Ce document restitue les principales étapes d’un workshop qui associait la Fing et le département Design de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan, pendant 5 jours, du 21 au 26 oc- tobre 2013. Quinze élèves, encadrés par leurs professeurs, éclairés par différents intervenants, se sont saisis des premiers éléments cartographiques et thématiques de la future expédition Bodyware pour les passer au scanner de leur regard de futurs designers
2. 3
Ce document restitue les principales étapes d’un
workshop qui associait la Fing et le département Design de l’Ecole
Normale Supérieure de Cachan, pendant 5 jours, du 21 au 26 oc-
tobre 2013. Quinze élèves, encadrés par leurs professeurs, éclairés
par différents intervenants, se sont saisis des premiers éléments
cartographiques et thématiques de la future expédition Bodyware
pour les passer au scanner de leur regard de futurs designers.
5. 8 9
INTERFACE
• Interfaces gestuelles
• Mobilisation des sens :
vue, ouïe, toucher, goût,
odorat
• Interactions cerveau machines
• Interfaces tangibles,
interfaces «implicites»…
SUPPORT
OBJETRÉPARÉ / AUGMENTÉ
SUJET
• De réseaux : «Body Area
Network»
• De capteurs et
actionneurs : vêtements,
accessoires, implants…
• D’affichage ou de
restitution d’information…
• D’identification :
biométrie multimodale
(de l’empreinte au visage
en passant par l’ADN ou
la démarche)
• D’étude : génomique
personnelle
• De plaisir : sexe,
sensations fortes…
• Télédiagnostic,
télémédecine
• Médecine préventive
• Nanomédecine
• Prothèses et implants
• Augmentations
physiques, mentales,
sensorielles
• Connaissance de soi :
Quantified Self
• Santé, forme et bien-être
• Transformation de soi :
self-hacking…
LE CORPS,
NOUVELLE FRONTIÈRE DU
NUMÉRIQUE
CARTOGRAPHIE V.1
DISPOSITIF DE
COMMUNICATION
• Téléprésence
• Avatars, hologrammes…
• Interactions
interpersonnelles
enrichies, en face à face
ou à distance :
communications non
verbales, interactions
sensibles…
SCIENCES :
- biologie
- médecine/chirurgie
- cognition/neurologie
- informatique
- éthologie
- science et expertise du matériau
- IHM (interface homme-machine)
IMAGINAIRES :
- le bio, le naturel, la transition écolo-
gique, la techno régulée, bridée, désarmée
- trans-humanisme, la techno comme
moyen de se libérer du corps
- le plaisir
- le souci de soi, de son apparence
- le jeu
- la performance
TECHNIQUES :
- smartphones
- réseaux informatiques omniprésents
- technologies de reconnaissance des
formes
- interfaces tactiles, gestuelles, haptiques,
cérébrales
- capteurs
- génomique
- robotique
- prothèses
- implants
- modélisation 3D
- jeux
- nanotechnologies
- biométrie
- smart drugs
- wearable computing
- imagerie
CARTOGRAPHIE V.1
6. 10 11
INTERFACE
La main a déjà remplacé la souris, le
tactile a colonisé tous les écrans. Avec
la Kinect, innovation majeure, d’abord
dans l’univers des jeux, puis très vite
ailleurs, le corps entier est réquisition-
né pour servir d’interface avec tous les
dispositifs numériques. Une brèche
ouverte dans laquelle s’engouffrent
quantité de startups, comme Leap
Motion, ou Myo qui promettent de
révolutionner l’expérience utilisateur
et l’interaction avec tous les objets
connectés dans ce que certains ap-
pellent désormais « the internet of
everything ».
Quand le corps est privé de ses mou-
vements, on peut encore utiliser le
cerveau pour capter et utiliser ses
ondes pour commander et piloter
une prothèse. Ces interactions cer-
veau-machines constituent une voie
prometteuse, explorée dans des labo-
ratoires de recherche publics et privés.
Le cerveau comme interface n’est pas
seulement utilisé dans une optique ré-
paratrice, médicale, il peut aussi être
exploré comme une innovation qui
augmente, modifie les capacités dans
le domaine des jeux.
SUPPORT
Les concepteurs de textiles intelligents
mettent l’accent sur l’intégration «
sans couture » du tissu et des capteurs,
câbles, microcontrôleurs ou action-
neurs. Les composants qui se mêlent
au tissu peuvent être tissés, collés,
encapsulés, imprimés ou encore com-
posés de particules conductrices. Les
projets de t-shirts intelligents sont la
prochaine étape du Quantified Self,
miniaturiser et intégrer au plus prés
du corps, dans la seconde peau qu’est
le vêtement. Une majorité d’acteurs
ciblent le corps du sportif, son moni-
toring et son coaching, et les startups
vont chercher leur financement sur les
plateformes de crowdfunding.
Deuxième étape, à même la peau avec
les patchs ou les tatouages connectés.
Motorola a fait frémir beaucoup de
monde en annonçant un nouveau sys-
tème d’identification, vite dénommé le
« Bodycode », sous forme de tatouage
ou d’une pilule à ingérer quotidien-
nement. Un médicament de confort
identitaire.
DISPOSITIF DE COMMUNICATION
Tupac, un rappeur américain assassiné
en 1996, ressuscite en 2012 par la ma-
gie de l’hologramme pour un concert
l’associant à de vrais musiciens sur
scène. Une image en trois dimensions
d’un réalisme confondant, qui nourrit
notre foi dans une technologie tou-
jours plus performante, capable dans
quelques années de se mettre à notre
portée pour des usages moins specta-
culaires, et encore à inventer.
Le corps nous dit des choses que la
technologie nous permet de capter
et d’interpréter. Décryptage des si-
gnaux émotionnels, physiologiques qui
viennent enrichir la communication,
élargir sa compréhension, comme la
voix, qu’on analyse dans les call-cen-
ters pour anticiper les problèmes, ou
qu’on explore dans une grande or-
ganisation pour détecter les signes
avant-coureur d’un changement de
phase chez les personnes atteintes de
troubles bipolaires, et volontaires pour
cette expérimentation. Ou encore lire
un visage pour en déduire la tempéra-
ture corporelle ou la pression sanguine.
LE CORPS
CARTOGRAPHIE V.1
OBJET
Le corps est un vecteur d’identité, et
d’identification. A coté de la biomé-
trie de sécurité, plus subie que choisie,
émerge une biométrie de confort ou
servicielle. Se servir de son empreinte
digitale pour déverrouiller son Iphone
5s, utiliser la reconnaissance faciale, et
son visage comme moyen de paiement.
La génomique personnelle a connu
son heure de gloire cette année avec
le cas Angélina Jolie, et sa décision
fortement médiatisée de procéder à
une double mastectomie, suivie d’une
reconstruction, après avoir procédé
au séquençage de son génome, dans
lequel se trouvait le gène BRCA1, qui
lui garantissait 70% de chance d’avoir
un cancer du sein. Prévenir plutôt que
guérir.
L’artiste américaine Heather
Dewey-Harburg pratique le DNA
Spoofing, qui consiste à récupérer des
chewing-gums ou mégots jetés dans
la rue, pour ensuite reconstruire les
portraits de leurs propriétaires à partir
des informations issues du séquençage
des traces d’ADN récupérées sur ces
objets jetés.
RÉPARÉ, AUGMENTÉ
D’un coté une techno-médecine d’une
efficacité triomphante articulée depuis
longtemps à des dispositifs publics de
soins et de prise en charge, et de l’autre
des pratiques innovantes, émancipa-
trices et disruptives facilitées par l’em-
powerment numérique des individus.
Le numérique est moteur dans les deux
cas. Les sciences du vivant et du nu-
mérique sont alliées depuis longtemps
pour repousser toujours plus loin les
connaissances du corps. Du coté des
individus, le souci de mieux gérer sa
forme, ses performances, sa santé, sa
maladie, son alimentation trouvent
dans le monde numérique toutes les
applications et dispositifs pour prendre
en main eux-mêmes une partie de ce
qu’ils avaient concédé à la techno-mé-
decine auparavant.
Une médecine buissonnière d’un genre
nouveau, low-tech, low-coast, qui
trouve dans les écosystèmes numé-
riques locaux, tout ce qui leur est utile
pour fabriquer comme dans le Fablab
de Rennes une prothèse de main et de
bras entièrement open-source.
SUJET
En nous permettant de déchiffrer
notre corps, le numérique peut-il
vraiment contribuer à mieux nous
connaitre, mieux nous comporter ?
Est-ce qu’en déléguant à des plate-
formes et leurs algorithmes le mo-
nitoring de nos corps et de nos com-
portements, on peut réellement mieux
se connaitre ? Qu’abandonne-t-on en
acceptant cette logique de servicialisa-
tion de nos corps ?
Si les illusions qu’ont peut avoir en se
quantifiant soi-même portent peu à
conséquence, qu’en est-il lorsque ce
sont les institutions qui s’engagent
dans cette voie, avec l’espoir d’antici-
per, de prévoir, de prévenir les com-
portements des consommateurs ou
des citoyens à partir de l’analyse algo-
rithmique de leurs traces numériques ?
CARTOGRAPHIE V.1
8. 14 15
. CONFÉRENCE
HUBERT GUILLAUD
rédacteur en chef d’Internet Actu.
Quantified Self, de la mesure à la déme-
sure de soi.
—
Qu’est ce que la mesure ?
D’abord une conséquence de la déporta-
tion de notre mémoire dans nos objets.
Faites le test : où étais-je la semaine
dernière, depuis combien de temps ai-je
cette douleur au genou, combien de ci-
garettes ai-je fumé hier ? En ne comp-
tant que sur vous-même, les réponses
risquent d’être décevantes, imprécises,
voir inexistantes. Le self-tracking, la me-
sure de soi répare cette imperfection de
notre mémoire, en s’appuyant sur une
offre croissante de capteurs en tout genre
pour traquer et mesurer nos actions, nos
émotions, nos pensées. Car la moindre
de nos actions produit des données, qui
elles-mêmes produisent de l’information
qui rétroagit sur nos comportements. Se
mesurer, c’est donc poser un nouveau re-
gard sur soi, s’inscrire dans une nouvelle
réflexivité qui ne s’appuie plus seulement
sur la parole ou l’écrit, mais aussi sur les
nombres. Avec cette croyance que notre
vie mentale est affectée par des causes
cachées, que la mesure de soi va révéler.
Que mesure-t-on ?
Àpeuprèstoutcequ’onpeutimaginer:sa
pratique sportive, son poids, son glucose,
son activité cardiaque, son alimentation,
son sommeil, ses déplacements, son acti-
vité cérébrale, son génotype, ses activités
en ligne, ses émotions, ses dépenses, ses
relations sexuelles, ses consommations
culturelles, ses objectifs… Finalement
tout est quantifiable, même les rêves ! Le
faire est d’autant plus facile que les objets
de notre quotidien, brosse à dents, médi-
caments, réfrigérateur, fourchette … in-
tègrent désormais capteurs et dispositifs
de communication ad hoc pour produire
et alimenter en données et informations
les individus engagés dans la mesure
d’eux-mêmes.
Qui sont les quantifiés ?
Le Quantified Self est-il une science
personnelle ? En tout cas, pour la plupart
de ses adeptes, tout part souvent d’un
problème personnel ou familial, de san-
té ou autre, qu’ils cherchent à résoudre
en fabriquant leur propre pharmacie à
partir de leur auto-diagnostic. Comme
Shaun Rance qui a commencé à suivre
sa consommation d’alcool il y a deux ans,
après que son père ait reçu un diagnostic
de cancer du foie en phase terminale. Il
ne s’est pas engagé à arrêter de boire, il a
commencé à compter, en utilisant le site
anonyme DrinkingDiary.
.
9. 16 17
Par ce biais, il a aiguisé sa conscience du
problème, a augmenté sa maitrise de soi
et a réduit sa consommation d’alcool.
Nicolas Feltron publie lui depuis 2005
un rapport annuel qui est une sorte d’in-
fo-auto-bio-graphie agrégeant des don-
nées aussi disparates que ses restaurants
fréquentés, ses pays visités, les pièces
de sa maison occupées, la température
moyenne, l’altitude la plus élevée, ses
déplacements en voiture ou en avion …
Kiel Gilleade est un chercheur en infor-
matique physiologique à Liverpool, qui a
enregistré et partagé pendant un an ses
pulsations cardiaques.
À quoi la mesure sert-elle ?
« Nous ne sommes pas comme les
autres » dit l’un de leurs gourous, Gary
Wolf. Il s’agit pour eux de récupérer une
partie du pouvoir de contrôle et de docu-
mentation de soi-même que nous avons
confié aux machines. Beaucoup de nos
problèmes viennent du simple manque
d’instruments pour les comprendre. Nos
mémoires sont pauvres, nos préjugés
nombreux, et notre capacité d’attention
limitée.
La documentation de soi fait surgir des
chiffres que l’on ne peut ignorer, y com-
pris des réponses à des questions qui ne se
sont pas encore posées. Se comprendre,
pour personnaliser, adapter les soins,
régimes et diagnostics à son état pré-
cis. Comprendre la complexité, croiser
les données, trouver les corrélations, les
causalités. Nous comprendre, les traces
de nous-mêmes fonctionnent comme les
phéromones pour les insectes, elles nous
conduisent vers des gens qui partagent
nos préoccupations. Définir un nouveau
standard de santé et de justice sociale :
l’accès à la prévention moderne pour
tous, via son smartphone.
Avenir et limites de la mesure
Augmenter notre intelligence émotion-
nelle, transformer nos comportements,
améliorer notre compréhension sociale,
voilà les promesses du Quantified Self.
Sommes-nous entrés dans l’ère de l’om-
niveillance ? Contrôle-t-on encore son
identité quand elle est fabriquée par des
objets tout autour de soi ? Peut-on tout
objectiver de soi ? Peut-on s’améliorer
comme on le fait d’un logiciel ? La me-
sure de soi va-t-elle se transformer en
modification de soi, plus seulement de
ses comportements, mais de son corps
comme les body-hackers semblent l’an-
noncer ?
.
Le corps transformé, pour l’environne-
ment. Si on avait une intolérance à la
viande dès la naissance? Si nous n’avions
plus besoin d’oxygène?
La mesure est
performative.
Comment lui faire
prendre des chemins
de traverse?
# capteur déroutant
# corps dérouté
« l’homme qui vivra 1000 ans est déjà né. »
Dr Laurent Alexandre
Retour vers le corps, n’est-ce
pas plutôt une disparition du
corps? Nous avons besoin de
l’humain...
Le corps objet au service
d’une généalogie numérique.
Décider de sa mort.
Si l’on ne meurt plus, il faudra
instaurer une règle pour résoudre
le problème de surpopulation.
SE NOURRIR PAR
PHOTOSYNTHÈSE?
Le corps est mort,
vive le corps!
Le corps comme incarna-
tion des volontés. Objet
politique, métaphorique,
vecteur idéologique.
Empowerment ou asservissement technologique?
Body aware, conscience de son propre
corps, est-ce vraiment nécessaire?
Trop de numérique
dans le corps/ Burn-
out cérébral et/ou
physique.
Quels usages de toutes les
données récupérées sur
soi- même? Visibilité de
ces banques de données.
La «présence» numérique : un nouveau «commerce» affectif augmenté (risque/avantages).
FEED-BACK*
.
*Les participants écrivaient leurs réactions sur des cartes «élément d’enjeu» lors des interventions
10. 18 19
. CONFÉRENCE
RÉMI SUSSAN
journaliste d’internet actu, spécialiste des
NBIC
Le cerveau
—
Peut-on améliorer l’intelligence?
Le désir d’améliorer nos capacités men-
tales date de la nuit des temps. Drogues,
exercices mentaux, psychothérapies en
tout genre, le hacking du cerveau n’a
pas attendu les NBIC pour commencer.
30% des scientifiques selon la revue Na-
ture reconnaissent utiliser de la Ritaline,
du Provigil ou des beta-bloquants pour
mieux travailler.
Le cerveau n’est pas un ordinateur. Il faut
se défaire de l’image du cerveau comme
un processeur capable simultanément
de traiter les informations et d’accéder
à notre mémoire, les organes sensoriels
étant les périphériques d’entrée, et le
corps dans son ensemble le périphé-
rique de sortie. Toutes les expériences le
montrent, l’esprit est incarné, nous pen-
sons avec notre corps, nous percevons
en agissant. Nous n’avons pas de disque
dur interne. Notre mémoire n’est pas
une barrette de mémoire. Se rappeler
c’est recréer. Nous ne nous souvenons
pas d’un événement, nous nous rappe-
lons de la dernière fois où nous nous en
sommes souvenus.
Sur le plan des raisonnements, nous di-
vergeons aussi radicalement des ordi-
nateurs. Nous ne sommes pas des pro-
grammes informatiques, et la rationalité
est loin d’être le facteur déterminant de
nos pensées et de nos actes. On peut
distinguer deux cerveaux ou deux sys-
tèmes. Le premier c’est ce qu’on nomme
l’intuition, le second est notre pensée ra-
tionnellement classique. Si le 1 est piètre
calculateur, il peut aussi parfois être plus
rapide et plus perspicace que le 2. Diffé-
rentes expériences ont montré comment
le cerveau 1 pouvait envoyer au sujet des
sensations corporelles, comme la sueur,
pour lui éviter des mauvais choix que le
cerveau 2 n’avait pas encore « calculés ».
Peut-on penser mieux ?
L’idée de changer de mode de pensée ou
de langage pour acquérir une meilleure
compréhension du monde est à la racine
de l’informatique personnelle. Dans son
texte fondateur de 1962, « Augmenter
l’intellect humain », Douglas Engelba-
rt, l’inventeur de la souris, développe
l’idée selon laquelle notre pensée n’est
pas seulement liée au langage, mais aus-
si aux systèmes et interfaces que nous
utilisons pour exprimer nos concepts.
Des systèmes comme l’hyper-texte ou
l’ensemble bureau-clavier-souris pour-
rait selon lui augmenter nos capacités
cognitives. Pour des penseurs comme
Jason Lanier, la réalité virtuelle est ap-
parue à un moment comme l’interface,
le langage capable de changer en profon-
.
11. 20 21
. deur nos habitudes mentales, d’éviter les
erreurs de la cognition classique, tout en
intégrant de nouveaux signaux du corps
et de l’émotion.
Faut-il exercer son esprit pour en avoir ?
Tout le monde ou presque est d’accord
sur ce point. Quels seraient les bons
exercices pour le cerveau ? Un jeu Nin-
tendo comme Dr Kawashima est-il plus
efficace qu’une partie d’échecs ? Et plu-
tôt qu’un jeu « sérieux » comme ceux
proposés par Nintendo et d’autres, ne
vaut-il pas mieux jouer à un bon vieux
jeu vidéo ? Pour un penseur comme
Stephen Berlin Johnson, auteur du livre
« Everything bad is good for you », les
jeux vidéos, comme les séries TV, joue-
raient un rôle non négligeable dans la
progression fulgurante du quotient in-
tellectuel au cours du 20e siècle. Un
groupe de 40 séniors a joué pendant 23
heures à Rise of nations sous le contrôle
de chercheurs de l’université de l’Illinois.
Il s’est avéré que ce groupe avait amélio-
ré ses performances dans différents do-
maines comme la capacité de raisonne-
ment, la mémoire visuelle à court terme
et la capacité de changer rapidement de
tâche. Un jeu comme « dual n-back »,
qui consiste à repérer des éléments vi-
suels et auditifs déjà utilisés deux coups
« en arrière » aurait la capacité d’amé-
liorer l’intelligence « fluide », c’est à dire
la capacité à repérer des modèles et des
structures dans des situations inédites.
Les drogues d’amélioration cognitive
Si l’usage de substances capables d’al-
térer le fonctionnement du cerveau
remonte à la nuit des temps, le débat a
été récemment relancé par une péti-
tion de chercheurs, publiée dans la revue
Nature qui s’intitule : « Pour un usage
responsable des drogues d’amélioration
cognitive chez les sujets sains ». Pour
ces chercheurs les drogues « chimiques »
sont moralement équivalentes à d’autres
méthodes d’amélioration cognitive,
comme les exercices cérébraux. Ils re-
commandent de laisser les sujets « sains »
choisir librement, tout en appelant les
autorités à mettre en place des solutions
permettant d’éviter la coercition (obliger
une personne, un soldat par exemple, à
prendre une drogue de ce type), et les
fractures économiques (seuls les riches
auraient accès à ces molécules). La Rita-
line est la molécule dont on parle le plus,
notamment parce qu’elle est administrée
à un grand nombre d’enfants diagnosti-
qués comme « hyperactifs », et qu’ap-
pliquée aux sujets sains elle favoriserait
la concentration, mais pas la créativité.
Peut-être vaudrait-il mieux parler de
modification, et non plus d’amélioration.
La neuro-société ?
L’idée d’une modification technologique
du cerveau suscite à juste titre des in-
quiétudes, comme de faire de nous de
super travailleurs ou de super soldats. Les
états, les corporations, les entreprises, la
justice s’intéressent à notre cerveau. Le
.neuro-marketing, illustré par la fameuse
formule du « temps de cerveau disponible
» est-il condamné à rester du « Hype »
sans suite, ou faut-il s’en inquiéter dura-
blement ? Dans cette optique, le hacking
du cerveau, le « cognhacking » n’est plus
un simple jeu, mais une nécessité. Il faut
cesser de croire que notre fonctionne-
ment cérébral reste une affaire de spé-
cialistes.
12. 22 23
Rapport au médicaments et aux technologies, design galénique.
Le numérique comme gain de temps. Mon corps à mieux à faire, mon
corps n’est pas le plus efficace. Hiérarchie des activités.
Synesthésie.
Associer les couleurs aux sons,
explorer d’autres sens que juste vision et toucher.
Le numérique, 6e sens?
Sous-veillance.
Corps support
d’enregistrement
de la données.
LE CORPS
augmenté, connecté
comme outil de meilleure
insertion sociale.
«Fascisme sanitaire», de l’impé-
ratif social d’être sain. Ne pas se
détruire, seconnaître, se contrô-
ler. Sport, alimentation, pas
d’accidents néfatses.
BODY-WHERE, Quels contextes ?
Environnements ? Espace ?
Enjeu design : signalétique.
orientation, position, localisation
du corps dans l’espace.
Le corps identitaire. Tendances ac-
tuelles à l’individualisation et à l’affir-
mation de sa personne. Métamorphose
«facile» et «rapide» avec l’accessoire
et modification chirurgicale. Quels
éléments nous définissent exactement ?
Comment définir notre identité ?
Gamification.
Introduction de principes de jeux dans d’autres domaines.
Que faire des données ?
Abandon de données aux entreprises
- Pacte Faustien -
Qu’est-ce qui amène
l’acceptation d’une
technologie ?
FEED-BACK
.
APPRÉHENDER PAR UN SENS
CE QUI EST SUPPOSÉ L’ÊTRE PAR UN AUTRE.
EXPÉRIENCE DE L’AUTRE, NOUVELLE.
CROISER LES SENS, LES CONNECTER.
Le numérique expression de soi et expression créatrice.
Matériau plastique, création de matière animée.
L’avatar.
Expérience d’un autre corps que le sien.
Expérience sensorielle, cognitive.
Sortir de son corps.
Projection et catharsis du corps.
Outil robotisé-automatisation, autonomie de l’outil.
Est-il encore un outil quand il affranchi l’humain ?
Le numérique magique.
Donne des pouvoirs au corps.
Expression de l’imaginaire, expression
du rêve, du non-réalisable du fantasme.
Test de
TURING
NUI: Natural User Interface
La suppression de la frontière entre
le physique et le numérique, partout.
Le corps algorithmique : comprendre le
fonctionnement du corps, du cerveaux,
de la société. Manipulation, totalita-
risme ? Ou nouvelles connaissances?
Le «geste» numérique interface entre individus (nouveaux langages)
Réalité augmenté, corps augmenté.
Sera-t-on démunit sans
ces augmentations ?
Intelligence de la main,
relation par rapport
à la machine-technologie.
distance.
Le geste numérique :
le taylorisme en pire ou en
bien ? (productivité, perfec-
tionnement)
.
FEED-BACK
13. 24 25
. CONFÉRENCE
OLIVIER DESBIEY
chargé de mission à la CNIL
—
La Commission Nationale Informatique
et Liberté est une autorité administrative
indépendante, qui assure deux misions
principales, d’informations et de conseils
d’une part, de contrôle et de sanctions
d’autre part, autour de toutes les problé-
matiques liées à la question des données
personnelles. Elle est dotée d’une Direc-
tion des Etudes, de l’Innovation et de la
Prospective, en charge notamment de la
veille et de l’observation des usages, et qui
fonctionne en mode innovation ouverte
avec de nombreux partenaires. Deux des
sujets prioritaires pour la CNIL en 2013
croisent les thématiques de l’expédition
Bodyware : la biométrie dans la vie quo-
tidienne, et la santé et le bien-être dans
le monde numérique.
La CNIL regarde avec beaucoup d’at-
tention l’évolution de l’écosystème des
smartphones, et notamment la multipli-
cation des capteurs et des objets connec-
tés qui leur sont associés. L’univers du
Quantified Self constitue pour la CNIL
un terrain d’observation privilégié des ces
dynamiques d’innovation. Le Quantified
Self se caractérise notamment par : une
offre de services soutenue qui rencontre
des attentes sociales nouvelles. La CNIL
avait déjà identifié en 2011 une forte ap-
pétence des utilisateurs de smartphone
pour les applications de santé. Une étude
plus récente de Pew Internet auprès des
consommateurs américains montre que
69% d’entre eux suivent un indicateur de
santé pour eux-mêmes ou leurs proches.
Des applications qui bousculent les fron-
tières entre santé et bien-être, en couvrant
un spectre large de sujets d’intérêt au
croisement de ces deux thématiques :
la nutrition, le sport, les activités phy-
siques, le suivi du poids, ou d’un facteur
médical à risque, la qualité du sommeil ou
de l’humeur.
Un écosystème d’innovation scientifique,
technologique et servicielle particulière-
ment actif. La miniaturisation des capteurs,
et de leur prix, favorise leur diffusion et
l’exploration de leurs usages. Des capteurs
qu’on porte sur soi, qui s’intègrent dans
nos vêtements, et qui dans tous les cas
se connectent à nos smartphones et aux
plateformes web associées. Des innova-
tions également en terme de design et
d’ergonomie pour ces objets et services
qui favorisent une appropriation massive.
Des applications qui produisent de
nouvelles catégories de données per-
sonnelles au statut encore incertain.
Le corps relève de l’intime, et à ce titre
nos données corporelles appartiennent
à la catégorie des données sensibles, au
même titre que les données religieuses,
sexuelles ou politiques. En même temps
.
14. 26 27
.
La mort de la mort, mémoire et numérique, persistance de soi sur internet.
Déconstruire les discours normatifs.
Bousculer les mythes, détournement,
parasitage, hacking; permis par le nu-
mérique.
Bodyware, enjeu de politique publique?
Textiles «intelligents»/
existants:perti-
nance,esthétique,
mode, quantified self,
le corps rendu visible.
Rapport plus intime
au textile? Moins de
visibilité extérieure?
Corps augmenté-extension du corps
par un outil. Augmentation des capa-
cités cognitives, sensuelles...
HUMAN ENHANCEMENT.
SOIGNER, AUGMENTER.
Nouvelles formes de présence? ou d’absence?
Body-hacking. Quelles sont les
limites du corps humain?
À qui revient la décision d’amé-
liorer son corps? Médical ou
loisir? Dans quel but?
Le numérique
pour s’extraire
d’un corps handicapé
ou faible.
Technologies numériques et
chirurgies esthétiques, mor-
phing. Modifier les gènes :
design ton mioche.
Diminution. Et si les
Bodywares diminuaient
nos capacités? Lunettes
pour voir moins bien,
simulation d’Alzheimer...
Empathie.
.
FEED-BACK
celles qui relèvent de notre santé doivent
pouvoir être mobiles, partageables et ré-
utilisables par des tiers professionnels.
Ce sont de nouveaux besoins de régula-
tion qui émergent pour protéger et en-
cadrer l’usage de ces nouvelles données
personnelles, leur sécurité, leurs condi-
tions de stockage et de partage.
15. 28 29
Le corps comme source d’énergie exploitable.
Notion de rentabilité du corps, anxiogène ?
Le cerveau. Les capacités archaïques & reptiliennes.
L’instinct ? l’inconscient ? Le côté animal, la nature, la culture.
Influence sur les décisions et les gestes.
Le corps contrôlé et bientôt modifié. Augmenté et transformé.
Avant la naissance. Responsabiltés parentales/médicales?
Numérique: outil de mémoire.
Conserver et organiser nos sou-
venirs. Photos, textes, odeurs...
Comment capter tous les élé-
ments qui constituent un souve-
nir et le partager?
L’interactivité avec le pu-
blic pour les services et
collectivités publiques.
Mobilité, localisation du
corps, gestion de don-
nées personnelles, notion
d’enquête, acteur: le pu-
blic, l’habitant, «nous».
De quelle manière pouvons-nous utiliser la réalité augmentée ?
Faciliter le quotidien ou rester dans le jeu ?
Quelle est la limite entre la thérapie, le bien-
être, et le fascisme sanitaire ? Ne plus soigner,
mais empêcher la maladie. Puritanisme. Rap-
port avec les institutions ?
Empowerment, « mise en capacité ». Quel sens?
« Capacitation » du corps par le numérique?
*Capacité d’être (faculté), psychologique,
numérique : substitut. *Capacité de faire, maté-
riel, numérique : outil.
Trafiquer le cerveau.
Enlever les souvenirs, bénéfique?
Quelles conséquences? Changer sa vie.
Virginisation du cerveau.
Peut-on palper/toucher le numérique ?
Avoir une interaction corps et données numériques ?
Attention à
la disparition du
corps de l’autre, dans
les nouveaux outils de
communication. Perte?
Gain? Ou nouvelles
possibilités?
.
FEED-BACK
..
REPORTAGE
∙∙
16. 30 31
JOUR
Un sur quatre - matin
WORKSHOP
École normale supérieure
LÉGENDE
Mise en commun des feed-back manuscrit de chacun en
écho aux conférences de la matinée.
..
JOUR
Un sur quatre - après-midi
WORKSHOP
École normale supérieure
LÉGENDE
Mise en commun des feed-back / «Quels sont les élé-
ments clefs de votre histoire. Sous quelle forme les valori-
ser? Quels acteurs?» Pitch sur le projet.
..
17. 32 33
JOUR
Deux sur quatre
WORKSHOP
École normale supérieure
LÉGENDE
Se projeter - Best case/worst case
..
..
18. 34 35
JOUR
Trois sur quatre
WORKSHOP
École normale supérieure
LÉGENDE
Création de l’imaginaire, personnas, esthétique, création
des premiers imaginaires.
..
..
19. 36 37
JOUR
Quatre sur quatre
WORKSHOP
École normale supérieure
LÉGENDE
Réalisation des maquettes
..
..
22. 42 43
“Progéniture numérique a pour fon-
dement une réflexion sur le paraître, et
plus précisément le paraître numérique.
Du paraître à l’apparaître, de l’apparaître
à l’être, il s’agit de mettre à l’épreuve les
notions d’apparence, d’identité et de
parure ainsi que leurs différentes occur-
rences temporelles respectives.
Le paraître soulève des questionnements
relatifs à l’identité – qu’elle soit poli-
tique, ethnique, religieuse, culturelle ou
de genre – déjà mis en pratique dans le
champ du numérique avec l’avatar, forme
contemporaine de corps numérisé. Aus-
si, si notre apparence peut conditionner
notre identité numérique (à la manière
de l’avatar), il nous est alors possible
d’imaginer que notre identité numérique
puisse en retour conditionner notre ap-
parence. Cette apparence est-elle sus-
ceptible de faire l’objet d’une spécula-
tion, qu’elle soit passée (génome hérité)
ou bien à venir (transmission du génome)
? Ou mieux, l’apparence, et donc par
extension l’identité, peut-elle être proje-
tée ou programmable? Associant le de-
sign dans sa capacité à projeter, à créer
des scénarios et les biotechnologies, Pro-
géniture numérique décrit une industrie
de la procréation, ancrée dans un futur
éloigné, où la transmission du génome
laisse place à la synthétisation numérique
programmée.
Progéniture numérique se développe à
travers un site web de simulation et de
spéculation promettant aux couples in-
féconds ou homosexuels, aussi bien que
les papas et mamans solos, de générer,
programmer et commander leur enfant
en ligne. Une telle démarche met en
place une pluralité de possibles : mé-
langer aléatoirement les génomes des
deux parents, définir des caractéristiques
physiques, de genre et des traits de ca-
ractères, exploiter des codes génétiques
disponibles en open source… Enfant do-
cile ou enfant terrible, votre progéniture
vous est livrée à domicile, dans un incu-
bateur permettant de simuler la durée de
la grossesse, ou bien téléchargeable en
fichier numérique imprimable en 3D à
partir de cellules souches.
Progéniture numérique comprend éga-
lement un travail plastique sur la « parure
numérique » permettant à l’individu d’af-
firmer son libre arbitre, venant ainsi né-
cessairement contredire le déterminisme
de la procréation assistée par ordinateur.
Boucles d’oreilles, colliers et foulards
consistent en autant d’implants, qui une
fois greffés sur la peau, vont venir mo-
difier le séquençage du code génétique :
c’est par l’apparat que vont se matéria-
liser les changements d’apparences, les
biotechnologies devenant alors bijoux.
Progéniture numérique examine les pos-
... SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
sibles, les alternatives et les contradic-
tions logiques, mais aussi les dérives
éthiques, légales et sectaires d’un monde
futur ou les groupes sociaux se consti-
tuent en fonction des apparences, autant
physiques qu’identitaires. Progéniture
numérique mobilise donc différents ac-
teurs, des industries pharmaceutiques et
cosmétiques jusqu’au corps médical, des
états et gouvernements jusqu’aux mafias
et hackers. Car, s’il y a une procréation
et des transformations physiques régies
par des lois, il existe aussi une procréa-
tion et des transformations physiques il-
légales. Nos données génétiques person-
nelles pourraient-elles faire l’objet d’un
hacking, d’un trafic et d’un marché illicite
? Comment protéger numériquement
nos génomes ? Notre organisme biolo-
gique pourrait-il être l’objet d’attaques
virales, au sens numérique du terme ?
Si la mort constitue la fin biologique de
nos gènes, en est-elle pour autant la fin
numérique ?
”
...
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
23. 44 45
...
Nous sommes en 2091, un couple
de jeunes mariés vient d’apprendre qu’ils
étaient incompatibles pour la fécondation
naturelle.
Déterminés et soutenus par l’équipe médi-
cale et un conseiller familial, ils décident de
passer par une agence de conception géné-
tique et d’effectuer une demande auprès de
la CNIL pour générer numériquement un
enfant.
Leur dossier remplissant les normes et ayant
été validé par un conseil d’éthique, il leur est
donné le feu vert pour concevoir leur enfant.
Sur le site de l’agence, ils décident que l’en-
fant devrait porter une part de leur gènes à
chacun mais se permettent d’en sélectionner
certains extérieurs…
Deux jours plus tard, le service de livraison
de l’agence leur apporte personnellement
l’incubateur contenant leur futur enfant.
Le choix de l’incubateur est controversé, cer-
tains le trouvent inconvénient et angoissant
tandis que d’autres y trouvent le lien affectif
manquant par l’absence de grossesse.
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
Deux jours plus tard, le service de livraison
de l’agence leur apporte personnellement
l’incubateur contenant leur futur enfant. Le
choix de l’incubateur est controversé, cer-
tains le trouvent inconvénient et angoissant
tandis que d’autres y trouvent le lien affectif
manquant par l’absence de grossesse. Ca-
mille naît à l’aube d’un nouveau siècle. Ses
parents se réjouissent que l’enfant, malgré
le fait qu’il ait été synthétiquement conçu
à partir de caractères sélectionnés par leurs
soins, réponde à ces mêmes caractères dans
une grande nuance d’émotions et de détails
qui assurent une personnalité qui lui est
unique.
Au cours de sa vie, Camille a accès à une di-
versité de choix lui permettant de compléter
le travail de ses parents en reprogrammant
des parties de son apparence selon ses orien-
tations culturelles, ses pensées, ses envies.
Militant engagé dans les droits transhu-
manistes, il se bat pour le parti du brassage
génétique, prônant les avantages politiques
et biologiques de l’échange et du partage
des gènes. Il proteste souvent contre les
réformes limitatives de l’état, exigeant le
contrôle illimité de son patrimoine géné-
tique. Il est également soumis aux pressions
du mouvement des « anges », communauté
religieuse transhumaniste très influente qui
se proclament en tant que nouvelle espèce,
nouvelle étape évolutive pour une humanité
dégagée du fardeau des sexes et du péché.
Pourquoi chercher le paradis si on peut l’at-
teindre sur terre ?
...
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
24. 46 47
...
Dans un geste militant, il décide de se
faire pousser une corne de protestation,
exprimant son soutient aux communautés
transanimales et ostéotranshumanistes. Il
rencontre alors un hacker qui
reprogramme illégalement une partie de
son code génétique, en dehors des circuits
légaux de diffusion.
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
Le hacker s’est révélé moins fiable qu’au
premier abord. Camille contracte un virus
qui modifie légèrement son comportement,
le rendant légèrement plus agressif envers
les forces de l’ordre. Vite dépisté, il sera
soigné mais ne sera pas remboursé en raison
de sa contraction frauduleuse.
...
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
25. 48 49
...
Camille décède à 98ans. Ayant volontairement
fait don de son code génétique à la CNIL, il
rejoindra la longue famille de donateurs four-
nissant des individus synthétisés, mais toujours
plus riches. Cam-B décidera d’élever un enfant
conçu à partir du code de son père, devenu fi-
gure du parti diversitaire.
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
...
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
26. 50 51
...
PROJET
Progéniture numérique
ÉLÈVES
Frédéric Valentin / Léa Fauquembergue /
Sophie Bouchet
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
...
LÉGENDE
Le futur parent construit son enfant
aisément et à sa guise grâce à la
plateforme web be parent qui offre
un service complet, de la confection
à la livraison de l’enfant.
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
27. 52 53
LÉGENDE
Dans cette parure numérique, l’in-
génierie tissulaire vient supplenter
la chirurgie esthétique. C’est un
implant greffé sur la peau qui vient
modifié le séquençage ADN pour
modifier l’apparence. La parure nu-
...
mérique peut se développer ou non
en fonction de la volonté de l’utili-
sateur. Elle remplace le maquillage
en magnifiant l’identité de l’utili-
sateur, maître de son apparence. Il
sculpte à volonté son apparence à
la manière d’un avatar.
PROJET
Progéniture numérique
ÉLÈVES
Frédéric Valentin / Léa Fau-
quembergue / Sophie Bouchet
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
...
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
28. 54 55
Mairies
Hackers Industrie
pharmaceutique
Mafias
Industrie
cosmétologique
Etats
CNIL Milieu médical
et hospitalier
Légende
des symboles
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
... SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
...
PROCRÉATION
ASSISTÉE PAR
ORDINATEUR
Couples
homosexuels
Couples
inféconds
Personne
seule
PROCRÉATION
NATURELLE
PROCRÉATION
LÉGALE
PROCRÉATION
ILLÉGALE
Générer et
programmer
l’enfant sur le
site web avec
l’accord du
médecin et de
la municipalité
Code open
source (système
de don) ou ADN
sous licence
Générer en
mélangeant les
génomes des
parents avec des
éléments
programmables
Le tout
programmable
Incubateur
Réplicateur
MODIFICATIONS
ULTÉRIEURES
Adolescent
Jeune adulte
MODIFICATIONS
LÉGALES
Traffic de codes
génétiques par
téléchargement
ou piratage
29. 56 57
... SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
...
SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
MODIFICATIONS
ÉGALES
Parures
numériques
en implant
Modification
corporelle illégale
(parures numériques
de contrefaçon)
MODIFICATIONS
ILLÉGALES
Modification
du code source
Possibilité de
virus et de piratage
du code source
Clonage illégal et
doubles maléfiques
LIENS SOCIAUX ET
CULTURELS ENTRE
ADULTES SUR LE
MODE DU RÉSEAU
Page web
de réseau social Rencontres et liens intimes
(le mariage devient un partage
d’informations génétiques
par l’objet « alliance »)
Communautés selon
l’apparence physique
Se
31. 60 61
“Nous constatons que beaucoup
d’échanges se font via le numérique :
sms, tweet, facebook … Ces échanges
sont rapides et ne sont pas limités dans
l’espace/temps ce qui explique leurs
succès. Où se positionne nos sens dans
ces échanges? On constate avec, entre
autre, les smileys, que le numérique se
saisi d’ expressions faciales pour donner
plus de corps à ces échanges. Cette
forme de communication joue ainsi sur
une retranscription d’émotions, de sens.
Plus récemment un plug à été inventé
au Japon pour diffuser des odeurs. Il est
désormais possible par exemple de se ré-
veiller avec une odeur de café émit par
notre smartphone. Nos sens ont un rôle à
jouer dans la sphère du numérique.
Dans un cadre de communication: Quels
sens peuvent être mis en jeux avec le
numérique? Comment? Quelle repré-
sentation leur donner? Quel rôle leur
confier?
Le corps s’exprime ou reçoit des in-
formations à travers des sens que l’on
peut qualifier d’originels (l’ouïe, l’odorat,
le toucher, le goût, la vue ) ou de fan-
tasmes ( intuition, ubiquité / simultanéi-
té, conscient / inconscient, télépathie,
invisibilité, téléportation, maîtrise de la
pensée, magnétisme, phéromones …).
Ces sens fantasmés peuvent être liés aux
qualités qu’offre le numérique ( simula-
tion, intéractivité, hypervision, diminu-
tion des distances, Quantified self…) et
déploit ainsi de nouveaux imaginaires et
possibilités.
Le numérique s’envisage comme moyen
de réparer, amplifier (google glass) ou
prendre conscience ( quantified self),
c’est sur ce dernier usage que nous choi-
sirons de nous attarder.
Prendre conscience de soi et de l’autre (
et par extension de son environnement )
dans le cadre de la communication se ré-
vèle bénéfique d’un point de vue social.
Dans un premier temps, la connaissance
de ses propres émotions, la capacité à
les qualifier, les quantifier permettrait
de mieux comprendre ses propres com-
portements, réactions, qui y sont liés et
ainsi de les appréhender. Par cette com-
préhension est possible l’anticipation. Au
delà, la prise de conscience d’émotions
d’autrui se rapporte, dans la même lo-
gique, à l’anticipation de comportement,
réaction d’autrui.
Les hormones, phéromones, expressions
faciales, … jouent un rôle de façon in-
consciente dans nos comportements. Si
le numérique s’en saisi pour en proposer
une traduction, alors ce qui influence
certains de nos actes ne sera plus li-
mité à l’inconscient mais s’ouvrira à la
conscience. De ce passage, une nouvelle
donnée prendrait place permettant une
... SCÉNARIO 2 - TRUC
communication à une autre échelle ;
comme un nouveau langage.
Notre production s’appuie sur la mise en
place de ces nouvelles données, comme
une plateforme offrant un nouveau ser-
vice, avec en position centrale les phé-
romones comme facteur d’anticipation.
Le principe est basé sur la captation de
phéromones, transcrites par la suite et
données sous forme d’autre sens connu
( chaud/froid, sons, odeur …) - ainsi il est
possible de déterminer l’état émotionnel
d’une personne avant même que cette
personne n’en ai eu conscience ( à moins
qu’elle utilise elle aussi le capteur de phé-
romone en même temps).
Le capteur est invité à prendre diverses
formes du numérique jusqu’à la trans-
formation génétique ( application, vête-
ment, patch, gélule, …) dont des acteurs
comme les designers ou les laboratoires
pharmaceutiques pourraient s’en saisir
pour développer de nouvelles formes ou
capacités.
On peut aisément imaginer que le sys-
tème de captation mis en place offre la
possibilité d’un nouveau type de com-
munication à caractère anticipatoire
qui pourrait s’appliquer dans différents
champs. Dans le domaine médical par
exemple il pourrait améliorer la relation
au patient et même rétablir la commu-
nication là où elle est rompue avec des
patients qui ne peuvent plus s’exprimer
”
à cause d’un handicap, d’un choc, ou
autre. On peut aussi facilement envisa-
ger une association avec des partenaires
spécialistes de la socialisation ou de la
communication. Dans le domaine de la
rencontre amoureuse, les données gé-
nérées par ce type de système pourrait
être un réel avantage pour maximiser les
chances de compatibilité du couple.”
...
SCÉNARIO 2 - TRUC
32. 62 63
...
PROJET
T.R.U.C
ÉLÈVES
Clara Hardy / Estelle Skrodzki / Zoé Thiery /
Solenne Gastebois / Claire Korber
LÉGENDE
film de présentation du produit
SCÉNARIO 2 - TRUC
...
LÉGENDE
« Le corps émet des signaux induit
pas des émotions (rougissement,
sudation), il émet aussi des phé-
romones imperceptibles par la
conscience c’est dans l’insconscient
que ces substances chimiques se
SCÉNARIO 2 - TRUC
manifestent et influencent notre
comportement. On peut distinguer
différents types de phéromones,
chacun sont liés à différentes émo-
tions. »
33. 64 65
...
PROJET
T.R.U.C
ÉLÈVES
Clara Hardy / Estelle Skrodzki /
Zoé Thiery / Solenne Gastebois /
Claire Korber
SCÉNARIO 2 - TRUC
...
LÉGENDE
« Émission et réception de phéro-
mones synthétiques par plug sur
smartphone, textile technique,
patch, gélules à ingérer et bientôt
une mutation génétique. »
SCÉNARIO 2 - TRUC
35. 68 69
“Dans une démarche de design
de fiction, l’idée est de produire une
multitude d’images et différents types
de documents qui construisent un
scénario d’anticipation autour de la
déconstruction progressive du genre.
Tous ces documents sont mis en scène
dans une exposition imaginée en 2213
pour le musée de l’Humanité, comme une
rétrospective de l’évolution de la notion
de genre, de l’identité, de la sexualité,
des mœurs. Si l’on déconstruit le genre,
à quoi ressemblera l’éducation sexuelle
à l’école dans 50 ans ? Pourrons-nous
faire, grâce aux outils numériques, des
expériences d’immersion dans un autre
corps, pour choisir de transformer le
nôtre ? Quand nous aurons des corps
augmentés, et que nos organes géni-
taux seront devenus interchangeables à
souhait, comment organiserons nous la
procréation ?
Dans un avenir où l’on imagine que, grâce
au numérique, tout devient possible en
terme de transformation du corps, com-
ment repenser les normes et jusqu’où ira
la liberté de l’identité sexuelle ?
Parce que les images et les histoires
présentées intègrent la réalité de la dé-
construction du genre, nous pouvons
mesurer l’affect qu’elles génèrent chez le
spectateur. Angoisse ou enthousiasme,
”
comment réagissons-nous face à un
thème polémique, et qui fait écho à ce
qu’il y a de plus intime et de plus profond
en nous : la construction psychique, phy-
sique et sociale de l’identité de chacun,
peut-être un jour bouleversée avec les
technologies nouvelles ?
... SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE
...
PROJET
XXY : rétrospective
ÉLÈVES
Pauline Escot / Ines Basille / Soizic Bernard /
Julie Brugier / Marie-Eva Vidal-Andres
SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE
38. 74 75
Le réveil du chat : le partenaire n°1 s’assied en tailleur et se penche en avant,
mains loin devant, dos rond venant épouser la courbure de celui du partenaire
n°2 pour en stimuler les zones érogènes par pression mutuelle.
La vendange : le partenaire n°2 se recroqueville au sol, bras étendus en
arrivant, alors que le partenaire n°2 vient stimuler les zones érogènes
dorsales du bout des doigts ou bien en les foulant avec les pieds.
La position latérale de sécurité : le partenaire n°1 simule le mort, corps
lâche, jambe droite posée sur celle du partenaire n°2 accroupi qui peut
alors explorer les zones érogènes situées sur ses flancs et cuisses.
L’étreinte du paresseux : le partenaire n°1 est recroquevillé sur le dos du
partenaire n°2, lui aussi recroquevillé, stimulant les zones érogènes
situées sur les tibias et sur le haut et bas du dos des partenaires.
Le saumon norvégien : le partenaire n°1 pose son poids sur sa jambe gauche
fléchie et, poings au sol, résiste au mouvement exercé par le partenaire n°2
allongé tête-bèche sur son dos, jambes tendues, comme à contre-courant.
Le boulanger : le partenaire n°1 s’allonge sur le ventre, jambe droite sur les cuisses du
partenaire n°2, jambe gauche s’accrochant autour de sa taille, tandis que celui-ci
s’occuper de pétrir et stimuler toute zone érogène implantée sur l’arrière du corps.
L’arc-en-ciel : le partenaire n°1 est en position recroquevillée, front contre sol,
pieds accolés à ceux du partenaire n°2 qui s’étend sur son dos et joint ses mains
derrière sa tête pour stimuler la zone érogène située entre les omoplates.
Passez pompons les carillons : les partenaires s’asseyent l’un face à l’autre et joignent
leurs mains pour exercer une plus forte pression sur leurs pieds, qu’ils érigent en
l’air, stimulant ainsi les zones érogènes situées sur la plante du pied.
Les siamois : placés fesses contre fesses, les partenaires se penchent en
avant et tendent leurs bras vers l’autre partenaire pour accéder au
points érogènes situés sur les épaules et omoplates.
... SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE
...
SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE
40. 78 79
....
RÉTROSPECTIVE XXY
La question du genre ne figurait pas vrai-
ment dans l’agenda de la Fing. Ce n’est
plus le cas aujourd’hui. Rétrospective
XXY illustre avec brio les ressources que
le numérique peut apporter à une dé-
construction-reconstruction du genre
encore balbutiante et polémique au-
jourd’hui. Un catalogue très riche donc
avec un hologramme, sur lequel on peut
modifier et déplacer les attributs sexuels,
comme support à l’éducation à l’identité
sexuelle à l’école, des cellules immersives
d’exploration de soi dans les locaux du
planning familial, des patchs hormonaux
réversibles permettant de ressentir les
effets sur soi au choix des oestrogènes ou
de la testostérone et de s’aventurer dans
des zones intermédiaires entre le mascu-
lin et le féminin. Premier enseignement,
le corps nouvelle frontière du numérique
est une formule qui marche aussi dans
l’autre sens : le numérique nouvelle fron-
tière du corps.
PROGÉNITURE NUMÉRIQUE
Nous retenons d’abord de ce projet son
hypothèse audacieuse de départ : l’hy-
bridation, la fusion, voire la confusion, du
biologique et du numérique. Les NBIC
sont devenues une réalité, les bio-tech-
nologies sont une ressource accessible au
plus grand nombre, et les pratiques qui en
découlent empruntent au numérique sa
grammaire et ses codes, comme l’Open
source ou le Hacking. Les données gé-
nétiques sont des données comme les
autres, qui s’échangent sur les réseaux
sociaux, se partagent, se téléchargent,
légalement ou pas, qui font l’objet de
trafics mais aussi de réglementation et
de régulation. Qu’il s’agisse de sa des-
cendance ou de son apparence, la mai-
trise numérique de son code génétique
génère des tensions sociales d’un genre
nouveau, et peut produire des effets pa-
radoxaux, à l’image de ces partisans de
la diversité qui s’aiment tellement qu’ils
finissent par se ressembler.
....
TRUC
Les élèves ont entendu Rémi Sussan qui
les alertaient sur la nécessité de ne pas
laisser aux seuls spécialistes du cerveau
son exploration et les nouveaux usages
qui en découlent. Capter les émotions
pour communiquer autrement, ici les
phéromones, comme métaphore d’un
spectre élargi d’émotions, joie, tristesse,
colère, dégout, surprise, peur, désir, que
le numérique nous permettrait de capter
chez nos interlocuteurs. Une application
cognitive, qui augmente notre percep-
tion de tous les éléments non verbaux
d’une communication, en interceptant
les signes émis par notre corps et notre
cerveau reptilien dans une situation
de ce type. TRUC est un dispositif qui
nous installe dans une société qui au-
rait dépassé les craintes que suscite au-
jourd’hui la neuro-économie émergente.
Croyance que notre corps produit des
signes qui ont du sens. Court-circuiter
la perception de l’autre avant qu’il en ait
conscience … Une sorte de hacking per-
manent de la relation.
Disons le d’emblée, nous fûmes les pre-
miers surpris par ces trois scénarii. À par-
tir des différents éclairages introductifs
que nous avions préparés pour les élèves,
sur le Quantified Self, sur le cerveau, sur
la question des données corporelles ou
encore sur la place du design vis-vis du
corps, nous n’imaginions pas être em-
barqués aussi loin par les étudiants. Ce
n’est pas le moindre de leurs mérites que
d’avoir réussi à décaler notre propre re-
gard sur ce sujet du corps et du numé-
rique. Qu’ils en soient tous chaleureuse-
ment remerciés ici.
Que nous ont-ils fait voir autrement ?
Il va nous falloir examiner de plus près
cette proximité croissante du biologique
et du numérique, dont Progéniture numé-
rique et rétrospective XXY nous laisse en-
trevoir quelques conséquences possibles.
Au-delà des performances techniques,
pas de séquençage sans la puissance de
calcul appropriée, l’hybridation des deux
cultures va-t-elle, ou non, favoriser de
nouvelles formes d’émancipation, d’em-
powerment des individus et de leur corps,
qu’il s’agisse de la procréation, de son
apparence ou de son identité sexuelle ?
Quels seront les jeux d’acteurs, publics,
privés, citoyens, associés à ces transfor-
RÉCEPTION RÉCEPTION
41. 80 81
mations à venir ? Il nous faudra explorer
ces nouveaux territoires d’innovation,
en ne tombant pas forcément dans les
pièges du trans et post-humanisme, plus
forcément d’actualité. Quoiqu’il arrive, la
biologie fait désormais partie des sujets
de notre expédition Bodyware.
Il y a dans le scénario TRUC la possibilité
d’un cauchemar cognitiviste, que nous
souhaiterions éviter de croiser dans les
prochaines années. Une pratique déme-
surée de la mesure qui nous conduirait à
ne plus écouter l’autre, puisqu’on pour-
rait prédire son comportement, si l’on
dispose des bons capteurs. Alors même
que la perspective d’augmenter, d’enri-
chir, d’élargir notre perception est réelle
et stimulante, il ne faudrait pas se laisser
enfermer dans le seul scénario neuro-
comportemental, qui vient de loin, pour
explorer d’autres usages de ces innova-
tions qui arrivent. L’exploration du cer-
veau mobilise d’énormes moyens finan-
ciers et scientifiques, dont les retombées
devraient nous permettre de dessiner un
autre scénario.
Bien sur, il manque plein de choses. C’est
la rançon du format court imposé aux
élèves, 5 jours à peine c’est vraiment peu,
et loin de nous l’idée d’un quelconque re-
proche. Mais il faudra explorer l’impact
de ces évolutions à venir sur la santé,
personne n’est malade dans les scénarios,
du vieillissement, du travail, des loisirs, ou
du sport. Sur ces bases fournies par les
élèves de l’ENS Cachan, l’exercice dans
l’expédition Bodyware en sera heureuse-
ment facilité.
MERCI
Aux facilitateurs
Marie-Noéline Viguier, Nicolas Kraj
(Nod-a)
Aux professeurs de l’ENS
Vincent Rossin, Claire Brunet,
Aux intervenants
Olivier Desbier, Rémi Sussan, Hubert
Guillaud, Marine Royer,
Aux partenaires présents
Karim Houni (SEB), Alexandre Dubois,
Blandine Calcio (caisse des dépôts)
Aux élèves
Pauline Escot, Ines Basille, Soizic
Bernard, Julie Brugier, Marie-Eva
Vidal-Andres, Clara Hardy, Estelle
Skrodzki, Zoé Thiery, Solenne
Gastebois, Claire Korber, Frédéric
Valentin, Léa Fauquembergue, Sophie
Bouchet