nos jours a été de se rapprocher de l'économie et de revenir à une version quantitative de l'écologie où c'est tout simplement la circulation de l'énergie qui prend la place de la circulation monétaire comme équivalent général. Ces théories énergétiques de l'écologie sont reliées à l'économie du charbon ou du pétrole. Nous voudrions montrer qu'elles procèdent d'une simplification excessive des écosystèmes. Ceux-ci ne sont évidemment pas réductibles à l'énergie qui les traverse alors que ce qui constitue le vivant c'est bien plutôt la complexification et les échanges d'information. Il faudrait finir par l'admettre, l'écologie est beaucoup plus liée à l'information qu'on ne le croit. Au fond, les théories aussi dépendent inévitablement de leur milieu et changent avec lui, après un temps plus ou moins long d'adaptation. Il s'agirait donc de passer aujourd'hui d'une écologie de l'ère énergétique à l'écologie-politique de l'ère de l'information, plus conforme à son concept initial de logique du vivant. On verra que les enjeux politiques sont considérables entre écologie technocratique et démocratie participative. Passer d'une écologie de l'ère énergétique à l'écologie-politique de l'ère de l'information
  • 91. Depuis notre entrée dans l'ère de l'information, il y a quelques décennies, les priorités ne sont plus du tout énergétiques, malgré la crise pétrolière actuelle, et même pour les écosystèmes, la circulation de l'information a pris le pas sur les équilibres thermodynamiques. L'idée que le vivant pourrait se réduire à des échanges d'énergie procède comme la plupart des réductionnismes de l'amputation d'un phénomène ramené à ses conditions matérielles. Effectivement, il n'y a pas de vie sans corps matériel mais la chute d'un corps ne suffit pas à le caractériser comme vivant. De même, s'il n'y a pas de vie sans énergie, l'activité vitale n'est pas une simple structure dissipative. Ce qui caractérise le vivant c'est la reproduction et l'évolution, la régulation et l'adaptation, plus généralement l'information et la réaction, " une différence qui fait la différence " comme Bateson définissait l'information. On n'est plus dans le domaine des causes matérielles mais des finalités biologiques. Pour comprendre les organismes et les organisations il faut tenir compte de l'information circulante et de l'information structurante, au moins autant que des flux de matière et d'énergie, ce que la théorie des systèmes a montré abondamment. La circulation de l'information a pris le pas sur les équilibres thermodynamiques
  • 92. Ce qui différencie politiquement une écologie énergétique d'une écologie informationnelle c'est que pour l'énergie il suffit d'une "décroissance" de la consommation, une réduction quantitative, alors que du point de vue de l'information ce qui compte c'est la qualité de la vie, le développement humain qui peut donner sens à cette décroissance, même s'il est plus difficile de s'accorder sur un objectif qualitatif, un changement de direction plutôt qu'un simple ralentissement. L'écologie énergétique (Odum) ou entropique (Georgescu-Roegen) verse facilement dans la "technocratie" et des tentations autoritaires alors que l'écologie informationnelle est basée sur l'autonomie et les boucles de rétroaction, la participation et le dialogue, la force n'y a pas le dernier mot. Une écologie au service d’un objectif qualitatif : le développement humain
  • 93. Il faut retenir de la cybernétique au moins la liaison entre information et finalités, le fait qu'il faut poser un objectif pour l'atteindre, contrairement aux théories néo-libérales de l'auto-organisation, nouvelle version du "laisser faire" et de la "main invisible" d'une providence inexistante ! Vivre, c'est réagir, pas se laisser faire ! Il faut donc retenir aussi la nécessité vitale des régulations, de s'opposer à la dégradation des choses. Il y a une filiation entre la cybernétique, la théorie des systèmes qui l'a suivie, et l'écologie, débouchant sur la notion d'écosystèmes, même si le terme est antérieur. Ainsi, la valorisation de la biodiversité trouve, pour une bonne part, sa justification dans la loi de la "variété requise" de Ashby. Le souci écologique et la critique de la technique ont d'ailleurs été présents dès les débuts de la cybernétique. Mais ce qui distingue radicalement l'écologie-politique d'un écosystème, c'est la réintégration de la finalité dans l'écosystème, le contrôle du milieu, alors qu'un écosystème n'étant pas un organisme ne comporte aucune régulation globale ni réflexivité. C'est un système imparfait, ce n'est pas un organisme. Les régulations écologiques manquent cruellement, c'est pour cela qu'il faut les créer sans plus croire aveuglément aux bienfaits d'un progrès qui se fait sans nous et souvent contre nous. De la nécessité vitale des régulations de l’écosystème
  • 94. La démocratie elle-même change de sens, d'une démocratie de masse, véritable dictature de la majorité, à une démocratie des minorités respectueuse des différences, démocratie participative basée sur l'autonomie de l'individu (les droits de l'homme) plus que sur une prétendue volonté générale. Par certains aspects l'écologie-politique peut sembler proche du libéralisme dans cette valorisation de l'individu et de sa responsabilité, mais l'individu n'y est plus exalté contre le groupe puisque la valeur de son autonomie est d'abord dans sa capacité de rétroaction et de participation à l'entreprise collective. De cette conception écologique de l'autonomie découle aussi la forme réseau qui se substitue de plus en plus aux hiérarchies pyramidales, sans les supprimer complètement mais en optimisant les échanges d'informations, sur le modèle des organismes vivants. Valoriser la capacité de rétroaction et de participation de chacun à l’entreprise collective
  • 95. L'écologie-politique n'est pas si naturelle qu'on le dit, c'est bien plutôt la construction de régulations qui manquent, en réaction aux destructions de nos bases naturelles. L'écologie-politique est donc essentiellement "constructiviste" et plus attachée à la construction de liens (la communication, l'échange, la coopération, la solidarité) qu'à un utilitarisme fonctionnaliste ou une gestion technique des populations. C'est l'individu vivant qui est sa finalité, la production de son autonomie, et c'est la rétroaction de l'individu, son expression qui est son fondement démocratique et autogestionnaire. La finalité de l’écologie-politique, c’est l’autonomie de l’individu et la construction de régulations en réaction aux destructions de nos bases naturelles
  • 96. Le dévoiement du terme de développement durable sert à couvrir une croissance purement marchande qui est insoutenable énergétiquement et matériellement, multipliant les pollutions et bouleversant dangereusement le climat. Pourtant un développement écologique sans croissance quantitative est bel et bien possible comme processus de complexification, de spécialisation et d'optimisation de ressources (économie d'énergie, réduction de l'entropie grâce au traitement de l'information). Ce n'est pas autre chose qu'un développement local et humain. Si on doit se soucier des générations futures, on ne peut négliger les générations actuelles ! Il faut d'ailleurs souligner que c'est la nature des nouvelles forces productives qui fait du développement humain une priorité économique, pour des raisons d'efficacité plus que de morale. Cela n'empêche pas le développement humain exigé par l'économie de l'information d'être à la fois une des seules finalités possibles d'une communauté humaine et ce que doit viser l'écologie au niveau planétaire. Il y a une totale solidarité entre l'ère de l'information, l'écologie et le développement humain , l'un appelant les deux autres. Alternative au productivisme et développement humain
  • 97. Prendre conscience de notre entrée dans l'ère de l'information ne signifie aucunement vouloir embellir la situation et s'en faire le spectateur enthousiaste, c'est bien plutôt vouloir prendre en main notre destin, assumer notre responsabilité collective, corriger le tir, surmonter nos échecs. Ce n'est pas parce que, à l'opposée des tentations d'un impossible retour en arrière, il nous faudra bien tirer parti de la nouvelle logique coopérative des réseaux, nous adapter au passage à l'immatériel, construire une démocratie cognitive et des régulations écologiques, qu'il faudrait tomber pour cela dans une quelconque technophilie. Rien ne se fera tout seul, ce qui se fera sans nous se fera contre nous. Changer la vie (finalités humaines et projet collectif)
  • 98. Un rapport d’innovation Courts-Circuits , le cercle d’innovation 2.0 Une initiative de Pourquoi tu cours (l’agence des idées) : www.pourquoitucours.fr Crédits photos : Green is beautiful